INTERVIEW DU PORTE-PAROLE DU MINISTÈRE RUSSE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, ALEXANDRE YAKOVENKO, AU SUJET DES RELATIONS RUSSO-PAKISTANAISES
Question : Où en sont aujourd'hui les relations russo-pakistanaises ?
Réponse : Le Pakistan occupe une place importante et joue un rôle indépendant dans les priorités politiques extérieures de la Russie qui sont fonction de l'influence dont ce pays bénéficie dans la région attentante à la frontière sud de la CEI et dans le monde islamique dans son ensemble.
La Russie constate avec satisfaction que depuis ces temps derniers les contacts russo-pakistanais, y compris au plus haut niveau, se sont multipliés. Une tonalité concrète et constructive a été conférée au dialogue politique russo-pakistanais au cours de la rencontre des présidents des deux pays, Vladimir Poutine et Pervez Musharraf, dans le cadre de la Conférence au sommet sur la coopération et les mesures de confiance en Asie qui s'était tenue en juin 2002 à Alma-Ata. La prochaine visite de Pervez Musharraf en Russie offre donc une occasion de reprendre ce dialogue sur un large éventail de problèmes bilatéraux, régionaux et internationaux.
La Russie entend continuer à oeuvrer avec le Pakistan pour résorber les divergences existantes et développer les rapports mutuellement avantageux dans tous les secteurs sans porter préjudice aux relations avec nos partenaires traditionnels.
Nous posons en prémisse qu'une coopération constructive avec le Pakistan contribuera à la construction d'un ordre mondial à pôles multiples garantissant la stabilité stratégique et la sécurité de tous les membres de la communauté internationale. Nous attachons beaucoup d'importance à la coopération avec le Pakistan au sein de l'ONU, surtout du fait que le Pakistan a été élu membre du Conseil de sécurité pour les deux ans à venir.
Question : Quelles sont les priorités du dialogue bilatéral à l'heure actuelle ?
Réponse : Dans ses contacts bilatéraux la Russie met l'accent sur la situation en Asie du Sud. A notre avis, la normalisation des relations entre l'Inde et le Pakistan répondrait aux intérêts de ces deux Etats et aiderait à renforcer la stabilité et la sécurité dans le sous-continent sud-asiatique. L'exécution par Islamabad de son engagement ayant pour but de faire diminuer des infiltrations sur la Ligne de contrôle dans l'état de Jammu-et-Cachemire et de démanteler l'infrastructure terroriste réunirait des conditions nécessaires à la reprise du dialogue de paix entre les deux pays.
La Russie étudie avec le Pakistan les problèmes du post-taliban en Afghanistan, les approches menant au règlement global de la situation autour de l'Irak et au Proche-Orient dans le contexte d'un respect inconditionnel des résolutions ad hoc du Conseil de sécurité de l'ONU, le rôle primordial étant joué par les Nations Unies.
Islamabad est informé de nos préoccupations suscitées par les menaces venant de la région afghano-pakistanaise, à savoir le terrorisme, l'extrémisme et le trafic de drogue. Nous nous félicitons de la participation du Pakistan à l'opération antiterroriste en Afghanistan et des mesures prises par l'administration de Pervez Musharraf pour neutraliser l'activité des organisations des islamistes belliqueux au Pakistan. Nous attendons que l'exécution par Islamabad de son engagement envers la communauté mondiale en matière de répression du terrorisme mettra un terme aux déplacements vers d'autres pays des terroristes qui cherchent à fuir le châtiment.
Question: Quel rôle la Russie attribue-t-elle à la coopération avec le Pakistan dans le domaine économique ?
Réponse : L'état et les perspectives des relations économiques bilatérales sont un sujet particulier de notre dialogue. De l'avis de la Russie, les échanges commerciaux bilatéraux (100 millions de dollars en 2002) ne répondent pas aux potentialités existantes. Les ouvrages construits au Pakistan avec notre participation, par exemple l'usine métallurgique de Karachi, offrent un potentiel considérable de coopération technique. Nous espérons pouvoir définir ensemble dans l'avenir le plus proche les axes les plus prometteurs de la coopération bilatérale, principalement dans l'industrie de l'énergie, la métallurgie, les télécommunications, l'aérospatial, ainsi que dans la mise au point et la réalisation de plusieurs projets d'infrastructure.