United States of America
Réponses du Ministre des Affaires étrangères, Monsieur Sergueï Lavrov aux questions des journalistes après la réunion avec le Secrétaire des Etats Unis, Monsieur John Kerry, Berlin, Février 26, 2013
Question: Comment s'est passé votre entretien avec le Secrétaire des Etats-Unis, Monsieur John Kerry?
Lavrov: Nous avons eu une conversation très intense de plus de deux heures. La discussion a porté sur les relations bilatérales entre nos deux pays et sur d'importants sujets internationaux, en mettant l'accent sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. De mon point de vue, ce fut une conversation constructive. J'ai senti le souhait de mon collègue John Kerry d'établir des relations de partenariat, sans, cependant, occulter les questions délicates, telle que la «loi de S. Magnitskiy" et le problème de l'adoption des enfants russes aux États-Unis. Il a été décidé de toujours résoudre ces problèmes, sans les éviter. Il a été également décidé d'essayer d'aller de l'avant dans les situations où nos intérêts coïncident. Cela concerne la promotion des droits économiques, les investissements et les relations culturelles et humanitaires, ainsi que la coopération sur la création de conditions favorables pour le règlement de divers conflits.
Dans ce contexte, nous avons discuté de la situation, connue sous le nom du «printemps arabe». Il s'agit de la Syrie, des événements dans les pays voisins, de notre coopération sur le programme nucléaire iranien, de la question nucléaire de la péninsule coréenne, de l'Afghanistan, et du processus de paix au Moyen-Orient. Nous avons le sentiment que la deuxième administration d'Obama en matière de politique étrangère, dirigée par John Kerry, cherchera à jouer un rôle plus constructif dans tous les domaines mentionnés.
Je tiens à souligner un point important. Nous avons discuté des problèmes des enfants russes adoptés aux États-Unis. John Kerry a reconnu que ces problèmes sont réels, et non imaginaires. Il a assuré qu'il allait personnellement prendre toutes les mesures nécessaires afin de mettre en place, dans ce domaine, pour nous aux États-Unis une totale transparence et une complète responsabilité. Je pense que c'est une déclaration très importante. Nous veillerons à ce que ces termes soient bien réalisés.
Question: Comment pouvez-vous commenter l'information parue dans la presse russe sur une prochaine déclaration russo-américain sur la défense antimissile?
Lavrov: J'ai lu les messages et j'ai parlé avec leur auteur. Je ne sais pas quelles sont ses sources, mais il n'y a pas de fondement à cette déclaration. Je ne sais pas, d'où vient l'information.
Nous avons fait connaître notre position. La Russie et les États-Unis ont suffisamment émis de déclarations au sein de l'OSCE, Conseil OTAN - Russie. Au plus haut niveau, nous avons déclaré que chacun d'entre nous devra assurer l'indivisibilité de la sécurité, sans qu'aucun n'assure sa sécurité aux dépens des autres. Nous avons la profonde conviction, sur base de calculs précis communiqués à nos partenaires américains et de l'OTAN, que le système de défense antimissile va créer des problèmes pour la sécurité de la Russie. Les déclarations ne suffisent pas. Si nous ne pouvons pas nous mettre d'accord sur un système commun (comme cela est souvent suggéré par la partie russe, déjà lors de la visite du président russe Vladimir Poutine aux Etats-Unis en 2007), nous ne devrions dès lors, pas parler des dernières déclarations, mais bien des garanties fixées dans la région euro atlantique à l'égard de l'arsenal nucléaire russe. Des garanties qui seront établies sur des critères technico-militaires.
Question: Quand aura lieu le prochain sommet russo-américain?
Lavrov: Nous pensons que le président américain, Monsieur Barack Obama, a pris connaissance de notre invitation.
Question: Après votre réunion d'aujourd'hui avec le secrétaire d'État, peut-on espérer des progrès sur la situation en Syrie? Est-ce qu'il y a des nouveaux éléments?
Lavrov: Concernant la situation à la Syrie, la chose la plus importante que nous avons réaffirmée, c'est notre volonté commune de trouver une solution pacifique et, dans la mesure de nos possibilités, de créer des conditions propices à l'ouverture rapide d'un dialogue entre le gouvernement et l'opposition. Personne ne résoudra le problème à la place des Syriens. Ils doivent au préalable accepter de s'asseoir à la table des négociations.
Nous plaidons pour que ceci ait eu lieu le plus tôt possible. Hier, nous avons parlé à Moscou avec le Ministre des Affaires étrangères de Syrie, Monsieur Walid al-Mouallem et sa délégation. Il nous a assuré qu'ils ont une équipe de négociation, et qu'ils sont prêts à entamer rapidement le dialogue. Nous espérons que l'opposition, qui a récemment tenu une réunion à Rome avec des représentants de pays occidentaux et certains pays de la région, aille dans le même sens. Cependant ses représentants ont fait des déclarations contradictoires à ce sujet. Nous espérons malgré tout que l'opposition acceptera ce dialogue et présentera rapidement son équipe de négociation. Ce point a été discuté aujourd'hui en réunion avec Mr Kerry, et nous ferons tout notre possible pour favoriser rapidement ce dialogue.
Question: Quelles sont vos impressions sur cette première rencontre avec John Kerry?
Lavrov: Excellentes.