Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 15 octobre 2020
Point de situation sur le coronavirus
La dynamique de la prolifération du coronavirus dans le monde n'affiche toujours pas de signes de renversement. Au contraire, la plupart des pays continuent d'afficher une hausse rapide de la morbidité. Au 15 octobre, le nombre total de personnes infectées a dépassé les 38,5 millions de personnes.
Les établissements médicaux reviennent à "l'état d'alerte", plusieurs pays ont durci leurs approches des restrictions de quarantaine. Le "sursaut" d'automne de la Covid-19 impacte négativement non seulement le fond épidémiologique, mais détermine également en partie le fond socioéconomique, médiatique, moral et psychologique au sein de l’État dans l'ensemble.
Plusieurs pays ferment de nouveau les musées, les théâtres, les cinémas, réduisent les horaires de travail des restaurants et des transports publics, annulent des activités publiques, sportives et religieuses de masse, et prolongent les régimes antiépidémiques en vigueur. Plusieurs pays ont décrété un couvre-feu. Conséquence: la hausse du chômage se poursuit, les indicateurs de l'activité d'investissement sont en baisse, et le nombre de dépôts de bilan augmente. Cela engendre une colère sociale, ce qui multiplie les craintes que la longue quarantaine actuelle pourrait devenir encore plus palpable pour les économies nationales, qui ont été plongées dans une profonde récession par la phase printanière de la pandémie. La conciliation appropriée du niveau des efforts pour garantir la sécurité médicale et sanitaire nécessaire de la population et du maintien "à flot" du segment socioéconomique primordial est aujourd'hui l'une des priorités de la plupart des États et gouvernements.
Sur l'aide humanitaire apportée par la Russie aux pays étrangers dans la lutte contre le coronavirus
L'aide apportée par la Russie aux pays étrangers dans le contexte de la prolifération du coronavirus a été évoquée plusieurs fois lors des conférences de presse, ainsi que dans les publications et discours officiels du Ministère russe des Affaires étrangères. Depuis le début de la pandémie de Covid-19 dans le monde, notre pays a apporté une aide humanitaire à plusieurs pays sérieusement touchés par le pathogène dangereux. Dans le cadre des accords conclus, ainsi que d'ententes à haut niveau et au sommet, nous acheminons des équipements médiaux, des moyens de protection individuelle et de diagnostic du virus, notamment des tests PCR et les agents réactifs nécessaires à leur fonctionnement, des dispositifs de thermométrie à distance, des systèmes de désinfection, des laboratoires mobiles, etc. Selon Rospotrebnadzor, plus de 30 pays étrangers ont reçu 6.580 systèmes de tests pour effectuer 658.000 examens et analyses. L'envoi de nos spécialistes "en première ligne" dans les points les plus chauds pour apporter une aide anti-Covid est un axe important du travail en question. Par exemple, des équipes spéciales de médecins russes viennent seulement de rentrer d'Ouzbékistan, de Moldavie et du Kirghizistan.
Nos partenaires s'intéressent de plus en plus à l'expérience que nous avons accumulée en matière d'aide médicale. Les recommandations méthodiques élaborées par le Ministère russe de la Santé sont publiées en accès ouvert sur son site officiel. On y trouve également le cursus interactif élaboré par les meilleurs chercheurs russes compte tenu des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) intitulé "Programme global de réaction à la prolifération du nouveau coronavirus Covid-19". La Russie a transmis gratuitement au Bureau régional de l'OMS pour l'Europe des modules éducatifs pour former le personnel médical.
Les élaborations avancées russes de médicaments et de vaccins fiables et sûrs suscitent un intérêt notable dans le monde. Plusieurs pays ont déjà exprimé leur souhait de les acquérir et de lancer une production conjointe sur leur territoire. Au début du mois, le premier lot de 200 doses du vaccin Sputnik V a été envoyé au Venezuela pour procéder à la phase finale des examens cliniques communs. Le Fonds russe pour les investissements directs travaille activement pour promouvoir ce vaccin dans le monde.
Hormis le secteur épidémiologique, notre contribution humanitaire inclut également l'apport, avant tout aux pays de la CEI, à l'Abkhazie et à l'Ossétie du Sud, d'une grande aide matérielle, technique, alimentaire et consultative (différents équipements, produits de première nécessité, services éducatifs pour former le personnel médical local, etc.). La Russie continue de recevoir des requêtes d'aide.
Sur les pourparlers du 19 octobre 2020 entre Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, et Marija Pejčinović Burić, Secrétaire générale du Conseil de l'Europe
Le 19 octobre 2020 à Moscou se déroulera un entretien entre le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et la Secrétaire générale du Conseil de l'Europe Marija Pejčinović Burić (Croatie) dans le cadre de sa première visite de travail en Fédération de Russie depuis sa prise des fonctions en septembre 2019.
Pendant ces pourparlers au Ministère des Affaires étrangères, il est prévu d'évoquer avec Sergueï Lavrov un large éventail de questions relatives à la participation de la Russie à l'activité multidimensionnelle du Conseil de l'Europe et les problèmes de l'agenda européen, d'échanger les avis sur les directions de la réforme de l'Organisation et les priorités de son travail, ainsi que de parler des efforts internationaux entrepris à Strasbourg pour lutter contre la pandémie de coronavirus et ses conséquences. Le Ministre attirera une nouvelle fois l'attention de la Secrétaire générale sur les phénomènes aussi honteux pour l'Europe contemporaine que la discrimination systémique du russe et de la population russophone de l'Ukraine et des pays baltes, l'oppression des médias russes, les tentatives de révisionnisme et de glorification des complices des nazis.
