Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 4 avril 2018
Sur la visite officielle du Ministre tadjik des Affaires étrangères Sirodjidin Aslov en Fédération de Russie
Du 8 au 9 avril, le Ministre tadjik des Affaires étrangères Sirodjidin Aslov se rendra à Moscou pour une visite officielle à l'invitation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Les pourparlers porteront sur un large éventail de questions relatives à la situation internationale et à la coopération bilatérale dans le domaine de la politique étrangère, en se basant sur les principes de partenariat stratégique et d'alliance.
Les deux ministres accorderont une attention particulière à la mise en œuvre des résultats du sommet russo-tadjik qui s'est déroulé à Douchanbé le 27 février 2017, en mettant l'accent sur le domaine commercial, économique, culturel et social, ainsi que sur la coopération dans le cadre de la CEI, de l'OTSC et de l'OCS. Ils vérifieront leurs approches concernant la sécurité régionale en Asie centrale, la situation en Afghanistan et la lutte contre l'extrémisme.
La visite prévoit notamment la signature d'un programme de coopération entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays en 2018.
Sur la visite officielle du Ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho en Fédération de Russie
Du 9 au 11 avril, le Ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho se rendra en Fédération de Russie pour une visite officielle.
Les chefs de diplomatie des deux pays s'entretiendront le 10 avril. Les ministres évoqueront l'état et les perspectives de développement des relations bilatérales et examineront les problèmes-clés internationaux et régionaux en mettant l'accent sur le règlement de la situation sur la péninsule coréenne.
Sur la rencontre du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec la Ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération Lindiwe Sisulu
Du 12 au 13 avril, la Ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération Lindiwe Sisulu se rendra à Moscou pour prendre part à la 15e réunion du Comité intergouvernemental mixte russo-sud-africain pour la coopération commerciale et économique qu'elle présidera.
Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov devrait s'entretenir avec la Ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération Lindiwe Sisulu à la veille de la réunion. Ils évoqueront l'élargissement futur du partenariat stratégique entre la Russie et l'Afrique du Sud, notamment le développement de la coopération en matière d'investissement et le renforcement de la coordination dans le domaine de la politique étrangère concernant les questions d'actualité internationale et régionale. Une attention spéciale sera accordée au sommet des BRICS qui aura lieu du 25 au 27 juillet à Johannesburg.
Sur la réunion de la Commission gouvernementale pour les compatriotes à l'étranger
Le 16 avril, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov présidera la prochaine réunion de la Commission gouvernementale pour les compatriotes à l'étranger.
La réunion se focalisera sur la participation active des compatriotes russes à l'étranger à l'élection du Président russe qui s'est déroulée le 18 mars dernier.
Les membres de la Commission examineront le bilan de travail des organes exécutifs fédéraux, ainsi que des organes exécutifs des sujets de la Fédération de Russie concernant la mise en œuvre de la politique publique envers les compatriotes à l'étranger en 2017.
Ils analyseront spécialement la mise en œuvre du Programme d'État d'encouragement au retour volontaire des compatriotes vivant à l'étranger en Fédération de Russie. Il est mené en ce moment dans 61 régions russes.
La Commission devrait également examiner les projets d'avenir. Elle envisage d'adopter le Complexe des principaux événements visant à assurer la mise en œuvre de la politique publique de la Fédération de Russie vis-à-vis des compatriotes russes à l'étranger à l'horizon 2020. Son élaboration a pour la première fois impliqué non seulement les ministères et d'autres institutions intéressées, mais aussi des associations sociales russes et des fondations humanitaires spécialisées.
L'événement principal dans ce domaine sera, en 2018, le VIe Congrès mondial des compatriotes russes à l'étranger qui devrait se dérouler fin octobre - début novembre. Cet événement revêt une importance particulière. La réunion de la Commission devrait porter sur les modalités de son organisation.
Sur l'évolution de la situation en Syrie
Depuis quelques jours, les militaires russes du Centre pour la réconciliation des belligérants ont contribué à adopter des ententes sur le retrait des djihadistes de la ville de Douma, dernière localité qui se trouvait encore sous leur contrôle dans la Ghouta orientale.
L'évacuation a commencé dimanche 1er avril: les combattants du groupe Faylak al-Rahman - plus de 1 100 personnes, y compris les membres de leurs familles - ont été transportés dans les zones de la province d'Idleb hors de contrôle du Gouvernement syrien. Un premier groupe de combattants "irréconciliables" de Jaych al-Islam a suivi leur exemple le 2 avril.
Il s'agit en effet de combattants "irréconciliables" car les membres des groupes armés illégaux qui ont décidé de déposer leurs armes conformément au décret du Président syrien ont la possibilité de profiter de l'amnistie, de régler leur statut juridique, de reprendre une vie normale voire de rejoindre l'armée syrienne. Ils n'ont pas besoin de partir à Idleb ou à Jarablus au nord de la province d'Alep.
Les radicaux présents parmi les combattants tentent de torpiller ce règlement diplomatique. Ils propagent des rumeurs sur les violences et le massacre inévitable qui attendrait les civils restés dans la ville. Peu de gens croient en ces désinformations. Les habitants de Douma sont épuisés par les exactions des bandits et, tout comme dans les autres villes et villages de la Ghouta orientale, attendent avec impatience le retour du pouvoir légitime, capable de garantir la sécurité et le calme aux citoyens, de leur offrir la possibilité de travailler normalement, d'éduquer leurs enfants et de mener une vie pacifique.
Dans d'autres localités de la Ghouta orientale, on constate déjà la tendance inverse: les civils rentrent chez eux. Cela met à mal le mythe créé par la propagande des radicaux et de leurs tuteurs indiquant que l'exode de la population "de souche" serait suivi par l'arrivée de prétendus "colons chiites". Dans tous les cas, les personnes qui se sont réveillées du long cauchemar terroriste n'ont plus aucune confiance en ces mensonges qui sont, par ailleurs, diffusés de manière très active.
On constate également des changements à Damas. Plusieurs millions d'habitants de la capitale syrienne craignaient encore récemment les bombardements sporadiques quotidiens depuis les quartiers résidentiels de la Ghouta orientale, mais on y voit désormais une atmosphère positive liée à l'espoir d'un règlement définitif de la crise par le rétablissement de l'unité du pays et un processus politique pacifique.
La Russie poursuit ses efforts actifs dans ce domaine, notamment dans le cadre de sa coopération efficace avec ses partenaires et garants du processus d'Astana: l'Iran et la Turquie. La situation en Syrie est le sujet principal de leur deuxième sommet tripartite qui se déroule actuellement à Ankara.
Sur la date-anniversaire de la frappe de missiles des USA en Syrie
Ce samedi 7 avril, cela fera un an jour pour jour que les USA ont lancé une frappe massive de missiles de croisière contre la base aérienne syrienne de Shayrat au sud de Homs, en violation de la Charte de l'Onu et des normes du droit international. En prenant pour prétexte les affirmations arbitraires propagées par les médias occidentaux selon lesquelles les avions syriens basés sur cet aérodrome auraient commis une attaque chimique ayant fait de nombreuses victimes à Khan Cheikhoun le 4 avril 2017, et en prétendant être choquée par les souffrances du peuple syrien, l'administration américaine a décidé de recourir à la force contre un pays membre de l'Onu sans aucune enquête supplémentaire ni vérification. Elle n'a même pas tenu compte du fait que les USA avaient eux-mêmes joué un rôle majeur dans le processus d'élimination des armes chimiques en Syrie entre 2013 et 2015.
Après le tir de 60 missiles de croisière ayant pour cible les pilotes syriens qui défendaient leur propre pays contre les terroristes internationaux, personne en Occident n'a visiblement ressenti le besoin d'autres "preuves" de l'implication de Damas dans les attaques chimiques.
Je voudrais rappeler que les experts internationaux ne se sont toujours pas rendus sur les lieux de l'incident à Khan Cheikhoun, prétextant l'insécurité sur place. Ils ne sont pas venus non plus à l'aérodrome bombardé de Shayrat où une sécurité totale était garantie, même s'il semblait logique d'effectuer une recherche de traces de substances chimiques.
Un tel comportement ne peut avoir qu'une seule explication: les experts étaient manifestement convaincus qu'ils ne trouveraient pas de preuves confirmant la version de l'usage de l'arme chimique par des pilotes syriens, parce que toute cette version est basée uniquement sur une provocation.
Récemment, le chef du Pentagone James Mattis a fait une déclaration dont le sens se résume au fait que Washington ne dispose pas de preuves montrant que le gouvernement syrien aurait utilisé l'arme chimique. Qui en aurait douté!
Immédiatement après cela, le Président français Emmanuel Macron s'est exprimé en disant que si la France disposait de telles preuves, elle n'hésiterait pas à utiliser la force. Washington et Paris n'ont donc pas de preuves. Mais qu'en est-il des "échantillons" de Khan Cheikhoun prétendument étudiés par des chimistes français et des chercheurs britanniques?
Néanmoins, durant l'opération antiterroriste menée récemment par l'armée syrienne avec le soutien des militaires russes dans la Ghouta orientale, il s'est avéré que l'Occident n'excluait pas la possibilité de poursuivre son "bluff chimique".
Dans les communes libérées des terroristes ont été retrouvés des ateliers de fabrication de munitions artisanales avec des réserves conséquentes de substances toxiques, notamment de chlore. Les habitants ont rapporté aux autorités la préparation de provocations avec la participation des fameux Casques blancs. L'objectif de ces activités - c'est clair - consiste à mettre en scène un prétexte pour avancer de nouvelles accusations "irréfutables" visant Damas.
Il est très préoccupant que ces préparations douteuses aient coïncidé avec des déclarations "d'anticipation" des représentants officiels américains, notamment de la Représentante permanente des USA auprès de l'Onu Nikki Haley qui a prévenu qu'en cas d'utilisation de l'arme chimique par le gouvernement syrien dans la Ghouta orientale, la réaction de Washington serait "efficace", "comme à Khan Cheikhoun".
Vous le savez, la Russie a entrepris des démarches résolues afin de mettre un terme à ces jeux dangereux. Le 13 mars, le chef d'état-major des forces armées russes et premier vice-Ministre russe de la Défense Valeri Guerassimov a annoncé les contremesures qui seraient prises par les forces armées russes en cas de menace à la vie des militaires russes en Syrie.
Nous sommes convaincus que vis-à-vis de la situation en Syrie, comme d'ailleurs sur d'autres questions de politique mondiale, les acteurs régionaux et internationaux doivent agir en stricte conformité avec le droit international en s'appuyant sur la Charte de l'Onu. Les efforts collectifs pour aider les Syriens à régler la crise en Syrie doivent correspondre à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies sur la base de l'unité, de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de l’État syrien dont l'avenir ne peut être déterminé que par le peuple syrien. Toute démarche sortant du champ du droit international ne peut qu'aggraver la situation et entraîner une accumulation du potentiel de conflit dont le risque est d'autant plus élevé que l'implication des forces extérieures poursuivant uniquement leurs propres fins est grande.
Sur les pertes civiles suite aux frappes aériennes en Afghanistan
Les médias ont rapporté des frappes aériennes de l'armée de l'air afghane contre une médersa dans la province de Kondôz au nord de l'Afghanistan (district Dashti Archi) qui ont fait plus de 60 personnes tuées et blessées, dont des talibans. Cependant, selon les témoins, hormis les talibans cette attaque a touché un grand nombre de civils car à ce moment dans la médersa se déroulait la cérémonie de fin d'études, et plus de 300 personnes se trouvaient dans le bâtiment.
Cet incident nous inquiète et nous préoccupe sérieusement. De telles "erreurs" des forces gouvernementales et notamment des forces de la coalition occidentale entraînant des tragédies humaines arrivent de plus en plus souvent et sont pratiquement devenues un phénomène ordinaire. Rien qu'en mars, l'aviation américaine a organisé plusieurs attaques aériennes de drones contre des cibles à Nangarhar, Helmand, Kandahar et Farah, faisant des victimes parmi des Afghans non impliqués dans le conflit. Le 19 mars, le Parlement afghan a envoyé au Président afghan une requête exigeant de mener une enquête sur les bombardements de l'aviation américaine contre plusieurs communes des provinces de Nangarhar et de Kandahar, soulignant que les 17 et 18 mars les Américains avaient porté trois frappes dans ces régions, tuant 19 civils et en blessant 24.
