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Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 3 mai 2023

840-03-05-2023

Sur la crise ukrainienne

 

Avant-hier, le 1er mai, le monde civilisé a célébré la fête du printemps et du travail, la Journée internationale de solidarité des travailleurs, des ouvriers et des organisations syndicales.

Jusqu'à récemment, cette fête était également célébrée en Ukraine. Cependant, en février de cette année, dans le cadre de la politique de "décommunisation", le 1er mai a été aboli comme un "vestige de l'époque soviétique". Le régime de Kiev ne semble pas se rendre compte que cette fête est née bien avant la formation de l'URSS. (Cela concerne l'histoire et ce qu'on en fait sous l'égide du régime de Kiev). Elle a été instaurée en juillet 1889 par le congrès de Paris de la Première Internationale en mémoire des manifestations des travailleurs de Chicago le 1er mai 1886 et continue d'être célébrée dans de nombreux pays du monde, y compris les États membres de l'UE, dont l'Ukraine rêve de devenir membre. D'ailleurs, la Journée du travail (Labour Day) est également célébrée aux États-Unis et au Canada, bien que ce ne soit pas le 1er mai, mais le premier lundi de septembre.

Cependant, cela n'a aucune importance pour le régime de Kiev. Ils écrivent l'histoire littéralement selon leur humeur du jour. Dans leur obsession de réécrire l'histoire, le régime de Kiev est prêt à tout. Il doit absolument "recoder" la conscience de millions de citoyens de son pays ou de personnes qui s'associent à ce pays, leur inculquer des idées d'exclusivité nationale, de supériorité et de non-identité. Quelle identité peut-il y avoir si tout ce qui était proche et cher au peuple ukrainien est piétiné dans la frénésie de cette bacchanale politique? Après tout, il est beaucoup plus facile pour Vladimir Zelenski de contrôler une foule zombifiée, et encore plus de l'utiliser comme "chair à canon", que de faire ce qu'il avait promis lors de sa campagne électorale: créer, travailler pour le bien des gens, préserver l'identité véritable du peuple de son jeune pays. C'est là le véritable visage de la "démocratie ukrainienne" contrôlée par Washington. Les droits des travailleurs, comme les droits de l'homme, sont depuis longtemps devenus un son vide en Ukraine. Je ne peux m'empêcher de dire qu'en célébrant le 1er mai, Vladimir Zelenski était (à mon avis) beaucoup plus proche de l'Occident qu'il ne l'imaginait, et certainement plus que maintenant. C'était un bref aperçu. Passons maintenant au fond des choses.

Privant les gens de leur droit principal - le droit à la vie - le régime de Kiev continue de bombarder les villes russes pacifiques.

Donetsk souffre gravement des bombardements, ayant subi des épreuves majeures au cours des neuf années d'agression du régime de Kiev contre la population russophone du Donbass. Chaque jour, on rapporte des meurtres d'enfants, de femmes et de personnes âgées tués par les forces armées ukrainiennes. Cela ne diminue en rien l'importance de la vie et des vies perdues par les hommes défendant le Donbass. Cela caractérise encore une fois le régime de Kiev. Ils ne font aucune différence. Ils sont indifférents non pas parce qu'ils apprécient la vie des gens, mais au contraire, ils la dévalorisent. Les obus occidentaux détruisent des maisons, tuent des gens dans les rues de la ville. Le 28 avril, des néonazis ukrainiens ont lancé une frappe ciblée sur le centre de la capitale de la RPD. Des Himars américains ont été à nouveau utilisés. Suite à un impact direct sur un minibus, sept personnes, dont un enfant, ont été tuées.

Où est la réaction de l'Occident? L'avez-vous vue? Rappelez-vous comment les photos d'enfants syriens sont devenues le symbole de leur humanisme, les photos et les vidéos d'enfants souffrant en Syrie ont alors fait le tour de Londres, Paris et Berlin. Ils faisaient partie des campagnes électorales et de la rhétorique des politiciens dans les pays de l'UE et de l'Otan. Puis il s'est avéré que tout cela était soit une mise en scène, soit une hypocrisie colossale. Ici, des enfants sont vraiment morts. Quelqu'un a-t-il entendu quelque chose? Peut-être avons-nous manqué un débat au parlement britannique à ce sujet? Ou le Premier ministre britannique est-il venu devant ses législateurs pour parler de la vie des enfants tués par le régime de Kiev (sponsorisé notamment par le Royaume-Uni)? Non. Ils ont cyniquement et froidement déclaré qu'ils fournissaient déjà depuis longtemps des munitions à l'uranium appauvri au régime de Kiev. Comme si c'était une sorte d'"aide humanitaire". Et rendre des comptes? Ils ne l'ont jamais fait. Dix autres personnes ont été blessées au centre de traumatologie républicain, qui se trouvait dans la zone touchée. Peut-être en ont-ils parlé en France? Ou certaines associations réunissant des journalistes d'investigation ont-elles réagi? Bien sûr que non.

Les combattants des forces armées ukrainiennes ne se privent pas de méthodes plus cruelles pour éliminer les civils, en utilisant des mines. Récemment, à Donetsk, quatre enfants ont sauté sur une mine ukrainienne, deux d'entre eux étant dans un état grave. Quelqu'un en Espagne, au Portugal et en Italie en sait-il quelque chose? Ou est-il interdit à leurs médias de voir, d'entendre et d'apprendre tout cela? L'Europe du Nord, qui aime tant manifester sa sympathie envers les victimes de conflits, leur accorder des permis de séjour, les soutenir et les nominer pour des prix? Ces enfants ne méritent-ils pas un prix? Ils ne pensent pas aux prix, ils veulent juste survivre, comme ils le faisaient depuis huit ans. Mais cela, comme on dit, c'est autre chose. Personne ne s'y intéresse. Cela n'existe pas dans le tableau peint par Washington pour les journalistes mainstream en Occident. Tout cela se passe alors que des évènements sans fin sont organisés à New York, à Genève ou dans d'autres capitales occidentales, dans le cadre des organisations internationales et divers forums publics, consacrés à la liberté d'expression, aux droits des journalistes, à la lutte contre les fausses informations et à l'objectivité dans les médias. Quelle objectivité, quels droits pour les journalistes et quelle liberté d'expression y a-t-il, si personne d'autre que nous n'en parle? Malheureusement. Si les gens pensent que nous ne transmettons pas d'informations à des structures spécialisées, à des représentants spéciaux, à des bureaux de représentants dans les organisations internationales, directement aux organisations internationales elles-mêmes, c'est une erreur. Nous le faisons tous les jours. Nous attirons également une attention supplémentaire sur ce problème afin de réveiller l'opinion publique et mondiale. En l'occurrence, je parle avant tout de l'Occident. Ils vivent là-bas dans un sommeil léthargique profond, dans lequel il n'y a rien d'autre que des illusions construites par les médias mainstream. Pas un mot de vérité. En Asie, en Afrique et en Amérique latine, il y a encore un journalisme alternatif, qui n'est pas devenu victime de la pression collective occidentale sur l'espace médiatique. Là, on peut encore voir et entendre quelque chose. Sans parler de l'espace postsoviétique. Bien qu'il couvre de manière inégale la situation, d'une manière ou d'une autre, la voix de la vérité se fait entendre. Si nous parlons des pays de la CEI, de l'OTSC et d'autres unions d'intégration, nous informons nos partenaires presque quotidiennement. Toutes ces informations, qui apparaissent chaque jour sont transmises et incluses dans les rapports et les exposés. Ils devront quand même atteindre à un moment donné la conscience profondément endormie mais toujours existante.

L'activité terroriste et de sabotage des forces armées ukrainiennes continue de prendre de l'ampleur. Le 29 avril, une attaque a été menée par un drone ukrainien sur l'un des réservoirs de la base pétrolière de la baie des Cosaques à Sébastopol, provoquant un incendie. Andreï Ioussov, représentant de la Direction générale du renseignement du ministère de la Défense de l'Ukraine, a pratiquement confirmé l'implication du régime de Kiev dans ce crime et a annoncé que les frappes sur la Crimée se poursuivraient. Il considère cela comme tout à fait normal, comme si la Crimée était un site inhabité, une zone non peuplée ou un champ d'essai pour les désirs malsains et les caprices grotesques du régime de Kiev. Non, il y a des gens qui vivent là-bas. Il y a une population civile, des enfants vont à l'école et des gens travaillent. Ils ont fui le régime de Kiev à leur époque, comprenant où cela mènerait et qui est maintenant aux commandes. Maintenant, ils ne cachent même plus ce qu'ils ont nié pendant des années, qu'ils veulent rayer de la surface de la Terre tout ce qui ne leur obéit pas et n'entre pas dans leur "vision du monde". À cet égard, Andreï Ioussov a conseillé aux habitants locaux de ne pas se trouver à proximité des installations militaires et logistiques de l'armée russe. Une formulation intéressante.

