Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 15 mars 2019
Sur l'attentat en Nouvelle-Zélande
Un attentat a été commis dans une mosquée de Nouvelle-Zélande, dans lequel plusieurs dizaines de personnes ont trouvé la mort.
Vous le savez déjà, le Président russe Vladimir Poutine a envoyé ses condoléances aux autorités néo-zélandaises.
Nous sommes choqués par cet horrible crime. Au nom du Ministère russe des Affaires étrangères, nous exprimons également notre profonde tristesse et notre soutien au peuple néo-zélandais.
Selon les dernières informations, aucun citoyen russe ne compte parmi les victimes. De son côté, le Ministère russe des Affaires étrangères et nos diplomates continuent de suivre la situation en Nouvelle-Zélande. Nous vous tiendrons informés si de nouvelles informations venaient à apparaître.
Sur la visite à Moscou du vice-Premier ministre et Ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra
Mardi 19 mars, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra à Moscou avec le vice-Premier ministre et Ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra.
L'Algérie est l'un de nos principaux partenaires en Afrique et dans le monde arabe. Les approches de la Russie et de l'Algérie convergent ou coïncident sur la plupart des questions d'actualité régionales et internationales, ce qui a été réaffirmé lors de l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec les représentants des autorités algériennes durant sa visite de travail dans ce pays fin janvier 2019. Nos pays sont unis par leur attachement au règlement pacifique des conflits, à la non-ingérence dans les affaires d'autres États, à la garantie de la stabilité et de l'équilibre des intérêts dans les relations internationales en respectant le rôle prépondérant de l'Onu, ainsi qu'au respect des normes et des principes du droit international tels que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes sans aucune ingérence extérieure.
Dans le cadre de nos relations bilatérales, nous avons noué de nombreux liens mutuellement bénéfiques dans le domaine commercial, économique, militaro-technique et social, et des deux côtés nous sommes disposés à les renforcer et à les élargir conformément à l'esprit et à la lettre de la Déclaration de partenariat stratégique de 2001.
Nous comptons poursuivre une discussion concernée et productive sur toutes les questions d'actualité relatives à notre coopération bilatérale dans différents secteurs.
Nous comptons également obtenir de première main l'information sur les perspectives d'évolution de la situation dans le pays ami qu'est l'Algérie au regard de la récente décision de reporter l'élection présidentielle.
Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aux travaux de la Conférence du désarmement
Ce mercredi 20 mars, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participera à la réunion plénière de la Conférence du désarmement à Genève. Dans son allocution lors de ce forum primordial sur le désarmement, il exprimera les approches de la Russie concernant les principaux problèmes liés au contrôle des armements, au désarmement et à la non-prolifération compte tenu de l'évolution de la situation dans ce domaine. Une attention particulière sera accordée au travail de la Conférence-même et à la tâche d'y relancer les négociations. La Fédération de Russie apporte une contribution significative au déblocage du travail de la Conférence du désarmement. En 2016, nous avons suggéré de préparer dans le cadre de ce forum une convention internationale sur la lutte contre le terrorisme chimique et biologique. Cette initiative a reçu un large soutien international. L'idée de cette convention ne porte atteinte aux intérêts d'aucun pays et sa mise en œuvre permettrait de combler les lacunes actuelles en matière de droit international dans le contexte de la lutte contre le terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire. Nous comptons sur la participation de tous les pays intéressés à un travail approfondi sur l'initiative russe.
La priorité russe à la Conférence du désarmement reste l'élaboration d'un instrument multilatéral juridiquement contraignant visant à prévenir une course aux armements dans l'espace sur la base du projet russo-chinois de traité sur la prévention du déploiement des armes dans l'espace et de la menace ou de l'emploi de la force contre des objets spatiaux.
Les démarches ciblées entreprises récemment par les États-Unis afin de préparer un déploiement d'armes dans l'espace, notamment la création d'un groupe de dispositifs ABM, confirment la pertinence et la sollicitation des efforts internationaux pour s'opposer à des plans aussi irresponsables. Nous comptons sur le lancement au plus vite de pourparlers dans le cadre de la Conférence du désarmement sur cette question qui a une importance cruciale dans le contexte du maintien de la sécurité internationale et de la stabilité stratégique.
Sur la visite du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Saint-Marin
Ce jeudi 21 mars, à l'invitation des autorités saint-marinaises, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rendra en visite officielle à Saint-Marin. Il s'y entretiendra avec le Secrétaire d’État (Ministre) pour les Affaires étrangères, les Affaires politiques et la Justice Nicola Renzi et prononcera un discours au Grand Conseil général (Parlement) de Saint-Marin.
Sa visite permettra un échange d'avis sur l'état actuel et les perspectives de la coopération bilatérale entre la Russie et Saint-Marin, ainsi qu'une discussion substantielle sur l'ordre du jour international, notamment la coopération à l'Onu et au sein des structures européennes.
Sur la réunion de la Commission gouvernementale pour les compatriotes à l'étranger
Lundi 25 mars, une nouvelle réunion de la Commission gouvernementale pour les compatriotes à l'étranger se tiendra au Ministère russe des Affaires étrangères sous la présidence de Sergueï Lavrov.
Les participants à la réunion examineront la mise en œuvre du Programme public pour contribuer au déménagement volontaire en Fédération de Russie des compatriotes résidant à l'étranger.
Il est également prévu d'évoquer l'expérience générale de travail des organes exécutifs des sujets de la Fédération de Russie pour la mise en œuvre de la politique d’État vis-à-vis des compatriotes à l'étranger en 2018.
La fondation Rousski mir (Monde russe) partagera les informations sur son activité en matière de soutien des compatriotes en 2017-2018 et ses objectifs pour 2019.
Les membres de la Commission approuveront le concept d'organisation de la Conférence mondiale thématique des compatriotes (Moscou, octobre-novembre 2019).
Sur la réunion du Conseil de tutelle du Fonds Gortchakov de soutien à la diplomatie publique
Mercredi 27 mars se tiendra la réunion annuelle du Conseil de tutelle du Fonds Gortchakov de soutien à la diplomatie publique présidée par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Au cours de cette réunion, il est prévu de présenter le bilan de l'activité de l'organisation en 2018, d'évoquer les plans à terme et d'examiner la liste des axes de travail prioritaires en 2020.
Le Fonds Gortchakov a été créé en 2010 conformément au décret du Président de la Fédération de Russie afin de soutenir la diplomatie publique, de contribuer à la participation d'ONG à la coopération internationale et d'impliquer activement les institutions de la société civile dans les processus de politique étrangère.
Sur les cinq ans de la réunification de la Crimée avec la Russie
Le 18 mars 2014, la Crimée a rejoint la Fédération de Russie en tant que partie intégrante de cette dernière. De notre point de vue, la question de la Crimée est résolue pour toujours car sa réunification avec la Russie a résulté d'une expression libre de la volonté de la population de la péninsule dans le cadre d'un référendum organisé conformément aux normes du droit international, et qui a constitué un triomphe majeur de la démocratie.
La situation autour de la Crimée a complètement dévoilé la stratégie de l'"Occident collectif" visant à torpiller la puissance grandissante de la Russie et son autorité en matière de politique étrangère. Après avoir soutenu la prise du pouvoir par la force à Kiev, nos "partenaires" occidentaux ont été manifestement choqués par le fait de n'avoir pas été en mesure de placer la Crimée dans leur sphère d'influence - comme cela avait été le cas avec l'Ukraine - en transformant la péninsule en "porte-avions" de l'Otan en mer Noire. Les sentiments patriotiques de la population de la Crimée ont fait échouer ce projet. La vengeance s'est traduite par des sanctions illégales de l'Occident: des restrictions sectorielles, personnelles et politiques, ou encore la discrimination en matière de visas. Il s'agit de restrictions introduites par l'Union européenne contre les Criméens qui ont fait leur choix en 2014. C'est d'un exemple évident de politique "deux poids, deux mesures" et de discrimination.
Malgré toutes ces tentatives de l'isoler, la Crimée fait actuellement partie des régions russes qui se développent le plus activement: elle est notamment l'un des leaders du pays en ce qui concerne les taux de croissance. Nous constatons une mise en œuvre efficace du programme fédéral "Le développement social et économique de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol" à l'horizon 2022, qui vise notamment à augmenter le niveau de vie de la population jusqu'à la moyenne russe. Les secteurs-clé de l'économie criméenne font preuve d'un dynamisme positif, le budget régional progresse durablement, la construction résidentielle ne cesse de croître, on modernise et on perfectionne l'infrastructure. Le potentiel du secteur touristique, symbole de la péninsule, se rétablit lui aussi: la Crimée est déjà la destination touristique intérieure préférée des Russes.
On accorde une attention spéciale au secteur social, à l'harmonisation des relations ethniques et religieuses, au respect des droits de l'homme et notamment des minorités ethniques. Les Criméens sont désormais certains que leur droit de parler leur langue maternelle - qu'il s'agisse du russe, du tatar ou de l'ukrainien - n'est pas seulement déclaré mais fixé par la Constitution et - ce qui est le plus important - mis en pratique.
La Crimée s'intègre progressivement à l'espace économique russe. Le problème de l'approvisionnement en électricité a été résolu: les centrales thermiques ont été construites et mises en exploitation pour en finir avec la dépendance de la péninsule envers l'Ukraine dans le domaine énergétique. La communication de transport entre la Crimée et la partie continentale de la Russie a été garantie et élargie en matière de capacités logistiques: le pont de Crimée, construit dans un délai record, a ouvert en 2018 une nouvelle voie de communication routière et on envisage de lancer la communication ferroviaire régulière d'ici la fin de l'année. La mise en exploitation d'un nouveau terminal à l'aéroport international de Simféropol a permis d'élargir le flux de passagers. L'autoroute fédérale "Tauride" est également en cours de construction.
On entreprend des mesures actives visant à impliquer la Crimée dans différents projets de coopération internationale et à élargir ses contacts avec les représentants étrangers des milieux politiques et d'affaires, ainsi que des associations à vocation sociale. Le développement des liens économiques internationaux de la Crimée a notamment été confirmé par le Forum économique international de Yalta, un événement annuel qui réunira cette année des centaines d'entrepreneurs russes et étrangers. Le Forum de Yalta est l'une des quatre réunions économiques et d'affaires les plus importantes organisées en Russie (avec les forums de Saint-Pétersbourg, oriental et de Sotchi).
Un observateur objectif qui veut réellement apprendre la vérité sur la Crimée peut vérifier les acquis obtenus et les problèmes restants. On constate une différence radicale par rapport à la période ukrainienne, quand beaucoup de problèmes sociaux et économiques de la péninsule n'étaient pas résolus pendant des décennies ou étaient tout simplement ignorés, alors que toute l'infrastructure tombait inévitablement en désuétude.
Les changements considérables, le développement social et économique stable et la paix durable sur la terre multiethnique de la Crimée confirment aujourd'hui la justesse de ses habitants qui ont fait il y a cinq ans le choix décisif de revenir à leur "havre natal".
Sur les obstacles créés par les autorités ukrainiennes pour perturber le déplacement dans certains districts des régions de Donetsk et de Lougansk
Beaucoup de politiciens et de parlementaires européens, ainsi que de représentants d'organisations internationales, souhaitent visiter certains districts des régions de Donetsk et de Lougansk de l'Ukraine pour prendre personnellement connaissance de la situation dans la région.
Selon nos informations, les autorités ukrainiennes empêchent ces déplacements en expliquant cette attitude par des raisons de sécurité, entre autres. En même temps, elles montrent de manière ostensible aux hôtes étrangers le territoire contrôlé par les forces armées de l'Ukraine près de la ligne de démarcation. La même chose concerne les représentants des médias, qui ne peuvent plus visiter depuis longtemps le territoire des républiques de Donetsk et de Lougansk.
Par conséquent, les rapports de la Mission spéciale d'observation de l'OSCE constituent pour la communauté internationale la seule source d'information sur la situation dans les républiques autoproclamées. Malgré tout notre respect envers cette organisation, un tel monopole ne favorise pas l'objectivité. Ainsi, nous exigeons depuis longtemps que la Mission publie un rapport thématique sur les victimes civiles du conflit du Donbass depuis 2014. Nous sommes certains que la Mission dispose de ces données, mais préfère focaliser ses rapports sur d'autres questions.
Les obstacles créés par Kiev sur la voie des déplacements dans certains districts des régions de Donetsk et de Lougansk, dissimulent la situation réelle dans les républiques autoproclamées. Nous constatons de fait une autre manifestation du blocus du Donbass, du sabotage des accords de Minsk et des tentatives de cacher la situation réelle dans la région, où la population civile meurt à cause du conflit qui dure depuis des années.