Nous savons que périodiquement se produisent d'autres incidents de ce genre que le commandement afghan et ses alliés occidentaux s'efforcent de ne pas afficher.
Les victimes civiles suscitent une très grande inquiétude. Tout cela montre une fois de plus que la nouvelle stratégie promue par les USA en Afghanistan, qui met l'accent sur un usage plus actif de la force, est déficiente. Elle multiplie les nouveaux crimes contre l'humanité en impliquant leurs alliés. Un tel recours à la force ne fait qu'augmenter le nombre d'opposants au pouvoir en place en Afghanistan et réduit le soutien des récentes initiatives de paix du gouvernement de ce pays.
Sur les déclarations des représentants américains sur le prétendu soutien des talibans par la Russie
Des déclarations complètement infondées de représentants américains concernant une prétendue aide militaire apportée par la Russie aux talibans continuent de circuler dans certains médias. Il est question avant tout de la récente déclaration du commandant des forces américaines dans ce pays, le général John Nicholson. Les représentants officiels américains continuent de répéter ces accusations sans prendre la peine d'avancer la moindre preuve.
Par ailleurs, il existe de nombreux témoignages (et c'est reconnu dans les milieux politiques américains) indiquant que les talibans achètent des armes en nombre suffisant, notamment en provenance des lots d'armements et de matériel transmis à Kaboul par Washington. Ces transactions se déroulent en Afghanistan même.
Ainsi, dans le nouveau rapport du bureau de l'Inspecteur général du Pentagone paru le 21 mars, il est mentionné que le Pentagone n'est pas à même de rendre des comptes concernant l'aide militaire destinée à l'Afghanistan à hauteur de 3 milliards de dollars. On imagine l'ampleur de l'armement dont il est question. L'éventualité d'une utilisation à mauvais escient ou du vol des munitions, du carburant et des moyens de transports fournis n'est pas exclue. Par exemple, il n'y a pas d'inventaire des dizaines de milliers de véhicules militaires livrés à ce pays.
En 2016, le rapport du Pentagone a annoncé la perte d'environ la moitié des 1,5 millions d'armes d'infanterie livrées aux forces de sécurité de l'Irak et de l'Afghanistan, dont 978 000 fusils d'assaut M4 et M16. Selon l'Inspecteur général spécial des USA pour la reconstruction de l'Afghanistan, en 2014 43% des armes fournies aux forces armées afghanes "se sont probablement retrouvées entre les mains de Daech ou des talibans". Le journaliste américain Douglas Wissing, dans son livre Funding the Enemy: How U.S. Taxpayers Bankroll the Taliban (Financer l'ennemi: Comment les contribuables américains sponsorisent les talibans) évalue à 1 milliard de dollars par an les revenus des talibans grâce à l'aide américaine à l'Afghanistan. En 2010, le rapport du comité du Congrès intitulé "Warlord, Inc" affirmait que les militaires américains contribuaient à l'augmentation des revenus des extrémistes en versant des dizaines de millions de dollars de compensation aux talibans pour le droit de faire passer leurs convois via le territoire contrôlé par ces derniers.
Tout cela n'est pas de la propagande russe, mais uniquement des informations tirées de sources officielles américaines.
A cet égard, nous soulignons une nouvelle fois l'inutilité des tentatives américaines de rejeter la responsabilité de la dégradation de la situation en Afghanistan sur notre pays. Nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous prônions des négociations directes entre le gouvernement afghan et les talibans (c'était précisément l'objectif de nos contacts avec eux) et nous nous réjouissons que les Américains soient enfin arrivés à la même conclusion en soutenant l'appel du Président afghan Ashraf Ghani à des négociations directes avec les talibans lors des récents forums à Kaboul et à Tachkent.
Sur l'ordre du jour russe lors de la session extraordinaire du Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques
Aujourd'hui, mercredi 4 avril, la Russie a réuni une session extraordinaire du Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) sur le thème "Examen de la situation concernant l'accusation d'un État membre par un autre État membre de l'incident de Salisbury, et les mesures pouvant être prises à cet égard". Nous initions un examen complexe de la situation dans le contexte des actions provocatrices de la Grande-Bretagne, de Londres et du Gouvernement de ce pays qui ont d'abord accusé de manière absolument infondée la Russie d'être impliquée dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille dans la ville de Salisbury le 4 mars dernier, pour provoquer ensuite sur la base de leurs accusations mensongères le plus grand scandale diplomatique de l'histoire contemporaine et une expulsion absolument injustifiée de diplomates russes de nombreux pays occidentaux.
Nous aspirons depuis un mois à une enquête objective et la plus rapide possible sur cette sale affaire. Le Royaume-Uni n'a donné aucune réponse concrète à nos questions.
Nous comprenons que nos questions concrètes concernant le fond de l'affaire - comme vous avez pu vous en convaincre, elles n'étaient pas politisées et ne touchaient qu'à l'enquête, au partage des données et à l'accès aux citoyens russes - ont pu embarrasser les pays qui s'étaient empressés de faire preuve d'une "solidarité" peu compréhensible avec le Royaume-Uni. Ce comportement n'a pourtant rien à voir avec la solidarité - il est tout simplement présenté comme s'il s'agissait de solidarité.
Même dans ce contexte, nous sommes toujours prêts à une coopération complète, professionnelle et ouverte avec la Grande-Bretagne sur une base bilatérale, ainsi que dans le cadre de l'OIAC, notamment en impliquant les représentants du Secrétariat technique de l'Organisation et d'autres parties témoignant d'un intérêt pour l'affaire Skripal.
Je voudrais souligner encore une fois que, comme nous le constatons dans la presse occidentale, notamment britannique et américaine, la société et l'opinion publique européennes - surtout britanniques - sont absolument certaines que la Russie a refusé de présenter les informations nécessaires au Royaume-Uni et d'examiner avec lui cette question, coupant donc ainsi tous les canaux de coopération. C'est un mensonge absolu. Nous avons dès le début recouru aux notes et aux canaux diplomatiques, à notre Ambassade au Royaume-Uni et aux contacts avec nos collègues britanniques à Moscou pour proposer, demander et enfin exiger de lancer un dialogue commun ainsi que l'étude des données qui étaient en possession de Londres mais avaient été classifiées.
La Grande-Bretagne refuse pourtant tout contact avec la Fédération de Russie de manière volontaire, officielle et publique. En même temps, elle fait tout pour que l'opinion publique retienne de cette situation que c'est la Fédération de Russie qui refuse la coopération.
En convoquant cette session spéciale, la Russie espère résoudre ce problème dans le cadre du droit international en utilisant tout le potentiel de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Il est important de renoncer à l'escalade de la tension, de se focaliser sur la recherche de la vérité et de solutions à la crise actuelle. Nous sommes absolument certains qu'une enquête rigoureuse et complète sur cet incident, menée dans le cadre d'une coopération intéressée, est le seul moyen d'élucider toutes les circonstances des événements de Salisbury. La Russie y est prête.
Il faut bien comprendre que compte tenu de la gravité des accusations contre la Russie et des actions antirusses concrètes qui ont suivi ces propos, tous les protagonistes sans aucune exception devront tôt ou tard répondre aux questions posées.
Sur la réaction des citoyens russes à ladite "affaire Skripal"
Un autre élément important de la situation réside dans le fait qu'il s'agit non seulement d'accusations contre un État dans l'ensemble, mais aussi d'un crime utilisant une substance chimique toxique voire militaire sur le territoire d'un État lié de telle ou telle manière à l'Union européenne.
Encore une fois, nous ne nous basons que sur les miettes d'informations publiées dans les médias. Même les propos tenus hier par un dirigeant du laboratoire militaire secret britannique de Porton Down ne nous ont pas été transmis en tant qu'informations officielles.
Nous sommes pratiquement submergés par un flot de désinformations sur cette affaire. Le plus absurde est que, pour des raisons inconnues, la Grande-Bretagne accuse la Russie de disséminer les "fakes".
L'indignation des citoyens russes est absolument compréhensible. Nous recevons des centaines de lettres de Russes qui exigent de riposter très fermement face au Royaume-Uni et proposent leurs variantes de réponse. Cette colère, qui a un fondement tout à fait réel, commence malheureusement à se transformer en sarcasme. On constate sur internet de plus en plus de contenus sarcastiques: des vidéos, des photomontages, etc. Cela pourrait en effet sembler amusant, mais je vous prie de ne pas oublier que deux citoyens russes sont actuellement dans un état très grave. Les Britanniques ne nous ont pour l'instant fourni des informations officielles que sur l'état de Ioulia Skripal. Nous apprenons le reste dans les médias. Nous vous prions de respecter la vie privée et de tenir compte du fait qu'il s'agit de nos concitoyens qui sont dans une situation très grave.
Je voudrais répéter que nous demandons toujours et demanderons encore des informations officielles sur l'état des Skripal, ainsi qu'un accès consulaire aux citoyens russes.
Sur les contacts des autorités russes avec Viktoria Skripal
L'Ambassade de Russie à Londres a contacté Viktoria Skripal, parente des citoyens russes Sergueï Skripal et Ioulia Skripal touchés dans l'incident de Salisbury. Nos diplomates partagent avec elle les informations dont disposent les autorités russes sur l'état de santé de ses proches, l'informent des efforts pour obtenir un accès consulaire aux membres de sa famille, et lui transmettent les informations des autorités britanniques sur le déroulement de l'enquête.
On ne peut qu'imaginer ce que ressentent les proches des victimes à cause de ce flux infernal de désinformation, tout en sachant qu'il n'y a pratiquement pas d'informations officielles.
Viktoria Skripal compte venir au Royaume-Uni rendre visite à ses proches, leur apporter un soutien moral et psychologique. Nous trouvons ce souhait parfaitement naturel et sincère, notamment aujourd'hui après l'annonce de l'amélioration de l'état de santé de Ioulia Skripal.
A l'heure actuelle, Viktoria Skripal prépare les documents nécessaires pour son voyage. Nous espérons que l'Ambassade du Royaume-Uni à Moscou lui délivrera rapidement un visa. C'est peut-être déjà le cas, du moins nous avons reçu l'information selon laquelle les documents devaient être prêts aujourd'hui. Nous partons du fait que c'est une situation humanitaire qui sort de tous les cadres.
De notre côté, nous sommes prêts à fournir à Viktoria Skripal toute l'aide nécessaire et notre contribution consulaire pendant son séjour au Royaume-Uni.
Sur la situation autour de l'enquête concernant ladite "affaire Skripal" au Royaume-Uni
Hier, le chef du laboratoire britannique de Porton Down (une enceinte très fermée et opaque sur tous les points) Gary Aitkenhead a déclaré qu'il ne pouvait pas confirmer que le gaz neuro-paralytique qui avait servi à empoisonner Sergueï Skripal et sa fille avait été fabriqué en Russie. Comme il l'a conclu, le laboratoire n'a pas déterminé son origine mais a fourni des informations scientifiques au gouvernement britannique, qui a ensuite utilisé plusieurs autres sources pour tirer des conclusions.
Nous connaissons tous ces conclusions à partir de la presse britannique, qui déborde quotidiennement, se référant à des sources proches de l'enquête, de nouvelles versions des faits.
Nous avons entendu que les autorités britanniques accusaient la Russie de désinformation. Ils ont dénombré près de vingt "fakes" qui auraient été diffusés par la Russie. Dans cette liste figurent des représentants de la communauté d'experts et scientifique, des politologues et des journalistes dont ils font passer l'avis pour des versions officielles répandues par Moscou.
Je voudrais souligner que Moscou n'a jamais répandu aucune version. Depuis un mois, nous essayons d'obtenir quelque chose des autorités britanniques et dans le même temps, nous recevons de très nombreuses questions des journalistes russes et étrangers concernant les accusations proférées par Londres vis-à-vis de Moscou. Certaines suppositions - on ne peut pas les qualifier de versions - sont exprimées seulement en réponse à ces questions dans des tentatives de trouver la moindre accroche permettant de comprendre cette situation. La position officielle est exprimée sur les questions et les requêtes que nous recevons des médias.
