la République de Pologne
INTERVIEW, ACCORDÉE PAR LE PORTE-PAROLE DU MINISTÈRE RUSSE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, ALEXANDRE YAKOVENKO, À L'AGENCE D'INFORMATION DE RUSSIE (RIA) "NOVOSTI", AU SUJET DES RELATIONS RUSSO-POLONAISES, À LA VEILLE DE LA VISITE OFFICIELLE DU 16 AU 17 JANVIER EN POLOGNE DU PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE, VLADIMIR POUTINE
Question: A la veille de cette nouvelle étape du dialogue russo-polonais au sommet qui va se tenir du 16 au 17 janvier, pourrait-on savoir quelle signification est attachée en Russie aux rapports avec la Pologne?
Réponse: Moscou est pleinement satisfait de la progression des relations russo-polonaises depuis ces 18 mois qui se sont écoulés du moment de la première rencontre, à Moscou, entre les Présidents de nos deux pays en juillet 2000. La Russie est prête à organiser ses relations avec la Pologne sur la base du pragmatisme, du bon voisinage et du respect réciproque des intérêts de l'une et de l'autre parties. A titre général, nous attachons une signification toute particulière au maintien avec la Pologne - un grand pays européen, un important partenaire économique et notre voisin immédiat - des relations stables, égales et prévisibles. Les futures négociations avec les plus hauts dirigeants polonais offrent une nouvelle occasion pour poursuivre notre dialogue politique qui se développe d'ores et dйjà énergiquement et trouver des points communs dans les attitudes de nos deux pays vis-à-vis des problèmes d'actualité dans la politique internationale et de l'ensemble des rapports bilatéraux.
Question: Quels seront ces problèmes d'actualité dans la vie internationale qui se verraient réserver une attention toute particulière lors du futur sommet russo-polonais?
Réponse: Ce seront, certes, en premier lieu, les problèmes de la sécurité européenne. Moscou est loin de dramatiser ces divergences qui existent dans les prises de position de la Russie et de la Pologne en ce qui concerne la mise en place d'un système de sécurité européenne. Qui plus est, nous ne considérons pas la participation de la Pologne à l'Alliance de l'Atlantique Nord comme un obstacle insurmontable pour la coopération dans les sphères d'intérêt commun. Quoi qu'il en soit, nous espérons toujours que Varsovie prêtera, à l'avenir, une oreille plus attentive à nos initiatives en matière de sécurité, y compris militaire. Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme international et du règlement post-talibans en Afghanistan, les futures négociations russo-polonaises permettront de confronter les approches des deux pays quant à la solution de ces problèmes qui comptent énormément pour l'ensemble de la communauté internationale.
Question: A quel point l'état actuel des relations économiques et commerciales entre la Russie et la Pologne correspond-il au potentiel de la coopération bilatérale dans ce domaine précis? Qu'en pensez-vous?
Réponse: La Pologne est l'un des nos principaux partenaires dans la sphère économique et commerciale. Le chiffre d'affaires du commerce entre nos deux pays a dépassé 6 milliards de dollars en 2001. Néanmoins, des réserves considérables existent toujours pour accroître notre coopération dans ce domaine, ce qui est bien confirmé par la signature, à Moscou, en décembre dernier, de la Déclaration intergouvernementale sur la coopération économique, commerciale, financière, scientifique et technique entre la Fédération de Russie et la Pologne, document signé par les Premiers ministres de nos deux pays. Bien plus, Moscou envisage l'avenir de ses relations économiques avec Varsovie dans le contexte de la future adhésion de la Pologne à l'Union européenne (UE). En tout état de cause, nous ne croyons guère que la dite adhésion puisse devenir un obstacle à la poursuite de nos contacts d'affaires, larges et énergiques, déboucher sur une réduction des volumes de la coopération bilatérale dans les domaines économique et commercial ou dresser des barrières supplémentaires pour contacts entre les citoyens russes et polonais. Vu la situation de transit clé de la Pologne sur le continent européen, les parties envisagent une plus étroite coopération pour garantir la sécurité énergétique de l'Europe. Il existe, sur ce plan, des possibilités considérables pour élargir la coopération entre nos deux pays, que ce soit sur une base bilatérale ou multilatérale pour accroître notamment les exportations et le transit d'hydrocarbures russes vers l'Europe Occidentale.
Question: Compte tenu de l'élargissement de l'UE, quelle place, dans les relations entre la Russie et la Pologne, revient-elle aux problèmes de la région de Kaliningrad?
Réponse: Une grande attention est réservée à la coopération entre nos deux Etats sur le problème de Kaliningrad. En premier chef, cela se rapporte au développement conjoint de l'infrastructure de transport et frontalière, ainsi qu'au transit via le territoire polonais. Nous apprécions beaucoup les dernières déclarations publiques d'Aleksander Kwasniewski qui souligne que "la Pologne est l'alliée numéro un de la Fédération de Russie en ce qui concerne le maintien du statu quo de la région de Kaliningrad" et l'engagement de cette dernière dans une vaste coopération dans la région de la Baltique. A signaler que ces déclarations du Président polonais ont dйjà trouvé leur expression concrète dans des affaires pratiques. Ainsi, en ce mois de janvier, sur proposition de la Russie, la Pologne a accepté d'accorder un statut international au poste de passage et de contrôle Goussev-Goldap et de le faire fonctionner 24 heures sur 24. Les deux pays manifestent un intérêt réciproque pour une coopération d'investissements, et avant tout, dans la région de Kaliningrad. Moscou et Varsovie ont intérêt à exploiter au maximum toutes les possibilités disponibles pour élargir les liens entre régions, et plus précisément, entre la région de Kaliningrad et les voïvodies dans le Nord-Est de la Pologne.