Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 2 mars 2018
Sur la visite du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en Angola, en Namibie, au Mozambique, au Zimbabwe et en Éthiopie
Du 5 au 9 mars, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rendra dans plusieurs pays d'Afrique: en Angola, en Namibie, au Mozambique, au Zimbabwe et en Éthiopie. Le Ministre s'entretiendra avec les hauts dirigeants de ces pays, ainsi qu'avec leurs chefs de diplomatie.
Un échange de points de vue détaillé sur un large éventail de problèmes régionaux et internationaux d'actualité est prévu. Une attention particulière sera accordée à la formation d'un nouvel ordre du jour régional et international, et d'une nouvelle architecture polycentrique des relations interétatiques basée sur les normes du droit international et notamment le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays souverains en renforçant le rôle central de l'Onu. Les interlocuteurs évoqueront à part les domaines prioritaires de la coopération bilatérale et multilatérale dans la lutte contre le terrorisme international, le crime transnational et la propagation des drogues. Les pourparlers porteront notamment sur les solutions qui permettraient de régler les conflits sur le continent africain, le processus de paix au Proche-Orient, la situation en Syrie, sur la péninsule coréenne, ainsi que sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies.
Les réunions et les entretiens du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans les capitales des pays africains permettront d'analyser en détail l'état et les perspectives des liens commerciaux, économiques, d'investissement, scientifiques, techniques et sociaux de la Russie avec ces États. Il est prévu d'aborder les mesures communes pour renforcer l'efficacité du travail dans ces domaines compte tenu de l'expérience de partenariat productif accumulée, ainsi que de la présence dans ces pays d'objets de coopération bilatérale importants.
Sur l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec la Ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi
Mardi 13 mars, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra à Moscou avec la Ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi.
L'ordre du jour inclut un large éventail de questions relatives à la coopération bilatérale, notamment le renforcement du dialogue politique, le développement des liens commerciaux, économiques et sociaux, ainsi qu'un entretien substantiel sur l'agenda régional et international.
Sur la 6e réunion du Groupe russo-turc conjoint de planification stratégique
Mercredi 14 mars, Moscou accueillera la 6e réunion du Groupe russo-turc conjoint de planification stratégique, qui sera présidée par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le Ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu.
Le dialogue politique entre la Russie et la Turquie se caractérise par une dynamique élevée de contacts au sommet et à haut niveau. Au cours des pourparlers à venir, il est prévu de vérifier les positions mutuelles sur les questions centrales de l'agenda bilatéral, d'analyser la mise en œuvre des accords conclus entre le Président russe Vladimir Poutine et le Président turc Recep Tayyip Erdogan, et d'évoquer la préparation de la prochaine réunion du Conseil russo-turc de coopération au sommet présidé par les deux chefs d'Etat.
Les deux ministres évoqueront la mise en œuvre des projets bilatéraux stratégiques dans le milieu énergétique (la construction de la centrale nucléaire d'Akkuyu et la construction du gazoduc Turkish Stream), ainsi que les possibilités d'accroître les échanges.
Dans le cadre de l'échange d'avis sur les problèmes régionaux et internationaux d'actualité, il est prévu d'accorder une attention particulière à la lutte contre le terrorisme international, aux questions relatives à la stabilisation de la situation en Syrie et à l'intensification du processus de paix au vu des résultats du Congrès du dialogue national syrien de Sotchi.
Sur le déroulement de l'élection présidentielle russe à l'étranger
Dans sa sphère de responsabilité, le Ministère russe des Affaires étrangères se prépare activement à l'organisation de l'élection présidentielle russe à l'étranger. Nous acheminons activement les bulletins et la documentation nécessaire dans nos sites diplomatiques. Nous terminons la formation des commissions électorales des bureaux de vote. Fin février, elles étaient dirigées par 32 ambassadeurs (notamment aux USA, en Nouvelle-Zélande, en Autriche, en Ouzbékistan, au Kazakhstan et ailleurs) et 45 consuls généraux. Les ordres de former des commissions électorales de bureaux de vote continuent d'arriver, c'est pourquoi ces informations ne sont pas définitives.
En termes d'organisation de la couverture maximale des électeurs à l'étranger, voici ce qui a été fait. Le nombre total de bureaux de vote déjà formés fin février a atteint un chiffre sans précédent: 393. Je voudrais rappeler que pendant la présidentielle précédente ce nombre était de 378. Le Ministère des Affaires étrangères élargit la géographie des votes extérieurs par anticipation. Si, au cours de la présidentielle précédente, les votes extérieurs par anticipation avaient été organisés dans 166 villes de 62 pays, aujourd'hui leur nombre a augmenté jusqu'à 356 villes dans 90 pays. Cette forme de scrutin n'avait encore jamais été aussi répandue.
Pour la première fois de l'histoire de l'organisation des élections à l'étranger, nous avons mis en place des bureaux de vote dans des destinations touristiques populaires auprès des Russes: Goa (Inde), Phuket et Pattaya (Thaïlande), Sousse (Tunisie), Hurghada (Égypte). Dans d'autres lieux "touristiques" nous organiserons des votes extérieurs à Bali (Indonésie), à Charm el-Cheikh (Égypte), à Phu Quoc (Vietnam). Des précisions seront apportées par la suite.
Les bureaux de vote spécialement créés à Bouchehr (Iran), à Ostrovets (Belarus), à Guayaquil (Équateur), à Santa Cruz (Bolivie) et à Vung Tau (Vietnam), couvrent les villages où sont présents des spécialistes russes sur les grands sites industriels étrangers – la construction de centrales nucléaires, la production pétrolière et d'autres. On organise également des votes extérieurs en Angola, en Algérie, au Bangladesh, au Venezuela, en Inde, en Irak, en Chine, à Oman, au Soudan et en Turquie.
Étant donné que les autorités de la Lettonie et de l'Estonie n'ont pas autorisé l'ouverture de bureaux de vote supplémentaires ni l'organisation de vote extérieurs (par ailleurs, cela concerne les structures des droits de l'homme de l'Union européenne et de l'OSCE – ce serait une bonne chose de donner une appréciation aux actions de ces États), la Russie a pris la décision d'organiser les élections dans les bureaux de vote de ces pays les 17 et 18 mars.
Dans ces pays, ainsi qu'en Allemagne et ailleurs, il est prévu d'organiser des transferts en bus gratuits vers les lieux de vote à partir des villes où habitent beaucoup de citoyens russes. L'information à ce sujet a été diffusée sur les sites officiels des sites diplomatiques russes.
Le 15 février, la Commission électorale centrale (CEC) russe a organisé la première des réunions de nos représentants avec la direction des établissements diplomatiques russes des pays de la CEI, des pays baltes, de la Scandinavie et d'Israël. Nous avons évoqué en détail le déroulement de la préparation à l'élection, échangé les avis sur questions organisationnelles, méthodologiques et juridiques. A l'étape actuelle, la direction de la CEC a tenu en haute estime le travail effectué par le Ministère des Affaires étrangères et les sites diplomatiques russes à l'étranger en ce sens. Nous continuerons de faire en sorte que cette estime ne diminue pas.
Une réunion semblable s'est tenue ce 27 février à Berlin à l'Ambassade de Russie.
Des visioconférences ont été prévues au Ministère russe des Affaires étrangères pour couvrir les sites diplomatiques russes à l'étranger éloignés. Nous avons déjà organisé une telle activité avec les pays d'Afrique; l'Asie et l'Amérique seront les prochaines. L'expérience a montré qu'une telle forme de travail était sollicitée. Nos diplomates, qui s'occupent actuellement activement de l'organisation de l'élection, expriment leur satisfaction et leur gratitude pour la possibilité d'obtenir même à distance des réponses aux questions concrètes, des informations pertinentes sur le thème électoral.
Le site officiel de la CEC contient déjà, à la rubrique appropriée, les adresses et les numéros de téléphone des bureaux de vote des établissements diplomatiques russes à l'étranger. Cette semaine, nous avons déjà organisé le travail pour vérifier ces informations qui seront précisées par la suite. La liste des bureaux de vote sera également publiée aujourd'hui sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères dans la rubrique appropriée.
A chaque fois, j'attire une attention particulière sur ce point. Aux thèmes existants pour mener une campagne de désinformation permanente s'est ajouté le thème "électoral". Sur les réseaux sociaux et sur les pages de blogueurs connus, je peux lire qu'il sera impossible de voter à l'étranger, que pour pouvoir voter à l'étranger il faudra attendre des mois pour de prétendues autorisations, inscriptions et ainsi de suite. Tout se mélange dans un tas et se confond. Il y a une inscription consulaire, le vote et la préparation pour celui-ci. Toutes les informations sur ce qui doit être fait si, le jour du vote ou la veille, vous vous trouvez à l'étranger, sont déjà disponibles sur le site officiel de la CEC. S'il vous plaît, utilisez des informations vérifiées. Ne vous laissez pas avoir par la désinformation. Je prie les médias de couvrir le plus largement possible ce sujet. En effet, il y a beaucoup de désinformation, or il s'agit de citoyens qui doivent exprimer leur volonté. Je répète, toutes les conditions sont réunies pour cela. Par rapport aux cycles électoraux précédents, le travail a effectivement été intensifié au niveau du Ministère des Affaires étrangères.
