Венгрия
Commentaire de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, à l'occasion du 30ème anniversaire de la signature du Mémorandum de Budapest
Le 5 décembre 1994, il y a 30 ans, le Mémorandum sur les garanties de sécurité a été signé à Budapest concernant l'adhésion de l'Ukraine au Traité de non-prolifération des armes nucléaires.
Face à la campagne de désinformation lancée par le régime de Kiev autour de cet anniversaire et aux insinuations juridiquement infondées concernant de prétendues violations par la Russie des obligations découlant de ce document, nous souhaitons attirer l'attention sur ce qui suit.
De telles accusations déforment délibérément le contenu et le sens du Mémorandum et ne sont rien d'autre qu'un élément de propagande antirusse.
Le Mémorandum n'est pas un traité international et ne crée pas de droits et d'obligations en vertu du droit international. Il n'impose pas aux États signataires, y compris la Russie, d'obligations juridiques supplémentaires au-delà de celles qu'ils avaient déjà au moment de sa signature.
Le Mémorandum de Budapest a été adopté en lien avec l'acquisition par l'Ukraine du statut non nucléaire et, par conséquent, son adhésion au TNP en tant qu'État non doté d'armes nucléaires. Ce document fait partie d'un ensemble d'accords politiques qui imposent certaines obligations à tous les participants de manière égale. Après avoir accepté cet ensemble d'accords, la Russie a strictement respecté les dispositions des documents qu'elle a signés durant toutes les années qui ont suivi.
Les États-Unis et plusieurs pays de l'Union européenne ont agi de manière très différente. Ils ont grossièrement négligé la souveraineté de l'Ukraine, se sont ingérés sans vergogne dans ses affaires intérieures et extérieures, et ont tenté par tous les moyens d'imposer à sa population un avenir exclusivement orienté vers l'Occident. Contrairement au statut initialement neutre de l'Ukraine, ils l'ont entraînée dans des schémas de confrontation de bloc avec la Russie, jouant cyniquement sur les sentiments russophobes et nationalistes d'une partie de la population. C'est précisément leur activité destructrice de longue date qui a déclenché des processus de crise en Ukraine, exacerbant les contradictions au sein de la société ukrainienne et remettant en question l'existence même de l'Ukraine en tant qu'État unifié et viable.
Les accords de 1994 ont également été sapés par la politique déstabilisatrice de Washington et de ses alliés visant à élargir sans retenue l'Otan et à établir une présence militaire et politique dans l'espace post-soviétique au détriment des intérêts fondamentaux de sécurité de la Russie. Cela contredit fondamentalement le contenu des documents de Budapest. En particulier, la déclaration conjointe des dirigeants de la Russie, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l'Ukraine, adoptée simultanément à la signature du Mémorandum, contient des directives analogues au principe de sécurité égale et indivisible, et exprime l'engagement envers des principes collectifs non discriminatoires dans la construction de l'architecture de sécurité européenne. Tout cela a été abandonné.
Kiev lui-même ne respectait ses obligations découlant des accords de Budapest pendant de nombreuses années. En particulier, celles qui, selon une citation littérale de la déclaration conjointe susmentionnée des dirigeants des quatre pays, impliquaient de "lutter contre la montée du nationalisme agressif et du chauvinisme". À Kiev, le nationalisme était ouvertement encouragé, notamment sous ses formes radicales. L'héroïsation des criminels nazis est devenue partie intégrante de la politique et de l'idéologie de l'État. Des combattants ultranationalistes ont été impliqués dans des opérations punitives dans l'est de l'Ukraine. Cela n'a fait que renforcer la détermination à lutter chez cette partie de la population qui honore la victoire sur le nazisme hitlérien et bandériste. Le désir de défendre des convictions historiquement établies et de protéger leurs intérêts fondamentaux a incité les habitants de plusieurs régions d'Ukraine à exercer leur droit à l'autodétermination.
Ainsi, la perte de l'intégrité territoriale de l'Ukraine résulte de processus centrifuges internes, provoqués par l'influence déstabilisatrice externe de l'Occident, avec lesquels la Russie ou ses obligations en vertu du Mémorandum de Budapest n'ont rien à voir. Les dispositions du Mémorandum ne s'appliquent pas aux circonstances résultant de facteurs politiques internes ou socio-économiques. La Russie, pour sa part, ne s'est jamais engagée, ni à Budapest en 1994 ni par la suite, à reconnaître des coups d'État ou à forcer des parties de l'Ukraine à rester dans sa composition contre la volonté de la population locale.
Par le Mémorandum, la Russie a notamment confirmé son engagement envers l'Ukraine de ne pas utiliser ni menacer d'utiliser des armes nucléaires contre des États non nucléaires, compte tenu des réserves techniques standard dans de tels cas. Cette obligation était et continue d'être strictement respectée dans son intégralité.
Parallèlement, on ne peut qu'être préoccupé par les déclarations des représentants du régime de Kiev, qui non seulement remettent en question la viabilité du Mémorandum de Budapest, mais peuvent aussi être interprétées comme une revendication directe de réviser le statut non nucléaire de l'Ukraine. Une telle mesure déstabilisatrice serait contraire aux obligations de l'Ukraine en vertu du TNP, saperait gravement l'intégrité du régime de non-prolifération nucléaire et créerait des risques inacceptables pour la sécurité internationale. La clique de Kiev ne dédaigne pas non plus le "chantage nucléaire", suggérant de manière ultimative que l'Ukraine doit soit devenir membre de l'Alliance de l'Atlantique Nord, soit posséder des armes nucléaires.
Nous avons également noté les déclarations de certains politiciens et responsables occidentaux proposant de rendre les armes nucléaires à Kiev. Comme l'a déclaré le Président russe Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse du 28 novembre, "de telles déclarations ne peuvent être faites que par des personnes irresponsables qui ne répondent de rien et ne ressentent aucune responsabilité sur leurs épaules pour le destin de leurs pays et du monde dans l'ensemble". Si des armes nucléaires étaient effectivement transférées au régime de Kiev, ce serait une violation directe de toutes les obligations du TNP par ceux qui oseraient le faire.
Bien entendu, Moscou n'a pas l'intention de permettre l'un ou l'autre de ces scénarios. L'acquisition d'armes nucléaires par le régime de Kiev est catégoriquement inacceptable pour notre pays.
Compte tenu des déclarations belliqueuses et des actions antirusses extrêmement hostiles des pays occidentaux, qui continuent d'attiser la confrontation qu'ils ont provoquée dans le contexte de la crise ukrainienne, nous sommes contraints d'avertir des risques d'un affrontement militaire direct entre puissances nucléaires et, par conséquent, de ses conséquences potentiellement très graves, ainsi que d'envoyer des signaux concrets de modération à l'appui de ces avertissements. La Russie ne menace personne avec des armes nucléaires, et toute affirmation contraire n'est rien d'autre qu'un mensonge antirusse délibéré. Nous traitons la politique de dissuasion nucléaire avec le plus grand sérieux et la plus grande responsabilité. Au fur et à mesure de l'évolution de la doctrine russe, elle conserve une orientation strictement défensive et continue de définir assez strictement les circonstances extrêmes dans lesquelles la Russie se réserve le droit de se défendre en utilisant des armes nucléaires. Les déclarations officielles de la Russie sur ces questions ne sortent pas du cadre de ces directives et sont pleinement conformes aux obligations internationales de notre pays. Ce n'est pas un langage de menaces, mais une logique classique de la dissuasion.