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Allocution et réponses à la presse du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à l'issue de ses consultations avec la délégation ministérielle du groupe de contact de l'OCI pour la Palestine et Jérusalem-Est, Moscou, le 26 février 2015

333-26-02-2015

Mesdames et Messieurs,

Hier et aujourd'hui, je me suis entretenu avec la délégation ministérielle du groupe de contact de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) pour la Palestine et Jérusalem-Est, présidée par le Ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri.

Le dialogue entre la Russie et l'OCI, où notre pays possède le statut d'observateur, se développe depuis 2015. Nous souhaitons élargir la coopération et renforcer nos liens conviviaux avec nos partenaires dans le monde islamique.

La réunion d'aujourd'hui s'est déroulée alors que la situation autour du processus de paix au Proche-Orient s'aggrave, que la situation sur les territoires palestiniens se détériore et que les phénomènes de crise dans la ville sacrée pour les fidèles de trois religions mondiales, Jérusalem, s'approfondissent. Les membres de la délégation de l'OCI ont rapporté des incidents touchant à des lieux sacrés et la pratique de colonisation illégale qui se poursuit à Jérusalem-Est.

Nous avons réaffirmé la position de principe commune de la Russie et de l'OCI en ce qui concerne la nécessité d'une solution juste et à part entière au problème palestinien sur la base juridique internationale actuelle. Nous soutenons les attentes légitimes du peuple palestinien pour la création d'un État palestinien indépendant, viable, territorialement intègre avec une capitale à Jérusalem-Est, qui cohabiterait en paix et en sécurité avec tous ses voisins.

A l'issue des négociations, nous nous sommes prononcés ensemble sur le besoin de normaliser de toute urgence la situation à Jérusalem. Cette question doit faire l'objet de négociations israélo-palestiniennes directes concernant le statut définitif de la ville.

Dans le même temps, nous sommes convaincus qu'il est nécessaire d'assurer un libre accès aux sanctuaires de la chrétienté, de l'islam et du judaïsme à tous, sans aucune discrimination religieuse ou ethnique. Les liens de la Russie avec la Terre sainte ont de profondes racines historiques. Nous avons l'intention de contribuer activement au règlement de la question relative à Jérusalem.

Nous partageons la profonde préoccupation de nos collègues quant à la dégradation de la situation sur les territoires palestiniens après l'absence de résultat du cycle de neuf mois de négociations israélo-palestiniennes sous l'égide des USA. En été 2014, les affrontements entre l'armée israélienne et les troupes palestiniennes à Gaza ont fait plus de 2 000 victimes palestiniennes et 70 victimes israéliennes, et l'infrastructure de la bande a été sérieusement endommagée. En l'absence de contacts entre les parties, la situation s'est aggravée avec l'apparition de nouveaux facteurs négatifs, entraînant une nouvelle escalade et détériorant les conditions de vie des Palestiniens sur leur territoire.

La Russie contribuera activement à la reprise d'un travail substantiel par le Quartet de médiateurs internationaux pour le Moyen-Orient. Nous avons réussi à organiser une réunion dans ce format au niveau ministériel le 8 février à Munich, en marge de la Conférence sur la sécurité, où il a été décidé d'activer les contacts entre le Quartet et les principaux pays arabes ainsi que l'OCI. En s'appuyant sur cette compréhension fondamentale, nous chercherons à faire en sorte que le dialogue portant sur toutes les questions déterminantes pour la région ne soit pas une formalité et vise la recherche de solutions pratiques.

Je remercie mes collègues pour leur coopération.

 

Question: Que pouvez-vous dire au sujet de la récente déclaration du secrétaire d'État américain John Kerry et du président du Conseil européen Donald Tusk concernant la préparation de nouvelles sanctions contre la Russie?

Sergueï Lavrov: Je pense que l'explication est simple – on cherche à exacerber l'hystérie et à détourner l'attention de la nécessité de remplir les accords de Minsk. Ces appels cachent la réticence de ces dirigeants des USA et de l'UE à faire accomplir ce qui a été convenu à Minsk le 12 février. Ils avancent dans l'ensemble des exigences futiles soutenant pleinement le point de vue des autorités de Kiev qui, comme vous le savez, ont déclaré qu'elles ne commenceraient à retirer leurs armements lourds que si le cessez-le-feu durait une journée ou deux sans le moindre coup de feu. Tout le monde a parfaitement conscience du fait qu'il n'existe pas de trêves ou de cessez-le-feu parfaits. Quand les ministres des Affaires étrangères se sont réunis à Paris au "format Normandie" le 24 février, notre homologue allemand a entièrement reconnu que le risque d'incidents serait plus important tant que le retrait des armements lourds ne commençait pas.

