RAPPORT du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sur les actions illégales du régime de Kiev à l'égard de l'Église orthodoxe ukrainienne (EOU), ses clercs et paroissiens
RAPPORT
du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie
Sur les actions illégales du régime de Kiev
à l'égard de l'Église orthodoxe ukrainienne (EOU), ses clercs et paroissiens
Moscou
2023
Sommaire
1. Sur les lois et projets de loi discriminatoires de l'Ukraine visant l'EOU (en date du 16.06.2023)
2. Sur les actions des services spéciaux ukrainiens et des structures de force visant l'EOU (en date du 16.06.2023)
3. Actions des autorités locales et des organes autonomes ukrainiens contre l'EOU (en date du 16.06.2023)
4. Saisies des temples de l'EOU et réenregistrement illégal des communautés (en date du 16.06.2023)
5. Pression des autorités étatiques et régionales sur les principaux monastères de l'EOU (en date du 16.06.2023)
6. Rhétorique de haine, agression non motivée et violence à l'égard du clergé et des fidèles de l'EOU (en date du 16.06.2023)
7. Réaction de certaines organisations internationales de défense des droits de l'homme
Les autorités de Kiev mènent activement depuis de nombreuses années en Ukraine une politique visant à éliminer l'Église orthodoxe ukrainienne canonique (EOU), à discriminer son clergé, à persécuter les prêtres et les croyants. Le système législatif du pays est mis en place et les actions de diverses structures de force sont orientées à ces fins.
Les événements qui se déroulent en Ukraine s'inscrivent dans le tableau général d'une crise systémique de l'orthodoxie mondiale, causée par la politique du Patriarcat de Constantinople, des États-Unis et d'autres pays occidentaux, qui encouragent les schismatiques. Les autorités de Kiev et l'Occident tentent de diviser le peuple russe et ukrainien, de détruire la proximité spirituelle des croyants orthodoxes des deux pays, tout en ignorant la décision de l'EOU d'être indépendante du Patriarcat de Moscou. Il n'est pas surprenant que les anciennes autorités ukrainiennes aient également pris diverses mesures contre l'église canonique. Des cas individuels de persécution du clergé et des croyants de l'EOU ont été enregistrés en 2014 et avant. Une pression systémique à grande échelle sur l'orthodoxie canonique en Ukraine a commencé en 2018 et s'est intensifiée en 2022-2023. Elle a été initiée par mes autorités centrales de l'Ukraine (président, gouvernement, Conseil de sécurité nationale et de défense) et elle est actuellement mise en œuvre sur le plan législatif, dans les actions des services spéciaux, au niveau des autorités régionales et des organes d'autogestion. De plus, en 2019, en opposition à l'EOU canonique, l'"Église orthodoxe d'Ukraine" schismatique (PCU) a été créée, à laquelle, la même année, le patriarche de Constantinople Bartholomée a accordé le statut d'autocéphalie en violation des normes du droit canonique.
La base législative appropriée a été créée et renforcée pour éliminer l'EOU. Ainsi, le 1er décembre 2022, le Conseil de sécurité nationale et de défense de l'Ukraine a adopté une décision dont l'objectif réel était de restreindre totalement les droits des communautés de l'EOU. La décision comprend une série de mesures, dont:
- l'élaboration par le Cabinet des ministres d'un projet de loi visant à interdire l'EOU;
- l'intensification de la pression des services spéciaux ukrainiens sur l'EOU;
- la privation de son droit d'utiliser les temples du monastère le plus ancien et le plus grand - la laure des Grottes de Kiev;
- l'instauration de soi-disant "sanctions" à l'encontre de ses évêques.
La décision a été approuvée par le décret du président Vladimir Zelenski du 1er décembre 2022, et sa liste de "sanctions" contre 14 évêques de l'EOU a été approuvée par ses décrets des 11 et 20 décembre 2022. Les "sanctions" signifient l'interdiction de toute activité économique pour une personne physique et la privation effective de sa propriété sur le territoire ukrainien.
De plus, par un ordre direct de Vladimir Zelenski en 2022, 12 hiérarques de l'EOU ont été déchus de la citoyenneté ukrainienne et il est proposé de les expulser de force du pays, en violation de la Constitution de l'Ukraine, qui interdit la déchéance de la citoyenneté ou l'expulsion de citoyens hors d'Ukraine (art. 25).
Dans l'ensemble, selon le président du SBU Vassili Maliouk dans une interview accordée à Interfax-Ukraine le 21.04.2023, en 2022-2023, 19 représentants de l'EOU ont déjà été déchus de la citoyenneté ukrainienne.
En plus de cela, les efforts du régime de Kiev comprennent l'élaboration de lois discriminatoires, la saisie forcée de temples et de monastères, la réinscription illégale des communautés, la culture de la haine, l'agression non motivée et la violence envers le clergé et les croyants de l'EOU.
Il convient de mentionner également que la plupart des organisations universelles multilatérales restent aveugles et sourdes à la persécution de l'EOU canonique par le régime de Kiev. Dans un sens plus large, ils ignorent également un grand nombre d'informations et de messages sur les violations massives des droits de l'homme en Ukraine. En essence, les structures internationales, y compris les plus autoritaires comme l'ONU et sa direction, n'ont pas encore exprimé une condamnation sans équivoque des violations de ses obligations internationales en matière de droits de l'homme par le régime de Kiev et des crimes qu'il a commis, envoyant essentiellement des signaux de totale impunité à Kiev. Les rares critiques ont ensuite été rétractées et éditées par leurs auteurs, comme cela a été le cas avec le rapport de l'ONG Amnesty International, ou simplement ignorées par l'Ukraine.
Ainsi, par exemple, en novembre 2021, le Comité des droits de l'homme, un organe de contrôle créé conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), a adopté des remarques finales sur le dernier rapport de l'Ukraine sur l'accomplissement de ses obligations en vertu du PIDCP, dans lesquelles il a exprimé sa préoccupation quant aux rapports sur les violations des droits des croyants de l'EOU. En particulier, il a noté: "Le Comité est préoccupé par les communiqués sur la violence, l'intimidation et les actes de vandalisme à l'encontre des lieux de culte en lien avec le processus de transition des églises et des communautés religieuses de l'EOU à l'Église orthodoxe d'Ukraine de nouveau créée. Le Comité est également préoccupé par les informations sur l'inaction de la police face à ces incidents et par l'absence d'information sur les enquêtes menées par l'État partie." Ces remarques du Comité ont été ignorées par Kiev.
Ce rapport, composé de sept sections, présente les faits et les circonstances recueillis à partir de diverses sources, montrant toute l'étendue de l'arbitraire politique et du désordre juridique qui se déroulent dans le pays à l'égard de l'EOU, les violations systématiques les plus flagrantes des droits des chrétiens orthodoxes par le régime de Kiev, ainsi que la réaction de certaines organisations internationales de défense des droits de l'homme.
En date du 16.06.2023, neuf projets de loi discriminatoires ont été enregistrés à la Rada (parlement ukrainien), visant l'EOU sous une forme ou une autre. Les initiateurs ne cachent pas que leur objectif est de porter atteinte aux droits des communautés et des croyants de cette confession, de s'approprier de force leur propriété, de les priver de leur nom historique et juridique, de leur interdire de se nommer "orthodoxes" et, enfin, de les priver de la possibilité de mener des activités sur le territoire ukrainien.
Conformément au décret du président Vladimir Zelenski du 01.12.2022, le premier ministre Denis Chmygal a enregistré le projet de loi du Cabinet des ministres de l'Ukraine n° 8371 du 19.01.2022 sur l'amendement de certaines lois de l'Ukraine concernant l'activité des organisations religieuses en Ukraine. Le projet propose de "ne pas autoriser l'activité des organisations religieuses affiliées aux centres d'influence de l'organisation religieuse (association), dont le centre de direction (administration) est situé en dehors de l'Ukraine dans un État qui mène une agression armée contre l'Ukraine". Il élargit également les pouvoirs du Service d'État de l'Ukraine pour la politique ethnique et la liberté de conscience, qui acquiert le droit de reconnaître les organisations religieuses comme étant soumises à l'application de cette loi et d'initier leur interdiction.
Les projets de loi n° 7204 du 22.03.2022 (sur l'interdiction du Patriarcat de Moscou sur le territoire de l'Ukraine) et n° 7213 du 26.03.2022 (sur l'amendement de la loi ukrainienne sur la liberté de conscience et les organisations religieuses pour interdire l'activité des organisations religieuses…) proposent également une interdiction complète de l'EOU, la nationalisation de ses biens, la suppression forcée de toutes ses communautés, la confiscation des monastères et l'intensification de la pression sur celle-ci par les services spéciaux ukrainiens.
Le projet de résolution de la Rada du 08.09.2022 sur l'appel de la Rada au Cabinet des ministres d'Ukraine concernant le transfert à titre gratuit de l'usage des bâtiments de la laure de l'Assomption de Potchaïev et de la laure des Grottes de Kiev à l'Église orthodoxe d'Ukraine, enregistré par le député Andreï Bogdanets du parti au pouvoir Serviteur du peuple, propose la confiscation forcée à l'EOU des bâtiments de ses deux plus grands monastères - la laure des Grottes de Kiev et la laure de Potchaïev.
