Déclaration du Ministère des affaires Étrangères de la Fédération de Russie concernant la mise en œuvre du document de Genève sur le règlement en Ukraine.
A Moscou, on est extrêmement surpris d'une interprétation déformée de la part des autorités de Kiev, ainsi que de la part des partenaires américains, concernant le contenu de la Déclaration adoptée le 17 avril à Genève, à l'issue de la réunion quadripartite des représentants de la Russie, des Etats-Unis, de l'UE et de l'Ukraine.
Ainsi, dans le document précité, il est stipulé que tous les groupes armés illégaux doivent être désarmés. Or, au lieu de prendre des mesures efficaces pour mettre en œuvre cet accord, à Kiev et Washington, ainsi que dans un bon nombre de capitales européennes, on s'obstine à considérer que l'obligation de «remettre leurs armes» ne concerne que les citoyens ukrainiens qui défendent leurs droits dans le Sud-Est de l'Ukraine. En même temps, on ferme les yeux sur les actions provocatrices des militants de droite - en particulier ceux que l'on appelle le «secteur droit»-, actions qui se poursuivent aussi bien à Kiev que dans plusieurs villes du Sud et de l'Est du pays et qui ont déjà fait des victimes dans la nuit du 20 avril dernier.
La partie russe continue à croire au sérieux de nos partenaires occidentaux lorsqu'ils déclarent leur ambition de poursuivre une résolution pacifique de la crise politique en Ukraine. Cependant, les faits, hélas, montrent le contraire. Nous attendons toujours que Kiev, à qui incombe la responsabilité d'établir un dialogue avec les régions de l'Ukraine, y compris dans le Sud-Est du pays, remplisse ses promesses.
Il convient à rappeler qu'en février de cette année, après leur retour d'Europe, les dirigeants de l'opposition ukrainienne de l'époque appelaient de créer et d'armer les unités d'auto-défense sur «la place Maïdan».
Une autre règle devient manifeste à présent: le 13 avril, c'est-à-dire au lendemain d'une visite à Kiev du directeur de l'Agence Centrale de Renseignement des Etats-Unis, John Brennan, le "président ukrainien faisant fonction" Oleksandr Turchynov a révélé la décision adoptée par le Conseil de Sécurité nationale et de la Défense de l'Ukraine de lancer, dans les régions du sud-est de l'Ukraine, "une opération anti-terroriste à grande échelle impliquant les forces armées du pays".
Nous nous attendions à ce que le vice-président américain Joseph Biden, qui s'est rendu à Kiev les 21 et 22 avril derniers, ait une incidence sur des aspirations belliqueuses des autorités actuelles de Kiev. Cependant, immédiatement après son départ de la capitale de l'Ukraine, une reprise de "l'opération anti-terroriste" dans les régions orientales de l'Ukraine a été annoncée.
Les déclarations des autorités de Kiev, ainsi que des représentants des États-Unis, sur la disposition de la Déclaration du 17 avril qui oblige les manifestants de vider tous – il convient de souligner - tous les bâtiments, les rues et les places occupés illégalement, sont totalement incorrectes. La Secrétaire d'Etat adjointe américaine, Victoria Nuland, dans une de ses dernières interviews, a même dit que les manifestants à Kiev ont le droit de protester sur «la place Maïdan» parce qu'il existerait une sorte d'autorisation délivrée, on ne sait par qui, alors que les manifestants dans le Sud-Est de l'Ukraine, dit-elle, n'en ont pas de droit. Telle est la démocratie entre guillemets.
La déclaration de l'émissaire de Kiev dans la région de Dnipropetrovsk, l'oligarque Igor Kolomoyskyi, qui se dit prêt à payer une récompense pour la capture et la remise des personnes indésirables aux autorités actuelles de Kiev, paraît encore plus absurde.
La partie russe insiste à nouveau sur une désescalade immédiate de la situation dans le Sud-Est de l'Ukraine, le retrait des unités de l'armée ukrainienne et le début d'un dialogue réel à l'intérieur de l'Ukraine qui couvriraient toutes les régions et les entités politiques du pays.
23 avril 2014