L’intervention et les réponses du ministre des Affaires étrangères de la Russie Sergueï Lavrov aux questions des médias lors de la conférence de presse conjointe à l'issue des négociations avec le ministre des Affaires étrangères de la République d'Arménie Edouard Nalbandian, Moscou, le 25 avril 2013
Mesdames et Messieurs,
Nous avons eu de bonnes négociations avec le ministre des Affaires étrangères de l'Arménie Edouard Nalbandian. L'examen de la mise en œuvre des accords signés le 12 mars a.c. lors de la visite du Président arménien Serge Sarkissian en Russie en était le principal sujet. Nous avons constaté que les ententes sont en train d'être exécutées. Nous nous sommes entendus sur la façon de renforcer ce processus pour atteindre des résultats concrets dans tous les domaines le plus vite possible.
Les relations russo-arméniennes sont celles des partenaires, des alliés stratégiques. Ceci est confirmé par la haute qualité du dialogue politique au plus haut niveau, ainsi que par des contacts intergouvernementaux, l'état de la coopération économique, commerciale et d'investissement. En 2012, le taux d'échanges commerciales entre nos deux pays avait augmenté de 20% et a atteint le chiffre de 1,2 milliard de dollars. Il y a quelque 3 milliards de dollars des investissements russes en Arménie. Ces processus ont une dynamique positive, de sorte que dans un avenir proche nous allons voir des chiffres encore plus importants.
Aujourd'hui, nous avons convenu des mesures à prendre pour renforcer le cadre juridique bilatéral. Une vingtaine de projets d'accords sont en discussion. Je pense que nous allons bientôt informer qu'ils sont prêts à être signés.
Nous sommes satisfaits de l'évolution de notre coopération dans le domaine humanitaire, y compris les échanges culturels et éducatifs. En Arménie, on ouvre des centres gratuits de l'apprentissage du russe, un réseau de classes est en train d'être crée. Nous constatons l'intérêt de la jeunesse arménienne à l'apprentissage de la langue russe. Nous allons fortement le soutenir.
Nous avons parlé de la coopération en matière de la politique étrangère, la coordination de nos efforts dans diverses organisations internationales sur la base des ententes conclues par les ministres des Affaires étrangères de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et de la CEI. Nous allons continuer à renforcer la coopération russo-arménienne au sein de l'ONU et de l'OSCE. Cette année nous allons accorder une attention particulière à la coopération au Conseil de l'Europe et à l'Organisation de coopération économique de la mer Noire (OCEMN), vu la présidence qui sera transmise à l'Arménie au mois de mai.
Le progrès dans la mise en œuvre des accords de chefs d'Etat sur l'examen des possibilités de coopération entre l'Arménie et l'Union douanière et l'Espace économique commun a été noté. Nous avons apprécié le travail de la commission russo-arménienne mixed formée pour répondre aux questions. Le Mémorandum de coopération entre la Commission économique eurasienne et le Gouvernement de la République d'Arménie, signé le 10 avril a.c., va en donner un essor.
Nous avons eu un échange des vues sur les questions de sécurité, de stabilité et de coopération dans le Caucase du Sud, y compris le problème du règlement du conflit de Nagorno-Karabakh. La Russie, en tant que co-président du Groupe de Minsk de l'OSCE, vise à poursuivre la recherche de solutions mutuellement acceptables aux parties. Nous nous efforcerons de continuer à y contribuer.
Dans l'ensemble, je le répète, les négociations se sont bien déroulées. Je pense que les relations russo-arméniennes vont en profiter.
Question (à deux ministres): Quelle est votre évaluation de l'efficacité de la coopération entre la Russie et l'Arménie dans l'OTSC?
Lavrov: L'efficacité est haute. La Russie et l'Arménie se sont engagés à des accords conclus par les chefs d'Etat, y compris lors du sommet de l'OTSC en décembre 2012, visant à renforcer la capacité de l'Organisation à répondre à toutes les menaces externes et à assurer la souveraineté des pays membres. Ce travail est permanent.
Il n'y a pas longtemps, le ministre de la Défense de Russie Sergueï Choïgou et le chef d'état-major général des Forces armées Valery Gerasimov se sont rendus en Arménie en visites, au cours desquelles des moyens de renforcer la coopération dans les domaines militaire et technique, au niveau bilatéral ainsi que dans le cadre de l'OTSC, ont été discutés.
Hors son rôle militaire, l'Organisation à un volet important de son travail dans le domaine de la politique étrangère, liée à la coordination des actions sur la scène internationale – à l'ONU, l'OSCE, le Conseil de l'Europe et dans d'autres structures. Je peux dire que dans ce domaine, nous avons également mis en place la coopération exemplaire - nous soutenons toujours les uns les autres. Donc, cela va se poursuivre.
Question: Le processus de négociation de Karabakh est actuellement dans l'impasse après la réunion des dirigeants de l'Azerbaïdjan, l'Arménie et la Russie à Kazan en 2011, ainsi qu'après le transfert de R.Safarov à la partie azerbaïdjanaise. Est-ce que la Russie, en tant que coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE, a pris des mesures pour intensifier ce processus? Est-ce qu'il y aura des nouvelles initiatives de la partie russe?
Lavrov: Les approches russes sont bien connues, ce n'est pas une chose indépendante. Nous travaillons exclusivement dans le cadre prévu par les trois co-présidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, ensemble avec nos partenaires américains et français. Aux différentes phases les membres de ce trio faisaient des propositions soutenues par les autres co-présidents. Quelles que soient les formules, l'essentiel de ces propositions est de créer des conditions nécessaires pour un accord des parties. Et cela ne peut se faire que par elles-mêmes. Cette position des co-présidents est reflétée dans les principes fondamentaux confirmés dans des déclarations faites par les présidents de la Russie, des Etats-Unis et de la France à plusieurs reprises ces 3-4 dernières années. Nous sommes attachés à cette position et nous continuons le travail dans le groupe des co-présidents afin de favoriser la reprise du processus de négociation. Des réunions, y compris des récents contacts, sont organisées régulièrement. Des mesures supplémentaires, qui nous permettront de comprendre si nous avons bien avancé dans la reprise des négociations, sont planifiés.
Nous n'allons pas baisser notre activité, le travail continue.