Allocution du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à l'issue de son entretien avec le Président algérien Abdelaziz Bouteflika, Alger, 29 février 2016
Je voudrais exprimer ma sincère reconnaissance envers le Président algérien Abdelaziz Bouteflika et tous les membres du gouvernement algérien pour leur excellent accueil, leur hospitalité et les entretiens très substantiels que nous avons eus.
Le principal résultat de ces rencontres est que les deux parties ont confirmé leur attachement total aux principes de partenariat stratégique fixés dans la Déclaration de 2001 signée au cours de la visite du Président algérien Abdelaziz Bouteflika en Fédération de Russie. Au sujet des relations bilatérales, nous avons établi des plans concrets de développement de la coopération commerciale, économique, militaro-technique et sur le plan humain. Nous avons également convenu de formes concrètes de contacts entre les ministères compétents et les milieux d'affaires des deux pays. Nous avons accordé une attention particulière au secteur énergétique - domaine où des liens solides sont déjà établis entre plusieurs compagnies russes et l'entreprise publique algérienne Sanotrak. D'autres opérateurs économiques russes s'intéressent vivement à l'établissement de relations de partenariat avec les compagnies algériennes. Le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a également confirmé l'intérêt de son gouvernement pour une coopération étroite entre nos pays dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz et pour entretenir des contacts réguliers consacrés à l'analyse de la situation sur les marchés pétroliers mondiaux.
Nous avons évoqué en détail les problèmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a entièrement soutenu la ligne de la Russie visant à former un large front pour combattre le terrorisme conformément à l'initiative avancée par le Président russe Vladimir Poutine à l'Assemblée générale de l'Onu en septembre dernier. Il a soutenu également nos actions pour promouvoir le processus de paix syrien dans le cadre du GISS, qui travaille sous la coprésidence de la Russie et des USA. Nos deux pays estiment que les décisions du Groupe international de soutien à la Syrie approuvées par le Conseil de sécurité des Nations unies doivent être remplies à part entière, sans aucune condition préalable, tout en comprenant qu'il est nécessaire de bloquer le trafic d'armes et l'affluence de combattants en Syrie et en Irak pour enrayer efficacement l'activité de Daech, du Front al-Nosra et d'autres organisations terroristes.
Il était important pour nous d'en savoir plus sur la vision du Président algérien Abdelaziz Bouteflika et d'autres interlocuteurs concernant la situation en Libye, où des efforts sont entrepris pour surmonter la crise étatique gravissime qui a éclaté après l'engagement illégal de l'Otan contre le gouvernement libyen en 2011. Les conséquences de cette aventure continuent de se faire ressentir dans le Sahel où l'on constate une tendance à la déstabilisation, y compris en raison du passage de terroristes et d'armements en provenance de Libye. Ces conséquences sont également visibles en Europe, dans la mesure où l'effondrement de l’État libyen est l'une des origines de la crise migratoire sur le continent européen. Selon notre position commune, il faut restaurer la structure étatique libyenne en organisant un véritable dialogue national avec la participation de toutes les forces politiques et militaires qui existent actuellement en Libye, sans exception. Nous sommes également d'accord sur le fait que, pour vaincre le terrorisme, l'extrémisme et la violence en Syrie, en Libye, au Yémen, en Irak ou dans tout autre pays de la région, il faut commencer par traiter avec une approche complexe les origines de ces événements tragiques - c'est-à-dire les tentatives de s'ingérer dans les affaires intérieures d'États souverains, de leur imposer des solutions de l'extérieur et de promouvoir des concepts de changement de régime. L'histoire a déjà connu de tels scénarios sous couvert d'"interventions humanitaires": on le fait désormais sous le slogan de la lutte contre l'extrémisme violent. Seuls les peuples des pays de la région, comme dans tout autre pays du monde, sont en droit de décider de leur sort. C'est un principe fondamental du droit international qui doit être rigoureusement respecté.
Nous avons convenu avec le Président algérien Abdelaziz Bouteflika d'intensifier le canal de dialogue de confiance sur tous les aspects des problèmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Je suis certain que les résultats de cette visite profiteront au développement des relations de partenariat stratégique entre nos deux pays.