Que voyons-nous côté britannique, tandis que Moscou ne possède aucune information et tente de trouver miette par miette la moindre preuve? Le Royaume-Uni dispose de toutes les informations, mais elles sont classifiées. De leur côté, les médias avancent un grand nombre de versions avec un grand nombre de références à des experts anonymes et à des représentants de prétendues structures officielles. En voici certaines: il a d'abord été affirmé que les Skripal avaient été empoisonnés au fentanyl, un analgésique opioïde, puis on a appris que le bouquet de fleur apporté au cimetière aurait pu être empoisonné. Ensuite, on a raconté que la substance toxique se trouvait dans la ventilation de la voiture ou qu'une pièce de la voiture avait été traitée avec du poison, puis il a été dit que les Skripal auraient pu être empoisonnés directement dans la rue. Se référant à la police, ils rapportaient que potentiellement plus de cent habitants de Salisbury auraient pu être empoisonnés, et les forces de l'ordre britanniques suggéraient à tous ceux qui avaient visité le pub Mill et le restaurant Zizzi - où se sont rendus les Skripal le jour de l'empoisonnement supposé -, de laver leurs vêtements et d'essuyer leur téléphone. Voilà les conseils donnés après la déclaration d'hier du laboratoire de Porton Down selon laquelle il s'agissait d'une substance toxique militaire. Effectivement, c'est exactement ce que l'on fait en cas d'usage de l'arme chimique.
Puis des communiqués sont apparus, indiquant que du poison aurait été retrouvé sur la poignée de porte de la maison des Skripal. Ensuite, une autre version a supposé que la substance aurait pu être glissée dans la valise de Ioulia Skripal et que des produits cosmétiques, des vêtements ou un certain cadeau personnel pour Sergueï Skripal auraient été empoisonnés. L'une des dernières versions – la substance chimique aurait pu être transportée dans un sachet de sarrasin ou d'épices que Ioulia Skripal n'avait pas eu le temps de prendre avant son départ au Royaume-Uni et avait demandé à une amie prenant un autre vol pour Londres avec son mari de l'amener.
Tout est fait pour embrouiller intentionnellement le public tout en maintenir le thème à flot. Chaque jour, on propage de nouvelles versions se référant à des "sources". Sachant que le Royaume-Uni possède toutes les informations officielles, mais qu'elles sont confidentielles. C'est de la cruauté! On nous rapporte que des gens sont dans un état critique, leurs proches ne comprennent pas ce qui se passe, les experts internationaux viennent effectuer des tests de laboratoire et recueillir des échantillons de substances, mais les représentants officiels du service consulaire russe au Royaume-Uni ne peuvent pas déterminer l'identité de ces personnes. Sachant qu'à travers les fuites on répand encore et encore des thèmes qui détournent l'attention des questions centrales.
Sur fond de ces versions qui changent constamment - de la poignée de porte au sarrasin - une conclusion est répétée en permanence comme un refrain: une "équipe professionnelle de tueurs russes" serait impliquée dans l'empoisonnement des Skripal. C'est une citation du Daily Telegraph. Voilà un exemple classique de désinformation: prendre une demi-vérité et médiatiser un thème sans pour autant faire la moindre déclaration officielle sur le déroulement de l'enquête et les versions réelles, pas inventées.
Voici un autre exemple. Comme l'a conclu le New York Times, enduire une poignée de porte de poison est "si risqué et audacieux que seuls des super-professionnels auraient pu le faire, et donc des Russes… Et le fait qu'il n'a pas été encore possible d'établir si Poutine a personnellement donné l'ordre d'éliminer Skripal s'explique par le fait que le Président russe sait cacher l'information". Il est terrifiant que ce média enregistré officiellement fasse actuellement un travail vraiment subversif. C'est une véritable tricherie médiatique opérée par Londres et les médias occidentaux.
Nous ne comprenons pas pourquoi, au lieu de tirer des conclusions, les forces de l'ordre britanniques n'entament pas une enquête professionnelle et ne veulent pas coopérer avec l'enquête, ne veulent pas collaborer concernant les résultats qui pourraient effectivement faire la lumière sur l'enquête ouverte parallèlement en Russie. Ils inventent leurs propres verdicts sans prendre la peine d'attendre les appréciations préliminaires de l'OIAC, et ne demandent pas de coopérer avec les autorités russes. Pourquoi, en dépit de nos nombreuses requêtes, ne recevons-nous aucune information sur l'enquête, notamment les décryptages des conversations téléphoniques de la famille Skripal, les enregistrements des caméras de surveillance, les preuves de la successivité, de la préservation et de la véracité de toute la chaîne de recueil des preuves, les conclusions détaillées du laboratoire de Porton Down sur les échantillons, y compris les biomatériaux qui auraient été prélevés par les spécialistes britanniques sur les victimes?
Je voudrais rappeler un point important: les Britanniques n'ont toujours pas répondu à la demande de notre Ambassade d'accorder un accès à la communication avec les experts du laboratoire de Porton Down. Je comprends que l'idée d'une communication directe avec les experts puisse ne pas être réjouissante pour eux. Pourquoi? Parce qu'il y a des choses à cacher. Car jusqu'à présent Porton Down n'a toujours pas répondu à la question principale, la plus importante: est-ce que Porton Down travaillait ou non sur cette substance? L'a-t-il fabriquée, synthétisée, étudiée? Avez-vous un échantillon de cette gamme "Novitchok" (selon la classification occidentale) dont on parle tant? Porton Down n'a pas répondu à ces questions.
Malheureusement, en transgression de toutes les normes du droit international, nous n'avons toujours pas obtenu un accès consulaire à la citoyenne russe. Nous essayons constamment d'obtenir cette autorisation.
De plus, nous avons appris (nous l'avons effectivement vérifié, je ne l'ai pas vu dans les médias) que les Skripal avaient à la maison des animaux domestiques. Où sont-ils aujourd'hui? Nous savons combien ils étaient, mais c'est une question pour les autorités britanniques. Où sont les animaux? Quel est leur état? Pourquoi les autorités britanniques qui propagent activement dans les médias des informations sur l'enquête en se référant à des sources anonymes ont caché une information aussi importante? Après tout, il est question d'êtres vivants, et si à la maison une substance toxique a été effectivement utilisée ils auraient dû être affectés.
Pourquoi la Russie a été si rapidement accusée sans aucune forme de procès alors que cette substance toxique peut être potentiellement produite dans 20 pays, notamment dans le laboratoire se trouvant à seulement quelques kilomètres du lieu de l'incident? C'est une grande question à laquelle personne n'a répondu.
La Russie appelle, depuis toutes les tribunes d'où elle s'exprime, à la logique, à l'enquête la plus transparente possible et au dialogue sur les faits. Le Royaume-Uni préfère construire toute une campagne de désinformation, ne fournit aucune preuve et construit toute sa ligne d'accusation sur la théorie du "highly likely" (très probable).
Il ne s'agit même pas d'une violation du principe universel de présomption d'innocence. Nous parlons de la réticence d'un État membre du Conseil de sécurité des Nations unies, d'un sujet du droit international possédant l'arme nucléaire et assumant une responsabilité particulière pour la stabilité et la sécurité internationale, à mener un dialogue logique, ouvert et juste avec un autre État aussi bien via des canaux bilatéraux que des plateformes internationales, notamment l'OIAC.
Sur les fuites du Département d’État américain concernant l'agent chimique "Novitchok" publiées sur WikiLeaks
Nous voudrions attirer votre attention sur une publication qui se trouve depuis longtemps sur internet sans pour autant soulever aucune question des médias britanniques ou de l'establishment politique.
Selon les fuites de WikiLeaks, après la publication du livre devenu "populaire" de Vil Mirzaïanov, les USA et le Royaume-Uni ont réprimé activement les discussions internationales sur le livre et sur la substance neuro-paralytique "Novitchok".
On apprend qu'en avril 2009, Hillary Clinton a rédigé une consigne adressée aux membres de la délégation du Département d’État américain en partance pour la réunion du "Groupe Australie" au cas où serait soulevé le thème de la substance neuro-paralytique "Novitchok" et/ou du livre de Vil Mirzaïanov pendant les pourparlers.
Cette consigne n'est pas apparue par hasard. Après la publication du livre de Vil Mirzaïanov, les spécialistes de différents pays travaillant sur la question des armes chimiques, notamment dans le cadre de l'OIAC, ont posé aux Américains des questions gênantes. Cette consigne contenait 5 points. Il serait bien que cette information soit commentée lors d'une conférence de presse du Département d’État américain.
1. Éviter toute discussion substantielle autour du livre de Vil Mirzaïanov (avoid any substantive discussion of the Mirazayanov book "State Secrets: An Insider's View of the Russian Chemical Weapons Program" or so-called "Fourth Generation Agents").
2. Rapporter toute apparition du thème du livre pendant la discussion (report any instances in which the book is raised).
3. Ne pas commencer ou provoquer des conversations à propos du livre ou entrer substantiellement dans la conversation si le sujet est évoqué (not start or provoke conversations about the book or engage substantively if it comes up in conversation).
4. Exprimer son ignorance concernant le sujet mentionné.
Cette consigne du Département d’État américain suggère aux experts de telles substances, qui sont évidemment au courant du livre et du fond du problème et se rendent aux réunions de groupes compétents, d'exprimer leur ignorance du sujet mentionné. En anglais, cela sonne très bien: express a lack of familiarity with the issue.
5. Décourager habilement les discussions substantielles en suggérant qu'il "vaut mieux laisser ce thème aux experts dans les capitales (quietly discourage substantive discussions by suggesting that the issue is «best left to experts in capitals»).
Peu de temps avant la rédaction de cette consigne, le 28 mars 2009, dans un télégramme de Prague des diplomates américains rapportaient qu'ils avaient informé les collègues tchèques du Ministère des Affaires étrangères du caractère indésirable d'une discussion publique sur les agents chimiques de "future génération" (not to publicly discuss next generation agents in the future).
Des médias tchèques nous ont activement critiqués parce que nous mentionnions constamment Prague dans le contexte de l'"affaire Skripal". Nous ne le faisons pas par hasard: il y a de très nombreuses questions. Mais les citoyens tchèques doivent répondre à ces questions pour eux-mêmes, pas pour nous. Ils doivent comprendre à quels jeux ils sont forcés de jouer. Les citoyens tchèques comprennent-ils ce qui se passe sur leur territoire dans le cadre des recherches de l'Otan? Les représentants officiels et des renseignements de ce pays ont-ils accès aux recherches menées par les membres de l'Otan sur leur territoire?
Ces informations sont disponibles sur internet. Tout cela peut et doit servir de prétexte à de sérieuses enquêtes nationales.
En outre, comme l'indique le télégramme américain de La Haye du 26 mars de la même année, où se situe précisément le siège de l'OIAC (auparavant seulement les experts le savaient, mais à présent même les enfants semblent le savoir), les représentants du Ministère britannique de la Défense se sont entretenus dans le même sens avec leurs collègues néerlandais et finlandais pour insister sur le passage sous silence du thème du "Novitchok" (UK Ministry of Defense has spoken to its counterparts in the Netherlands and Finland, apprised them of the conversation, and asked each country to provide guidance to its delegates not to raise this issue in the future).
Tout cela constitue un terrible puzzle qui illustre toute la situation, et où le monde est mené par les "puissances" occidentales - en l'occurrence Londres derrière lequel on perçoit de plus en plus Washington.
Dans les années 1990, des élaborations actives de substances de ce type étaient menées au centre de recherche d'Edgewood du Pentagone. Les caractéristiques spectrales de l'A-234 sont apparues en 1998 notamment dans la base de données de l'Institut national des standards et des technologies des USA où sont regroupées les informations de tous les composés organiques à nouveau synthétisés. En 2000, visiblement pour des raisons de sécurité nationale, cette information a été supprimée de la base de données.
Néanmoins, la formule structurelle du "Novitchok" dont la connaissance permet de recréer cette substance neuro-paralytique dans n'importe quel laboratoire chimique hautement technologique, est apparue pour la première fois dans le livre de Vil Mirzaïanov.
Il faut savoir que conformément au paragraphe 1a de l'article I de la CIAC, chaque État signataire de la Convention s'engage à ne jamais, et en aucune circonstance, mettre au point, fabriquer, stocker, ni acquérir d'une manière ou d'une autre, ni conserver des armes chimiques.
