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Article de Sergueï Lavrov pour Rossiïskaïa gazeta et Renmin Ribao, 24 août 2015

1588-24-08-2015

70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale: les leçons de l'histoire et les nouvelles frontières.

L'année 2015 est marquée par le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour la Russie et la Chine, cette date commémorative a une importance particulière. Nos deux pays étaient alliés dans la lutte contre le nazisme et le militarisme japonais, ils ont essuyé l'attaque principale des agresseurs et ont subi les plus lourdes pertes. Grâce à leur courage sans pareil, à leur sacrifice, à la mobilisation de toutes leurs forces, nos peuples ont réussi à tenir bon dans ce terrible affrontement et à remporter la victoire.

Les actions agressives du Japon ont constitué le prologue de la Seconde Guerre mondiale: ce pays a occupé la Mandchourie  en 1931 puis a lancé, en 1937, une vaste offensive contre la Chine. L'Union soviétique fut le seul État à avoir apporté un réel soutien à la Chine en lui fournissant des avions de combat modernes, des chars, des canons, des fusils, des mitrailleuses, des moyens de transmissions et d'autres objets militaires. Près de 5 000 spécialistes militaires soviétiques, dont une grande escadre de pilotes, ont participé aux opérations.

Après le refus de Tokyo de capituler, notre pays, fidèle à ses engagements d'allié, est entré en guerre en Extrême-Orient. Les forces soviétiques ont très rapidement défait les puissantes unités terrestres du Japon. Le Nord-Est de la Chine et la Corée étaient libérés de l'occupation.

Des dizaines de milliers de soldats soviétiques ont donné leur vie pour la liberté et l'indépendance de la Chine. Nous sommes ravis que Pékin préserve la mémoire de nos compatriotes. La première expédition de recherche conjointe, qui a permis de découvrir des ossements de soldats soviétiques dans la province de Heilongjiang cette année est un exemple révélateur de notre coopération dans le domaine de la commémoration militaire.

Nous sommes confrontés aujourd'hui à une aspiration non dissimulée de falsifier l'histoire de la guerre visant à mettre sur un pied d'égalité les victimes et les bourreaux. Tout cela offense nos peuples et, surtout, érode les fondements de l'ordre mondial fixés dans la Charte de l'Onu. C'est pourquoi il est primordial que nos États restent unis dans leur défense de la vérité historique et des fruits de la Victoire. Il est difficile de surestimer, dans ce contexte, le sens de la participation du Président chinois Xi Jinping aux commémorations organisées à Moscou le 9 mai 2015, et la présence des troupes chinoises au défilé militaire sur la place Rouge.

Face à la situation internationale d'aujourd'hui, complexe, qui se caractérise par un haut niveau de turbulences et un accroissement des phénomènes de crise, il ne faut pas oublier les leçons du passé. Elles nous permettent d'éviter de commettre des erreurs irréparables. Les destins du monde ne peuvent pas être définis par un État en particulier, ou un groupe réduit de pays. Les bombardements de la Yougoslavie, l'occupation de l'Irak, le chaos en Libye et la guerre fratricide en Ukraine illustrent clairement les conséquences qui découlent de tout écart à ce truisme, de l'aspiration de s'emparer à tout prix et de conserver la domination mondiale, de l'imposition de son point de vue, de sa volonté et de ses valeurs à d'autres États.

Il y a 70 ans, les membres de la coalition antihitlérienne réuississaient à s'élever au-dessus des ambitions et des différends, à s'unir pour défaire un ennemi commun, pour éradiquer l'idéologie criminelle. Le résultat crucial de ces efforts communs a été la création de l'Organisation des Nations unies, dont le 70e anniversaire est largement célébré cette année.

 

Cet esprit d'alliance et, dans l'ensemble, les leçons de la Seconde Guerre mondiale, confirment l'absence d'alternative à un travail collectif pour trouver des réponses efficaces aux menaces auxquelles fait face la communauté internationale. Ils témoignent de la valeur d'un partenariat équitable et respectable qui est, au fond, l'unique moyen d'empêcher de nouveaux conflits.