Nous appelons les belligérants - Kiev, Donetsk et Lougansk - à réunir toutes les conditions nécessaires pour le travail de la Mission des deux côtés de la ligne de démarcation, pour le déplacement dans la région des politiciens et des parlementaires étrangers, ainsi que des représentants des organisations internationales et des médias. Nous sommes certains que cela favorisera la formation de représentations objectives de la situation sur le terrain et la mise en œuvre des accords de Minsk.
Sur la situation autour de Kirill Vychinski
On me demande très souvent pourquoi, parmi les nombreux cas, nous mettons en évidence celui de Kirill Vychinski. Nous ne le distinguons pas des autres. Je pense qu'il est le symbole de l'anarchie juridique qui règne actuellement en Ukraine. Ce n'est pas un "cas isolé" dans le sens où nous parlons des uns mais pas des autres. C'est l'illustration de ce qui peut arriver à un individu qui n'a jamais participé de sa vie à des opérations militaires, qui n'a jamais été impliqué dans une activité illégale.
La justice ukrainienne a de nouveau prolongé la détention du directeur de l'agence RIA Novosti-Ukraine Kirill Vychinski, arrêté sur des accusations fallacieuses et aberrantes de haute trahison et d'autres crimes pénaux.
Un pays revendiquant une place digne dans la famille européenne des peuples poursuit un journaliste parce qu'il est journaliste, faisant renaître des pratiques totalitaires classiques.
Une fois de plus, nous soulignons que le régime de Kiev enfreint directement et de manière malintentionnée les engagements internationaux actuels de l'Ukraine en matière de liberté des médias. Nous appelons de nouveau les organisations internationales compétentes et les ONG à renforcer la pression sur les autorités ukrainiennes à ce sujet.
De notre côté, nous continuerons de suivre l'évolution de la situation autour de Kirill Vychinski et de tous les citoyens russes qui se trouvent ou sont illégalement retenus sur le territoire ukrainien, et de mettre en œuvre tous les moyens dont nous disposons pour qu'ils soient libérés et reviennent au pays le plus vite possible.
Sur la situation actuelle en Syrie
Nous continuons de suivre attentivement la situation dans la zone de désescalade d'Idleb. Les terroristes de l'alliance Hayat Tahrir al-Cham formée autour du Front al-Nosra ne cessent pas leurs incursions provocatrices contre les forces gouvernementales syriennes dans cette région. Plus de 460 incidents ont été constatés depuis le début de l'année, qui ont fait plus de 30 morts et plus de 100 blessés. Ce 12 mars, les terroristes ont tenté une attaque kamikaze massive contre les positions de l'armée syrienne au nord de la province de Hama. De plus, les récents bombardements visant les zones d'habitation au nord de Lattaquié et à l'ouest d'Alep ont tué plusieurs civils. Les forces syriennes ont riposté et ont détruit les postes d'appui des terroristes de Hayat Tahrir al-Cham au nord de Hama et au sud d'Idleb. Nous sommes sérieusement préoccupés par les nouveaux communiqués informant que les combattants de Hayat Tahrir al-Cham préparent, avec la "contribution" des fameux Casques blancs, de nouvelles mises en scène d'usage de substances toxiques - pour ensuite rejeter la responsabilité de l'usage de l'arme chimique sur les forces gouvernementales. Les terroristes cachent actuellement ces munitions dans les provinces d'Alep, d'Idleb, de Lattaquié et de Hama.
Sur la rive Est de l'Euphrate, des unités kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont relancé l'assaut contre le dernier bastion de Daech à Baghouz dans la province de Deir-ez-Zor. L'opération des FDS se déroule avec un appui aérien de la coalition internationale anti-Daech menée par les États-Unis. Selon les médias, une nouvelle frappe aérienne non sélective contre Baghouz a tué près de 50 civils et en a blessé des dizaines plus ou moins grièvement lundi 11 mars - pour la plupart des femmes et des enfants. On rapporte que les frappes ont été lancées au moment où ils tentaient de quitter le "chaudron de Baghouz".
Les tapis de bombes lancés sur Baghouz entraînent non seulement des victimes civiles, mais également une hausse du nombre de camps pour les déplacés internes de l'autre côté de l'Euphrate. En particulier, selon l'Onu, la population du camp d'al-Hol, dont nous parlons régulièrement lors des conférences de presse, dépasse déjà 65 000 personnes. Sachant que la base de ressources de ce camp provisoire ne permet pas d'assurer les besoins de ses occupants. Par conséquent, al-Hol est surpeuplé, l'insalubrité y règne, plus de 100 personnes sont décédées à cause des conditions insatisfaisantes dans ce camp - les deux tiers étaient des enfants, dont certains sont morts de froid. Dans l'ensemble, nous constatons une tendance à la détérioration de la situation humanitaire déjà difficile dans ce camp.
La troisième conférence de donateurs "L'aide à apporter pour l'avenir de la Syrie et des pays de la région" s'est déroulée hier à Bruxelles sous l'égide de l'UE et de l'Onu.
La Russie a profité de la plateforme bruxelloise pour faire part à tous les membres responsables de la communauté internationale de la nuisance des sanctions unilatérales décrétées contre Damas par plusieurs pays occidentaux, qui ne font qu'aggraver la situation humanitaire en Syrie.
Je voudrais dire que dans les contacts avec ses partenaires étrangers, y compris les représentants des organisations européennes internationales, la Russie a plusieurs fois posé la question de savoir quelle était la raison des sanctions contre la Syrie. A partir de quelles informations ces sanctions ont-elles été décrétées? L'unique réponse donnée est que ces sanctions ont été décrétées légalement. On ignore ce qu'elles cachent et quelle était la base pour les décréter. Il serait bénéfique que quelqu'un se pose vraiment des questions concernant la base juridique et humanitaire de ces sanctions. C'est vraiment absurde: d'un côté, collecter des millions de dollars pour aider la Syrie et les Syriens, parler de leur situation désastreuse, mettre en place des fonds non gouvernementaux, et de l'autre décréter des sanctions bloquant ces processus. C'est complètement contradictoire. On comprend difficilement comment tout cela coexiste dans le cerveau de ceux qui mènent cette politique.
Malheureusement, les organisateurs de ce forum très représentatif n'ont, cette fois non plus, pas invité les représentants du gouvernement légitime syrien. Les partenaires occidentaux continuent d'ignorer les changements positifs à l’œuvre dans ce pays, notamment grâce aux efforts successifs des autorités syriennes. Je rappelle que l'an dernier, la majeure partie du territoire syrien est passée sous le contrôle du gouvernement central, que le niveau de violence a nettement baissé, que des mesures actives sont entreprises pour promouvoir le processus de paix - le lancement du Comité constitutionnel, par exemple -, et que le flux de réfugiés syriens qui reviennent dans leur foyer en Syrie ne cesse d'augmenter.
Au sujet des réfugiés syriens, nous voudrions également noter ceci. Début mars, une délégation présidée par le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi s'est rendue en Syrie. En plus de leurs contacts avec les autorités syriennes à Damas, les représentants de l'Onu ont visité les lieux de logement des Syriens revenus dans les provinces de Homs et de Hama. Grâce à ce voyage de familiarisation et cette communication directe avec les Syriens, les représentants humanitaires de l'Onu ont pu voir de leurs propres yeux que les rapatriés vivaient dans des conditions normales et n'exprimaient aucune plainte après leur retour au pays.
Ce sont les conditions que les autorités syriennes sont prêtes à accorder à leurs citoyens qui cherchent à sortir de la "réserve" de Roukban située dans la zone d'occupation américaine autour de la commune d'al-Tanf. Mais les combattants du groupe Mahavir al-Saura, qui y sévissent et sont protégés par les Américains, les en empêchent en fixant, à leur plus grand malheur, un tarif excessif pour en sortir. Washington soutient l'arbitraire des bandits en attisant sans relâche la crainte que les gens qui quitteront la "réserve" seront immédiatement arrêtés. Beaucoup n'osent pas contester les doutes américains. Néanmoins, les représentants de l'Onu qui se sont rendus le mois dernier à Roukban ont pu voir eux-mêmes à quel point ses résidents souhaitaient sortir au plus vite de ce cauchemar.
Sur la mortalité infantile dans le camp de déplacés internes de Roukban en Syrie
Lors de la conférence de presse précédente, il m'avait été demandé de commenter les données sur la mortalité infantile dans le camp de déplacés internes de Roukban.
Effectivement, selon les informations de l'UNICEF, 12 enfants, dont 5 nouveau-nés, sont morts au camp de Roukban depuis le début de l'année.
Nous pouvons confirmer ces données. Par contre, nous ne disposons d'aucune information sur l'existence d'enterrements de masse d'enfants dans le camp. Nous sommes évidemment très inquiets et préoccupés par la situation.
Comme la Russie l'a déjà fait remarquer à plusieurs reprises, la source du problème est la "zone de sécurité" de 55 km instaurée de manière illégale par les États-Unis sur le territoire syrien - et où se situe justement le camp. Qui plus est, nous voudrions souligner de nouveau que la seule solution au problème de Roukban réside dans son démantèlement immédiat et au relogement de ses habitants dans des conditions normales.
Nous sommes convaincus que les mesures palliatives - notamment l'envoi de nourriture et de médicaments dans le camp - ne permettront pas de normaliser la situation humanitaire à Roukban, que la majorité écrasante (95%) des habitants veut quitter le plus rapidement possible. Mais les États-Unis et les groupes armées qui sont sous la tutelle américaine et contrôlent le territoire autour du camp bloquent la sortie de ce dernier. Autrement dit, ils portent toute la responsabilité des événements survenus dans le camp, notamment de la mort des enfants. Comme les Américains fournissent chaque jour tout le nécessaire à leurs militaires, les tentatives de présenter l'envoi d'une aide alimentaire aux habitants du camp comme un problème ne sont, en réalité, que des jeux politiques.
Cette agitation autour de la situation humanitaire à Roukban, en grande partie gonflée de manière artificielle, nous préoccupe d'autant plus que les "militants humanitaires" passent sous silence la situation critique dans un autre camp syrien de déplacés internes, celui d'Al-Hol, qui ne cesse de s'aggraver. 80 personnes y ont déjà trouvé la mort, dont la majorité étaient des enfants.
Sur les combattants terroristes étrangers toujours présents en Syrie et en Irak
Le problème du retour des combattants terroristes étrangers de Syrie et d'Irak est depuis longtemps débattu sur différentes plateformes internationales. On examine activement des mesures destinées à traduire en justice les "touristes du djihad" et à prévenir leur participation future aux activités terroristes, notamment à la dissémination de la propagande terroriste et extrémiste dans la société de leur pays d'origine. Aujourd'hui, les débats portent également sur les femmes et les enfants des combattants qui ont subi une influence radicalisante et sont porteurs des risques associés.
Dans le cadre de ces débats, les représentants des pays occidentaux promeuvent activement la réhabilitation et la réintégration des combattants et des membres de leur famille, en mettant l'accent sur la protection des droits de l'homme et sur l'importance de prévenir l'atteinte aux droits des personnes condamnées pour des crimes terroristes.
Ce sont bien sûr des propos bons et justes, mais on constate dans la pratique que les mêmes États occidentaux font tout leur possible pour empêcher le rapatriement de leurs ressortissants depuis les théâtres d'opérations armées au Moyen-Orient. Ainsi, on a de plus en plus souvent recours à la procédure de déchéance de nationalité. Il s'avère que les démocraties occidentales qui, par le passé, avaient soutenu les bandits armés contre le gouvernement légitime et le Président syrien Bachar al-Assad, tentent désormais de se débarrasser d'eux par tous les moyens: il est parfois difficile de prouver les crimes des touristes du djihad devant le tribunal, alors que les laisser en liberté serait trop risqué du point de vue de la sécurité des citoyens américains et européens. Je voudrais rappeler aux politiciens et aux responsables qui prennent part à ces débats qu'on leur a offert une issue excellente quand la Russie expliquait qu'ils soutenaient des terroristes, alors qu'ils affirmaient qu'il s'agissait de "combattants modérés". Ils pourraient donc qualifier l'activité de leurs ressortissants qui ont combattu sur le territoire des extrémistes comme "modérée" pour les rapatrier tout à fait calmement.
On sait que plus de 800 combattants étrangers, notamment beaucoup de citoyens occidentaux, sont détenus dans certains camps situés sur le territoire syrien dont l'isolement est assuré par l'armée américaine. Que faut-il faire avec eux?
Il est probablement avantageux pour les États-Unis et leurs alliés de maintenir ces combattants en situation d'isolement, dans une incertitude juridique - on se souvient de Guantanamo ou d'autres prisons "secrètes" ou "flottantes" tristement célèbres qui toléraient des modes d'interrogatoire inadmissibles dans tout "État de droit".
