Intervention du ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov lors du Forum des sociétés civiles, Rome, le 25 novembre 2013
Je salue les participants de la réunion du Forum des sociétés civiles. Je pense que c'est une initiative très utile. Le fait que cet événement débute un riche programme de la visite du président russe Vladimir Poutine en Italie, est hautement symbolique. Tout comme le fait que sa deuxième partie, le Business Forum, couronnera ce programme, en mettant l'accent sur le caractère multidisciplinaire de notre coopération, qui implique les institutions publiques, les entreprises, la société civile, les médias, la jeunesse. Nous apprécions la contribution de la société civile russe à la mise en œuvre de la politique étrangère de notre pays, son orientation. Nous avons des entretiens réguliers avec les représentants des ONG qui sont intéressés par les questions abordées dans l'espace international et au sein des organisations internationales. Le Ministre russe des Affaires étrangères, ses adjoints, les directeurs des services concernés organisent de telles réunions tout au long de l'année sur une base régulière. Par conséquent, même lorsqu'on nous pose des questions tout simplement, nous ressentons une nouvelle dimension par rapport à un vieux problème, qui peut être envisagé sous un nouvel angle. Souvent, on nous pose des questions qui portent non seulement sur notre position, mais apporte des idées dictées par le désir de résoudre une question plus rapidement, poursuivre les pourparlers plus efficacement. Beaucoup de ces idées nous encouragent à penser de façon créative. L'État doit veiller à ce que la société civile participe activement à ces processus, ainsi qu'au dialogue international sur l'ordre du jour qui concerne tous les citoyens. En particulier, le Conseil russe des affaires étrangères a été créé : une structure pour assurer le dialogue de politique étrangère entre les citoyens d'un côté et les experts et politologues de l'autre. A cet effet la Fondation A.M.Gorchakov de soutien de la diplomatie publique a été créée. Comme vous le savez, K.I.Kosachev préside l'Agence fédérale pour les affaires de la CEI, les compatriotes résidant à l'étranger et la coopération humanitaire internationale (Rossotroudnitchestvo), dont le but est de développer la coopération au niveau gouvernemental, notamment avec nos voisins, ainsi qu'avec tous les pays du monde. Il y a également la Fondation de soutien et de défense de nos compatriotes à l'étranger - ceux de nos citoyens qui, pour une raison ou une autre, se trouvent dans des situations difficiles.
Je sais que cette année le Forum fête son dixième anniversaire. Je tiens à vous féliciter, ainsi que les co-présidents de cet événement remarquable. Je pense que c'est une plate-forme bonne et importante pour la coopération entre nos sociétés civiles. En ce qui concerne le sujet le plus préoccupant dans l'ordre du jour mondial, que vous avez choisi pour la discussion - la situation au Proche-Orient et Afrique du Nord, la normalisation dans cette région est une tâche prioritaire pour nous tous. L'avenir du Proche-Orient, Afrique du Nord, pays concernés, ainsi que la stabilité internationale dans son ensemble, la primauté du droit international et des normes sur lesquelles est fondé l'ONU – tout cela dépendra de l'évolution des événements dans cette vaste territoire qui s'étend sur deux continents et des méthodes utilisées pour le règlement des différents conflits dans la région. Dans les changements qui bouleversent la région, nos amis italiens et nous avons vu la volonté des peuples arabes pour une vie meilleure, plus libre et le bien-être économique. Pour l'instant, malheureusement, les événements ne justifient pas ces attentes. Mais la conclusion, que nous avons faite, ainsi que beaucoup d'autres, à l'aube du «printemps arabe», confirme que la réorganisation doit se faire par les étapes évolutives et non révolutionnaires. Sans éclatement de la société et incitation de confrontation, mais à travers le dialogue national, en évitant les mouvements brusques et, bien sûr, la violence. Nous avons insisté et insistons toujours pour que la solution à leurs problèmes les peuples de la région doivent principalement chercher par leurs propres moyens - déterminer leur destin et celui de leurs pays, et les acteurs externes doivent exclure les tentatives de s'ingérer dans ces processus et d'imposer leurs propres recettes, sans prenant en compte les traditions historiques, religieuses et d'autres de ces peuples. Les gens sont en mesure de déterminer leur propre destin eux-mêmes, sans ingérence extérieure. Les relations traditionnellement amicales nous relient avec cette région. Nous sommes intéressés pour que le Proche-Orient soit une partie du monde prospère.
