Allocution de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors du débat général de la 79ème session de l'Assemblée générale des Nations unies, New York, 28 septembre 2024
Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs,
Il y a quelques jours, un forum intitulé Sommet de l'avenir s'est tenu dans l'enceinte de ce bâtiment. La Russie a accueilli avec compréhension l'idée du Secrétaire général de le convoquer, car la crise de notre Organisation s'aggrave et il faut faire quelque chose. Nous avons honnêtement participé à la préparation du sommet. Cependant, pour être franc, nous n'avions pas de grandes illusions. L'histoire contemporaine de l'ONU a été marquée par de nombreux évènements ambitieux qui se sont soldés par des déclarations retentissantes vite oubliées.
Le "sommet du millénaire" en 2000 a proclamé l'objectif de "libérer les peuples des fléaux de la guerre". Un peu plus de deux ans plus tard, les États-Unis, à la tête d'une "coalition de volontaires", ont envahi l'Irak sous un prétexte dérisoire et sans mandat du Conseil de sécurité de l'ONU, sachant que ce pays ne peut toujours pas se remettre des conséquences dévastatrices de cette aventure.
Le "sommet mondial" de l'ONU en 2005 a proclamé son engagement à "établir une paix juste conformément aux principes et aux objectifs de la Charte de l'ONU". Cet "engagement sacré" n'a pas empêché les États-Unis et leurs alliés de pousser le dirigeant géorgien de l'époque, Mikhaïl Saakachvili, à lancer en 2008 une agression armée contre le peuple d'Ossétie du Sud et les forces de maintien de la paix russes. Trois ans plus tard, l'Otan a organisé une intervention militaire en Libye, détruisant sa structure étatique et déstabilisant les pays voisins.
En 2015, le "sommet des Nations unies sur le développement durable" a adopté des plans ambitieux pour lutter contre la pauvreté et les inégalités. En réalité, ces promesses se sont révélées être vaines face à la réticence des pays occidentaux à renoncer aux pratiques néocoloniales consistant à siphonner les richesses du monde entier à leur avantage. Regardez les statistiques sur la mise en œuvre des engagements en matière de financement du développement des pays du Sud global et de transfert de technologies respectueuses de l'environnement.
Comme Kofi Annan et Ban Ki-moon autrefois, le Secrétaire général actuel de l'ONU, Antonio Guterres, a avancé son initiative sous le slogan de "redémarrage" de la coopération mondiale. Un slogan admirable, qui pourrait s'y opposer? Mais de quelle coopération mondiale peut-on parler lorsque l'Occident a piétiné toutes ces "valeurs inébranlables" de la mondialisation, dont on nous parlait depuis tant d'années sur toutes les tribunes, en nous assurant qu'elles garantiraient un accès égal pour tous aux bienfaits de la civilisation moderne? Où est l'inviolabilité de la propriété, la présomption d'innocence, la liberté d'expression, l'accès à l'information, la concurrence loyale sur les marchés selon des règles claires et inchangées? Le Secrétaire général parle de coopération mondiale au moment même où les pays occidentaux ont déclenché une véritable guerre de sanctions contre la moitié, si ce n'est la majorité des États du monde, et où le dollar, présenté comme un bien commun pour l'humanité, est brutalement transformé en arme.
Le blocus commercial de Cuba se poursuit depuis plus de 60 ans, bien que la grande majorité des membres de la communauté internationale en demandent la levée. Poursuivant un objectif toujours plus éphémère de maintenir sa domination, Washington bloque le fonctionnement normal de l'OMC pour le règlement des différends et la réforme des institutions de Bretton Woods, dont la structure ne reflète plus la répartition réelle des forces dans l'économie et la finance mondiales. L'Occident cherche également à transformer l'ONU en un instrument pour promouvoir ses propres intérêts égoïstes. Comme l'a montré le Sommet de l'avenir, les tentatives se multiplient pour éroder la nature intergouvernementale de l'Organisation. Les changements depuis longtemps nécessaires dans les méthodes de composition du Secrétariat sont freinés, les postes clés étant aujourd'hui pratiquement accaparés et "hérités" par des représentants de la minorité occidentale. Puisque le Secrétaire général appelle à "redémarrer" la coopération mondiale, le Secrétariat devrait promouvoir des idées unificatrices, proposer des compromis, et non inventer des justifications pour intégrer dans le travail de l'ONU des narratifs favorables à l'Occident.