Le projet de loi du parti de Piotr Porochenko Solidarité européenne n° 8221 du 23.11.2022 sur le renforcement de la sécurité nationale dans le domaine de la liberté de conscience et de l'activité des organisations religieuses interdit directement l'activité de l'EOU (l'appelant illégalement "l'Église orthodoxe russe"), et des organisations sous son autorité canonique sur le territoire ukrainien. La loi interdit aux communautés de l'EOU de se déclarer "orthodoxes" si elles n'ont pas rejoint la nouvelle confession religieuse créée par l'État ou n'ont pas reçu son autorisation correspondante.
Le projet de loi n° 8262 du 05.12.2022 sur l'amendement de certains actes législatifs ukrainiens pour améliorer la régulation juridique de l'activité des organisations religieuses simplifie la procédure de prise de contrôle des communautés et des temples de l'EOU, et interdit aux communautés de l'EOU la location de biens étatiques et municipaux.
Le projet de résolution de la Rada du 03.04.2023 sur l'appel de la Rada au Cabinet des ministres pour résilier le contrat de location des bâtiments de la laure de l'Assomption de Potchaïev avec l'Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou, initié par les députés Nikita Potouraïev (parti au pouvoir Serviteur du peuple), Nikolaï Kniajitski, Rostislav Pavlenko (parti de Porochenko Solidarité européenne) et autres.
En plus des nouvelles initiatives législatives, les lois discriminatoires contre l'EOU, adoptées en 2018-2019 par le régime de Porochenko, restent en vigueur.
Parmi elles, la loi n° 2662-VIII du 20 décembre 2018 sur l'amendement de l'article 12 de la loi ukrainienne sur la liberté de conscience et les organisations religieuses concernant le nom des organisations religieuses (associations) qui font partie de la structure (sont une partie) de l'organisation religieuse (association), dont le centre de direction (administration) est situé en dehors de l'Ukraine dans un État qui est légalement reconnu comme ayant commis une agression militaire contre l'Ukraine et/ou ayant occupé temporairement une partie du territoire ukrainien. La loi oblige les communautés de l'EOU à "refléter dans leur nom complet l'appartenance à une organisation religieuse... en dehors de l'Ukraine", c'est-à-dire à inclure dans leur nom "le nom complet des statuts" de l'Église orthodoxe russe, "avec l'ajout possible des mots "en Ukraine". La loi interdit effectivement à l'EOU de s'appeler "ukrainienne", bien qu'elle soit la plus ancienne des organisations religieuses orthodoxes existantes dans ce pays et rassemble des millions de citoyens ukrainiens. En outre, la loi prévoit une "restriction discriminatoire de l'accès des prêtres, des prédicateurs religieux, des mentors" de l'EOU "dans une unité des forces armées ukrainiennes et d'autres formations militaires ukrainiennes", ainsi que "d'autres restrictions". Si les modifications ne sont pas apportées par la communauté religieuse, ses statuts "perdent leur force dans la partie qui désigne le nom officiel complet de l'organisation religieuse".
En 2019, une ordonnance du ministère de la Culture a publié une liste de milliers d'organisations religieuses de l'EOU (éparchies, monastères, institutions synodales) qui étaient tenues de changer leurs noms avant le 26 avril 2019. L'effet de l'ordonnance a été temporairement suspendu par la décision du tribunal administratif du district de Kiev comme mesure pour garantir le procès de l'EOU contre le ministère de la Culture. Mais en mai 2023, l'affaire a été transférée au tribunal administratif du district de Kiev, qui a examiné l'affaire en 6 jours et a rejeté la plainte le 15 mai.
Le département juridique de l'EOU a évalué la reprise de l'examen de l'affaire comme une "tentative de lever par le biais du tribunal l'interdiction existante d'apporter des modifications au registre et de renommer, et d'adopter un projet de loi qui permettra de réenregistrer illégalement en faveur de la PCU non seulement les communautés religieuses, mais aussi d'autres institutions de l'EOU". Le 14 juin, l'archevêché de Kiev de l'EOU a fait appel à la 6e Cour d'appel administrative.
Le changement de nom obligatoire des communautés de l'église orthodoxe canonique permettra non seulement de la priver de son nom historique, mais aussi par la suite d'exercer des pressions sur elle par le biais du ministère de la Culture, en l'obligeant à un réenregistrement massif, puis en le lui refusant. La privation des communautés de la personne morale entraînera leur suppression de facto avec la saisie des biens par les autorités.
La loi n° 2673-VIII du 17 janvier 2019 sur les amendements à certaines lois de l'Ukraine (relatives à la subordination des organisations religieuses et aux procédures d'enregistrement d'État des organisations religieuses avec le statut de personne morale) réforme la procédure d'enregistrement des organisations religieuses, établit la procédure de leur passage à une autre confession et oblige à se réenregistrer selon ces exigences.
D'après la loi, la décision de "changement de subordination" d'une organisation religieuse (c'est-à-dire de passage à une autre confession ou juridiction ecclésiastique) est prise à la majorité des 2/3 des membres de la communauté religieuse, mais des critères juridiques clairs d'appartenance à celle-ci ne sont pas précisés dans la loi: "L'appartenance à une communauté religieuse est basée sur les principes de la libre expression de la volonté, ainsi que sur les exigences de la charte (règlement) de la communauté religieuse".
Dans les plus grandes confessions chrétiennes d'Ukraine, l'appartenance des fidèles (paroissiens) à une communauté religieuse, en raison de leur grand nombre, n'a généralement pas été juridiquement établie jusqu'à présent. Les formulations floues de la nouvelle loi permettent aux autorités locales d'organiser la saisie des églises de l'EOU selon la méthode suivante:
- Sous prétexte d'un vote de la communauté religieuse, un vote fictif de la communauté territoriale laïque d'une localité (ville ou village) est organisé. Cela se fait souvent en l'absence de la majorité des résidents locaux, avec la participation de personnes d'autres confessions et de personnes étrangères, ou en collectant des signatures dont l'authenticité ne peut être vérifiée. Dans certains cas, les autorités empêchaient les fidèles et le clergé de l'EOU d'assister aux "référendums" des communautés territoriales.
- Les résultats du "vote" sont fictivement formalisés comme une décision de la communauté religieuse de l'EOU. Les décisions prises en même temps par l'assemblée paroissiale de la véritable communauté religieuse sur l'établissement d'une adhésion fixe et le refus de passer à la PCU sont ignorées; les modifications qu'elle apporte au document statutaire ne sont pas enregistrées.
- Le chef de l'administration régionale émet un ordre pour l'enregistrement légal de la nouvelle communauté de la PCU sous les détails juridiques de la communauté de l'EOU, qui est ainsi supprimée. Les partisans de la PCU, avec le soutien des autorités locales, forcent les portes de l'église et la remettent à leur communauté religieuse. Les protestations et la résistance des fidèles de l'EOU sont violemment réprimées, avec le recours à la police et à des organisations radicales; les forces de l'ordre refusent de constater les actes de violence et autres infractions, entravant leur enquête préliminaire.
La loi contient également un certain nombre de normes qui alourdissent et compliquent indûment la procédure d'enregistrement des organisations religieuses, sont contraires à la législation ukrainienne en vigueur et aux Lignes directrices sur la personnalité juridique des communautés religieuses et de conviction (OSCE/BIDDH 2015).
Ainsi, cette loi permet aux autorités de retarder arbitrairement l'enregistrement et le réenregistrement des communautés religieuses de l'EOU, en favorisant la saisie de leurs temples et en exerçant une pression si elles ne souhaitent pas le faire.
Au cours de la période allant de mai à décembre 2022, le service de sécurité de l'Ukraine, en coopération avec d'autres structures de force, sous prétexte d'"activités de contre-espionnage" a procédé à des perquisitions massives et non autorisées dans les diocèses, les monastères et les communautés de l'EOU dans toute l'Ukraine. Ainsi, par exemple:
- En mai 2022, le service de presse de la laure de Sviatogorsk a déclaré que pendant la période des opérations militaires dans les environs du monastère, celui-ci avait reçu la visite de groupes de personnes en uniforme militaire des agences de sécurité ukrainiennes: sans présenter de documents, ils ont procédé à des fouilles non autorisées, menacé les moines et les nonnes, les ont insultés et ont exigé qu'ils rejoignent la PCU. Les appels à la police et au Service de sécurité de l'Ukraine (SBU) n'ont apporté aucun résultat.
- Le 23 octobre, la police nationale de l'Ukraine a fait état de "contrôles" (fouilles non autorisées) menés en coopération avec le SBU dans la laure de Potchaïev et dans les églises d'un certain nombre de localités de la région de Ternopol. Il a été noté que de tels contrôles seraient réguliers.
- Le 22 novembre, le Service de sécurité de l'Ukraine a fait part de "mesures de contre-espionnage" sur le territoire de la laure des Grottes de Kiev "dans le cadre du travail systématique du Service de sécurité de l'Ukraine pour contrer les activités subversives des services spéciaux russes en Ukraine". Des perquisitions et des vérifications de documents ont également été effectuées dans le monastère de Zverinets de l'Église orthodoxe ukrainienne à Kiev. Trois cordons et des spécialistes avec des chiens ont été mis en place autour du monastère.