Un moyen encore plus commode de résoudre ce problème réside dans la neutralisation de ces combattants par un tiers. Les Occidentaux ont choisi cette voie en Irak, où ils ont préféré ignorer l'exécution par les autorités irakiennes de centaines de personnes condamnées pour terrorisme, dont des étrangers. Ils ont également négligé les failles de la justice locale qui agissait dans une situation extrême, et qu'ils auraient certainement critiquées dans tout autre contexte.
Il faut souligner certaines divergences au sein du camp occidental concernant l'avenir des combattants étrangers qui restent en Syrie et en Irak: compte tenu des propos des autorités américaines, les États-Unis, qui n'ont qu'une poignée de leurs citoyens dans la région, font actuellement pression sur les Européens désemparés pour qu'ils s'occupent de leurs "djihadistes".
Le camp occidental n'est uni que dans son refus de l'option la plus juste et défendue par la Russie: remettre immédiatement tous les combattants étrangers restants - et leurs zones de détention - aux autorités syriennes officielles. Une telle option reviendrait à reconnaître indirectement la légitimité du Président Bachar al-Assad élu par les Syriens, ce qui est absolument inacceptable pour beaucoup de "vieilles démocraties". Les autorités occidentales refusent en même temps de rapatrier leurs citoyens de Syrie afin de les juger pour leurs crimes.
En poursuivant l'occupation, illégale de facto et de jure, du territoire d'un État souverain, et en y détenant des combattants étrangers expérimentés, la coalition anti-Daech veut-elle y conserver des possibilités pour utiliser ces combattants dans ses futurs projets politiques ou géopolitiques? La région a déjà connu des exemples de ce genre, notamment en Libye. On a d'abord armé des personnes que l'on considérait comme des représentants des forces démocratiques pour ensuite lancer des combats contre ces derniers et les éliminer. On a donc lutté contre ses propres armes livrées précédemment dans la zone. Tout cela a eu lieu relativement récemment. Le monde entier l'a déjà vu.
Sur les déclarations de Maxim Grigoriev, directeur de l'ONG russe "Fonds de recherches sur les problèmes de la démocratie"
Les journalistes indépendants et les activistes continuent de contribuer à la dénonciation de l'activité pseudo-humanitaire de l'organisation Casques blancs en Syrie en révélant la vérité sur les liens entre les membres des Casques blancs et les groupes terroristes.
Lundi 11 mars au siège de l'OIAC à La Haye et mardi 12 mars en marge de la 40e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève, Maxim Grigoriev, directeur de l'ONG russe "Fonds de recherches sur les problèmes de la démocratie", s'est exprimé sur deux thèmes liés: "L'arme chimique en Syrie: information et désinformation" et "Le dossier humanitaire syrien: le récit des témoins".
A partir des informations recueillies en Syrie, des preuves provenant directement des lieux des événements, a été proposé un regard objectif et convaincant sur l'activité des Casques blancs, qui ont mis en scène des attaques chimiques et des bombardements de quartiers résidentiels. Je voudrais de nouveau attirer l'attention sur le fait que ce n'était pas la position russe officielle, mais nous pensons que ces informations doivent être étudiées, vérifiées et analysées. Il s'agit d'une analyse profonde et sérieuse basée sur des données factuelles.
L'allocution de l'activiste russe était accompagnée de photos et de vidéos des dizaines de dépositions de témoins - civils, anciens membres de groupes armés illégaux et membres des Casques blancs.
Ce 11 mars à La Haye a eu lieu un autre événement important organisé par la Représentation permanente auprès de l'OIAC: une conférence de presse consacrée à l'appréciation préliminaire du rapport de la Mission de l'OIAC pour l'établissement des faits d'usage de l'arme chimique en Syrie concernant l'incident de Douma le 7 avril 2018.
Sur la situation au Venezuela
La situation au Venezuela et autour reste extrêmement tendue. Suite à la tentative ratée d'invasion "humanitaire" fin février et l'activité provocante incessante du "président par intérim" autoproclamé, un grand malheur a frappé le Venezuela cette semaine, qui a coûté la vie à de nombreux citoyens de ce pays. Et il s'est produit, malheureusement, de la manière qui avait été évoquée lors de notre conférence de presse du 7 mars: par un sabotage, littéralement quelques heures après notre mise en garde. Comme la grande majorité des malheurs qui se sont abattus sur le Venezuela indépendant ces dernières années, ce malheur est arrivé de l'extérieur.
Selon le gouvernement légitime du pays dirigé par le Président Nicolas Maduro, ainsi que selon d'autres sources fiables ayant confirmé cette information, le secteur électrique vénézuélien a été attaqué depuis l'étranger. Il s'agit d'une attaque complexe à distance contre les systèmes de gestion et de contrôle des principales stations de distribution électriques où avaient été installés des équipements fabriqués par un pays occidental. Bien évidemment, les organisateurs de l'agression étaient parfaitement informés de tous les algorithmes de travail et des points vulnérables de ces équipements et des systèmes en question. Avec les commanditaires de ce sabotage, ils sont responsables de la mort des personnes restées, notamment, sans électricité dans les hôpitaux. Nous espérons que cette responsabilité prendra tôt ou tard la forme d'une sentence juridique. L'enquête est en cours. Pour anticiper les questions concernant la récente déclaration du Président Nicolas Maduro à ce sujet, je déclare que si nous recevions une requête officielle pour que nos spécialistes contribuent à l'enquête, elle serait étudiée très attentivement.
Je voudrais noter que cet impact nuisible sur les sites d'infrastructure est de plus en plus utilisé en tant que méthode de guerre hybride.
La situation au Venezuela incite à tracer une parallèle avec la situation en Ukraine dans la région de Kherson en automne 2015. Je rappelle qu'à l'époque, des radicaux de droite, désespérés dans leur désir de briser la volonté des Criméens, avaient décrété un "blocus de l'eau" contre la Crimée et fait exploser les lignes à haute tension reliées à la péninsule, mettant sciemment en péril la vie et la santé de centaines de milliers de personnes. Les "héros" du Maïdan n'hésitaient pas à recourir aux méthodes les plus malveillantes pour atteindre leurs propres objectifs sous la protection des États-Unis et d'autres alliés. En particulier, pendant le blocus énergétique de la Crimée qu'il soutenait, Moustafa Djemilev, qui fait l'objet d'une enquête pénale par contumace en Russie, avait exigé de cesser entièrement les approvisionnements en électricité de la péninsule et se demandait pourquoi les produits alimentaires y étaient encore livrés. Autrement dit, il appelait à organiser un blocus alimentaire - c'est-à-dire à reproduire les épisodes les plus horribles et tragiques des guerres mondiales. Visiblement, l'inhumanité et la négligence des normes élémentaires de la morale humaine sont des traits généraux de ceux qui se placent au-dessus du droit international, que ce soit vis-à-vis des habitants de la Crimée ou du Venezuela.
Dans son aspiration vraiment obsessionnelle à renverser par tous les moyens le gouvernement légitime d'un État souverain, Washington ne lésine pas sur les différents scénarios, qu'il applique aussi bien successivement que parallèlement.
Procédons dans l'ordre. Point 1. Les tentatives des États-Unis, qui ont annoncé étudier "toutes les options sur la table", de s'assurer la moindre compréhension des pays de la région et de la communauté internationale, ont échoué quant à la possibilité d'une agression de l'extérieur. Point 2. Ils n'ont pas réussi à cacher à la communauté internationale leurs tentatives de former des brigades de combat - des groupes armés illégaux. Nous avons déjà parlé des plans d'acheter en Europe de l'Est et de fournir illégalement sur le territoire vénézuélien d'importantes cargaisons d'armes. D'ailleurs, il s'est avéré récemment que les services secrets américains établissaient des contacts avec des contrebandiers et des trafiquants de drogue pour fournir des informations sur les passages transfrontaliers illégaux.
Ensuite, point 3: le pari sur un coup d’État militaire. Encore un échec.
Le quatrième point est également intéressant. L'invasion "humanitaire" a échoué. D'ailleurs, détail remarquable: un autre exemple de la politique "deux poids, deux mesures" de la Maison blanche est son refus de l'aide que la Havane lui avait proposée dans le cadre de la gestion des répercussions des ouragans Katrina à la Nouvelle-Orléans (États-Unis) en 2005 et Maria à Porto Rico en 2017. Les autorités cubaines avaient à l'époque communiqué à Washington leur volonté d'apporter ce soutien. Il s'agissait d'envoyer des brigades de médecins cubains, ainsi que des dizaines de tonnes de médicaments et d'équipement médicaux, de déployer des hôpitaux mobiles. Les administrations de George W. Bush et de Donald Trump ont rejeté la proposition de la Havane - même si les prétextes invoqués étaient différents. Les Cubains ont souligné leur volonté d'accorder cette aide sans aucune condition préalable et n'ont en rien lié cette initiative à leurs demandes de lever le blocus économique de l'île par Washington. Je voudrais souligner spécialement que les autorités cubaines ont, dans les deux cas, agi en conformité absolue avec les normes internationales et les règles d'octroi de l'aide humanitaire. Elles ont respecté le refus de Washington d'accepter cette aide et n'ont pas tenté de l'imposer ni de l'utiliser à des fins propagandistes. Aujourd'hui on entend les lamentations des politiciens américains qui affirment que le refus de l'aide humanitaire offerte au peuple sinistré du Venezuela signifie nécessairement que le gouvernement du pays doit partir. Ces mêmes politiciens oublient pourtant de mentionner le peuple vénézuélien qui souffre notamment des sanctions de Washington. Tout cela est absurde.
On constate ces derniers temps de plus en plus de signes de la mise en œuvre du cinquième point de ce plan criminel: il s'agit des diversions. L'activité de sabotage contre les sites civils suit toujours la même logique vicieuse: le pire annonce le meilleur. Je pense que tout le monde comprend bien qui souffre du pire - il n'existe dans ce cas-là qu'une seule cible, le peuple vénézuélien - et qui compte sur le meilleur. Mais arrêtons pour le moment de citer les points de ce plan pour recommander à ceux qui rédigent ces projets illégaux et allant à l'encontre du droit international - qui comprennent des points et des sous-points - de réfléchir à leurs répercussions éventuelles.
Nous avons appris, non sans inquiétude, la décision de Washington d'évacuer tout le personnel de sa mission diplomatique à Caracas. Cette initiative en tant que telle n'est pas inhabituelle: on avait immédiatement montré la porte aux ambassadeurs américains suite à la rupture des relations diplomatiques entre le Venezuela et les États-Unis. La source de notre inquiétude est ailleurs: le Secrétaire d'État Mike Pompeo a annoncé que la présence des collaborateurs américains constituait une limitation pour les actions des États-Unis. De quelles actions parlait-il?
Pour revenir à la thèse de la "crise humanitaire au Venezuela", nous voudrions attirer l'attention sur une autre déclaration de Mike Pompeo, qui souligne la non-implication des États-Unis dans la chute de la production des matières premières agricoles au Venezuela. L'administration américaine renforce activement ses sanctions économiques contre le Venezuela, dont les dommages directs sont comparables aux dépenses du Gouvernement légitime de Nicolas Maduro pour les achats annuels de matières premières étrangères pour l'industrie alimentaire (plus de 800 millions de dollars). En même temps, selon John Bolton, conseiller du Président américain à la sécurité nationale, les États-Unis étudient de nouvelles sanctions visant à resserrer l'"étau et priver de moyens le régime de Nicolas Maduro". Que peut-on commenter dans ce cas-là? Des propos de ce genre n'auraient probablement pas semblé odieux il y a 100 ou 200 ans, quand il n'était pas encore de coutume d'évoquer le droit international, les droits de l'homme ou les aspects humanitaires. Mais nous vivons en 2019. Comment est-ce possible aujourd'hui? Tout cela est aggravé par la vitesse du partage des informations, car tout le monde apprend tout en quelques secondes. Comment des choses de ce genre peuvent-elles exister dans les pays qui se considèrent comme civilisés, ouverts, libres et démocratiques?
Il semble que Washington préfère rester prisonnier de ses propres illusions. Les propos du Secrétaire d'État Mike Pompeo sur une "réponse sévère de la communauté internationale à la Russie" ("the international community sharply rebuked Russia") et les "54 États démocratiques qui ont officiellement soutenu" le prétendu président vénézuélien par intérim, sont tout aussi irréalistes. Il semble que les "amis étrangers de la démocratie vénézuélienne", obsédés par ces persécutions, refusent de reconnaître un fait très simple: plus de deux tiers des États membres de l'Onu s'abstiennent toujours de reconnaître le "protégé" illégitime de Washington qui a, par ailleurs, récemment annoncé qu'il continuerait à assumer les fonctions présidentielles pour "réaliser les espoirs apparus chez les Vénézuéliens ces derniers jours".
Quand les médias ont commenté le retour de ce politicien au Venezuela, certains ont indiqué qu'il avait pris un vol régulier. Beaucoup de sources ont pourtant souligné qu'il ne s'était pas fait enregistrer pour ce vol. Comment peut-on prendre un vol régulier sans enregistrement? C'est une grande question.