Il n'est pas trop tard pour insuffler une nouvelle vie à l'ONU. Mais cela ne peut pas se faire par le biais de sommets et de déclarations déconnectés de la réalité. Il faut plutôt rétablir la confiance sur la base du principe fondamental de la Charte: l'égalité souveraine de tous les États. Cependant, cette confiance est sapée par les actions de l’Occident, qui crée, en contournant l'ONU, des formats restreints qui lui sont favorables pour aborder des questions cruciales comme la gestion de l'Internet ou l'élaboration de cadres juridiques pour l'utilisation des technologies d'intelligence artificielle. Car ces questions concernent l'avenir de toute l'humanité et doivent être abordées sur une base universelle, sans discrimination et sans chercher à obtenir des avantages unilatéraux. Il faut donc négocier honnêtement, avec la participation de tous les membres de l'ONU, et non pas de la manière dont a été préparé le Pacte pour l'avenir, à savoir sans une seule séance plénière de négociations à laquelle auraient participé tous les pays. Au lieu de cela, les travaux se sont déroulés sous le contrôle de manipulateurs occidentaux. Au final, le Pacte a déjà rejoint, avant même d'avoir vu le jour, le panthéon des déclarations magnifiquement rédigées en anglais.
C'est malheureusement le sort des "produits" de tels sommets mondiaux. La situation n'est guère meilleure en ce qui concerne l'application des résolutions du Conseil de sécurité, qui sont pourtant obligatoires. On peut mentionner le sabotage des décisions sur le règlement de la situation au Kosovo et des accords de Dayton sur la Bosnie-Herzégovine. Le cas le plus flagrant reste celui de la paralysie, depuis près de 80 ans, des résolutions consensuelles visant à créer un État palestinien indépendant, coexistant en paix et en sécurité avec Israël.
Il n'y a et il ne peut y avoir aucune justification pour les actes de terrorisme qui ont coûté la vie à des Israéliens le 7 octobre 2023. Mais toute personne encore animée par un sentiment de compassion ne peut qu'être indignée par le fait que cette tragédie d'octobre soit utilisée comme prétexte à une punition collective massive des Palestiniens, aboutissant à une catastrophe humanitaire sans précédent. Il est impératif de mettre fin immédiatement aux meurtres de civils palestiniens par des armes américaines. Il faut garantir l'acheminement de l'aide humanitaire dans l'enclave, la reconstruction des infrastructures, et surtout, permettre aux Palestiniens d'exercer leur droit légitime à l'autodétermination et de créer, non pas en paroles mais en actes, sur le terrain, un État viable et territorialement continu dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.
Un autre exemple flagrant de l'utilisation de méthodes terroristes comme moyen d'atteindre des objectifs politiques est l'attaque inhumaine contre le Liban, avec le détournement de technologies civiles en armes mortelles. Ce crime doit faire l’objet d’une enquête immédiate. Mais il est d'ores et déjà impossible de passer sous silence les nombreuses publications dans les médias, y compris en Europe et aux États-Unis, qui témoignent d’une implication ou du moins d’une connaissance préalable de Washington concernant la préparation de cet attentat. Nous comprenons que les Américains nient toujours tout en bloc et feront tout pour étouffer les faits révélés, comme ils l'ont fait face aux preuves irréfutables de leur implication dans les attentats contre les gazoducs Nord Stream. Ces gazoducs, d’ailleurs, étaient un symbole parfait de cette "coopération mondiale" dont rêve le Secrétaire général de l’ONU. Leur destruction a compromis la compétitivité de l'Union européenne dans l'économie mondiale pour de nombreuses années, au bénéfice des États-Unis. L'Occident a également sur la conscience l’étouffement de la vérité sur les auteurs de nombreux autres crimes odieux, notamment la sanglante provocation dans la banlieue de Boutcha, près de Kiev, en avril 2022, et une série d'empoisonnements de citoyens russes au Royaume-Uni et en Allemagne.
Le Secrétariat de l'ONU ne peut pas rester à l'écart des efforts visant à établir la vérité dans des situations directement liées à la sécurité mondiale. Il doit respecter scrupuleusement l'article 100 de la Charte, agir de manière impartiale et éviter la tentation de servir les intérêts de certains États, en particulier ceux qui prônent ouvertement non pas la coopération, mais la division du monde en "jardin fleuri" et la "jungle", ou en ceux qui "dînent à la table de la démocratie" et ceux qui "se retrouvent au menu".