- Le 22 novembre, le Service de sécurité de l'Ukraine a organisé des "activités de contre-espionnage" dans la région de Rovno: sur le territoire de l'administration diocésaine du diocèse de Sarny, dans le monastère de Koretski et dans le monastère à l'hommage de l'icône de la Mère de Dieu de Volynie, dans le village de Serniki, dans le district de Zaretchny.
- Le 25 novembre, le SBU a annoncé des "mesures de contre-espionnage" dans l'administration et la cathédrale du diocèse de Tchernovtsy et Bucovine de l'Église orthodoxe ukrainienne. Selon le métropolite Meleti de Tchernovtsy et Bucovine, la perquisition a été menée avec de nombreuses violations de procédure (absence de témoins, non-présence d'un avocat, etc.), tous les supports numériques, ordinateurs et téléphones portables ont été saisis; un certain nombre de "preuves" ont été fabriquées ou placées par les agents du Service de sécurité de l'Ukraine pendant la perquisition. Les victimes de la "perquisition" ont été forcées à se déshabiller et ont été prises en photo, après quoi les photos ont été publiées sur les réseaux sociaux avec des accusations et des commentaires insultants et calomnieux.
- Le 26 novembre, le service de sécurité ukrainien a perquisitionné le recteur du séminaire de Potchaïev, l'archevêque Iov de Choum, et le 27 novembre, la perquisition a été effectuée dans l'administration et la cathédrale du diocèse d'Ivano-Frankovsk de l'EOU.
- Le 30 novembre, le service de sécurité ukrainien a perquisitionné le monastère Cyrille et Méthode du diocèse de Moukatchevo de l'EOU dans le village de Dratchino, district de Moukatchevo, région de Transcarpatie.
- Le 7 décembre, le Service de sécurité de l'Ukraine a annoncé des perquisitions "dans les infrastructures de l'EOU" dans les régions de Tcherkassy, de Volynie et de Kherson. Il s'agit des monastères Tchartory et Miletsky du diocèse de Vladimir-Volynie, de la cathédrale du diocèse de Kherson, de la cathédrale du diocèse de Tcherkassy, de l'administration du diocèse d'Ouman, du monastère Saint-Georges dans le village de Kotcherjintsy dans la région de Tcherkassy (diocèse d'Ouman). Kotcherzhintsy dans la région de Tcherkassy (diocèse d'Ouman); l'église Saint-André et l'église Saint-Sophrone d'Irkoutsk à Tcherkassy; le couvent Troïski Motroninski (diocèse de Tcherkassy); le couvent Krasnogorsk Pokrovski (diocèse de Tcherkassy); la cathédrale de la Dormition de Kanev (diocèse de Tcherkassy).
- Le 5 décembre, le Service de sécurité de l'Ukraine a annoncé des perquisitions dans les diocèses de Poltava et de Krementchoug de l'EOU (région de Poltava). Le bâtiment de l'administration du diocèse de Krementchoug et le monastère de la Transfiguration de Mgar du diocèse de Poltava ont été mentionnés.
- Le 8 décembre, le SBU a signalé que des "mesures de sécurité" avaient été prises dans les monastères de la colonie de Tchopovitchi, dans la région de Jitomir;
- Le 9 décembre, le Service de sécurité de l'Ukraine a déclaré que des "mesures de contre-espionnage" avaient été prises à la cathédrale de l'Intercession du diocèse de Borispol, ainsi qu'à l'administration diocésaine.
- Du 10 au 20 décembre, le Service de sécurité de l'Ukraine a signalé l'organisation d'"activités de contre-espionnage" (perquisitions) dans les diocèses et monastères de l'EOU des régions de Kharkov, Lvov, Transcarpatie, Tchernovtsy, Rovno, Volynie, Nikolaïev, Soumy, Lvov, Jitomir, Kherson, Odessa, y compris la cathédrale de l'Annonciation du diocèse de Kharkov; dans le monastère de l'Intercession de Kharkov; dans un certain nombre d'églises du diocèse de Kharkov à Kharkov et dans la région de Kharkov; dans la cathédrale de l'Ascension du diocèse d'Izioum; l'église cathédrale Saint-Georges du diocèse de Lvov de l'EOU; l'église de la Trinité de Lvov; l'église de l'Intercession de Borislav, de la région de Lvov; la cathédrale de l'Ascension d'Oujgorod du diocèse de Moukatchevo; la Stavropégie de Zimneïe; dans la cathédrale du Saint-Esprit du diocèse de Romny; la cathédrale de la Nativité de Korosten (diocèse d'Ovroutch); la cathédrale de la Transfiguration et l'administration du diocèse d'Ovroutch; l'église de Kazan dans la colonie de Tchernobaïevka du diocèse de Kherson; le monastère de Théodose de Balta et l'administration du diocèse de Balta.
- Le 29 décembre, le SBU a déclaré que des "mesures de contre-espionnage" avaient été prises dans des "installations de l'EOU" dans la région de Krivoï Rog, mentionnant l'administration du diocèse de Krivoï Rog, la cathédrale de la Transfiguration à Krivoï Rog, le monastère Saint Vladimir à Krivoï Rog, les églises Saint Nicolas et Iverski à Krivoï Rog. Des perquisitions ont également été déclarées dans la région de Khmelnitski: l'administration du diocèse de Chepetovka et la cathédrale Saint Michel à Chepetovka; le monastère de la Nativité de la Vierge dans le village de Gorodichtche dans le district de Chepetovka; le monastère de la vertueuse Anna dans la ville de Slavouta; le monastère de la Nativité de la Vierge dans la ville de Slavouta; l'église de la Nativité de la Vierge à Slavouta; l’église des Martyrs Vera, Nadejda, Lioubov et Sofia à Chepetovka; la cathédrale de l'Icône de la Mère de Dieu Buisson ardent à Netichine; l’église de la Résurrection à Vinkovtsy.
- Le 6 janvier 2023, le Service de sécurité de l'Ukraine a signalé des "activités de contre-espionnage dans des installations de l'EOU" dans les régions de Kherson, Kirovograd, Dniepropetrovsk et Rovno, notamment: dans la commune de Beloziorka de la région de Kherson, sur le territoire de l'église Saint-Jean de Cronstadt (diocèse de Kherson); dans le monastère de la Trinité de Mejirirtch, diocèse de Rovno; et dans l'administration du diocèse de Dniepropetrovsk. Des "bibliothèques contenant de la littérature pro-Kremlin", des "tracts de propagande" et des "symboles pro-russes" auraient été découverts.
Malgré les perquisitions massives qui ont touché tous les diocèses de l'EOU, les preuves présentées au public se sont limitées à de la littérature théologique, liturgique et historique en russe ou à de faux tracts de propagande. Dans certains cas, les documents ont été plantés en présence des victimes.
- Le 12 octobre, le service de sécurité de l'Ukraine et le département de police de la région de Vinnytsia ont effectué des perquisitions à la résidence du métropolite Ionafan de Toultchine et Bratslav, ainsi qu'au bureau diocésain de Toultchine, au cours desquelles des tracts et des brochures au contenu délibérément grossier et politisé, soutenant la Russie et l'armée russe et contenant des déclarations anti-ukrainiennes, ont été présentés. Le métropolite Ionafan a nié toutes les accusations, soulignant des violations de procédure lors des perquisitions.
- Le 23 novembre, lors d'une perquisition au monastère de Koretski, les agents du service de sécurité ukrainien ont présenté des dépliants qui contiendraient des fragments de divers sermons du patriarche Cyrille sortis de leur contexte et sélectionnés de manière provocante pour formuler un appel à rejeter la souveraineté de l'Ukraine. Selon des témoins oculaires, "les dépliants auraient été trouvés dans un grenier humide et non chauffé. Tout ce qui s'y trouve – livres ou papier – prend immédiatement l'humidité et se couvre de champignons, mais ces dépliants étaient neufs et secs
- Le recteur de la cathédrale d'Oujgorod, l'archiprêtre Dimitri Sidor, a révélé les détails de la perquisition menée par les représentants du service de sécurité ukrainien en décembre 2022. Selon lui, l'enquête a été menée sous le prétexte que l'église aurait été piégée. Les officiers n'ont rien trouvé et ont promis d'indiquer ce fait dans les protocoles. Cependant, en sortant, l'un d'entre eux a montré au recteur une coupure d'un vieux journal contenant un article à contenu politique, avec des phrases soulignées bien avant. Deux livres publiés à Moscou et à Saint-Pétersbourg et quelques livres contre l'autocéphalie ukrainienne publiés en Grèce ont également été jugés "illégaux".
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Le rapport de 2022 du responsable des affaires de l'EOU, le métropolite Antoine de Borispol et Brovary, note que "dans les services diocésains, les temples et les monastères de notre Église, ainsi que chez les évêques et les ecclésiastiques, des perquisitions sont effectuées, ce qui entraîne l'apparition de tracts qui n'ont jamais existé ou de symboles susceptibles de discréditer une organisation religieuse".
