la République du Honduras
Intervention du ministre des Affaires étrangères de la Russie Sergueï Lavrov et ses réponses aux questions des médias lors de la conférence de presse conjointe à l’issue des pourparlers avec la ministre des Affaires étrangères de la République du Honduras Mireya Agüero de Corrales, Moscou, le 14 octobre 2013
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes heureux d'accueillir la ministre des Affaires étrangères de la République du Honduras, Madame Mireya Agüero de Corrales à Moscou. Il s'agit de la première visite officielle du ministre des Affaires étrangères du Honduras en Russie dans l'histoire de nos relations bilatérales.
Nous saluons la décision du gouvernement du Honduras d'ouvrir une représentation diplomatique permanente à Moscou, dont la cérémonie d'ouverture aura lieu aujourd'hui. Nous y voyons une confirmation de la disposition des dirigeants du Honduras, de son Président Pepe Lobo, de développer les relations avec la Fédération de Russie. Cette disposition a une réponse positive de notre part, et nos pourparlers d'aujourd'hui, au cours desquels nous avons discuté les perspectives de notre interaction, et sont tombés d'accord sur la nécessité d'intensifier le renforcement du cadre juridique de nos relations bilatérales, en servent de meilleure confirmation. Il s'agit surtout de mettre fin aussi rapidement que possible au travail sur l'accord de base des relations entre la Fédération de Russie et la République du Honduras. Nous avons convenu de préparer un projet d'accord intergouvernemental sur un système d'exemption de visas dans les plus brefs délais (avec sa signature et l'entrée en vigueur presque toute la région de l'Amérique latine et des Caraïbes seront couverts par le régime de voyages sans visas pour nos ressortissants) , ainsi que l'accord de coopération dans la lutte contre le trafic illégal de drogues, de substances psychotropes et de leurs précurseurs.
Nous avons consacré une attention particulière au développement des relations commerciales et économiques. Les ministres des finances et de la planification de la coopération externe, ainsi que des représentants des milieux d'affaires du Honduras, sont arrivés à Moscou pour accompagner Mme Mireya Agüero de Corrales. Nous considérons une telle composition de la délégation comme une manifestation d'un caractère assez concret et décisif de nos partenaires, qui veulent donner une impulsion à nos relations économiques bilatérales, définir des projets communs d'investissement et diversifier le commerce bilatéral. Cela répond pleinement aux intérêts russes. Les négociations de la délégation du Honduras à la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Fédération de Russie peuvent devenir une bonne occasion pour établir de liens directs au niveau de l'Etat et dans la sphère des milieux d'affaires. Il semble que nous avons créé le cadre pour approfondir notre coopération bilatérale très fructueuse.
Je voudrais noter notre intérêt pour le développement de liens dans le domaine de l'éducation, la science, la culture, la coopération humanitaire et des échanges de jeunes. Nous sommes intéressés à poursuivre notre travail pour promouvoir la langue russe au Honduras.
Aujourd'hui, nous avons discuté l'agenda international et des problèmes régionaux. Nous avons confirmé la proximité de nos approches, y compris la nécessité de se baser sur les principes de la primauté du droit international, en particulier dans la situation delicate dans le monde, quand un nouveau système polycentrique des relations internationales est formé, et où la région d'Amérique latine et des Caraïbes devient l'un de ses dorsales. Nous nous félicitons de la participation active et indépendante des pays de cette région dans la solution des questions clés du développement ultérieur du monde.
La Fédération de Russie est intéressée non seulement dans le suivi des projets mis en œuvre en Amérique latine dans le domaine des processus d'intégration politique et économique, mais aussi dans la recherche de domaines d'intérêt commun, des possibilités de coopération mutuellement bénéfique. Nous plaidons pour l'extension des liens avec les pays de la région, y compris ceux qui font partie du Système d'intégration centraméricain (SICA). Nous avons convenu avec Madame la ministre que le Honduras, en tant que participant de ce système, contribuera à la formation rapide d'un cadre juridique pour le développement des relations entre la Fédération de Russie et cette structure sous-régionale.