Le programme du séjour de la Secrétaire générale à Moscou inclut également des entretiens avec la Présidente du Conseil de la Fédération Valentina Matvienko, la direction de la délégation russe de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, le Ministre russe de la Justice Konstantin Tchouïtchenko, la Déléguée aux droits de l'homme de la Fédération de Russie Tatiana Moskalkova, ainsi qu'un discours à l'Institut d'études européen du MGIMO du Ministère russe des Affaires étrangères.
Sur la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies concernant la situation dans le golfe Persique
Mardi 20 octobre au Conseil de sécurité des Nations unies, sous la présidence du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, se déroulera un débat (en visioconférence) sur le thème "Le maintien de la paix et de la sécurité internationales: examen global de la situation dans le golfe Persique". Des représentants des pays de la région et de plusieurs organisations régionales devraient participer à cet événement.
Nous comptons sur une discussion franche, constructive et non conflictuelle visant à trouver des moyens inclusifs pour normaliser la situation dans le Golfe, pour réduire la tension actuelle et pour élaborer des mesures de renforcement de la confiance en respectant la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de tous les pays de la région.
Je rappelle qu'en octobre 2020 la Russie préside le Conseil de sécurité des Nations unies.
Sur l'élection de la Fédération de Russie au Conseil des droits de l'homme des Nations unies
Le 13 octobre, lors de la 75e session plénière de l'Assemblée générale des Nations unies, la Fédération de Russie et 14 autres pays ont été élus au Conseil des droits de l'homme de l'Onu pour 2021-2023.
158 pays membres de l'Onu ont voté pour la Russie. Nous considérons qu'un si grand soutien accordé à notre pays est un signe de large reconnaissance, par la communauté internationale, de la justesse de la ligne russe visant à établir et à renforcer le dialogue respectueux et dépolitisé sur toutes les questions de l'ordre du jour relatif aux droits de l'homme.
Dans notre travail au CDH de l'Onu ces trois prochaines années, nos priorités seront la contribution au développement de la coopération interétatique constructive en matière de droits de l'homme, ainsi que le renforcement du régime international du respect des droits de l'homme basé sur la justice et l'équité conformément aux objectifs et aux principes fixés dans la Charte de l'Onu. Nous souhaitons que le Conseil devienne enfin un instrument efficace d'encouragement et de protection des droits de l'homme dans le monde entier. La Russie fera tout pour que le travail du CDH de l'Onu soit basé sur les principes d'universalité, de non sélectivité, d'objectivité, d'égalité envers toutes les catégories des droits de l'homme, de respect de la diversité culturelle et civilisationnelle.
Nous avons remarqué une réaction très discutable du point de vue de la logique de la part des autorités américaines. Si l'administration américaine affirme effectivement ne pas croire en l'efficacité de l'activité du CDH (les États-Unis ont quitté cette structure), alors pourquoi les Américains sont-ils préoccupés par la composition de cet organe de l'Onu? Peut-être qu'ils ont tout de même un intérêt, mais pas de certitude de Washington que les États-Unis pourraient réunir le nombre nécessaire de voix pour l'élection au Conseil? Peut-être que c'est la vraie raison de la non-participation des Américains au travail du principal organe de l'Onu des droits de l'homme? Mais il est clair pour nous que par ses déclarations provocantes Washington a montré une nouvelle fois sa réticence à agir en matière de droits de l'homme dans l'esprit d'une coopération équitable et en cherchant des solutions constructives dans l'intérêt de tous les États sans exception.
Nous trouvons également inadmissibles les déclarations d'Agnès Callamard, rapporteuse spéciale du CDH sur les exécutions extrajudiciaires, qui s'est permis de décrire l'élection de la Russie et de la Chine au CDH comme une "atteinte à la réputation du Conseil". Il est évident qu'une nouvelle fois, la rapporteuse spéciale a non seulement grossièrement dépassé le cadre de son mandat, mais a également ignoré les principes d'objectivité et d'impartialité qui constituent la base de son statut d'experte de l'Onu. Nous jugeons ce comportement inadmissible et pensons qu'il requiert l'attention du Conseil en ce qui concerne la garantie d'un comportement responsable de ses organes et mécanismes auxiliaires, dont fait partie l'institution des rapporteurs spéciaux.
Sur les sanctions de l'UE contre des personnes physiques et morales russes
L'UE a décrété hier plusieurs sanctions contre des personnes physiques et morales russes. En plus des démarches annoncées précédemment, liées à la prétendue tentative d'empoisonnement contre Alexeï Navalny, elle a annoncé des restrictions sous prétexte d'une prétendue implication dans la déstabilisation de la situation en Libye, notamment par la violation de l'embargo de l'Onu sur la fourniture d'armes dans ce pays.
Les explications de l'UE pour justifier ces décisions non seulement ne tiennent pas debout, mais frisent l'absurde. Bien évidemment, il n'est pas question de quelconques preuves réelles. Nous trouvons absolument inadmissibles les tentatives de l'UE de profiter de l'autorité de l'Onu pour cacher ses objectifs politiques malveillants.
Nous avons mis en garde plusieurs fois nos collègues de Bruxelles et d'autres capitales européennes vis-à-vis du fait que l'obsession de l'UE de rejeter la responsabilité de la situation concernant Alexeï Navalny sur la Russie deviendrait un "papier de tournesol" pour nos relations futures avec l'UE.