Ainsi, la publication de la formule de "Novitchok" à l'initiative ou avec la complaisance de l'administration américaine peut être considérée comme la transmission de connaissances sur l'arme chimique, c'est-à-dire un transfert indirect de l'arme chimique et donc une grossière violation de la CIAC. Il n'est donc pas étonnant que le Département d’État américain ait suggéré à ses collaborateurs d'éviter la discussion sur ce thème.
Il faut noter également qu'après la sortie du livre "révélateur" de Vil Mirzaïanov, le Conseil scientifique consultatif de l'OIAC a examiné à plusieurs fois la question de l'utilité d'inscrire la substance A-234 sur la Liste des produits chimiques de la CIAC, mais il est toujours parvenu à la conclusion de l'absence d'informations fiables sur son existence et de son rattachement à la classe de substances toxiques militaires. Les chercheurs britanniques et américains étaient solidaires de cette approche. Tout en sachant qu'ils élaboraient ces "consignes" et les envoyaient à leurs experts.
Washington et Londres ont adopté une position diamétralement opposée par rapport à cette question seulement après l'incident du 4 mars à Salisbury. Manifestement ce "virage à 180 degrés" et la soudaine cohésion autour de ce dossier confirment une fois de plus le caractère provocateur planifié des faits.
Sur les déclarations antirusses du Ministre britannique de la Défense Gavin Williamson
Nous avons lu l'article du Ministre britannique de la Défense Gavin Williamson dans le Sunday Telegraph. Ce dernier déclare que le développement de "nouveaux missiles de longue portée et de l'arme nucléaire" en Russie représente une "sérieuse menace", ce qu'illustrerait selon lui l'"attaque chimique de sang-froid" à Salisbury. Par conséquent, le Royaume-Uni aurait besoin de moderniser ses forces armées. On y perçoit un lien direct: la Russie a attaqué le Royaume-Uni - donnez-nous encore de l'argent - nous avons besoin de plus d'armes.
Il est évident que le degré de la rhétorique antirusse à Londres est largement supérieur à la normale, alors que les déclarations des représentants officiels sortent de plus en plus souvent des limites du raisonnable. La logique a quitté le Ministre britannique de la Défense Gavin Williamson. Malheureusement nous allons encore entendre de tels propos, on en parlera encore, et à chaque fois nous commenterons la situation.
Si l'on passe outre l'aspiration, devenue traditionnelle pour les politiciens britanniques, à réfréner notre pays sur la scène internationale et à attiser la campagne antirusse, une autre raison flagrante témoigne de l'intérêt de Londres pour l'affaire Skripal. On nous dit tout le temps que nous avons des motifs. Mais regardez combien de motifs ont nos partenaires occidentaux. En créant, grâces aux faits de Salisbury, une image d'ennemi de la Russie, le gouvernement britannique cherche précisément à régler plusieurs de ses propres tâches conjoncturelles et très coûteuses à travers de telles publications.
Sur la publication dans le journal Handelsblatt d'un article sur le rôle potentiel de la CIAC dans l'enquête sur l''affaire Skripal" montée de toutes pièces contre la Russie
Le Ministère russe des Affaires étrangères est contraint de suivre très attentivement les publications concernant l'incident de Salisbury. Nous avons remarqué notamment le récent article du journal allemand Handelsblatt, qui s'est surpassé dans la déformation de la position de la Russie et de ses approches. L'article en question a été publié le 29 mars.
Alors que depuis le début, la Russie appelle le Royaume-Uni à la coopération dans le cadre de l'OIAC, l'auteur de l'article affirme que "Moscou garde le silence, dissimule et ment en ce qui concerne l'élaboration du gaz "Novitchok" et tente d'organiser un jeu malhonnête avec l'organisation en proposant de mener une enquête en appliquant un article de la CIAC qui permettra finalement à la Russie de s'en sortir intacte". Le quotidien Handelsblatt ne s'intéresse pas du tout aux informations disponibles – ni au livre de Vil Mirzaïanov ni aux consignes du Département d’État américain ni à l'immense nombre de versions incohérentes qui sont propagées et ne les font pas penser à une action planifiée.
D'après nous, la rhétorique utilisée en l'occurrence non seulement par cette publication allemande, mais également par plusieurs médias occidentaux, confirme clairement le caractère infondé des attaques fabriquées contre la Russie.
Nous voulons rappeler que c'est sur le territoire britannique qu'ont été commises des actions illégales contre deux citoyens russes. C'est pourquoi la Russie exige instamment et continuellement un examen global, très professionnel et transparent de toutes les circonstances des événements afin de réunir les conditions favorables pour trouver des solutions dans cette situation.
Friedrich Engels sur l'"affaire Skripal"
Il est très révélateur, peut-être symbolique, voire le fruit du hasard que ce soit la presse allemande qui s'obstine tant à promouvoir l'idée selon laquelle la Russie serait coupable.
Cela fait longtemps que nos partenaires occidentaux utilisent des tentatives de mener des campagnes dans les médias comme nous pouvons le voir aujourd'hui. Quand je dis qu'elles sont utilisées depuis longtemps, je ne veux pas parler de l'histoire nouvelle ou récente. Bien sûr, dans ce sens, la campagne de discréditation de la Russie lancée autour de l'affaire Skripal, est fabriquée et conçue selon des recettes de longue date. Ce n'est même pas du rétro, c'est de l'antique.
A la fin du XIXe siècle, l'attention de la société de plusieurs pays était rivée sur la série d'explosions survenues à Londres entre 1883 et 1885. Bien évidemment, les médias ont lancé une vague de suppositions. La version de la prétendue implication de la Russie dans les explosions a été avancée par l'homme politique, philosophe et entrepreneur Friedrich Engels dans un article intitulé "Dynamitades secrètes mais réelles de la Russie impériale" paru le 29 janvier 1885 dans le journal allemand Der Sozialdemokrat. Cet article figure dans le recueil russe d'œuvres de Marx et de Friedrich Engels de 1961, sur lequel a travaillé l'Institut du marxisme-léninisme auprès du Comité central du PCUS. On peut donc le croire. L'article est cité en se référant directement à la source originale, au journal mentionné, et il est accessible en russe.
Évidemment, nous avons dû tout revérifier – à l'écran vous voyez la photo de ce journal et son numéro d'archive. Nous avons vérifié: la traduction russe correspond entièrement à l'original en allemand. Je voudrais citer l'article écrit par Friedrich Engels, je répète, le 29 janvier 1885, concernant la série d'explosions à Londres entre 1883 et 1885: "Pour l'instant je n'ai pas de raisons de douter que les explosions de Londres sont l'œuvre de la Russie, il est plus que probable qu'elles étaient dirigées par une tête russe avec de l'argent russe. Chacun sait que la Russie officielle ne recule devant aucun moyen, à condition qu'il mène bien au but. L'histoire de la péninsule balkanique de ce dernier siècle fournit suffisamment d'exemples de ce que la Russie officielle peut réaliser - par le poison, le poignard, etc. - pour éliminer des personnes gênantes. Ces explosions tombent trop à pic pour ne pas soulever de questions: à qui profitent-elles? Qui est le plus intéressé par ces explosions terrifiantes, inutiles, et qui ne sont pas dirigées contre quelqu'un en particulier, qui ont emporté non seulement la vie de policiers de bas rangs et de bourgeois, mais également de travailleurs, de leurs femmes et enfants? Qui?" Je rappelle que c'était en 1885.
Je voudrais noter qu'au moment d'écrire cet article, Friedrich Engels vivait précisément sur le territoire britannique et coopérait étroitement, disons-le comme ça, avec les représentants de l'establishment politique britannique. Il faut souligner que Berlin qualifiait Friedrich Engels d'espion et exigeait de Londres son extradition. En vain: le Premier ministre britannique John Russell opposait à chaque fois un refus à Berlin. Cela ne vous rappelle rien?
Il s'est avéré par la suite que dans cette histoire très complexe étaient impliqués plusieurs pays et intérêts politiques. Les historiens ont décrit par la suite cette situation en s'appuyant sur les documents d'enquête et les informations de Scotland Yard: ils ont découvert que les responsables de l'organisation et de la perpétration de la série d'attentats dans la capitale britannique étaient des organisations extrémistes ayant un réseau ramifié de cellules en Europe et aux USA. La police a également trouvé les fournisseurs de dynamite, qui étaient des citoyens de différents pays, mais aucun d'entre eux n'était lié à la Russie.
Nous espérons vraiment que les policiers actuels de Scotland Yard suivront cet exemple historique et ne céderont pas à la pression politique sans précédent exercée sur eux par leur propre gouvernement, les mettant en porte-à-faux au profit de certains objectifs politiques. Nous espérons que les véritables raisons de l'"affaire Skripal" seront élucidées.
Sur l'investigation de la journaliste indépendante bulgare Dilyana Gaytandzhiev concernant l'activité du laboratoire chimique britannique de Porton Down
Pendant la dernière conférence de presse, des représentants de médias bulgares m'ont questionnée concernant la publication, le 27 mars 2018, de l'investigation de la journaliste bulgare indépendante Dilyana Gaytandzhiev consacrée au laboratoire chimique britannique de Porton Down. Je n'en avais pas encore pris connaissance, mais nous l'avons consultée ensuite. Il est question d'une analyse des comptes-rendus scientifiques, des articles, des publications dans les médias, des données de registre des contrats fédéraux américains, des informations du gouvernement britannique publiées conformément à la loi sur la liberté d'information de 2002. Voici les conclusions de la journaliste.
Premièrement, il s'avère que Porton Down n'a arrêté ni les essais de différents virus dont Ebola, Marburg, l'encéphalite et l'anthrax, ni les recherches sur l'impact de l'ypérite, de phosgène et de substances neuro-paralytiques sur des animaux. Au total, depuis 2005, ce laboratoire a utilisé plus de 122.000 animaux, sachant qu'on ignore évidemment combien d'entre eux sont morts.
Deuxièmement, la journaliste constate que cette activité de Porton Down était menée à la demande et avec un financement généreux des USA – pays qui jusqu'à présent n'a toujours pas détruit son arsenal d'armes chimiques, prétextant un manque d'argent. C'est "logique" – financer un laboratoire britannique tout en ne trouvant pas d'argent pour détruire ses propres armes chimiques. Il est question de dizaines de millions de dollars alloués par les Américains au laboratoire chimique britannique, notamment au niveau du Pentagone (près de 70 millions de dollars) et de l'agence du Ministère de la Défense pour la réduction de la menace (plus de 2 millions de dollars). J'espère vraiment que cette information sera également commentée par le Département d’État américain. Ils sont spécialisés en monstres marins, mais c'est une information inquiétante également.
D'après cette investigation, on apprend que Porton Down ne menait pas seulement les activités mentionnées, mais également un travail secret avec des substances toxiques militaires pour lequel il a reçu près de 40 millions de dollars du Pentagone ces dernières années. Où sont les gens du Pentagone et du Département d’État américain avec leurs tweets, réseaux sociaux, sites et conférences de presse? Cette information est digne d'être commentée.
Premièrement, il est évident que les informations présentes dans cette publication nécessitent un commentaire officiel de représentants américains. Deuxièmement, elles doivent être étudiées par les experts du monde entier. Troisièmement, si cette information était confirmée, alors les données seraient incompatibles avec les objectifs et les tâches de ce laboratoire chimique annoncées officiellement. Cela pourrait indiquer une violation de la CIAC.
Nous analysons toutes les publications à ce sujet et apprécions la contribution de chacun. Nous cherchons à désavouer le mensonge que nous constatons. Tout en attirant l'attention sur les informations apportées nous essayons de vérifier si elles ont un rapport avec les faits.
Sur l'avis d'un citoyen russe concernant l'"affaire Skripal"
Je me dois de vous parler d'une lettre que nous avons reçue. Il n'est pas question d'un spécialiste en recherches chimiques mais d'un candidat ès sciences pédagogiques de Kazan. Il demande pourquoi, quand la Première ministre britannique Theresa May utilise constamment la notion du "très probable" (highly likely), personne en Occident ne l'interprète comme un certain doute, même infime. Le citoyen russe pose cette question à nous, mais à la Première ministre britannique aussi je pense.
En droit, le doute est interprété au profit de l'accusé, mais personne ne semble y avoir prêté attention. "L'accusé ne se justifie pas, il n'est pas coupable tant que sa culpabilité n'est pas prouvée". C'est un extrait de la lettre du citoyen russe.