Sur l'évolution de la situation en Syrie
Au cours des deux dernières semaines, la tension est montée dans l'évolution de la situation en Syrie et autour. Deux tendances se sont confrontées. D'un côté celle qui a été impulsée essentiellement par les efforts de la Russie et ses partenaires du format d'Astana, de l'équipe de l'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura - ces efforts visent à maintenir l'élan positif donné au processus de paix dans ce pays par le Congrès du dialogue national syrien de Sotchi, et à assurer une avancée réelle vers la paix sur la base de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies. De l'autre: les tentatives fébriles des terroristes pour l'empêcher. Malheureusement, ces agissements non seulement n'ont pas été condamnés par certains partenaires occidentaux, mais ont même été couverts et justifiés par eux, qui les ont vus comme une opportunité de reprendre l'initiative à la Russie et de poursuivre la réalisation de leurs plans géopolitiques égoïstes qui n'ont rien à voir avec les intérêts du peuple syrien. Ce peuple a des visions différentes de son pays, de l'ordre politique et de son avenir.
Ce que font les terroristes, les combattants et les extrémistes ne correspond certainement pas aux intérêts du peuple syrien.
Sur le plan politique, la confrontation a eu lieu autour de la situation humanitaire difficile, ainsi que des accusations infondées continues de Damas d'avoir utilisé l'arme chimique.
Ce dernier thème était complètement artificiel étant donné qu'aucune preuve tangible de l'usage de l'arme chimique par Damas n'a jusqu'ici été présentée - comme en témoignent les récentes déclarations du chef du Pentagone James Mattis qui a publiquement reconnu l'absence de telles preuves à Washington.
Toutes les accusations à ce sujet sont fondées sur les témoignages mensongers des combattants ou de prétendus "volontaires" des fameux Casques blancs qui ont été pris plusieurs fois en flagrant délit de fakes vidéo. Le dernier de ces fakes actuellement diffusé sur internet concerne la mise en scène d'une nouvelle "attaque chimique du régime" avec l'utilisation de chlore dans la commune d'al-Chifuniya. Dans le même temps, on refuse de voir les communiqués sur l'usage de substances toxiques par les extrémistes. Ainsi, du 15 au 17 février, dans la province d'Idleb, deux cas de provocation avec l'usage de chlore par des terroristes contre les forces gouvernementales ont été constatés (à Huvain et Sinjar).
Maintenant, parlons de la situation humanitaire. Mi-février, après une longue interruption, un convoi conjoint Onu/CICR a livré de la nourriture et des médicaments à Nachabiya, dans la Ghouta orientale. Les conditions nécessaires pour cela ont été réunies grâce à la contribution des militaires russes qui ont obtenu l'instauration, dans cette région, d'une "pause" de 72 heures pour le travail de l'aviation. Toutefois, cela n'a pas empêché les terroristes retranchés dans la Ghouta et les groupes armés illégaux affiliés de poursuivre les bombardements contre Damas et ses environs. Les 24 et 25 février, plus de 70 obus et missiles ont été tirés sur Damas.
Les bombardements contre la capitale syrienne se poursuivent régulièrement, emportant les vies d'innocents. Selon la Direction de la santé de la capitale, ces derniers jours 32 civils ont été tués et plus de 200 ont été blessés.
Après l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies, ce 24 février à l'unanimité, de la résolution 2401 visant à contribuer à la facilitation de la situation humanitaire sur l'ensemble du territoire syrien, y compris l'exigence des parties à cesser les activités militaires sans délai à l'exception des opérations contre les terroristes pour instaurer une pause humanitaire pour au moins 30 jours, les combattants ont intensifié leurs incursions. A l'annonce par les militaires russes et syriens d'une pause humanitaire quotidienne de 5 heures et de la mise en place d'un couloir pour faire sortir les civils volontaires de la Ghouta orientale, les terroristes ont réagi par des bombardements désespérés en empêchant un déplacement sécurisé aussi bien des personnes que des cargaisons humanitaires.
Ces provocations des groupes armés illégaux ont rendu nécessaire et inévitable une vaste opération antiterroriste terrestre dans la Ghouta orientale, soutenue dans les airs par l'aviation russe et syrienne. Les communes de Hazrama, de Salehiya et partiellement de Nachabiya ont été libérées. La hauteur stratégique Tal Farzat a été occupée. Après des combats acharnés contre les terroristes, les forces syriennes ont occupé le village Hoch al-Dawahra. Des combats violents ont lieu près de la ville d'Utaya au sud-est de Damas. A Harasta, les soldats de la 4e division mécanisée ont repris plusieurs bâtiments dans le district d'al-Ajami. Les combattants opposent une résistance active. On rapporte qu'ils ont utilisé des missiles antichars américains TOW. Une offensive des forces gouvernementales est déployée, couvrant Harasta depuis le nord.
La situation dans la zone de désescalade de Homs est restée calme dans l'ensemble. Des provocations isolées de Nosra et de leurs alliés ont été constatées au nord de la province de Hama.
Dans la province de Deir ez-Zor sont apparus des signes de normalisation de la vie sur les territoires libérés de Daech. Dans les premières semaines de février, près de 300 familles sont revenues dans leur foyer d'Abou Kemal. Pour faciliter ce processus, les autorités construisent des traversées sur l'Euphrate. Le passage frontalier à la frontière irako-syrienne fonctionne désormais normalement. Pendant le déminage des villes d'Abou Kemal et d'al-Mayadin, de nouvelles caches d'armes de Daech ont été retrouvées, notamment d'origine israélienne. De l'autre côté de l'Euphrate, une nouvelle attaque non sélective de l'aviation de la coalition menée par les USA contre un camp de déplacés internes a fait plus de 10 victimes.
Nous suivons attentivement l'évolution de la situation à l'intérieur de la zone de désescalade d'Idleb où, selon les informations rapportées, ont lieu des affrontements entre l'union récemment formée entre l'opposition syrienne armée Front de libération de la Syrie (Jabhat Tahrir Souriya) et al-Nosra (Hayat Tahrir al-Cham). Au final, Nosra recule, abandonnant ville après ville.
Nous restons très préoccupés par les actions de la coalition menée par les USA en Syrie, notamment par la poursuite du blocage, par les partenaires américains de l'accès humanitaire au camp de déplacés internes de Roukban situé dans la zone de "deconflicting" de 55 km délimitée par les USA. Cette position va à l'encontre de la résolution 2401 du Conseil de sécurité des Nations unies. La présence illégale de militaires américains dans la région autour d'al-Tanf et leur blocage de l'artère de transport primordiale entre Damas et Bagdad représente une grossière violation de la souveraineté de la Syrie.
Au fur et à mesure que, sur le terrain, les radicaux redoublaient d'efforts pour empêcher la trêve, leurs sponsors extérieurs et les médias engagés propageaient l'hystérie concernant le prétendu non respect de la résolution 2401 du Conseil de sécurité des Nations unies par Damas et Moscou. Je voudrais dire également que la Russie a voté pour la résolution et qu'immédiatement après son adoption, en coordination avec le gouvernement syrien légitime, elle a entrepris des démarches concrètes pour appliquer ses thèses principales, telles qu'elles sont exprimées dans le texte du document. Cependant, il ne faut pas espérer que nous empêcherons les autorités syriennes de lutter contre les terroristes, notamment ceux qui ont bombardé plusieurs fois la représentation diplomatique russe à Damas. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en a parlé plusieurs fois en commentant la résolution adoptée, et cela a également été évoqué dans les déclarations et les commentaires du Ministère russe des Affaires étrangères.
Pour remplir la résolution 2401 du Conseil de sécurité des Nations unies, il ne faut pas de fakes sans signature accusant le gouvernement légitime de la Syrie, de la Russie et de l'Iran de violer les résolutions 2254, 2268 et 2401 du Conseil de sécurité des Nations unies, mais des actions concrètes qui doivent déboucher sur la séparation entre ceux qui sont prêts à soutenir le cessez-le-feu et les terroristes, afin d'éliminer sur l'ensemble du territoire syrien les organisations terroristes reconnues comme telles par le Conseil de sécurité des Nations unies et d'établir le processus de paix dans ce pays sur la base de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies et en tenant compte des décisions prises au Congrès du dialogue national syrien de Sotchi.
Sur les conséquences humanitaires provoquées par l'opération de prise de Raqqa par la coalition menée par les USA
Nous sommes particulièrement préoccupés par la situation à Raqqa, centre administratif de la province éponyme au nord de la Syrie. Avant la crise qui a commencé en 2011, la population de cette ville avoisinait les 300 000 habitants, mais au fur et à mesure de la prise de territoires syriens à l'est de l'Euphrate par Daech en 2014, elle a augmenté jusqu'à 800 000 habitants à cause des déplacés internes. Par la suite, tous ces civils sont ensuite devenus malgré eux les boucliers humains du pseudo-califat de Daech qui avait transformé Raqqa en sa "capitale".
En novembre 2016, les Forces démocratiques syriennes (FDS), toujours représentées essentiellement par les Kurdes, ont lancé une opération pour libérer Raqqa des terroristes, qui s'est achevée en octobre 2017. Durant toute cette période, les FDS étaient activement soutenus par l'aviation et l'artillerie de la coalition anti-Daech menée par les USA, qui ont littéralement submergé la ville d'obus et de bombes aériennes, notamment contenant du phosphore blanc. Pendant presque un an, les quartiers de Raqqa et ses habitants encerclés ont subi une destruction méthodique. Les conseillers étrangers qui dirigeaient l'opération ne voulaient pas entendre parler de la mise en place de couloirs humanitaires ou de pauses humanitaires, ni d'évacuation médicale ou de fourniture de fret humanitaire pour les personnes dans le besoin.
Actuellement, on trace très souvent des parallèles avec ce qui se passait, par exemple, à Alep. Je voudrais rappeler que quand l'armée syrienne, soutenue par l'aviation russe, menait des opérations pour éliminer les terroristes, c'était toujours fait - et avant tout - en évaluant les possibilités de préserver les vies et d'assurer la sécurité des civils. Je voudrais également rappeler combien de fois, dans cette salle, nous avons parlé de l'installation de webcams dont les images sont retransmises sur le site du Ministère russe de la Défense, qui filment la situation des couloirs humanitaires, des opérations planifiées et réalisées pour fournir des cargaisons humanitaires, pour apporter une aide médicale à ceux qui quittaient les zones où l'on procédait au nettoyage des terroristes.