Nous constatons avec regret que nous n'avons pas été entendus. Les démarches mentionnées ne resteront pas sans réaction appropriée de notre part.
Une nouvelle fois, nous appelons l'UE à revenir dans le champ du droit international et à cesser de distinguer les pays selon la logique "dignes" et "indignes" du statut de partenariat géopolitique, à opter pour une coopération stable et progressive et non une aggravation de la confrontation à des fins conjoncturelles.
Sur l'interview de Heiko Maas, Ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne, accordée à l'agence de presse russe RIA Novosti
Le 13 octobre 2020, dans une interview accordée à l'agence de presse russe RIA Novosti, le Ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a décrit la situation autour du prétendu empoisonnement d'Alexeï Navalny comme "ne faisant pas l'objet des relations russo-allemandes". Nous considérons ces déclarations comme une ruse tactique qui sert de couverture à la ligne allemande visant à faire s'effondrer les liens bilatéraux. Rappelons que c'est Berlin qui a utilisé de nouveau cette histoire pour avancer des accusations, des ultimatums et proférer les menaces que l'on sait, totalement infondées, contre notre pays. Il a ainsi pris l'initiative de jouer le rôle de locomotive dans les nouvelles sanctions antirusses dans le cadre de l'UE et d'autres structures multilatérales, en esquivant ouvertement ses propres engagements en matière de droit international d'apporter à la Russie une contribution pratique dans l'enquête sur l'incident avec le citoyen russe.
Nous rejetons absolument les déclarations de Heiko Maas - ce n'est pas la première fois qu'il s'exprime ainsi en public - selon lesquelles les représentants du pouvoir exécutif russe auraient affirmé qu'Alexeï Navalny se serait empoisonné lui-même. C'est complètement faux. Personne n'a jamais affirmé une telle chose. Nous considérons les propos du chef de la diplomatie allemande comme une provocation sortant du cadre de l'éthique.
Nous ne pouvons pas considérer comme sincères les affirmations du chef de la diplomatie allemande concernant la volonté de l'Allemagne de maintenir de bonnes relations, ou tout au moins des relations raisonnables, entre la Russie et l'Allemagne. Nous voudrions noter que leur fond et leur importance sont déterminés, dans la conscience du grand public, non seulement par la géographie, comme l'indique Heiko Maas dans l'interview en question, mais en grande partie par l'histoire conjointe dans laquelle, rien qu'au XXe siècle, ont été écrites des pages aussi fatidiques que la libération par l'Union soviétique de l'Allemagne et de l'Europe du nazisme, la réconciliation sans précédent après la guerre des peuples de nos pays et la contribution décisive de Moscou dans la réunification allemande. Le gouvernement allemand porte atteinte à la carcasse de relations de confiance construites au fil des décennies, dont les bases ont été posées par l'amitié entre l'URSS et la RDA, ainsi que par la "politique vers l'Est" de Willy Brandt. Aujourd'hui, Berlin renie la RDA et l'héritage politique de Willy Brandt.
La confiance mutuelle a été sapée. Et le problème ne trouve pas son origine dans les actions de la Russie mais dans la politique de l'Occident de ces dernières années: l'expansion forcée de l'Otan malgré les garanties données, le soutien des combattants dans le Caucase russe, la couverture politique de l'agression militaire revanchiste de la Géorgie sous la direction de Mikhaïl Saakachvili en 2008, le financement factuel du coup d’État antirusse en Ukraine en 2014, et bien d'autres.
Quant aux commentaires de Heiko Maas concernant la situation actuelle en Biélorussie, nous appelons le chef de la diplomatie allemande à s'abstenir d'une telle ingérence par les paroles et les actes dans les affaires intérieures de notre allié. Nous sommes certains que les Biélorusses n'ont pas besoin d'instructions de Berlin ou d'une autre capitale étrangère pour trouver une entente sur les questions sociales qui les préoccupent. Les interventions agressives de l'Occident collectif dans les processus politiques intérieurs d'autres pays engendrent forcément l'apparition de nouveaux foyers de crise sur la carte du monde.
Sur la discussion autour de "l'affaire Navalny" pendant la session du Conseil exécutif de l'OIAC
Durant la 95e session du Conseil exécutif de l'OIAC à La Haye ce 9 octobre, une discussion politisée sur l'incident concernant le blogueur russe Alexeï Navalny a été lancée à l'initiative des États-Unis. Le groupe de la "communauté" euro-atlantique des pays et de leurs satellites a tenté d'accuser la Russie de grossière violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC).
Tout cela sur fond de coopération opaque de l'OIAC avec l'Allemagne dans le prélèvement d'échantillons au citoyen russe et leur analyse. L'information sur la saisie de l'OIAC par Berlin a été rendue publique seulement 10 jours après la requête écrite de l'Allemagne à l'Organisation, quand il s'est avéré que les résultats des médecins militaires allemands avaient été confirmés par deux laboratoires militaires de même profil en France et en Suède.
Je rappelle qu'il s'agit d'un incident ayant touché un citoyen russe sur le territoire russe. C'est en Russie que tout a été fait pour sauver la vie d'Alexeï Navalny: l'atterrissage d'urgence de l'avion à Omsk, l'aide médicale compétente rapidement apportée par les médecins russes qui a permis de stabiliser l'état du malade en deux jours, l'autorisation rapidement délivrée pour l'envoyer dans une clinique allemande pour se faire soigner malgré son assignation à résidence en raison d'un procès en cours.
