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Interview du ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov au magazine Nouvelles régions de Russie, 10 mars 2025

375-10-03-2025

Question: Quels bilans généraux de politique internationale et étrangère, positifs et négatifs, notre pays peut-il tirer au cours des trois années de l'opération militaire spéciale? Avons-nous reçu cette "expérience, fils d’erreurs difficiles", selon les mots du classique?

Sergueï Lavrov: Les trois dernières années sont devenues une sorte de  moment de vérité. Après le début de l’opération militaire spéciale pour défendre les populations du Donbass et de la Nouvelle-Russie,  l’Occident collectif  a révélé son vrai visage. La fameuse primauté du droit et les règles élémentaires de décence, ont été abandonnées. Les prétendues valeurs européennes – l’inviolabilité de la propriété, la présomption d’innocence, la liberté d’expression et de circulation, l’accès à l’information et d’autres – ont disparu comme de la fumée. Ceux qui ont l’habitude d’enseigner à tout le monde comment vivre se sont proclamés démocrates, défenseurs des droits de l’homme et ont soutenu sans sourciller le régime néonazi de Kiev.

Le monde entier a pu constater que les élites dirigeantes ultralibérales de l’Occident étatient guidées par des instincts hégémoniques. Les habitudes prédatrices et coloniales des anciennes métropoles des pays actuels de l’Union européenne et de la Grande-Bretagne, leurs vices innés: l’arrogance, la tendance à tromper, la malhonnêteté dans les affaires, n’ont pas disparu. De facto, un nouveau  tournant  mondial s’est formé: d’un côté se trouve la minorité occidentale, et de l’autre se trouve la majorité mondiale. Il s’agit de tous ces pays, ainsi que de toutes les personnes de bonne volonté en Occident même, qui prônent l’établissement d’un monde multipolaire fondé sur l’équilibre des intérêts.

Je pense que la principale leçon à tirer est la suivante: dans les questions principales de la vie du pays, nous devons compter uniquement sur nous-mêmes, ainsi que sur des amis qui sont restés à nos côtés dans les moments difficiles.

Quant à la coexistence avec les voisins occidentaux, beaucoup dépendra de leur comportement, de leur volonté d’admettre et de corriger les erreurs qu’ils ont commises, y compris l’abandon de leur désir maniaque d’infliger une défaite stratégique à notre pays.

Question: Soutenez-vous l'opinion selon laquelle le président américain Donald Trump peut prendre une part active au processus de négociation entre la Russie et l'Ukraine et devenir une sorte de pacificateur?

Sergueï Lavrov: Je ne voudrais pas anticiper les événements. Comme l'a répété le président russe Vladimir Poutine, nous sommes toujours prêts à négocier. Toutefois, nos intérêts nationaux doivent être garantis. Les causes profondes du conflit en Ukraine doivent être éradiquées - ce point crucial a été souligné par le chef d'État lors de sa conversation téléphonique avec le président américain Donald Trump le 12 février dernier. Je voudrais vous rappeler qu’il s’agit avant tout de la nécessité d'éliminer les menaces pour la sécurité de la Russie provenant de l’Ukraine et de l’Occident dans leur ensemble, qui sont apparues à la suite de l'expansion de l'Otan vers l'est, ainsi que de la nécessité de mettre fin à la pratique du régime de Kiev consistant à exterminer tout ce qui, d'une manière ou d'une autre, est lié à la Russie et au monde russe - la langue russe, la culture, l'orthodoxie canonique et les médias russophones.

Il est trop tôt pour tirer des conclusions de grande portée, mais ce que nous avons entendu jusqu’à présent de la part des représentants de l’administration de Donald Trump est globalement encourageant. Le locataire de la Maison Blanche lui-même a admis que l’une des causes profondes du conflit était l’expansion de l’Otan et les tentatives d’y entraîner l’Ukraine. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio parle de la multipolarité du monde moderne et de la nécessité de respecter les intérêts de tous les États, grands et petits. À l’ONU, les diplomates américains, pour la première fois depuis trois ans, ont voté avec la Russie et nos partenaires partageant les mêmes idées contre l’odieuse résolution de l’Assemblée générale promue par Kiev et ses superviseurs de l’Union européenne.