Emma Bonino vient d'évoquer le nombre croissant des conflits dans la région. L'objectif global devrait nous tous unir, mais pour l'instant nous ne constatons aucun mouvement vers le Proche-Orient stable et prospère. Les contradictions se multiplient: interethniques, interconfessionnaux, entre les arabes, kurdes, musulmans et chrétiens. Nous sommes préoccupés par le sort des chrétiens qui fuient la Syrie. Deux mille ans d'histoire des chrétiens résidant dans le Proche-Orient ne doivent pas être arrêtés. Nous sommes obligés de prendre les mesures nécessaires. Nous soutenons l'initiative de l'Eglise orthodoxe russe de tenir une conférence internationale des chefs religieux de la chrétienté orthodoxe, l'islam et le judaïsme l'année prochaine dans le but d'envisager le thème du vivre ensemble sur la terre, qui est sacrée pour toutes ces religions. Comme cela a été déjà évoqué, il y a de plus en plus de contradictions au sein de l'islam. Non seulement entre les sunnites et les chiites, mais aussi au sein du camp sunnite, où, comme cela a été rapporté, les «Frères musulmans» et les salafistes ont des approches différentes à la crise syrienne, etc. Il y a 8-10 ans, la capitale jordanienne a accueilli une conférence de grands oulémas musulmans, qui ont adopté la Déclaration d'Amman, dont le sens était très simple - tous les musulmans sont unis, égaux. Je suis convaincu que c'est dans notre intérêt commun pour que le monde islamique retourne à cette philosophie et surmonte les contradictions internes. L'Islam est l'un des religions clés monothéistes. Nous sommes intéressés par le dialogue entre les civilisations, les cultures et les religions, nous nous sommes engagés à contribuer à ce processus par tous nos moyens. La situation en Syrie et notre capacité de la résoudre est la pierre de touche de notre capacité à prévenir cet éclatement entre et au sein des civilisations. Des premières mesures ont été prises – les armes chimiques de la RAS sont en cours de liquidation. Les travaux se poursuivent de manière pragmatique, sans aucune politisation. Les experts compétents définissent les mesures qui doivent être prises et le temps nécessaire pour assumer ces objectifs ou d'autres. Les installations ont été détruites - des machines pour la fabrication d'armes chimiques, ce qui est déjà une étape importante. Maintenant les aspects pratiques sont au centre des discussions, notamment la concentration de tous les stocks d'agents toxiques, leur transport et l'exportation à l'étranger. Comme vous le savez, on discute des questions sur la façon et le lieu à l'extérieur du pays pour détruire ces substances toxiques. Il n'y a aucuns doutes que le travail sur la mise en œuvre des décisions du Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, se déroule en toute conformité et sera mené à bien. Plusieurs fois, j'ai entendu des estimations que c'est seulement avec l'adoption d'une résolution à l'appui de la décision de l'OIAC sur la destruction des armes chimiques que le Conseil de Sécurité de l'ONU a surmonté "la paralysie". Le Conseil de Sécurité a adopté quelques résolutions sur la crise syrienne. Le premier d'entre eux provenait de l'initiative de la Russie en août 2011. C'était une déclaration détaillée du Président du Conseil de Sécurité, qui a appelé les parties à cesser la violence de toute urgence et s'asseoir à la table des négociations. Malheureusement, les parties n'ont pas suivi cet appel. Ensuite, le Conseil de sécurité de l'ONU a soutenu l'initiative de la Ligue arabe, qui, avec le consentement du gouvernement de la RAS, obtenu avec notre aide, a accueilli des observateurs de la Ligue arabe sur son territoire. Après un mois de travail, malheureusement, ces observateurs ont été rappelés. Ceux qui les y ont envoyés, n'ont pas aimé qu'ils ont commencé à écrire leurs rapports plus ou moins objectivement, sans but de culpabiliser le gouvernement de la RAS. Ensuite, le Conseil de sécurité a adopté une résolution à l'appuie du plan de K.Annan, su