Au vu de tout ces éléments, les insinuations concernant l'intérêt de l’État russe dans l'empoisonnement d'Alexeï Navalny par une arme chimique sont pour le moins inconsistantes. Il n'y a aucune logique dans le fait que les autorités russes auraient confié le blogueur aux chimistes du Bundeswehr après l'avoir prétendument empoisonné d'une manière extrêmement dangereuse et spécifique. C'est absurde.
Question à part: comment les autorités allemandes ont-elles réussi à identifier le prétendu Novitchok dans les analyses d'Alexeï Navalny? Selon les affirmations de l'Allemagne, cette classe de produits n'y a jamais été synthétisée mais elle a été identifiée "à coup sûr", nous dit-on. Il faudrait poser la même question aux laboratoires de l'OIAC en France et en Suède.
La position de Berlin ne tient pas debout. Il a préféré au dialogue civilisé entre les organes compétents une campagne propagandiste avec des déclarations résonnantes au plus haut niveau. Si, comme ils disent, ils possèdent des "preuves d'un empoisonnement", qu'est-ce qui les empêche de les présenter à la Russie? De surcroît, ils ne les présentent même pas à leurs alliés. Même les alliés de l'Allemagne le disent. Ils reconnaissent qu'ils croient Berlin sur parole. C'est visiblement une discipline de bloc: on a dit de croire - ils croient. Mais personne ne leur a montré de preuves ni d'informations factuelles, et personne n'en parle.
Au lieu de cela, quand les autorités russes demandent encore et encore aux partenaires allemands de coopérer, l'Allemagne se tait d'un air signifiant et maintient sa ligne en disant: "Vous avez empoisonné Alexeï Navalny, mais nous ne vous donnerons rien et ne vous parlerons pas."
Ce comportement est contraire à la base juridique et à la pratique de la coopération russo-allemande. Les requêtes du Parquet russe (déjà quatre, et une en France et en Suède) s'appuient sur la Convention européenne d'entraide judiciaire en matière pénale de 1959. En 2019-2020, l'Allemagne a répondu sans obstacles à 83 requêtes russes d'entraide judiciaire. Mais, cette fois, quelque chose est allé de travers.
La Russie n'a jamais donné de raisons de douter du respect de ses engagements dans le cadre de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Notre pays a détruit entièrement et avant terme toutes ses réserves d'armes chimiques, a supprimé les équipements technologiques correspondants, contribue à la mise en œuvre du régime de vérification sur les sites de l'industrie chimique, coopère au niveau international au profit de la non-prolifération.
Conformément aux règles de travail de l'OIAC, où les partenaires allemands ont décidé de transférer ce problème, ils doivent interagir avec la Russie dans le cadre conventionnel. Nous leur avons envoyé une telle requête. Mais nous avons reçu une réponse bureaucratique.
Nous attendons également des réponses de la Suède et de la France aux requêtes que nous leur avons envoyées étant donné qu'elles prétendent posséder des preuves d'empoisonnement du citoyen russe. Nous rappelons que, conformément à la législation pénale nationale de nombreux pays, la dissimulation d'indices aux forces de l'ordre menant une enquête préliminaire ou pénale est qualifiée de complicité et est passible de poursuites pénales.
Le Secrétariat technique de l'OIAC doit également remplir ses fonctions et réagir aux requêtes d'un État membre, notamment de la Russie, pour avoir des explications concrètes. Compte tenu de la situation autour de "l'empoisonnement" d'Alexeï Navalny, comme le prétendent plusieurs pays, nous avons transmis le 1er octobre 2020 au Secrétariat technique de l'OIAC notre proposition d'étudier la possibilité d'envoyer en Russie des experts du Secrétariat pour interagir avec les spécialistes russes en la matière. C'est nécessaire pour déterminer les signes d'un éventuel crime commis sur le territoire de la Fédération de Russie. A l'heure actuelle est mené un travail pour préparer une telle visite.
Pour l'instant, nous ne constatons de la part des pays occidentaux aucune volonté de coopérer avec la Russie: tout se limite à la rhétorique que nous entendons. Souvent, elle est simplement inadmissible. L'objectif est évident: tenter de nouveau d'accuser gratuitement la Russie de tous les problèmes et créer un prétexte pour décréter contre notre pays de nouvelles restrictions, etc.
Sur la libération des marins russes qui étaient retenus captifs par des pirates au Nigeria
Nous continuons de suivre attentivement la situation des marins russes qui étaient retenus captifs par des pirates et ont été libérés le 5 octobre. Jusqu'à dernièrement ils se trouvaient à Calabar (Nigeria). L'un de nos diplomates de l'Ambassade de Russie a été envoyé au Nigeria pour apporter l'aide nécessaire à nos compatriotes à Calabar. Les représentations diplomatiques russes à Abuja et à Yaoundé, avec les autorités nigérianes et équato-guinéennes, ainsi qu'avec les représentants du propriétaire du navire, ont réglé rapidement les questions pratiques liées à l'organisation du vol des marins de Calabar vers la capitale de la Guinée équatoriale, Malabo, puis vers Krasnodar par un vol mis à disposition par le gouvernement équato-guinéen. Selon les dernières informations, les marins se trouvent à Malabo et devraient rentrer en Russie aujourd'hui ou demain. Leur état de santé est jugé satisfaisant.