Sur la situation actuelle en Afghanistan
Nous remarquons une sérieuse aggravation de la situation militaro-politique en Afghanistan ces derniers temps. Les talibans ont commis plusieurs grandes attaques contre les bases militaires et les postes de contrôle des forces gouvernementales. Le groupe terroriste Daech s'est fait remarquer par un nouvel attentat le 7 mars: un bombardement à l'occasion d'une activité commémorative à Kaboul, qui a blessé l'un des candidats à la présidentielle Abdul Latif Pedram.
De son côté, l'aviation de la coalition internationale et des forces gouvernementales afghanes s'efforce de ne pas réduire l'intensité des bombardements contre les régions contrôlées par l'opposition armée et sa pression militaire sur le terrain.
Nous soulignons que tout cela se déroule alors que les négociations se poursuivent entre les États-Unis et les talibans sur la cessation du conflit armé afin de déboucher sur l'établissement de la paix en Afghanistan. Il y a même des informations sur un accord préalable concernant les conditions du retrait des forces étrangères d'Afghanistan, qu'il reste à mettre au point et à valider sur le papier.
Dans cette situation, les belligérants cherchent probablement, par le renforcement de la pression militaire, à appuyer leurs arguments dans les négociations. Nous jugeons que cette voie est sans perspectives, ne contribue pas à trouver une entente, et mène directement à l'échec des négociations, sans parler des souffrances endurées par les Afghans ordinaires à cause de la guerre qui perdure.
Nous appelons les belligérants en Afghanistan à cesser les activités militaires, ainsi qu'à montrer leur bonne volonté au peuple afghan et leur aspiration à déboucher sur une paix véritable.
Sur la hausse de la tension dans le nord du Kosovo
Une hausse de la tension est constatée dans le nord du Kosovo majoritairement peuplé de Serbes. Les autorités albano-kosovares durcissent leur contrôle administratif sous prétexte de bloquer les livraisons de marchandises de Serbie, qu'elles jugent illégales car elles contournent les taxes rédhibitoires de 100% décrétées en novembre 2018 par Pristina. La situation liée à l'accès à certaines ressources vitales, notamment à la nourriture, s'aggrave. Pristina a lancé un mandat d'arrêt contre plusieurs personnalités importantes de la communauté serbe. Des forces de Pristina sont envoyées dans les zones peuplées par des Serbes.
En plus de la "plateforme" d'ultimatum adoptée ce 7 mars par l'Assemblée du Kosovo - qui prive la poursuite du dialogue entre Belgrade et Pristina de tout son sens -, et de la récente tentative d'établir le contrôle sur la partie serbe de l'usine métallurgique Trepca pour priver de travail plusieurs milliers d'ouvriers ayant une famille, ces mesures des autorités kosovares ne sont rien d'autre qu'un étau qui se resserre, une expulsion méthodique des Serbes du territoire en créant des conditions insupportables pour eux, une intimidation dans l'esprit des épurations ethniques. Où sont toutes les structures européennes des droits de l'homme? Où sont ceux qui s'occupent des droits de l'homme et qui connaissent les problèmes de la région?
La Force internationale pour le Kosovo doit remplir son mandat du Conseil de sécurité des Nations unies et empêcher la violence vis-à-vis des Serbes kosovars. Nous notons que la KFOR n'a aucunement empêché les actions agressives des Kosovars au nord par le passé, et qu'elle est encore restée à l'écart cette fois.
La situation de crise au nord du Kosovo résulte de la complaisance des "superviseurs extérieurs" de Pristina - les États-Unis et l'UE - depuis des années. Cela explique les "appétits" excessifs des Albanais kosovars aujourd'hui, leur ligne irréconciliable dans le dialogue avec Belgrade. Washington et Bruxelles doivent dompter les radicaux de Pristina élevés sous la tutelle de l'Occident. Je rappelle la devise de la publicité activement diffusée il y a quelques années, immédiatement après la prétendue reconnaissance de l'indépendance du Kosovo sur les chaînes centrales américaines: "Le Kosovo - un pays de possibilités". A présent, nous voyons de quelles possibilités il s'agissait. Les radicaux de Pristina s'en prennent sciemment à la paix et à la sécurité au Kosovo. Ils sont la source du conflit dans la région des Balkans dans l'ensemble.
Sur la publication du "Livre blanc des violations des droits de l'homme par des pays occidentaux sous prétexte de lutter contre le terrorisme et d'autres menaces et défis criminels"
Le Ministère russe des Affaires étrangères a rédigé un "Livre blanc des violations des droits de l'homme par des pays occidentaux sous prétexte de lutter contre le terrorisme et d'autres menaces et défis criminels".(https://mid.ru/ru/foreign_policy/international_safety/crime//-/asset_publisher/3F5lZsLVSx4R/content/id/3571187
La situation actuelle est telle que la communauté internationale est contrainte de durcir les fonctions de contrôle des forces de l'ordre et des renseignements pour lutter contre la menace terroriste et le crime. La protection des droits de l'homme à la vie et à la sécurité physique entre parfois en contradiction avec d'autres principes de défense des droits.
Pour l'instant, le dilemme universel de savoir ce qui est plus important entre les droits de l'homme et la garantie de sa sécurité n'est toujours pas résolu. Les pays occidentaux adoptent une ligne très ferme visant à renforcer les fonctions de sécurité des structures publiques et à élargir leurs capacités, ce qui possède souvent l'effet secondaire de restreindre les libertés et les droits individuels des citoyens. La Russie est critiquée pour recourir à de telles méthodes alors qu'elles sont plus souples qu'en Occident. Les Américains et certains Européens accusent à la moindre occasion Moscou d'enfreindre les droits de l'homme.
Le document que nous présentons aujourd'hui réunit les informations qui montrent que dans les faits, les renseignements occidentaux disposent de larges capacités pour exercer un contrôle presque total sur la société, et illustrent la tendance visible au renforcement de leurs pouvoirs. Afin de surveiller le trafic internet et, si besoin, de censurer l'internet, ils imposent aux sociétés informatiques privées et aux opérateurs de coopérer avec eux, continuent de surveiller les utilisateurs des systèmes d'information et de communications aussi bien au niveau national qu'à l'étranger, notamment dans les pays alliés, ainsi que vis-à-vis des organisations internationales. En résulte une violation systématique du droit à la vie privée de ses propres citoyens et des citoyens étrangers.
Sous couvert de lutter contre le terrorisme, les pays occidentaux bafouent souvent les droits des citoyens à l'intégrité individuelle et à un procès juste, ce qui se traduit par des arrestations illégales, des tortures et des exécutions sommaires.
Cette publication rapporte également des violations de la liberté d'opinion, dénonce les tentatives de restreindre la liberté des médias et d'instaurer la torture, et contient des exemples du recueil d'informations personnelles par les forces de l'ordre et les renseignements de pays occidentaux en contournant la législation d'autres États.
De plus, ce document aborde le problème du recours, en Occident, à des mesures de contrôle selon le principe racial, ethnique ou religieux, ainsi que la pratique du "profilage" racial (ou autre) des citoyens par les renseignements sous prétexte de lutter contre le terrorisme.
Nous pensons que de telles approches, aggravées par le deux poids deux mesures du côté des pays occidentaux, comportent un risque pour une grande partie de la communauté internationale qui prône la primauté du droit international dans la politique étrangère et un respect scrupuleux des droits de l'homme fondamentaux.
Sur la réunion de la Commission conjointe créée dans le cadre de la mise en œuvre du plan d'action global commun pour régler la situation autour du programme nucléaire iranien
Les 5 et 6 mars à Vienne s'est tenue, au niveau des directeurs politiques, la réunion de la Commission conjointe créée dans le cadre de la mise en œuvre du plan d'action global commun pour régler la situation autour du programme nucléaire iranien. Elle avait été précédée par une étape de préparation difficile ayant débouché sur une série de consultations d'experts dans différents formats et de réunions des Groupes de travail du Plan d'action dans tous les principaux domaines.
Il est possible d'affirmer que malgré le refus des États-Unis de remplir leurs engagements dans le cadre des accords généraux de 2015 fixés par la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies, le Plan d'action a tenu le coup, il reste fonctionnel et continue d'être appliqué à part entière. Bien sûr, cela est dû grâce aux sérieux efforts des membres restants du Plan d'action, qui doivent compenser le préjudice causé par Washington et reconstituer brique par brique l'équilibre initial sur lequel l'accord était bâti.
Les résultats de la réunion de la Commission conjointe témoignent de l'attachement immuable des participants actuels du Plan d'action à leurs engagements.
L'Iran respecte inconditionnellement toutes les exigences, ce qui est confirmé régulièrement par l'AIEA. L'activité nucléaire dans ce pays se trouve sous le contrôle permanent de l'Agence et c'est un modèle de transparence. Nous le rappelons à ceux qui critiquent constamment l'accord nucléaire et tentent de l'annuler.
La Commission conjointe a passé en revue la mise en œuvre des tâches pratiques fixées par le Plan d'action. Il est notamment question de réorienter l'ancienne usine d'enrichissement d'uranium de Fordo sur la production d'isotopes stables (avec la participation active d'experts nucléaires russes), de moderniser le réacteur de recherche d'Arak, d'apporter une aide internationale à l'Iran dans la maîtrise du nucléaire pacifique et le renforcement de la sécurité nucléaire, de fournir dans ce pays des marchandises et des technologies contrôlées conformément aux procédures du Plan d'action.
Une attention particulière a été accordée à la levée de toutes les sanctions unilatérales et internationales décrétées auparavant contre l'Iran à cause de son programme nucléaire, ce qui était l'une des conditions fondamentales pour signer le Plan d'action. La discussion substantielle qui s'est déroulée à ce sujet a révélé un rejet ferme des décisions américaines de rétablir les sanctions unilatérales contre l'Iran, ce qui va à l'encontre du Plan d'action.
La violation intentionnelle et démonstrative par Washington du Plan d'action, de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies et de l'article 25 de la Charte de l'Onu forçant tous les pays à remplir les décisions du Conseil de sécurité, suscite de plus en plus d'inquiétude. De plus, tout le monde est préoccupé par les actions entreprises par les États-Unis pour empêcher la réalisation successive du Plan d'action après que l'Amérique a décidé de se retirer de cet accord et s'est retrouvée sur la touche diplomatique.
Les membres de la Commission conjointe sont déterminés à contrer les attaques de sanctions des États-Unis et à mettre tout en œuvre pour empêcher l'échec des projets convenus faisant partie intégrante des accords de 2015.
Nous considérons la création par la "troïka européenne" de l'Instrument en soutien des échanges commerciaux avec l'Iran (INSTEX) qui, nous l'espérons, sera utilisé très prochainement pour soutenir le Plan d'action, comme un pas en avant. Cela est avant tout dans l'intérêt des pays d'Europe eux-mêmes et de leurs compagnies directement impliquées dans la mise en œuvre de l'accord nucléaire et qui continuent d'entretenir, dans les conditions actuelles difficiles, des contacts et des liens d'affaires avec leurs partenaires iraniens. Nous espérons que l'INSTEX sera également ouvert à d'autres États.
L'un des principaux résultats de la réunion de la Commission conjointe est l'entente résolue d'accroître la coopération pratique dans les domaines visés par les déclarations ministérielles des pays membres du Plan d'action en juillet et en septembre 2018. Ces dernières mettent l'accent sur le renforcement de la coopération commerciale et économique avec l'Iran. C'est une réponse solidaire à Washington, qui pousse lui-même la communauté internationale à former un front global pour lutter contre la politique de sanctions des États-Unis.
La Russie continue de tout faire pour que le Plan d'action reste fonctionnel et durable, et que les hauts objectifs fixés, pour lesquels les accords ont été conclus, soient atteints en temps voulu.
Sur le durcissement des persécutions contre les représentants de la communauté russophone en Lituanie
Nous exprimons de nouveau notre sérieuse préoccupation face au durcissement des mesures de pression contre les habitants russophones de la République lituanienne dans le contexte de l'hystérie antirusse réchauffée par Vilnius, de la persécution démonstrative et de l'attisement de l'atmosphère de peur au sein de la population russophone.
Cette fois, on essaie de coller les étiquettes de "déloyauté" et d'"agent du Kremlin" sur la professeure d'histoire Ella Kanaite, personnalité publique et présidente de l'Association des enseignants des écoles russes de Lituanie. A cause de la persécution qu'elle a subie de la part des médias locaux et des services de renseignement lituaniens, l'enseignante a eu une attaque cardiaque.
La jeunesse russophone commence également à subir un ostracisme sous de faux prétextes. Les méthodes de pression répressive sous la forme de "conversations préventives" et de perquisitions sans aucun motif ont été récemment employées contre l'un des participants à la conférence des compatriotes russes à Vilnius, Pavel Jevjikov.
