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Allocution et réponses à la presse du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse commune avec son homologue kazakh Erlan Idrissov après leur entretien, Gorno-Altaïsk, le 29 mai 2015

1063-29-05-2015

Mesdames et Messieurs,

Notre entretien a été très chargé. Avant tout, je voudrais remercier l'administration de la République de l'Altaï pour son hospitalité et la bonne organisation de notre travail dans cette merveilleuse région. Il est réjouissant de pouvoir répondre par la réciprocité à l'hospitalité de nos amis kazakhs, qui ont organisé il y a un an notre réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères également en pleine nature, à Oust-Kamenogorsk.

Nous avons constaté aujourd'hui le développement progressif de nos relations. Elles ont reçu un nouvel appui très puissant sous la forme du Traité russo-kazakh sur le bon voisinage et d'union au XXIe siècle, entré en vigueur en décembre dernier. Nous avons analysé la mise en œuvre des décisions prises par nos présidents, y compris lors de leur dernière rencontre dans le cadre de la visite officielle du Président kazakh Noursoultan Nazarbaev en Russie les 8 et 9 mai. Nous avons également évoqué le calendrier des contacts à venir. Parmi les activités prévues avec la participation des présidents figure le 12e Forum de coopération interrégionale entre la Russie et le Kazakhstan, prévu pour cet automne à Oufa.

Comme nous le faisons traditionnellement, nous avons accordé une attention particulière à la coopération entre les ministères des Affaires étrangères dans le cadre du travail de renforcement de l'Union économique eurasiatique (UEE). Nous sommes d'accord sur le fait que l'intégration eurasiatique répond aux intérêts fondamentaux des peuples de la Russie et du Kazakhstan, ainsi que d'autres pays faisant partie de l'UEE. Cette structure est très prometteuse, comme en témoigne l'intérêt de plusieurs dizaines d’États à coopérer avec elle.

Nous avons également évoqué notre coopération au sein d'autres unions d'intégration, notamment la CEI actuellement présidée par le Kazakhstan. Ces jours-ci, Astana accueille le Conseil des chefs de gouvernement de la CEI où des décisions importantes seront prises. Nous avons pris connaissance des priorités du Kazakhstan pour la CEI cette année et les soutenons à part entière.

Le 70e anniversaire de la Grande Victoire bénéficiera aussi d'une attention particulière dans le cadre de nos ministères des Affaires étrangères, de la CEI et de l'OTSC. Le Kazakhstan, en la personne de son président, a participé aux festivités du 9 mai à Moscou. Nous avons grandement apprécié la participation des unités kazakhes au défilé sur la place Rouge, et nous avons souligné aujourd'hui à quel point il était important de poursuivre un travail actif pour que personne n'oublie ni déforme les résultats et le sens de la Grande Victoire.

A l'ordre du jour figuraient également les consultations entre nos ministères, de nombreuses questions concernant la sécurité régionale et la coopération sur l'arène internationale. Bien sûr, en tant qu'alliés dans le cadre de l'OTSC, nous sommes préoccupés par la situation en Afghanistan et sa région, la propagation du terrorisme, les problèmes au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, l’État islamique, le "califat" proclamé sur une vaste partie du territoire syrien et irakien, la pénétration d'émissaires de l'EI dans d'autres pays comme le Liban, la Libye et l'Afghanistan où, au nord du pays et à proximité immédiate de l'Asie centrale (zone de responsabilité de l'OTSC), on constate déjà des signes de présence des envoyés de l'EI. Dans le cadre de l'OTSC on élabore des mesures concrètes pour améliorer l'efficacité de la capacité défensive de notre région.

Bien évidemment, nous avons abordé la situation en Ukraine, sur laquelle nous adoptons une position commune: il faut remplir les accords de Minsk du 12 février à part entière. Nous apprécions grandement le rôle que joue le Kazakhstan pour la création d'une bonne atmosphère afin de diriger les efforts de tous les acteurs internationaux vers l'accomplissement de l'entente. L'établissement d'un dialogue direct entre Kiev, Lougansk et Donetsk est un élément essentiel de ce succès.

Nous avons échangé nos points de vue sur les tâches actuelles de notre coopération sur la problématique caspienne. Après le sommet d'Astrakhan en septembre dernier, le Kazakhstan présidera la prochaine rencontre. Tout le monde a accepté l'invitation du Président kazakh Noursoultan Nazarbaev. Nous espérons qu'il se tiendra l'an prochain et se soldera par des résultats concrets.

La coopération et la coordination de nos actions dans le cadre de l'Onu et de l'OSCE a également occupé nos discussions. Tous ces domaines - et les autres - de notre coopération étroite sont reflétés dans le Plan de consultations que nous venons de signer et qui pose les bases de la coopération entre les deux ministères pour cette année et les prochaines.

Je remercie sincèrement Erlan Idrissov pour ce travail fructueux.

Question: Y a-t-il une chance que les citoyens russes Alexandre Alexandrov et Evgueni Erofeev, appréhendés en Ukraine, soient libérés? Que fait la Russie dans ce sens?