Le sort de la population civile de Raqqa n'intéressait pas ceux qui ont dirigé cette opération, tout comme il n'intéressait pas la communauté occidentale. Tous les cas connus de brèves trêves annoncées par les commandants des FDS sont liés aux épisodes quand les unités les plus opérationnelles de Daech entièrement armées étaient évacuées de Raqqa pour être projetées à Deir ez-Zor et dans d'autres zones de confrontation avec les forces gouvernementales.
Après plusieurs mois de siège, la ville de Raqqa a été de facto rayée de la surface de la Terre. En témoignent les images prises par les drones, qui sont en accès libre sur internet. Les immeubles résidentiels, les écoles, les hôpitaux et les boulangeries ont été détruits. Les systèmes d'alimentation en eau et de canalisation sont détruits. Il n'y a pas d'électricité. Selon les témoins, dans plusieurs quartiers de la ville se répand la puanteur des corps restés sous les décombres. Le monde occidental ne veut rien savoir à ce sujet. Les journalistes occidentaux ne veulent pas écrire à ce sujet. Les organisations humanitaires qui suivaient si attentivement toutes les actions des forces gouvernementales à Alep ne veulent pas prêter attention à la situation à Raqqa.
Raqqa déborde littéralement aussi bien de pièges mortels laissés par les terroristes que d'obus de la coalition qui n'ont pas explosé, qui attendent partout de nouvelles victimes. Sachant que les déclarations de certains pays occidentaux sur leur intention d'allouer des fonds pour le déminage de Raqqa sont restées en suspens.
Il est difficile de juger quel sera le sort des plusieurs centaines de milliers de civils qui se trouvaient dans cette ville au début du siège, combien d'entre eux doivent aujourd'hui subir une existence dans des conditions horribles. Raqqa est aujourd'hui une ville-fantôme où cependant, à en croire les médias, existe un certain "conseil local". Néanmoins, on ignore qui il représente et ce dont il est responsable. Peut-être que l'Observatoire des droits de l'homme en Syrie nous le dira?
On ne peut pas parler d'un rétablissement de l'administration légitime dans cette province syrienne dans l'ensemble et dans la ville de Raqqa en particulier. Les USA, installés à l'est de l'Euphrate en violant la souveraineté de la Syrie, ne laissent pas entrer non seulement les représentants des militaires syriens ou des autorités civiles, mais également des organisations humanitaires internationales et des médias.
Par ailleurs, selon les informations parvenant à filtrer à travers ce "rideau de fer", les habitants restés à Raqqa ont cruellement besoin d'aide humanitaire. A cet égard, la Russie a avancé l'initiative de créer une mission d'évaluation internationale qui pourrait apporter une note indépendante et impartiale sur la situation actuelle dans les territoires de facto contrôlés par les USA, évaluer les besoins des Syriens qui s'y trouvent et élaborer les schémas de réaction d'urgence dans les conditions actuelles.
Nous nous devons d'attirer l'attention de la communauté internationale et notamment des États qui font partie de la coalition anti-Daech sur le fait que l'article 10 de la résolution 2401 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 24 février appelle directement toutes les parties à contribuer à la livraison d'aide humanitaire aux personnes dans le besoin sur tout le territoire syrien, et à fournir aux agences humanitaires un accès sûr et libre à toutes les zones où la situation humanitaire demeure difficile, et par conséquent à Raqqa qui, d'ailleurs, est mentionnée deux fois dans le texte de cette résolution.
Dans le même temps, au lieu de contribuer au règlement du problème de cette ville syrienne qui souffre énormément, comme en réponse à l'initiative russe, on entend dans les médias des déclarations en tout genre de "militaires responsables" de l'"absence de valeurs dans les efforts parallèles de la Russie" pour le processus de paix en Syrie. A cet égard, on voudrait répondre à ce genre d'"analyse": la Russie n'a jamais fait d'efforts "parallèles" ou "perpendiculaires". Nos actions visent à appliquer de manière universelle et rigoureuse les termes des résolutions 2254 et 2401 adoptées à l'unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies. La Russie apporte continuellement à ce processus une contribution pratique conséquente, contrairement à certains partenaires qui, selon nous, continuent d'essayer de réaliser en Syrie leurs propres idées géopolitiques qui n'ont rien à voir avec les intérêts d'un règlement à long terme du conflit syrien.
Je voudrais rappeler qu'à l'époque on nous parlait constamment d'Alep, que rien n'allait et que tout était de travers. Selon le maire d'Alep (un homme qui, d'une manière ou d'une autre, a pris la responsabilité de diriger cette ville qui souffre tant), la ville abrite près de 200 000 habitants. Alors inutile de nous faire la leçon. Je sais bien que les informations que nous annonçons rendent certains furieux. Mais c'est la vérité.
Sur l'accès aux citoyennes russes détenues dans des établissements pénitentiaires irakiens et la situation autour d'elles
Selon certaines informations, à l'heure actuelle 22 femmes russophones et 49 enfants, qui pourraient être des citoyens russes, sont détenus dans une prison de Bagdad avec des citoyennes et des enfants d'autres pays.
Les femmes font l'objet d'une enquête et tant qu'elle n'aura pas abouti, il leur est interdit d'entrer en contact avec d'autres personnes, y compris les diplomates étrangers. L'accès des diplomates de l'Ambassade de Russie à Bagdad est donc impossible pour l'instant.
A l'issue de l'enquête, les autorités irakiennes comptent organiser des procès sur les affaires des femmes et des veuves de combattants étrangers de Daech parmi lesquelles pourraient se trouver des citoyennes russes. Elles seront inculpées pour séjour illégal sur le territoire irakien et implication dans une activité terroriste, ou complicité d'activité terroriste. Si leur culpabilité était avérée, elles risquent la peine capitale, la prison à vie ou une longue peine de prison. La loi irakienne sur la lutte contre le terrorisme se distingue par des formulations très sévères. Les personnes impliquées dans les crimes de Daech sur le territoire irakien peuvent difficilement compter sur l'indulgence des autorités judiciaires.
Le problème est aggravé par les difficultés pour identifier les femmes et leurs enfants se trouvant en prison. Certaines d'entre elles ont intentionnellement détruit leurs documents et désinforment les autorités irakiennes sur leur nationalité, d'autres ont réellement perdu leurs documents dans les opérations militaires. Vous comprendrez qu'il est encore plus difficile de déterminer la nationalité des enfants en bas âge puisqu'ils ne parlent aucune langue.
Néanmoins, l'Ambassade de Russie à Bagdad mène continuellement et activement un travail pour découvrir la nationalité de ces personnes, les circonstances de leur arrivée et de leur séjour en Irak et la raison des arrestations. Des notes ont été envoyées aux ministères compétents pour demander d'autoriser la visite de la prison par les diplomates du service consulaire de notre Ambassade à Bagdad, conformément aux normes internationales. En cas d'établissement de la citoyenneté russe d'une de ces femmes, il est prévu de garantir leur droit d'avoir une défense au tribunal grâce aux avocats locaux et de faire appel en cas de verdicts sévères.
Nous nous attendons prochainement à un progrès dans les positions des autorités irakiennes en ce qui concerne l'octroi à nos diplomates à Bagdad du droit de rendre visite aux femmes supposées avoir la citoyenneté russe.
Quant aux enfants, les autorités irakiennes ne s'opposaient jamais et ne s'opposent pas à leur retour dans leur pays natal à condition de rédiger correctement les documents nécessaires en Russie et de leur transfert par l'Ambassade de Bagdad aux services judiciaires locaux. A ce que l'on sache une expérience suffisante a été accumulée en la matière. Depuis l'été 2017 et à ce jour 24 femmes et 73 enfants ont été rapatriés en Russie d'Irak et de Syrie.
Je voudrais répéter que cette question est suivie constamment par le Ministère russe des Affaires étrangères parce que nous recevons de nombreuses requêtes, lettres et demandes des proches et des régions russes. Nous nous en occupons régulièrement. Quand c'est possible, nous pouvons rendre publiques certaines informations.
Sur la situation au Yémen
Suite à une nouvelle escalade des activités militaires, la situation est de plus en plus catastrophique au Yémen. Nous avons affaire à "la plus grave crise humanitaire de notre époque". Ce n'est pas seulement notre avis. Cette citation est confirmée par les statistiques dévoilées durant un briefing de l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'Onu pour le Yémen Ismail Ould Cheikh Ahmed (aujourd'hui il a terminé son travail à ce poste) le 27 février devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Cette information et ces données ont également été présentées et confirmées par John Ging, Directeur des opérations du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Quels sont ces chiffres? 22,2 millions de personnes ont actuellement besoin d'aide humanitaire. Plus de 8,5 millions de personnes souffrent de famine, majoritairement des enfants, évidemment. Plus d'un million souffrent de choléra et de diphtérie – nous sommes au XXIe siècle! 2 millions de Yéménites sont aujourd'hui des déplacés internes.
Quand la délégation russe a participé au travail du Conseil des droits de l'homme (CDH) et de la Conférence pour le désarmement au bureau de l'Onu à Genève, j'ai été approchée par un journaliste occidental qui a demandé si nous pensions aux enfants syriens tués. Nous en parlions déjà avant que l'Occident ne connaisse en principe la situation des enfants syriens, et avant la phase active de l'évolution de la crise humanitaire. J'ai une autre question: est-ce que quelqu'un se souvient en Occident des enfants yéménites? Est-ce qu'on accourt vers d'autres délégations pour demander si elles savent ce qui se passe avec les enfants yéménites? Et je vais encore parler aujourd'hui d'enfants dans d'autres points chauds. D'ailleurs, puisque nous parlons d'enfants en Syrie. C'est la Russie qui les hospitalise et leur apporte une aide humanitaire, aussi bien en Syrie qu'à ceux qui viennent dans notre pays. Nous y pensons. Et surtout – ce n'est même pas un travail sur les conséquences. Le plus important est que nous en avons parlé avant le début de cet enfer qui règne dans les régions concrètes de la Syrie dont j'ai déjà parlé aujourd'hui.