Deuxième point: les observateurs objectifs, y compris de l'OSCE, constatent une réduction significative des fusillades – la trêve apporte donc tout de même un résultat. Ceux qui déclarent que la trêve ne fonctionne pas veulent mettre en échec les accords de Minsk et donner l'impression inverse. Malheureusement, certains médias le font également. Ce matin, sur la chaîne Euronews, j'ai regardé une interview de deux militaires ukrainiens: un homme et une femme portant un masque, avec un emblème nazi sur leur casque. Cette femme a déclaré qu'il n'y avait aucune trêve, que les tirs se poursuivaient toujours. La chaîne n'a fait aucun commentaire. Il me semble que du point de vue du journalisme, il n'est pas très honnête de présenter un tableau aussi unilatéral, d'autant plus quand de nombreux faits montrent le contraire: que la trêve apporte des résultats conséquents.

Pour conclure, je noterais que notre priorité ne consiste pas à satisfaire les pays ou les dirigeants occidentaux, qui nous menacent avec des sanctions, mais d'assurer la paix et un processus de paix politique stable en Ukraine. Pour cela, après le retrait des armements lourds, ce que les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk autoproclamées ont déjà commencé à faire, et après la vérification que nous souhaitons obtenir de l'OSCE (on nous a assuré que l'organisation rejoindrait activement ce processus), il faudra remplir le reste des conditions convenues. Cela concerne avant tout la réforme constitutionnelle avec la participation des régions de Donetsk et de Lougansk, en assurant leur décentralisation conformément aux principes exposés en détail dans les accords de Minsk du 12 février. Tous les appels à condamner les insurgés, la Russie ou quiconque d'autre pour l'échec de la trêve ne visent qu'à empêcher la transition vers un processus de paix politique et un dialogue équitable entre Kiev et l'Est de l'Ukraine, orienté sur la réforme constitutionnelle et garantissant intégralement le respect du droit international pour les habitants de ces régions.

Question (adressée au Secrétaire général de l'OCI Iyad Madani): Que pense l'OCI de la contribution de la Russie pour instaurer la paix et la stabilité dans la région et dans le monde?

Sergueï Lavrov (ajoute après la réponse d'Iyad Madani): Premièrement, je voudrais remercier le Secrétaire général pour son appréciation du rôle de la Russie dans le monde.

Deuxièmement, je dirais qu'avec nos partenaires arabes et islamiques nos positions convergent au sujet de plusieurs aspects des relations internationales. Cela concerne avant tout la nécessité d'assurer la démocratisation du système international et la primauté du droit international sans aucun double standard. Je suis certain qu'en ce sens notre coopération correspond à la tendance objective de formation d'un monde polycentrique, dont le monde islamique sera - et devient déjà - l'un des centres. L'apparition de nouveaux centres dans le système international lui assurera une meilleure stabilité. C'est pourquoi nous voulons sincèrement que le monde islamique soit uni. Nous y voyons un rôle crucial de l'OCI, appelée à assurer l'unité de tous les musulmans, indépendamment du courant de l'islam qu'ils confessent.

Nous sommes très satisfaits par notre coopération, qui a déjà atteint de sérieux résultats et a beaucoup de perspectives. Après notre entretien avec le Secrétaire général en octobre 2014 au siège de l'OCI de Djeddah, nous avons organisé plusieurs consultations spéciales d'experts, y compris sur les droits de l'homme au sein des structures internationales et la mobilisation des efforts pour combattre le terrorisme, l'extrémisme et d'autres nouveaux défis et menaces.

Je suis persuadé que seul un dialogue mené dans un respect mutuel, une véritable prise en compte des intérêts légitimes du partenaire sur l'arène internationale, l'abandon du deux poids deux mesures et la tenue des engagements sont le gage d'un développement réussi des relations internationales. Je le répète, dans ces approches nous sommes unanimes avec l'Organisation de la coopération islamique et ses membres.
 


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