Nous sommes reconnaissants à la République du Honduras pour leur soutien actif du développement de la coopération entre la Fédération de Russie et la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (Selac). La troïka élargie de cette association prometteuse s'est rendu à Moscou en mai dernier et nous avons conclu des accords pour la promotion de notre interaction. Je le répète, nous sommes reconnaissants au Honduras pour sa volonté de contribuer à la concrétisation maximale de la coopération entre la Russie et Selac.
Je tiens à exprimer ma satisfaction du fait que lors de sa visite en Fédération de Russie, Madame la ministre est en contact actif avec les représentants de la société civile russe. Il était intéressant de regarder l'interview de Mme Mireya Agüero de Corrales au programme russe "Vesti nedeli". Demain, ma collègue a une rencontre à l'Université de l'amitié des peuples, dont beaucoup de gens éminents de la République du Honduras sont diplômés.
Je suis reconnaissant à Madame la ministre pour ces pourparlers très prometteurs et je suis convaincu que nos relations officielles et personnelles vont se poursuivre.
Question: Comment la Russie envisage de développer ses relations avec le Système d'intégration d'Amérique centrale?
Lavrov: Une fois que l'ambassade du Honduras est ouverte, tous les pays d'Amérique centrale seront représentés à Moscou. La Russie est intéressée par le développement global des relations avec toutes les structures régionales et sous-régionales d'Amérique latine et des Caraïbes, parmi lesquels le Système d'intégration d'Amérique centrale occupe une place importante. Nous préparons un mémorandum sur les bases d'une coopération entre la Russie et la SICA, et nous avons convenu avec la ministre que le Honduras appuiera la fin rapide de ce travail. Nous allons discuter des méthodes de coopération pratique lors de la réunion ministérielle qui devrait avoir lieu l'année prochaine soit en marges de la session de l'Assemblée générale de l'ONU, soit dans la région. Nous serons également heureux de voir que les ministres des pays qui font partie de la SICA, en Russie. Nous avons des projets concrets, et maintenant la chose principale est leur mise en œuvre pratique.
Question: Si vous me le permettez, je vais poser une question qui n'est pas liée à ce sujet. George Sabra, le chef de la plus grande organisation qui fait partie de la Coalition nationale des forces d'opposition le Conseil national syrien, a annoncé que son organisation ne participera pas à Genève-2 et est prêt à quitter la coalition, si un de ses membres va à Genève. Comment pourriez-vous commenter cela?
Lavrov: La Syrie est toujours liée à la question, surtout maintenant. Ce problème nous intéresse tous. Cette question démontre non seulement l'enchevêtrement des contradictions au sein du pays, mais aussi les processus destructeurs profonds de l'ensemble du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Si quelque chose va mal et le processus pacifique ne se concrétise pas, nous allons ressentir les conséquences loin au-delà de cette région. Tout cela est directement lié à la façon dont la communauté internationale peut traiter le règlement des conflits internes de l'Etat dans un monde moderne. Le droit international et le rôle central de l'ONU sont des repères obligatoires dans une telle situation.
La convocation de la conférence internationale de Genève-2 est une initiative russo-américaine, qui a été proposé à Moscou le 7 mai dernier lors de la visite du chef du Département d'État américain, John Kerry, et confirmée lors de nos prochaines réunions, les dernières ont eu lieu tout récemment en Indonésie, et puis en marge des sommets de l'APEC et de l'Asie de l'Est à Brunei.
Nous croyons que nous devons fixer la date de la convocation de la conférence le plus vite possible, parce que tout retard «fait le jeu» de djihadistes, radicaux, extrémistes, groupes terroristes, qui renforcent leurs positions parmi ceux qui combattent le régime de Bachar al-Assad. Il y a de vrais risques qu'ils pourront dominer dans de nombreuses régions de la Syrie, où le processus de destruction d'armes chimiques est en cours.
