COMMUNIQUE POUR LES MEDIAS

«Monsieur le Vice-Chancelier,

«Monsieur l'Ober-bourgmestre,

Mesdames, Messieurs!

Il y a 65 ans – le 20 novembre 1945 – dans ce bвtiment historique a commencй son travail le Tribunal international militaire, chargй de juger les principaux criminels nazis.

Vu des positions d'aujourd'hui, le Procиs de Nuremberg est le plus grand et important dans l'histoire de la civilisation mondiale. Le Tribunal des peuples – et il a vraiment йtй ainsi, en fait le Tribunal international – est devenu la rйponse aux monstrueux crimes de guerre, crimes contre le monde et l'humanitй. A la suite de la Charte de l'ONU, qui a fixй l'immuabilitй des rйsultats de la Seconde guerre mondiale, le Procиs de Nuremberg est devenu le pas importantissime, fait pour йviter а jamais ce qui s'йtait passй. Son verdict a parachevй le krach militaire de l'hitlйrisme par sa dйfaite morale, politique et juridique. C'est а Nuremberg que, grвce aux efforts unis, ont йtй juridiquement fixйs les rйsultats de la victoire des forces de la paix et du progrиs, ont йtй reconnues coupables l'idйologie misanthrope, les principales structures organisationnelles et la pratique du nazisme en gйnйral.

Malgrй tout le tragique et plusieurs millions de victimes de la Seconde guerre mondiale, dont la plupart avaient йtй posйes sur l'autel de la victoire par notre pays, la question de la vengeance ne s'est jamais posйe devant nous. L'URSS a fait tout pour que le Tribunal de Nuremberg ne devienne pas les reprйsailles des vainqueurs infligйes aux vaincus. On a parlй pour la premiиre fois du besoin de faire le tribunal international pour juger les criminels, avec le ministиre public et la partie civile, le 14 octobre 1942 dans la dйclaration du Gouvernement soviйtique «De la responsabilitй des envahisseurs hitlйriens et de leurs acolytes pour les crimes commis dans les pays occupйs de l'Europe». Par la suite, cette initiative йtait fixйe dans la «Dйclaration sur la responsabilitй des hitlйriens pour les atrocitйs commises», publiйe en qualitй de document а la Confйrence de Moscou des ministres des affaires йtrangиres de l'URSS, des USA et de la Grande-Bretagne en 1943.

Les historiens savent que la dйcision d'organiser un procиs public n'avait pas initialement йtй soutenue par tous les membres de la coalition anti-hitlйrienne. Ce n'est que le 8 aoыt 1945 а Londres qu'a йtй signй le Traitй entre les gouvernements de l'URSS, des USA, de la Grande-Bretagne et de la France «De la poursuite et de la punition des principaux criminels de guerre des pays europйens de l'axe» et ont йtй approuvйs les Statuts du Tribunal militaire international.

Les dispositions fixйes dans les Statuts du Tribunal et reflйtйes dans son verdict sont aujourd'hui en vigueur. Elles ont йtй confirmйes par l'Assemblйe Gйnйrale de l'ONU en tant que normes universelles du droit international.

Au cours de toute la pйriode d'aprиs-guerre, ces principes donnent pour beaucoup le vecteur du dйveloppement du droit international pйnal, humanitaire, de la justice internationale. Ils rйsident а la base du dйveloppement ultйrieur des normes sur les crimes de guerre, les crimes contre l'humanitй, y compris le gйnocide, la qualification des critиres et des йlйments du crime d'agression. Le Tribunal pйnal international s'appuie dans une grande mesure sur l'expйrience de Nuremberg, bien qu'il doive encore prouver sa capacitй de rйsoudre les tвches posйes devant lui. Parallиlement et sur la mкme base se sont dйveloppйes les normes des droits de l'homme.

Le Tribunal de Nuremberg est clairement reconnu comme la plus grande rйalisation politico-juridique de son temps. Nous voyons en tant que facteur clй de son succиs l'unanimitй des Nations Unies lors de sa crйation, au cours de son travail et lors de l'йvaluation de ses rйsultats.