C'est sur cette philosophie que s'appuient les liens entre la Chine et la Russie, qui n'ont jamais été aussi bons et continuent de se développer progressivement. Ils sont basés sur le sentiment de sincère amitié et de sympathie entre nos peuples, sur le profond respect et la confiance, sur la prise en compte des intérêts mutuels ainsi que l'aspiration à la prospérité de nos pays. Il s'agit de relations interétatiques d'un nouveau type, d'une sorte de modèle de coopération au XXIe siècle.

Notre collaboration sur la scène internationale a été un facteur important pour le maintien de la stabilité régionale et internationale. La Russie et la Chine adoptent des approches identiques ou proches sur les problèmes clés de notre époque, elles prônent la formation d'un nouvel ordre mondial multipolaire s'appuyant sur le droit international, le respect de l'identité des peuples et leur droit à disposer d'eux-mêmes. Nous sommes formellement opposés à l'imposition d'une volonté extérieure aux États souverains, y compris par la force, la pression unilatérale via des sanctions, et globalement le recours à une politique de deux poids-deux mesures.

Nous coordonnons efficacement nos actions auprès de diverses plateformes multilatérales, y compris dans le cadre de l'Onu, du G20, ainsi que des Brics et de l'OCS, dont les sommets se sont déroulés avec succès en juillet à Oufa. Nous nous prêtons constamment un soutien mutuel.

L'interdépendance, qui s'accroît dans le cadre de la mondialisation, l'apparition et le renforcement de nouveaux centres de force et d'influence nécessitent des approches novatrices pour assurer la croissance économique mondiale. Et il n'est possible de remplir cette tâche qu'ensemble, en suivant une logique de partenariat et de profit mutuel.

L'Union économique eurasiatique, en vigueur depuis le 1er janvier 2015, est appelée à devenir un facteur de poids pour assurer une croissance économique stable à ses membres. Nous n'opposons pas les processus eurasiatiques à d'autres. Nous sommes prêts à travailler sur leur combinaison, sur la construction de ponts entre l'Europe et l'Asie-Pacifique. Le concept de la Ceinture économique de la Route de la soie avancé par la Chine suit la même logique constructive. L'établissement d'un espace économique commun regroupant ces projets apporte de larges opportunités pour harmoniser nos efforts.

La signature, le 8 mai à Moscou, de la Déclaration commune sino-russe sur la coopération pour concilier la construction de l'UEE et de la CERS est un pas important dans ce sens. Il est question d'une ligne stratégique visant à assurer la complémentarité de ces initiatives avec un retour maximal pour tous les participants. Il est à noter que dans le cadre du travail prévu, nous serons attachés aux principes de transparence, de respect mutuel, d'équité, d'ouverture à toutes les parties intéressées – aussi bien en Asie qu'en Europe. Bien sûr, ce sera un processus long, mais comme dit le proverbe chinois: "Le fort franchira l'obstacle, le sage traversera la route".

La condition nécessaire au développement d'une coopération fructueuse en Asie-Pacifique, dont le rôle dans l'économie et la politique mondiales ne fera que croître, est le renforcement de la stabilité régionale. D'où le besoin de créer dans la région des mécanismes fiables permettant d'assurer une sécurité équitable et indivisible, basés sur une approche non-alignée. C'est à cette tâche qu'était destinée l'initiative sino-russe pour la sécurité et la coopération en Asie-Pacifique proposée en septembre 2010. Compte tenu de ses principes, la Russie, la Chine et Brunei, suggéraient d'initier le travail pour établir une architecture régionale répondant aux réalités d'aujourd'hui, et cette proposition a été soutenue au 8e Sommet de l'Asie orientale en octobre 2013.

Nous avons l'intention de continuer à tout faire, main dans la main avec nos amis chinois, pour assurer le passage de notre coopération à un nouveau stade historique, au profit de nos peuples et au nom de l'affirmation sur la scène internationale des idéaux de justice et d'équité. Un dialogue substantiel, confiant et au plus haut niveau est l'une des clés du succès. Je suis certain que la visite du Président russe Vladimir Poutine en Chine début septembre apportera une puissante impulsion à notre partenariat stratégique dans tous les domaines et contribuera au dévoilement de son potentiel, véritablement inépuisable.

 

 

 

 

 


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