Selon nos estimations les plus modestes, en trois ans de conflit au Yémen au moins 9 200 personnes ont été tuées et plus de 50 000 ont été blessées. Les bombardements aériens continuent d'infliger d'immenses dommages à l'infrastructure civile de ce pays. Des écoles, des hôpitaux et des sites de transport ont été détruits. On ressent une forte pénurie de médicaments, et pour cette raison de nombreux Yéménites meurent à cause de maladies parfaitement curables à notre époque. 1,5 million de fonctionnaires, aussi bien au nord qu'au sud du pays, ne reçoivent pas de salaire depuis plus d'un an et demi.
La situation a commencé à s'améliorer légèrement après la levée du blocus des ports yéménites par l'Arabie saoudite. Néanmoins, l'aéroport de Sanaa reste fermé à l'aviation civile et les acteurs du conflit continuent de créer des obstacles aux convois humanitaires.
Il serait utile de noter que plusieurs délégations au Conseil de sécurité des Nations unies, affichant une activité hypertrophiée sur la Syrie et cherchant à agir avec des intentions prétendument humanitaires (comme ils nous le disent), sont bien plus discrètes en ce qui concerne la catastrophe yéménite.
Nous sommes absolument convaincus qu'il n'existe pas de solution militaire au conflit yéménite. Il faut chercher des solutions pour lancer le processus de paix sans conditions préalables. Les belligérants doivent revenir à la table des négociations. Un rôle clef revient au nouvel envoyé spécial du Secrétaire général de l'Onu pour le Yémen Martin Griffiths, à qui nous souhaitons de la réussite. Nous comptons sur sa capacité à tirer les conclusions nécessaires du travail effectué par son prédécesseur.
Sur les nouvelles exactions des radicaux en Ukraine
Nous observons avec inquiétude la poursuite de la radicalisation de la situation en Ukraine. Les 17 et 18 février, des nationalistes et des russophobes forcenés, avec le consentement absolument silencieux des forces de l'ordre ukrainiennes, ont commis une attaque contre le Centre scientifique et culturel russe et la représentation de Rossotroudnitchestvo, ainsi que des bureaux de banques russes à Kiev. Nous n'entrerons pas dans les détails sur cet incident car nous avons déjà fait un commentaire à ce sujet le 19 février. Nous noterons seulement que nos appels adressés à l'Ukraine pour mettre un terme à de telles exactions des radicaux et réunir les conditions pour un travail sûr des établissements russes en Ukraine sont restés sans réaction appropriée.
Moins d'une semaine plus tard a été attaquée notre Consulat général à Odessa: le 27 février une trentaine d'activistes d'organisations nationalistes d'Odessa ont jeté des fumigènes sur le territoire de l'établissement diplomatique russe, ont versé de la peinture sur la barrière et ont crié des injures envers la Russie. Cela a été observé silencieusement par près de 50 policiers ukrainiens qui n'ont opposé aucun obstacle. Les actions de plus en plus fréquentes contre les établissements russes en Ukraine, ainsi que l'inaction des forces de l'ordre qui y assistaient montrent que ces attaques sont inspirées par les autorités ukrainiennes qui appliquent obstinément leur ligne de nationalisme agressif à orientation néonazie.
Dans une interview, j'ai mentionné le discours du Président américain George H. W. Bush en 1991 à Kiev, qui mettait en garde le peuple ukrainien contre le nationalisme. Son discours contient un passage qui bouleverse effectivement l'imagination des hommes qui s'occupent de près de l'Ukraine, où il qualifie le nationalisme de "suicidaire". Comme s'il avait prévu que le nationalisme n'était pas un simple trait négatif. Chaque État et nation sont confrontés à des manifestations de radicalisme. Mais il y a également des particularités. Le Président George H. W. Bush disait en 1991 que son pays ne soutiendrait pas ce nationalisme "suicidaire" dans le contexte de l'Ukraine et de ses habitants.
Les actions des radicaux ne portent pas atteinte seulement aux représentations russes. En février, deux attaques ont été commises contre la Société de culture hongroise en Transcarpatie. Il ne fait aucun doute que ces événements sont une réaction à la position ferme et intransigeante du gouvernement hongrois pour la défense des droits et des intérêts des minorités nationales en Ukraine. Au lieu d'enquêter consciencieusement sur les attaques de bandits, dans les meilleures traditions de russophobie, Kiev a immédiatement tenté de rejeter la responsabilité sur la Russie en parlant d'une prétendue "trace russe" dans cette affaire. D'où la question: est-ce Moscou également qui a attaqué nos sites diplomatiques?
Nous appelons les structures internationales à donner une estimation appropriée aux événements en Ukraine (avant qu'ils ne tuent tout le monde), à cette anarchie et à exiger de Kiev de respecter les normes internationales afin d'assurer un fonctionnement sûr des établissements étrangers, ainsi qu'à mener une enquête, à trouver et à sanctionner les responsables des attaques contre les représentations étrangères.
Évidemment, chaque fois, nous appelons les structures internationales qui se focalisent toujours sur les droits de l'homme à donner leur appréciation. Certes, il y a peu d'espoir parce que jusqu'à présent ceux qui s'occupent et sont impliqués notamment dans le règlement du conflit ukrainien n'ont toujours pas donné leur avis sur la loi sur la "réintégration" du Donbass. Aucune estimation n'a été donnée jusqu'à présent en dépit des nombreuses requêtes.
Nous voudrions noter que la Russie remplit à part entière ses engagements pour créer les conditions favorables au travail des établissements étrangers sur son territoire, y compris les représentations ukrainiennes. Par exemple, le Centre culturel d'Ukraine à Moscou sur la rue Arbat travaille sans obstacles, conformément à l'accord entre le gouvernement russe et le cabinet ukrainien sur la mise en place et les conditions de l'activité des centres culturels d'information du 27 février 1998.
Ces derniers temps, l'Ukraine tente de continuer de revendiquer le rôle de newsmaker. Les déclarations odieuses et parfois simplement absurdes des politiciens ukrainiens, l'adoption de lois discriminatoires, les exactions permanentes des radicaux sont devenues la norme dans la vie politique en Ukraine.
A première vue, il était impossible d'aller plus loin - mais la perfection n'a pas de limites. Kiev est arrivé à un point où il se permet de s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres États pour leur dire comment ils doivent organiser le processus électoral. Je veux parler d'une note du Ministère ukrainien des Affaires étrangères du 21 février concernant l'élection présidentielle russe du 18 mars 2018. Cette note, qui prétend être un document, n'a suscité chez nous rien d'autre que de la confusion. Dans celle-ci, en violant les normes et les règles universelles, l'Ukraine tente de dicter les règles des procédures électorales en Russie et dans les bureaux de vote mis en place dans les locaux de l'Ambassade de Russie à Kiev et dans les consulats généraux russes à Odessa, à Lvov et à Kharkov qui disposent de l'immunité diplomatique.
A cet égard, je voudrais rappeler que la Fédération de Russie est un État souverain qui, conformément à la Constitution, détermine lui-même le déroulement des élections présidentielles sur l'ensemble du territoire du pays, y compris évidemment en République de Crimée et dans la ville fédérale de Sébastopol, qui sont devenues partie intégrante de la Russie grâce à la réalisation du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes fixé par l'article 1 de la Charte de l'Onu et dans les Pactes internationaux sur les droits politiques civils et sur les droits économiques, sociaux et culturels. Nous ne cessons pas de répéter que la décision du peuple de la Crimée est définitive et irréversible, et que le statut de la République de Crimée en tant que sujet de la Fédération de Russie est fixé par la Constitution russe.
Nous espérons que l'Ukraine respectera les engagements internationaux et bilatéraux, notamment la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961, la Convention de Vienne sur les relations consulaires de 1963, la Convention consulaire entre la Russie et l'Ukraine, et que toutes les mesures nécessaires seront prises pour garantir la sécurité des établissements diplomatiques russes en Ukraine, ainsi que des citoyens russes se trouvant sur le territoire ukrainien qui participeront à l'élection présidentielle russe.
Sur la situation des médias en Ukraine
La situation des médias en Ukraine continue d'évoluer dans un sens dramatique. Leur travail est bloqué et les journalistes subissent diverses pressions allant jusqu'aux violences physiques. Ces cas, y compris les assassinats de journalistes, ne font l'objet d'aucune enquête appropriée par les forces de l'ordre ukrainiennes, ce qui montre une fois de plus que les répressions ont lieu à l'initiative de Kiev.
Selon l'Union nationale des journalistes d'Ukraine, rien que pendant la période de l'"euro-Maïdan" à Kiev (novembre 2013-février 2014), 271 attaques contre des journalistes et des rédactions de médias ont été recensées, qui restent impunies. Après le coup d’État ont eu lieu des assassinats systématiques, des passages à tabac et des arrestations de journalistes ukrainiens, ainsi que des déportations de journalistes étrangers. Quand nous disons que des sites russes sont souvent attaqués en Ukraine, on nous répond souvent que nous avons actuellement certaines relations avec l'Ukraine et qu'il faut le prendre en compte. Les relations de l'Ukraine avec ses citoyens et avec les médias seront-elles également justifiées par des thèses similaires?
On est arrivé à un point où les journalistes de ce pays sont contraints de fuir. Quelles sont les valeurs qui guident l'Ukraine dans de tels actes?