En raison de ces activités illégales, des procédures pénales sont engagées contre l'épiscopat et les ecclésiastiques de l'Église orthodoxe ukrainienne pour des motifs politiques farfelus. Selon le chef du Service de sécurité de l'Ukraine, Vassili Maliouk, dans une interview accordée à Interfax Ukraine le 21.04.2023, en 2022 – 2023, 61 procédures pénales de ce type ont été ouvertes et 7 condamnations ont été prononcées.
- En novembre 2022, le SBU a inculpé le métropolite Jonathan de Toulchine et Bratslav pour "incitation à la haine religieuse" et "justification de l'agression armée de la Fédération de Russie". Le 5 juin, après que tous les juges du tribunal de district se soient récusés, le tribunal de la ville de Vinnitsa a commencé à étudier l'affaire. Le métropolite Ionafan est accusé d'"actions visant à changer violemment ou à renverser l'ordre constitutionnel", d'"atteinte à l'intégrité territoriale de l'Ukraine", de "justification de l'agression armée de la Fédération de Russie" et de "violation de l'égalité des droits des citoyens en fonction de leurs croyances religieuses".
- Le 9 décembre, le service de sécurité ukrainien a annoncé que l'archevêque Iov de Shum, recteur du séminaire de Potchaïev, avait été inculpé en vertu de l'article 161 du code pénal ukrainien "Violation de l'égalité des droits des citoyens sur la base de leur race, de leur nationalité, de leurs croyances religieuses...". L'archevêque Iov a conclu un accord avec l'enquête et a été condamné par le tribunal de district de Kremenets à payer une amende pour incitation à la discorde interreligieuse.
- En janvier 2023, le métropolite Ioasaf de Kirovograd et Novomirgorod et l'archiprêtre Roman Kondratiouk, secrétaire du diocèse de Kirovograd, ont été inculpés en vertu de l'article sur la "violation de l'égalité des droits des citoyens en fonction de leur appartenance religieuse". La raison en était la publication de textes théologiques et historiques contre le schisme ecclésiastique. Les deux personnes ont été assignées à résidence 24heures sur 24. En mai 2023, le métropolite Ioasaf (Gouben) et l'archiprêtre Roman Kondratiouk ont été condamnés à trois ans d'emprisonnement avec une période probatoire de deux ans pour "incitation à la discorde religieuse". Les condamnés sont interdits d'exercer des fonctions dirigeantes pendant un an. Ils ont plaidé coupable afin de conclure un accord avec l'enquête.
- Le 20 février, le métropolite Théodose de Tcherkassy et Kanevsk a été inculpé au titre de l'article "Violation de l'égalité des droits des citoyens en fonction de leurs croyances religieuses". Le motif était un lien sur le site Web du diocèse vers le site Web du Patriarcat de Moscou. Le 12 avril, le tribunal du district Sosnovski de Tcherkassy a prononcé une mesure de contrainte à l'encontre du métropolite Théodose, sous la forme d'une assignation à résidence 24 heures sur 24 avec port du bracelet électronique. Plus de 1.500 appels de croyants du diocèse demandant de ne pas appliquer cette mesure de contrainte ont été ignorés. Le 2 juin, l'assignation à résidence a été prolongée de deux mois, la demande de changer la mesure de contrainte en assignation à résidence de nuit a été rejetée. Le métropolite Théodose a déclaré que l'affaire pénale contre lui était "fabriquée" et représentait un "ordre politique". Selon lui, les sept dossiers de documents relatifs à l'affaire comprennent les discours publics critiquant le schisme qu'il a prononcés au cours des dix dernières années.
- Le 1er avril, le Service de sécurité de l'Ukraine a perquisitionné le domicile du vicaire de la laure des Grottes de Kiev, le métropolite Paul de Vychgorod et Tchernobyl, en le déclarant le même jour suspect. Au tribunal, il a été inculpé au titre des articles "Violation de l'égalité des droits des citoyens en fonction de leur appartenance religieuse" et "Justification de l'agression armée de la Fédération de Russie contre l'Ukraine" sur la base d'opinions exprimées lors d'une conversation privée. Le métropolite a été soumis à une mesure de contrainte sous la forme d'une assignation à résidence 24 heures sur 24 et du port du bracelet électronique.
- En avril 2023, le tribunal de district de la ville d'Oujgorod a imposé une mesure préventive à l'archiprêtre Dmitri Sidor, recteur de la cathédrale de la Sainte-Croix dans le diocèse d'Oujgorod, dans le cadre d'une procédure pénale pour "incitation à la haine religieuse": il lui a été ordonné de remettre son passeport, il lui a été interdit de quitter la ville et de contacter les témoins de son affaire. Les motifs avancés étaient des sermons sur des sujets religieux prononcés dans le temple. L'archiprêtre Dmitri Sidor est accusé d'"incitation à la haine religieuse" pour avoir qualifié les schismatiques d'"impies" et de "satanistes": il ne reconnaît pas sa culpabilité, le procès est en cours.
- Le 1er juin, le Service de sécurité de l'Ukraine a signalé que le métropolite Vissarion d'Ovrouch et Korosten avait été inculpé au titre de l'article "incitation à la discorde interreligieuse". À titre de preuve, le bureau du procureur de Jitomir a montré des photographies d'anciens tracts et documents de propagande défendant la foi orthodoxe et dénonçant la PCU du patriarcat de Kiev. Selon le bureau du procureur, le métropolite Vissarion et le secrétaire de l'administration du diocèse "produisaient et distribuaient depuis 2017 des tracts incitant à la discorde religieuse et à la haine envers les croyants de la PCU".
- Le 22 mai 2023, le métropolite Longuine de Bantcheny a été convoqué pour interrogatoire au département de police de Tchernovtsy, où il a été inculpé au titre de l'article "Violation de l'égalité des droits des citoyens". Selon le service de presse du SBU, les motifs invoqués étaient des sermons dans lesquels il condamnait le schisme de l'Église ukrainienne. Pendant l'interrogatoire, plusieurs centaines de croyants et de moines du monastère de Bantcheny ont organisé une prière debout devant le département de la police. Les organisateurs et les participants à cette action ont subi des pressions de la part du service de sécurité ukrainien et ont été convoqués au bureau de recrutement militaire.
Outre les nombreux cas d'arrestation d'évêques et d'ecclésiastiques de l'EOU, il existe des cas de disparition et d'enlèvement d'ecclésiastiques, des preuves de leur torture et de leur passage à tabac, ainsi que des décès survenus dans des circonstances extrêmement floues et inexpliquées.
- Le 9 mars 2022, dans la localité de Verkhovina dans la région d'Ivano-Frankovsk, des personnes armées se sont emparées du monastère Doukonski de l'EOU et l'ont fermé par la force. Le vicaire âgé du monastère, l'archimandrite Tit (Dratchouk), a été battu, enlevé et retenu de force pendant plusieurs jours. Les autorités locales ont remis le monastère aux religieux de la PCU pour leur usage. L'archimandrite Tit a ensuite été emmené par des inconnus dans la forêt de la région voisine, puis relâché avec l'ordre de ne pas revenir sur le territoire de la région d'Ivano-Frankovsk sous peine de mort.
- Le 16 mars 2022, l'archimandrite Lavr (Berezovski) a été battu en public et enlevé par des hommes armés et masqués dans la région de Jitomir. On ne sait toujours pas où il se trouve, et il est fort probable qu'il ait été assassiné. Des cas similaires d'enlèvement d'ecclésiastiques, y compris par des cadres des services de sécurité ukrainiens, ont également eu lieu dans d'autres régions de l'Ukraine.
- Le 10 avril 2022, dans le village de Verkhniaïa Iablonka dans la région de Lvov, des représentants des autorités, accompagnés d'hommes armés, ont fait irruption dans l'église de l'EOU, située sur une propriété privée, au cours d'un service religieux; le recteur a été brutalement traîné à l'extérieur et l'église a fermé ses portes sur l'ordre. Les paroissiens de l’EOU ont été menacés et on leur a dit que leurs adresses de domicile étaient connues et qu'ils devraient se présenter à un service dans les paroisses de l'Eglise gréco-catholique ukrainienne ou de PCU au cours de la semaine suivante. Dans le cas contraire, des "mesures spéciales" leur seront appliquées. Les croyants ont demandé de l'aide aux services locaux du Département des affaires intérieures et du Service de sécurité de l'Ukraine, mais leurs demandes n'ont pas été acceptées. Dans la nuit du même jour, des officiers armés du service de sécurité ukrainien ont enlevé le recteur de l'église, l'archiprêtre Ilia Ourousski, avec un sac sur la tête, et l'ont relâché après un interrogatoire qui a duré près de 24 heures.
- Le 10 avril 2023 à Tchernovtsy, près du bureau diocésain de l'EOU, un inconnu a frappé sans raison l'évêque Nikita d'Ivano-Frankovsk et de Kolomyia d'un coup de poing au visage et à la tête, le faisant tomber à terre, et a également frappé un sous-diacre mineur. La patrouille de police arrivée sur les lieux a refusé de constater l'infraction. Selon des témoins oculaires, l'inconnu a ouvertement mis l'accent sur ses liens avec le Service de sécurité de l'Ukraine lorsqu'il communiquait avec les policiers.
