Réponse du porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Loukachevitch à la question de l'agence TASS concernant les perspectives de création, par les BRICS, d'une agence de notation
Question: Que pensez-vous de la perspective de création, lors de la réunion du groupe d'experts des BRICS en mars prochain, d'une agence indépendante de notation dans le cadre de ce groupe?
Réponse: La Russie soutient activement l'idée de nombreux partenaires au sein du groupe des BRICS de créer une agence commune de notation ou d'un ensemble d'agences qui se fonderaient, dans leur travail, sur des méthodes coordonnées d'évaluation des prix du marché, des titres d'acteurs économiques et des notes souveraines des pays membres.
Il est de notoriété publique que les notes des agences occidentales sont souvent politisées. Il suffit de rappeler la baisse de la note souveraine de la France survenue il y a quelques années, ou la surestimation des notes des entreprises Fannie Mae et Freddie Mac qui a été en grande partie responsable de la crise financière internationale de 2008-2010. Aujourd'hui, cette tactique qui réside dans une surestimation artificielle des notes de certains entreprises et la sous-estimation des notes de plusieurs pays, bat son plein sans aucun doute.
Cette sous-estimation délibérée et orientée des notes de la Russie et des entreprises russes fait partie de la guerre économique que les États-Unis et l'Union européenne ont lancée contre Moscou. Il ne s'agit pas de litiges de "comptabilité". La baisse de la note russe signifie que Moscou ne pourrait attirer des crédits qu'à des taux d'intérêt plus importants. Et ses entreprises seront inscrites sur la liste des sociétés aux liquidités risquées. Ce qui porte un préjudice direct aux intérêts russes.
C'est pourquoi nous sommes favorables à l'examen détaillé des perspectives de création d'une agence commune de notation des BRICS ou d'un système liant les agences de notation des pays du groupe. Ce travail est déjà en cours. La partie russe a notamment établi des contacts avec l'agence chinoise Dagong qui avait déjà des positions solides sur les marchés asiatiques et coopérait avec plusieurs entreprises russes. Son travail se fonde sur des réalités économiques objectives et pas sur des critères politisés des agences occidentales. Dagong a analysé récemment l'état de Gazprom et l'a octroyé sa meilleure note: A1. A titre de comparaison: les trois agences américaines n'ont jamais attribué à Gazprom une note meilleure que ВВВ+.
A mon avis les pays du groupe des BRICS doivent accélérer leurs négociations concernant cette question cruciale pour nos économies.