09:00

Interview du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au journal italien Libero, publiée le jeudi 30 novembre 2017

2301-30-11-2017

 

Question: Quels sujets comptez-vous évoquer dans votre discours au Forum méditerranéen?

Sergueï Lavrov: Je me réjouis de l'opportunité de participer une nouvelle fois à la troisième conférence internationale Dialogue méditerranéen à Rome organisée par le Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de l'Italie et par l'Institut italien pour les études de politique internationale.

Grâce au travail énergique des organisateurs, le forum s'est rapidement affirmé en tant que plate-forme analytique prestigieuse et sollicitée pour évoquer les problèmes internationaux d'actualité relatifs à la région méditerranéenne.

Au cours des deux réunions précédentes ont été évoqués des sujets liés à la garantie de la sécurité en Méditerranée, au règlement des crises et des conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi qu'à la lutte contre le terrorisme international. Les discussions, intéressantes et substantielles, visaient à trouver des solutions efficaces à un large éventail de questions.

Aujourd'hui la région continue de faire face à de nombreux défis. Je veux parler notamment de l'instabilité politique et socioéconomique qui perdure dans plusieurs pays, de la menace terroriste, de la radicalisation de l'opinion publique et de la hausse incontrôlable des flux migratoires.

Je compte accorder une attention particulière à ces problèmes ainsi qu'aux approches russes pour les surmonter. J'ai l'intention de souligner que la Russie est prête à établir une coopération constructive avec tous les autres acteurs responsables afin de garantir la paix, la stabilité et la sécurité en Méditerranée. Nous ne pourrons y parvenir qu'en unissant les efforts.

Question: Dans une récente interview à notre journal, l'Ambassadeur de Russie en Italie Sergueï Razov a noté le grand préjudice des sanctions antirusses pour l'économie de l'Italie et celle de l'UE. D'après vous, quand Bruxelles annulera-t-il ces restrictions suicidaires?

Sergueï Lavrov: En effet, les sanctions nuisent à la coopération de la Russie avec l'UE et ses États membres. D'ailleurs, c'est également ce qu'a souligné l'Ambassadeur d'Italie en Russie Cesare Maria Ragaglini dans une interview au journal Corriere della Sera en juillet 2017.

Il est évident aujourd'hui que les sanctions décrétées par les bureaucrates bruxellois sur la directive de Washington ont frappé d'un effet boomerang les producteurs européens nationaux. Ils ont perdu une partie de leurs positions sur le marché russe et continuent de subir de sérieuses pertes. L'Amérique, elle, n'a pas subi de sérieux désagréments puisque nos échanges bilatéraux sont minimes. Il s'avère que l'establishment américain veut remplir ses tâches antirusses aux dépends des Européens et par le biais des Européens. Je suggère d'y réfléchir. J'ai récemment eu l'occasion de communiquer avec des représentants de compagnies européennes qui travaillent dans notre pays. Leur position est unanime: ils n'ont pas besoin de restrictions et de l'ingérence des politiciens dans la vie des affaires.

En ce qui concerne le sort des sanctions, cette question ne doit pas être posée à Moscou mais à Bruxelles. Nous espérons que les structures de l'UE trouveront la force de renoncer à mener une politique antirusse selon le principe du "dénominateur commun inférieur" – qu'elles cesseront de se faire mener par un groupe peu nombreux mais très agressif de russophobes en UE. De notre côté, nous développerons la coopération au rythme auquel les partenaires européens seront prêts à le faire.

Question: L'Occident aurait-il réussi à défaire Daech en Syrie sans l'aide de l'aviation russe?

Sergueï Lavrov: Votre question pourrait donner au lecteur la fausse impression que seul l'Occident combat Daech et que la Russie l'aide plus ou moins en ce sens. Mais ce n'est pas le cas. La coalition dite "anti-Daech" menée par les USA a été créée en contournant le Conseil de sécurité des Nations unies et elle agit en Syrie sans coordination avec le gouvernement légitime de ce pays, ce qui est une violation du droit international.