Personne ne semble mener une enquête, à ce que l'on sache. Au lieu de cela, les forces de l'ordre ukrainiennes exécutent des ordres politiques et participent directement à la répression physique des médias jugés indésirables. Dernier exemple en date: le 8 février, des policiers se sont introduits dans les locaux du journal Vesti pour les fouiller. Ils ont pris pour prétexte un litige entre des entités économiques. En réalité, ils ont simplement bloqué le travail de la publication.
De quelles conditions de travail des médias peut-on parler en principe dans une situation de nihilisme juridique total? Quand nous nous sommes adressés aux structures internationales concernant les actions discriminatoires des autorités ukrainiennes contre les médias russes, on nous a répondu que cela relevait de nos affaires avec l'Ukraine. Voilà un exemple de la situation des médias sur le territoire de ce pays. Ce n'est pas une question d'attitude uniquement envers les médias russes, mais une tendance qui s'est déjà affirmée.
Une nouvelle fois, nous appelons la communauté internationale à exprimer résolument sa position par rapport à la situation actuelle. Nous nous adressons également aux organisations européennes des droits de l'homme dont les pays ont activement soutenu l'"euro-Maïdan" pour qu'elles donnent une appréciation à la situation actuelle en Ukraine.
Sur la situation en Moldavie autour de la loi sur la lutte contre la "propagande étrangère"
Nous avons déjà commenté plusieurs fois la situation en Moldavie autour de la loi discriminatoire sur la lutte contre la "propagande étrangère". Nous avons appelé les structures internationales compétentes et les organisations des droits de l'homme à donner une appréciation d'experts objective aux actions des autorités moldaves concernant leur conformité avec les principes fondamentaux et les normes du droit international. Il n'y a toujours pas de réaction adéquate. Plus exactement: il y a une réaction, mais dont l'ampleur ne correspond pas à l'importance de cette question.
Les chefs des missions diplomatiques des USA et de l'UE en Moldavie se sont exprimés à ce sujet et ont noté que cette approche ne correspondait pas aux normes diplomatiques. Malheureusement, malgré cela, la pression sur les médias continue de prendre de l'ampleur en Moldavie. Après la chaîne publique de l'autonomie de Gagaouzie, TV-Gagauzi, le 26 février le conseil moldave de télévision et de radio a infligé une amende à la chaîne RTR-Moldova pour la diffusion de sujets d'information de la chaîne Rossiya 1. Si la chaîne n'acceptait pas de changer sa grille de diffusion, elle risquerait une amende plus élevée et pourrait même perdre sa licence.
Nous voyons donc un pays européen aspirant à devenir membre de l'Union européenne dériver vers les pratiques totalitaires de contrôle et de pression directe sur les médias indésirables pour les autorités, allant jusqu'à interdire leur activité. Nous exprimons une protestation ferme face aux actions antidémocratiques de Chisniau visant à réprimer la liberté d'expression.
Malheureusement, tout cela est présenté sous la forme du suivi de l'expérience progressiste de l'UE. On dit que la législation moldave est adaptée aux normes de la Convention européenne sur la télévision transfrontalière. Est-ce que l'UE en a entendu parler?
Sur les divergences dans les déclarations des représentants officiels américains concernant l'évolution des relations russo-américaines
Nous avons noté des divergences manifestes dans les appréciations des relations bilatérales et globalement des approches de la Russie et des événements dans ce pays de la part de différents représentants officiels américains. Une déclaration a été récemment faite par des représentants officiels concernant les relations russo-américaines. Le 28 février, la porte-parole du Département d’État américain Heather Nauert a déclaré qu'elle n'était pas "certaine que les USA et la Russie puissent avancer davantage dans la normalisation des relations". Dans le même temps, la veille, le 27 février, l'Ambassadeur des USA en Russie Jon Huntsman a déclaré devant des étudiants de Kazan qu'il abordait avec optimisme l'année 2018 qui pourrait se terminer "sur une meilleure note qu'aujourd'hui". Selon lui, les relations bilatérales pourraient s'améliorer cette année, ce qui permettrait de régler plusieurs problèmes. L'Ambassadeur a noté également qu'il fallait le faire progressivement sans "reculer" dans le développement des relations d'affaires et d'investissement, dans le maintien des contacts entre les citoyens. C'est une grande dissonance. Tout cela suscite forcément une certaine inquiétude.
De toute évidence, il existe deux approches du développement de nos relations bilatérales aux USA. La première est prévue pour le consommateur national aux USA et pour la réaction internationale. Aux yeux des citoyens américains, plusieurs représentants de l'establishment politique américain créent une image de la Russie comme étant un pays horrible et diabolisent constamment notre État. La même idée est propagée par les journalistes qui couvrent les relations internationales aux USA.
La seconde approche est prévue pour les Russes. On veut probablement nous montrer que les USA font tout pour développer les relations entre les deux pays, mais que quelque chose ou quelqu'un les empêche de le faire. J'ai cité les déclarations de deux représentants officiels du pays, prononcées à un intervalle de quelques heures. On passe directement des doutes quant à la possibilité d'aller de l'avant dans la normalisation de nos relations aux perspectives d'améliorations dès cette année. C'est fort, non?
Je comprends parfaitement que parfois, des décennies sont nécessaires pour se débarrasser des caractéristiques et des tendances de développement de la société. Il faut encore du temps pour que les USA se débarrassent de la ségrégation au sein de leur société.
Je voudrais répéter que si le Département d’État américain osait encore qualifier nos journalistes présents à la conférence de presse de "journalistes de Russie" et, pour cette raison, cessaient de communiquer avec eux, nous ferions ce que nous avons promis. Nous créerions des espaces spéciaux pour des "journalistes des USA". Ce comportement est inadmissible. Si, il y a quelques décennies aux USA, on ne laissait pas entrer dans un même bus des gens de couleur différente, il faut se débarrasser de cette pratique et ne pas séparer, au début du XXIe siècle, les journalistes en fonction de leur pays et de leur nationalité. Ce sont des journalistes qui font leur travail. Certes, ils ont une citoyenneté, certes ils sont venus de Russie, mais en fonction de leur pays d'origine vous n'avez pas le droit de leur refuser un accès à l'information. Encore une fois je répète que si cela se reproduisait, nous créerions des places pour les journalistes des USA, des places spécialement imparties au Centre de presse du Ministère russe des Affaires étrangères et aux conférences de presse pour que vos journalistes ressentent ce que c'est.
Je remercie beaucoup les journalistes américains qui ont défendu le droit de leurs collègues russes à l'accès à l'information et à une attitude égale à leur égard.
Sur l'ingérence systématique des USA dans les élections d'autres pays
On nous demande souvent ce que nous voulons dire quand nous parlons d'ingérence systématique des USA dans les élections d'autres pays. Nous citons différents exemples. Mais le mieux serait de lire le livre de l'ancienne Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton. Pas le dernier, intitulé "What Happened", mais celui qui a été écrit à l'issue de son activité en tant que Secrétaire d’État. Dans ce livre, chaque page explique plusieurs fois comment les USA s'ingéraient dans les affaires intérieures de différents pays et modélisaient les processus de la vie de ces États, ce qu'ils faisaient pour soutenir les différents régimes qui les intéressaient ou non. Tout y est écrit. Ce n'est pas simplement en accès ouvert, c'est vendu en magasin.
Sur les prétendus plans de la Russie de dénoncer la Convention européenne des droits de l'homme et la sortie de la Russie du Conseil de l'Europe
Hier, nous avons reçu de nombreuses requêtes de la part de correspondants russes et étrangers nous demandant de commenter l'information apparue dans les médias sur les prétendus plans des autorités russes de dénoncer la Convention européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales et, par conséquent, de sortie de la Russie de la juridiction de la Cour européenne des droits de l'homme et du Conseil de l'Europe.
Honnêtement, je ne peux ni réfuter ni confirmer cette information. Il est évident que les relations entre l'APCE, la CEDH et la Russie traversent actuellement une crise. Nous exprimons régulièrement notre préoccupation vis-à-vis de la situation affligeante à l'APCE: la Russie ne participe plus à ses sessions depuis fin 2014, quand les pouvoirs de notre délégation avaient été restreints. Or, de la compétence de cet organe relève la prise de nombreuses précisions importantes, notamment l'élection des juges de la CEDH ainsi que des responsables importants du Conseil de l'Europe.
Dans ce contexte, l'absence pour la Russie de la possibilité de participer au vote sur des questions aussi importantes influence directement, d'après nous, la légitimité des décisions prises vis-à-vis de notre pays par cet organe au sein duquel notre vote n'est pas pris en compte.
Nous transmettons régulièrement à nos partenaires de l'UE nos préoccupations concernant une interprétation ingénieuse (et parfois odieuse) par la CEDH des termes de la Convention européenne des droits de l'homme allant à l'encontre des normes du droit international et du principe du rôle subsidiaire, et donc auxiliaire, de la Cour. Plusieurs décisions politisées contre notre pays sont un exemple flagrant de l'application du deux poids deux mesures par la Cour, comme le déclarent les représentants russes pendant les réunions spéciales du Comité des ministres du Conseil de l'Europe.
Nous espérons que les efforts communs pour surmonter les difficultés dans les relations entre la Russie et le Conseil de l'Europe déboucheront prochainement sur le rétablissement d'une coopération à part entière dans l'esprit des objectifs de l'Organisation fixés par sa Charte.
Réponses aux questions:
Question: Que pensez-vous des communiqués selon lesquels le Département d’État américain aurait donné l'autorisation de livrer des lance-missiles Javelin en Ukraine? La reprise des négociations au "format Normandie" est-elle possible dans ces conditions?