Nous condamnons fermement l'arbitraire policier grandissant en Lituanie contre la communauté russophone au profit de la conjoncture politique nationale. Nous appelons les structures internationales compétentes à prêter la plus grande attention à la situation plus qu'alarmante en matière de droits de l'homme dans cet État européen.
Sur le démantèlement d'un monument dans la ville de Sarnice (Pologne)
Les autorités polonaises poursuivent leur pratique perfide de destruction progressive des sites mémoriels en hommage aux soldats soviétiques tombés pendant la Seconde Guerre mondiale en libérant ce pays de l'occupation allemande.
Nous avons appris le démantèlement d'un nouveau monument à Sarnice (voïvodie de Grande-Pologne). Ce dernier avait été érigé en 1969 à l'endroit où, en 1944, trois de nos éclaireurs étaient morts en héros en accomplissant leur mission - en se faisant exploser avec les nazis qui les avaient encerclés.
Malheureusement, la profanation de la mémoire des héros et de leurs exploits commis pour sauver les Polonais de l'extermination est devenue depuis longtemps en Pologne une véritable politique d’État. De tels épisodes d'inconscience et de révisionnisme belliqueux choquent forcément toute société civilisée.
Une fois de plus, nous appelons les responsables de Varsovie et leurs subordonnés à revenir à la raison et à cesser cette honte absolue sous couvert de la loi nationale sur la prétendue "décommunisation", et à ne pas oublier leurs engagements internationaux vis-à-vis de la Russie dans le domaine mémoriel, dont l'accomplissement ne doit pas dépendre de l'"amnésie historique" sélective de l'administration polonaise.
Sur la situation autour de Konstantin Iarochenko
Nous voudrions une nouvelle fois attirer l'attention sur la situation du citoyen russe Konstantin Iarochenko, qui purge actuellement une peine de 20 ans dans une prison américaine.
Il a été kidnappé en 2010 au Liberia par des agents de la DEA américaine (Drug Enforcement Administration) sur la seule base des dépositions d'agents factices affirmant avoir convenu avec lui du transport de stupéfiants aux États-Unis, alors qu'à cette époque il ne parlait même pas anglais. Durant les premiers interrogatoires, notre compatriote a subi des violences physiques à cause desquelles il a perdu pratiquement toutes ses dents. Konstantin Iarochenko refusait absolument de reconnaître sa culpabilité. Néanmoins, le 7 septembre 2011, il a été condamné par le tribunal de New York.
Alors qu'il ne souffrait pas de problèmes de santé jusqu'à son arrestation, Konstantin Iarochenko souffre aujourd'hui de sérieuses maladies provoquées par les tortures qu'il a subies. Il présente notamment des problèmes dentaires à cause de ses dents cassées et de l'inflammation des organes internes endommagés. Malgré les nombreuses tentatives d'obtenir des autorités américaines une aide médicale compétente, le citoyen russe en reste privé à ce jour.
Sa situation est aggravée par les conditions de détention difficiles de la prison de Danbury, dans l’État du Connecticut, où il a été transféré en juin 2018. Cette institution correctionnelle interdit les colis alimentaires, vestimentaires et médicaux, et impose des restrictions de visites. D'octobre à avril, les promenades sont interdites après trois heures de l'après-midi. Le poste médical pénitentiaire manque souvent des médicaments nécessaires pour Konstantin Iarochenko. Tous ces facteurs affectent d'autant plus son état de santé.
En d'autres termes, Konstantin Iarochenko a d'abord été enlevé d'un autre pays, sadiquement battu, puis condamné pour des motifs très douteux, et on continue de le persécuter en prison en lui refusant les soins dont il a besoin. Et tout cela dure depuis neuf ans.
Nous pensons que c'est une grossière violation des normes internationales et humanitaires. Nous appelons les autorités américaines à prendre des mesures d'urgence pour respecter les droits légitimes de Konstantin Iarochenko. Nous exigeons de cesser les sévices à son égard et son retour au pays.
Sur la situation des marins russes détenus au Cap-Vert
Nous continuons de recevoir des questions concernant la situation des marins russes détenus au Cap-Vert. Je voudrais donc dire ce qui suit.
La situation est sous le contrôle du Ministère russe des Affaires étrangères et des diplomates. Aucune plainte ou réclamation majeure n'a été exprimée par les marins, notamment concernant leurs conditions de détention. Compte tenu de la composition internationale des détenus, des représentants d'organisations internationales spécialisées dans les droits de l'homme, Onu y compris, inspectent régulièrement la prison.
Un contact est maintenu entre les collaborateurs du département consulaire de l'Ambassade de Russie à Praia et les marins, leurs proches, l'Union professionnelle des marins russes et les représentations territoriales du Ministère russe des Affaires étrangères à Mourmansk, à Saint-Pétersbourg et à Nijni Novgorod.
Hormis les appels téléphoniques directs, les marins ont la possibilité de contacter rapidement l'Ambassade et leur avocat par l'intermédiaire des gardiens. Cette entente a été conclue entre l'Ambassade et la direction de la prison. Ils ont droit à des promenades quotidiennes dans une cour de prison relativement spacieuse (l'information de plusieurs médias sur le "corridor de prison" est fausse), ils ont accès au matériel de sport et aux magasins.
Ils reçoivent une aide médicale dès la première nécessité.
A l'étape actuelle, l'attention se focalise sur la consolidation des possibilités, avec un rôle de coordination de l'Ambassade, pour apporter une aide matérielle aux marins russes. A l'initiative du député de la Douma de la région de Mourmansk Alexeï Veller, qui entretient des contacts étroits avec le Ministère russe des Affaires étrangères, l'administration régionale de Mourmansk compte réunir prochainement les femmes des marins, des représentants d'affaires et des structures publiques pour récolter des fonds afin de payer les services d'un avocat et d'un traducteur.
Les diplomates n'ont pas donné et ne pouvaient pas donner de "recommandations aux proches des marins de ne pas communiquer avec les journalistes". Au contraire, le travail informatif de l'Ambassade sur la situation autour des Russes détenus fait partie des priorités de ce dossier. Le site de l'Ambassade est régulièrement mis à jour, il y a des contacts directs avec des journalistes russes, des représentants des associations, des membres de la famille et des connaissances des marins.
Réponses aux questions:
Question: Vous avez mentionné le 5e anniversaire du rattachement de la Crimée à la Russie. Mais je voudrais entendre votre avis sur les relations internationales qui se sont établies après cet événement. Êtes-vous d'accord avec l'affirmation selon laquelle, avec le rattachement de la Crimée, la Russie a mis un terme à toute une époque qui durait depuis la fin des années 1980 et était caractérisée par une volonté de coopération entre Moscou et l'Occident? Une toute autre époque a-t-elle commencé après cet événement, et si oui peut-on parler d'une "nouvelle guerre froide"?
Réponse: Avez-vous entendu, dans une déclaration d'un représentant officiel, du Président, ou d'un ministre, que la Russie ne souhaitait pas développer ses relations avec les pays occidentaux? Je n'ai jamais entendu cela. Nous organisons un très grand nombre de forums appelés à développer cette coopération.
Ne commençons pas par un point, mais par un point d'interrogation, qui a été formulé par le Président russe Vladimir Poutine en 2007 pendant la Conférence de Munich sur la sécurité: comment construire ces relations? Nous étions ouverts à la construction d'une coopération équitable, au dialogue dans tous les domaines. Et que voyons-nous? Une volonté ciblée (à l'époque encore cachée, pas aussi démonstrative) d'isoler d'une manière ou d'une autre la Russie, d'enfreindre les accords et de se retirer de ceux qui assuraient la stabilité et la sécurité dans la région, sur notre continent.
C'était peut-être un point d'interrogation avec des points de suspension - une telle ponctuation existe dans la langue russe. Mais nous n'avons pas reçu de réponse.
Nous avons essayé d'attirer l'attention de la communauté occidentale sur les problèmes existants. Ils étaient déjà présents dans les relations bilatérales bien avant 2014, et pas à cause de la Russie nous semblait-il.
Nous avons constaté la dégradation de l'attitude de plusieurs pays occidentaux et d'institutions envers la coopération bilatérale avec la Russie. Nous avons vu s'affaiblir la confiance, qui est nécessaire à l'établissement de la coopération: la sortie du traité ABM, une immense quantité de critiques qui s'abattent par vagues sur notre pays, et bien d'autres facteurs.
Je voudrais rappeler que l'annulation du sommet russo-américain a eu lieu avant 2014 et non à l'initiative de la Russie, mais à celle de Washington. Il n'y avait pas de Crimée, pas de Maïdan, alors que s'est-il passé?
Je pense qu'il s'agit d'une nouvelle étape. Mais la Russie n'a pas mis un point final à sa volonté de coopérer avec une région du monde. Cela ne correspond certainement pas à la réalité. En revanche, cette coopération doit se dérouler sur un pied d'égalité. Le dialogue doit s'appuyer sur le droit international parce qu'il n'existe tout simplement pas d'autre système de coordonnées adéquat aujourd'hui. Il doit être mutuellement bénéfique et tenir compte des intérêts des partenaires. La Russie a tenté à plusieurs reprises de le faire comprendre aux partenaires occidentaux.
A mes yeux, on ne peut certainement pas formuler les choses comme vous l'avez fait dans votre question.
La nouvelle étape a été marquée par une démonstration ouverte, par l'Occident, de son attitude négligente envers le droit international, envers les normes que les pays qui le composent avaient élaborées sur la composante sociale, les droits de l'homme.
Cela ne prouve pas tant que c'est une nouvelle étape, mais qu'auparavant tout cela existait sous une certaine couverture. Tout le monde jugeait nécessaire de respecter l'étiquette en sauvant les apparences des relations. Aujourd'hui tout est en surface. Personne ne juge possible ni nécessaire de respecter des règles élémentaires de décence - sans lesquelles il est extrêmement difficile de coopérer.
Question: Que pouvez-vous dire de la déclaration des représentants de l'UE qui pensent qu'aucune condition préalable n'est nécessaire pour les négociations dans le processus de paix du Haut-Karabagh et qu'il est également nécessaire de maintenir le format bilatéral des négociations?
Réponse: La Fédération de Russie, en tant que coprésidente du Groupe de Minsk de l'OSCE, s'est exprimée plusieurs fois sur le format de négociations, qu'il est possible de modifier avec l'entente des parties. Si, à une certaine étape, elles s'entendaient pour que le Haut-Karabagh soit de nouveau représenté aux négociations, cela serait la décision des parties et nous la respecterions. Ce n'est pas seulement notre position, c'est également celle d'autres membres de la "troïka". Je vous suggère également de lire la dernière déclaration des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE du 9 mars, qui reflète assez clairement les approches de la Russie, des États-Unis et de la France en la matière.
Question: Le 5 avril à Moscou se tiendra la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de la CEI. Moscou serait-il prêt à mettre à disposition une plateforme de réunion si les chefs de la diplomatie de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie en formulaient l'initiative, s'il y étaient prêts?
Réponse: N'anticipons pas les choses, compte tenu de la sensibilité de ce problème et, malheureusement, de sa présentation parfois incorrecte dans les médias. Quand les parties s'adressent à la Russie avec de telles demandes - mettre à disposition une plateforme, jouer un rôle de médiation - Moscou les étudie toujours avec respect.
Question: Il y a quelque temps, la Russie faisait encore revenir officiellement des citoyens russes adultes, notamment des femmes, dans des avions du Ministère de la Défense. Cette pratique a cessé: à présent, on ne fait plus revenir que des enfants. La position de la Russie a-t-elle changé en la matière?
Réponse: Nous avons beaucoup parlé aujourd'hui des citoyens russes capturés dans différentes régions du monde. Notre approche n'a, globalement, pas changé à ce sujet. Premièrement, c'est une question qui relève des forces de l'ordre et des procédures judiciaires dans les pays où sont interpellées les personnes liées à l'activité terroriste, ou les membres de leur famille. Deuxièmement, c'est un thème de coopération internationale au niveau des forces de l'ordre. En l'occurrence, les diplomates, nos ambassades, consulats et l'appareil central du Ministère des Affaires étrangères apportent leur soutien aux services compétents pour établir les contacts appropriés. C'est du cas par cas. Certains cas se ressemblent, quand des familles entières de tel ou tel pays plus ou moins affiliées à l'activité terroriste sont arrêtées ou interpellées. Une enquête est en cours ou le tribunal a déjà prononcé un verdict. Il existe un autre aspect: la présence ou non d'un accord sur l'extradition réciproque des citoyens. C'est du cas par cas.