Le 1er mai, une ligne électrique a été sabotée dans district de Gatchina, région de Saint-Pétersbourg. Un autre dispositif explosif a été neutralisé. Le même jour, dans la région de Briansk, un train de marchandises en provenance de Gomel transportant des matériaux combustibles et de construction a été détruit à la suite d'une action de sabotage. La locomotive et plusieurs wagons ont déraillé. Heureusement, il n'y a eu aucune victime parmi l'équipe de machinistes biélorusses.

Je voudrais attirer l'attention sur le fait qu'aujourd'hui, des informations supplémentaires ont été transmises par nos institutions et autorités compétentes sur l'activité de sabotage des forces armées ukrainiennes en Crimée.

Nous avons prêté attention à une autre tentative maladroite du régime de Kiev de rejeter la responsabilité du travail non professionnel de son propre système de défense aérienne sur la Russie. Dans la nuit du 27 au 28 avril 2023 en parant une attaque russe contre des cibles militaires à Ouman, une roquette ukrainienne a touché un immeuble résidentiel et causé la mort de 17 personnes. Malheureusement, des tragédies similaires se produisaient auparavant, mais chaque fois les autorités ukrainiennes (en fait, il s’agit du régime de Kiev, essayant de se comporter comme s'il était le gouvernement ukrainien, c'est un régime terroriste et extrémiste anarchique qui mène des activités pertinentes) mentaient sans scrupule à leurs concitoyens, craignant de leur dire les véritables raisons de ce qui s'était passé. Qu'est-ce qu'ils ne vont pas inventer chaque fois.

Encore plus cynique est leur désir d'utiliser les faits survenus à des fins propagandistes. En particulier, Kiev qualifiait sans scrupule l'attaque terroriste susmentionnée des forces armées ukrainiennes contre un dépôt de pétrole de Sébastopol de "punition de Dieu pour Ouman". Et cela est dit par ceux qui mènent une lutte acharnée à long terme qui n'est pas liée à l'opération militaire spéciale. Pendant de nombreuses années, ils détruisaient l'Église orthodoxe canonique, persécutant ses prêtres et ses laïcs, violant toutes les normes de la moralité humaine et les commandements du Christ. Il ne reste de sacré pour les néonazis ukrainiens depuis longtemps.

Il me semble que tout est devenu clair après la tragédie d'Odessa. Nous commémorions avec le monde entier, qui a vraiment une mémoire, une conscience et une âme, les victimes de la tragédie de la Maison des syndicats. Avez-vous entendu le régime de Kiev parler à ce sujet? Peut-être quelque part au sein des organisations humanitaires et internationales quelque chose a-t-il été dit et fait? Peut-être y a-t-il eu un appel au régime de Kiev à trouver enfin les coupables de cette tragédie?

Chaque jour dans le monde se produisent de nombreuses tragédies et catastrophes causées par l'homme, ainsi que, malheureusement, des cas d'extrémisme et des incidents de toutes sortes qui font un grand nombre de victimes. Même parmi ces tragédies, il y en a qui se distinguent, non pas par le nombre de victimes et l'ampleur des destructions, mais par le degré de déshumanisation de ceux qui les avaient commises et de ceux qui les ont soit approuvées, soit accordé une indulgence à ceux qui ont violé la morale et la moralité ou allé au-delà de ce qui est permis. Il n'y a pas d'appels, de rapports ou d'examens analytiques. Il ne s’agit pas de la campagne de com' appelée "Boutcha", mais des véritables événements tragiques de la Maison des syndicats d'Odessa.

Toutes ces années qui se sont écoulées depuis ce drame, dans cette salle, sur les sites des organisations internationales, à toutes les conférences de presse, symposiums, séminaires internationaux, la partie russe expliquait et montrait avec des exemples à quoi aboutissait cette logique. Cela a conduit à l'impunité absolue, l'immoralité, qui a affecté toutes les sphères de la vie sous la direction du régime de Kiev, a fait une chose terrible à ce pays. Ce que nous voyons maintenant.

De leur côté, les pays occidentaux ne cachent pas leur participation active à la préparation de la contre-offensive largement médiatisée des forces armées ukrainiennes. Cela dépasse toutes les limites du raisonnable. Le transfert à Kiev des munitions stockées dans les entrepôts des pays de l'UE bat son plein. On a déjà expédié des armes pour plus de 600 millions d'euros, et il est prévu d’élever le chiffre à 1 milliard d'euros. À l'avenir, les membres de l'UE ont l'intention d'augmenter la capacité de production militaire pour doter l'Ukraine d'armes supplémentaires.

Ces derniers temps, l'Allemagne s’y attèle particulièrement. Son ministre de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé la livraison de 80 chars Leopard 1 supplémentaires à partir du milieu de cette année. Dans un avenir proche, les Allemands commenceront à former plus de 100 militaires ukrainiens à leur maniement. Faut-il expliquer de quel type d'équipement lourd il s'agit et contre qui il sera dirigé? C'est évident. Il ne s'agit pas de la formation, pas d'un échange d'expériences, mais de l’élimination des gens dans la zone de conflit des deux côtés. Mais qui en Allemagne y pense?

De plus, 31 chars Abrams américains doivent arriver en Bavière d'ici fin mai. D'ici dix semaines, environ 250 militaires ukrainiens suivront une formation à leur maniement. En outre, selon les médias allemands, plus de 1.000 soldats des forces spéciales ukrainiennes sont activement entraînés dans des bases militaires à travers tout le pays.

Le conseiller du bureau du président ukrainien Mikhaïl Podoliak, qui menaçait ses compatriotes de représailles pour avoir obtenu volontairement la nationalité russe, a fait une nouvelle série de déclarations antirusses sur les réseaux sociaux. D'après ses déclarations, tout Ukrainien détenteur d'un passeport russe devient automatiquement une cible légitime pour les soldats des forces armées ukrainiennes. Cela s'applique-t-il uniquement aux passeports? C'est une question pour Mikhaïl Podoliak. Et si l'un des personnages de Kiev trouve un bien   immobilier, une propriété ou une entreprise en Fédération de Russie, ne traitera-t-il pas avec lui? Pourquoi une telle ségrégation? Pourquoi, pour un passeport, une personne qui, peut-être, n'a rien d'autre dans la vie, devrait être punie, alors que ceux qui, dans notre pays, peuvent avoir une entreprise de plusieurs milliards de dollars, des revenus, des biens immobiliers (en même temps, ils sont maintenant pratiquement les dirigeants du régime de Kiev). Pourquoi n'y aura-t-il pas de représailles contre eux? Peut-être parce qu'ils peuvent payer, puisqu'ils ont beaucoup d'argent? Non. Puisque vous n'êtes pas prêt (je m’adresse au régime de Kiev) à revenir d'une manière ou d'une autre (c'est évident) dans le cadre de la normalité traditionnelle, puisque ce processus, tel que nous le comprenons, est irréversible pour vous, alors soyons cohérents, dénoncez-vous tous vous-mêmes d'abord. Racontez-nous où vous avez caché et enterré vos biens. Comme si personne ne le savait. Pourtant ils savent. Et puis ils se sont accrochés aux gens qui survivent et qui, pendant de nombreuses années, éprouvent sur le territoire de l'Ukraine les expériences de l'Occident. Les avez-vous repris maintenant? Je ne parle pas tellement de haute politique ou de droits de l'homme maintenant, mais de l'essence même de la survie de nombreuses personnes.

Apparemment, Mikhaïl Podoliak n'a jamais été en mesure de comprendre pourquoi les habitants des anciens territoires de l'Ukraine - régions de Crimée, RPD, RPL, Zaporojié et Kherson - ont refusé d'en faire partie et ont décidé de lier leur avenir à leur patrie historique - la Russie. Les gens ne veulent plus rien à voir avec un régime qui ne soucie pas de leur destin et du droit à la vie, leur refusant même la possibilité d'avoir un passeport du pays où ils sont peut-être nés et avec lequel ils ont des liens familiaux étroits. En même temps, tout ce régime de Kiev qui leur refuse la possibilité d'avoir un passeport est affilié à d'autres États. Certains ont des passeports allemands ou britanniques, ainsi que des permis de séjour, des possibilités de séjour de longue durée et des garanties fournies par ces pays (Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Israël). Ces gens interdisent à leurs citoyens d'avoir le choix. Pourquoi?