L'histoire dramatique des marins russes retenus captifs par des pirates approche donc de sa fin heureuse. Nous avons accordé une attention particulière à leur libération notamment et parce que quand ce travail était mené, il était très difficile de le commenter compte tenu de plusieurs particularités liées à de telles opérations. Leur libération a été rendue possible grâce aux efforts de coopération à la fois de représentants officiels et de particuliers. Pendant une longue période, notre Ambassade au Nigeria, ainsi que l'Ambassade au Cameroun représentant les intérêts de la Russie en Guinée équatoriale, étaient en contact régulier avec les ministres des Affaires étrangères de ces pays, les responsables des ministères et des structures de force, ainsi qu'avec les représentants des services spéciaux. Ainsi ont été créées les conditions nécessaires pour libérer nos compatriotes en toute sécurité.
Je voudrais profiter de l'occasion pour attirer encore une fois l'attention de nos concitoyens qui travaillent sous contrat à bord de navires étrangers sur le fait que la navigation dans le golfe de Guinée présente de grands risques, une menace directe pour la vie et la santé des membres d'équipage.
Sur la situation au Kirghizistan
La Russie continue de suivre attentivement l'évolution de la situation au Kirghizistan, pays ami. Jeudi 15 octobre, le Président kirghiz Sooronbay Jeenbekov a officiellement annoncé sa démission.
Nous comptons sur la stabilisation au plus vite de la situation dans la république. Nous espérons que ce processus se déroulera dans le cadre de la Constitution et de la législation nationale. En tant que partenaire stratégique et allié du Kirghizistan, la Russie continuera d'apporter toute la contribution nécessaire.
Sur l'aide humanitaire apportée à la Corée du Nord
Sur décision du gouvernement, la Fédération de Russie continue d'apporter une aide humanitaire à la République populaire démocratique de Corée.
50.000 tonnes de blé russe ont été récemment acheminées en RPDC.
En exprimant une sincère reconnaissance à la Russie pour cette aide gratuite, les partenaires coréens ont indiqué que l'aide humanitaire serait orientée avant tout sur les sites d'importance sociale dans les régions de la RPDC touchées par les typhons qui ont frappé le pays en août-septembre 2020.
Nous espérons que l'aide alimentaire russe permettra au peuple coréen amical de surmonter les conséquences des catastrophes naturelles.
Sur les déclarations de Jeppe Kofod, Ministre des Affaires étrangères du Danemark, à l'issue des pourparlers à Moscou le 9 octobre 2020
Nous avons noté les déclarations franchement antagonistes du Ministre danois des Affaires étrangères Jeppe Kofod faites à l'issue de son entretien avec le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Moscou le 9 octobre 2020.
Compte tenu des demandes des autorités danoises, nous sommes allés dans le sens de nos partenaires pour organiser des pourparlers au niveau des chefs de diplomatie. Nous comptions sur une discussion objective sur les thèmes réellement importants de la coopération bilatérale et les problèmes internationaux. C'est dans cet esprit que la conversation s'est déroulée. Mais le Ministre danois des Affaires étrangères, une fois revenu dans son pays, a décidé de profiter de ce contact uniquement pour améliorer son image politique et a prononcé des déclarations très étranges.
Un tel comportement non seulement n'a rien à voir avec une diplomatie responsable, mais témoigne également de la réticence de Copenhague à chercher des voies de normalisation des relations russo-danoises.
Sur le processus de paix en Afghanistan
Les délégations de Kaboul et des talibans poursuivent leurs consultations sur les questions procédurales des négociations à venir. Force est de constater que la hausse de l'activité militaire en Afghanistan la semaine dernière et l'aggravation de la situation militaro-politique sont préoccupantes.
Nous espérons que les belligérants afghans trouveront très prochainement un consensus et entameront des négociations substantielles afin de stopper la violence et de déboucher sur la réconciliation nationale.
Sur les accusations de la Norvège concernant l'implication de la Russie dans une prétendue "cyberattaque" contre le parlement norvégien
Notre Ambassade en Norvège a déjà fourni un commentaire concernant les accusations avancées contre la Russie par la Ministre norvégienne des Affaires étrangères Ine Marie Eriksen Søreide de "cyberattaque" contre le parlement norvégien en août 2020.
Nous voudrions noter ceci. De telles déclarations, où la Russie est gratuitement accusée de tous les incidents informatiques d'"ingérence", sont régulièrement faites par le gouvernement norvégien. Il est déconcertant que malgré la procédure existante pour enquêter sur de telles situations qui, je le souligne, est bien connue des autorités norvégiennes, Oslo suit la voie des accusations infondées sans prendre la peine d'apporter la moindre preuve. D'où la conclusion que les preuves n'existent pas. Si c'était le cas, alors elles seraient certainement apportées ou du moins exprimées. Apparemment elles n'existent pas en principe. Le but n'est probablement pas de comprendre ce qui s'est passé, mais de trouver un nouveau prétexte pour désigner la Russie comme coupable et créer l'atmosphère correspondante.
Il semble qu'en faisant le jeu des actions destructives de ses services secrets, Oslo a adopté la ligne de destruction des relations bilatérales, qui sont déjà dans un état déplorable par la faute des autorités norvégiennes.
Sur la profanation d'un monument de l'Armée soviétique à Sofia
Mardi 13 octobre, un monument de l'Armée soviétique a de nouveau été profané à Sofia. Le graffiti inscrit sur le monument fait référence à la brigade antichar bulgare de Waffen-SS, page honteuse pour les Bulgares dans les chroniques de la Seconde Guerre mondiale. Cet acte est particulièrement cynique à nos yeux.