En ce qui concerne l'efficacité de ses actions, il s'est avéré en été 2015 qu'elle avait échoué dans sa mission de combattre Daech. Les terroristes de ce groupe élargissaient leur "califat", créaient des structures pseudo-étatiques et avaient lancé l'émission de leur propre monnaie. Ils contrôlaient près de 70% du territoire syrien. En dépit des annonces retentissantes du QG de la coalition sur les "victoires" de cette dernière, Daech continuait de répandre activement son idéologie de haine et de commettre des actes sanglants d'intimidation aussi bien au Moyen-Orient et en Afrique du Nord qu'en dehors.

Consciente des éventuelles conséquences du renforcement de ce groupe et des structures terroristes similaires, la Russie a décidé d'apporter son aide au gouvernent syrien pour lutter contre la propagation du terrorisme sous toutes ses formes, indépendamment de l'appartenance ethnique ou religieuse.

Voici quelques chiffres montrant ce qui a été fait concrètement pour défaire Daech. En deux ans d'opérations militaires, l'aviation russe a détruit plus de 900 camps d'entraînement, plus de 660 ateliers de production de munitions et 1 500 unités de matériel militaire des terroristes. Près de 1 000 villes et villages ont été libérés.

A l'heure actuelle, le territoire syrien a été libéré de Daech à plus de 95%. Le processus de rétablissement de la vie pacifique a été entamé: 1,12 million de réfugiés et de déplacés internes ont rejoint leur foyer, dont 660 000 rien qu'en 2017. Par ailleurs, je voudrais noter que dans nos démarches en Syrie nous nous tenons strictement aux principes du droit international.

En 2015, le Président russe Vladimir Poutine a avancé l'initiative de créer une large coalition internationale sous l'égide de l'Onu. Malheureusement, nos appels à combattre ensemble Daech n'ont pas été entendus. C'est seulement récemment que les partenaires occidentaux ont commencé à comprendre qu'il fallait combattre les terroristes ensemble. La déclaration des présidents de la Russie et des États-Unis sur la Syrie en marge du sommet de l'APEC à Da Nang le 11 novembre a constitué un événement politique important. Elle constate la disposition conjointe à mener le combat contre Daech jusqu'au bout dans l'est de la Syrie. Les perspectives de mise en place d'une coopération antiterroriste ont été évoquées lors d'un entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et Donald Trump le 21 novembre.

Question: La Russie garde-t-elle l'espoir d'améliorer ses relations avec les USA en dépit du "Russia-gate" et des démarches hostiles de l'administration de Donald Trump?

Sergueï Lavrov: La situation reste très difficile dans la coopération bilatérale. L'establishment washingtonien a été submergé par une vague de sentiments russophobes provoquée par certaines forces politiques qui ne veulent pas se résigner aux résultats de la présidentielle américaine de 2016.

Il est encore difficile de prédire clairement les conséquences de l'étape difficile actuelle. La polarisation des opinions aux USA a atteint un niveau sans précédent pour ces dernières décennies: elle s'étend non seulement sur le domaine politique et économique, mais affecte également l'ensemble des aspects de la vie sociale.

De toute évidence, la Maison blanche n'a pas encore élaboré d'approche claire sur l'axe russe. Le Président Donald Trump lui-même, tout comme pendant sa campagne, continue d'affirmer qu'il voudrait normaliser les liens, mettre en place une coopération sur les thèmes internationaux d'actualité. Il en a parlé plusieurs fois au Président russe Vladimir Poutine au téléphone et lors de leurs contacts personnels, notamment au sommet de l'APEC à Da Nang en novembre.

Malheureusement, dans la pratique, de nombreuses actions concrètes de l'équipe de Donald Trump sont guidées par l'inertie et, au fond, se distinguent peu de la ligne de Barack Obama. De plus, à l'initiative du lobby antirusse, Washington entreprend de nouvelles démarches hostiles dans différents domaines telles que l'élargissement des restrictions unilatérales, la réalisation de plans antimissiles mondiaux, l'accroissement de la présence américaine et otanienne près de nos frontières ou encore les efforts pour discréditer la politique étrangère russe.