- Le 6 mai, le métropolite Antoine de Borispol et de Brovary a raconté dans son sermon lors de la Divine Liturgie dans l'église Agapit Petcherski de la laure des Grottes de Kiev les détails de sa détention illégale tôt le matin à un barrage routier à la sortie de Kiev. Les policiers lui ont confisqué son passeport et ont refusé de laisser sa voiture partir pendant une heure et demie, au motif que le métropolite Antoine figurait dans la base de données du site web extrémiste "Mirotvorets". On lui a également dit qu'un officier des services spéciaux était attendu pour "avoir une conversation avec lui". Le métropolite Antoine s'est vu restituer ses documents et n'a été autorisé à partir qu'après l'appel d'une patrouille de police, qui a dressé un procès-verbal de détention illégale. Comme conséquence, le voyage du métropolite Antoine pour le service divin au à la Stavropégie Gorodnitski dans le diocèse de Jitomir a été perturbé et il a été contraint de retourner à la laure.
- En mai 2023, le publiciste orthodoxe et poète satirique Ian Taksiour, qui soutenait l'EOU, a été condamné par le tribunal Chevtchenkovski de Kiev à 12 ans de prison au titre de l'article "haute trahison" et, le lendemain, il a été remis pour échange à la Russie. Le prisonnier a passé la période de mars à septembre 2022 dans un centre de détention provisoire, où il a été torturé et privé de soins médicaux. Après l'aggravation de son état, il a été libéré sous caution et a subi une grave intervention chirurgicale oncologique.
Les autorités locales recommandent ou demandent aux communautés de l'EOU de changer de confession. Il existe un grand nombre d'appels d'organes de pouvoir autonomes (de conseils municipaux ou régionaux) adressés aux autorités ukrainiennes afin de demander d'interdire l'EOU. Dans plusieurs localités situées dans l'ouest de l'Ukraine, les autorités locales ferment par la force des églises, empêchent les fidèles de se rendre aux messes et adoptent des "interdictions des activités" de l'EOU sur place. Par exemple:
- Les activités de l'EOU sont "interdites" dans une ville aussi importante que Lvov, où des incendies volontaires, des fermetures forcées et des prises de lieux de culte de l'Église canonique ont également été constatés.
- Le maire de la ville de Konotop dans la région de Soumy, Artiom Semenikhine, a publié une ordonnance interdisant les activités de l'EOU sur le territoire de la ville en tant que "menace pour la sécurité nationale de l'Ukraine". Voici son commentaire sur les réseaux sociaux: "Il n'y a pas de différence entre l'ennemi et son agent. En ce qui concerne le Patriarcat de Moscou, il incarne les deux à la fois. C'est pourquoi j'ai décidé d'interdire les activités de ce réseau d'agents du FSB sur le territoire de ma ville."
- En mai 2022, le maire de la grande ville de Khmelnitski, Alexandre Simtchichine, a ordonné de rédiger un décret sur l'annulation du droit d'utiliser des terrains par les "organisations religieuses hostiles" afin de transmettre les territoires des églises de l'EOU à la PCU. En septembre 2022, le conseil régional de Khmelnitski a demandé aux autorités ukrainiennes d'interdire au niveau législatif les activités de l'Église orthodoxe canonique et d'"annuler" son statut.
- Le 26 août, le conseil régional de la région de Ternopol a décidé d'interdire les activités de l'EOU sur le territoire de la région.
- Le 1er septembre, le conseil municipal de la ville de Volotchiska de la région de Khmelnitski a décidé d'interdire des activités des communautés de l'EOU sur le territoire de la ville: elles se sont vues interdire des rassemblements importants et recommander de rejoindre la PCU ou de mentionner leur "appartenance à l'Église russe" dans leur statut.
- Le conseil municipal de la ville de Borispol, dans la région de Kiev, a décidé, à l'initiative du maire, de "suspendre les activités" de l'EOU. Les lieux de culte de l'Église orthodoxe canonique ont été placés sous protection et se sont vus imposer "un régime de fonctionnement spécial". Les rassemblements, les processions et les cours des écoles religieuses ont été interdits.
- Le 29 septembre, le conseil du district de Loutsk a soutenu l'appel du chef de l'administration militaire de la région de Volynie qui avait demandé aux autorités ukrainiennes d'interdire l'EOU, de lancer une enquête sur ses activités "collaborationnistes" et de transmettre la laure des Grottes de Kiev et celle de Potchaïev au "peuple ukrainien". Il a également appelé la direction de l'administration militaire régionale à annuler l'enregistrement des communes de l'Église orthodoxe canonique.
- Le 22 novembre, le conseil municipal de la ville de Gorodichtche dans la région de Tcherkassy a décidé d'interdire sur son territoire les activités de l'EOU qui représentaient prétendument "une menace pour la sécurité nationale de l'Ukraine". Il a également recommandé aux communautés de l'Église orthodoxe canonique de "changer la juridiction et d'entamer une unification avec la PCU".
- Le 25 novembre, le conseil régional de Vinnitsa a décidé d'interdire les activités de l'EOU sur le territoire de la région.
- Le 7 décembre, le conseil régional de Jitomir a décidé d'interdire les activités de l'EOU et a appelé les autorités locales à "encourager" le transfert des communautés de l'Église orthodoxe canonique à la PCU.
- Le 7 décembre, le conseil municipal d'Ouman (région de Tcherkassy) a décidé d'interdire les activités de l'EOU et a appelé la Rada à "interdire l'Église orthodoxe russe et toutes ses entités structurelles sur le territoire de l'Ukraine".
- En mars 2023, le conseil municipal de Kiev a décidé de restreindre l'organisation dans la capitale de "tous les événements religieux hors des lieux de culte" par les "organisation religieuses […] ayant des liens canoniques et spirituelles avec les organisations religieuses du pays agresseur" [autrement dit, avec l'EOU]. Cette décision constitue de fait une interdiction d'organiser des processions dans la ville pour les communautés de l'Église orthodoxe canonique. Qui plus est, les départements spécialisés de la mairie ont été chargés de mener un audit des terrains et de la propriété loués ou transmis aux organisations religieuses de l'EOU.
- Le 4 avril 2023, le conseil régional de Khmelnitski a décidé d'interdire les activités de l'EOU dans la région. Il a également recommandé aux autorités municipales de mener un audit des terrains de l'Église orthodoxe canonique pour annuler ensuite ses droits d'utilisation.
- Le conseil régional de Rovno (le 10 avril 2023), le conseil régional de Volynie (le 11 avril 2023), le conseil municipal de Sambor dans la région de Lvov (le 19 avril 2023) et le conseil régional de Jitomir (le 27 avril 2023) ont décidé d'interdire les activités de l'EOU sur le territoire de ces régions.
Selon les dirigeants de l'EOU, 81 décisions des autorités locales sur l'"interdiction" de l'Église orthodoxe canonique ont été recensées au 1er mars 2023.
Certaines régions et localités rompent de manière illégale des accords avec les communautés de l'EOU concernant l'utilisation d'églises ou de monastères historiques. Les communautés se voient priver illégalement des terrains où se trouvent déjà des églises et des cathédrales. Le déroulement des messes est perturbé dans ces bâtiments qui sont même expropriés dans certains cas. Il faut notamment évoquer les cas suivants enregistrés depuis le début de l'année 2023:
- En février 2023, la Réserve architecturale et historique nationale "Tchernigov ancien" a envoyé à Ambroise, métropolite de Tchernigov et de Novgorod-Severski, une lettre annonçant la rupture des accords d'utilisation des vieux lieux de culte situés sur le territoire de la réserve - le monastère de la Trinité (XVII-XVIII siècles), le monastère d'Ielets (XII-XVII siècles), la cathédrale de la Transfiguration (XI siècle) - en raison de l'expiration en 2021 des accords d'utilisation de ces locaux. La lettre a demandé de "restituer la propriété de la réserve d'ici le 27 mars 2023".
- En février 2023, le tribunal administratif d'arrondissement de Rovno a décidé, suite à une plainte déposée par un prêtre de la PCU, d'annuler l'enregistrement public du terrain du monastère féminin de la Trinité du diocèse de Rovno de l'EOU.
- En mars 2023, le service de presse du diocèse de Ternopol de l'EOU a publié sur son site un communiqué sur des tentatives de la Réserve historique et architecturale de Kremenets et de Potchaïev de priver la communauté de l'EOU du droit d'utiliser la cathédrale Saint-Nicolas dans la ville de Kremenets. La paroisse a été privée de la possibilité de prolonger l'accord. Les autorités ont lancé la "procédure de restitution de la propriété" à l'État, ont créé une "commission pour la restitution de la propriété" et ont organisé une réunion consacrée au transfert de la propriété. Le doyen a néanmoins refusé de signer l'acte en ce sens. Le 8 février, le diocèse a saisi le ministère de la Culture, mais sa demande est restée sans réponse.