Ce qui se passe en Ukraine nous convainc une fois de plus de l'opportunité de l'opération militaire spéciale qui, comme l'ont dit les dirigeants russes, se poursuivra. Les buts et objectifs fixés seront atteints.

Comme nous le comprenons parfaitement, et pas seulement à présent, qu'il n'y a rien de nouveau dans ces expériences du régime de Kiev. À juste titre, ils disent qu'il ne s'agit pas seulement de nazisme, mais de néonazisme, une répétition et une réincarnation des pires pratiques du passé récent.

 

Sur l'évolution de la situation autour de Nord Stream

 

Nous continuons à suivre attentivement la situation autour de l'enquête sur les attentats de Nord Stream en septembre 2022.

Jusqu'à présent, personne n'a donné de réponse sur les auteurs de ce qui s'était passé, notamment en raison du manque évident de volonté politique des principaux enquêteurs nationaux en Allemagne, au Danemark et en Suède pour assurer leur transparence, ce qui (comme nous l'avons répété à plusieurs reprises) est impossible sans la participation des autorités compétentes des autorités fédérales russes et des spécialistes de Gazprom.

Je voudrais rappeler que nos demandes, une lettre du Premier ministre de la Fédération de Russie Mikhaïl Michoustine du 5 octobre 2022 et des notes du ministère des Affaires étrangères, sont restés sans réponse substantielle.

Une autre preuve de la conscience d'une ligne aussi peu constructive de l'Occident collectif a été, fin avril 2023, la réponse du ministère suédois des Affaires étrangères à la note de l'ambassade de Russie à Stockholm du 12 avril 2023 avec un appel urgent à fournir des informations sur l'état d'avancement des travaux visant à établir les circonstances des attaques terroristes contre les gazoducs et les personnes impliquées, ainsi qu'à mener une enquête internationale approfondie sur le sabotage avec la participation obligatoire de spécialistes russes. Et cette fois également, la partie suédoise a donné une réponse formelle, se limitant à des références aux correspondances antérieures.

Il s’agit d’un cercle vicieux classique. Malheureusement, au lieu d'un dialogue, nous assistons à un théâtre de l'absurde. Nous n'avons pas de conversation de fond, encore moins d'enquête, notre participation à des actions d'enquête, à l'étude de la situation avec les États qui ont annoncé ces enquêtes. Ils font tout pour que ces actions ne soient pas transparentes.

Les médias de ces pays (principalement il s’agit de l'Allemagne, du Danemark et de la Suède), ainsi que les médias d'autres pays les soutiennent activement en ce sens, apparemment à la suggestion des services militaires et spéciaux locaux, ils répandent des insinuations russophobes sans fondement.

Parmi les dernières intox figurent les informations fournies par le commandement des forces armées du Danemark au journal Information que dans la zone d'explosion de gazoducs quatre jours avant l'incident était présent le navire de guerre russe SS-750, à bord duquel il pourrait y avoir des équipements (notamment des mini-sous-marins) pour effectuer des "opérations spéciales dans les fonds marins". Il est indiqué que les services spéciaux danois (qui ont été unanimement silencieux pendant tout ce temps, mais six mois se sont écoulés, les gens demandent) disposent de photos sur lesquelles il y a ce navire russe.

Il est logique de supposer, et c'est la première chose que tout journaliste ou profane, représentant du public ou d'une publication particulière, dira: puis-je les voir? Les services de renseignement danois ont une réponse à cela: le commandement des forces armées danoises n'a pas l'intention de rendre ces images publiques. Vous savez pourquoi? Ce n'est même pas drôle. Les services de renseignement danois ne rendront pas publiques ces photos, sur lesquelles repose toute cette "théorie du complot", en raison de leur caractère "sensible". Ceci, me semble-t-il, est une sorte de continuation de la série Kikoriki.

Évidemment, de telles inventions ne visent pas à établir la vérité, mais, au contraire, visent à embrouiller la situation. C'est-à-dire qu'il s'agit d'une désinformation classique: intox de documents qui ne correspondent pas à la réalité afin de créer le sentiment que, d'une part, une enquête est en cours, et d'autre part, que les services compétents concernés (ils devraient l'être, mais on voit leur "compétence") travaillent (le public exige, beaucoup d'argent a été investi dans ces projets, des coûts énormes à court, moyen et long terme ont été encourus par tous ceux qui ont participé à ce projet - à la fois les pays et les peuples de ces pays), troisièmement, afin de créer de nombreuses versions alternatives pour détourner l’attention. C'est pourquoi toute cette "campagne d'information" a été lancée.

Je voudrais dissiper les spéculations de nos collègues de l'Otan. Les informations sont publiques. Il est étrange que non seulement les journalistes mais aussi la marine danoise n'en aient pas connaissance.

J'informe ceux qui ne sont pas au courant. Dans la période du 19 au 24 septembre 2022, la flotte de la Baltique a effectué des activités pratiques sur les plages de la mer Baltique dans le cadre d'un exercice planifié. Les forces et les moyens de la flotte de la Baltique, qui ont participé à l'exercice prévu pendant cette période, ne pouvaient pas (je souligne deux fois pour tout le monde au Danemark) se trouver dans la zone de l'acte terroriste présumé sur la conduite de Nord Stream 2 en raison de l'éloignement géographique important des secteurs d'entraînement opérationnel de la flotte.

Nous devons comprendre qu'il existe des faits, des données et qu'il existe des lacunes colossales en matière d'éducation. Vous vous souvenez très bien comment la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a dit qu'il y avait des pays qui sont à des centaines de milliers de kilomètres les uns des autres. Il n'y a pas de tels pays.

Non, certes, il y en a. Mais ensuite, vous devez faire plusieurs fois le tour de la Terre, en fonction du nombre de centaines de milliers de kilomètres de ces États. Il y a des informations, des faits, de la logique, et au final il y a un grand nombre de programmes informatiques, des applications spéciales qui peuvent calculer tout ça. De plus, toutes ces informations sont publiées et accessibles au public. Mais il y a des lacunes. Apparemment, ce mot est difficile pour les "non-partenaires" occidentaux. Et ils ont des lacunes dans l'éducation qui permettent à toutes ces bêtises qu'ils publient dans leurs médias de "nourrir" leur propre public.

Toutes les activités d'entraînement opérationnel de la flotte de la Baltique ont été menées sur des terrains d'entraînement en mer dans les parties sud-est et centrale de la mer Baltique, tandis que le lieu de l'explosion du gazoduc Nord Stream 2 est situé près de l'île de Bornholm (Danemark) - dans la partie occidentale de la mer Baltique.

Cette zone (l'île de Bornholm) est située dans la zone économique exclusive du Royaume du Danemark, où, par définition, toute activité et actions des forces de la flotte de la Baltique sont exclues conformément aux exigences de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

Le fait même de l'apparition dans les médias occidentaux d'une nouvelle "version" (qui est présentée comme sensationnelle) sur "l'implication de la Russie" dans l'explosion du gazoduc Nord Stream 2 plus de six mois après l'événement réel est une preuve directe de la poursuite de la campagne de désinformation de l'Occident pour exclure l'identification des véritables commanditaires et coupables de l'acte de terrorisme international.

Il serait juste que ces mêmes journalistes qui écrivent sur ces sujets au Danemark, en Allemagne, en Suède posent une question à leurs organes publics, services spéciaux, services compétents: "Dans les six mois qui ont suivi l'attentat, vous avez appris pour la première fois que des exercices de la flotte russe avaient eu lieu dans la Baltique? Avant cela, c'était des informations "inaccessibles"?  Il faudrait demander aux journalistes locaux des autorités danoises pourquoi alors vous recevez de l'argent si vous n'aviez pas remarqué cette information évidente et publiée.

Ce n'est pas seulement une question pour les autorités des pays mentionnés, mais aussi pour les journalistes qui relayent tout cela et ne posent pas les questions les plus simples, les plus banales et élémentaires.

 

Sur les émeutes lors de la célébration de la Fête du Travail en France le 1er mai 2023

 

Depuis plusieurs mois nous suivons des manifestations en France contre la loi sur la réforme des retraites promue par les autorités, qui a provoqué une réaction très controversée dans la société.