Sur la vague de l'hystérie russophobe aux USA a été adoptée la loi sur la lutte contre les ennemis de l'Amérique par le biais des sanctions dirigées contre nous. La fermeture, par les autorités américaines, du Consulat général de Russie à San Francisco et la saisie de cinq sites diplomatiques étant notre propriété d’État ont constitué une attaque sans précédent.

Par conséquent, il nous est difficile d'espérer des démarches positives du côté de Washington. A cause du déchaînement de russophobie de l'autre côté de l'océan, le potentiel de coopération dans les affaires mondiales et bilatérales reste en grande partie inexploité. La définition, au niveau législatif américain, de la Russie en tant qu'"ennemi" est absurde et irresponsable. Du moins, en Russie, nous ne regardons pas les USA à travers le même prisme. Au contraire, nous avons toujours respecté le peuple américain et ses exploits.

En d'autres termes, nous continuerons d'agir de manière pragmatique sans chercher la confrontation. Nous partons du principe qu'il est dans l'intérêt commun de la Russie et des USA d'unir les efforts dans la lutte contre le terrorisme, de lutter ensemble contre le trafic de stupéfiants, la prolifération de l'arme de destruction massive et du crime organisé. La coordination reste nécessaire dans le règlement des crises régionales. Comme l'a souligné plusieurs fois le Président russe Vladimir Poutine, la Russie est disposée à un travail conjoint avec les USA sur toutes les questions, est prête à faire sa part du chemin pour stabiliser et normaliser les relations qui se sont dégradées ces dernières années - pas par notre faute. Nous espérons que dans un avenir prévisible le bon sens prendra le dessus et reviendra tout de même dans les couloirs du pouvoir à Washington.

Évidemment, nous continuerons de réagir à toutes les démarches hostiles selon le principe de réciprocité.

Question: La Russie est parvenue à régler les problèmes liés à la migration depuis les anciennes républiques soviétiques. Que doivent faire l'UE et ses États membres pour stopper la vague de migrants de pays d'Afrique du Nord, qui est soutenue par le crime organisé international?

Sergueï Lavrov: La grande crise migratoire qui a frappé l'Europe est une conséquence directe de la pratique vicieuse d'"exportation" de l'ordre étatique, d'ingérence dans les affaires intérieures d’États souverains notamment du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Ces actions à courte vue ont conduit à l'affaiblissement ou à l'effondrement des institutions publiques, à des catastrophes humanitaires, à la montée en puissance du terrorisme et de l'extrémisme, ce qui a provoqué un exode massif des citoyens de la région.

Il est évident que le règlement efficace des problèmes migratoires de l'Europe sera impossible sans remédier à leur cause initiale. Il faut redoubler d'efforts pour le règlement pacifique, politique et diplomatique des crises et des conflits, avant tout en Syrie, en Libye, en Irak et au Yémen. Il faut aider les pays de la région à renforcer ou à rétablir leur structure d’État, contribuer à leur réhabilitation socioéconomique et les soutenir pour qu'ils puissent s'engager sur la voie d'un développement durable. Il faut poursuivre la lutte sans appel contre la menace terroriste tel que le prévoit l'initiative du Président russe Vladimir Poutine de créer une large coalition antiterroriste sous l'égide de l'Onu.

Il est important aujourd'hui d'assurer un contrôle approprié des flux migratoires, notamment d'exclure la possibilité que des terroristes puissent pénétrer dans les pays européens avec les personnes qui ont réellement besoin d'aide. Il est inadmissible que les réfugiés deviennent l'objet de manipulations politiques de la part des forces qui incitent à la haine ethnique, religieuse et sociale, et encore davantage que les camps de réfugiés soient utilisés pour recruter et former des combattants. Dans le même temps, il est important de lutter contre la xénophobie, le racisme et l'intolérance envers les migrants.

Nous sommes prêts à poursuivre notre coopération avec l'UE dans le domaine migratoire, ainsi qu'à échanger notre expérience en matière de règlement des problèmes migratoires. Nous souhaitons relancer au plus vite les contacts dans le cadre du Dialogue UE-Russie sur la migration. Bien sûr, nous sommes ouverts au renforcement de la coopération avec l'UE en matière de lutte contre le terrorisme.