Nous notons les actions rapides des autorités municipales de Sofia pour remédier aux conséquences de cet acte de vandalisme. En même temps, nous espérons vraiment que cet acte des marginaux locaux n'échappera pas à l'attention de la police, que les coupables seront dûment sanctionnés, et que des mesures seront prises pour protéger les monuments en hommage aux guerriers qui ont donné leur vie dans la lutte contre le fascisme.
Sur le déroulement du 5e Forum des jeunes diplomates des Brics du 21 au 24 octobre à Kazan
Conformément au plan d'activités de la présidence russe des Brics en 2020, du 21 au 24 octobre, le Conseil des jeunes diplomates du Ministère russe des Affaires étrangères, conjointement avec la fondation Roscongress et l'Académie de la diplomatie de jeunesse du Tatarstan, organisera le 5e Forum des jeunes diplomates des Brics à Kazan.
Des discussions sont prévues sur le rôle des jeunes spécialistes dans le renforcement des relations diplomatiques; le développement de la coopération dans le cadre du format Brics et Brics+ (régime de visa, interaction interrégionale, contribution au tourisme et aux innovations); ainsi que la numérisation de l'activité diplomatique. L'événement se terminera par une table ronde à l'université Innopolis et l'adoption traditionnelle du document final du Forum.
Parmi les orateurs du forum, on attend la participation du Président du Conseil public du Tatarstan Farid Moukhametchine, de la vice-première ministre du Tatarstan Leila Fazleeva, du directeur du Département de la sécurité de l'information internationale du Ministère russe des Affaires étrangères Andreï Kroutskikh, de la porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères et directrice du Département de l'information et de la presse Maria Zakharova, du recteur de l'Académie diplomatique du Ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Iakovenko, du représentant spécial du Ministère russe des Affaires étrangères Steven Seagal et du représentant de l'Association des centres de volontariat Artem Metelev.
Le 16 octobre à 12:00 à l'agence TASS se tiendra une conférence de presse en ligne consacrée au 5e Forum des jeunes diplomates des Brics.
Réponses aux questions:
Question: Hier ont commencé les négociations sur la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël. Ces négociations sont techniques, non directes, il ne s'agit donc pas d'une normalisation des relations entre les deux pays car Israël occupe à ce jour une partie du territoire du Liban, au Sud. Que pense Moscou de cette démarche?
Réponse: Nous suivons attentivement le processus d'ouverture des négociations israélo-libanaises, avec la médiation des États-Unis, sur la délimitation de la frontière entre les deux pays. A l'étape initiale, il est prévu de déboucher sur un accord sur la frontière maritime.
Le premier cycle des consultations techniques s'est déroulé hier sur la plateforme mise à disposition par le commandement de la Force intérimaire de l'Onu au Liban dans la commune frontalière de Naquora. La déclaration conjointe des médiateurs américains et du bureau du coordinateur spécial de l'Onu pour le Liban, publiée à l'issue, stipule que la réunion a été productive, et les parties sont convenues de se rencontrer de nouveau d'ici la fin du mois.
Je voudrais rappeler que le différend porte sur une zone de 860 km² des eaux de la Méditerranée où, sur le plateau continental, se trouverait un grand gisement de gaz naturel. Ce n'est donc pas un hasard si la délégation israélienne à Naquora est dirigée par le Directeur général du Ministère de l’Énergie, et la délégation libanaise inclut le président du Bureau national pour les hydrocarbures.
Il convient de rappeler que pendant une longue période, de nombreux experts régionaux et occidentaux, presque à l'unisson, exprimaient des pronostics pessimistes à ce sujet. Ils affirmaient que le Hezbollah libanais empêcherait le lancement de telles négociations. Il est réjouissant que ces spéculations n'aient pas été justifiées par les faits. De tels pronostics pessimistes ne se sont manifestement pas réalisés. La semaine dernière, la fraction parlementaire du Hezbollah a publié une déclaration spéciale soulignant que ce sujet, relevant de la souveraineté nationale du Liban, était une prérogative exclusive de l’État libanais.
Dans l'ensemble, nous considérons les négociations entamées à Naquora comme un pas dans la bonne direction. La Russie soutient constamment tous les efforts qui servent à renforcer la stabilité au Moyen-Orient et conviennent à tous les pays de la région directement intéressés.
Question: L'élection présidentielle aux États-Unis se tiendra dans moins d'un mois. On peut déjà demander ce que pensent les autorités russes de l'interaction avec les États-Unis sur l'Afghanistan durant les quatre ans de mandat du Président Donald Trump?
Réponse: Cet avis doit être exprimé en premier lieu par l'Afghanistan. Nous avons déclaré plusieurs fois qu'un avis devait également être formulé par l'organe légitime du point de vue du droit international: le Conseil de sécurité des Nations unies directement, qui a légitimé l'opération en question. Depuis des années, non seulement sous le président américain actuel mais également sous les présidents précédents, nous disons qu'il serait bénéfique de rendre des comptes sur le mandat délivré et donc d'obtenir un avis juridique international sur l'efficacité de ces actions. Nous voudrions le souligner.