Il ne faut pas oublier le "palmarès" de ceux qui exigent que le reste du monde suive leurs "règles". L'invasion de l'Afghanistan et le séjour peu glorieux de 20 ans d'une coalition bien connue ont entraîné la création d'Al-Qaïda. L'agression contre l'Irak a directement conduit à la formation de Daech. La guerre en Syrie a donné naissance au Front al-Nosra (aujourd'hui Hayat Tahrir al-Cham), tandis que la destruction de la Libye a ouvert la voie à l'infiltration du terrorisme dans la région saharo-sahélienne et à un afflux massif de migrants illégaux en Europe. Nous exhortons tous ceux qui se préoccupent de l'avenir de leurs pays et de leurs peuples à faire preuve d'une extrême vigilance face aux nouvelles aventures des inventeurs de ces fameuses "règles".
Une grande inquiétude est suscitée par les assassinats politiques, devenus presque monnaie courante, comme cela s'est encore produit hier à Beyrouth.
L'évolution tragique et inacceptable des évènements dans le conflit israélo-arabe, au Yémen, dans les eaux de la mer Rouge et du golfe d'Aden, au Soudan et dans d'autres points chauds en Afrique reflète une vérité incontestable: la sécurité ne peut être que commune et indivisible, ou elle n’existera pour personne.
Cela fait des années que la Russie tente de faire comprendre cette vérité simple dans le contexte de la sécurité européenne à Washington, Londres et Bruxelles, qui sont aveuglés par leur complexe d'exceptionnalisme et leur sentiment d'impunité. Bien qu'ils aient d'abord promis de ne pas élargir l'Otan et aient signé, en 1999 et 2010, dans les documents officiels des sommets de l'OSCE des engagements à ne pas renforcer leur sécurité au détriment des autres, l'Alliance atlantique poursuit depuis trois décennies son expansion géopolitique et militaire en Europe. Elle tente désormais de s'implanter dans le Caucase du Sud et en Asie centrale, créant ainsi des menaces directes pour la sécurité de notre pays. Le même processus est en cours dans la région Asie-Pacifique, où l'infrastructure de l'Otan s'implante et où des blocs politico-militaires restreints sont créés pour contenir la Chine et la Russie, sapant l'architecture de sécurité inclusive sous l'égide de l'Asean.
Sachant que l'Occident non seulement ignore la "coopération mondiale" prônée par notre Secrétaire général, mais accuse ouvertement dans ses documents doctrinaux la Russie, la Chine, la Biélorussie, la Corée du Nord et l'Iran de menacer sa domination. En ce qui concerne la Russie, l'objectif annoncé est de lui infliger une "défaite stratégique", presque comme ce que Londres et Washington avaient planifié en mai 1945, alors qu'ils élaboraient (avant même la fin de la Seconde Guerre mondiale) l'opération Unthinkable visant à détruire l'URSS. À l'époque, cela était gardé dans le plus grand secret, mais aujourd'hui, les stratèges anglo-saxons n'hésitent pas à dévoiler leurs intentions. Certes, ils comptent d'abord vaincre la Russie avec l'aide du régime néonazi illégitime de Kiev, mais ils préparent également l'Europe à s'engager dans cette aventure suicidaire. Je ne m'attarderai pas ici sur l'absurdité et le danger même de l'idée de "combattre jusqu'à la victoire" contre une puissance nucléaire comme la Russie.
Les incantations des maîtres occidentaux de Kiev sur la prétendue "absence d'alternative" aux négociations fondées sur la fameuse "formule de paix" sont tout aussi dénuées de sens. En défendant cet ultimatum voué à l'échec, l'Occident n'hésite pas à se référer à la Charte des Nations unies exigeant d'assurer l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
Je tiens à rappeler, notamment à mes collègues du Secrétariat de l'ONU, que la Charte ne se limite pas à l'intégrité territoriale. Dès son premier article, elle consacre l'obligation de respecter les principes d'égalité des droits et d'autodétermination des peuples. C'est précisément sur cette base juridique internationale que s'est fondé le processus de décolonisation (processus qui, soit dit en passant, reste inachevé à cause de la résistance des Français, des Anglais et d'autres anciennes puissances coloniales). En 1970, l'Assemblée générale a adopté à l'unanimité une déclaration stipulant que l'intégrité territoriale doit être respectée pour les États dont les gouvernements reconnaissent le droit des peuples à l'autodétermination et qui, de ce fait, représentent toute la population résidant sur le territoire concerné. Je souligne qu'il s'agissait d'une décision unanime de l'Assemblée générale de l'ONU après de nombreuses années de discussions difficiles. Il est inutile de prouver que les néonazis ukrainiens, qui ont pris le pouvoir à Kiev à la suite du coup d'État sanglant de février 2014, soutenu par les États-Unis et leurs alliés, ne représentaient pas et ne représentent toujours pas la population russe de la Crimée, du Donbass et de la Nouvelle-Russie.