ivi d'une autre résolution contenant la décision d'envoyer des observateurs de l'ONU en Syrie pour aider à la mise en œuvre du plan en six points que Kofi Annan a présenté. Alors le Conseil de sécurité n'a pas été paralysé. A l'appui du développement du plan de K.Annan avec notre participation active, le 30 juin 2012 on a convoqué la Conférence de Genève et adopté le communiqué de Genève qui est maintenant considéré comme le seule moyen possible d'un règlement et on appelle à sa mise en œuvre dans toute son intégralité. Après que nous avons présenté ce communiqué au Conseil de sécurité et proposé de l'approuver dans la forme sous laquelle il a été convenu par consensus avec la participation des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, la Ligue arabe, l'Union européenne, la Turquie et les Nations Unies, nos partenaires occidentaux ont déclaré qu'ils ne voulaient pas l'approuver, car il est nécessaire d'ajouter que le président de la RAS Bachar al-Assad doit quitter sa poste, ainsi que des sanctions contre le régime. Mais le communiqué de Genève ne contenait pas de telles conditions puisque toutes les approches de confrontation ne feraient qu'aggraver la situation. Il a fallu plus de six mois pour que lors de la visite du secrétaire d'Etat américain John Kerry à Moscou au mois de mai, nous ayons réussi à revenir à l'idée de la mise en œuvre du communiqué de Genève. Cette initiative russo-américaine a été proclamée afin de convoquer une conférence "Genève - 2" à cet effet. Il y a une heure, nous n'avons pas eu une date supposée de la conférence, mais maintenant elle est fixée pour le 22 janvier 2014. Cette date a été proposée par le Secrétaire général de l'ONU. Mais nous aurions pu le faire beaucoup plus tôt, si l'opposition avait assumé la responsabilité de leur pays et n'avait pas mis en avant des conditions préalables, lorsque nous avions l'intention de convoquer une conférence en septembre, et puis en octobre, novembre, décembre. Chaque fois il y avait des conditions: « Assad doit disparaître », « nous devons restaurer la supériorité militaire « sur le terrain », « fixer la date exacte de la capitulation du gouvernement de la RAS ». Ce n'est pas la préoccupation du sort de son peuple et de son pays, mais l'égoïsme politique. Dans nos contacts (et nous avons des contacts avec le gouvernement sur une base régulière et avec tous les groupes de l'opposition), nous essayons de transmettre une idée très simple qu'ils ont besoin de s'asseoir et de négocier. Je sais que tous ne soutiennent pas l'idée même de la conférence, il y a des tentatives (comme cela a été avant et probablement se reproduira encore) de rendre difficile ou même saboter sa préparation. Cependant, il n'est plus possible de tarder à annoncer la date. L'opposition et ses sponsors ainsi que le gouvernement de la RAS doivent prendre la responsabilité devant son peuple. Nous entendons toujours les déclarations que la convocation de la conférence n'a pas de sens et qu'il faudrait continuer à faire la guerre contre le régime. On nous parle de l'inutilité de cette initiative, parce que les parties n'arriveront jamais à se mettre d'accord. Le communiqué de Genève stipule qu'ils doivent déterminer la façon de procéder sur la base d'un accord général, c'est-à-dire, le gouvernement et l'opposition ont un droit de veto, et ils ne parviendront jamais à un accord. La situation est très complexe, les esprits sont chauffés, les positions antagonisées. Mais jusqu'à ce que nous ne fassions les parties s'assoir à la table de négociation et ne les obligions à dire qu'ils ont besoin de négocier, nous ne saurons pas si cette chance travaille ou pas. Mais il y a une chance, et ce serait une erreur colossale de la négliger. Le retard dans les négociations ne fait que multiplier le nombre de victimes, permettant aux terroristes internationaux de renforcer leurs positions en Syrie et dans la région dans son ensemble, mûrir des plans pour le califat, qui couvre essentiellement l'ensemble de l'Afrique du Nord. Bien sûr, ce fait continue d'exacerber la crise hu