- Le 4 avril 2023, le conseil municipal de Khmelnitski a unanimement décidé de priver l'EOU du droit d'utiliser treize terrains, notamment ceux abritant la cathédrale et l'administration du diocèse de Khmelnitski de l'Église orthodoxe canonique, ainsi que le terrain du monastère de Saint-Jean. Le maire de la ville Alexandre Simtchichine a déclaré que ces terrains seraient transmis à la PCU. En cas de transfert des communautés de l'EOU à la PCU, les accords seront reconduits. Le 24 mai, le conseil municipal de Khmelnitski a décidé de transmettre cinq terrains expropriés de l'Église orthodoxe canonique à d'autres organisation: les terrains des cathédrales de l'Intercession, de l'icône de Notre-Dame-de-Kazan et de la Nativité de la Vierge Marie de l'EOU seront transmis aux "communautés religieuses ayant rejoint la PCU"; le terrain de la cathédrale de l'EOU sera divisé et transmis partiellement à une nouvelle communauté de la PCU; l'un des deux terrains de la cathédrale de Saint-Georges de l'EOU sera transmis à l'armée, l'autre à une communauté de la PCU. En juin, le maire a exigé encore une fois que "les structures du patriarcat de Moscou libèrent les terrains qu'ils utilisent de manière illégale". Il a également rappelé que le droit d'utiliser 13 terrains des lieux de culte de l'EOU avait été annulé et qu'ils seraient restitués à la ville par une voie juridique. Un terrain a été dédié à la construction d'un parc, alors qu'il "est extrêmement important de construire une maternelle" sur un autre.
- Le 4 avril 2023, le conseil municipal de Kamenets-Podolski dans la région de Khmelnitski a adopté plusieurs initiatives orientées contre l'Église orthodoxe canonique: une lettre adressée à Vladimir Zelenski, à la Rada, au gouvernement et à l'administration publique de la région de Khmelnitski appelant à interdire l'EOU sur le territoire de l'Ukraine; une lettre adressée au métropolite de Kamenets-Podolski et de Gorodok appelant le diocèse à "quitter l'Église russe"; une lettre adressée à Vladimir Zelenski et au gouvernement concernant la rupture des accords avec l'EOU sur le bail et l'utilisation des bâtiments religieux faisant partie de la propriété de l'État. Les députés ont également voté 20 projets d'annulation de l'utilisation ou du bail concernant des terrains de l'EOU, notamment de ceux de la cathédrale, de l'administration du diocèse, d'églises et de chapelles.
- Le 10 avril 2023, le conseil municipal de Rovno a décidé d'annuler le droit des communautés de l'EOU d'utiliser des terrains sur le territoire de la ville. Les députés ont demandé aux autorités de l'Ukraine et au SBU d'interdire les activités de l'Église orthodoxe canonique.
- Le 17 avril 2023, le conseil municipal de Ternopol a décidé d'exproprier le terrain de la cathédrale locale de l'EOU.
- Le 26 avril, le conseil municipal de Loutsk a décidé de lancer "immédiatement" un audit des terrains et des bâtiments utilisés par l'EOU et de rédiger des projets de cessation du droit d'utiliser ces derniers. Ces projets seront examinés au cours de la prochaine session. Les députés ont également appelé la Rada à "interdire les activités de l'EOU le plus rapidement possible" et ont demandé à Vladimir Zelenski de considérer les projets de loi sur l'interdiction de l'Église orthodoxe canonique de Kniajitski (N°8221) et du premier ministre Denis Chmygal (N°8371) comme prioritaires en vue de leur examen immédiat par la Rada.
- Le 26 avril 2023, le conseil municipal de Soumy a décidé de priver l'EOU du droit d'utiliser les terrains de la communauté municipale.
- Le 27 avril 2023, le conseil municipal de Tchernovtsy a décidé d'exproprier 22 terrains abritant la cathédrale et des églises de l'EOU dans la ville. Le maire de Tchernovtsy Roman Klitchouk a expliqué la décision du conseil municipal de priver l'Église orthodoxe canonique du droit d'utiliser ses terrains dans la ville: ils peuvent être partagés en utilisant une partie pour aménager "des terrains d'enfants, un square, un parc ou un parking". Les communautés de l'EOU "n'auront pas la possibilité de construire ni de réparer des sites" sur le territoire de la ville.
- Le 27 avril 2023, le conseil municipal de Brovary, dans la région de Kiev, a rompu les accords d'utilisation permanente de quatre terrains abritant cinq églises de l'EOU.
- Le 27 avril, le conseil municipal de Belaïa Tserkov, dans la région de Kiev, a décidé de rompre l'accord d'utilisation des terrains abritant dix églises du diocèse local de l'EOU et de transmettre la cathédrale de la Transfiguration du diocèse à la propriété municipale. Le diocèse conteste cette décision en justice.
- Le 27 avril, le conseil régional de Jitomir a décidé d'interdire l'EOU sur le territoire de la région et a appelé la Rada à examiner de manière accélérée les projets de loi de Kniajitski et de Chmygal sur l'interdiction de l'Église orthodoxe canonique dans le pays. Il a également annulé la décision de transmettre un terrain au monastère féminin de l'icône de la Sainte-Vierge d'Athos: il est redevenu propriété municipale.
- Le 16 mai, le conseil régional de Tchernovtsy a décidé d'interdire les organisations régionales ayant "un lien confessionnel et canonique prouvé avec le pays agresseur". Il a recommandé aux communautés territoriales de la région de rompre les accords de bail de terrains et d'immobilier avec de telles organisations.
- Le 24 mai, le conseil municipal de Mirgorod (région de Poltava) a décidé d'interdire les activités de l'EOU et de priver ses communautés du droit d'utiliser les terrains sur le territoire de la ville. Il a exproprié cinq terrains abritant des lieux de culte de l'Église orthodoxe canonique, notamment la cathédrale municipale.
- Le 30 mai, le conseil municipal de Kovel, dans la région de Volynie, a décidé d'annuler le droit d'utiliser des terrains des communautés de l'EOU. Il envisage notamment d'exproprier 14 terrains à Kovel et dans les villages voisins.
4: Saisies de temples de l'EOU et réenregistrement illégal des communautés (au 16/06/2023)
Selon les dirigeants de l'EOU, 129 temples ont été saisis dans les régions d’Ivano-Frankovsk, Lvov, Volynie, Rovno, Jitomir, Khmelnitski, Vinnitsa, Tchernovtsy, Tchernigov, Kiev et dans d'autres régions d'Ukraine en 2022, et seulement dans 31 cas, il y a eu une transition volontaire des congrégations. Les saisies massives de temples de l'Église orthodoxe ukrainienne ne sont pas le résultat d'une volonté populaire et de procédures démocratiques sur place, comme le prétend le gouvernement ukrainien, mais le résultat des actions des autorités et des hauts fonctionnaires locaux. La plupart des saisies ont un caractère focal et sont concentrées dans les localités et districts où les autorités manifestent le plus ouvertement leur hostilité à l'égard de l'Église orthodoxe canonique. Dans un certain nombre de régions et de localités, les autorités locales et les représentants des organes autonomes initient et organisent ouvertement la saisie de ses temples, et y participent souvent personnellement.
Ces saisies sont généralement précédées d'un "réenregistrement" illégal et forcé des congrégations de l'EOU au nom de la PCU, qui revendique officiellement les temples et les monastères de l'Église orthodoxe canonique sur l'ensemble du territoire ukrainien. Ce "réenregistrement" est effectué sur la base de "référendums" fictifs, auxquels participent des membres de communautés non pas religieuses mais territoriales (c'est-à-dire des résidents de la localité, y compris des non-croyants ou des personnes appartenant à d'autres confessions religieuses), et parfois même des personnes venues de l’extérieur. Dans de nombreux cas, les documents nécessaires pour la validité des protocoles de ces réunions et au "réenregistrement" ultérieur sont falsifiés. Souvent, ces actions sont menées en dépit de la décision de la congrégation de maintenir son affiliation à l'Eglise orthodoxe ukrainienne, légalement adoptée lors de la réunion paroissiale et consignée dans des documents.
Le recours à des armes à feu dans le but de saisir les temples est monnaie courante. Outre les structures paramilitaires de ce que l'on appelle la "défense territoriale", les saisies sont souvent soutenues par les autorités locales et les forces de l'ordre, et des représentants d'autres organisations religieuses y prennent une part active. Ces actions s'accompagnent souvent de violences massives et de pressions sur les ecclésiastiques.
Selon les dirigeants de l'EOU, 129 temples ont été saisis dans les régions d’Ivano-Frankovsk, Lvov, Volynie, Rovno, Jitomir, Khmelnitski, Vinnitsa, Tchernovtsy, Tchernigov, Kiev et dans d'autres régions d'Ukraine en 2022, et le transfert volontaire des congrégations n'a eu lieu que dans 31 cas. Selon des estimations plus récentes (Département juridique de l'EOU, 29/12/2022), environ 250 temples de l'EOU ont été saisies. Selon les informations disponibles au 01/03/2023, plus de 300 congrégations ont fait l'objet d'un "réenregistrement" illégal en 2022-2023.