Question: Le Ministère russe des Affaires étrangères a récemment publié un avertissement sur la nécessité de faire preuve de prudence en voyageant en Azerbaïdjan, à cause des excès contre certains citoyens russes face aux signes directs ou indirects indiquant leur origine arménienne. Bakou a-t-il réagi à cette déclaration?
Réponse: J'ignore si l'Azerbaïdjan a donné une réponse officielle. Mais des réponses officieuses ont été données dans la presse: des commentaires, des interviews et des déclarations comme quoi le même problème existerait pour les citoyens russes ayant des racines azerbaïdjanaises quand ils traversent ou essaient d'entrer sur le territoire arménien. J'ai lu ce matin l'interview d'une personne connue à ce sujet et j'ai été très surprise. Il a été reproché au Ministère russe des Affaires étrangères de ne pas s'occuper de ces questions. Ni moi ni nos experts ne sommes au courant de tels cas. S'il existe des preuves, nous vous demandons de nous envoyer ces informations et nous les examinerons. Le Ministère russe des Affaires étrangères réagit à tous les cas de violation des droits de nos citoyens, indépendamment du pays et de la région où ils se trouvent.
Je peux montrer cette interview à ceux que cela intéresse. Nous avons été nous-mêmes surpris. Elle contient des accusations infondées mais ce n'est pas un fake - nous avons vérifié.
Ne prenons pas le pain du Ministère des Affaires étrangères de l'Arménie - c'est à lui de commenter sa partie. J'ai commenté la partie qui concerne directement le Ministère russe des Affaires étrangères. Je répète que si une telle attitude était constatée envers les citoyens russes en traversant la frontière de l'Arménie, en arrivant à l'aéroport d'Erevan, nous serions très reconnaissants que l'on nous rapporte les dates, les lieux, les vols et d'autres confirmations (quelque chose) pour qu'il n'y ait pas de telles communiqués non confirmés dans la presse.
Question: Des consultations sont-elles menées à ce sujet entre les ministères des Affaires étrangères de la Russie et de l'Azerbaïdjan?
Réponse: Le communiqué publié sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères parle précisément des préoccupations russes dont les collègues azerbaïdjanais ont été informés à plusieurs reprises. Nous n'avons pas reçu de réponse.
Question: Cela fait huit ans que la guerre en Syrie a commencé. Après un dépôt des armes massif des terroristes de Daech, on peut dire qu'une nouvelle étape post-Daech commence. La Russie tente-t-elle de régler le problème kurde maintenant que la phase militaire est derrière nous?
Réponse: Les formulations comme "régler le problème kurde" sont très dangereuses.
Nous avons dit à plusieurs reprises que la majeure partie de la Syrie avait été libérée et se trouvait sous le contrôle de Damas. Cependant, le problème de Daech persiste. Il ne faut pas parler seulement de la Syrie, mais également de la région au sens large. Aujourd'hui, j'ai notamment parlé d'un attentat perpétré par Daech sur le territoire afghan.
Il ne faut pas fractionner ce problème, tracer des frontières. Le problème de Daech est un phénomène mondial. Il a été réduit en Syrie, mais, malheureusement, reste à l'ordre du jour.
En ce qui concerne l'intensification du processus de paix, nous nous en chargeons régulièrement à différents niveaux. Nous avons reçu des questions sur les réunions à venir au format d'Astana. En avril, il est prévu d'organiser des réunions au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères. Les dates et le lieu sont à l'étude. Le travail est en cours, les experts sont en contact permanent.
Question: La Russie a proposé un projet de Constitution pour la Syrie déterminant l'autonomie des Kurdes en Syrie. Cette question est-elle à l'ordre du jour aujourd'hui? Travaille-t-on dans ce sens?
Réponse: La Russie a tout fait, dès que l'établissement de la paix sur le terrain est devenue une tendance durable, pour dresser des "pontons" politiques afin de rétablir la vie pacifique. Un processus de paix est nécessaire pour cela. Beaucoup de choses ont déjà été faites: le Congrès du dialogue national syrien à Sotchi, le lancement du format d'Astana, la contribution aux négociations de Genève.
Vous vous souvenez de nos propositions d'évoquer la future Constitution de la Syrie. Nous pensons que ce n'est pas la Russie qui doit modéliser la base juridique, la nouvelle loi. Nous pouvons apporter une contribution, inviter au dialogue, partager notre vision, mais ce sont des questions relatives au processus de paix en Syrie.
Je pense que ce n'est pas un secret pour vous que la Russie appelle à mener un dialogue actif, à faire participer la population kurde à la discussion sur la future structure de la Syrie.
Question: La Russie compte-t-elle évacuer les terroristes capturés et les membres de leur famille, les enfants? Mène-t-on des négociations à ce sujet avec les Kurdes?
Réponse: Nous menons des négociations (si vous parlez du niveau officiel) avec les États sur le territoire desquels la population kurde est représentée. Bien sûr, nous utilisons différents moyens et réunions, mais le mécanisme de négociations relève des contacts interétatiques entre les capitales et les autorités compétentes.
Question: Dans la partie introductive, vous avez parlé des citoyens russes emprisonnés en Ukraine. Pourquoi la Fédération de Russie refuse-t-elle de les échanger contre des citoyens ukrainiens détenus dans les prisons russes? L'Ukraine a proposé plusieurs fois de le faire, notamment d'échanger Kirill Vychinski contre Roman Souchtchenko.
Réponse: Si je comprends bien, vous faites équipe avec Novaïa gazeta. Nous avons vu la publication, vos articles. Je voudrais une nouvelle fois réfuter ce que vous écrivez, ce qui a été plus ou moins exprimé dans les articles de Novaïa gazeta.
La protection des droits et des intérêts des citoyens russes, de nos compatriotes (indépendamment de leur lieu de résidence), notamment persécutés par le régime actuel de Kiev, est une priorité. Le Ministère russe des Affaires étrangères accorde une attention particulière à cette question.
L'Ambassade de Russie à Kiev et les Consulats généraux de notre pays, bien qu'ils travaillent (j'espère que vous le savez), et c'est peu dire, dans des conditions spécifiques et dans un format limité (à cause de la campagne d'expulsion de diplomates russes menée l'an dernier et à laquelle Kiev, pour une raison inconnue, a décidé d'adhérer), essaient, en surmontant parfois une forte résistance, d'apporter aux citoyens russes l'aide dont ils ont besoin.
Sachant que contrairement aux personnes comme Lioudmila Denissova, qui travaillent, il me semble, davantage dans l'espace médiatique, la Russie préfère ne pas construire sa communication sur les destinées humaines. C'est précisément ce que font, selon nous, de nombreuses personnalités officielles et journalistes. Sans parler de la campagne électorale en Ukraine et de la manière dont ce facteur y est manipulé aujourd'hui.
Nous essayons vraiment de régler le problème du retour des citoyens russes illégalement détenus sur le territoire ukrainien. L'attitude réelle des autorités ukrainiennes envers les citoyens russes poursuivis est mise en évidence par le sort de Valeri Ivanov, torturé à mort dans la prison de Lvov. Nous ne pouvons pas non plus ne pas rappeler le refus de Kiev d'échanger les citoyens russes détenus en décembre 2017, au dernier moment, alors que toutes les listes avaient été préalablement approuvées jusqu'au niveau du Président ukrainien. D'ailleurs, parmi les individus amenés sur le lieu de l'échange et qu'on a fait revenir ensuite (j'espère que vous le savez également) se trouvait Evgueni Mefedov, dont parle la publication de Novaïa gazeta. C'est une moquerie - on ne peut pas appeler ça autrement.
Le témoignage d'Evgueni Mefedov révèle clairement le niveau du système policier, judiciaire et étatique de l'Ukraine, qui est dirigée par des radicaux nationalistes et notamment des délinquants de rue qui font irruption lors des procès. Il est remarquable que malgré les difficultés, Evgueni Mefedov reste optimiste et continue d'espérer une issue positive à son affaire.
Je voudrais dire encore une fois à ceux qui bâtissent leurs carrières et campagnes de communication sur le fait que la Russie ne s'occupe prétendument pas du sort des citoyens retenus en Ukraine que, comme avant, les autorités russes continueront de se battre pour défendre les intérêts des citoyens russes, notamment sur différentes plateformes internationales. Nous constatons malheureusement que, notamment pour des raisons conjoncturelles, nos interlocuteurs étrangers ferment très souvent les yeux sur les problèmes qui existent dans ce domaine. Je vous demande vraiment d'être objectifs dans la couverture de ce thème et de baser vos conclusions sur les faits. De mon côté, j'ai cité des faits aujourd'hui.
Question: L'Ambassade des États-Unis à Moscou a publié aujourd'hui un communiqué selon lequel, depuis deux mois, la Russie ne présente pas de preuves de la culpabilité du citoyen américain Paul Whelan qui a été interpellé. Pourquoi aucune preuve de sa culpabilité n'a-t-elle encore été apportée?
Réponse: Du point de vue de l'Ambassade des États-Unis, deux mois - c'est beaucoup? Demandez-leur, puisque vous les citez. De quelle manière l'Ambassade des États-Unis établit la gradation temporelle? Un grand nombre de citoyens russes condamnés sous de faux prétextes sont en détention. Par exemple, j'ai parlé aujourd'hui de Konstantin Iarochenko. Il a été kidnappé au Liberia et a passé neuf ans en prison. C'est presque une vie. Et on ignore dans quel état il se trouve aujourd'hui, en ce moment-même. Les interviews et les déclarations de sa famille rapportent qu'il est dans un état grave. J'ai déjà dit ce que constataient nos diplomates.
Mais vous dites que deux mois ont passé et que c'est déjà l'hystérie à l'Ambassade américaine. Les forces de l'ordre russe travaillent. L'homme a été pris en flagrant délit, cela a été ouvertement annoncé. Je ne vois aucune raison à l'indignation des diplomates américains.
Question: Les diplomates russes ont-ils eu accès récemment à Maria Boutina?
Réponse: Je n'ai pas d'informations indiquant que nous aurions eu dernièrement des problèmes d'accès à la citoyenne russe. Je vais demander des précisions et je vous répondrai.
J'espère sincèrement que l'accès à Maria Boutina n'est aucunement lié à la situation autour de Paul Whelan. J'espère que ce n'est pas le "message" que l'Ambassade des États-Unis a essayé de faire passer.
Question: Je voudrais expliquer pourquoi j'ai posé une question sur Maria Boutina. Les médias américains ont évoqué son éventuelle extradition dans les semaines à venir.
Réponse: Il m'est difficile de réfléchir sur ce thème, car Maria Boutina se trouve aux États-Unis dans l'attente d'une décision à ce sujet. Il n'y a, pour le moment, rien à commenter. Nous avons régulièrement évoqué les contacts de nos diplomates avec elle. Je ne suis pas au courant d'éventuels problèmes récents dans ce domaine, mais je vais demander des précisions.
Ce n'est pas moi mais vous qui avez dressé un parallèle entre ces deux sujets. Si l'on s'appuie sur votre question, il s'avère que l'Ambassade américaine a soulevé des questions concernant Paul Whelan deux mois après les faits, alors que Maria Boutina a été arrêtée il y a huit mois sous un prétexte incompréhensible même pour une personne comprenant tous les détails de la législation américaine. Qu'a fait Maria Boutina pour mériter d'être détenue dans ces conditions pendant huit mois? Il est impossible de le comprendre même d'un point de vue logique. Il s'agit d'un lien évident avec la vie politique intérieure des États-Unis, mais il est difficile d'y dissimuler quelque chose. Nous n'avons constaté aucune réaction américaine réelle, de la part de personnalités officielles ou non-officielles. Tout le monde le considère comme un fait accompli pour une certaine raison, bien que - comme vous le savez parfaitement - toutes nos conférences de presse depuis plus de six mois évoquent la situation de Maria Boutina. Nous faisons tout notre possible pour attirer l'attention sur cette situation inacceptable de violation tous azimuts - de la logique, du droit, de l'éthique, des droits de l'homme, etc.
Question: La Vice-Ministre nord-coréenne des Affaires étrangères Cheo Son-hui a indiqué que la Corée du Nord étudiait la possibilité d'arrêter ses négociations avec les États-Unis. Quelle est la position du Ministère russe des Affaires étrangères par rapport à cette décision? Il ne s'agit pas, pour le moment, d'une déclaration officielle de la Corée du Nord, et tout le monde attend donc l'allocution de Kim Jong-un. Igor Morgoulov, Vice-Ministre russe des Affaires étrangères, s'est entretenu hier avec son homologue nord-coréen Im Chon-il. Le communiqué de presse du Ministère indique notamment qu'ils ont débattu du calendrier des contacts politiques. Sont-ils parvenus à des ententes dans ce domaine? Se sont-ils accordés sur la visite éventuelle d'un dirigeant dans l'autre pays?
Réponse: Vous savez parfaitement qui contacter concernant les visites des dirigeants. Ces questions sont toujours commentées par l'Administration du Président russe.