manitaire, comme cela a été déjà évoqué par E.Bonino. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a travaillé sur une résolution impliquant une solution spéciale pour la crise humanitaire. Ce travail a été suspendu par nos collègues occidentaux au Conseil de sécurité après l'incident du 21 août dernier. On ne sait pas pourquoi il a fallu interrompre ces négociations importantes. En fin de compte, ce n'est qu'au début d'octobre que la déclaration détaillée a été adoptée, qui définit toutes les tâches qui doivent être abordées pour améliorer le sort de la population civile. Tout comme dans le cas avec des armes chimiques, lorsque les faits frauduleux ou peu fiables ont été utilisés pour imposer des exigences à l'Ouest pour déclencher la guerre contre le régime, il y a ceux qui sont prêts à présenter la situation humanitaire dans la RAS de manière à faire de ce thème un prétexte pour l'ingérence étrangère.
Nous attachons beaucoup d'importance à ce sujet. Aujourd'hui à Genève se déroule une réunion russo-américaine avec le Représentant spécial sur la Syrie Lakhdar Brahimi et avec la participation conséquente des autres membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Turquie, la Ligue arabe afin de déterminer les aspects organisationnels de la conférence. Le 5 novembre a eu lieu la réunion précédente, à laquelle notre délégation avait invité les dirigeants de toutes les agences humanitaires opérant dans la RAS. Aucun d'eux n'avait l'impression d'être confronté à une tâche impossible. Personne ne manifestait la panique. Ils envisageaient de manière professionnelle et honnête les problèmes syriens, la façon dont ils les résolvent, des cas où le gouvernement les aide (et son aide, selon leurs estimations est en général satisfaisant), et des cas où ils exigent plus de collaboration de la part du gouvernement. Nous l'avons signalé aux Syriens, comme c'était toujours le cas. Récemment des mesures supplémentaires ont été prises pour faciliter la délivrance de visas pour les travailleurs humanitaires, les procédures d'octroi de l'aide à travers la frontière, pour ne pas l'emmener tout le temps à Damas, etc. Je ne dis pas cela parce que je veux minimiser la netteté de la crise humanitaire, pas du tout. Maintenant, il y a environ 2 millions de réfugiés et encore plus de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Mais, par exemple, lors d'une réunion dont je parle, le représentant de l'Organisation internationale pour les migrations a dit que, selon leurs statistiques, dans les zones libérées des terroristes des réfugiés commencent à retourner. Plusieurs dizaines de milliers sont rentrés de Jordanie. Vous pouvez certainement attiser les émotions, les passions, mais je respecte les gens qui résolvent des problèmes réels. Il y a quelques semaines nous avons été les témoins d'une crise de colère sur le sujet d'une épidémie de poliomyélite en Syrie, et il était urgent d'y introduire un corps d'intervention, assiéger les hôpitaux, etc. C'est-à-dire occuper, mais à des fins médicales. Nous avons immédiatement vérifié cette information auprès de l'OMS, il n'y a eu que dix cas. Mais, en dépit de leur petit nombre, les vaccins ont été immédiatement envoyé les enfants ont été vaccinés. C'est de cette façon-là qu'il faut agir, si nous sommes vraiment préoccupés du sort de la population civile.