Je voudrais remercier tous ceux qui nous écrivent des lettres. Nous les lisons toutes, nous répondons à la majeure partie d'entre elles et nous continuerons de le faire.
Sur l'accomplissement de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques par les États-Unis
Les USA restent l'unique État membre de la CIAC disposant d'une arme chimique. Le volume total des réserves américaines de substances chimiques vésicantes (ypérite) et neuro-paralytiques (VX, sarin) est de 2 616 tonnes. Ces produits chimiques meurtriers sont contenus dans plus de 700 000 obus d'artillerie de différents calibres et plus de 60 000 missiles non guidés de 115 mm pour des lance-roquettes multiples.
Ces dernières années, la destruction des arsenaux chimiques américains s'est pratiquement arrêtée. En cinq ans, les USA ont détruit seulement 230 tonnes d'armes chimiques.
Pendant les négociations sur la mise au point du texte de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques au début des années 1990, c'est Washington qui insistait sur l'établissement de délais très serrés de destruction de ce type d'armes. Conformément à l'article IV de la CIAC entrée en vigueur en avril 1997, seulement 10 ans ont finalement été impartis aux pays membres.
La tâche, soyons honnêtes, était impossible à remplir. Après 2007, ce délai limite a été reculé plusieurs fois, et en 2012 les États membres de la Convention ont décidé que la destruction des armes chimiques restantes devait être terminée "dans les plus brefs délais".
La Russie a terminé son programme de destruction des armes chimiques en septembre 2017. Dans le même temps, les autorités américaines ne s'empressent pas du tout de le faire, prenant pour prétexte des difficultés financières, organisationnelles, techniques ou encore environnementales. Selon les estimations officielles, il est prévu de terminer la destruction des réserves d'armes chimiques aux USA seulement en automne 2023.
Pour un pays comme les USA, possédant des technologies avancées et des ressources financières suffisantes, cela paraît étrange. Des questions se posent: pourquoi les USA se débarrassent avec tant de réticence de leurs arsenaux chimiques? Qu'est-ce qui les retient? Quelles idées les empêchent de se débarrasser de ces poisons? C'est une liste de questions non exhaustive.
Sur la situation concernant Konstantin Iarochenko
Nous avons été sérieusement alarmés par la requête envoyée au Ministère russe des Affaires étrangères par la fille du citoyen russe Konstantin Iarochenko kidnappé illégalement au Liberia en 2010 par les services américains. Elle a fait remarquer que son père subissait à nouveau des perquisitions infondées et des fouilles humiliantes menées sous la forme la plus grossière. Les diplomates du Consulat général de Russie à New York ont immédiatement obtenu un rendez-vous avec le Russe et les autorités de la prison, et les représentants de l'Ambassade à Washington au Département d’État américain, afin de mettre un terme aux violations interminables de ses droits.
Nous estimons que le comportement des gardiens de prison américains est inadmissible, notamment quand on sait que l'état de santé de Konstantin Iarochenko s'est sérieusement aggravé suite au violent passage à tabac qu'il a subi lors de son enlèvement. La création de conditions insupportables à son séjour en détention commence à ressembler à une torture moyenâgeuse.
Néanmoins, nous espérons tout de même que les hauts responsables américains capables d'influencer le sort de Konstantin Iarochenko feront preuve d'humanité. De notre côté, nous continuerons également à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger tous les citoyens russes se trouvant en détention aux USA contre les violations de leurs droits et exiger leur rapatriement au plus vite.
Sur les déclarations antirusses du Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian
Ces derniers temps, malheureusement, le Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s'est distingué en prononçant plusieurs déclarations franchement hostiles vis-à-vis de la Russie. Elles nous laissent perplexes. Comme disent les Français, cela nous "donne le vague à l'âme".
Lors de sa récente visite à Kiev (23 mars), le Ministre français a appelé à "faire pression" sur la Russie en exigeant qu'elle remplisse ses engagements dans le cadre des Accords de Minsk. Soi-disant, c'est "la Russie qui doit garantir le cessez-le-feu durable et total sur le terrain".
On voudrait vraiment suggérer au Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian de relire les Accords de Minsk, d'autant que cela ne prendra pas beaucoup de temps. Les engagements de la Russie dans le cadre de ce document ne se distinguent en rien de ceux de la France et de l'Allemagne. Si quelqu'un voulait nous faire endosser la responsabilité du cessez-le-feu, il serait logique d'exiger la même chose de lui.
Dans la déclaration conjointe des trois présidents adoptée en même que les Accords de Minsk, la France et l'Allemagne se sont engagées à apporter un soutien technique au rétablissement du système bancaire dans la zone du conflit, notamment "en créant un mécanisme international pour contribuer au versement des prestations sociales". D'où une question naturelle: est-ce que les partenaires du "format Normandie" ont l'intention de tenir leur promesse?
On a l'impression que la revendication, par Paris, du rôle de "courtier honnête" dans le processus de paix ukrainien n'est rien de plus qu'une pose. En 2014, les Européens n'ont pas osé exiger des "autorités du Maïdan" la mise en œuvre des accords conclus à l'époque avec Viktor Ianoukovitch et bafoués le lendemain. Ils ne veulent pas non plus voir le refus démonstratif de Kiev de remplir les Accords de Minsk, préférant rejeter la responsabilité sur les autres et exiger quelque chose de la Russie qui n'est même pas une protagoniste du conflit.
Par ailleurs, la semaine dernière Jean-Yves Le Drian a fait une série de déclarations sur l'"affaire Skripal". Il n'a rien dit de nouveau. Pardon, mais la thèse selon laquelle le "Novitchok" ne pourrait être fabriqué que par les Russes et "qu'il n'y a pas d'autre explication plausible" fait penser à Lewis Carroll. Ce n'est pas sérieux pour le ministre des Affaires étrangères d'un État sérieux.
Nous attendons que la France cesse de lancer des accusations infondées et réponde de manière constructive et concrètement aux 10 questions que nous avons posées, entre autres à Paris, sur l'"affaire Skripal".
Le Ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson nous avait suggéré une bonne idée avec Fedor Dostoïevski. Nous voudrions prendre le relais et rappeler que le Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, au vu de ses déclarations publiques sur l''affaire Skripal", rappelle Les Enfants du capitaine Grant de Jules Verne. J'ignore s'il est connu en France, mais en Russie il est apprécié et c'est un livre de chevet pour beaucoup d'enfants. Je cite un extrait du chapitre 16: "Paganel, tout en chevauchant, traitait cette grave question des races indigènes. Il n'y eut qu’un avis à ce sujet: c'est que le système britannique poussait à l’anéantissement des peuplades conquises, à leur effacement des régions où vivaient leurs ancêtres. Cette funeste tendance fut partout marquée, et en Australie plus qu’ailleurs.
Aux premiers temps de la colonie, les colonisateurs considéraient les Noirs comme des animaux sauvages. Ils les chassaient et les tuaient à coups de fusil. On les massacrait, on invoquait l’autorité des jurisconsultes pour prouver que l'Australien étant hors de la loi naturelle, et que le meurtre de ces misérables ne constituait pas un crime. Les journaux de Sydney proposèrent même un moyen efficace de se débarrasser des tribus du lac Hunter: les empoisonner en masse."
Nos citoyens nous envoient beaucoup de telles références à la littérature de fiction et documentaire.
Sur l'évolution de la situation concernant le navire russe "Nord"
Mardi 3 avril, le Ministère russe des Affaires étrangères a convoqué le Délégué provisoire aux affaires de l'Ukraine en Russie pour lui remettre une note exprimant une protestation résolue concernant l'interception du navire de pêche russe "Nord" par les gardes côtiers ukrainiens le 25 mars en mer d'Azov pour être escorté jusqu'au port de Berdiansk, et la détention illégale de son équipage constitué de 10 citoyens russes.
Nous avons attiré l'attention de la partie ukrainienne sur le fait que l'équipage du navire était détenu dans des conditions inhumaines, et que les collaborateurs consulaires russes n'avaient pas été autorisés à les voir.
Il a été déclaré que de tels actes ne correspondaient aux termes de l'accord de coopération entre la Russie et l'Ukraine sur l'utilisation de la mer d'Azov et du détroit de Kertch de 2003, et constituaient une grossière violation de l'accord entre le Comité russe de la pêche et le Comité d’État ukrainien pour l'industrie poissonnière sur la pêche en mer d'Azov du 14 septembre 1993, ainsi qu'à ses engagements dans le cadre de l'article 19 de la Convention consulaire entre la Russie et l'Ukraine du 15 janvier 1993.
La Russie a exigé la libération immédiate des citoyens russes illégalement détenus, le retour du navire "Nord" à son propriétaire légal et de faire en sorte que de telles provocations ne se reproduisent pas.
Nous sommes indignés par les nouvelles provocations des autorités ukrainiennes vis-à-vis du capitaine du navire Nord Vladimir Gorbenko, qui a été transporté le 4 avril par les agents du SBU (Service de sécurité ukrainien) dans une voiture de service à Kherson.
Le Service consulaire de l'Ambassade de Russie en Ukraine a immédiatement contacté les avocats du citoyen russe et a découvert que la direction du SBU de Kherson pour la "République autonome de Crimée" comptait exiger de la cour une sanction sous la forme d'une arrestation.
Selon les avocats, l'équipe du "Nord" a dû quitter le navire à cause des conditions sanitaires insupportables (tout le poisson pêché a pourri) et descendre sur le quai où elle était tenue en joue par des tireurs.
Le Consulat général de Russie à Odessa a reçu la directive de continuer d'essayer d'obtenir un rendez-vous avec le capitaine. Les autorités ukrainiennes refusent à nos diplomates de rendre visite aux Russes, affirmant que tous les membres de l'équipage, y compris le capitaine, sont des ressortissants de Kertch et par conséquent des citoyens ukrainiens. Les avocats des Russes ont attiré l'attention des organisations locales des droits de l'homme sur les exactions des autorités ukrainiennes. Ce n'est pas la première fois que nous sommes confrontés à de telles provocations. Il suffit de rappeler les affaires d'Alexandre Baranov et de Maxim Odintsov (en détention provisoire), de V. Vyssotski (en détention) et d'autres.
Nous continuons d'insister sur l'innocence de nos compatriotes subissant les actions illégales et agressives des structures de force et judiciaires de l'Ukraine.
Sur la décision des autorités lettones de faire passer l'enseignement dans les écoles des minorités nationales en letton
Nous nous sommes récemment prononcés à ce sujet. Nous sommes évidemment préoccupés par les démarches de l'ethnocratie lettonne, non conformes aux principes et aux normes de plusieurs actes juridiques internationaux, visant à évincer de force la langue russe de toutes les sphères de la vie sociale de la république. La décision du Président letton Raimonds Vejonis de proclamer ce projet de loi en ignorant l'avis d'une grande partie de la population de son propre pays est profondément regrettable.
Nous avons attiré plusieurs fois l'attention des structures internationales compétentes sur la politique discriminatoire des autorités lettones vis-à-vis de nos compatriotes et nous attendons toujours une réaction adéquate de leur part. Bien évidemment, nous tiendrons également compte de ces actions hostiles de Riga dans le cadre de nos relations bilatérales.
Sur le blocage des pages du média riafan.ru sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram
Nous avons remarqué le blocage des profils de plusieurs médias russes, notamment du média en ligne riafan.ru, sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram, ainsi que les déclarations du directeur général de Facebook Mark Zuckerberg sur l'intensification des efforts de Facebook pour lutter contre la prétendue "usine à trolls" russe. Il est évident que le blocage en question fait suite à la campagne déclenchée par les autorités américaines pour attiser la rhétorique antirusse et nettoyer leur espace médiatique des médias russes indésirables sous prétexte d'une prétendue ingérence de la Russie dans les élections américaines.
Il est étrange que la direction des réseaux sociaux, dont la nature-même est de stimuler l'ouverture de la communication et de l'échange d'informations, la transparence, et la démocratisation, commence à user de méthodes franchement totalitaires de contrôle et de censure en s'appuyant sur des critères complètement douteux d'appartenance à de prétendues "usines à trolls".