C'est une affaire intérieure de la France. Mais certaines choses ne peuvent être ignorées. Nous voyons que la décision du gouvernement du pays d'utiliser son droit constitutionnel d'adopter une loi sans vote au parlement n'a fait qu'encourager les protestations. Dans cette ambiance électrifiée, la traditionnelle manifestation du 1er mai s'est transformée cette année en émeutes, accompagnées de nombreux incendies, actes de vandalisme et pillages dans les grandes villes françaises, y compris à Paris. À leur tour, la police et les gendarmes agissaient durement. En conséquence, plusieurs centaines de détenus et de blessés, y compris des agents des forces de l'ordre.

Après ce que j'ai vu, j'ai une question: si des gens de différents côtés de l'État se comportent envers les citoyens de leur pays (sachant qu'ils ne sont pas en état de guerre civile, c'est une situation courante, une manifestation du 1er mai paisible aurait dû avoir lieu), l'État a-t-il le droit de se qualifier de "flambeau" dans le domaine des droits de l'homme, dans le domaine des droits et libertés humanitaires? Peut-il faire la morale à tout le monde? A-t-il atteint un niveau approprié d'harmonisation des processus politiques, publics et sociaux en son sein? Ou y a-t-il encore quelque chose à "travailler" avant de sortir et faire la morale à tout le monde?

N'ayant aucune intention de s'immiscer dans les affaires intérieures de la France - je souligne pour la deuxième fois que ce n'est pas dans la tradition de la diplomatie russe - on a involontairement envie de se demander comment sont justifiées dans les conditions d'un affrontement socio-politique aussi aigu et de la fracture dans la société française les affabulations émanant de Paris à l'adresse de divers États souverains.

Je ne parle pas que de nous. Bien que l'Élysée publiquement, sur les réseaux sociaux, sur les plateformes des organisations internationales essaie constamment de nous faire la morale. Chaque État suit sa propre voie de développement, son processus historique, surmonte les situations de crise, en partant de ses propres intérêts, traditions et caractéristiques nationales. Cela doit être respecté. Pour le respecter, il faut le comprendre. Je pense qu'on devrait commencer par ça.

Les autorités françaises ne devraient-elles pas se concentrer davantage sur leurs propres problèmes qui sont nombreux et ne pas regarder les autres à la recherche de violations des droits de l'homme, de tendances autoritaires (comme ils les appellent) et d'autres failles? Regardez vous-mêmes.

 

Sur l’inauguration du Centre de langue russe en République du Cameroun

 

Le Centre pour l'éducation ouverte en russe et l'enseignement de la langue russe a ouvert ses portes le 25 avril 2023 à Douala (République du Cameroun), à l'initiative du Ministère de l'Éducation de Russie et avec le soutien de l'Université Russe de l'Amitié des Peuples Patrice Lumumba. 

Le premier jour du travail du Centre, des cours de langue russe ont été ouverts à la jeunesse camerounaise, auxquels plus de 100 personnes s'étaient auparavant inscrites. Pendant deux semaines de cours en présentiel les participants devront maîtriser les programmes d'enseignement général, puis réussir les tests de russe comme langue étrangère de niveau élémentaire. Pour les étudiants qui apprenaient déjà le russe, un programme de formation avancée est proposé et une opportunité est offerte de passer des tests de niveau de base.

Les cours se déroulent de manière intensive avec l’utilisation de méthodes de communication modernes ethno-orientées, conçues pour enseigner aux étrangers en dehors de l'environnement linguistique.

Les enseignants du Centre mettent également en œuvre un programme spécial de russe comme langue étrangère pour les étudiants de l'école internationale russe Galaktika. Le programme est destiné aux enfants d'âge scolaire primaire et secondaire qui connaissent déjà le russe et continuent à l'étudier.

Le projet de lancement du Centre pour l'éducation ouverte au Cameroun est mis en œuvre dans le cadre des activités du Ministère russe de l'Éducation pour soutenir et promouvoir la langue russe dans les pays étrangers, et vise à développer et maintenir une coopération socioculturelle mutuellement bénéfique et à long terme entre la Fédération de Russie et les pays africains.

 

Des réponses aux questions:

Question: Le chroniqueur français Xavier Raufer a déclaré dans un article pour Atlantico que la criminalité avait augmenté en Europe de l'Est en raison des ventes d'armes illégales en Ukraine. "Ce processus, ignoré par l'armée et les médias, risque d'être long et dangereux. Cela n'inquiète guère les stratèges de Washington. Cela devrait inquiéter plutôt les dirigeants européens, car toute cette anarchie criminelle restera leur problème", a ajouté Xavier Raufer. Quel commentaire feriez-vous sur cette déclaration?

Maria Zakharova: Je vous remercie de citer des auteurs, des observateurs et des journalistes français, mais franchement, je préférerais que vous nous citiez aussi.

Je voudrais préciser que cela fait maintenant plus d'un an que nous parlons de ce sujet, à savoir où les armes de toutes sortes fournies au régime de Kiev vont aller et où elles vont faire surface, et ce de manière appliquée. Nous en avions déjà parlé auparavant, mais depuis un an, nous parlons directement de ce qui se passe et de ce qui se passera à court terme. Tout ce que nous avons dit il y a longtemps (et nous revenons littéralement sur ce sujet tous les jours) est devenu réalité.

D'autre part, tout le monde en Occident (et c'est un euphémisme) ne veut pas voir cela. La raison pour laquelle Washington ne veut pas le voir est claire – c'est un élément de leur stratégie visant à déstabiliser la situation sur le continent européen. C'est évident. La raison pour laquelle les responsables officiels, les représentants, les mouvements politiques qui sont aux commandes et qui disposent d'informations pertinentes dans les pays de l'UE ne veulent pas voir cela n'est pas claire du tout. Je pense que la réponse persiste: certains d'entre eux sont des mandataires ou des adeptes de la volonté de Washington, tandis que d'autres, apparemment en raison de la situation politique, préfèrent garder le silence, ignorant ce à quoi ce silence aboutira.

Des armements de toutes sortes (je parle maintenant d'armes lourdes également), paradoxalement, sont déjà apparus et se trouvent sur les marchés noirs européens depuis longtemps. Que sont ces marchés noirs d'armes? Vous savez bien que ce n'est pas une "roue de la fortune", ce n'est pas un "potager", ce n'est pas une arrière-cour où, d'une manière ou d'une autre, on peut contrôler la situation. Le marché noir (s'il s'agit d'armement) est partout, compte tenu du facteur Internet. C'est une opportunité d'en acheter par le biais de la technologie blockchain, par le biais de chaînes d'information sur Internet qui ne sont contrôlées par aucun gouvernement ou agence de renseignement.

Crime organisé, trafic de stupéfiants, traite des êtres humains, vols, banditisme, entre autres, "transbordement" de tout cela vers d'autres parties du monde. Quelque chose reste sur le territoire des pays de l'Union européenne, quelque chose va plus loin. Apparemment, ils ont l'illusion que cette "partie transitoire" les épargnera. Ils vivaient dans cette illusion lorsqu'ils ont créé de leurs propres mains le Printemps arabe, lorsqu'ils ont détruit la Libye, lorsqu'ils ont essayé d'occuper la Syrie. Puis ils ont été contraints de "se réveiller" lorsque des dizaines, des centaines de milliers, des millions de migrants sont tout simplement venus physiquement vers eux avec tous leurs problèmes et qu'ils les ont "réveillés". Ils ont été alors obligés de passer de ce monde illusoire au monde réel.

Nous n'avons cessé d'en parler. Ce problème a notamment été abordé de manière très détaillée lors de nos conférences de presse du 12 janvier et du 17 février.

Le gavage incontrôlé de l'Ukraine en armes par les pays occidentaux provoque une forte détérioration de la situation criminelle non seulement en Europe, mais aussi dans le monde entier. Ces pratiques existaient bien avant l'opération militaire spéciale en Ukraine. Depuis le coup d'État, de février 2014 à décembre 2021, elle s'est poursuivie au même rythme, puis a pris de l'ampleur. Avant l'opération militaire spéciale, les autorités de Kiev avaient été dotées d'une aide militaire d'environ 70,5 milliards de dollars. J'insiste encore une fois sur le fait qu'il s'agissait d'une situation antérieure à l'opération militaire spéciale. Dans le même temps, le contrôle des armes reçues était, comme l'affirment les experts, extrêmement faible. Il était nul. Vous pouvez voir comment, même les États-Unis, l'Otan et Bruxelles ont, à un moment donné, perdu patience face à tous les systèmes de corruption qui dominaient à Kiev et dans les structures affiliées. Une enquête a été demandée. Des documents ont été publiés, des démissions, des affaires pénales, des poursuites, etc. ont suivi. Les systèmes de corruption n'ont été touchés que superficiellement. Mais personne n'a abordé les problèmes plus profonds liés à l'armement. Je pense qu'il s'agit d'un seul et même "réseau". En conséquence, cela a conduit à la transformation de l'Ukraine en une "zone grise" à partir de laquelle des armes létales ont "migré" vers d'autres régions instables du monde. 

