Interview de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, magazine Notes de l'enquêteur, n°2/2025, édition du Comité d'enquête de Russie
Le front juridique de la mémoire
Question: Madame Zakharova, quelle est la situation sur la scène mondiale concernant les tentatives de déformer la vérité historique sur la Seconde Guerre mondiale à ce jour?
Réponse: La thématique de la lutte contre les manifestations de racisme, de xénophobie, de nationalisme agressif, de néonazisme, ainsi que la lutte contre la réécriture de l'histoire et la déformation des résultats de la Seconde Guerre mondiale constitue l'une des priorités de la Russie dans le domaine des droits de l'homme, notamment dans le cadre du travail sur les plateformes internationales multilatérales.
Malheureusement, aujourd'hui des tentatives de réécrire l'histoire et les résultats de cette guerre sont entreprises de plus en plus activement, effaçant la mémoire des exploits des combattants antifascistes, détruisant les monuments en leur honneur, interdisant le port de symboles de distinction militaire clairement associés à la Victoire. Nous condamnons fermement de telles manifestations.
De plus en plus de spéculations se concentrent sur la responsabilité prétendument égale du communisme et du nazisme dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, sur les tentatives de réduire la tragédie de la guerre à l'Holocauste, comme en oubliant le génocide fasciste à l'égard d'autres peuples. On tente de rayer la Russie du groupe des pays vainqueurs, de minimiser le rôle de l'URSS dans la défaite du fascisme.
Ainsi, la falsification de l'histoire se fait parfois depuis des positions ouvertement hostiles: on glorifie les complices des nazis, on insulte la mémoire des soldats soviétiques tombés dans la lutte contre le fascisme et de la population civile, on remet en question la mission libératrice de l'Armée rouge en Europe de l'Est, on propage le mythe de "l'occupation" soviétique des pays baltes et de l'Europe de l'Est d'après-guerre, on propage des sentiments revanchistes et néofascistes. En même temps, on remet en question les décisions des conférences de Yalta et de Potsdam, le verdict du procès de Nuremberg.
La réécriture de l'histoire et l'héroïsation des complices nazis sont devenues partie intégrante de l'idéologie d'État et de la politique du régime de Kiev. Les élites néonazies justifient l'indépendance de l'Ukraine par la négation de son passé soviétique, la glorification des vétérans de la division SS Galicie, les tentatives de mettre au pied d'égalité les "régimes communistes et nazis", de mettre l'Holocauste au même niveau que la "collectivisation forcée" et le Holodomor. Tout est fait pour effacer de la mémoire de la jeune génération les noms des vrais patriotes et vainqueurs qui ont combattu dans les rangs de l'Armée rouge, dans les détachements de partisans pendant la Grande Guerre patriotique, une guerre qui était précisément patriotique pour tous les peuples de l'Union soviétique. Oublier l'exploit de ceux qui ont combattu pour l'avenir, y compris des Ukrainiens, c'est trahir ses grands-pères, mères et pères, priver le peuple de ses racines.
L'importance de la mémoire historique pour la conscience sociale et l'unité civique est difficile à surestimer. L'histoire a depuis longtemps cessé d'être seulement une science du passé. La falsification de l'histoire peut s'avérer plus dangereuse qu'une menace militaire. La mémoire historique doit être préservée pour qu'une telle tragédie que notre peuple a vécue pendant la Grande Guerre patriotique ne se répète jamais.
Question: Que pouvons-nous opposer à l'Occident?
Réponse: Dans le cadre des efforts de lutte contre la glorification du nazisme et la déformation de l'histoire, la Russie soumet chaque année, depuis 2005, à l'examen de l'Assemblée générale de l'ONU une résolution sur la lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.
Ainsi, le 17 décembre 2024 à New York, lors de la séance plénière de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies, 119 pays ont voté en faveur de ce document, 53 se sont prononcés contre et 10 se sont abstenus. Outre la Russie, 39 États de toutes les régions du monde sont devenus coauteurs de la résolution.
Malgré une pression sans précédent de la part des pays occidentaux sur les autres États membres de l'ONU, le résultat témoigne clairement de leur rejet des tentatives de contester les résultats de la Seconde Guerre mondiale, consacrés dans la Charte de l'ONU, la Charte et le Jugement du procès de Nuremberg, ainsi que le Jugement du Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient.