Nous comprenons parfaitement que Facebook, la direction et l'administration de cette compagnie se sont retrouvés dans une situation compliquée. D'un côté, ils doivent montrer leur loyauté à l'establishment politique des USA dans l'élan antirusse général (parlons de manière plus réaliste: ne pas montrer leur loyauté, mais chercher à protéger la compagnie et son administration contre l'influence extérieure grâce à un ensemble d'outils de répression), et de l'autre la compagnie se déclare être une structure attachée à la liberté d'expression et défendant les valeurs démocratiques. Nous comprenons, bien sûr, la question de l'équilibre entre ces "Charybde et Scylla", la tentative de trouver son propre chemin. Mais finalement, c'est aux USA que la liberté d'expression est reconnue comme une valeur absolue.
Je voudrais rappeler une nouvelle fois que c'est avec de tels slogans, en justifiant l'oppression de la liberté d'expression par un prétexte hypothétique, que la délégation américaine tente, d'année en année, de tout faire pour ne pas voter elle-même et pour que d'autres pays ne votent pas pour le projet russe de la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies sur le caractère inadmissible des nouvelles formes de racisme et de néonazisme. Le document appelle seulement à de bonnes choses: empêcher le retour aux époques que nous avons tous quittées et qui ont effectivement conduit à des catastrophes mondiales. Et dans le même temps, on nous dit constamment que la liberté d'expression pourrait être affectée.
Nous appelons nos collègues à tout faire pour ne pas transformer les moyens de communication de masse en arme de guerre médiatique ou en moyen pour atteindre des intérêts politiques conjoncturels qui nuisent véritablement et sont contraires aux principes de la liberté d'expression et d'un accès égal à l'information pour tous.
Nous espérons que la réaction de la communauté des droits de l'homme et des structures internationales compétentes responsables du respect de ces principes sur internet ne se fera pas attendre.
Si quelqu'un doit être bloqué, ce n'est pas des centaines de sites mais les médias qui publient des aberrations absolues, accusent la Russie d'avoir commis un crime très grave sans preuves ni arguments, en retranscrivant mot à mot les propos et les expressions utilisées par les autorités de leur pays pour le décrire. Ce sont simplement des accusations et un trait tiré sur la présomption d'innocence, ainsi que sur tous les principes du droit international et de son respect.
Sur l'évolution de la situation au Kosovo
Pendant la dernière conférence de presse a été posée une question sur le sursaut de violence inexpliqué vis-à-vis des habitants serbes dans le nord du Kosovo. La mission européenne et le contingent de l'Otan assurent la sécurité sur place. Existe-t-il des documents internationaux? Que peuvent faire les Serbes si ces documents ne sont pas respectés? A ce sujet, je voudrais dire ce qui suit.
Nous partons du fait que les présences internationales déployées au Kosovo en s'appuyant sur la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies sont principalement responsables de la garantie de la sécurité de la population non albanaise du territoire. Ces engagements sont fixés dans leurs mandats.
L'une de ces présences est la Force pour le Kosovo (KFOR) qui coopère activement avec la police kosovare. Les militaires de la KFOR participent régulièrement à la protection de l'ordre public lors des visites de délégations étrangères et d'activités publiques.
La mission de l'UE pour la primauté de la loi EULEX a été créée conformément à la décision du Conseil de sécurité des Nations unies et s'appuie formellement sur la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies. EULEX a pour rôle de contribuer à l'établissement de l’État de droit au Kosovo, conformément aux standards européens. L'une de ses obligations consiste à surveiller le travail de la police kosovare.
Néanmoins, pendant l'interpellation, le 26 mars à Kosovska Mitrovica, du chef de la Chancellerie du gouvernement serbe pour le Kosovo et la Métochie Marko Djuric, les présences internationales – la KFOR et EULEX – ont adopté une position franchement complaisante. Elles ont seulement observé à distance les faits et, en enfreignant leur mandat, n'ont pas entrepris d'efforts pour empêcher les actions illégales des autorités de Pristina.
Cet incident, ainsi que l'assassinat du leader odieux du mouvement politique serbo-kosovar d'opposition Liberté, démocratie, justice Oliver Ivanovic le 16 janvier au nord de Kosovska Mitrovica, ont sérieusement aggravé la situation au Kosovo. Faisant l'impasse sur les intérêts de Belgrade et des Serbes kosovars, les Kosovars cherchent activement à profiter de l'absence d'ordre public réel sur le territoire et de l'inaction des présences internationales – KFOR et EULEX – pour mettre en œuvre leurs plans de transformation des Forces de sécurité du Kosovo en véritables "forces armées" du territoire. C'est contraire aux termes de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui est le principal document encadrant le processus de paix kosovar.
Dans la presse ont fuité des signes de la disposition de certaines forces extérieures à la région à apporter toute leur contribution. Différentes publications citent notamment le sous-secrétaire d’État américain pour l'Europe Wess Mitchell selon qui "les USA soutenaient et soutiennent le plus étroitement possible le processus de transformation des Forces de sécurité du Kosovo et continueront de soutenir cette transformation à tous les niveaux". Ce qui permet de supposer que l'armée du Kosovo sera formée selon les standards de l'Otan. A ces fins sont utilisés les ressources et le potentiel du camp Bondsteel de l'Otan au Kosovo, qui pourrait être agrandi sous prétexte de la détérioration de la situation sur le territoire. Une telle évolution de la situation ne contribuerait certainement pas au renforcement de la sécurité dans la région.
Nous comptons sur la réaffirmation, par tous les acteurs du processus de paix kosovar, des engagements sur la mise en œuvre rigoureuse de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous espérons que le contingent de l'Otan KFOR agira en stricte conformité avec son mandat pour assurer la paix et la stabilité sur le territoire au lieu de soutenir l'un des belligérants.
Sur la situation autour du métochion bulgare à Moscou
Pour répondre à la question posée je dirai qu'effectivement à l'heure actuelle il existe plusieurs complications concernant la régulation du statut juridique du territoire où se situe le métochion. Le problème remonte aux années 1990 et il n'est toujours pas réglé. La requête des autorités bulgares est examinée par les autorités de la capitale et la direction du Patriarcat de Moscou.
Sur la déclaration de l'Union des États souverains concernant les données radar préliminaires fournies par la Russie concernant le Boeing malaisien MH17
Il nous a été demandé de commenter la déclaration de l'Union des États souverains (UES) concernant la transmission, par la Russie, des données radar préliminaires. "Les données radar russes ont été vérifiées par deux experts indépendants. Ces experts ont confirmé les conclusions tirées plus tôt par l'UES. L'absence de missile sur les photos des radars peut être expliquée par plusieurs raisons et ne signifie pas qu'il ne se trouvait pas dans l'espace aérien".
Je voudrais dire ceci. Les spécialistes du groupe Almaz-Anteï ont déjà présenté leur appréciation d'experts des conclusions tirées par le parquet néerlandais. Le groupe a réfuté chacune des thèses des deux prétendus experts, dont les arguments ne tiennent pas la route. Almaz-Anteï a expliqué en détail que le radar russe n'avait pas pu ne pas remarquer un missile s'il avait été tiré depuis l'endroit sur lequel insiste obstinément le Groupe d'enquête conjoint.
Dans l'ensemble, c'est une approche étrange. En Russie, l'analyse des données radar préliminaires pour être transmises à l'enquête a été prise en charge par des ministères, des structures compétentes et des organisations appropriées, alors que l'UES a chargé deux experts anonymes d'effectuer une analyse. Qui sont ces gens, que savent-ils, quelles sont leurs compétences, ont-ils de la pratique dans ce genre de cas? On l'ignore. Quoi qu'il en soit, cela ne ressemble pas à une approche professionnelle compétente.
On a l'impression que les représentants de l'UES cherchent le moindre argument favorable à leur version, et s'efforcent de justifier leurs hypothèses initiales. Leurs experts n'examinent pas la version de l'approche du missile depuis un autre angle, même si les données des radars russes l'indiquent clairement.
Je voudrais rappeler que les données radar préliminaires russes sont des données objectives et irréfutables qu'il est impossible de falsifier, de corriger ou de modifier. Cela peut être confirmé par tout expert en la matière, notamment les experts internationaux. Elles montrent clairement que le lancement du missile qui a supposément abattu le Boeing malaisien MH17 n'a pas pu être effectué depuis la zone désignée par les représentants de l'UES.
Réponses aux questions:
Question: Un entretien du Ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho avec le Président russe Vladimir Poutine en présence du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est-il planifié?
Réponse: Les réunions qui se déroulent avec la participation du Président, en présence ou non du Ministre des Affaires étrangères, sont commentées par le service de presse du Président ou de son Administration par les représentants désignés.
Pendant que nous lisions avec vous Jules Verne, un message est arrivé (je vérifie toujours tout, j'espère que le message est vrai mais nous revérifierons) selon lequel le Ministère britannique des Affaires étrangères aurait supprimé de son Twitter le message selon lequel la substance qui aurait servi à empoisonner Sergueï Skripal avait été fabriquée en Russie. C'est fort, non? Voilà tout ce que ça vaut - la suppression de tweets. C'est en s'appuyant sur cette hypothèse que la Première ministre britannique Theresa May a prononcé son discours au Parlement. On dirait un jeu de gobelets. Ils ont publié un tweet, fait des millions de partages, maintenant l'heure est venue et il a été supprimé. Puis ils diront que nous avons mal compris, qu'en réalité ils disaient "highly likely" (très probable), ce qui signifiait que ce n'étaient pas des accusations directes et qu'ils voulaient eux-mêmes faire la lumière sur cette affaire, mais que la Russie ne voulait pas coopérer et que tout le monde avait mal compris. Voilà le prix de cet horrible spectacle. Mais en réalité deux personnes, je répète, nous dit-on, sont dans un état grave, et il y a un risque qu'une substance chimique militaire ait été répandue sur le territoire d'un État européen qui est membre des structures compétentes pour l'interdiction des armes chimiques.
Et c'est tout, c'est tout ce que valent ces histoires. Je répète: je vais revérifier s'il a été supprimé ou non, mais cela a été rapporté par des agences de presse, c'est pourquoi il est fort probable que ce soit la vérité. Nous allons revérifier et confirmer l'information.
Question: Peut-on dire qu'aujourd'hui, les USA cherchent à organiser une provocation en expulsant des diplomates russes d'une manière sans précédent? Les USA cherchent-ils à exclure techniquement la Russie du Conseil de sécurité des Nations unies?
Réponse: La provocation n'est pas dans l'expulsion des diplomates. Si nous obtenions enfin des informations confirmant l'état critique des Skripal, le fait qu'ils ont été visés par une attaque et qu'il s'agissait de la substance évoquée, alors nous partirions du principe que c'est un attentat. Les représentants du Ministère russe des Affaires étrangères l'ont déjà dit. Tout cela ressemble à une provocation. L'expulsion de diplomates était la suite nécessaire pour apporter une certaine nuance juridique, pour légitimer les accusations contre la Russie.
Il n'y a pas d'informations concrètes: Londres les a toutes classifiées. Il n'y a aucune information. Les structures officielles britanniques ne veulent partager aucune information. De quelle manière peut-on mettre cette affaire "sur la conscience" de la Russie? Précisément en affichant une certaine solidarité, l'unité de la communauté mondiale, et en punissant la Russie en expulsant ses collaborateurs des représentations diplomatiques.
Souvenez-vous des diagrammes du Royaume-Uni, adaptés à chaque fois à ses nouvelles accusations visant la Russie – l'"affaire Lisa", l'"attaque des hackers" et ainsi de suite. Ils vont aussi les adapter à l'affaire Skripal. Et quand les journalistes et les experts des futures générations demanderont ce qui est derrière cette affaire, quelle est la base de preuves, on leur dira: mais voyons, tellement de pays ont soutenu Londres, ils ne peuvent pas se tromper. Les pays agissaient pourtant seulement en se basant sur la discipline d'alignement sur la position commune, malgré le fait que toutes les discussions organisées dans le cadre du sommet de l'UE à ce sujet étaient fermées, et qu'à leur issue, quand a été annoncé le prétendu avis commun de l'UE, il s'est avéré que plusieurs pays avaient posé des questions très désagréables aux représentants du Royaume-Uni. Malgré la discipline d'alignement au sein de l'UE et de l'Otan, plusieurs États ont cherché au maximum à ne pas se laisser faire. C'est pourquoi l'expulsion de diplomates et la décision d'expulser des diplomates russes a demandé plusieurs jours. Cette décision a été prise par chaque pays sous la pression de Londres et de Washington, c'est pourquoi les mesures annoncées étaient différentes suivant les pays. Elles n'ont pas été appliquées le même jour. Les informations sur la décision prise divergent également – d'abord certains pays ont annoncé une certaine décision, puis elle changeait parce qu'ils étaient gérés "manuellement". Nous nous souvenons de ces détails ici et maintenant, mais ils s'effaceront. Sera alors conçu un diagramme simpliste, une présentation de six pages - titre compris - et tout le monde saura que la Russie est également "coupable" dans l'"affaire Skripal". C'est pourquoi l'expulsion de diplomates constitue une légitimation nécessaire, pour l'Occident et Londres, de leurs accusations visant la Russie.