Au cours de la période de l'opération militaire spéciale lancée par la Fédération de Russie, le montant de l'aide militaire envoyée par les pays occidentaux est devenu sans précédent: le volume de l'armement américain et occidental transféré à l'Ukraine est plusieurs fois supérieur à celui que l'Occident a fourni aux moudjahidines au cours des dix années de guerre en Afghanistan.

Les décisions irresponsables de Kiev concernat la distribution massive d'armes à feu à la population et l'arrivée sur le marché "parallèle" de produits militaires fournis au régime de Kiev par des pays étrangers conduisent à leur "fuite" entre les mains de criminels et de terroristes. Personne n'en parle. Et où iront ces terroristes? Dans les régions les plus pauvres du monde? Probablement aussi. Mais avant tout, ils ont d'autres missions et objectifs.

Il y a suffisamment de propositions sur Internet concernant la vente d'armes et de munitions obtenues par les Ukrainiens. Le commerce se fait, y compris par le biais de cryptomonnaies, et les terroristes, les extrémistes et les groupes criminels en deviennent les bénéficiaires. Il n'y a aucun doute que tout cela servira de puissant catalyseur pour la redistribution des sphères d'influence criminelles et les guerres mafieuses, auxquelles participeront de nouvelles associations de groupes criminels.

Mais si quelqu'un a le sentiment que tout restera à l'intérieur, qu'il s'agit d'une "zone clôturée" où, si vous êtes quelqu'un de respectueux de la loi et de respectable, il n'y a aucun moyen de pénétrer, et que vous échapperez à tout cela, c'est une illusion et une erreur. Je dirais même que c'est un crime de penser ainsi et d'inspirer une telle conviction à sa propre population. En acquérant ces armes, les cercles criminels, les terroristes, les extrémistes les utilisent non seulement les uns contre les autres, mais aussi contre les citoyens pacifiques, contre la société et contre l'État.

Apparemment, la revente sur le marché noir des armes fournies ne dérange pas tant que cela l'Occident collectif. Le principal bénéficiaire de la crise est avant tout l'industrie militaire américaine, qui cherche, en dépit du bon sens, à obtenir un nouveau profit commercial.

La principale menace est que les activités terroristes et criminelles prennent des proportions sans précédent. Surtout s'ils parviennent à se procurer d'autres armes, comme des systèmes portatifs de défense aérienne Stinger et des missiles antichars Javelin, en plus des armes à feu. Vous pouvez imaginer l'ampleur et les conséquences. Karl Marx a tout écrit: là où il y a du profit, toute moralité cesse d'exister. Ici, il ne s'agit même pas de moralité, mais de bon sens dans le contexte de sa propre sécurité et de son bien-être.

Apparemment, certains récepteurs semblent être atrophiés à partir d'un certain montant.

Question: Comment évolue la situation autour de l'accord sur les céréales?

Maria Zakharova: Les contacts de travail entre les représentants des parties (Russie, Turquie, Ukraine) ainsi que des Nations unies au centre de coordination à Istanbul sont permanents. Ce niveau de travail est constamment maintenu. Il est nécessaire pour effectuer des inspections conformément aux règles de procédure convenues.

La tenue d'une réunion de haut niveau au cours de la prochaine période est en cours de discussion. Dès qu'une date et un format sont déterminés, nous ne manquerons pas de les confirmer dans les plus brefs délais.

Nos évaluations de la mise en œuvre de l'Initiative de la mer Noire en corrélation avec celle du mémorandum Russie-Secrétariat de l'ONU sur l'accès des produits agricoles et des engrais russes au marché mondial sont bien connues. Elles n'ont pas changé. Nous répondons quotidiennement aux questions et partageons nos évaluations. Sergueï Lavrov en a parlé en détail lors de sa récente visite à New York, dans le cadre de sa rencontre avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et lors de la conférence de presse qu'il a donnée à cette occasion.

Je peux vous dire que la prochaine série de consultations sur la mise en œuvre du mémorandum entre la délégation inter-agences russe et les représentants des Nations unies, sous la direction du secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, Rebeca Grynspan, aura lieu à Moscou le 5 mai.

Question: Le chargement du combustible nucléaire à la centrale d'Akkuyu, en Turquie, a eu lieu récemment. La France soutient le projet de centrale nucléaire de Paks 2, que Rosatom est en train de mettre en œuvre en Hongrie. L'énergie nucléaire d'autres pays européens dépend également de la Russie en termes de technologie et d'approvisionnement en combustible. Cependant, l'Allemagne insiste pour que l'UE inclue l'énergie nucléaire civile russe dans le 11e train de sanctions. Comment votre bureau évalue-t-il ces deux lignes contradictoires dans les relations entre la Russie et l'Europe?

Maria Zakharova: Il est clair depuis longtemps que la guerre des sanctions déclenchée par l'UE contre notre pays s'est résumée à un fiasco total: les sanctions ne causent pas à la Russie les dommages que l'Occident espérait, mais elles nuisent à l'Occident lui-même. C'est absurde, c'est sauvage, c'est stupide. Apparemment, c'est ce qui leur plaît. 

Les pénuries d'énergie et les coûts élevés entraînent une désindustrialisation et des problèmes socio-économiques croissants en Europe. Il ne s'agit pas d'une simple observation de notre part. Nous avions déjà tout prédit. Il s'agit de leur propre analyse. Vous pouvez lire les principaux économistes occidentaux. Ils expliquent tout cela en détails. Les fonctionnaires de l'UE, guidés exclusivement par les intérêts de la "solidarité" transatlantique, agissant en fait sous la pression de Washington, ne se donnent pas la peine de se demander si les besoins réels des États membres de l'UE sont pris en compte, s’ils sont prêts à tout (je parle de la bureaucratie bruxelloise) pour que le "mécanisme des sanctions" ne s'arrête pas, car dans l'atmosphère de russophobie qu'ils cultivent, les restrictions sont passées depuis longtemps du statut d'outil de politique étrangère à celui de véritable facteur de la politique intérieure de l'Union européenne. Ils sont donc prêts à emprunter n'importe quelle voie suicidaire en matière de pression sur la Russie.

Il est évident qu'ils sont prêts à recourir au "banditisme économique". Vous avez vu et entendu des discussions à ce sujet. Il existe un certain nombre d'exemples concrets et d'actions réalisées. Bien que les dirigeants de l'UE admettent avoir presque tout essayé dans l'"arsenal" existant, Bruxelles ne cesse de réfléchir constamment à ce qu'ils pourraient encore adopter contre notre pays pour qu'il en ressente enfin les douloureuses conséquences. À mon avis, il s'agit d'une conscience politique fractionnée à Bruxelles. Ils souffrent eux-mêmes, ils se font du mal, mais ils attendent toujours qu'on invente quelque chose d'autre pour nous faire du mal davantage. En même temps, ce sont eux qui souffrent le plus. Il y a une expression qui dit: "Je vais me geler les oreilles pour contrarier ma grand-mère." Dans le cas présent, il y a longtemps qu'ils se sont "gelé" la tête avec une telle logique. D'autres mesures sont également prises en fonction de leur état physique.

Aujourd'hui, les russophobes de l'UE cherchent à étendre les sanctions au nucléaire russe. Je vais essayer de faire appel à la voix de la raison. L'énergie nucléaire, malgré tous les désaccords au sein de l'Union européenne quant à l'attitude vis-à-vis d'elle, reste un élément clé de la sécurité énergétique pour un certain nombre de pays de l'UE et pour l'UE dans son ensemble. Il est regrettable que certains milieux de l'UE tentent de politiser ce domaine de coopération énergétique avec notre pays, tout en ouvrant la voie aux exportateurs américains de combustible et de technologie nucléaires.

Il est clair pour nous que Bruxelles, comme dans le cas de l'approvisionnement en gaz, ne fera qu'aggraver son cas s’il tente d'imposer des restrictions dans le domaine du nucléaire civil. De plus, dans ce cas-là, ce n'est pas seulement la stabilité de l'approvisionnement en énergie des consommateurs européens qui pourrait être menacée, mais aussi la sécurité nucléaire d'un certain nombre d'installations de production d'énergie dans les pays de l'UE.