Nous apprécions la position de principe de Rome à l'égard de l'inutilité des tentatives d'intervention militaire, ainsi que le rejet d'idée d'armer les groupes extrémistes. Nous allons continuer d'échanger des vues avec les partenaires italiens, de comparer la situation pour essayer de promouvoir conjointement des approches constructives. Bien que nos positions ne coïncident jamais à cent pour cent, mais c'est tout à fait naturel, puisque chaque côté a ses propres nuances. En tout cas, nous croyons - et ici nous sommes à nouveau en accord avec l'Italie - que la question syrienne dans toute sa complexité, ne peut pas et ne doit pas occulter d'autres problèmes dans la région, en particulier, le conflit israélo-arabe et israélo-palestinien. Nous sommes convaincus que le problème palestinien en suspens pendant des décennies est la principale raison pour laquelle les rangs des extrémistes et des terroristes ne cessent pas de grossir, les djihadistes continuent le recrutement des jeunes sous slogan de traitement injuste du peuple palestinien, et notamment le fait qu'en 1947, il a été décidé de créer deux états : on a créé un et le second n'a jamais apparu. Les jeunes de familles pauvres dans une situation de chômage sont sensibles à cette propagande et rejoignent les rangs de ceux avec qui nous sommes obligés à se battre, non seulement dans la région mais aussi en Italie, en Russie, aux États-Unis et d'autres pays occidentaux. Notre objectif commun est de faire en sorte qu'un dialogue direct entre Palestiniens et Israéliens lancé sous médiation américaine, se terminera avec succès. Nous soutenions activement l'activité d'Américains, à leur demande nous avons suspendu pour un an et demi le fonctionnement du dite "Quartet" ce qui n'a pas ajouté à sa réputation. Nous espérions les efforts déployés. Le procès a repris, mais il se déroule d'une manière très complexe. On ne parle pas des détails, mais les négociateurs palestiniens ont même publiquement menacé de démissionner. Je ne sais pas s'ils l'ont fait ou pas. Mais en tout cas nous devons dès que possible résoudre ce problème non via l'isolement de la bande de Gaza, comme certains essaient de le faire, mais en encourageant les efforts, y compris ceux de l'Egypte, pour rétablir l'unité palestinienne. Parce que la décision prise par un peuple palestinien sera beaucoup plus stable et à long terme, y compris en termes de l'intérêt de la sécurité d'Israël, que celle qui serait rejeté par la bande de Gaza, gouvernée par le Hamas. En Russie, les tentatives d'exclure quiconque du processus de négociation ne trouvent jamais de compréhension. Nous soutenons une politique d'implication dans la résolution des conflits. Le Hamas doit être impliqué dans ce processus. Nous devons aider à restaurer l'unité palestinienne sur la plate-forme de l'Organisation de libération de la Palestine, l'Initiative de paix arabe, ce qui prévoit la reconnaissance d'Israël dans le cadre d'un règlement global. De même, la méthode de l'engagement, pas d'isolation, a permis de s'entendre sur les armes chimiques en Syrie. Cette même méthode a fonctionné également à l'égard de l'Iran, quand «six» médiateurs internationaux ont cessé de compter uniquement sur les menaces, la pression et les sanctions, et ont impliqué l'Iran à des négociations véritables et non ostentatoires. Nous en avons activement contribué, l'avons soutenu pendant toutes ces années. Nous sommes convaincus, et cela est fixé dans le Concept russe de politique étrangère, que régler le problème nucléaire iranien est possible grâce à la reconnaissance du droit inaliénable de l'Iran à l'atome pacifique, y compris son droit à enrichir de l'uranium à condition qu'il résolve ses problèmes avec l'AIEA et mette son programme nucléaire pacifique sous strict contrôle de l'Agence. Cette formule ouvre le document approuvé aujourd'hui à Genève. Deuxièmement, ce que nous cherchions et promouvions dans le cadre des «six» est l'acceptation du principe de progressivité et de réciprocité dans la résolution du problème iranien. En d'autres termes, ne pas f
aire un seule paquet de décisions qui résoudrait toutes les questions à une fois. Ce n'est pas réaliste, parce que la confiance a été sérieusement ébranlée. Le principe "action pour action" est nécessaire: l'Iran fait ce qui est demandé par la communauté internationale représentée par l'AIEA et le Conseil de sécurité des Nations Unies, et l'autre côté allègera les sanctions. Ce principe de progressivité et de réciprocité est également inscrit dans le document.