Les saisies suivantes s’accompagnent des faits les plus flagrants de violence et de vandalisme à l'encontre des congrégations de l'EOU:
- En 2022-2023, tous les temples et tous les monastères de l'EOU ont été saisis ou fermés dans la région d'Ivano-Frankovsk. Dans un certain nombre de cas, les saisies ont été accompagnées de coups et blessures infligés au clergé, aux croyants et aux moines, d'intimidations et d'enlèvements armés de membres du clergé. Le 28 mars 2023, à Ivano-Frankovsk, des partisans de la PCU ont pris d'assaut la cathédrale du diocèse d'Ivano-Frankovsk de l'EOU: environ 200 personnes, dont des combattants masqués et des représentants de la "défense territoriale", ont enfoncé les portes et sont entrés dans le temple, ils ont ensuite enfoncé ses portes latérales et ont pulvérisé des gaz lacrymogènes à l'intérieur, forçant les défenseurs de la cathédrale à quitter les lieux. Les policiers présents n'ont pas empêché la prise de contrôle. Bien que les croyants de l'EOU n'aient pas résisté, ils ont été battus: l'évêque Nikita d'Ivano-Frankovsk et de Kolomia a reçu un coup de poing qui a fait tomber sa calotte, le caméraman qui l'accompagnait et qui diffusait des images en ligne a été battu et la diffusion a été interrompue. Certains membres du clergé ont consulté un médecin pour des brûlures chimiques de la cornée. Le secrétaire du bureau diocésain a perdu connaissance en raison de l'intoxication au gaz et a été hospitalisé dans un état grave. Le maire d'Ivano-Frankovsk, Rouslan Martsinkiv, avait auparavant appelé à plusieurs reprises à la saisie de la cathédrale de l'EOU et l'a publiquement soutenue.
- Le 29 juin, à Fastov, dans la région de Kiev, des membres du clergé et des partisans de la PCU se sont emparés du temple de l'Intercession de l'Eglise orthodoxe ukrainienne: les serrures ont été brisées, les croyants orthodoxes ont été repoussés de force, le doyen a été physiquement empêché d'arriver à l'église, des combattants armés envoyés par les autorités ont intimidé les paroissiens, et la police a aidé les assaillants. Auparavant, lors d'une tentative de prise du même bâtiment, un "ecclésiastique" de la PCU avait frappé le recteur de la congrégation de l'EOU l'archiprêtre Anatoli Kiritchenko-Kiriakidis, à l'estomac et l'avait fait tomber à terre (vidéo publiée). L'enquête sur les coups et blessures a été classée par la police "pour absence de corpus delicti".
- Le 24 juillet, dans le village de Pirogovtsy, région de Khmelnitski, au cours de la liturgie dominicale, des partisans de la PCU, conduits par le président local du conseil de district, ont tenté de pénétrer dans le temple de l'EOU, ont brisé la serrure de la porte, ont insulté les croyants et, après l'office, ont battu le doyen de la congrégation et des paroissiens, y compris des femmes. L'archiprêtre Alexandre Kravets a été jeté en bas des marches de l'église, sa croix pectorale a été brisée, ensuite il a été frappé à coups de pieds alors qu'il était allongé au sol. À une paroissienne, on a cogné la tête contre le mur de briques du temple jusqu'à ce qu'elle perde connaissance. Le président du conseil de district a participé au passage à tabac, les policiers présents ne sont pas intervenus. Des enregistrements vidéo et des témoignages ont été publiés.
- Le 22 septembre, dans le village de Popelnia, région de Jitomir, des partisans de la PCU et des combattants armés de la "défense territoriale" locale, au nombre de 100 personnes, ont réitéré leur tentative de s'emparer du temple de l'EOU, après l'avoir encerclé et avoir enfoncé ses portes extérieures et intérieures. La force physique a été utilisée contre les croyants qui tentaient de défendre le bâtiment. Les policiers présents ne sont pas intervenus. Les paroissiens affirment que la saisie a été précédée d'une falsification de documents de la congrégation.
- Le 5 novembre, à Pereïaslav, dans la région de Kiev, des partisans de la PCU, avec la participation du maire de la ville et le soutien de la "défense territoriale" locale, ont tenté de s'emparer du temple Boris et Gleb de l'EOU. Les serrures ont été brisées et remplacées, le recteur, le prêtre Oleg Rodionov, a été jeté à terre et brutalement frappé à coups de pied; sa femme a également été battue et forcée à effacer la vidéo du crime de son téléphone. Les deux victimes se sont vu promettre qu'elles seraient "massacrées et que leurs corps seraient retrouvés dans une semaine".
- Les 4 et 5 novembre, dans le village de Demiantsy, district de Pereïaslav-Khmelnitski, région de Kiev, des membres d'un groupe criminel local ont tenté à deux reprises de s'introduire dans un temple de l'EOU; le diacre de l'église et sa femme ont été battus; le maire du conseil du village, qui était présent, a menacé les membres du clergé de l'EOU de les "couper en morceaux et de les emmener dans des valises".
- Le 19 novembre, dans le village de Poukhovtsy, district de Brovary, région de Kiev, après le "réenregistrement" illégal de la congrégation de l'Eglise orthodoxe ukrainienne, une tentative de s'emparer de son temple a été entreprise. Des combattants de la "défense territoriale" et des activistes de la PCU ont brisé les serrures, poussé les paroissiens dehors, battu les femmes et tenté de briser la caméra des journalistes.
- Le 21 janvier, dans le village de Tarassovka, district de Boïary, région de Kiev, des partisans de la PCU se sont emparés d'un temple du diocèse de Borispol de l'EOU. Un groupe de combattants de la "défense territoriale" avec des armes à feu et dirigé par un représentant des autorités locales, s'est introduit sur le territoire de l'établissement, a brisé les serrures et s'est enfermé à l'intérieur. Un agent de sécurité de la congrégation de l'EOU, qui avait tenté de résister, a été battu et aspergé de gaz poivré.
- En février 2023, à Strelsk, district de Sarnensk, région de Rovno, des partisans de la PCU, menés par un député local, ont tenté de s'emparer d'un temple du diocèse de Sarny de l'EOU: des femmes et des personnes âgées ont été battues au cours des affrontements de masse. La police n'est intervenue qu'au plus fort du conflit, en lançant des gaz lacrymogènes. Le temple a été mis sous scellés jusqu'à la décision du tribunal.
- Le 25 février 2023, dans le village de Blistavitsa, district de Boutcha, région de Kiev, des partisans de la PCU ont imité une tentative de vol nocturne dans un temple de l'EOU (le portail a été arraché et la porte endommagée), ensuite ils ont tenté de pénétrer à l'intérieur sous prétexte de vérifier la sécurité des biens. Un député et un haut fonctionnaire du conseil municipal de Boutcha, ainsi que des combattants de la "défense territoriale" locale ont participé à la tentative de saisie. Des paroissiens ont empêché la saisie et, au cours d'une altercation, l'un des combattants a frappé au visage l'épouse du doyen du temple.
- Le 5 avril 2023, des partisans de la PCU et des éléments radicaux de droite se sont emparés de la cathédrale Saint-Georges du diocèse de Lvov de l'EOU. La congrégation a opposé peu de résistance, mais a été forcée de quitter la cathédrale. Par la suite, un "référendum" fictif sur la transition a été organisé dans le temple avec la participation de personnes extérieures, et un "inventaire" des biens a été simulé. Le métropolite Philarète de Lvov et Galicie fait l'objet de pressions pour qu'il se fasse immédiatement transférer à la PCU ou qu'il lui "remette tous les biens".
- Le 5 avril 2023, dans le village de Zadoubrovka, district de Zastavna, région de Tchernovtsy, un temple de l'EOU a été saisi. Sous prétexte d'assister aux funérailles d'un paroissien de la PCU tué lors des hostilités, des ecclésiastiques de l'église schismatique et plus de 40 radicaux cagoulés ont pénétré dans l’enceinte du temple puis ont fait irruption à l'intérieur, brisant les serrures et frappant les croyants de l'église orthodoxe canonique. L'assaut a été donné pendant le service funéraire du défunt.
- Du 8 au 12 avril, à Kamenets-Podolski, dans la région de Khmelnitski, les autorités municipales ont organisé des manifestations de masse de partisans de la PCU sur le territoire de la cathédrale Alexandre Nevski de l'EOU. Des employés d'organisations publiques, des étudiants et des écoliers mineurs ont participé de force à ces manifestations. La vidéo publiée montre qu'il y avait dans leurs rangs des partisans de cultes satanistes, des néopaïens et des gréco-catholiques, et qu'un certain nombre de participants ont échangé des saluts nazis. Il y a eu des tentatives répétées de prendre d'assaut la cathédrale et des provocations à l'égard des croyants.
- Le 24 avril, à Brody, district de Zolotchev, région de Lvov, le maire de la ville et le président du conseil de district local ont annoncé la fermeture de du temple Vladimir de l'EOU, sa mise sous scellés et le début de la procédure de "transition" de l'église vers la PCU. Le temple est une propriété privée, mais, selon les hauts fonctionnaires, le doyen lui-même a donné son accord à la fermeture du temple en signant un document. Le même jour, dans la ville de Zolotchev, dans la région de Lvov, sur ordre du président du conseil de district, un temple temporaire – une roulotte de chantier, également propriété privée et située sur un terrain privé – a été saisi à la communauté de l'Église orthodoxe canonique "pour les besoins de l'armée".