Les dirigeants occidentaux, obsédés par les droits de l'homme en toutes circonstances, restent ostensiblement silencieux lorsque ces droits sont violés par leurs protégés de Kiev. Face à cet oubli flagrant, je rappelle un autre impératif du premier article de la Charte de l'ONU: respecter les droits de l'homme et les libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion. Depuis le coup d'État à Kiev, les droits des Russes et des personnes liées à la culture russe étaient systématiquement bafoués. La langue russe a été interdite par la loi en Ukraine dans tous les domaines, que ce soit l'éducation, les médias, l'art, la culture ou même la vie quotidienne. Récemment, une nouvelle loi a été adoptée pour interdire l'Église orthodoxe ukrainienne canonique. Ces violations flagrantes des droits des Russes, inscrits dans la Charte des Nations unies, ainsi que les menaces à la sécurité de la Russie et de toute l'Europe émanant du régime de Kiev et de ceux qui cherchent à l'entraîner dans l'Otan, sont les causes premières de la crise ukrainienne actuelle. C'est précisément pour éliminer ces causes que la Russie mène une opération militaire spéciale, destinée à protéger sa sécurité et l'avenir des habitants sur leur terre ancestrale.
Nous apprécions le désir sincère d'un certain nombre de nos partenaires de promouvoir des initiatives de médiation motivées par les meilleures intentions. Nous respectons leur engagement constructif à obtenir des résultats, contrairement à la "formule de paix" sans issue de Vladimir Zelenski. Nous appelons nos amis à prendre pleinement en compte dans leurs efforts les faits mentionnés concernant les véritables causes de la situation actuelle. Sans leur élimination, il sera impossible de parvenir à une paix juste, fondée sur la Charte des Nations unies. Un plan réaliste de règlement a été présenté par le président Vladimir Poutine le 14 juin 2024, lorsqu'il a de nouveau montré la bonne volonté de la Russie à parvenir à des accords par les négociations, dont les perspectives ont été anéanties par Kiev et ses sponsors à la suite du coup d'État de 2014, de l'échec des accords de Minsk de 2015 et des négociations d'Istanbul en 2022.
Le niveau sans précédent d'arrogance et d'agressivité de la politique occidentale à l'égard de la Russie ne se contente pas d'annihiler l'idée même de "coopération mondiale" promue par le Secrétaire général, mais bloque de plus en plus le fonctionnement de tout le système de gouvernance mondiale, y compris le Conseil de sécurité. Ce n’est pas notre choix, et nous n’avons pas à assumer la responsabilité des conséquences d’une telle voie dangereuse. Cependant, si l’Occident ne change pas de cap, tout le monde en ressentira les lourdes conséquences.
Il est évident pour la majorité mondiale que la confrontation et l’hégémonisme ne résoudront aucun problème global. Ils ne font que freiner artificiellement le processus objectif de formation d’un ordre mondial multipolaire, fondé sur l'égalité des droits des grandes et petites nations, le respect de la dignité humaine, l'égalité entre les hommes et les femmes et le droit des peuples à décider eux-mêmes de leur destin. Tout cela est également un extrait de la Charte des Nations unies. Il en va de même pour le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains, dont la réaffirmation a été, honteusement pour les membres de l'ONU, bloquée par les États-Unis et leurs satellites lors du Sommet de l'avenir au moment de l'adoption du fameux Pacte.