Patience et refus de s'énerver sont également les qualités des diplomates. Nous apprécions que nos partenaires dans les "six" aient montré ces qualités et enduré ce marathon de longues heures, presque un jour entier. Pourtant, nous avons pu, par le respect mutuel, la volonté de comprendre les intérêts légitimes réels de chaque partie, par l'implication de l'Iran, obtenir ce résultat. Je pense que la mise en œuvre intégrale de cet accord, qui doit encore être faite, très concrète et vérifiable, permettra de garantir les droits légitimes de l'Iran, de renforcer le régime de non-prolifération nucléaire et d'assurer la sécurité de tous les pays de la région, y compris Israël, ce qui est pour nous très important. Nous avons réaffirmé notre position lors de la visite récente en Russie du Premier ministre d'Israël Benjamin Netanyahou. Ainsi que le désarmement chimique syrien, le règlement du problème iranien est dirigé dans le sens de la longue tâche de la communauté internationale, notamment faire du Proche-Orient une zone exempte d'armes de destruction massive. Si l'accord sur l'Iran est mis en œuvre, alors la raison qui est maintenant citée comme un prétexte pour créer un segment européen de la défense antimissile globale disparaitra. Ce point précis joue un rôle décisif. Beaucoup d'intérêts peuvent être affectés, compte tenu des effets probables dans le cas d'une évolution positive de la situation sur la base de l'accord (et cet accord est une percée). Cela pourrait permettre de mieux comprendre pourquoi les négociations sur le nucléaire iranien ont provoqué une telle résistance dans certaines parties du monde. Je le répète, nous sommes convaincus que cet accord est bénéfique pour tous: à la suite de sa mise en œuvre un contrôle très strict sur le nucléaire iranien, prévu par l'AIEA sera mis, son caractère exclusivement pacifique sera garanti. Nous voulons que la sécurité dans la région soit renforcée et nous allons travailler pour atteindre cet objectif, y compris la sécurité d'Israël. Ceci est la clé de la stabilité dans la région. Dans le cas contraire, cela n'est pas réalisable.
La même méthode d'implication des pays et des parties qui a contribué à résoudre le problème des armes chimiques syriennes, se mettre d'accord sur le nucléaire iranien, doit être appliqué dans la préparation de la Conférence de Genève sur la Syrie. Tout d'abord, la partie syrienne devrait être largement représentée. Dans la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU est fixé que toutes les couches de la société syrienne doivent être présentées, le dialogue entre eux doit être réellement représentatif. Deuxièmement, le nombre de parties externes prévues pour assister à l'ouverture de la conférence, et puis laisser les côtés syriens avec Lakhdar Brahimi pour qu'ils mènent des négociations directes, doit être exhaustif. Tous ceux qui ont de l'influence sur la situation devraient également être invités. Il s'agit particulièrement des pays tels que l'Iran et l'Arabie saoudite, puisque ces deux États sont associés au schisme croissant au sein de l'Islam. A vrai dire il n'est pas sérieux d'affirmer que l'Iran sera présenté par le gouvernement syrien, car il fait tout ce que l'Iran exige. Nous plaiderons pour que tous ceux qui affectent vraiment la situation soient présents à la conférence. Parlons du rôle des médias dans le monde d'aujourd'hui - il est ambigu. Il y a des problèmes liés à l'accès à l'information, qui prive parfois l'accès à la connaissance. C'est en fait un problème grave. Quelle est la corrélation entre la liberté d'expression et la vie privée, les dimensions éthiques de la société de l'information ? Nous développons des normes de régulation civilisée de l'activité des médias. Nous en avons plus de 88 000. Je pense qu'il faut préconiser les normes les plus élevées en matière de journalisme. Notre école de journalisme a