Réponse: Nous demandons ouvertement et publiquement à nos collègues américains et européens, aux représentants des pays qui parlent de la situation en Ukraine avec la Russie, s'ils ont évalué et analysé toutes les conséquences, ce qu'ils cherchent à faire. A régler le conflit? Pour cela il y a les Accords de Minsk. Tout y est écrit. Il n'a jamais été mentionné que des fournitures d'armements pouvaient aider à régler la situation. Ces accords parlent en revanche d'un plan de règlement progressif à mettre en œuvre pas à pas. Et pour qu'il soit appliqué par les belligérants, il faut apporter toute la contribution nécessaire et que les différents pays qui en ont les moyens exercent leur pression sur les belligérants. C'est tout. Les Accords de Minsk ne mentionnent rien concernant les armes.
Question: Des informations ont été publiées hier, y compris sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères, concernant l'entretien entre les vice-ministres des Affaires étrangères du "quintet capsien". A-t-on dévoilé les détails des pourparlers? Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est ensuite entretenu par téléphone avec les ministres des Affaires étrangères de l'Iran et de l'Azerbaïdjan. Est-ce en relation avec les préparatifs du sommet à venir?
Réponse: Je demanderai des précisions à ce sujet et nous vous donnerons prochainement des informations supplémentaires, si cela est possible. Je peux dire que la Russie évoque régulièrement le thème de la mer Caspienne avec ses collègues azerbaïdjanais et iraniens, parce qu'il est d'actualité pour nos pays.
Question: Un nouveau président a été élu en Arménie et il prendra ses fonctions le 9 avril. Comment la Russie a-t-elle l'intention de construire ses relations avec lui?
Réponse: De telles déclarations sont la prérogative du Président russe. Nos relations avec l'Arménie sont historiques, leur orientation est fixée dans les documents bilatéraux, c'est pourquoi nous partons du fait que le développement sera tel qu'il est prévu par les accords bilatéraux, c'est-à-dire basé avant tout sur les principes de prospérité et les intérêts des peuples des deux pays.
Question: Trouvez-vous utile le retour de Stepanakert à la table des négociations sur le problème du Haut-Karabagh?
Réponse: Notre position concernant le processus de paix dans le Haut-Karabagh est bien connue, elle est exprimée dans les documents concernés sur le site du Ministère et n'a pas changé. S'il y avait une nuance ou une évolution de la situation à ce sujet, nous vous en informerions.
Question: Le Président russe Vladimir Poutine a déclaré hier que l'apparition de missiles de croisière n'était pas du bluff. Il insinuait probablement que certains pourraient le penser à 17 jours des élections.
Réponse: Je pense que beaucoup voudraient que ce soit du bluff.
Question: D'après vous, la communauté internationale a-t-elle une possibilité de s'assurer de l'existence de ces missiles?
Réponse: Je voudrais rappeler que le commentaire, qui plus est officiel, concernant l'allocution du Président russe est une prérogative des structures russes compétentes, ainsi que la mise en œuvre des directives du Président russe, ce qui figure, vous le savez, dans les documents appropriés, dans la Constitution.
En ce qui concerne la possibilité ou non de s'assurer de l'existence de ces missiles, je voudrais poser une question non pas rhétorique mais tout à fait pratique: est-ce qu'un jour la Russie a renoncé à la coopération militaire, à échanger des informations? Regardez le nombre d'activités organisées par notre Ministère de la Défense. Un centre spécial a été construit à Moscou à cet effet, où viennent des délégations étrangères, des attachés de défense, où l'on organise des activités pour les médias. Il me semble que l'ouverture et la volonté d'un travail conjoint affichées par notre Ministère de la Défense sont sans précédent aussi bien pour le monde entier que pour notre pays. Honnêtement, on ne peut pas dire que nous étions particulièrement ouverts au XXe siècle. Mais les temps changent, l'ouverture et la coopération sont devenues notre carte de visite, notamment dans les domaines comme la défense, l'industrie de l'armement, etc. Quand il y a de l'intérêt et des questions, la Russie est toujours ouverte à y répondre. Je répète: rendez-vous sur le site du Ministère de la Défense, regardez le nombre d'activités qu'il organise avec la participation de spécialistes, d'experts et d'observateurs étrangers.
Même si cela ne concerne pas tout à fait le thème de votre question, concrète et très étroite, je voudrais attirer votre attention sur un fait dont nous avons parlé à de nombreuses reprises. Nous avons toujours proposé de régler ensemble tous les problèmes que nous présagions concernant la stabilité internationale et la sécurité – par exemple la défense antimissile. Il y a quelques années, une grande conférence de presse entièrement organisée par la Russie et pas simplement à son initiative s'est déroulée à Moscou, non loin du Ministère des Affaires étrangères. Peut-être que certains d'entre vous l'ont couverte, je pense que nos anciens correspondants d'Amérique latine se souviennent de la conférence sur l'ABM. C'était un très grand événement, auquel la Russie avait invité nos partenaires occidentaux - les USA et d'autres pays - pour une discussion concrète et substantielle. Approximativement au même format, sous la forme de vidéos, d'infographies et de calculs, avaient été présentées nos propositions sur les possibilités d'organiser la sécurité mondiale sans séparer le monde en zones de confort, en zones de sécurité, sans que la sécurité soit privatisée par certaines capitales ou régions. C'était une invitation pratique à un travail concret après toutes les déclarations politiques et les documents conceptuels.
Après cela, une fois de plus, nous n'avons reçu aucune réponse qui se serait matérialisée sous la forme d'un travail pratique appliqué. Nous avons seulement constaté l'accroissement des armements à nos frontières, le renforcement de la rhétorique agressive, l'adoption de concepts encore plus effrayants d'armement, et la répétition du slogan "personne ne peut réfréner l'agresseur" (sous-entendu la Russie). Si, auparavant, c'était encore voilé d'une certaine manière, ces dernières années on en parlait et on écrivait ouvertement à ce sujet.
Nous n'avons jamais fermé la porte à la coopération dans aucun domaine. Nous avons invité nous-mêmes, nous avons essayé d'entamer de notre côté ce travail à notre initiative. Souvenez-vous du discours du Président russe à Munich. Il y est dit beaucoup de choses sur ce que la Russie avait présagé, ce à quoi la communauté internationale devrait songer. Souvenez-vous du discours du Président russe à la réunion de l'Assemblée générale des Nations unies en 2015. N'était-ce pas une invitation au dialogue sur un thème concret impliquant précisément des actions collectives? Si l'on a pensé que l'ABM n'était pas un sujet sur lequel coopérer avec la Russie, pour une certaine raison, pouvait s'avérer bénéfique, pragmatique ou ne correspondait pas aux objectifs politiques, on ne peut pas qualifier la lutte contre le terrorisme d'inutile: elle est utile à tous, des politiciens aux citoyens. Souvenez-vous de ce discours.
C'est pourquoi je voudrais répéter que nous étions et resterons toujours ouverts (c'est la base de la Russie contemporaine) à la coopération dans différents domaines.
Question: La Russie et le gouvernement hongrois avaient promis que la construction d'une centrale nucléaire commencerait en janvier ou en février. Selon les canaux officieux, le Président russe Vladimir Poutine devait se rendre en Hongrie à cette occasion. Y a-t-il des informations à ce sujet ou sur les retards de construction?
Réponse: Je demanderai des précisions à nos experts et nous répondrons aujourd'hui.
Question: Le Président ukrainien Petro Porochenko a parlé d'une dette de la Russie liée au gaz. De quelle dette est-il question?
Réponse: Il faut le demander aux autorités ukrainiennes. Malheureusement, nous avons une expérience de coopération avec l'Ukraine dans le domaine gazier: c'est toujours compliqué, et pas par la faute de la Russie. Vous connaissez l'histoire et il faut demander à Kiev ce qui s'est passé cette fois.
Question: Après l'allocution du Président russe Vladimir Poutine devant l'Assemblée fédérale hier, les Américains ont immédiatement réagi en lançant des accusations de violation des normes internationales régulant l'utilisation de l'armement stratégique.
Réponse: Le commentaire immédiat du Département d’État américain a été suivi par un commentaire immédiat de l'Ambassadeur de Russie aux USA Anatoli Antonov, publié sur nos sites. Lisez-le. C'est un commentaire concret, professionnel et non émotionnel.
Question: Que pouvez-vous dire concernant le refus des USA de participer aux consultations d'experts russo-américaines sur la sécurité informatique internationale?
Réponse: Pour parler diplomatiquement: la situation est étrange. Et pour dire les choses franchement: elle dépasse les limites de la décence. Une entente a été conclue, des délais concrets et des paramètres ont été fixés, suivis de consultations. Entre autres, nous entendons régulièrement certains politiciens américains (sénateurs, congressistes, experts) évoquer certaines données, de nouvelles informations sur la prétendue cyberingérence et influence russe, etc. Que pouvait-il y avoir de mieux qu'une discussion dans ce format? La Russie n'était pas simplement prête, elle avait tout fait pour que ces consultations soient constructives. Au dernier moment, en dépit de l'entente convenue, les Américains, qui avaient confirmé leur participation, ont reçu l'ordre de ne pas venir. Cela a été une grande surprise pour eux-mêmes. Voilà comment vont les choses aujourd'hui. Honnêtement, je n'avais pas l'intention de commenter cette situation mais puisque vous le demandez j'explique ce qu'il en est en réalité. Voici des informations pour réfléchir à la réalité, c'est-à-dire sur les accusations infondées de prétendues cybermenaces en provenance de Russie. Nous avions proposé de parler concrètement de tout ce qui préoccupait depuis longtemps les Américains – il y avait une volonté au niveau des experts parce que les experts peuvent toujours parler – mai un signal politique a été envoyé, forçant les experts à renoncer aux consultations planifiées et même confirmées. L'agenda, le format, la date et le lieu, ainsi que les détails concrets avaient été confirmés. Je répète qu'un signal politique a été envoyé. Par qui, pourquoi et quel signal exactement? Il faut le demander aux Américains.