Question: La Russie a ratifié un protocole de coopération entre les membres de l'OTSC dans le domaine de la sécurité biologique. Auparavant, le ministère russe de la Défense avait communiqué des informations sur les activités des laboratoires biologiques militaires américains dans l'espace post-soviétique. Quels sont les pays voisins dont le territoire abrite des laboratoires biologiques contrôlés par les États-Unis et quelles mesures devraient être prises dans ce domaine ?

Maria Zakharova: Ces dernières années, les questions de biosécurité ont pris une place de plus en plus importante dans l'agenda international. Grâce aux efforts de Washington, elles sont passées d'une problématique de sécurité biologique internationale à une question de sécurité biologique.

C'est pourquoi les États membres de l'OTSC ont décidé de faire de cette question l'un des domaines de coopération entre alliés. En application de l'accord susmentionné, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a signé le 28 avril dernier la Loi sur la ratification du quatrième protocole relatif à l'introduction d'amendements à la Charte de l'OTSC. En outre, l'année dernière, le Conseil de coordination des organes autorisés des États membres de l'OTSC a été créé sous l'égide du Comité des secrétaires des Conseils de sécurité de l'OTSC afin de superviser l'ensemble des questions de biosécurité. Sa première réunion s'est tenue le 15 décembre 2022 à Saint-Pétersbourg. La prochaine réunion est prévue en juillet de cette année à Minsk. La Russie souhaite développer une coopération approfondie au sein de l'OTSC dans ce domaine et est prête à contribuer de toutes les manières possibles au bon fonctionnement de la nouvelle structure.

L'attention prioritaire accordée aux questions de biosécurité au sein de l'OTSC est due, entre autres, aux preuves de plus en plus nombreuses d'activités militaires et biologiques extrêmement dangereuses et incontrôlées menées par les États-Unis dans diverses régions du monde, y compris dans l'espace post-soviétique. Les activités américaines soulèvent de sérieuses questions quant au respect de la Convention sur les armes biologiques ou à toxines (CABT).

Le lancement de l'opération militaire spéciale a mis au jour un grand nombre de faits nouveaux sur la manière dont le Pentagone et d'autres agences américaines avaient fait du territoire de l'Ukraine, qui n'est pas leur voisin et qui se trouve pour eux à l'autre bout de la terre, un terrain d'essai pour leurs expériences avec des substances dangereuses. Tout cela s'est fait sous le couvert du ministère ukrainien de la Santé. En fait, il s'agissait d'un programme du Pentagone. Le ministère ukrainien de la Santé lui-même a travaillé pendant plusieurs années, non seulement sous les auspices et le mentorat, mais aussi littéralement sous la direction d'un homme "débarqué" d'Amérique du Nord avec la citoyenneté, le passeport et les états de service appropriés.

Sous couvert d'assistance sanitaire et épidémiologique, le Pentagone a construit et modernisé, à l’échelle industrielle, des laboratoires biologiques dans d'autres pays, y compris dans l'ex-Union soviétique. Comme Washington bloque depuis 2001 l'élaboration d'un protocole juridiquement contraignant à la Convention sur les armes biologiques ou à toxines, il est impossible de contrôler l'ordre et le degré d'implication de ces installations dans des programmes de recherche militaire classifiés. Nous avons évoqué à plusieurs reprises, lors de réunions d'information et au niveau des dirigeants politiques, la nécessité d'inscrire ces travaux dans un "cadre transparent". Les États-Unis et les pays où ils ont ouvert ces laboratoires biologiques ont déclaré qu'ils pouvaient même y organiser des "visites guidées". Or, il y a une différence entre une inspection et une visite guidée. Ils parlaient d'une visite de la "zone d'accueil", c'est-à-dire du comptoir des visiteurs ou de l'enregistrement du personnel, ce qui aurait été la fin de l'histoire.

Par conséquent, les résultats des recherches financées par les États-Unis pourraient être utilisés à des fins incompatibles avec les intérêts régionaux et internationaux en matière de sécurité.

Un exemple flagrant de ces activités dangereuses est la révélation de la mise en œuvre prétendument "pacifique" par le Pentagone de programmes militaires et biologiques en violation de la CABT en Ukraine. L'analyse des informations obtenues au cours de l'opération militaire spéciale permet de conclure que le développement de composants d'armes biologiques a été effectué à proximité immédiate des frontières de la Russie et d'autres pays de la CEI/OTSC. Ces évaluations sont confirmées par le rapport récemment publié de notre commission d'enquête parlementaire sur les circonstances entourant l'établissement par des spécialistes américains de laboratoires biologiques en Ukraine.

Je voudrais souligner que dans un premier temps, apparemment pris au dépourvu, les hauts représentants américains eux-mêmes n'ont pas nié que leur pays était engagé dans ces activités. Puis, des mois plus tard, réalisant l'ampleur de ce qui allait leur tomber dessus et qu'ils allaient devoir se sortir de cette situation une fois de plus, ils ont commencé à tout nier. Or, au début, ils n'avaient pas trouvé de mots pour se justifier et ils avaient admis qu'ils faisaient effectivement ce travail.

De nombreuses questions adressées à Washington concernant cette affaire restent sans réaction appropriée de la part de ceux dont le devoir est de s'engager dans des activités de contrôle et doivent encore être traitées. Nous continuerons à travailler dans les forums multilatéraux pertinents (principalement la CABT) pour résoudre la situation et les griefs que nous avons.

La situation en Ukraine nous rappelle brutalement la nécessité de renforcer d'urgence la CABT et de reprendre les travaux sur un Protocole juridiquement contraignant à la Convention, assorti d'un mécanisme de vérification efficace. Ils doivent se dérouler dans un cadre établi, avec un résultat clair. Un résultat clair n'est pas un programme de visites guidées, ni quelque chose que l'on est prêt à vous présenter et que vous devez "avaliser", mais plutôt des inspections et des vérifications.

Nous avons l'intention de travailler de manière cohérente avec les États qui partagent notre point de vue pour défendre cette approche au sein du nouveau groupe de travail sur le renforcement de la Convention établi par la Neuvième conférence d'examen de la CABT sur la base de la proposition de la Russie. Nous continuerons à poursuivre les initiatives russes visant à renforcer et à institutionnaliser la CABT.

Nous sommes en contact étroit sur toutes les questions de biosécurité avec nos partenaires de la CEI et de l’OTSC et nous tenons des consultations régulières sur ces questions. Nous avons signé des protocoles d'accord bilatéraux et intergouvernementaux avec la plupart d'entre eux. Leur mise en œuvre contribue de manière significative au renforcement de la sécurité de nos pays et de nos relations amicales, et favorise la coopération dans ce domaine.

Il s'agit d'un domaine sensible et nécessaire pour une véritable coopération pratique. Je ne voudrais pas que les journalistes, les experts et les analystes politiques considèrent qu'il s'agit là d'un amas de "termes ayant trait aux relations internationales". Il ne s'agit pas de "clichés", mais de nos vies. L'année 2020 nous a apporté la pandémie de COVID-19 et nous a montré à quoi la vie peut ressembler et quels défis l'humanité peut relever. Nous semblons être capables de faire tant de choses, de savoir tant de choses, et puis il s'avère qu'en l'espace de quelques semaines, le monde entier est dans un état de paralysie totale des capacités, et parfois même de la volonté, parce qu'il ne sait pas comment réagir. Nous tous sommes toujours en train de "digérer" les conséquences. Plus l'attitude de tous ceux qui s'intéressent à ce sujet sera concrète, moins nous le considérerons comme un jeu de termes, de réécriture de documents et de "théorie", mieux cela vaudra.

Question: Le Vatican a-t-il transmis à la partie russe l'initiative de paix mentionnée par le Pape ? Quel pourrait être le contenu de cette initiative ?

Maria Zakharova: À ce jour, la Russie n'a reçu du Vatican aucune proposition ou plan spécifique pour une résolution pacifique de la crise ukrainienne. Nous n'avons rien reçu. Nous n'avons pas de détails sur l'initiative du Pape François récemment mentionnée dans les médias occidentaux.

Toutefois, nous tenons à souligner que le Saint-Siège a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de servir de médiateur dans d'éventuelles négociations avec le régime de Kiev. Nous avons en effet vu et lu tout cela.

Depuis le début de l'opération militaire spéciale, nous avons continué à entretenir des contacts avec le Saint-Siège au plus haut niveau. Nous sommes certains que notre position sur les perspectives d'un processus de négociation pacifique sur l'Ukraine est bien connue au Vatican.