de riches traditions, qui, Dieu merci, ne sont pas oubliées. On devrait être responsable de l'information, renforcer la sécurité des journalistes dans l'exercice de leurs activités. La Douma est en cours de discuter des mesures supplémentaires à cet égard. Nous promouvons les droits fondamentaux de l'homme dans l'espace mondial de l'information, comme cela est prévu par la Constitution et d'autres lois destinées à protéger la vie privée, la confidentialité de la correspondance et la protection des données personnelles. Il faut utiliser de façon responsable les derniers outils interactifs de communication entre les gens. La liberté de l'espace d'information, y compris l'Internet, n'exclut pas, mais sous-entend son règlement, la garantie des droits et devoirs fondamentaux, les utilisateurs et les organisateurs. L'utilisation d'Internet doit être réglementée. Mais lors des réunions dans le cadre de l'Union internationale des télécommunications le sujet de la solution démocratique de la question du règlement d'Internet avance très lentement. Mais il avance quand même. Nous soutenons la proposition visant à élaborer, sous les auspices de l'ONU et ses institutions spécialisées, une sorte de code d'éthique pour la société informatique. L'initiative germano-brésilienne, qui est promue par les délégations des deux pays à l'Assemblée générale des Nations Unies, vise également cet objectif. Il serait idéal si les représentants de la société civile contribuent à la formation d'un nouvel ordre informatique, qui serait fondé sur le principe que l'exercice des droits et libertés d'un sujet de relations publiques ne doit pas causer des dommages aux droits et intérêts légitimes d'autrui. La Russie cherche un tel dispositif. La législation russe a récemment adopté des modifications visant à protéger les intérêts des enfants sur Internet. Comme dans le domaine de sécurité, lorsque dans l'OSCE et le Conseil OTAN-Russie nous convenons qu'elle est indivisible, et personne n'a le droit de renforcer leur sécurité au détriment de celle des autres, de la même façon nous devons régler la liberté dans l'espace informatique. Quelqu'un a dit que la liberté est le respect de la loi. Peut-être cette phrase est ouvert à la critique, mais elle n'est pas privé de bon sens. Au moins, l'expérience de l'humanité montre
que les accords nous aident à vivre dans la paix et d'éviter les conflits. Nous sommes favorables au renforcement des contacts entre les jeunes. La durabilité de notre relation à l'avenir, la façon dont nous pouvons exprimer la continuité de ces liens d'amitié - tout cela dépend d'eux. Il est encourageant de constater que les jeunes sont intéressés par les contacts mutuels. Nous avons une bonne base juridique : en 2001 un accord de coopération en matière de jeunesse a été signé, sur la base duquel une vingtaine de régions russes sont impliqués dans ces contacts. L'accord sur la reconnaissance mutuelle des diplômes des universités russes et italiennes, signé à la fin de l'année 2009, devrait jouer un rôle important. La Russie l'a ratifié en 2010. Nous espérons que sa ratification sera bientôt terminé en Italie, car cela permettra aux diplômés de nos universités de poursuivre leurs études dans vos établissements d'enseignement supérieur, préparer les thèses, obtenir des grades universitaires, etc. D'autres documents sont destinés à encourager la volonté des jeunes gens à apprendre nos langues. Nous avons un accord pour l'étude de la langue russe en Italie et l'italien en Russie, le Mémorandum sur l'organisation des écoles dans nos pays de classes bilingues avec enseignement en russe et en italien. Les deux gouvernements ont mis en place un bon cadre juridique pour que les jeunes puissent réaliser leur désir de communication mutuelle. Et nous avec le ministre italien des Affaires étrangères E.Bonino vous encourageons d'y participer activement.