Mesdames et messieurs,

Nous avons évoqué en détail avec mon collègue et ami Abdallah ben Zayed Al Nahyane un large éventail de questions concernant nos relations bilatérales et l'agenda international.

Nous avons accordé beaucoup d'attention au problème ukrainien, pour des raisons évidentes. J'ai expliqué en détail les objectifs de l'opération militaire spéciale en Ukraine visant à protéger les gens contre le régime de Kiev et à assurer la démilitarisation et la dénazification de ce pays. J'ai également informé mon collègue de nos efforts en matière d'évacuation des civils des zones de combats et de livraison d'aide d'urgence de la Russie à la population des régions libérées.

Un événement important a eu lieu hier. Après de longs jours du refus des autorités ukrainiennes de coopérer dans l'évacuation de la population, nous avons enfin réussi à transporter 33.000 personnes de Marioupol. La plupart de ces gens ont décidé de partir en Fédération de Russie.

Nous avons méticuleusement débattu de l'état de nos relations bilatérales. Le caractère spécial de ces dernières est stipulé par la Déclaration sur le partenariat stratégique entre la Fédération de Russie et les Émirats arabes unis (EAU) du 1er juin 2018. Nous développons activement notre partenariat au niveau des ministères et des institutions.

Nous travaillons énergiquement sur la mise en œuvre des ententes obtenues lors de la visite d'État du Président russe Vladimir Poutine aux Émirats arabes unis en octobre 2019 et des contacts suivants entre nos dirigeants.

Nous avons établi un échange actif de délégations de différents niveaux. Je voudrais souligner spécialement les visites organisées dans le contexte de l'organisation de l'Exposition universelle de 2022 aux EAU. Dubaï a servi de base de nos contacts, notamment de la visite du Premier Ministre russe Mikhaïl Michoustine. Valentina Matvienko, Présidente du Conseil de la Fédération de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, a elle aussi effectué une visite officielle aux EAU du 6 au 8 décembre 2021.

Nos relations commerciales et économiques se développent activement. Nous avons réussi à assurer une croissance significative des échanges, qui ont atteint près de 5,4 milliards de dollars en 2021. Ce chiffre a permis aux EAU de devenir notre premier partenaire commercial et économique dans le monde arabe. Dans ce contexte, il faut souligner le rôle important de la Commission intergouvernementale russo-émiratie pour la coopération commerciale, économique et technique. Sa dixième réunion a eu lieu en novembre 2021 à Dubaï. La capitale émiratie a également accueilli la 13e séance du Conseil d'affaires russo-arabe à la fin du mois de janvier.

Nous constatons une coopération efficace entre le Fonds russe d'investissement direct et la société d'investissement publique émiratie Mubadala. La lutte contre la pandémie de Covid-19 sur la base des conceptions novatrices russes fait parti des domaines prometteurs de ce partenariat.

Nous travaillons sur le perfectionnement et le renforcement de la base juridique de nos relations. En 2021, nous avons signé un accord intergouvernemental sur l'espace pacifique, des mémorandums d'entente et de coopération en matière d'aviation et d'industrie hydrogène, ainsi que d'autres texte.

La signature éventuelle de l'accord de libre-échange entre les EAU et l'Union économique eurasiatique devrait grandement contribuer au développement des liens économiques. Nous soutenons activement ce travail et concertons les documents nécessaires.

Nous maintenons une coopération traditionnellement étroite sur les plateformes multilatérales. Les EAU sont membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU depuis le janvier 2022. Dans ce contexte, nous avons de nouveaux domaines, propositions et efforts concernant la promotion d'approches concertées dans l'intérêt du règlement des problèmes globaux et régionaux.

Nous avons analysé en détail la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où il existait toujours malheureusement un potentiel conflictuel important.

Nous avons salué les dernières initiatives des EAU en matière de règlement en Syrie. Mon ami Abdallah ben Zayed Al Nahyane s'est rendu à Damas pour s'entretenir avec Bachar al-Asad en novembre 2021.

Nous avons informé nos collègues de nos derniers contacts avec les dirigeants syriens et de notre travail avec l'opposition syrienne, notamment dans le contexte de la promotion de la réforme constitutionnelle via le processus de Genève qui devrait être relancé fin mars. Nous avons évoqué en tant que priorité une assistance humanitaire urgente aux Syriens, ainsi que le rétablissement de l'infrastructure socioéconomique détruite, conformément à la résolution 25-85, adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU en juillet 2021. Nous sommes persuadés de la nécessité d'intensifier les efforts visant à faire revenir la Syrie dans la Ligue arabe.  

Nous constatons en Libye des processus qui exigent une attention spéciale. Nous avons confirmé la volonté bilatérale de favoriser les efforts visant la stabilisation de la situation à l'aide du processus politique, l'organisation des élections nationales dans un délai raisonnable sous l'égide de l'ONU. Il est nécessaire d'impliquer dans ces processus toues les forces politiques influentes qui promeuvent le maintien de l'unité, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'État libyen. Nous considérons certainement que les problèmes liés à la nomination d'un nouveau chef de gouvernement par le parlement doivent être résolus à l'aide des négociations et des compromis.  

Nous sommes préoccupés par une nouvelle hausse des tensions au Yémen et autour de ce pays. Nous soulignons unanimement le caractère inacceptable du transfert éventuel des hostilités sur le territoire des États voisins. La Russie condamne les attaques contre les sites civils aux EAU et en Arabie saoudite. Nous avons une position commune stipulant que le long conflit au Yémen ne peut pas avoir de solution militaire. Il est nécessaire de poursuive les efforts visant à établir le dialogue entre les belligérants en tenant compte des opinions de toutes les forces politique yéménites. Dans ce contexte, nous avons attiré l'attention sur la situation socioéconomique difficile dans ce pays. Nous avons également souligné la nécessité d'intensifier les efforts de Hans Grundberg, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, dans tous ces domaines.

Nous avons évoqué l'importance la stabilisation rapide de la situation au Soudan. Nous avons une estimation positive des efforts du Conseil suprême (souverain) dans la promotion du processus de paix visant l'organisation des élections universelles dans un délai concerté.   

Nous avons attiré l'attention de nos amis à la Conception russe de sécurité collective dans le Golfe persique. Nous avons mis à jour cette conception en 2021. Nous avons mené des consultations d'experts avec tout un nombre de pays et de régions, notamment avec les EAU. Nous nous sommes convenus de poursuivre un dialogue concret sur ce problème au niveau des experts afin de réunir les conditions nécessaires pour la transition vers les négociations intergouvernementales.

Malgré toutes ces questions importantes, nous n'avons évidemment pas de droit d'oublier le problème palestinien dans le contexte du processus de paix au Proche-Orient. Nous ne constatons aucun progrès. Au contraire, les problèmes ne cessent de s'accumuler.

Nous avons confirmé notre soutien au rétablissement le plus rapide possible des négociations israélo-palestiniennes directes en tenant compte de la base juridique internationale élaborée dans le cadre de l'ONU, de l'Initiative de paix arabe et du rôle de quatre médiateurs internationaux. Ces derniers doivent travailler en coopération étroite avec la Ligue arabe.

Je voudrais sincèrement remercier mon collègue de notre travail conjoint.