Je voudrais vous le rappeler une fois de plus. Peut-être y a-t-il encore quelqu'un qui ne sait pas que Vladimir Zelenski a interdit les pourparlers de paix avec notre pays à soi-même et à tout son régime et qu’il l'a inscrit dans la loi. Ce n'est pas la seule chose "surprenante" à propos de ces bandits. Vous comprenez très bien que le seul élément qui intéresse le parti de la rue Bankova, c'est l'opinion, ou plutôt les ordres et les injonctions, les "coups de pied" des "maîtres" de Washington, qui ne sont pas intéressés par l'arrêt des hostilités, puisqu'ils le proclament ouvertement depuis la tribune de la Maison Blanche, du Département d'État américain, du Pentagone, de tous les organes du pouvoir législatif. Si vous écoutez les représentants de l’opinion publique, ils sont sur la même longueur d’onde. Pas tous. Ceux qui ont fait preuve de bon sens sont immédiatement exclus du débat public. Vous voyez ce qui se passe avec les journalistes, qui sont tout simplement congédiés, "mis à l’écart", "éliminés" des ondes. Vous voyez ce qui arrive aux économistes qui tentent de donner des prévisions réalistes, même dans le contexte de la vie domestique américaine – ils sont également expulsés des émissions télévisées, menacés de bloquer leur compte, etc. Ils sont menacés sur le plan technologique : ils sont victimes de "grèves", d'avertissements, etc. D'où le rejet catégorique et répété par le régime de Kiev d'une voie de négociation pacifique.

Je pense que les partenaires du Vatican le savent déjà ou devraient s'en rendre compte.

Je voudrais souligner une fois de plus que nous rencontrons encore des personnes qui parlent de la situation en Ukraine et qui ne savent pas que Vladimir Zelenski s'est interdit, ainsi qu'à son régime, toute négociation avec notre pays.

Question: Comme vous le savez, les ministres des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie négocient actuellement un traité de paix sur la plateforme américaine, avec la médiation du secrétaire d'État américain. C'est aujourd'hui le troisième jour. Il a été annoncé que cela durerait plusieurs jours. Qu'en pensez-vous ? Que pouvez-vous dire sur les perspectives d'une rencontre des ministres des Affaires étrangères sur le territoire russe dans ce contexte et, en principe, sur la médiation américaine ?

Maria Zakharova:  Les discussions mentionnées au début de votre question se déroulent sans la participation de la Russie, mais avec la participation d'autres pays. Par conséquent, vous devriez interroger directement les participants au processus sur ce qui s'y passe. Il est probable qu'à la fin, lorsque les déclarations pertinentes auront été faites et que chaque pays se sera exprimé, il sera possible de se faire une idée. Cela nous donnera peut-être le droit de faire des commentaires. Mais ce sera plus tard.

Nous restons attachés à la mise en œuvre de toutes les dispositions des déclarations trilatérales des dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie adoptées en 2020-2022.

En ce qui concerne les perspectives de réunions entre les ministres des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie sur le territoire russe, comme cela a déjà été annoncé lors du dernier briefing, Erevan et Bakou ont confirmé qu'ils étaient prêts à les organiser à Moscou. Le calendrier sera annoncé ultérieurement.

Question: Comment évaluez-vous les déclarations du directeur de la DGSI française, Nicolas Lerner, qui a affirmé que la Russie pourrait essayer d’infiltrer les cercles politiques français ?

Maria Zakharova: J'ai une contre-question à poser à M. Lerner, le directeur de la DGSI française : n'avons-nous pas interféré dans l'élection présidentielle française ? Une question concrète et simple – oui ou non. L’élection présidentielle française a eu lieu. La Russie s'en est-elle mêlée ou non ? Cette prédiction hypothétique s'apparente à la lecture des cartes de tarot. D'une part.

D'autre part, il me semble que tout cela représente des lapsus révélateurs, lorsque l'on cache quelque chose dans sa poche, que l’on se livre soi-même à certaines pratiques et que l’on transpose ensuite ses propres pensées ou son propre mode de pensée sur quelqu'un d'autre. De telles affirmations ne sont pas nouvelles pour nous. La "carte russe" est régulièrement jouée dans les luttes politiques en Occident. On a l'impression que plus le candidat est faible, plus il a de problèmes, moins il est apte à occuper son poste, plus l'hystérie antirusse est forte.

Les déclarations de M. Lerner sont un autre exemple clair de la russophobie qui s'est emparée des esprits de l'establishment euro-atlantique.

Je répète que la Russie, contrairement à la France et à un certain nombre de pays guidés par les États-Unis, n'a pas l'habitude de s'ingérer dans les affaires d'autres États.

Aujourd'hui, nous avons commenté un sujet qui avait soulevé de nombreuses questions. Nous avons reçu de nombreuses demandes pour aborder le sujet des troubles en France. Nous avons déjà noté qu'il s'agit d'une affaire interne au pays. Les réformes des retraites, les manifestations, la dispersion des manifestants sont des questions qui concernent la France, ses dirigeants et son peuple. Nous avons montré le décalage entre la rhétorique publique que le Palais de l'Elysée tend à utiliser à l'égard des autres pays et sa gestion interne des situations similaires. La dissonance est évidente. Nous les avons conseillé de s’occuper de leurs propres problèmes internes.

Je voudrais rappeler à la DGSI française et à son directeur que ce n'est pas la Russie qui est à l'origine des révolutions de couleur, notamment dans un certain nombre de régions du monde (à commencer par l'espace post-soviétique, etc.). Ce n'est pas notre pays qui s'est ingéré pendant 60 ans, sous couvert d'idéaux douteux, dans les affaires des États africains lorsqu'ils avaient commencé à acquérir leur indépendance et leur autonomie, à construire leurs États souverains. Ce n'est pas notre pays qui a infiltré leurs cercles politiques, renversé des dizaines de fois des dirigeants indésirables et construit un système d'influence néocolonial.

Nous considérons forcément ces attaques comme une nouvelle manœuvre de propagande visant à salir notre pays et à créer une image négative de notre peuple, de notre culture et de notre État. En même temps, nous ne pouvons pas exclure que cette déclaration – dans les meilleures traditions de l'Occident – prépare également le terrain pour justifier leurs propres "couacs" en politique intérieure, pour que tous les échecs puissent être commodément attribués, comme ils se l’imaginent, aux "machinations du Kremlin", à la "main de Moscou", comme ils aiment à le faire. Les contradictions internes de la France sont immenses. Le monde entier a vu l'énorme confrontation interne et publique des citoyens français au fil des ans. Non pas entre les citoyens français et les citoyens d'autres pays, mais entre les citoyens français et les personnes qui avaient reçu un permis de séjour et qui avaient le droit de résider de façon permanente dans cet État.

Comme je l'ai dit, la notion d'"empreinte russe" est un moyen universel de camoufler toutes les erreurs, les mauvais calculs et les malheurs de l'Occident, et d'éliminer les rivaux politiques. Une trouvaille tout à fait "originale".

Malheureusement, force est de constater que l'Europe est revenue aux traditions du passé sombre et à l'époque de la "chasse aux sorcières". D'ailleurs, c'est aussi leur "trouvaille". Aujourd'hui, elles sont apparemment réincarnées.

Permettez-moi de souligner que toute personne qui se permet d'appliquer en pratique le même raisonnement français sur la liberté d'expression, les droits, les libertés civiles et qui se laisse soudainement séduire par ce mantra dans sa vie quotidienne, le regrette immédiatement. Si une personne commence à exercer ses droits civiques et à penser ouvertement, objectivement, impartialement, rationnellement, à exprimer des pensées sensées, à partager sa vision de la situation, elle est immédiatement ostracisée. Ce n'est pas le plus grave. Parfois, la pression politique fait que la situation dégénère rapidement en répression. Ces personnes, qui ne s'inscrivent pas dans le courant antirusse établi par Bruxelles, Washington et, malheureusement, Paris, sont accusées de trahir les idéaux de la démocratie, sont stigmatisées, traitées comme des parias. Et dans certains cas, des mesures punitives leur sont appliquées : elles ne sont pas autorisées à s'exprimer publiquement, elles sont intimidées, elles sont licenciées. Les exemples sont légion.

Je citerai l'histoire de la journaliste française Anne-Laure Bonnel. Elle a subi des pressions sans précédent après son voyage en RPD en février 2022 et la sortie de son film sur le Donbass, dans lequel elle présentait une vision de la situation en Ukraine différente de celle de la propagande occidentale. Progressivement, elle a été "délogée", retirée de l'espace d'information français. La Sorbonne, l'Institut national de l'audiovisuel (INA) et même l'École supérieure de journalisme (ESJ), prétendument (du moins le prétend elle elle-même) "indépendante", où elle avait enseigné, ont refusé de continuer à collaborer avec elle. Et c’est ainsi que tout s’est terminé. Or, on pourrait penser que la liberté journalistique devrait rester inviolable dans un pays qui a donné au monde les idéaux révolutionnaires de "liberté, égalité et fraternité".