Dernière chose: nous partons du fait que les pays qui ont activement participé à la déstabilisation de vastes territoires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord doivent assumer une responsabilité primordiale et majeure pour aider les réfugiés et les migrants forcés. A cet égard, nous considérons le concept promu par certains pays de "partager la responsabilité" comme une tentative de faire porter le fardeau aux autres.

Question: Que pensez-vous de la situation dans le sud-est de l'Ukraine. La Crimée restera-t-elle pour toujours au sein de la Russie?

Sergueï Lavrov: La situation dans le sud-est de l'Ukraine reste difficile. On ne parvient pas à établir un cessez-le-feu durable à cause de la réticence de Kiev à renoncer à la solution de force pour régler le "problème du Donbass".

La trêve à l'occasion du début de l'année scolaire, annoncée par la décision du Groupe de contact de Minsk à partir du 25 août 2017 et soutenue par les dirigeants du Format Normandie, a certes contribué à une certaine diminution de la tension le long de la ligne de contact mais n'a pas encore conduit à la cessation complète des tirs. Les rapports de la Mission spéciale d'observation (MSO) de l'OSCE font état de violations permanentes du cessez-le-feu par les forces armées ukrainiennes.

Et cela n'a rien d'étonnant. Le président Petro Porochenko a personnellement promis de faire revenir les unités lance-missiles et d'artillerie à tout moment pour utiliser ses armements interdits par les Accords de Minsk contre la population civile du Donbass. Et ses déclarations se sont traduites en actes. Par exemple, dans la soirée du 5 novembre, l'armée ukrainienne a bombardé les banlieues de Donetsk en utilisant des systèmes lance-roquettes multiples Grad.

L'Ukraine ne respecte pas l'accord conclu par les dirigeants du Format Normandie à Berlin en octobre 2016 sur la séparation des forces et des armements dans trois zones le long de la ligne de contact.

Les Accords de Minsk établissent une succession claire des démarches, et associent les questions militaires et politiques. Une succession nette est nécessaire dans le règlement de ces problèmes - à défaut d'une synchronisation. Or Kiev a de sérieux problèmes avec ça. Il parle obstinément de l'impossibilité de remplir la partie politique des Accords de Minsk-2 sans assurer le "cessez-le-feu total" dans le Donbass. Il exige la capitulation et le désarmement des insurgés. Il revient sur le problème du contrôle de la frontière, qui est la dernière étape des Accords de Minsk.

Les autorités de Kiev refusent absolument de reconnaître que la clef du règlement reste la recherche d'un compromis dans le cadre d'un dialogue direct avec le Donbass. Cet axiome est l'un des fondements des Accords de Minsk qui n'ont pas d'alternative. Il faut régler le problème de l'attribution d'un statut spécial au sud-est du pays, qui soit fixé par la Constitution, de l'organisation dans la région d'élections locales, de l'amnistie et de la réelle décentralisation. Il est impossible de parvenir à une paix durable sans ça.

Pendant la conférence de presse à l'issue du sommet des Brics en Chine en septembre, le Président russe Vladimir Poutine a avancé l'initiative de créer une mission de l'Onu pour contribuer à la protection de la MSO de l'OSCE dans le sud-est de l'Ukraine. Elle sous-entend que les forces de l'Onu garantiraient uniquement la sécurité des observateurs de la MSO de l'OSCE déployés dans la zone de séparation des deux côtés de la ligne de contact, ainsi que pendant les patrouilles dans d'autres régions du conflit en conformité avec leur mandat pour remplir les Accords de Minsk. Le contingent de l'Onu serait envoyé dans la zone du conflit après la séparation des forces et des armements des belligérants. Le déploiement des casques bleus doit être convenu aussi bien avec les autorités de Kiev que celles de Donetsk et de Lougansk. Les Accords de Minsk restent la base du processus de paix, toutes les plate-formes de négociations sont maintenues – le Groupe de contact de Minsk et le Format Normandie.