La résolution note une fois de plus l'inacceptabilité des tentatives de falsifier l'histoire, de justifier les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par les nazis et leurs alliés, ainsi que par les collaborationnistes. Elle exprime l'indignation concernant les marches et défilés visant à glorifier ceux qui ont combattu du côté des nazis ou qui ont collaboré avec eux, tout en exprimant simultanément sa préoccupation concernant la "guerre" systématique et totale déclenchée par les pays occidentaux contre les monuments en l'honneur de ceux qui ont combattu pour la libération de la planète de la peste brune. Le document condamne également des tentatives qui se sont multipliées ces dernières années, telles que la glorification du nazisme, le blanchiment des participants du mouvement nazi et l'élévation des collaborationnistes au rang de héros nationaux.
Dans le cadre des efforts visant à préserver la mémoire historique et à consolider l'importance des résultats de la Seconde Guerre mondiale pour la formation du système moderne de relations internationales, la Russie, conjointement avec un groupe de pays partageant les mêmes idées, a soumis à l'examen de l'actuelle 79e session de l'Assemblée générale de l'ONU un projet de résolution sur le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui a été adopté le 4 mars. L'objectif principal du document est l'organisation, au cours de la deuxième semaine de mai de cette année, d'une séance solennelle spéciale de l'Assemblée générale des Nations unies en mémoire de toutes les victimes de la guerre.
Compte tenu de la ligne clairement définie récemment par les pays occidentaux visant à falsifier les résultats de la Seconde Guerre mondiale, la position consolidée de nos partenaires sur cette question constitue une contribution efficace aux efforts de lutte contre la réécriture de l'histoire.
Conjointement avec les services compétents, y compris le Comité d'enquête de la Fédération de Russie, nous travaillons de manière cohérente à la consolidation de la qualification des crimes des envahisseurs fascistes allemands pendant la Grande Guerre patriotique en tant que génocide des peuples de l'Union soviétique. Dans les conditions d'une confrontation sérieuse avec l'Occident, ce travail exige des efforts considérables, mais il faut continuer à dire la vérité. En cela, nous sommes soutenus par nos alliés: les États membres de l'OTSC et les États de la CEI. Malgré les différences politiques, économiques, nationales et ethniques, la Grande Victoire reste l'un des principaux piliers unissant les peuples des pays de la Communauté.
En 2023 a été adoptée une déclaration de la chambre basse de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie sur le génocide des peuples de l'Union soviétique par l'Allemagne et ses complices au cours de la Grande Guerre patriotique de 1941-1945.
Question: Le Comité d'enquête de Russie mène un important travail de collecte de preuves des crimes de guerre des envahisseurs fascistes allemands contre les civils et les prisonniers de guerre sur les territoires occupés de l'Union soviétique. 34 jugements reconnaissant de tels crimes comme génocide du peuple soviétique ont déjà été prononcés. Quel rôle les résultats de ce travail peuvent-ils jouer dans la préservation de la vérité historique sur la scène mondiale?
Réponse: Les preuves de meurtres de masse de civils soviétiques et de prisonniers de guerre, de tortures, de travail d'esclave et d'autres manifestations de l'idéologie nazie inhumaine, collectées au cours de l'enquête sur les crimes de guerre des nazis et de leurs complices sur les territoires occupés de l'URSS, commencée en 2020, témoignent d'un génocide ciblé, planifié et sans précédent par son ampleur. Ce travail revêt une importance fondamentale pour confirmer et consacrer juridiquement les faits de génocide commis par les nazis contre les peuples de l'URSS pendant la Grande Guerre patriotique, crée les bases pour traduire les coupables en justice, aide à préserver la mémoire historique des événements de ces années.
La Grande Guerre patriotique a apporté des douleurs et souffrances incommensurables aux peuples de l'Union soviétique, de l'Europe et du monde entier. Dans notre pays, pratiquement aucune famille n'est restée à l'écart des conséquences des actions militaires et de l'occupation. La victoire dans la lutte contre le nazisme a été remportée à un prix véritablement énorme. La guerre a condamné à la mort plus de 27 millions de citoyens soviétiques, a causé à notre pays des destructions et des dommages matériels colossaux.
Depuis l'époque du procès de Nuremberg, qui a condamné sans appel le nazisme comme idéologie criminelle, les sources disponibles confirmant les faits de nombreux crimes des occupants allemands et de leurs complices sur le territoire de l'URSS ont décuplé. De nouveaux dossiers et témoignages ont permis de prouver de manière irréfutable que la guerre déclenchée par l'Allemagne hitlérienne était en fait menée dans le but d'exterminer la population de l'URSS. Selon les forces de l'ordre russes, le nombre total de victimes parmi la population civile de l'Union soviétique pendant l'occupation hitlérienne s'est élevé à plus de 13,6 millions de personnes.