Lors de son discours du 18 septembre 2024 devant les participants au 4e Forum féminin eurasien à Saint-Pétersbourg, le Président Vladimir Poutine a souligné la nécessité d'unir les efforts en faveur d’un développement durable et d'une sécurité égale et indivisible pour tous. Les problèmes complexes auxquels l'humanité est confrontée ne peuvent être résolus qu'ensemble, en tenant compte des intérêts de chacun. L’Occident doit le comprendre et renoncer à ses attitudes néocoloniales.
Le Sud et l’Est globaux expriment de plus en plus fort leur droit à une participation pleine et entière aux processus de prise de décision sur l'ensemble des questions internationales, ce qui devientr d'autant plus pertinent à un moment où l'Occident démantèle méthodiquement le modèle de mondialisation qu'il a lui-même créé.
Le rôle des organisations interétatiques en Asie, en Afrique et en Amérique latine se renforce. Il s'agit notamment de l'Organisation de coopération de Shanghai, de l'Union africaine, de la Communauté des États latino-américains et caraïbes (Celac), de la Ligue des États arabes, de l'Union économique eurasiatique, de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, et bien d'autres encore.
Des liens se tissent entre les structures régionales d'intégration, tant entre elles qu'avec les Brics, ce qui ouvre la voie à l'harmonisation des approches en matière de coopération mutuellement bénéfique et de développement, à l'abri des influences extérieures néfastes et du diktat.
Ces processus objectifs devront également être pris en compte dans les activités du G20, où le G7 ne peut plus imposer sa volonté.
Il est nécessaire de repenser les moyens d'assurer la sécurité dans différentes régions, en tirant les leçons de l'expérience malheureuse des modèles centrés sur l'Otan ou de la sécurité euro-atlantique, que l'Occident a instrumentalisés au service de ses ambitions expansionnistes.
La Russie a avancé l’initiative de créer une architecture inclusive de sécurité égale et indivisible en Eurasie, ouverte, je tiens à le souligner, à tous les États et organisations de notre continent commun, prêts à œuvrer ensemble pour trouver des solutions acceptables pour tous, en exploitant l’interconnexion et les avantages concurrentiels naturels de l’espace eurasiatique commun. Ce sujet sera au cœur de la conférence internationale qui s’ouvrira à Minsk le 31 octobre 2024.
Nous ne nous fermons pas au dialogue avec l’Occident. En juillet dernier, à l'initiative de la Russie, un débat ouvert du Conseil de sécurité a eu lieu sur la construction d'un ordre mondial plus juste et plus durable. Nous estimons qu'il est important de poursuivre cette discussion, tant au sein de l'ONU que sur d'autres plateformes.
Un ordre mondial plus juste implique sans aucun doute un élargissement de la représentation du Sud global au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous réaffirmons notre position en faveur des candidatures du Brésil et de l'Inde, tout en soutenant les initiatives bien connues de l'Union africaine. Il va de soi qu'il ne peut être question d'accorder des sièges supplémentaires aux pays occidentaux, qui sont déjà surreprésentés au sein du Conseil.
En mai 2025, nous célébrerons le 80e anniversaire de la Victoire dans la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle des dizaines de millions de personnes ont péri à cause de la politique génocidaire du Troisième Reich, y compris 27 millions de citoyens de toutes les nations de l'Union soviétique. Ces crimes n'ont pas de prescription et il n'existe aucune justification morale pour ceux qui tentent aujourd'hui de réhabiliter les bourreaux nazis, les collaborationnistes et leurs partisans actuels, que ce soit en Ukraine, dans les pays baltes, au Canada ou ailleurs.
Le monde est à nouveau confronté aujourd'hui à des défis majeurs qui exigent une union des forces, et non la confrontation ou la quête de domination mondiale.
La Russie prônera toujours un travail collectif, la vérité et le droit, la paix et la coopération dans l'intérêt du rétablissement des idéaux établis par les pères fondateurs. C'est l'objectif du Groupe des amis pour la défense de la Charte des Nations unies, créé à l’initiative du Venezuela. Les objectifs et principes de cette Charte restent pleinement pertinents. L’essentiel est que tout le monde, sans exception, suive ces principes non pas de manière sélective (en choisissant dans un "menu"), mais dans toute leur intégralité et leur interconnexion, y compris le principe de l'égalité souveraine des États. Ainsi, en travaillant à la recherche d’un équilibre honnête entre les intérêts nationaux légitimes de tous les pays, nous pourrons mettre en œuvre la mission inscrite dans la Charte des Nations unies: "Être un centre où s’harmonisent les efforts des nations".