En ce qui concerne les résultats concrets, nous les avons commentés suffisamment souvent sur le plan global mais aussi pratique. Ils sont divers. Dans l'ensemble, je ne diviserais pas les présidents américains entre ceux qui ont eu un impact positif sur les événements en Afghanistan et ceux qui ont eu un impact négatif. Malheureusement, il y a eu suffisamment de prétextes pour des événements dramatiques et les avis correspondants sous chaque dirigeant américain. Je voudrais dire encore une fois que depuis plusieurs années, sous tous les présidents américains, nous disons qu'il faut rendre des comptes sur le mandat délivré par le Conseil de sécurité des Nations unies pour mener l'opération.
Nous avons reçu de nombreuses questions concernant la nouvelle déclaration de Washington concernant son intention de retirer le contingent américain d'Afghanistan d'ici la fin de l'année. Nous les avons préalablement commentées. Je voudrais souligner que nous ignorons encore les perspectives réelles de la réalisation de cette initiative. Ces déclarations peuvent être dictées par différentes fins, y compris politiques, probablement, en prévision de l'élection.
Attendons des actions concrètes en ce sens. Quand nous en constaterons, alors nous les commenterons. Comme je l'ai dit pendant la conférence de presse précédente, nous avons entendu plusieurs fois les déclarations des autorités américaines, sous différents présidents, concernant leur intention de retirer les troupes, mais par la suite ce contingent n'a fait qu'augmenter. Il faut juger sur la base des actions concrètes.
Question: Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a noté plusieurs fois que le règlement du conflit au Haut-Karabakh nécessitait la reconnaissance par la communauté internationale du droit de l'Artsakh à l'autodétermination. De plus, en s'adressant à la nation le 14 octobre, Nikol Pachinian a noté que son gouvernement renonçait au règlement du conflit local sans déterminer le statut du Haut-Karabakh. Que faut-il pour déterminer le statut du Karabakh? Comment la Russie voit-elle le règlement du conflit au Karabakh?
Réponse: Je voudrais associer votre question à celle de la chaîne 92 News contenant la même question: "Malgré l'accord de cessez-le-feu conclu avec la médiation de la Russie, la confrontation armée entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan se poursuit. Pourquoi les belligérants n'engagent-ils pas de démarches pour cesser le feu?
Je voudrais rappeler que les 9 et 10 octobre, à l'initiative du Président russe Vladimir Poutine à Moscou, se sont tenus des pourparlers avec la participation des ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan sous la forme de consultations. Elles ont duré presque 11 heures. Entre autres, ils ont évoqué le mécanisme de contrôle du cessez-le-feu, qui est prévu par le 2e point de la déclaration adoptée à l'issue de la réunion.
Dans les jours qui ont suivi les négociations, plusieurs contacts téléphoniques ont eu lieu entre le gouvernement russe et les partenaires à Bakou et à Erevan au niveau des présidents, des ministres des Affaires étrangères, des ministres de la Défense, etc.
Notre principal message est qu'il faut organiser immédiatement une réunion entre les militaires et mettre au point un mécanisme de contrôle du cessez-le-feu. Je rappelle qu'hier, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a abordé en détail ce thème dans une interview accordée à trois radios russes. Sa version texte a été publiée sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères. A ce que l'on sache, ce travail n'est pas mené pour l'instant. Nous comptons sur le lancement au plus vite d'un tel mécanisme.
En ce qui concerne les perspectives du processus de paix, nous partons du principe qu'il est possible et nécessaire. Les propositions élaborées et en cours d'élaboration par les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE restent sur la table des négociations. Leur contenu est connu: c'est une libération progressive et par étapes des régions concernées en respectant les garanties de sécurité et d'une liaison fiable entre l'Arménie et le Karabakh avant la détermination de son statut définitif.
Encore une fois, pour répondre à votre question, je voudrais noter que chaque partie a fait un très grand nombre de déclarations. Beaucoup d'entre elles sont très émotionnelles. On peut le comprendre, mais il faut toujours se demander si elles visent un objectif concret. Je souligne encore une fois qu'à l'heure actuelle ce dernier consiste à stopper l'effusion de sang, à cesser le feu et à entamer les négociations. A cet égard nous avons appelé plusieurs fois tous les acteurs concernés par la situation, directement les belligérants et ceux qui s'estiment en droit de participer à la normalisation de la situation, à tout faire pour que toutes les déclarations ne soient pas seulement pesées mais servent également à atteindre les objectifs que j'ai évoqués. Ils sont tous définis et ont été réitérés plusieurs fois par les autorités russes, et je souligne qu'ils ont été réaffirmés par plusieurs dirigeants mondiaux et chefs d'organisations internationales.
Question: Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a parlé hier des divergences avec la Turquie concernant le règlement de la situation dans le Haut-Karabakh. Quelles sont ces divergences? Que pense la Russie des actions des combattants du Moyen-Orient qui combattent au Karabakh? Il en a été question plusieurs fois dans vos déclarations et les discours d'autres représentants russes. La Russie compte-elle entreprendre des démarches plus concrètes ou simplement exprimer sa préoccupation?
Réponse: Je vais d'abord répondre à la seconde partie de votre question. Je viens de dire que ce travail était en cours, et pas seulement au niveau du Ministère des Affaires étrangères. Des experts militaires travaillent dans l'objectif que j'ai évoqué aujourd'hui, et couvert en détail hier par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Les autorités russes ont souligné plusieurs fois qu'il était question de la mise au point d'un mécanisme de contrôle du cessez-le-feu au niveau des militaires. Il ne s'agit pas d'exprimer des préoccupations, mais d'un travail objectif, concret et appliqué.