Question: Le quotidien Kommersant a écrit qu'un ancien collaborateur d'une ambassade russe, Ali Abianov, avait déclaré que le canal via Andreï Kovaltchouk, qui a été arrêté en Allemagne, fonctionnait depuis 2012. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Je peux le commenter par un "scoop" qui, malheureusement, n'est pas parvenu jusqu'à tous les médias: une enquête est en cours, des experts et des spécialistes travaillent depuis un an et demi. Ils travaillent d'arrache-pied avec les autorités argentines. Des démarches appropriées ont été entreprises, des interpellations ont été menées. L'enquête continue. C'est la Russie qui avait proposé à l'Argentine de coopérer à ce sujet et était intéressée avant tout par l'efficacité de l'opération qui s'est finalement déroulée avec succès. Cela a été constaté des deux côtés parce que tout a été découvert sur le territoire du site appartenant à l'ambassade russe. Je répète: l'enquête est en cours.
Malheureusement, il y aura de nombreuses fausses informations. Une nouvelle vague arrive déjà – des démentis commencent. Par exemple, aujourd'hui, le quotidien Moskovski Komsomolets a écrit un démenti concernant une publication d'hier – il était écrit partout que le suspect, un certain Kovaltchouk recherché par Interpol, était un collaborateur de l'ambassade russe. Il y avait des millions de versions selon lesquelles il était diplomate, collaborateur du Département de la sécurité, du Ministère des Affaires étrangères, spécialiste technique de l'ambassade, spécialiste technique de plusieurs de nos ambassades. C'est totalement faux et mensonger. La publication de démentis a déjà commencé. Aujourd'hui, en répondant à une question en direct, j'ai déjà cité des exemples montrant que même des médias publics le faisaient, malheureusement. Nous démentirons rigoureusement cette information qui est fausse et partagerons des publications appropriées sur le site du Ministère des Affaires étrangères. Tous les paramètres techniques, toutes les questions liées aux accusés et aux interpellés relèvent de l'enquête en cours.
Question: La douane argentine (elle a même publié une photo sur Twitter) affirme qu'il s'agissait d'un avion russe de l'escouade aérienne spéciale Rossiya. L'Administration présidentielle affirme que cette photo est un fake. Le Ministère russe des Affaires étrangères ou l'Administration comptent-ils montrer le vrai avion?
Réponse: Je répète que ces questions relèvent de l'enquête. C'est à eux qu'il faut s'adresser pour les questions techniques. Nous avons eu un commentaire officiel de l'Administration présidentielle, plusieurs commentaires ont été faits. Malheureusement, ils n'ont pas tous été cités. Je pense qu'il faut tout de même s'appuyer sur les informations des organes publics concernés par ces informations. Le commentaire du Ministère des Affaires étrangères, la déclaration du Centre des relations publiques du FSB stipulaient que l'enquête était en cours. Nous avons donné tous les commentaires qui pouvaient être faits dans l'intérêt de l'enquête. Notre Ambassadeur a très rapidement commenté cette situation, une fois de plus dans le cadre de ses compétences, de ce qui peut être dit aujourd'hui, en donnant sept ou huit interviews. Je vous prie de vous référer à l'interview de l'Ambassadeur, au commentaire du Ministère des Affaires étrangères, aux déclarations du Centre des relations publiques du FSB. Nous publions tout sur les sites et les réseaux sociaux aussi bien pour le public russe que pour le public étranger.
Question: Le 27 novembre 2017, l'Ambassadeur de Russie en Azerbaïdjan Vladimir Dorokhine a été démis de ses fonctions. Personne n'a encore été nommé à la tête de la mission russe. Y a-t-il des précisions concernant la candidature au poste d'ambassadeur de Russie en Azerbaïdjan?
Réponse: Les précisions concernant la nomination d'ambassadeur de Russie sont faites par le Président russe. Les décrets en la matière sont publiés sur le site du Président. C'est sa prérogative. Mais je peux dire que nos relations avec l'Azerbaïdjan se développent, le travail se poursuit. Notre ambassade travaille à Bakou, les contacts sont entretenus à Moscou avec nos collègues azerbaïdjanais. La rotation des ambassadeurs est un processus naturel. Les situations peuvent varier, mais je répète que cela ne se reflète ni sur nos liens ni nos contacts avec les collègues azerbaïdjanais.
Question: Contrairement aux médias américains qui débordaient hier de titres sur la "superarme de Poutine", leurs homologues allemands ont publié toute la journée des matériaux sur les attaques de hackers contre différents ministères, notamment le Ministère des Affaires étrangères. Les hackers russes sont accusés. Nous avons déjà observé plusieurs fois de telles situations: aux USA, on a tenté de justifier la défaite des démocrates à l'élection présidentielle par des cyberattaques, et en Espagne on a justifié de cette manière les résultats du référendum.
Réponse: Et savez-vous qu'ensuite Madrid, dont certains représentants accusaient la Russie de manière inintelligible, s'est ravisé? Ils ont dit que nous n'avions pas compris ce qu'ils voulaient dire. Que dire? De leur point de vue, ils avaient raison. Il fallait inventer un bon argument pour la consommation nationale, et ils l'ont inventé. Et ensuite ils sont revenus sur leur position. Voilà le prix de telles déclarations et la responsabilité qu'elle implique. Quand il le fallait et qu'il n'y avait pas de ressources politiques pour régler la situation intérieure, ils ont eu recours à ces fameuses thèses. Puis, en perdant la face, ils se sont rétractés en disant qu'ils ont été mal compris.
Question: Si les USA tentaient de justifier la victoire de Donald Trump, et l'Espagne de donner une explication acceptable au séparatisme de la Catalogne, quelle est la raison des accusations de l'Allemagne vis-à-vis de la Russie?
Réponse: Honnêtement, je l'ignore. Je pense qu'il faut demander aux politologues et aux experts directement en Allemagne. Mais dans l'ensemble, la situation politique dans ce pays évolue très activement. Cela pourrait donc être lié à la situation politique. Elle est largement commentée, lisez ce qui s'y passe. C'est l'une des suppositions, c'est difficile à dire.
Question: Dans la partie principale de votre discours, vous vous êtes arrêtée sur l'initiative de la Russie d'ouvrir des couloirs humanitaires en Syrie. Hier, la porte-parole du Département d’État américain Heather Nauert a critiqué cette initiative qu'elle qualifie de "dérisoire". Selon elle, les civils de la Ghouta orientale n'utiliseront pas ces couloirs, tout comme ils ne les ont pas utilisés à Alep.
Réponse: Comment le sait-elle?
Question: Selon elle, ils ne les utiliseront pas parce qu'ils ont peur des poursuites du gouvernement syrien. Que pouvez-vous répondre à cette critique?
Réponse: Avant de déclarer de telles choses, il faut au moins avoir une idée du thème abordé. J'ai évoqué aujourd'hui une situation concrète. J'ai dit, en parlant de l'efficacité des couloirs humanitaires mis en place par la Russie, qu'ils avaient été garantis rigoureusement compte tenu de toute la complexité de la situation. C'est l'aide humanitaire, le soutien avec des médicaments. Un soutien psychologique, la garantie factuelle de la sécurité. Tout cela a été diffusé par les webcams sur le site du Ministère de la Défense. C'est l'expérience de la Russie. Comment parler d'inefficacité dans cette situation?
Il faut commenter les questions d'efficacité dans le contexte de la zone de responsabilité des USA. J'ai cité aujourd'hui l'exemple de Raqqa. On voudrait entendre comment les USA estiment l'efficacité du déroulement de l'opération qui s'y déroule. Est-ce que tout va bien? La vie s'y normalise-t-elle? Je répète, 200 000 personnes sont revenues à Alep. Ce n'est pas un mythe, pas un simple chiffre sur le papier. On peut le voir sur les images.
D'ailleurs, votre chaîne possède ces images parce que quand des délégations étrangères nous rendent visite, elles disent qu'elles voient les reportages de Russia Today et peuvent les comparer avec les reportages des médias étrangers qui passent sous silence la normalisation de la vie dans les régions syriennes où, avec le soutien de l'aviation russe, le gouvernement syrien a mené des opérations antiterroristes et où aujourd'hui sont mises en place les conditions pour le retour de la population. Cet objectif était prioritaire. Mais il n'y a rien de ça en l'occurrence. Peut-être la porte-parole du Département d’État américain ignore que dans les villes libérées les gens reviennent, la vie se normalise, il y a des exemples positifs. Elle pourrait l'ignorer parce qu'elle regarde seulement CNN ou Fox News, bien qu'elle ne regarde probablement pas CNN.
Question: Pendant sa récente visite en Serbie, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a réaffirmé que la Russie n'imposait à personne avec qui et comment être amis. D'un autre côté, la communauté européenne impose à la Serbie des conditions pour l'adhésion du pays à l'UE, notamment de se joindre aux sanctions antirusses. Est-ce que les conditions imposées par la communauté européenne influenceront les relations russo-serbes?
Réponse: J'ai assisté aux conférences de presse du Ministre russe des Affaires étrangères et de ses collègues serbes. Pendant l'une d'elles, après de longs entretiens substantiels, le Président serbe Aleksandar Vucic a exprimé la position de son État concernant la pression sur son pays pour qu'il se joigne aux sanctions antirusses. Aleksandar Vucic a été suffisamment direct. Lisez ses propos sur l'adoption des sanctions antirusses. Je pense qu'il faut partir de là. Du fait que nous n'avons jamais imposé à la Serbie ou à d'autres pays le choix entre "l'un ou l'autre", "avec ou contre nous", et "si vous n'êtes pas avec nous, nous ne traiterons pas avec vous". Cela ne fut jamais le cas et nous avons déjà dit que cette approche était tout simplement néfaste. Il existe malheureusement plusieurs pays où elle a déjà été mise en œuvre par les partenaires occidentaux, ce qui a porté ses fruits destructifs. J'espère que l'exemple de cette politique ratée du "soit l'un soit l'autre" sera pris en compte, que cette expérience ne passera pas inaperçue et qu'elle ne sera plus jamais appliquée par les collègues occidentaux. La Serbie peut développer harmonieusement ses relations avec toute région du monde, avec tout pays en fonction de sa politique déterminée par la volonté du peuple. Nous n'y voyons aucune contradiction.