En ce qui concerne la seconde partie de votre question, ce thème est clos à tout jamais. Je rappelle qu'il est question d'un vote libre et démocratique des habitants de la Crimée qui ont fait un choix conscient au profit de la paix et de la prospérité. Cette forme de réalisation du droit à l'auto-détermination était le seul moyen possible de protéger les intérêts vitaux du peuple face au déchaînement des éléments nationalistes et radicaux en Ukraine, qui sont arrivés au pouvoir après le coup d’État qu'ils ont commis en février 2014. Il est évident aujourd'hui que la volonté des habitants de la péninsule, exprimée pendant le référendum, leur a permis d'échapper aux horreurs de la guerre civile, à ce que les autorités de Kiev font dans le Donbass depuis plus de trois ans.

Question: Peut-on affirmer que Vladimir Poutine crée en Russie un modèle civilisationnel basé sur les valeurs traditionnelles, la chrétienté et la protection de la famille comme une alternative au modèle mondialiste qui érode l'identité nationale des peuples?

Sergueï Lavrov: Historiquement construite sur la coexistence pacifique des cultures, des religions et des ethnies, la Russie accorde une attention particulière à la consolidation de la société autour des repères spirituels et moraux intemporels. Nous y voyons un élément primordial pour assurer le développement continu et dynamique du pays, pour renforcer ses positions dans les affaires internationales. Nous n'imposons jamais rien aux autres, nous ne leur apprenons pas à vivre. Nous respectons le droit des nations du monde à choisir elles-mêmes le modèle d'ordre politique et socioéconomique qui leur convient.

Nous sommes préoccupés par la ligne de plusieurs pays occidentaux visant à remplacer les valeurs universelles par leur pendant pseudo-libéral, et pas seulement à l'intérieur de leurs frontières. Les tentatives de les exporter agressivement continuent, ce qui suscite une résistance de plus en plus accrue des autres nations qui cherchent à préserver leur régime de vie, leur propre identité nationale.

Nous sommes convaincus qu'à la base de la solidarité de la communauté internationale doivent se reposer des idéaux traditionnels et communs aux religions et cultures mondiales principales. Il est évident que sans renforcer les fondements moraux de la vie internationale, il sera impossible de régler efficacement les nombreux problèmes de notre époque. Nous continuerons de contribuer à l'établissement de contacts interétatiques en nous basant sur les principes d'honnêteté, de vérité et de justice.

Question: La Russie construit un nouveau monde multipolaire. En quoi consiste votre concept géopolitique?

Sergueï Lavrov: Je voudrais noter avant tout que nous ne construisons rien. La configuration du système international est déterminée par des facteurs objectifs. Il est évident que les tentatives de construire ou d'adapter à soi l'ordre mondial sont vouées à l'échec.

Les récents événements indiquent clairement que les efforts d'un groupe réduit d’États menés par les USA visant à créer un modèle unipolaire d'ordre mondial, à adapter les institutions de la Guerre froide aux réalités actuelles, sont un fiasco. Le monde n'est pas devenu "occidento-centrique" ni plus sûr ni plus stable. Les anciens crises et conflits perdurent, de nouveaux défis sécuritaires font leur apparition. La montée en puissance sans précédent du terrorisme international continue de représenter un danger particulier.

Aujourd'hui, nous parlons de l'établissement d'un ordre mondial polycentrique ou multipolaire plus juste et démocratique. C'est un processus objectif lié à l'apparition et au renforcement de nouveaux "centres de force" économiques et politiques en Asie-Pacifique, en Amérique latine et en Afrique, qui cherchent à mener une politique étrangère autonome et participent activement à la formation de l'agenda régional et international. La multipolarité incarne la diversité des traditions historiques et culturelles, celle des systèmes politiques et économiques, ainsi que l'aspiration des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Les tentatives de geler cette tendance, de l'inverser et de conserver ses positions dominantes ne risquent que de renforcer le chaos et l'instabilité. Il est dans l'intérêt de tous que  le processus de formation d'une nouvelle architecture internationale soit durable et prévisible. A ces fins, il faut revenir aux principes fondamentaux de la vie internationale formulés dans la Charte de l'Onu, y compris l'égalité souveraine des États, la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et le règlement pacifique des litiges.


Falsche Datumsangaben
Zusätzliche Such-Tools