Je conseillerais à nouveau à M. Lerner (revenant à l'ingérence dans les affaires d'autres pays) de regarder Le Professionel avec Jean-Paul Belmondo. Etant donné que l'acteur a été enterré avec les honneurs de l'Etat exactement sur la musique de ce film, cela signifie que le Paris officiel ne refuse pas ce film et ce qu'il raconte.

Question: La semaine dernière, le président chinois Xi Jinping a eu une conversation téléphonique avec le président ukrainien Vladimir Zelenski. Au cours de cette conversation, le chef d'État chinois a déclaré que la Chine enverrait un représentant spécial du gouvernement pour les affaires eurasiennes en Ukraine et dans d'autres pays afin de procéder à un échange de vues approfondi sur le règlement politique de la crise ukrainienne. Comment évaluez-vous le rôle de la Chine dans la résolution de la crise ukrainienne ? Quelles sont vos attentes ?

Maria Zakharova: Un commentaire sur une question similaire a déjà été publié sur notre site web. Je peux en répéter brièvement l'essentiel. La position n'a pas changé.

Nous avons pris note de la volonté de la partie chinoise de faire des efforts pour mettre en place un processus de négociation. Nous constatons un large accord entre nos approches de principe et les dispositions du document de position pertinent publié par le ministère chinois des Affaires étrangères le 24 février dernier.

D’autre part, nous pensons que ce n’est pas l'absence de bons plans qui pose un problème. Bien que ces plans soient toujours les bienvenus. Je vais répéter une fois de plus ce que nous avons dit à de nombreuses occasions, y compris aujourd'hui. Jusqu'à présent, le régime de Kiev a démontré qu'il rejetait toute initiative sensée visant à un règlement politique et diplomatique de la crise ukrainienne, et il a conditionné son éventuel accord à des pourparlers à des ultimatums assortis d'exigences sciemment irréalistes. C'est de cela qu'il s'agit. Le régime Zelenski et lui-même se sont interdits toute négociation avec la Russie.

Les autorités ukrainiennes et leurs manipulateurs occidentaux ont démontré leur capacité à conduire les initiatives de paix à une impasse avant même 2022. Ce ne sont pas tant eux qui l'ont admis que ceux qui ont garanti le respect par le régime de Kiev de ses obligations au titre des accords de Minsk. Rappelez-vous les révélations de l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel et de l'ancien président français François Hollande. Cela n'a pas été fait par hasard. Il ne s'agit pas d'une conversation en coulisses, rendue publique par des fuites. Il ne s'agit même pas d'une farce. Il s'agissait d'interviews, de déclarations faites dans le cadre de conversations à la caméra avec des journalistes, dans lesquelles ils expliquaient que les accords de Minsk n’avaient pas fonctionné, parce qu'ils n'allaient pas être mis en œuvre par "l'autre" partie et qu'ils avaient été utilisés à des fins totalement différentes. Voici un autre exemple de la façon dont non seulement les bonnes intentions, mais aussi un plan concret basé sur une analyse réelle de la situation "sur le terrain", la connaissance des spécificités du conflit ainsi que des détails de la situation, ont fait l'objet d'un traitement péjoratif de la part de ceux qui étaient obligés de le mettre en œuvre. Non pas parce qu'ils avaient signé "certains" accords qui ont ensuite été jugés non pertinents, mais parce que ces accords faisaient partie d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies que tout le monde était tenu de mettre en œuvre.

Les accords de Minsk, comme le reconnaissent les manipulateurs occidentaux et les représentants du régime de Kiev eux-mêmes, sont devenus un outil permettant de gagner du temps et d'accumuler un potentiel offensif. Au printemps 2022, les accords de paix presque prêts à l'emploi ont connu le même sort que les accords de Minsk. Je vous rappelle que les parties s'étaient engagées dans cette voie à la suggestion du régime de Kiev. Nous avions envoyé des documents à la proposition de Kiev et n'avions reçu aucune réponse en avril 2022. Vladimir Zelenski a même interdit légalement toute négociation avec la partie russe. Ainsi, tout appel à la paix peut difficilement être perçu de manière adéquate par ceux qui ne sont pas un acteur indépendant, mais une marionnette contrôlée de l’extérieur (dans ce cas depuis Washington).

J'ai vu plus d'une fois les contradictions et les sophismes logiques, si ce n'est plus, tout simplement absurdes, des manipulateurs américains du régime de Kiev sur le sujet du rejet de l'idéologie communiste. Je me souviens très bien de la représentante américaine assise à la table ronde du Conseil de sécurité de l'ONU lors d'une réunion ouverte à la caméra, parlant de la nécessité de lutter contre le communisme dans le monde entier. En face d'elle se trouvait le représentant de la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, où le parti communiste chinois est en fait au pouvoir. Mais le parti communiste n'est pas seulement au pouvoir en Chine. C'est le parti politique le plus grand, le plus nombreux, le plus massif, le plus nombreux au monde. La représentante américaine a essayé de dire quelque chose en pleine face du représentant chinois, sans même se rendre compte avec qui elle était en train de converser ou de monologuer. Il en va de même pour Vladimir Zelenski. Il répète, volontairement ou non, tout ce que dit son "grand frère".

Il est à la tête d'un pays qui a officiellement interdit l'idéologie et le parti communistes. Il "dirige" également (comme ils l'appellent) le processus de "décommunisation" en Ukraine. Récemment, le chef de la commission des affaires étrangères de la Verkhovna Rada d'Ukraine, Alexandre Merejko, a déclaré que le fait que la communauté mondiale ait reconnu que Taïwan appartenait à la Chine était une "illusion communiste". Est-ce normal ? Une hypocrisie monstrueuse, peut-être un manque de connaissances élémentaires, est la marque de fabrique de la "démocratie" ukrainienne importée de l'Occident.

Question: Le ministère finlandais des Affaires étrangères a confirmé qu'Helsinki prépare actuellement un accord avec les États-Unis qui permettrait l'installation de bases militaires américaines dans ce pays. Comment le ministère russe des Affaires étrangères pourrait-il commenter cette déclaration sur la coopération de la Finlande avec l'OTAN ?

Maria Zakharova: Nous considérons que ces projets sont la preuve évidente de ce que la Russie n'a cessé de dénoncer : la Finlande est en train de perdre irrévocablement sa souveraineté. Nous y voilà. Auparavant, ce n'était peut-être pas aussi évident. Aujourd'hui, c'est le cas. Comme il a été souligné précédemment, en décidant d'adhérer à l'OTAN, la Finlande est devenue l'un des membres non décisifs de l'alliance. Il y en a déjà beaucoup. Un autre vient de s'y ajouter.

Dès l'automne dernier, il a été publié que les ministères finlandais des Affaires étrangères et de la Défense avaient entamé des négociations avec les États-Unis en vue d'élaborer un accord de coopération en matière de défense. Ce document devait définir le cadre et la base juridique d'une coopération militaire plus approfondie entre les deux pays, y compris les conditions d'un éventuel déploiement de contingents militaires américains en Finlande. Il n'y a donc rien de nouveau dans les récentes déclarations du ministère finlandais des Affaires étrangères. Ce n'est un secret pour personne que les États-Unis ont l'intention d’exploiter activement le territoire finlandais à leurs propres fins. Toutefois, tant en Finlande qu'au sein de l'OTAN, il faut être conscient du fait que l'envoi massif de troupes dans le nord de l'Europe ne fait qu'accroître les tensions militaires et politiques dans la région.

Nous considérons que toute approche des infrastructures militaires américaines aux frontières de la Fédération de Russie – que ce soit dans le cadre de l'OTAN ou d'accords bilatéraux avec des États européens – est une confirmation directe de l'objectif officiellement déclaré par Washington d'infliger une "défaite stratégique" à notre pays.

Nous observons attentivement les plans de l'Alliance de l'Atlantique Nord pour la Finlande. Nous réaffirmons que la Fédération de Russie sera contrainte de prendre des mesures de rétorsion, tant sur le plan militaro-technique que sur d'autres plans, afin d'atténuer les menaces qui pèsent sur notre sécurité nationale dans ce contexte. Les mesures concrètes, telles qu'elles ont été déclarées par les dirigeants russes, pour la construction d'une défense aux frontières nord-ouest de la Russie dépendront du déploiement d'infrastructures militaires et de systèmes d'armes d'attaque de l'OTAN sur le territoire finlandais.

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