Question: Hier, pendant son allocution devant l'Assemblée fédérale, le Président russe Vladimir Poutine a déclaré que toute utilisation de l'arme nucléaire contre la Russie et ses alliés serait considérée comme une attaque nucléaire, et que la réponse serait immédiate. Pouvez-vous préciser qui sont ces alliés de la Russie, pour que nos partenaires occidentaux le sachent?
Réponse: On peut, mais ce n'est pas nécessaire. Nos doctrines de politique étrangère et de défense sont accessibles. Ces documents ont été commentés plusieurs fois. Je pense qu'il n'est pas utile de détailler cette partie de l'allocution citée. Tout est clair et net. Le niveau excessif de pression ressenti par la Russie ces dernières années, ainsi que la réticence à coopérer sur des questions sensibles pour nous, notamment liées à la sécurité nationale, régionale et mondiale, n'ont simplement laissé aucune chance à notre État de ne pas prendre ces mesures. Nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous ne jugions pas nécessaire de diviser la sécurité. Nous trouvons important de travailler ensemble à la mise en place d'une sécurité commune avec les Européens, d'entretenir un dialogue sur la sécurité avec d'autres régions du monde, pas seulement avec les régions frontalières de la Russie. Malheureusement nous n'avons pas été entendus, et par conséquent voilà ce qui a été annoncé hier dans l'allocution.
Question: Vous avez dit que pendant la prochaine visite du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans plusieurs pays d'Afrique, il était prévu d'évoquer les questions relatives à la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. Est-ce que cela signifie que la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies a pris des formes évidentes ou que la Russie a changé de position à ce sujet?
Réponse: Non, la position russe n'a pas changé. Le thème et le débat sur les réformes du Conseil de sécurité des Nations unies occupent une place importante dans les pourparlers avec la plupart de nos partenaires étrangers, d'autant plus que les visites du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans les pays d'Afrique en question n'ont pas lieu chaque année. C'est une région régulièrement visitée par le Ministre, mais pas aussi souvent que l'Europe, par exemple. C'est pourquoi, dans ces pays, il est effectivement prévu d'évoquer l'ensemble des problèmes, notamment un qui affecte indéniablement les pays d'Afrique: la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies sur laquelle sera mis un accent particulier. Je répète que le thème de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies est évoqué avec la grande majorité des pays lors des entretiens au niveau des ministères des Affaires étrangères. En ce qui concerne l'approche conceptuelle, je ne peux pas dire que ce travail est mené intensivement au siège de l'Onu ces derniers temps. On n'a pas l'impression que suffisamment d'attention lui est accordée. Le travail est en cours, allant des discussions bilatérales et multilatérales aux activités scientifiques pratiques et scientifiques au sein de l'Organisation. Très souvent, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov accorde une attention particulière à ce sujet dans ses interviews parce qu'il connaît le travail de l'intérieur après avoir travaillé pendant une longue période au poste de Représentant permanent de la Russie auprès de l'Onu. Nous vous enverrons une sélection d'informations sur l'approche russe à ce sujet.
Question: Je voudrais poser une question concernant la nouvelle guerre économique contre le Belarus concernant les livraisons de lait et de produits laitiers en provenance de ce pays, qui ont été reportées au 6 mars.
Réponse: Je n'ai pas entendu parler de "guerres" contre le Belarus dans différents secteurs. Je demanderai des précisions aux experts pour savoir de quoi il s'agit, mais on ne peut certainement pas parler de "guerre". S'il y a des questions, nous les réglons. D'ailleurs, j'ai fait la connaissance aujourd'hui de la nouvelle conseillère-émissaire de l'Ambassade du Belarus à Moscou, Natalia Kislekova, qui travaillera et représentera le Belarus en Russie. Nous n'avons rien évoqué de tel avec elle, je n'ai pas entendu de telles épithètes. Je demanderai des précisions. S'il existe des questions problématiques, nous les réglons toujours de manière constructive avec nos partenaires biélorusses.
Question: Hier, le Président biélorusse Alexandre Loukachenko a répondu assez fermement.
Réponse: Je demanderai des précisions.
Question: Selon vous, ceux qui disent qu'il était prévu de transporter la cocaïne dans un colis diplomatique ignorent comment ce genre de colis est préparé. Comment est préparé un colis diplomatique et qui décide de son contenu? Par exemple, peut-on y envoyer les affaires personnelles d'un diplomate, du personnel technique?
Réponse: Je peux dire que le sensationnalisme de votre question n'a pas lieu d'être. Dans notre commentaire publié immédiatement après l'information diffusée par les médias argentins, il est clairement écrit qu'un colis diplomatique est préparé uniquement par la direction de l'établissement diplomatique si nous parlons d'un établissement diplomatique. Il n'est pas préparé sans le contrôle de la direction. C'est expliqué dans notre commentaire écrit.
Question: Mais que peut-on y trouver? Peut-on y envoyer des affaires personnelles du personnel de l'Ambassade, du responsable du site? Sinon, on ignore pourquoi laisser à l'école 12 valises si de toute façon on ne peut pas les envoyer par colis diplomatique et qu'elles seront forcément fouillées en tant que colis ordinaire?
Réponse: C'est précisément ce qui a été expliqué. Quand certains ont parlé d'un colis diplomatique, il a été dit que c'est faux: soit c'était une information incorrectement présentée, soit un fake intentionnel. On a peut-être voulu le faire passer pour un colis diplomatique. Aujourd'hui, en répondant à cette question dans une interview avec Sergueï Dorenko, j'ai cité un exemple banal. Si vous allez dans un magasin de marque pour leur demander un sachet de la marque, puis que vous y mettez un objet acheté dans la rue, cet objet ne changera pas de nature: il sera toujours un objet acheté dans la rue. C'est une situation similaire ici. La tentative de faire passer ces paquets pour un colis diplomatique a peut-être eu lieu, mais je répète que cela relève de l'enquête. Je ne peux pas le confirmer parce que cela fait l'objet d'une enquête en cours. Était-ce réellement un colis diplomatique? Nous répétons que non. Cela a été dit immédiatement dans notre commentaire écrit. D'ailleurs, il me semble que nous avons publié des informations sur les livreurs diplomatiques et sur ce qu'est en principe un colis diplomatique. Je pense qu'il serait utile de les mettre à jour et de les publier sur les ressources du Ministère.
Ce n'est pas une tentative d'éviter de répondre à vos questions. C'est une limitation de nos pouvoirs par l'enquête en cours. Je voudrais vraiment que vous l'entendiez et le compreniez. Je ne cache pas que je n'étais pas au courant de l'opération spéciale. J’ai appris l'information de mes collègues et les données dont nous disposons sont limitées par l'enquête en cours.
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Aujourd'hui, la conférence de presse se terminera de manière très inhabituelle et peu joyeuse.
Le 22 février, pendant le tournage de l'émission "Mesto vstretchi" sur la chaîne NTV, un incident s'est produit (vous savez probablement de quoi je parle). Les participants évoquaient la situation en Ukraine, notamment dans le Donbass. A la réplique d'un politologue d'Allemagne qui avait dit que les militaires ukrainiens bombardaient la population civile au sud-est de l'Ukraine, un expert ukrainien s'est indigné et a exigé des preuves. Il était question d'enfants. Plusieurs fois, l'expert ukrainien a exigé d'apporter des preuves de la souffrance des enfants, il affirmait que ce n'était pas le cas, qu'il n'y avait aucun article à ce sujet. Encore une fois je voudrais parler du fait que l'émission s'est terminée telle qu'elle s'est terminée. Je pense que les journalistes, les experts et les politologues peuvent et doivent défendre leurs arguments de manière uniquement intellectuelle sans recourir à la force (c'est une autre question que je me dois d'aborder).
Nous ne pouvions pas non plus passer à côté parce que nous avons reçu de très nombreuses lettres et appels des habitants du Donbass qui étaient indignés de voir que visiblement personne n'était au courant de leur tragédie alors que des civils, mais aussi des enfants, souffrent. Spécialement pour l'expert ukrainien qui a participé à l'émission et ne voyait pas les résultats des frappes contre la population civile du Donbass, nous avons préparé un reportage avec des photos d'enfants tués et touchés par les agissements des forces armées ukrainiennes. Nous n'avons pas reçu ces photos par un intermédiaire mais directement. Nous ne les avons pas cherchées sur internet pour que ce ne soient pas des fakes. Nous avons directement communiqué avec les gens qui vivent dans le Donbass. Même les collaborateurs du Département de l'information et de la presse qui en ont vu dans leur vie ont dit que c'était au-dessus de leurs forces de les regarder. Nous ne vous montrerons pas toutes ces horribles photos. Mais nous devons nous souvenir et rappeler à ceux qui l'ignorent ou l'ont oublié. Aujourd'hui nous vous montrerons à l'écran quelques photos et nous ferons une rubrique spéciale sur les réseaux sociaux où nous les publierons pour ceux qui ignorent ou ne se souviennent pas de ce qui arrive aux enfants dans le Donbass.
Pardon pour cette conclusion non traditionnelle de la conférence de presse, mais nous ne pouvions pas ne pas le faire.