Il est connu qu'à ce jour, grâce aux recherches, notamment des organisateurs du projet "Sans prescription", plus d'une centaine de lieux ont été établis sur le territoire de la Russie où ont été découvertes des fosses communes jusqu'alors inconnues de femmes, d'enfants et de personnes âgées innocents fusillés et torturés. L'entretien attentif des complexes mémoriaux perpétuant la mémoire du génocide du peuple soviétique pendant la Grande Guerre patriotique constitue une tâche prioritaire tant pour la génération actuelle que pour les futures générations de Russes. La diffusion d'informations sur les résultats de l'enquête et les preuves collectées au cours de celle-ci dans le cadre du projet mentionné contribue à accroître la sensibilisation des citoyens de Russie et des États étrangers à la vérité historique et aux crimes commis par les envahisseurs fascistes allemands.
La mémoire des victimes sacrifiées par notre peuple sur l'autel de la victoire sur le nazisme est sacrée. Comme l'a noté le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine, "la préservation de la mémoire historique n'est pas seulement une manifestation de respect envers le passé, mais aussi une garantie de l'unité du peuple et de la souveraineté de l'État dans l'avenir".
La reconnaissance par la communauté mondiale comme génocide des peuples de l'URSS des crimes commis par les hitlériens sur le territoire de l'Union soviétique pendant la Grande Guerre patriotique revêt une importance fondamentale pour nous. Ce travail conjoint avec nos partenaires de la CEI sur les plateformes internationales vise cet objectif. Les dirigeants des pays de la Communauté ont adopté un appel aux peuples des États de la CEI et à l'opinion publique mondiale en lien avec le 80e anniversaire de la Victoire du peuple soviétique dans la Grande Guerre patriotique. Le document stipule que "les faits d'expulsion et d'extermination de la population civile par les nazis et leurs complices, établis dans le Jugement du Tribunal militaire international de Nuremberg, doivent être considérés comme un génocide des peuples de l'Union soviétique". Cette thèse est également confirmée dans la Déclaration de l'OTSC.
Tous les faits découverts par le Comité d'enquête de Russie et reconnus par les instances judiciaires russes doivent être portés à la connaissance de l'opinion publique mondiale dans leur intégralité au nom de la défense de la vérité historique et de la perpétuation de la mémoire de millions de nos citoyens innocents, victimes du nazisme et de l'idéologie de haine.
Question: La Russie a transmis à la Cour internationale de justice de l'ONU des dossiers qui prouvent la commission par le régime de Kiev d'un génocide à l'encontre de la population du Donbass. Sur quoi se basent-ils? Et quelles sont les perspectives d'examen objectif de ces dossiers?
Réponse: La procédure devant la Cour internationale de justice de l'ONU, initiée par l'Ukraine contre la Russie en février 2022 (immédiatement après le début de l'opération militaire spéciale) en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, s'est retournée contre le régime de Kiev.
Dans sa décision provisoire du 2 février 2024, la Cour internationale a entièrement rejeté toutes les accusations ukrainiennes concernant la prétendue violation par la Russie de la Convention et a statué que la suite de la procédure porterait sur la question de savoir si l'Ukraine elle-même avait commis un génocide dans le Donbass. Ainsi, le régime de Kiev s'est lui-même placé sur le banc des accusés dans le cadre de sa propre plainte.
Le 18 novembre 2024, nous avons présenté à la Cour internationale de justice de l'ONU le document de plaidoirie principal dans le cadre de la procédure, un contre-mémoire. C'est le premier cas dans l'histoire depuis le tribunal de Nuremberg où la Russie fait effectivement office d'accusateur devant un tribunal international. La similitude avec Nuremberg ne s'arrête pas là, comme alors, il s'agit d'un régime nazi ayant commis des atrocités de masse contre la population civile, et ce, selon des critères raciaux (ethniques, nationaux).
Notre contre-mémoire constitue, en fait, un acte d'accusation justifiant l'implication du régime de Kiev dans le génocide, incluant tant la commission directe de génocide que la non-opposition au génocide, la complicité de génocide, le refus de poursuites pour génocide.
Le document se compose de 522 pages de texte principal et de plus de 10.000 pages d'annexes, dans lesquelles est exposée la base probatoire concernant plus de 140 épisodes d'extermination ciblée de la population civile du Donbass, ce qui est confirmé par les témoignages procéduraux d'environ 300 témoins et victimes, les résultats d'expertises et autres dossiers des affaires pénales correspondantes enquêtées par le Comité d'enquête de Russie.