Question: Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a récemment rencontré le Président chinois Xi Jinping. Il s'entretiendra prochainement avec le Président sud-coréen Moon Jae-in et le Président américain Donald Trump. Notre chaîne s'inquiète: se rendra-t-il aussi en Russie? Sinon, Moscou pourrait rester en retrait du règlement de la situation sur la péninsule coréenne.
Réponse: Premièrement, il est curieux qu'une compagnie japonaise s'inquiète de la visite du dirigeant nord-coréen en Fédération de Russie. Votre chaîne ne s'inquiète-t-elle pas de la visite de Kim Jong-un, par exemple, au Japon?
Deuxièmement, nous entretenons des relations très étroites avec toutes les parties. Aujourd'hui j'ai annoncé un contact entre la Russie et la Corée du Nord au niveau des ministères des Affaires étrangères. Ne vous inquiétez pas, tout va bien.
Question: Demain, cela fera deux ans qu'a été établie la nouvelle trêve, le statu quo dans la zone du conflit du Haut-Karabagh. Que pensez-vous du progrès dans le processus de paix dans le Haut-Karabagh depuis deux ans et des perspectives de déboucher sur le règlement final du problème du Haut-Karabagh?
Réponse: Nous vous en parlons régulièrement. Je vais demander aux experts des précisions sur la récente évolution de la situation et je vous fournirai des informations détaillées pendant la prochaine conférence de presse.
Question: Pendant la réunion avec les dirigeants des trois pays baltes, le Président américain Donald Trump a promis de leur fournir des armements pour plus de 100 millions de dollars. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Pourquoi le Président américain Donald Trump rencontre-t-il en même temps les dirigeants de la Lituanie, de la Lettonie et de l'Estonie? Est-ce dû au calendrier chargé de Donald Trump ou faut-il en déduire que les pays baltes entretiennent des relations de vassaux envers les USA?
Réponse: Un homme d'affaires vend de tout. Quant aux fournitures d'armes et à la sécurité mondiale, les USA sont loin. C'est le continent européen, et avec l'argent des Européens on livre des armes américaines. L'Amérique en tire du profit et de l'argent, mais que reçoivent les Européens? Des armes? Pour faire quoi? D'un côté on fournit des armes, de l'autre, notamment les pays européens, s'affrontent constamment. Quel pourrait être le résultat? L'histoire a donné différentes réponses à cette question.
Question: Après la suppression, par le réseau social Facebook, des pages de prétendues "usines à trolls", est-ce que le Ministère russe des Affaires étrangères est prêt à une réponse symétrique?
Réponse: Premièrement, nous évoquerons le blocage des pages de médias russes au format interministériel, parce que cela ne concerne pas seulement le Ministère russe des Affaires étrangères mais aussi d'autres structures spécialisées. Deuxièmement, nous enverrons des lettres appropriées à l'OSCE et à d'autres organisations. Troisièmement, nous attendons la réaction officielle des autorités américaines, parce qu'elles sont notre homologue. Nous voulons vraiment entendre les commentaires officiels du Département d’État américain. Quand ces démarches seront entreprises, nous étudierons les déclarations, les évaluations, les commentaires et nous prendrons les décisions appropriées. Nous voulons comprendre ce que les représentants du Département d’État américain et d'autres structures des USA pensent eux-mêmes du blocage de médias russes sur le réseau social américain. Nous avons besoin, entre autres, de la réaction officielle. Nous analyserons tout cela et prendrons les décisions appropriées. Nous le ferons publiquement.
Question: Le Président russe Vladimir Poutine a déclaré hier que la Russie avait 20 questions à poser pendant la réunion du Conseil exécutif de l'OIAC. Quelles sont ces questions?
Réponse: Nous avons déjà publié tout cela sur le site. Vous ne l'avez pas vu? Il y a un site internet qui s'appelle mid.ru. C'est le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères. On peut nous y voir actuellement, la conférence de presse y est retransmise. Nous publions souvent des informations intéressantes sur la politique étrangère et les relations internationales. Il y a littéralement quelques jours, nous avons publié la liste des questions que nous avons pour le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'OIAC. Elles sont accessibles.
Question: 13 questions ont été envoyées à l'OIAC, mais hier soir on parlait de 20 questions…
Réponse: Dans l'ensemble c'est un grand nombre de questions. Nous avons des questions pour différents pays et pour l'OIAC. Les réponses ont déjà été obtenues au niveau de l'OIAC avant la conférence de presse. Il faudra les analyser. Une session spéciale a lieu aujourd'hui. A son issue, notre représentant permanent auprès de l'OIAC devrait s'entretenir avec la presse. Soit c'est lui, soit c'est nous qui vous informerons rapidement des réponses obtenues de l'OIAC. Nous n'avons rien reçu pour l'instant de la part des autres pays. Les questions sont plus nombreuses dans l'ensemble, ni 13 ni 20. Il y a beaucoup de questions.
Question: Que souhaite obtenir la Russie pendant la réunion? En deux mots…
Réponse: En deux mots, je vais essayer. Ce n'est pas simple. C'est une affaire de vérité et de vrai.
Question: Cela fait trois.
Réponse: D'accord. Le vrai, la vérité.
Question: Pourriez-vous instaurer un régime sans visa pour les citoyens bulgares?
Réponse: C'est une question d'accords bilatéraux. Elle incombe aux autorités compétentes des deux pays.
Question: Pourriez-vous le faire unilatéralement?
Réponse: Vous êtes déjà devenu un spécialiste des relations internationales en visitant nos conférences de presse. Vous savez parfaitement que cette question ne peut pas être réglée par un seul individu, par la volonté d'un dirigeant. C'est une question évoquée entre les pays en fonction de leurs engagements et de l'aspect juridique de la question.
Question: Y a-t-il des discussions concernant l'usage du format trilatéral Russie-Turquie-Iran non seulement dans le règlement des questions syriennes, mais également dans d'autres questions de coopération?
Réponse: Nous avons une coopération bilatérale avec l'Iran et avec la Turquie. Ce format suppose une coopération sur le processus de paix syrien au vu de la gravité du moment et du rôle joué par chaque pays dans ce problème. S'il était reconnu utile et nécessaire de l'utiliser pour régler des questions supplémentaires, je pense que personne ne s'y opposerait. Mais c'est une question d'accords appropriés entre les parties.
Actuellement, il y a une réunion au sommet dans ce format. Attendons tout d'abord des informations de là. Elles seront primordiales.
Question: Des groupes réfractaires de l'opposition sont évacués de Douma vers Jarablus. Est-ce que cela signifie que la zone de désescalade dans la Ghouta orientale continuera de fonctionner? Ou une partie des troupes de Jaych al-Islam restera-t-elle à Douma?
Réponse: C'est une question pour les experts militaires. C'est à ces derniers qu'il faut s'adresser concernant la situation sur le terrain.
Question: Après la mort d'Ali Saleh, les représentants russes ont souvent dit que le règlement du conflit yéménite s'était compliqué. Il y a eu des entretiens avec le fils d'Ali Saleh, Sergueï Lavrov disait que les Houthis se radicalisaient. Faut-il comprendre qu'actuellement, Moscou travaille plus étroitement avec le gouvernement d'Abdrabbo Hadi?
Réponse: Nous entretenons des relations et un contact très étroit non seulement avec les parties impliquées dans le processus de paix yéménite, mais également avec d'autres parties en nous basant sur la situation internationale survenue autour du Yémen. Ce thème est suivi de près par les experts qui s'occupent du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Je pourrai vous donner plus de détails pendant la prochaine conférence de presse. Mais je répète que nous entretenons des contacts très étroits appelés à faire sortir la situation de l'impasse dans laquelle elle se trouve. Nous vous fournirons des informations plus détaillées.
Question: Vous avez déjà mentionné Mark Zuckerberg. Pouvez-vous parler de l'"usine à trolls" et de ce qui a été fait pour les citoyens russophones, notamment de l'Azerbaïdjan et d'autres républiques de la CEI? Pour quelle raison? D'où Mark Zuckerberg tient-il de telles informations?
Réponse: Il ne l'a pas caché. Ces derniers mois, ou peut-être plus, se déroule un travail très poussé des structures américaines compétentes avec les représentants de ce qu'on appelait auparavant les "new media". Aujourd'hui, ils commencent à se comporter différemment. Il y a eu une "communication" très sérieuse des renseignements américains avec les représentants des réseaux sociaux. On voulait constamment quelque chose d'eux, on exigeait constamment quelque chose d'eux. Les grands réseaux sociaux américains n'ont pas accepté certaines requêtes, mais ont visiblement dû en accepter d'autres.
Il serait intéressant de savoir sur quelles informations concrètes s'est appuyée la compagnie Facebook pour décider de ce blocage, de connaître quelles informations ont été présentées et par quel service américain. S'il est question de la Russie et de médias enregistrés en Russie, il aurait été possible de fournir ces informations aux autorités russes via les canaux officiels. Nous avons des experts en la matière. Aucune information n'a été présentée. De plus, je n'ai pas connaissance de reproches faits aux médias russes ayant leurs profils sur les réseaux sociaux au cours des contacts entre les représentants de Facebook et les représentants russes officiels (or de tels contacts ont eu lieu il n'y a pas si longtemps).
Quoi qu'il en soit, en tant que porte-voix de la propagation de l'information sans barrières, la compagnie serait censée transmettre les données dont elle dispose à la Russie. Je voudrais rappeler que la Russie soutient l'idée du "jeu selon les règles" et sur un pied d'égalité, notamment sur les réseaux sociaux. S'il y a des reproches concrets, si des profils ou leurs modérateurs enfreignent des lois, on voudrait comprendre lesquelles. Si ce sont les lois de la communauté Facebook, ce n'est pas le cas parce que sinon les blocages seraient ponctuels, ils bloqueraient profil après profil au fur et à mesure de la réception de plaintes, mais en l'occurrence ils en ont bloqué simultanément une centaine. C'est donc que d'autres règles, instructions ou lois ont été enfreintes. Lesquelles? Certainement pas de Facebook. Des lois américaines? Montrez-nous. Qui encore viole les lois américaines? Essayons de comprendre, faisons en sorte que cela ne se reproduise pas. Pour quelle raison a été prise la décision? Entre autres cela représente d'immenses pertes d'image pour ces mêmes médias. Ce ne sont pas seulement des pertes financières, ce n'est pas seulement une question de technologies de travail avec le public. De manière infondée, en s'appuyant sur des suppositions et des informations fermées, on bloque des pages de médias sur les réseaux sociaux.
Question: On a l'impression que Facebook surveille les Russes et les russophones dans d'autres pays. Y aura-t-il une requête officielle du Ministère russe des Affaires étrangères?
Réponse: Bien sûr. Je l'ai dit. Bien évidemment nous chercherons à comprendre de quoi il s'agit. En s'appuyant sur quelles décisions tout cela a-t-il été adopté? Qu'est-ce qui ne va pas avec ces pages? De quoi est-il question? Pour l'instant, les déclarations de l'administration de Facebook ne permettent pas de le comprendre. Mais il est évident qu'ils ont subi une pression colossale après qu'ils ont exprimé leur rejet d'une prétendue ingérence de la Russie dans les élections en utilisant les réseaux sociaux. Et personne ne l'a caché.
Question: Avez-vous validé la candidature de Mikhaïl Botcharnikov au poste d'Ambassadeur de Russie en Azerbaïdjan? Quels facteurs ont été pris en compte par le Ministère russe des Affaires étrangères en avançant ce candidat? Quand faut-il attendre son agrément?
