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Le BRICS : une locomotive puissante de développement du Groupe des Vingt. Article de Vadim LUKOV Ambassadeur Extraordinaire, coordinateur du Ministère russe des Affaires étrangères sur le Groupe des Vingt, publié dans un recueil international spécial 'Le Sommet du Groupe des Vingt à Saint-Pétersbourg dans le cadre de la présidence de la Russie'

1653-30-08-2013

Le BRICS : une locomotive puissante de développement du Groupe des Vingt.

Article de Vadim LUKOV Ambassadeur Extraordinaire, coordinateur du Ministère russe des Affaires étrangères sur le Groupe des Vingt, publié dans un recueil international spécial 'Le Sommet du Groupe des Vingt à Saint-Pétersbourg dans le cadre de la présidence de la Russie'

Il existe un lien profond entre le développement du BRICS d'un côté et celui du Groupe des Vingt de l'autre. Ce lien repose sur le processus d'édification de l'économie mondialisée et multi-polaire du 21e siècle.

Si le rôle du Groupe des Vingt, en tant qu'outil de lutte contre la crise financière et économique mondiale et son impact, s'est sensiblement renforcé, c'est en grande partie grâce à la position adoptée par les économies de marché émergentes et, principalement, par les membres du BRICS qui, en décembre 2010, ont été rejoints par l'Afrique du Sud. Leur soutien aux mesures anti-crise, qu'il s'agisse d'un appui politique au sein du Groupe des Vingt ou d'un soutien financier à travers le FMI, s'est avéré un facteur important dans la prévention d'une escalade incontrôlable de la crise et dans l'atténuation de ses conséquences. D'un autre côté, dès le départ, les partenaires du BRICS ont légitimement identifié le Groupe des Vingt comme une plate-forme indispensable non seulement à la coordination de mesures de stabilisation à l'échelle globale, mais aussi à la promotion de leurs programmes de réforme de l'architecture financière et économique internationale. Par conséquent, l'élaboration de l'ordre du jour du Groupe des Vingt représente essentiellement un processus de recherche d'un compromis entre les aspirations des pays développés et des pays émergents, aspirations qui ne coïncident pas nécessairement.

La recherche de développements de leurs intérêts communs au sein du G20, et en particulier dans le cadre de la réforme du système de Bretton Woods, est devenue un facteur important dans la convergence progressive des membres du BRICS. Ce processus peut être clairement retracé à travers les déclarations adoptées par les dirigeants des états du BRICS lors de leurs sommets durant la période entre 2009 et 2012.

On constate, dans ces déclarations, qu'une place de plus en plus importante est désormais réservée à l'exposé des positions communes des membres du BRICS par rapport aux problèmes du G20, et que ces positions sont formulées de façon de plus en plus détaillée.

C'est la prise de conscience par rapport à l'importance du renforcement de la coordination des travaux au sein du G20 qui a convaincu les Etats du BRICS de la nécessité de développer un système de coopération approprié à tous les niveaux. A présent, ce système prévoit des délibérations sur des sujets qui sont au coeur de l'agenda du G20 - débats qui se déroulent tant lors des sommets du BRICS que des réunions informelles de leurs dirigeants tenues en marge des sommets des Vingt, ainsi que lors des réunions des ministres des Finances et Gouverneurs des banques centrales en marge des sessions de printemps et d'automne du Conseil des Gouverneurs du FMI / Banque Mondiale et des rencontres des sherpa du BRICS au sein du Groupe des Vingt.

Cette pratique n'est pas contraire à l'esprit des Vingt comme le prétendent parfois les détracteurs du BRICS. Des dispositifs similaires de coordination existent au sein de l'Union Européenne qui est un membre collectif important au sein du Groupe des Vingt. Cette pratique de coordination d'une panoplie de sujets n'est pas non plus étrangère au Groupe des Sept.

En outre, une politique coordonnée du BRICS au sein du Groupe des Vingt dans de nombreux domaines facilite la recherche d'un compromis, augmente la performance des «vingt», et par conséquent, l'efficacité du système de gouvernance mondiale dans le domaine économique.

Ainsi, en 2010, les membres du BRICS se sont montrés des partenaires constructifs lors de la recherche d'un compromis sur la réaffectation des quotas et des votes à la Banque Mondiale. À la suite des accords conclus, le poids des votes des pays en développement et des pays à économie en transition à la BM a augmenté de 3,13% pour atteindre 47,19 % du total des voix des actionnaires de la Banque. Un accord conclu entre le BRICS et le G7 en octobre 2010 à Gyeongju (République de Corée) a permis de créer un terrain propice pour une décision du Conseil d'Administration du FMI sur un nouveau cycle de réforme du Fonds. Bien que la mise en œuvre pratique de cette décision n'est pas facile, le fait que les premiers pourparlers directs entre les représentants de BRICS et du G7 ont pu avoir lieu à Gyeongju est en soi hautement symbolique.

En façonnant leur participation au sein du G20 sur la base d'intérêts communs concrets, les pays du BRICS ne cherchent pas à s'opposer à d'autres partenaires, mais sont toujours à la recherche de points communs qui peuvent découler des positions des uns et des autres. Lors des sommets du G20, cette tendance a grandement contribué à l'élaboration d' accords historiques tels que le Cadre pour une croissance forte, durable et équilibrée, le régime de Bâle III, un «paquet» de mesures visant à améliorer la surveillance nationale et internationale des marchés financiers, un Plan à long terme de l'action pour le développement, un mécanisme de coopération internationale pour la prévention des catastrophes écologiques lors de la production des hydrocarbures et leur transport en mer.