L'expйrience de Nuremberg montre que la justice internationale doit кtre le rйsultat des efforts conjoints et avoir le prestige auprиs de la communautй internationale. Les tentatives de certains йtats ou blocs de se charger du rфle de «l'arbitre international» ne peuvent pas avoir de consйquences juridiques. L'histoire moderne a connu ces cas, qui n'ont rien apportй sauf les malheurs aux peuples et l'instabilitй pour le monde.

Est-ce que tous ont tirй les leзons idoines de Nuremberg ? Il faut croire que non. Sinon, comment expliquer, qu'aujourd'hui encore, nous voyons les tentatives de disculper les nazis et leurs acolytes, les barbaries qu'ils ont perpйtrйes, de reconnaоtre a posteriori leurs crimes comme une sorte de «juste lutte» ? Comment doit-on йvaluer les dйfilйs annuelles des ex-SS dans plusieurs capitales europйennes, les poursuites en justice des anciens combattants antifascistes ou la reconnaissance du svastika comme patrimoine culturel des Baltes ?

Il est caractйristique qu'en Allemagne mкme, la mise en question des rйsultats du Procиs de Nuremberg est considйrйe comme un crime de droit commun. Il n'y a ni ne peut pas y avoir de prescription pour les actes, qualifiйs par le tribunal de Nuremberg de crimes contre l'humanitй.

Nos rapports avec l'Allemagne s'appuient depuis plusieurs annйes dйjа sur les solides fondations de la rйconciliation historique et du partenariat stratйgique. C'est pourquoi ce ne sont pas que non pays qui y ont gagnй, mais l'Europe tout entiиre, qui a reзu le modиle de l'йdification de la coopйration harmonieuse sur la base dйsidйologisйe de respect mutuel, sur la base mutuellement avantageuse.

Nous apprйcions hautement le mйnagement de nos partenaires allemands des endroits de sйpulture de nos soldats sur le territoire de la RFA, les efforts de soutien matйriel des victimes du nazisme. Un grand apport а la rйalisation de divers projets commйmoratifs est fait par le «Fonds de comprйhension et de rйconciliation» russe et le fonds allemand «Mйmoire, responsabilitй et avenir». Leur travail a une importance particuliиre pour garder la mйmoire historique des jeunes gйnйrations des Russes et des Allemands.

Le devoir de toute la communautй internationale est de lutter sans compromis contre les manifestations du nйonazisme, de la haine raciale, de la xйnophobie et de l'extrйmisme, en utilisant les outils variйs de l'ONU. La moindre concession aux «dйmons du passй», l'oubli de l'histoire ou les tentatives de la rййcrire sont lourds d'une nouvelle tragйdie.

Sans cette approches de principe, il est difficile d'espйrer le succиs dans notre opposition commune au terrorisme international, – en fait, l'hйritier idйologique du nazisme. Le terrorisme est la mкme idйologie barbare, qui prкche la violence, l'agression, le mйpris complet de la morale et de la valeur de la vie humaine. Le principe de l'indivisibilitй de la sйcuritй se manifeste de maniиre parlante dans le besoin de l'opposition а ce mal commun pour tous.

La Russie et l'Allemagne sont unies dans leur rйsolution а contribuer а la lutte collective contre les menaces modernes а la paix, а la stabilitй et aux droits de l'homme, а la recherche des voies pacifiques de rиglement des conflits et crises.

Les possibilitйs supplйmentaires pour intensifier cette coopйration sont crййes avec l'йlection de l'Allemagne au Conseil de Sйcuritй de l'ONU pour 2011-2012, ce qui a une fois de plus soulignй le haut prestige de la politique de Berlin dans le renforcement de l'esprit de coopйration, de la bonne volontй dans les affaires europйennes et mondiales, du strict respect du droit international.

Je voudrais profiter de l'occasion pour offrir au Musйe des copies des documents affйrents au Procиs de Nuremberg et des photos des archives du Ministиre des affaires йtrangиres et d'autres archives russes. Ils montrent de faзon parlante l'historique de la crйation du Tribunal, le processus de la formation des йlйments de base de ses outils de droit international et de sa formalisation organisationnelle. Beaucoup d'entre eux n'ont jamais йtй publiйs et sont uniques. J'espиre que ces documents seront un complйment de poids de l'exposition du musйe et seront intйressants et utiles pour ses visiteurs et chercheurs.

Le 22 novembre 2010