Réponse: Nous avons une règle, établie dans les années 1990, qui stipule que le Ministère russe des Affaires étrangères et les autres structures du pouvoir ne commentent pas les nominations des ambassadeurs. Ils commencent à les commenter, les expliquer, les présenter au public et donner des directives après la publication du décret du Président sur la nomination d'un ambassadeur. Ce n'est pas nous ou le Ministère des Affaires étrangères qui avons inventé cette règle. C'est une consigne fixée dans les années 1990.
Les ambassadeurs sont toujours présentés par le Ministère des Affaires étrangères. Vous le savez, nous avons pour pratique ces dernières années d'organiser avant le départ de nos ambassadeurs à l'étranger une interview, de publier leurs informations biographiques, mais aussi des articles, etc. Tout cela a lieu après la nomination et la publication du décret du Président. Toutes les discussions à ce sujet, dans tout pays, commencent à partir de la publication du décret du Président.
Question: Pendant la dernière conférence de presse, vous avez présenté une brochure très intéressante avec la liste des lords anglais venus aux JO de 1936 à Berlin. Pouvez-vous la publier sur internet et donner des liens pour que tout le monde puisse "profiter" de cette lecture?
Réponse: C'est une vraie brochure, nous ne l'avons pas trouvée sur internet, c'est un original de qualité allemande imprimé en Allemagne en 1936. Nous pouvons vous laisser la regarder pour vous assurer de son authenticité, ainsi que publier des photos. Je n'ai pas vu de liens renvoyant à ce document, mais nous pouvons vous donner son nom et vous le trouverez peut-être quelque part dans les archives.
Question: Pouvez-vous commenter l'interpellation, par l'Agence de sécurité intérieure de Pologne, d'un collaborateur du Ministère polonais de l’Énergie, un certain Marek W. qui entretenait soi-disant des contacts avec des agents russes et leur aurait transmis des informations, notamment concernant les approches de Varsovie vis-à-vis du projet Nord Stream 2?
Réponse: Nous l'avons appris dans les médias. L'Ambassade de Russie en Pologne ne connaît pas cet homme. Il se pourrait que ce thème soit attisé sur la vague d'expulsion de diplomates, de russophobie, de l'histoire de Salisbury sur laquelle on tente de spéculer. Ce n'est pas fondé.
Question: Il y a une semaine le Ministre polonais des Affaires étrangères, en annonçant l'expulsion de quatre diplomates russes, a déclaré que leur activité était illégale. Pouvez-vous commenter ses propos?
Réponse: Il s'agit manifestement de thèses dans la veine "highly likely". S'ils ont des reproches concrets, il faut les exprimer à la Russie, voire les faire connaître du public s'ils le jugent extrêmement nécessaire. Vous savez quelque chose à ce sujet? Nous – non.
Comme je l'ai dit pendant la dernière conférence de presse, chaque visite de nos ambassadeurs au Ministère des Affaires étrangères des pays d'accueil pour recevoir la liste des diplomates expulsés et les notes correspondantes s'accompagnait de questions sur la raison d'une telle décision. On nous a expliqué qu'il s'agissait de "solidarité avec Londres".
Votre question m'a rappelé que certains médias publiaient des articles étranges avec des photos du retour des diplomates. Nous n'avons pas filmé leur départ pour des raisons évidentes – seulement quelques jours ont été laissés à ces personnes pour faire leurs affaires, sans oublier les membres de leur famille, dont des enfants en bas âge. Nous ne pensons pas que les filmer dans de telles circonstances d'urgence est une bonne chose. Cependant, d'une manière ou d'une autre, les informations sur l'heure, le transport et l'aéroport de départ ont fuité dans la presse locale, et en se cachant derrière les coins, dans les voitures et pratiquement dans les arbres certains les ont filmés. Les médias russes ne se sont pas distingués non plus par leur délicatesse en guettant les diplomates qui rentraient. Par ailleurs, parmi les passagers de ces vols retour se trouvaient des femmes sur le point d'accoucher. Tout cela n'a été pris en compte par personne – ni par le pays d'expulsion, ni par les médias. Nous comprenons très bien votre travail également. Apparemment, c'est impossible à arrêter quand on ne comprend pas que ce n'est pas éthique.
Pour lever toutes les spéculations au sujet du fait que, soi-disant, les diplomates n'étaient pas filmés intentionnellement ou que ce n'étaient pas les "bons" diplomates qui l'étaient, qu'ils ont été évacués "en cachette", je veux dire que prochainement (nous annoncerons cette date plus tard) une réunion sera organisée pour eux au Ministère russe des Affaires étrangères avec le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Nous la rendrons la plus ouverte possible, nous inviterons les médias pour éviter toute spéculation. Les gens sont venus, ils avaient la possibilité de normaliser la situation. Personne ne les cache – c'est absurde. Comment peut-on cacher des gens qui ont travaillé et vécu à l'étranger, et étaient déclarés dans le pays d'accueil? On voudrait mettre un point final à ces discussions.
Question: Actuellement, la Russie prend des contremesures vis-à-vis des pays européens qui ont expulsé des diplomates russes. L'Otan a également réduit la représentation de la Russie de 10 personnes. Prendra-t-on des contremesures contre cette organisation et sa représentation à Moscou - le bureau d'information de l'Otan? Ces mesures seront-elles symétriques ou asymétriques?
Réponse: Nous ne laissons jamais rien sans réaction. Je demanderai à nos spécialistes quand sera donnée la réponse à cette démarche absolument hostile de l'Otan et je vous répondrai.
Question: Demain est prévu un entretien entre le Ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. A quel moment de la journée aura-t-il lieu?
Le Ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho se rendra-t-il seulement à Moscou ou dans d'autres villes également?
Réponse: L'entretien de demain entre le Ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se déroulera à l'heure du déjeuner et comprendra la partie traditionnelle des pourparlers, une conférence de presse et un déjeuner de travail. Du moins c'est ce qui est prévu.
Pour le programme de la visite du Ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho il faut demander des précisions à la Corée du Nord, par exemple à l'Ambassade. Si nous recevons des informations supplémentaires, nous vous les transmettrons.
Question: L'entretien du Ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi avec le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se déroulera-t-il à Moscou?
Réponse: Je n'ai pas d'autres informations à ce sujet pour l'instant.
Question: Premièrement, je voudrais vous remercier pour votre soutien au média riafan.ru. On voudrait suivre ce thème, pour qu'on en parle éventuellement pendant la prochaine conférence de presse.
Réponse: Nous avons reçu des questions de CNN à ce sujet. Il y a précisément un représentant de riafan.ru, dont les pages ont été bloquées, dans la salle. Peut-être que vous pourriez communiquer entre vous, prendre une interview, demander pourquoi elles ont été bloquées? Peut-être que vous direz au public américain qu'il y a des gens qui font du journalisme, qu'ils sont ouverts. D'ailleurs, je vois le représentant de ce média bien plus souvent que vous. J'ignore ce qu'ils font, pourquoi ils ont été bloqués, mais je peux confirmer qu'ils font du journalisme. Au moins faire preuve de solidarité suite au blocage de vos propres confrères! Je répète: il y a des informations indiquant que riafan.ru exerçait une activité qui ne correspondait pas aux valeurs de Facebook, nous voudrions également le savoir – non pas en tant que représentants des établissements publics, mais précisément parce que ces médias posent ces questions. Il est possible de faire de nombreux reportages pour le public américain, mais on peut également communiquer directement avec les représentants du média bloqué qui sont venus ici non pas parce qu'ils sont concernés, mais parce qu'ils viennent ici chaque semaine et couvrent très activement les questions de politique étrangère.
Question: Concernant la fameuse histoire de Salisbury, on a déjà entendu la désinformation de Londres, mais on ignore pourquoi cette provocation était nécessaire. Est-ce une éprouvette après laquelle on commencera à nous bombarder?
Réponse: Nous avons déjà parlé plusieurs fois de ce sujet. Premièrement, débattre sur ce thème en l'absence de preuves est une affaire ingrate - cela revient à lire dans le marc de café. Quand nous essayons de formuler des réponses à vos questions, Londres nous accuse d'inventer et de propager des "versions". Nous essayons à la fois de répondre aux questions (et supposer) même s'il n'y a pas d'informations, tout en restant dans le cadre légal pour ne pas propager effectivement de fausses informations.
Nous avons dit que d'après ce que nous voyions, d'après le peu de faits dont nous disposions à cause de l'absence et de la dissimulation intentionnelle des faits, nous concluions que tout cela aurait pu servir notamment à détourner l'attention de la communauté internationale, par exemple, de la Ghouta orientale. On en parlait pendant trois mois, et ensuite il fallait soit continuer d'en parler, soit détourner l'attention parce qu'il s'avérait que toutes les accusations avancées par les collègues occidentaux et leurs pronostics étaient inconsistants. Un autre point concerne évidemment le facteur de l'arme chimique sur le territoire syrien, qui est une "ligne rouge" pour toutes les parties en matière de prise de décisions. C'est à l'arme chimique que l'Occident et la coalition menée par les USA associent la question de la légitimité du régime de Bachar al-Assad. Car avant cela ils nous disaient qu'il devait simplement partir parce qu'il était mauvais. Ensuite, en s'éloignant de ce concept, ils ont dit qu'il était mauvais parce qu'il enfreignait le droit international en utilisant l'arme chimique. Alors nous avons dit qu'il fallait analyser les preuves. Or il n'y a toujours pas de preuves. En inventant une histoire sur le prétendu usage, par la Russie, de l'arme chimique sur le territoire britannique, on cherche à nous écarter du champ légal de la discussion sur les questions liées à la chimie syrienne sous prétexte que, soi-disant, "comment parler avec la Russie des armes chimiques en Syrie alors qu'elle fait de telles choses en Europe?". Voilà pour les motifs. De la part du Royaume-Uni, nous entendons beaucoup parler des motifs de la Russie, sans pour autant spécifier quoi que ce soit.
La supposition concernant l'élimination des Skripal par la Russie est simplement absurde. La Russie a remis Sergueï Skripal. Il était détenu pour une condamnation officielle et légitime. Sa culpabilité a été reconnue et prouvée. Il a été remis au Royaume-Uni en bonne santé. Il est arrivé sur le territoire britannique où il vivait, où les autorités britanniques et leurs renseignements étaient responsables de son sort car il travaillait précisément pour eux. Par conséquent, il ne pouvait y avoir aucun motif à l'élimination hypothétique de Sergueï Skripal, qui plus est à la veille des élections. Tout ce qui se passe aujourd'hui, tous ces facteurs, montrent qu'il est absurde d'inventer un "motif de la Russie". Nos contre-partenaires, eux, avaient de nombreux motifs.
Je répète qu'il est très ingrat de parler sur ces sujets sans avoir de preuves en main. J'ai énuméré tous les faits dont nous avions besoin. Et pas seulement nous. Maintenant, les citoyens britanniques en ont également besoin, à tel point qu'on cherche à les mener par le bout du nez. Je pense qu'avant tout, le Royaume-Uni devrait s'expliquer devant ses citoyens.
Question: L'expulsion de diplomates de différents pays est un "plaisir coûteux". Quand la Russie triomphera et que tous nos ennemis tomberont, exigerons-nous des réparations financières liées à l'expulsion de diplomates?
Réponse: C'est la première fois que j'entends des discussions sur ce problème sous un tel angle. Je n'y avais encore jamais pensé ni songé. C'est la première fois que j'entends parler d'une approche financière - la première fois de l'histoire. Il y a des mesures prises et il y a des contremesures.
Question: Je voudrais des précisions sur la question de mes collègues sur l'entretien prévu entre les deux chefs de diplomatie de la Russie et de la Corée du Nord. Est-il prévu d'évoquer la préparation d'une réunion au sommet?
Réponse: Ma réponse sera identique. Les réunions au sommet et leurs différents aspects sont commentées au sommet.
Question: Vous avez mentionné aujourd'hui le livre de Vil Mirzaïanov. La Russie peut-elle initier, dans le cadre légal, des accusations contre les USA d'avoir violé la CIAC en ayant autorisé la publication de ce livre?
Réponse: C'est précisément ce qu'ont dit dans cette salle nos experts qui s'occupent de la non-prolifération, notamment des armes de destruction massive, lors d'un briefing avec la participation d'experts militaires. C'est eux qui en ont parlé dans cette salle, pas devant les journalistes mais devant le corps diplomatique. Ils ont appelé les choses par leur nom en disant que la publication de ces informations transgressait directement les articles de la Convention que j'ai mentionnés.