INTERVENTION DE M. I. IVANOV, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA RUSSIE, DANS LA TROISIÈME SÉANCE DU CONSEIL DES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES D’ORGANISATION DE COOPÉRATION ÉCONOMIQUE DE LA MER NOIRE (BUCAREST, LE 20 OCTOBRE 2000)
Traduction non-officielle du russe
Intervention de M. I. Ivanov, ministre des Affaires étrangères de la Russie, dans la troisième séance du Conseil des ministres des Affaires étrangères d'Organisation de coopération économique de la Mer Noire
(Bucarest, le 20 octobre 2000)
Monsieur le président,
Chers messieurs les députés et messieurs les invités,
A partir de 1 novembre, la Russie sera en charge d'obligations importantes en qualité de président de l'Organisation de coopération de la Mer Noire.
Elle aura à prendre le relais de la Roumanie, qui a apporté en cette qualité une contribution considérable dans le développement de la coopération régionale dans le bassin de la Mer Noire.
Beaucoup a dйjà été fait au cours des dernières années pour transformer l'OCEMN en une organisation sous-régionale efficace, susceptible d'apporter un réel profit aux pays-membres. Sa composition s'est stabilisée, on a renforcé son Secrétariat et défini le statut de ce dernier. Nous nous appuyons dans notre travail sur le support financier de la Banque du commerce et du developpement de la Mer Noire. L'OCEMN est de plus en plus reconnue sur le plan international, le nombre des prétendants au statut d'observateur auprès d'elle augmente. Les régions et les hommes d'affaires de nos pays ont ressenti une envie forte de coopérer dans le cadre de l'OCEMN. Nous avons jeté une base scientifique solide représentée par le Centre International des recherches de la Mer Noire.
Notre Organisation se développe sur le fond des transformations de grande échelle sur l'arène internationale. La globalisation, qui s'impose en force, crée de nouvelles tâches pour la communauté internationale et pour les institutions régionales et sous-régionales. Dans l'affaire de la garantie de la stabilité et de la sécurité régionale, le rôle du composant économique augmente considérablement. C'est pour cela que la tâche première et principale de la Russie au poste du Président consistera en la préparation d'un "Ordre de jour économique pour l'OCEMN au passage entre deux époques ", il existe dйjà une amorce de travail sur le sujet. De notre coté, nous comptons terminer en coopération avec tous les membres de l'OCEMN, un travail sur ce document dans la première moitié de l'année 2001.
Notre organisation est susceptible d'apporter une contribution importante afin d'assurer un développement économique stable des pays de la Mer Noire. Dans ce contexte, il nous parait surtout nécessaire de surmonter l'actuelle crise énergétique structurelle, qui a également touché notre région. Parmi les membres de l'OCEMN, il y a des Etats-producteurs, des Etats-consommateurs de l'énergie, et ceux par qui est effectué son transit. Mais nous devons tous consolider notre aspiration commune à garantir la sécurité énergétique au XXI siècle sur la base de la coopération. Nous avons ici des obligations, y compris celles de transit vers le reste de l'Europe. C'est pourquoi le dialogue sur les questions énergétiques, et la coopération dans le secteur énergétique doivent à juste titre être considérées comme prioritaires dans l'activité de l'OCEMN, et par conséquence, de la présidence russe.
Il faut s'arrêter sur la question de la Banque du commerce et du développement de la Mer Noire qui constitue la base financière de nos projets. Nous attendons que la Banque élargisse les crédits destinés aux projets de l'OCEMN, qu'elle agisse en direction des marchés financiers, qu'elle renforce sa gestion. Il est important de songer à joindre aux projets de notre Organisation d'autres institutions financières internationales, y compris en commandite avec la Banque de la Mer Noire, les Etats nationaux et le business privé.
Une autre direction de travail commun de nos pays au sein de l'OCEMN est très importante : c'est l'établissement de contacts de travail étroits entre les organes de protection de l'ordre légal. Notre but est de libérer la Région de la Mer Noire de la criminalité organisée, du terrorisme, du trafic de stupéfiants, d'armes et d'explosifs. L'Accord de coopération entre les pays de l'OCEMN concernant ce sujet (Ile de Corfou, octobre 1998) et les résultats de la rencontre à Brasov (Roumanie, avril 2000) entre les ministres des Affaires intérieures constitueront un repère pour la présidence russe. Tous les membres de notre Organisation gagneront mettre le plus vite possible en pratique le volume complet des accords obtenus dans la sphère de la protection de l'ordre légal.