Ce sont des pas dans la bonne direction. Nous les apprécions, mais je le répète: il est prématuré de tirer des conclusions profondes sur cette base. Dans l'ensemble, nous n'avons même pas commencé à travailler pour surmonter les problèmes et les contradictions accumulés dans nos relations avec les Américains.

Question: En 2025, la Russie célébrera le 80e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique. En tant qu’homme politique, diplomate et homme d’État, pensez-vous que les sentiments patriotiques sont suffisamment développés dans notre pays, en particulier parmi la jeune génération? Faisons-nous tout ce qu’il faut pour préserver pleinement la mémoire historique de notre État, passée et présente?

La voix de la Russie est-elle suffisamment forte aujourd'hui sur la scène internationale dans le contexte d'une confrontation informationnelle active avec l'Occident collectif et les tentatives de réécriture de notre histoire?

Sergueï Lavrov: Le 80e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique est sans aucun doute l’anniversaire le plus important de l’année à venir. Le ministère russe des Affaires étrangères, comme d’autres organismes gouvernementaux, se prépare à célébrer cette date de la manière la plus digne possible, en rendant hommage à la mémoire de l’exploit de nos héroïques prédécesseurs. Le comité d'organisation  Victoire, présidé par le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine, prépare et organise des événements festifs en collaboration avec les 89 régions russes. Ce plan comprend déjà plus de 170 points et continue de s’enrichir.

Outre Moscou, les centres de la célébration panrusse seront Saint-Pétersbourg et d'autres villes, les musées-réserves  Bataille de Stalingrad  à Volgograd et  Prokhorovskoïe Polé dans la région de Belgorod, le musée-réserve Vladimir Arseniev de l'histoire de l'Extrême-Orient à Vladivostok, le complexe commémoratif  Malakhov Kourgan  à Sébastopol et  Malaįa Zemlia  à Novorossiïsk, et le Musée de l'océan mondial à Kaliningrad.

Il est difficile de répondre à la question de savoir si l'on accorde suffisamment d'attention à l'éducation patriotique des jeunes. Dans ce domaine aussi sensible, il y a toujours quelque chose à améliorer. La génération d'après-guerre, à laquelle j’appartiens, a eu une expérience plus facile dans un certain sens: nous avions sous les yeux l'exemple de soldats encore vivants, participants à la Grande Guerre patriotique.

Pour les jeunes d’aujourd’hui, l’héroïsme des combattants et des commandants de l’opération militaire spéciale devrait être un tel exemple. Des centaines d’entre eux ont servi et sont rentrés chez eux, travaillant dans des écoles et avec des groupes d’adolescents. La participation des soldats de l’opération militaire spéciale à l’éducation patriotique de la jeunesse est très demandée. L’État s’y intéresse, ce n’est pas un hasard si l’année 2025 a été déclarée Année du Défenseur de la Patrie en Russie.

En parlant de la politique étrangère, je soulignerai que, malgré la guerre médiatique déclenchée par l’Occident collectif, la voix de notre pays résonne fort sur la scène internationale. Le monde comprend que la falsification de l’histoire et la remise en cause des valeurs spirituelles et morales conduisent à la dégradation des fondements de l’État et à la perte de la souveraineté. L’Ukraine donne un exemple tragique.

Nous sommes soutenus par ceux qui s’opposent à la renaissance du nazisme sous quelque forme ou manifestation que ce soit. L’écrasante majorité des États membres de l’ONU votent chaque année en faveur de la résolution de l’Assemblée générale russe contre la glorification de cette idéologie misanthropique.

Le 80e anniversaire de la Grande Victoire revêt une signification particulière pour nos relations avec les pays voisins, car nos grands-pères et arrière-grands-pères ont combattu côte à côte contre les envahisseurs et les collaborateurs nazis de la plupart des pays européens. Ce n’est pas un hasard si le 8 octobre 2024, à Moscou, l’Appel des chefs d’État des États membres de la CEI aux peuples de la Communauté et à la communauté mondiale a été adopté à l’occasion du 80e anniversaire de la victoire du peuple soviétique dans la Grande Guerre patriotique de 1941-1945. L’année 2025 a été déclarée dans la CEI l’année du 80e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique – l’année de la paix et de l’unité dans la lutte contre le nazisme. Les organes directeurs de la Communauté ont décidé d'instaurer une médaille unique pour le jubilé  80 ans de victoire dans la Grande Guerre patriotique de 1941-1945.

 

 


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