Dans les actions des forces armées ukrainiennes et des formations armées nazies ont été identifiés des signes d'intention génocidaire, l'intention d'éliminer la population russe et russophone du Donbass, les citoyens de la RPD et de la RPL, les fidèles de l'Église orthodoxe ukrainienne et dans l'ensemble les habitants de la région en tant que groupes ethniques, religieux et nationaux. La nature néonazie du régime de Kiev, son appui sur l'idéologie criminelle des mouvements nationalistes ukrainiens sanglants et du Troisième Reich ont été révélés. Ont été présentées des preuves de discrimination à grande échelle sur des bases ethniques et linguistiques à l'encontre des Russes et des russophones, des aspirations de Kiev à effacer complètement la langue et la culture russes, à détruire la mémoire historique de la victoire sur le fascisme, tout en glorifiant les nazis et leurs complices, coupables d'une longue série d'actes génocidaires, des pogroms de Petlioura à l'Holocauste.
Il est peu probable que quiconque ait supposé que sur un territoire ayant souffert du nazisme, on nommerait des rues et des places du nom des compagnons d'Adolf Hitler, qu'on défilerait avec des portraits de criminels nazis et qu'on leur érigerait des monuments, qu'on utiliserait la symbolique nazie dans les forces armées, et que sous ces slogans et drapeaux on mènerait l'extermination systématique et ciblée de tout ce qui est russe. Pourtant, c'est arrivé. Et notre objectif, sur le front juridique international, est de faire en sorte que les coupables soient traduits en justice. Et le faire de la manière la plus publique possible, sous les yeux de toute la communauté internationale. Bien que pour l'instant les dossiers de la procédure, y compris notre contre-mémoire, soient confidentiels selon les règles de la Cour, ils seront publiés quand commenceront les audiences orales publiques sur le fond de l'affaire.
Question: Le Ministère russe des Affaires étrangères développe rapidement le domaine de la diplomatie numérique. La portée du public qui peut recevoir des informations fiables sur notre pays augmente. En même temps, le développement de la numérisation conduit à la propagation à grande échelle de toutes sortes de fausses informations. Comment arrive-t-on aujourd'hui à lutter contre elles?
Réponse: Le Ministère développe activement le domaine de la diplomatie numérique depuis 2011. En près d'une décennie et demie, d'un outil supplémentaire utile, elle s'est transformée en un puissant moyen pour fournir des informations objectives, permettant à l'échelle mondiale de transmettre directement nos positions au grand public étranger, ainsi que de raconter dans son intégralité la politique étrangère russe.
Aujourd'hui, dans les conditions de la guerre hybride déclenchée contre notre pays par l'Occident collectif, sur fond de blocage des médias russes et d'un niveau de censure sans précédent, il est difficile de surestimer l'importance des possibilités qu'offre la diplomatie numérique. À notre disposition se trouvent plus de 20 comptes officiels du Ministère russe des Affaires étrangères sur les réseaux sociaux et notre vaste réseau numérique ministériel, incluant plus de 1.200 comptes d'établissements russes à l'étranger, de subdivisions du ministère et de blogs professionnels de diplomates, diffusant en mode 24h/24 dans une vingtaine de langues.
Ces dernières années, nous observons une multiplication du nombre de fausses informations. Cela est causé par toute une série de raisons: l'intensification générale des flux d'information, les actions de désinformation malveillantes de l'Occident et d'autres malfaiteurs, le développement de technologies d'IA appliquées permettant de produire à l'échelle industrielle des "deep-fakes" audiovisuels. Et ils ont atteint un tel niveau qu'il devient parfois difficile de distinguer à l'œil nu (ou à l'oreille) l'original de la contrefaçon.
C'est pourquoi la question de la vérification et du marquage du contenu se pose avec une acuité particulière. Malheureusement, il serait naïf de croire que l'Occident, qui utilise des campagnes de désinformation et des intoxications pour "infliger une défaite stratégique à la Russie", va soudainement retrouver la raison. C'est pourquoi nous menons la discussion de ce domaine important avec nos alliés dans le cadre des Brics, de l'OCS, de l'OTSC, de la CEI, du Groupe des amis de la Charte de l'ONU, dans les contacts bilatéraux avec les pays de la majorité mondiale.