Il existe encore un autre thème – nous l'avons dйjà abordé – c'est la lutte contre les catastrophes naturelles, qui se produisent malheureusement souvent dans notre région. Les catastrophes technogènes ne sont pas non plus à exclure. En considérant cela, la Russie a l'intention pendant sa présidence de développer conséquemment la coopération multilatérale correspondante afin de surmonter les situations de crise. Le Ministère des situations d'urgence est absolument prêt à une telle coopération. A ce propos je voudrais de nouveau attirer votre attention sur l'initiative russe concernant la création d'un centre de secours dans la région de la Mer Noire, qui pourrait être basé à l'antenne du Ministère de Gélendjik.
Pendant notre présidence, nous avons l'intention de convoquer les rencontres des ministres des différentes branches de l'industrie des pays-membres de l'OCEMN, consacrées aux problèmes du transport, des situations d'urgence, d'énergie, ainsi que d'organiser des réunions des groupes de travail, dont la Russie est coordinatrice. A l'ordre de jour, seront inscrites des conférences scientifiques pratiques sur la problématique de l'OCEMN.
Monsieur le Président!
Les processus dramatiques, qui se déroulent dans différents points de la Grande Méditerranée, que ce soit au Proche-Orient ou aux Balkans, influencent sans doute la situation, y compris la conjoncture économique dans la région de la Mer Noire. C'est pourquoi la stabilité et le développement économique progressif de la Grande Méditerranée constituent également un élément imprescriptible du bien-être dans le bassin de la Mer Noire. La sphère de l'intégration méditerranéenne sous-régionale représente également pour nous, j'en suis persuadé, un intérêt sérieux.
L'Union Européenne, qui a une forte dimension méditerranéenne, pourra et devra devenir le partenaire naturel de notre Organisation dans ces questions. Evidemment, notre partenariat avec l'Union Européenne ne sera pas réduit à ce seul thème. En tant que Président de l'OCEMN, la Russie a, de son coté, l'intention de stimuler activement l'approfondissement des contacts entre notre Organisation et l'Union Européenne sur les différents axes. Nous attendons une assistance de la part des ceux parmi les membres et parmi les observateurs de l'OCEMN, qui font partie de l'UE, et celle des pays-membres de l'OCEMN qui sont candidats à l'adhésion à l'Union Européenne.
La coopération mutuellement avantageuse entre l'OCEMN et l'Union Européenne est particulièrement à l'ordre du jour aux Balkans, où les transformations démocratiques ouvrent des possibilités supplémentaires à la participation active de la communauté internationale dans la vie économique de la région. Je pense que le temps est venu pour que l'OCEMN se rapproche d'une manière institutionnelle du Pacte de stabilité de l'Europe du sud-est, afin de participer aux projets de restauration de l'économie des Balkans et de la navigation sur le Danube. Un certain nombre de pays de l'OCEMN a dйjà un accès direct à ces projets, d'autres jouent parfois la fonction d'entrepreneurs sous-traitants. En résolvant ces tâches humanitaires de restauration, nous sommes, à condition de coopérer, en droit de prétendre à une part importante dans ces projets.
Une OCEMN renforcée a besoin, j'en suis persuadé, de contacts plus larges avec d'autres structures sous-regionales, qui agissent dans les différents parties de notre planète. La Russie, en tant que Président, est prête à utiliser selon cet objectif les rencontres, dйjà fixées en ordre bilatéral, avec l'union économique des pays d'Amérique Latine le 4 décembre prochain et avec la communauté des Andes début mars 2001.
Voilà notre programme préliminaire. Il est ouvert à tous les compléments et commentaires de la part des pays-membres de l'OCEMN et des pays-observateurs.
En conclusion, je voudrais encore une fois remercier M. P.Roman et la partie roumaine pour la chaleur de leur accueil et pour le travail réalisé pour le compte de l'OCEMN. Nous espérons poursuivre dans l'avenir une coopération étroite avec la Roumanie, ainsi qu'avec la Turquie dans le cadre de la "commission de trois ".
Le 20 octobre 2000