En ce qui concerne les propos des responsables du Ministère nord-coréen des Affaires étrangères indiquant que Pyongyang pourrait suspendre ses négociations avec les États-Unis, je voudrais dire que la Russie reste attachée au règlement politique de la situation sur la péninsule coréenne. Moscou se prononce de manière cohérente pour la poursuite du dialogue entre Pyongyang et Washington sur la base d'un rapprochement par étapes et sans aucunes attentes irréalistes.
Nous avons salué l'organisation des sommets et la volonté affichée par les parties après les pourparlers, bien que nous n'ayons constaté aucun résultat visible. Notre position est la suivante: nous estimons que les deux capitales soutiennent une solution diplomatique et sont conscientes de l'absence d'alternative à cette dernière.
Question: La Russie se prononce pour un assouplissement des sanctions contre la Corée du Nord. Si Pyongyang renonçait au gel des essais nucléaires et reprenait les tirs de missiles, la Russie appellerait-elle toujours à assouplir ces restrictions?
Réponse: Si vous parlez des sanctions unilatérales, nous nous opposons à ces mesures et les considérons comme illégales. Si vous parlez des sanctions adoptées dans le cadre du droit international par les structures mandatées du Conseil de sécurité de l'Onu, la question est celle de la réaction à adopter en cas d'amélioration éventuelle de la situation ou d'initiatives concrètes de Pyongyang concernant les préoccupations existantes de la communauté internationale. Ces questions sont liées. Les sanctions légales adoptées par le Conseil de sécurité de l'Onu visent à encourager la résolution des questions préoccupant la communauté internationale. Si l'on constatait des améliorations concrètes et enregistrées dans ce domaine, cela devrait influer sur les décisions concernant les sanctions.
Question: Quelle est la position de la Russie sur les contestations contre le Président algérien Abdelaziz Bouteflika, qui est un politicien à la longévité remarquable et un "poids-lourd" de la région? L'arrivée éventuelle des Frères musulmans au pouvoir représente-t-elle une menace pour la démocratie?
Réponse: Nous estimons qu'il s'agit de la situation intérieure d'un État souverain et indépendant. Elle doit être résolue par les Algériens sans aucune influence extérieure. Comme je l'ai déjà dit, les prochaines négociations et rencontres officielles nous permettront d'apprendre directement la position d'un représentant de cet État sur la situation actuelle et sur les mesures futures qu'il faudra entreprendre pour le bien de l'Algérie.
Question: Le Secrétaire d'État américain Mike Pompeo est un ancien directeur de la CIA. Vous avez évoqué les actions des États-Unis en Syrie, au Venezuela ou en Ukraine, la situation de l'aide humanitaire, etc. Il est difficile de s'imaginer qu'un ex-directeur du FSB russe puisse devenir ministre des Affaires étrangères. Quelle est l'influence de la CIA sur la politique étrangère des États-Unis? Quelles méthodes et quels moyens sont utilisés?
Réponse: Nos partenaires américains utilisent parfois des méthodes et des moyens horribles afin d'atteindre les objectifs de leur politique étrangère. Ce fait est étudié par de nombreux ouvrages historiques et scientifiques. Nous avons souvent été obligés de citer des exemples et de rappeler l'histoire après avoir entendu des accusations absolument apocalyptiques contre la Russie. Dans tous les cas, à mon avis, nous sommes plutôt ici dans le registre lyrique et ce ne sont pas les structures officielles mais les historiens, les publicistes et les journalises qui doivent répondre à cette question.
Question: La nature de la politique étrangère de la Russie est-elle très différente de celle des États-Unis?
Réponse: Je voudrais que vous ne fassiez pas de parallèles de ce genre. Nous estimons que la politique étrangère russe s'appuie avant tout sur le droit international. Nous ne faisons pas cela sans raison ou parce qu'il s'agit de la seule option disponible. Pas du tout. Il existe différents exemples, y compris historiques. Nous agissons de cette manière car il s'agit d'une possibilité réelle d'éviter des bouleversements globaux tels que la Seconde Guerre mondiale.
Nous estimons que la base existante - à condition de l'élargir et de la moderniser en tenant compte des réalités contemporaines - est suffisante pour développer les relations internationales et tenir compte des intérêts - parfois contradictoires - de différents États, grands ou petits. Miser sur la force militaire, des méthodes illégales telles que la pression économique, des sanctions unilatérales, une activité de sabotage etc.: tout cela est rejeté par la politique étrangère russe. Il s'agit non seulement d'un refus conceptuel, mais aussi d'une pratique quotidienne.
En ce qui concerne l'analyse de la politique étrangère des États-Unis, je préférerais l'éviter. Je pense que les données présentées aujourd'hui donnent assez d'exemples qui permettent de faire une distinction nette entre l'approche de Washington et celle de Moscou. Par exemple, en ce qui concerne la situation au Venezuela.
Question: Dans une interview à un quotidien russe, l'Ambassadeur du Royaume-Uni Laurie Bristow accuse littéralement la Russie de tous les maux. Pouvez-vous formuler un commentaire à ce sujet?
Réponse: C'est une sorte d'"interview suicidaire" de l'ambassadeur britannique. Il a déjà fait beaucoup de choses étranges mais je dois avouer que je ne m'attendais pas à une telle aberration, d'autant plus que, selon les rumeurs, il nous quittera bientôt - dans le bon sens du terme, pour retourner à Londres.
Nous avons évidemment pris connaissance de cette interview. Elle n'est pas simplement choquante de par son étrangeté, son caractère sans appel et son agressivité. Elle énumère les clichés bien connus, les accusations et autres choses farfelues dont notre pays est traditionnellement accusé par les représentants du gouvernement de Theresa May. C'est une nouvelle démonstration du choix de Londres au profit du maintien de la tension dans les relations entre nos deux pays.
A nos yeux, l'Ambassadeur avait la possibilité de suivre le sillage des déclarations faites par plusieurs hauts représentants officiels britanniques concernant leur intention de chercher des solutions pour redresser les relations bilatérales et rétablir la confiance mutuelle. Et le contexte était tout trouvé: l'ouverture des Années croisées de la musique en Russie et au Royaume-Uni. Mais c'est une autre musique qui a été "jouée". Malgré les tentatives de marquer un bon début, tout s'est poursuivi et s'est terminé dans les meilleures traditions de notre époque. L'Ambassadeur s'est à nouveau abaissé à une flagrante déformation des faits et à l'attisement de l'hystérie antirusse. Prenez, par exemple, l'énumération des prétendus "péchés" de notre État que sont "l'attaque contre la Géorgie et l'Ukraine", "le soutien de Bachar al-Assad dans l'usage de l'arme chimique en Syrie", ou encore "l'organisation d'assassinats sur le territoire britannique".
Quand une personne lit cela pour la première fois, elle en ressort certainement très choquée. Pour notre part, nous sommes moins choqués qu'aberrés. Cette interview est probablement destinée précisément à ceux qui ne sont pas encore au courant de la position de Londres. Nous avons bien appris et compris cette leçon. En réalité, les choses sont complètement différentes des déclarations de Laurie Bristow. Il suffit de rappeler ce dont nous avons parlé aujourd'hui: les mises en scène théâtrales des fameux Casques blancs, qui sont devenues possibles uniquement avec le soutien de leurs sponsors occidentaux, Londres y compris. Prenez l'Observatoire des droits de l'homme en Syrie: c'est l'apogée des contradictions de la position de l'Occident sur le thème humanitaire et des droits de l'homme; de l'approche quand, d'un côté, on proclame l'immuabilité des droits de l'homme, et qu'un rôle particulier est attribué à une ONG, et, de l'autre, quand on invente des "déguisés" comme les Casques blancs ou l'Observatoire londonien des droits de l'homme en Syrie, qui n'ont rien à voir avec les Syriens réels mais qui publient des informations auxquelles se réfèrent ensuite Londres. Ou encore le coup d’État en Ukraine, mis en œuvre avec la participation personnelle des partenaires britanniques, avec l'accord silencieux de ceux qui encore hier étaient les garants du règlement pacifique du conflit national ukrainien. Ou encore les méthodes sans scrupule des services secrets britanniques dont nous avons déjà parlé plusieurs fois. Des documentaires ont également été réalisés à ce sujet. Je me souviens de l'ambassade britannique, qui niait les méthodes de travail des services de renseignement du pays, notamment à Moscou, quand ils se moquaient des revendications russes en disant que c'était faux et que la Russie avait tout inventé. Mais tout cela a été confirmé.
L'Ambassadeur britannique mentionne dans cette interview la prétendue "affaire Litvinenko". Le représentant plénipotentiaire de Sa Majesté part du principe que la question est définitivement close et que la Russie en est responsable. Il passe complètement sous silence le fait que les appels des autorités russes à partager les informations sur cette affaire ont été rejetés par Londres sans aucune explication logique, sous le prétexte de la "confidentialité".
Puisque que Laurie Bristow a lancé ce sujet, je voudrais poursuivre. Nous avons prôné à plusieurs reprises une enquête objective et impartiale sur les causes de la mort de citoyens russes au Royaume-Uni. En témoigne au moins le fait que le Comité d'enquête de la Fédération de Russie a participé activement en tant que partie intéressée à l'enquête d'autopsie ouverte sur les circonstances de la mort d'Alexandre Litvinenko, menée conformément à la législation britannique sur le territoire du Royaume-Uni. Cependant, de toute évidence, elle n'a pas apporté aux autorités britanniques le résultat escompté, c'est pourquoi elle a été suspendue et remplacée par une "enquête publique" - un pseudo-procès multipliant les audiences à huis clos examinant des dossiers "confidentiels" des renseignements et les dépositions de témoins "secrets". Le Comité d'enquête russe a dû renoncer à participer à ce spectacle car la prétendue "enquête" était menée sans aucune transparence. Il était évident qu'elle serait forcément politisée. Tout comme était évident l'objectif de ce spectacle mis en scène à Londres: confirmer ce qui avait été dit et faire porter le chapeau à la Russie.
La même chose se passe actuellement avec l'"affaire Skripal", dans laquelle les Britanniques n'apportent aucune information, refusent la coopération entre les organes compétents, rejettent toute la responsabilité sur la Russie, font appel au principe du "highly likely" et alimentent leurs alliés, disent-ils, en "preuves irréfutables". Je veux parler des fameuses cinq ou six diapos du niveau de l'école secondaire diffusées par Laurie Bristow lors d'une "conférence à huis clos" et qui ont terrifié le monde après leur publication par le quotidien Kommersant. Personne ne s'attendait à une telle absurdité. Comment cinq images présentant des raccourcis historiques primitifs ont-elles pu devenir des "preuves irréfutables de la culpabilité de la Russie"? Tout est basé là-dessus. Il n'y avait rien d'autre que ces cinq ou six diapos avec de grandes images pour les montrer de loin.
Toute l'ampleur de l'hypocrisie de la ligne antirusse britannique a été résumée dans une seule phrase de Laurie Bristow. Aux questions directes sur l'"affaire Skripal", il a répondu qu'il "ne pouvait pas influencer l'enquête par ses déclarations". Vous êtes sérieux, M. Bristow? Est-ce un fake? Ce n'est peut-être pas vous qui l'avez dit? Quelques phrases plus tôt vous accusiez la Russie d'avoir "organisé des assassinats sur le territoire britannique". Ou ce n'était pas vous? Pour Laurie Bristow, qui a dit qu'il ne pouvait pas influencer l'enquête par ses déclarations, je voudrais citer les exemples de déclarations et de phrases de ses supérieurs - qui font preuve de beaucoup moins de tact.
- Le 12 mars 2018, Theresa May a déclaré au Parlement: "Le gouvernement a conclu que la Russie était très probablement responsable des actions dirigées contre Sergueï et Ioulia Skripal [...] Et nous ne tolérerons pas une tentative aussi effrontée d'assassiner des civils innocents sur notre sol."
(«The Government has concluded that it is highly likely that Russia was responsible for the act against Sergei and Yulia Skripal…And we will not tolerate such a brazen attempt to murder innocent civilians on our soil.»)
https://www.gov.uk/government/speeches/pm-commons-statement-on-salisbury-incident-12-march-2018
Vous avez dit que vous ne pouviez pas exercer une influence sur l'enquête par vos déclarations. Mais Theresa May, elle, peut. Rappelez-lui qu'il ne faut pas le faire.
- Le 14 mars 2018, l'ambassadeur par intérim du Royaume-Uni à l'Onu Jonathan Allen a fait une déclaration au Conseil de sécurité des Nations unies sur une prétendue attaque au gaz neuro-paralytique à Salisbury:
"Monsieur le Président, nous n'avons donc pas d'autre alternative que de conclure que l’État russe est responsable de la tentative d'assassinat contre M. Skripal et sa fille, et l'officier de police Nick Bailey, et d'avoir menacé la vie d'autres citoyens britanniques à Salisbury."