Les pays du BRICS contribuent de façon importante à la stabilité du système monétaire et financier international, ce qui représente un des principaux objectifs stratégiques du G20. Ainsi, en réponse à l'appel du Directeur Exécutif du FMI, Christine Lagarde, les dirigeants de BRICS, lors de leur réunion à Los Cabos le 18 juin 2012, ont adopté une décision solidaire sur la contribution de leurs pays quant au réapprovisionnement du Fonds en ressources de crédit à raison de 75 milliards de dollars . En même temps, il convient à souligner que, compte tenu de cette démarche, les partenaires au sein du BRICS attendent du FMI et de son leadership davantage de mesures pour réformer le Fonds.

La présidence russe au Groupe des Vingt en 2013 tient à assurer la continuité de ce large consensus entre tous les membres de ce forum et développer une vision globale des priorités visant à mettre l'économie mondiale sur la voie du développement durable. En même temps, l'agenda russe tient pleinement compte des approches spécifiques de chacun des pays émergents que le BRICS est en train de promouvoir. La raison pour écouter leurs voix est d'autant plus forte que, pendant les deux dernières décennies, c'est ce groupement d'Etats qui, à lui seul, a comptabilisé plus de 50% de la croissance du PIB mondial.

On comprend donc pourquoi nos partenaires dans le BRICS ont apporté un soutien actif aux priorités de la présidence russe du G20, parmi lesquelles la promotion des investissements dans le secteur de l'économie réelle, le renforcement de la confiance et de la transparence, ainsi qu'une réglementation efficace de tous les marchés tiennent une place importante.

La présidence russe appelle à unir les efforts des partenaires au nom de la prise de décisions qui permettront d'accélérer la croissance mondiale et développer l'emploi. A présent, ce sont les défis les plus pressants en raison du ralentissement de la croissance mondiale et la persistance du chômage à des niveaux inacceptables dans de nombreuses parties du monde. Compte tenu des liens étroits qui existent entre les problèmes d'accélération de la croissance économique et ceux de la consolidation budgétaire, il est primordial que le G20 élabore des initiatives visant à améliorer les systèmes nationaux relatifs à la dette publique et à la gestion de la dette souveraine. La présidence russe oeuvre également en faveur de l'avancement de la réforme du FMI. Le G20 a pour vocation de donner une impulsion politique à deux voies de cette réforme:

 développement des accords visant à obtenir une restructuration du quota et des votes au sein du FMI sur base d'une nouvelle formule de calcul et de répartition ;

 ratification par les pays actionnaires du FMI des décisions adoptées par le Conseil des Gouverneurs du FMI le 15 décembre 2010 qui établissaient les paramètres de base pour la 14ème ronde des réformes de gouvernance du Fonds.

Les détracteurs du BRICS font parfois valoir que le rôle de l'association au sein du G20, tout comme au sein de l'économie mondiale dans son ensemble, est en déclin suite à la baisse du taux de croissance au cours des dernières années. Cependant, la comparaison des taux de croissance de l'économie des pays développés de l'Occident et des pays du BRICS en 2011-2013 (compte tenu des prévisions du FMI pour l'année en cours) confirme que ces derniers continuent à devancer les premiers de façon significative. Pendant la période en question, ces derniers ont affiché un taux de croissance annuel total de 4,11% contre 1,37% dans les pays développés de l'Occident .. Ainsi, le 'poids' des pays du BRICS dans l'économie mondiale, et par conséquent au sein du G20, ne cesse de croître, parallèlement à la croissance du rôle joué par l'ensemble des des pays émergents.

Les pays du BRICS ont un intérêt vital dans le maintien et le renforcement du rôle du Groupe des Vingt comme un forum principal de la coopération économique internationale des États membres. Cette position découle de la perception du G20 comme une structure de gouvernance globale qui reflète de façon fidèle la réalité de l'économie multipolaire qui caractérise le monde d'aujourd'hui. En même temps, les partenaires du BRICS sont conscients de l'importance au sein du G20 de ne pas se borner aux intérêts des pays participants, mais également tenir compte des aspirations de l'ensemble de la communauté internationale. Les participants du BRICS, dont un certain nombre fait partie d'autres groupements d'états tels que le Groupe des 77, le Mouvement des non-alignés, des structures régionales en Afrique, en Asie et en Amérique latine, sont bien conscients de ces aspirations et cherchent à les refléter de manière adéquate dans le processus de l'élaboration de l'ordre du jour du G20. Au sein du G20, les membres du BRICS n'agissent pas en tant que groupe à la poursuite de certains intérêts égoïstes mais cherchent à représenter d'une façon crédible, la majorité des économies de marché émergentes et des pays en développement. Les dirigeants du BRICS plaident en faveur d'un dialogue actif entre le Groupe des Vingt et l'ONU, ses institutions spécialisées et les organisations d'intégration régionale. Un tel dialogue permettra de renforcer la légitimité du G20 aux yeux du reste du monde, ce qui assurera un appui plus conséquent de la part des Etats non participants, faute de quoi il serait difficile d'assurer une efficacité adéquate pour le Groupe des Vingt.

C'est cette approche que la présidence russe est en train de mettre pleinement en oeuvre à travers un programme de contacts sous forme d''outreach'. L'historique de participation du BRICS au Groupe des Vingt montre que, au gré du renforcement ultérieur de leur assise financière et économique, ainsi que de la progression d'un dialogue constructif avec ses partenaires au sein du G20, la contribution de BRICS aux travaux de ce forum international de premier plan dans le domaine de la gouvernance économique mondiale sera amené à croître.


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