Sergueï Lavrov: Depuis le premier jour, nous avons entrepris les démarches officielles adéquates auprès du Ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine pour assurer un accès immédiat à nos citoyens. Cet accès ne nous a été accordé qu'avant-hier. Selon leurs dires, ils se sentent bien. Mais nous voulons être sûrs qu'ils ne subissent aucune pression et que leurs intérêts sont entièrement assurés. Des avocats ont été commis d'office par l’État, mais celui qu'ils demandaient ne peut pas encore obtenir l'autorisation des autorités ukrainiennes pour les défendre. J'espère qu'elles accepteront et que tout sera fait afin que la défense de nos citoyens soit la plus objective et la plus efficace possible. Bien sûr, nous chercherons à les faire libérer. Il existe des procédures juridiques en Ukraine - nous le comprenons. Je voudrais profiter de l'occasion pour souligner encore une fois que nous nous occupons de ce cas depuis le premier jour, et que nous avons été déçus de voir certains médias écrire que ces Russes avaient été "abandonnés", que le consulat et l'ambassade n'en avaient "rien à faire". Certains journalistes russes ont réussi à pénétrer dans l'hôpital où se trouvaient ces Russes avant nos diplomates, et ces journalistes ont rapporté avoir été découragés par l'absence d'attention des représentants diplomatiques. Ce n'est pas très fair-play, et j'espère que personne ne cherchera à continuer de spéculer sur la situation de ces individus.

Question: Quelles mesures pourrait prendre Moscou après que le Président ukrainien Petro Porochenko a signé hier une loi autorisant l'Ukraine à ne pas rembourser sa dette extérieure, y compris envers la Russie?

Sergueï Lavrov: Tellement de lois sont adoptées actuellement en Ukraine qu'il est probablement inutile de les commenter. La loi que vous avez mentionnée, qui autorise Kiev à ne pas payer ses dettes, a été adoptée par le parlement il y a quelques jours et tous les commentaires ont déjà été faits, y compris au niveau du Gouvernement russe.

Il faut observer comment les lois adoptées en Ukraine correspondent à ses engagements internationaux - cela concerne également la loi héroïsant les criminels condamnés par le tribunal de Nuremberg et bien d'autres questions. Je ne veux pas commenter ce que je pense être simplement populiste et, en ce qui concerne la loi que vous avez mentionnée, ce qui vise à faire monter la tension autour de la situation en Ukraine, à provoquer les créanciers et surtout les gouvernements occidentaux à faire ce que le gouvernement ukrainien veut d'eux alors que lui-même ne tient pas ses engagements.

Question: Le développement de la coopération frontalière entre la République de l'Altaï et le Kazakhstan est ralenti car la partie russe du projet de transport Karagaï-Ridder n'est pas achevée. Que va-t-il se passer?

Sergueï Lavrov: Si, je vous assure. Nous en avons parlé aujourd'hui avec le chef de la République de l'Altaï Alexandre Berdnikov. Pour des raisons évidentes je ne peux répondre pour la construction de la route, mais de tels plans existent - ils sont approuvés et seront réalisés.

Question: Puis-je vous poser une question en tant que président du conseil de tutelle de la Fédération de slalom en canoë-kayak de Russie? Depuis 2010, on parle de la construction d'un canal de canoë-kayak dans la République de l'Altaï. Le projet n'est toujours pas lancé. A l'heure actuelle, les rafteurs russes et kazakhs partent s'entraîner à l'étranger. Peut-on s'attendre à la mise en œuvre de ce projet?

Sergueï Lavrov: Cette question ne fait pas partie des principaux thèmes de notre entretien d'aujourd'hui. Vos informations ne sont pas tout à fait exactes. Les sportifs russes de diverses régions de Russie s'entraînent ici. Un canal est une chose importante, en Russie nous en construisons plusieurs actuellement, y compris près de Moscou et en Bachkirie (nous avons évoqué aujourd'hui les activités à venir à Oufa). Avec les autorités locales, nous avons convenu qu'elles allaient soutenir les pratiquants et que le canal serait construit. La situation bute essentiellement sur l'aspect financier. Elle doit être réglée grâce aux efforts communs de ceux qui soutiennent cette discipline, des autorités qui sont responsables du développement de la sphère sociale et, bien sûr, des pratiquants de ce sport.

Question (adressée aux deux ministres): On a déjà mentionné aujourd'hui le mont Béloukha, où passe la frontière entre la Russie et le Kazakhstan. Il est impossible aujourd'hui d'escalader ce mont légalement parce qu'il n'y a pas de passages frontaliers. Peut-on régler ce problème par la voie diplomatique?

Sergueï Lavrov: Je suis persuadé qu'il est possible de résoudre cette question. Simplement je n'avais encore reçu aucune plainte à ce sujet des touristes russes ou kazakhs. Vous avez fait une découverte pour nous. Demandez-leur de s'adresser aux ministères des Affaires étrangères russe et kazakh. C'est la première fois que j'en entends parler. Demandez qu'on nous en informe parce que jusqu'à présent beaucoup, même des Russes, se font déposer en amont du Katoun pour une ascension via le territoire du Kazakhstan – et cela ne pose aucun problème.

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