Nous comprenons tous les menaces liées au renforcement de la position des extrémistes extrêmement radicaux et des éléments djihadistes. N'oublions pas les atrocités commises par ces groupes contre les chrétiens et les autres minorités, ainsi que leurs propres frères musulmans, et les représentants de la communauté alaouite. L'information au sujet de leur lynchage des femmes, des enfants et de la population civile en général a de nouveau été annoncée par le Human Rights Watch. Chaque jour de retard de la convocation de la conférence internationale crée un terrain propice pour poursuivre cette guerre sanglante, et renforcer les positions des forces extrémistes les plus radicales.
La déclaration de George Sabra, chef du Conseil national syrien, qui fait partie de la coalition, confirme encore une fois que nous avons besoin de convoquer la conférence le plus vite possible. Maintenant le principal obstacle est l'incapacité de nos partenaires de forcer l'opposition syrienne, dont ils tiennent en tutelle, d'aller à Genève et s'asseoir à la table des négociations, afin de déterminer les moyens de chercher la sortie de la crise, y compris pendant la période transitoire et les structures qui s'occuperont de l'élaboration d'une nouvelle constitution, élections, etc.
Nos partenaires américains nous ont assurés qu'ils allaient unir tout le monde "sous l'égide" de la Coalition nationale pour participer à la conférence. John Kerry a une fois de plus confirmé que les américains travaillaient activement sur cette question, et le résultat n'allait pas tarder. Cependant, il n'y a toujours pas de résultat, mais plutôt des déclarations comme celle de George Sabra sur le refus d'aller à Genève, et les menaces de quitter la coalition nationale.
La Coalition nationale est en train de perdre ses positions et son influence. Non seulement le Conseil national syrien, mais également d'autres groupes de combattants refusent de coopérer avec elle. Tout récemment, il a été annoncé que plus de 40 de ces unités étaient hors du contrôle de la Coalition nationale et de l'Armée syrienne libre et s'unissent pour créer l'Armée de l'Islam ou le Front islamique. Il y a des informations que ces processus sont activement soutenues par les acteurs régionaux influents.
Nous avons mis en garde qu'il y aurait de nombreux obstacles sur notre chemin vers Genève-2, surtout de la part de ceux qui ne veulent pas de processus politique, et qui ne souhaitent que créer le prétexte pour le retour à des scénarios de frappes militaires contre la Syrie pour renverser le régime. Ces avertissements deviennent très d'actualité, et nous nous attendons à ce que nos partenaires américains et d'autres pays, qui ont de l'influence sur les différents groupes de l'opposition, mais qui les stimulent également par tous les moyens de poursuivre leur lutte, soient conscients de leur responsabilité dans l'exécution de leur part du travail sur la convocation de Genève-2. Dans ce contexte, il est étrange d'entendre les déclarations de certains représentants du Département d'Etat américain disant que nous nous dirigeons tous vers la Genève-2, mais qu' 'il est seulement important que la Russie utilise son influence sur Damas. Comme on dit en russe «jeter le blâme sur les autres».
Nous utilisons notre influence sur Damas et cela donne des résultats réels comme l'accord de Damas d'accepter la mission d'observation de la Ligue arabe, qui était retirée à la hâte, car elle avait commencé à faire des rapports objectifs sur les événements en Syrie. Cela concerne également le fait que nous avons positivement influencé Damas dans le cadre du plan de Kofi Annan pour déployer des observateurs de l'ONU en Syrie, qui ont été retirés sans aucune faute de Damas. Cela concerne l'accord du régime de Bachar al-Assad avec les dispositions du Communiqué de Genève du 30 juin 2012 et son consentement de participer à Genève-2, ce qui a été confirmé récemment, et d'y envoyer une délégation sans aucune condition préalable, tandis que la opposition n'a pas encore fait.
Les évaluations publiques du Département d'Etat américain que «tout sera bien si la Russie influence Damas», dans un contexte de nombreux faits concernant la répartition de l'opposition en petits groupes, la mise hors de contrôle des unités militaires de la coalition, qui proclament non pas la lutte pour une Syrie démocratique, mais sont pour la création d'un califat en Syrie et autour d'elle, pourraient probablement être un peu plus l'autocritique.