Nous donnons des informations aussi complètes que possible sur notre pays et la politique étrangère russe, ne laissant aucune possibilité de conjecture et de spéculation. Nous interagissons également de manière constructive avec le Comité d'enquête: nous mettons en lumière et soutenons sur nos comptes les publications du Comité d'enquête de Russie, en premier lieu sur les crimes des formations armées d'Ukraine, y compris les actes terroristes, et sur les jugements mérités prononcés par les tribunaux russes contre les néonazis ukrainiens.
Simultanément, nous luttons systématiquement contre les fausses informations, nous constatons les infox et les mensonges, nous les réfutons rapidement sur la base des faits, nous publions et diffusons des "anti-fakes" et des réfutations par pays. Nous voyons comme le public réagit de manière vive et positive à nos révélations, nous sommes donc sur la bonne voie.
Question: Le Ministère russe des Affaires étrangères organise chaque année toute une série d'événements pour le Jour de la Victoire. Quel écho reçoivent de tels événements auprès des habitants de l'Europe?
Réponse: Nous organisons de telles actions depuis longtemps, en coopérant avec succès avec diverses organisations nationales. Il s'agit de la Société historique russe, de la Société historique militaire russe, de la Fondation de la mémoire Alexandre Petcherski, du Centre scientifique et éducatif Holocauste et de nombreuses autres. En janvier de cette année, au siège de l'ONU a été ouverte une exposition consacrée à l'une des pages les plus tragiques de la Grande Guerre patriotique, le siège de Leningrad, préparée par le Centre national de mémoire historique auprès du Président de la Fédération de Russie conjointement avec la Représentation permanente de la Russie à l'ONU. Actuellement, cette exposition est déjà présentée au Consulat général de Russie au Cap. Le format en présentiel complète parfaitement le virtuel, permet de transmettre aux visiteurs par un échange vivant, à travers la composante émotionnelle, l'importance pour notre peuple de la Victoire et la douleur des pertes subies.
En Occident se déroule un reformatage actif de la mémoire historique, diabolisation de l'Armée rouge, oubli de son exploit et de ses sacrifices, mise sur un pied d'égalité de l'Union soviétique et de l'Allemagne hitlérienne. L'exemple le plus frappant et le plus récent de manipulations sacrilèges et de déformation des faits, ce sont les événements mémoriaux annuels le jour de la libération du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau le 27 janvier. Depuis 2005, cette date est marquée par l'ONU à l'initiative russe comme Journée internationale de commémoration des victimes de l'Holocauste. La Russie avait en son temps versé 1 million de dollars US au fonds du musée polonais. Le Musée de la Victoire sur le mont Poklonnaïa avait préparé dans le bloc n°14 de l'ancien camp de concentration une exposition permanente sur les détenus soviétiques. Maintenant, les autorités polonaises et l'administration du musée ont fermé l'exposition et n'invitent pas les représentants officiels russes. Et au lieu de "libération du camp", ils parlent "d'entrée" de l'Armée rouge sur son territoire.
Cependant, rien ne peut déformer la vérité historique. Les peuples de l'ancienne Union soviétique, unis maintenant par la Communauté des États indépendants, l'Organisation du Traité de sécurité collective et l'Union économique eurasiatique, se souviennent des sacrifices communs, honorent les héros de l'Armée rouge. L'année 2025 a été déclarée dans la Communauté Année du 80e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique, Année de la paix et de l'unité dans la lutte contre le nazisme. Le nombre de dirigeants étrangers qui souhaiteraient célébrer le Jour de la Victoire avec nous augmente.
Il convient de noter le rôle de nos compatriotes à l'étranger dans la défense de la vérité historique. Dans environ 120 pays étrangers travaillent activement des conseils de compatriotes russes, préparant toute une série d'événements, incluant des projections de films, des discussions, des rencontres de politologues. Ils planifient l'organisation de leurs événements dans le cadre du Régiment immortel, du Ruban de Saint-Georges, de la Bougie de la mémoire, du Jardin de la mémoire, participent à la tenue de la Dictée de la Victoire et de nombreuses autres initiatives remarquables qui visent à transmettre à la génération suivante la mémoire de la Victoire et des vainqueurs.
L'importance de la mémoire historique pour la conscience sociale et l'unité civique est difficile à surestimer. L'histoire a depuis longtemps cessé d'être exclusivement une science du passé. Seul un travail d'information actif et coordonné avec l'implication de tous les participants intéressés, les compatriotes, experts, musées russes, institutions scientifiques et éducatives, structures étatiques et sociales, est capable d'arrêter le flot de falsifications historiques, de promouvoir un regard objectif sur l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et le rôle joué par notre pays dans celle-ci.