( “Mr President, we therefore have no alternative but to conclude that the Russian State was responsible for the attempted murder of Mr Skripal and his daughter, and Police Officer Nick Bailey, and for threatening the lives of other British citizens in Salisbury”.)
Est-ce normal? Pourquoi ne le dites-vous pas à la presse britannique? Pourquoi n'avez-vous pas écrit une dépêche à Londres pour dire qu'on ne peut pas "influencer l'enquête"?
- Le 15 mars 2018, lors d'une visite dans un musée militaire pendant le séjour du Ministre polonais des Affaires étrangères, Boris Johnson a déclaré qu'il était fort probable que ce soit la décision de Vladimir Poutine en personne d'avoir donné l'ordre d'utiliser une substance neuro-paralytique.
(«It is overwhelmingly likely that it was his (Putin’s) decision to direct the use»)
https://www.bbc.com/news/uk-43429152
- Le 22 mars 2018, Laurie Bristow lui-même, lors d'une conférence pour le corps diplomatique à Moscou, a déclaré qu'"à partir des informations dont nous disposions, nous sommes parvenus à deux explications plausibles de la manière dont cette substance a été utilisée au Royaume-Uni. Soit c'était une action directe du gouvernement russe contre notre pays, soit le gouvernement russe a perdu le contrôle de sa substance neuro-paralytique et a permis qu'elle se retrouve entre les mains de tiers."
(On the basis of the information we had, we concluded that there were only 2 plausible explanations for how this material had been used in the United Kingdom. Either it was a direct act by the Russian state against our country or the Russian government had lost control of this catastrophically damaging nerve agent and allowed it to get into the hands of others.)
Qu'est-ce qui vous arrive, à l'ambassade britannique à Moscou? Pourquoi vous contredisez-vous vous-mêmes?
Je voudrais noter que la presse britannique a certainement reçu l'aide de structures officielles pour pouvoir faire des renvois à des "fuites", comme à leur habitude.
- Le 8 mars 2018, un article du Sun:
"…Les policiers antiterroristes étudient la possibilité que des tueurs liés au Kremlin aient introduit l'agent neurotoxique mortel dans un cadeau destiné à Sergueï Skripal à quelques jours du décollage de sa fille Ioulia de Moscou."
(…Anti-terror cops are investigating the possibility that Kremlin-linked assassins slipped deadly sarin nerve gas into Sergei Skripal's present as daughter Yulia prepared to fly over from Moscow days earlier.)
Comment va la pression sur l'enquête?
- The Sun, le 6 mars 2018:
"La fille de Sergueï Skripal a-t-elle été empoisonnée pour un bref commentaire sur Facebook appelant à envoyer Vladimir Poutine en prison?"
(Was daughter of ex-Russian spy poisoned for one-word Facebook comment calling for Putin to be jailed?)
https://www.thesun.co.uk/news/5743168/yulia-sergei-skripal-anti-putin-facebook-comment/
Personne n'a rien démenti par la suite.
- The Daily Telegraph, le 28 mars 2018
"La police pense qu'une équipe de choc russe a placé le poison sur la porte d'entrée de la maison de Sergueï Skripal."
(Russian hit squad put poison on Sergei Skripal's front door, police believe.)
- Sunday Mirror le 7 avril 2018:
"Le Russe qui avait planifié l'attaque avec un agent neurotoxique dirige une équipe de choc connue comme les "Nettoyeurs", et est un agent dormant au Royaume-Uni."
(«Russian who planned spy nerve agent attack 'runs hit squad known as The Cleaners and is a sleeper agent STILL in UK»)
https://www.mirror.co.uk/news/politics/russian-who-masterminded-spy-nerve-12320728
- Sunday People, le 22 avril 2018:
"Serait-ce le tueur derrière les empoisonnements de Salisbury? Le capitaine du KGB à la retraite, nom de code "Gordon", est soupçonné de l'attentat."
(Is this the Salisbury poisonings hitman? Former KGB captain codenamed 'Gordon' is Russian assassin suspect.)
https://www.mirror.co.uk/news/uk-news/former-spy-codenamed-gordon-identified-12404228
Est-ce que l'Ambassadeur pense sincèrement que ni les hauts dirigeants britanniques ni les grands médias n'ont influencé l'enquête? Comment peut-on rester impartial quand, sur tous les écrans et à tous les niveaux, sur internet, à la télévision, à la radio, au Parlement et à la une des journaux, on parle de la maléfique menace russe et des Russes se livrant à des excès? La réponse vient d'elle-même: ces événements n'ont rien à voir avec une enquête impartiale. L'enquête ne peut pas rester impartiale quand tout le monde, du Premier ministre aux tabloïds, pointe du doigt dans la même direction sans en avoir la moindre preuve.
Pour revenir à l'interview ratée de Laurie Bristow, nous sommes également stupéfaits par son affirmation selon laquelle les autorités britanniques n'ont pas pris l'initiative des sanctions contre la Russie. Je l'ai relu plusieurs fois. C'est ce qui y est écrit. Nous savons pourtant que Londres a littéralement tordu les bras à ses alliés pour organiser en mars 2018 des expulsions infondées de diplomates russes. Et même aujourd'hui, nous entendons régulièrement les appels de représentants officiels britanniques à durcir les sanctions contre notre pays.
Le sens global de l'interview de l'Ambassadeur semble se résumer au fait que la Russie doit clairement reconnaître tous les péchés, même si elle ne les a pas commis, et alors "highly likely" tout ira bien. Sachant que cette approche s'applique non seulement aux relations bilatérales russo-britanniques, mais également à l'agenda international. Une telle ligne ne peut pas constituer une base pour la normalisation de la coopération russo-britannique, pour son développement constructif. Il faut enfin apprendre à travailler de manière professionnelle et dans le respect réciproque, comme il se doit pour les États sérieux et responsables. Nous analysons les déclarations des représentants officiels britanniques, les archivons et comparons avec ce qui a été dit plus tôt - c'est très intéressant.
Un incident s'est produit récemment dans un aéroport de Moscou, quand un diplomate américain a tenté de faire passer une vieille mine avec des résidus et des traces d'explosifs. A première vue, en quoi cela concerne-t-il le Royaume-Uni? Me référant à plusieurs experts, je peux dire qu'il existe un avis selon lequel tout cela n'est pas du tout une négligence du diplomate mais une provocation ouverte. Nous en avons parlé. L'analyse de l'ensemble des faits et des facteurs montre que Londres pourrait bien être impliqué dans cette histoire. L'Américain rentrait chez lui via la capitale britannique, alors que, vous le savez, il existe suffisamment de vols directs réguliers vers les États-Unis. Heureusement que ce fantassin de marine travaillant à l'Ambassade des États-Unis à Moscou n'a pas réussi à faire sortir cette vieille mine et qu'elle ne s'est pas retrouvée sur le sol britannique, pour qu'on nous dise ensuite qu'il est possible de faire sortir n'importe quoi de Russie, y compris une mine, sans parler du "Novitchok". On aurait même pu la retrouver quelque part près de la résidence d'un citoyen russe ou d'un compatriote à titre de nouvelle "preuve" d'un attentat "sanguinaire" du Kremlin contre ses citoyens. Cette version existe également et elle est étudiée par les experts.
Question: Aujourd'hui, vous avez beaucoup parlé du sort de nos compatriotes détenus à l'étranger. Je voudrais poser une question sur Maria Lazareva qui est actuellement en prison au Koweït. Reste-il des mécanismes d'influence sur ce pays? Est-ce que le Kremlin pourrait se joindre au sauvetage de la citoyenne russe?
Réponse: En ce qui concerne le Kremlin, il faut poser cette question à son service de presse. Je ne peux commenter que les actions des diplomates russes et du Ministère des Affaires étrangères en général. Nous accordons une aide diversifiée à la citoyenne russe. Des questions de ce genre ont déjà été résolues par le passé. Cette résolution s'appuie naturellement sur une base juridique. Nous le soulignons constamment. Nous utilisons également des outils de politique étrangère. C'est tout ce que je peux dire à ce sujet.
Question: Les élections parlementaires ont eu lieu fin février en Moldavie. Actuellement se déroule la formation des coalitions et du gouvernement du pays. La presse moldave indique que le politicien Vladimir Plahotniuc pourrait devenir Premier ministre ou Président du Parlement national. Il apparaît dans deux affaires criminelles en Russie et son arrestation a été ordonnée par contumace sur des accusations de tentative de meurtre et d'organisation de fuite illégale de dizaines de milliards de dollars depuis la Russie. Comment cette nomination éventuelle pourrait-elle influer sur les relations entre la Russie et la Moldavie? Que ferait alors le Comité d'enquête russe?
Réponse: Premièrement, laissons la politique intérieure d'un État indépendant à la discrétion de son peuple. Ce pays a récemment organisé des élections parlementaires, évaluées de manière positive par les structures internationales. Nous avons également présenté notre position à ce sujet. La question des nominations doit être résolue dans le cadre des procédures étatiques.
En ce qui concerne les contacts éventuels avec les organes judiciaires, il vaut mieux poser la question à ces derniers. Je ne peux pas fournir de commentaire à ce sujet.
Nous estimons que le développement des relations avec la Moldavie et son peuple est l'un des éléments majeurs de la politique étrangère russe. Nous avons des liens historiques et culturels étroits, un passé commun et de bonnes perspectives de développement de nos relations dans différents domaines.
Question: Est-ce que le Ministère russe des Affaires étrangères estime que la mine découverte à l'aéroport constitue une preuve du fait que les États-Unis se trouvent derrière l'attentat commis à l'aéroport de Domodedovo en 2011 ou d'autres événements de ce genre?
Réponse: Nous estimons qu'il s'agit d'une provocation qui aurait pu viser des objectifs différents. Les spécialistes de ce pays peuvent vous donner tous les détails. Nous avons tout simplement présenté plusieurs estimations qui s'appuient sur les opinions des experts. Mais je n'ai aucun fondement pour tirer des conclusions globales sur ce que vous avez mentionné.
Question: Le chef d'état-major des armées des États-Unis Joseph Dunford a déclaré que les États-Unis ne devaient pas renoncer au droit de première frappe nucléaire contre un ennemi éventuel. Que pense la Russie de cette politique américaine et des risques de guerre nucléaire qui en découlent?
Réponse: Le plus terrible est que dans le monde d'aujourd'hui, les réflexions sur les frappes nucléaires sont faites avec une légèreté qui, d'après moi, est la marque d'une incompétence absolue sur le sujet. Quand, à des fins politiques ou propagandistes, certains commencent à jongler avec des choses qui pourraient mettre un terme à l'existence de notre monde global, tout ce qu'il a de bon et de mauvais, ils ne se rendent manifestement pas compte de ce dont ils parlent.
Bien sûr, certaines questions ont une signification sociale, et il existe des doctrines militaires par lesquelles les puissances nucléaires reflètent leurs approches. Mais la fréquence avec laquelle de nombreux politiciens (et malheureusement, ils sont très nombreux en Occident) jonglent avec ce genre de choses et débattent de tels sujets, remet forcément en question pour nous tous leur compétence et leur niveau de responsabilité.
Je pense que nous devons remercier et être plus attentifs aux produits de "l'usine à rêves" à ce sujet. D'une manière ou d'une autre, les réalisateurs de films jouent en grande partie le rôle de futurologues qui tentent de comprendre l'avenir, notamment en ce qui concerne ce scénario. Pourquoi ne pas revoir ces films et comprendre que des discussions à des fins politiques sur les sujets qui sont une menace pour toute l'humanité sont inadmissibles?
J'aurais pu répondre plus brièvement, mais je voudrais que vous réfléchissiez à ce sujet: dans quelle mesure les réflexions légères et l'exploitation interminable du thème de l'arme nucléaire en tant qu'argument politique de poids sont-elles ou ne sont-elles pas apocalyptiques?
Question: Actuellement, de nombreux conflits dans le monde sont réglés en se basant sur deux principes: l'intégrité territoriale et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Quel principe est préférable dans la politique étrangère de la Russie?
Réponse: Certains choses sont indissociables. Comme c'est écrit dans les documents constitutifs qui représentent la base du droit international actuel. Il ne faut pas analyser ces concepts indépendamment et faire un choix global au profit d'un côté ou de l'autre sans comprendre la situation, sans une analyse concrète des événements sur le terrain, du contexte historique et de toutes les circonstances. Sachant que les circonstances ne doivent pas non plus dominer sans tenir compte du droit. Je ne suis pas une juriste ou une avocate, je n'ai jamais exercé dans ce domaine, mais ce que je peux lire à ce sujet indique que ces deux concepts ne peuvent fonctionner qu'ensemble. Sinon c'est une arme tournée contre son propre État et son propre peuple.