Pour revenir à votre première question, encore une fois, la réponse a été donnée. Sergueï Lavrov a déclaré dans l'interview qu'il a donnée à trois radios ce 14 octobre: "Nous ne sommes pas d'accord avec la position exprimée par la Turquie. Nous ne pouvons pas partager les déclarations selon lesquelles un règlement militaire du conflit est admissible. Malheureusement, la Turquie l'a fait et a confirmé qu'elle soutiendrait toutes les actions de Bakou pour régler ce conflit, y compris militaires." Le chef de la diplomatie russe a clairement déclaré quelle était la divergence de notre position avec la Turquie - clairement, sans équivoque et très concrètement. Sachant que Sergueï Lavrov a déclaré que nous étions en contact avec les collègues turcs, que plusieurs entretiens téléphoniques avaient eu lieu. Le Ministre a souligné que nous défendions notre point de vue selon lequel un règlement pacifique n'était pas seulement possible, mais était l'unique moyen de garantir un règlement durable de ce problème.
Question (traduite de l'anglais): Le Pakistan appelle l'Inde à entamer un dialogue sur le règlement de la situation autour du Cachemire. Quelle est la position de la Fédération de Russie à ce sujet?
Réponse: Notre position concernant le règlement des différends indo-pakistanais, notamment dans le Cachemire, reste cohérente et inchangée. Nous sommes certains qu'il doit être assuré par les moyens politiques et diplomatiques sur une base bilatérale conformément aux termes de l'Accord de Simla de 1972 et de la Déclaration de Lahore de 1999.
Nous saluons tous les efforts pour le règlement pacifique du litige qui impacte négativement depuis des décennies non seulement l'état des relations bilatérales entre New Delhi et Islamabad, mais également la situation dans la région dans l'ensemble. Nous souhaitons que les relations entre ces deux plus grands pays de l'Asie du Sud soient de bon voisinage. Cela contribuerait directement au renforcement de la stabilité régionale et de la sécurité, ainsi qu’au développement de relations commerciales et économiques mutuellement avantageuses.
Question: Que pensez-vous de l'éventuel régime sans visa entre l'Iran et la Russie pour les voyages touristiques groupés?
Réponse: L'accord sur les voyages touristiques groupés sans visa entre le gouvernement de la Fédération de Russie et le gouvernement de l'Iran a été signé le 28 mars 2017 à Moscou entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays.
Cet accord prévoit des voyages réciproques sans visa pour les citoyens russes et iraniens à des fins touristiques au sein de groupes organisés entre 5 et 50 personnes jusqu'à 15 jours. Conformément au paragraphe 2 de l'article 4, l'organe de coordination responsable de son application du côté russe est Rostourism.
A l'heure actuelle, cette institution, conjointement avec les partenaires iraniens, élabore le mécanisme de réalisation des accords prévus. Nous espérons que ce travail sera terminé prochainement et que l'accord entrera en vigueur.
Nous partons du principe que la décision de mettre en application l'accord sera prise en tenant compte de la situation épidémiologique en Russie et en Iran et des restrictions liées à la lutte contre la prolifération du nouveau coronavirus.
Question: Que pouvez-vous dire de la levée de l'embargo sur les armes contre l'Iran?
Réponse: Vous le savez, la Russie a toujours prôné le respect rigoureux de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies sous tous ses aspects et en parfaite conformité avec les engagements prévus par cette décision du Conseil de sécurité et le Plan d'action global commun pour le nucléaire iranien. L'un des points fondamentaux est la garantie de la mise en œuvre des termes qui concernent la réalisation et l'annulation des restrictions temporaires fixées par cette résolution.
La Russie a pointé plusieurs fois le fait que les exigences de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies ne pouvaient pas être changées. Elles incluent un régime particulier pour l'acheminement des armes et du matériel militaire vers l'Iran et depuis ce pays. Vous le savez, le Conseil de sécurité n'a décrété aucun "embargo sur les armes" contre l'Iran en 2015. Téhéran a volontairement accepté d'assumer plusieurs restrictions, ce qui a été fait uniquement pour terminer favorablement et au plus vite les négociations sur le Plan d'action. Depuis le début, toutes les parties impliquées savaient que ces restrictions n'avaient rien à voir avec le règlement du problème nucléaire iranien. Le délai des termes en question est écoulé.
Pour nous l'Iran est un partenaire fiable dans plusieurs domaines de coopération. Nous sommes certains que toutes les possibilités qui s'ouvrent avec l'expiration des termes de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies portant sur la coopération militaro-technique avec l'Iran seront dûment prises en compte et utilisées en temps utile de manière mutuellement avantageuse et au profit de nos deux peuples.
L'affirmation, par les États-Unis, qu'ils auraient réussi à eux seuls à rétablir toutes les sanctions du Conseil de sécurité contre l'Iran, qui étaient en vigueur jusqu'à la signature du Plan d'action en 2015, est fausse. Nous l'avons commenté plusieurs fois. Le Conseil de sécurité des Nations unies ne partage pas l'avis des autorités américaines et n'a entrepris aucune mesure pour "relancer" les anciennes restrictions. Le monde n'a pas cédé à ces ruses, que nous qualifions d'illégales et même de "triche". Malheureusement, ce style devient une marque de fabrique de la politique de Washington dans les affaires internationales.
Nous espérons que les collègues américains gardent encore une certaine sagesse pour reconnaître la réalité. Les accords internationaux doivent être respectés par toutes les parties impliquées, dont les États-Unis, sans tenter de les revoir rétroactivement ou de se limiter à la réalisation des seuls éléments qui conviennent à Washington.