- Le 22 avril 2023, dans le village de Treboukhov, district de Brovary, région de Kiev, des partisans de la PCU, avec le soutien de combattants de la "défense territoriale", se sont emparés du temple de la congrégation de l'EOU et de la maison du presbytère. Les portes du temple ont été fracturées et les croyants ont été battus. L'un des militants de la PCU a ostensiblement brûlé la Bible et les livres de prières en russe, les qualifiant de "déchets".
- Le 6 mai, à Boïarka, dans la région de Kiev, des inconnus portant des uniformes militaires et des masques se sont emparés, avec l'aide de la police, du temple Saint-Michel de l'Église orthodoxe ukrainienne. Les nombreux fidèles de l'église ont résisté, des gaz poivrés et une force physique brutale ont été utilisés contre les croyants, des portes et des portails ont été brisés, le recteur a été battu, son épouse a été hospitalisée avec des fractures au bras et à la jambe. La congrégation de l'EOU a poursuivi ses services religieux: le 7 mai, plus de 130 personnes ont prié lors de la liturgie dominicale aux portes du temple saisi. Au même moment, des fidèles de la PCU ont prié dans le temple: une quinzaine de personnes.
- - Le 13 mai, dans le village de Petropavlovskoïe du district de Borispol, dans la région de Kiev, des personnes portant des uniformes militaires et des masques, avec le soutien des autorités locales, se sont emparées du temple du diocèse de Borispol de l'EOU. Au cours des affrontements, plusieurs paroissiens de l'Église orthodoxe canonique ont été blessés, l'un d'entre eux étant gravement blessé (il s’agit probablement d'un traumatisme crânien). La plainte de la congrégation de l'EOU contre le réenregistrement illégal du temple est en cours d'examen au tribunal.
- Le 20 mai, un temple de l'EOU a été saisi dans le village de Ryngatch, district de Novosselitsa, région de Tchernovtsy. La saisie a été effectuée par 40 combattants armés qui se sont présentés comme une "société de sécurité privée". Les portes et les portails du bâtiment ont été cassés et les fenêtres brisées. Les agresseurs ont frappé le doyen (au visage et à coups de pied le jetant au sol), cassé son téléphone et emporté le disque dur des caméras de vidéosurveillance qui enregistraient les événements.
- Le 2 juin, dans la localité de Medjiboj du district de Khmelnitski de la région de Khmelnitski, des partisans de la PCU se sont emparés du temple Saint-Nicolas de l'EOU. La force physique brutale a été utilisée contre les croyants, en particulier, un député du conseil de district local, qui a participé à la saisie, a arraché un téléphone des mains d'une paroissienne qui enregistrait une vidéo. La police présente n'est pas intervenue. Fin mars 2023, la congrégation de l'EOU avait décidé, lors d'une réunion paroissiale, de rester au sein de l'Église orthodoxe canonique: les procès-verbaux correspondants avaient été remis aux autorités.
Les pressions exercées sur les principaux monastères de l'EOU se sont accrues. En mai 2022, la PCU soutenue par l'État a créé et enregistré une "congrégation parallèle" du plus grand monastère de l'EOU, la laure de Grottes de Kiev, sous le même nom. En 2023, l'État n'a pas renouvelé l'accord sur l'utilisation des deux plus grands temples de la laure, construites et restaurées aux frais de l'Église orthodoxe canonique. De même, l'accord à long terme conclu avec l'EOU sur l'utilisation du reste des bâtiments de la laure a été résilié unilatéralement, sans fondement juridique. Actuellement, le ministère ukrainien de la Culture et de la Politique de l'information cherche à transférer tous les bâtiments à l'État et à expulser la congrégation monastique du monastère. La direction du monastère et les moines sont invités à passer à la PCU rivale, qui exige le transfert des bâtiments du monastère à son profit.
Par ailleurs, une congrégation "parallèle" du deuxième plus grand monastère d'Ukraine, la laure de Potchaïev de l'EOU (région de Ternopol), a été établie au sein de la PCU. Les représentants de cette dernière appellent ouvertement à l'expulsion des moines de l'Église orthodoxe canonique du monastère de Potchaïev et à son transfert à la PCU. Les autorités régionales locales insistent sur l'expulsion des moines de l'EOU de la laure de Potchaïev et sur le transfert de ses bâtiments au musée d'État. Cette position est également soutenue par le ministre ukrainien de la culture et de la politique de l'information, Alexandre Tkatchenko.
Les actions de l'État ukrainien visant à retirer le complexe de bâtiments du plus grand et plus ancien monastère de l'Église orthodoxe ukrainienne – la laure de Grottes de Kiev (Χe siècle) – de l'usage des temples sont avalisées par la décision du Conseil national de sécurité et de défense de l'Ukraine du 1er décembre 2022 et par le décret du président Vladimir Zelenski de la même date.
À la Rada, le parti au pouvoir a enregistré des projets de loi visant à retirer les laures des Grottes de Kiev et de Potchaïev de l'usage de l'EOU (voir section 1).
Le 10 mars 2023, le directeur de la Réserve architecturale nationale "Laure des Grottes de Kiev" a envoyé une lettre adressée à la " Laure des Grottes de Kiev (monastère masculin) de l'EOU" (sans nommer son vicaire), l'informant de la résiliation de l'accord sur l'utilisation des temples et des bâtiments du monastère et de l'obligation de quitter le territoire du monastère au plus tard le 29 mars 2023. Les motifs invoqués sont les conclusions d'un groupe de travail interministériel, qui aurait "constaté des violations par le monastère des termes de l'accord sur l'utilisation des biens de l'État". La demande d'évacuation des bâtiments avant le 29 mars a été exprimée.
Dans ses déclarations, le ministre ukrainien de la Culture et de la Politique de l'information, Alexandre Tkatchenko, a exigé à plusieurs reprises que le clergé de l'EOU quitte la laure des Grottes de Kiev, et a également précisé que les moines avaient le "choix" de quitter le monastère ou de rejoindre la PCU. Malgré les poursuites engagées par le monastère et l'absence de décision de justice, en mars et avril 2023, la direction de la réserve, avec le soutien de la police, a tenté de sceller certains bâtiments du monastère et d'en expulser les moines, a empêché la célébration des offices religieux et bloquait régulièrement l'accès des croyants aux sanctuaires du monastère.
Après le refus des moines de quitter le monastère ou de rejoindre la PCU, le métropolite Paul de Vychgorod et Tchernobyl, vicaire du monastère, a été inculpé en vertu de l'article 161 paragraphe 1 ("Violation de l'égalité des droits des citoyens en raison de leur race, de leur ethnie, de leur appartenance régionale, de leurs convictions religieuses") et de l'article 436-2 paragraphe 1 ("Justification, négation de l'agression armée de la Fédération de Russie contre l'Ukraine, glorification de ses participants") du Code pénal ukrainien: depuis le 1er avril 2023, il est isolé et assigné à résidence. En juin 2023, son avocat, l'archiprêtre Nikita Tchekman, a annoncé sur le réseau social Telegram de multiples violations de l'enquête et de la procédure dans le traitement de l'affaire du métropolite Paul. Il a déclaré que des agents du Service de sécurité d'Ukraine étaient présents 24 heures sur 24 dans la maison où résidait le métropolite Paul, et que les visiteurs du métropolite étaient convoqués pour être interrogés en tant que témoins et obligés de s'abstenir de communiquer avec lui.
La police et les agents des services spéciaux exercent des pressions sur le clergé et les croyants, empêchent les enregistrements vidéo et procèdent à des détentions illégales en faisant un usage brutal de la force. Des procédures pénales ont été ouvertes sous des prétextes fallacieux à l'encontre de quatre militants de l'EOU, qui sont assignés à résidence.
Le 6 juin 2023, le ministre ukrainien de la Culture et de la Politique de l'information Alexandre Tkatchenko a déclaré sur le réseau social Telegram que la commission du ministère avait achevé ses travaux à la laure des Grottes de Kiev et signé un acte d'acceptation et de transfert des biens de l'État avec la réserve. Selon lui, 79 installations dans différents états ont été "remis". Il a également accusé l'EOU de "reconstruction, achèvement et réaménagement non autorisés" des locaux et a exigé de cesser d'utiliser les bâtiments de la laure et de les restituer à la réserve dans les trois jours ouvrables: "La laure doit être ukrainienne, et elle est restituée à l'État".
Dans son commentaire, le département juridique de l'EOU a qualifié la demande du ministre d'illégale, de sans fondement et d'inapplicable, soulignant la poursuite de l'action en justice de la réserve.
Le 5 juin 2023, la Cour économique de Kiev a de nouveau reporté d'un mois l'audience préparatoire sur le procès de la réserve de la laure des Grottes de Kiev contre le monastère de la laure des Grottes de Kiev de l'EOU sur l'élimination des obstacles à l'utilisation de la propriété.
La rhétorique de haine à l'encontre de l'EOU est entretenue par les principaux hommes politiques, les dirigeants de l'État et les hauts fonctionnaires régionaux, et une campagne d'information massive est menée contre l'EOU dans les médias publics et commerciaux. Il en résulte des actes de vandalisme et des incendies de temples et de sanctuaires de l'Église orthodoxe canonique, ainsi que des violences et des agressions non motivées à l'encontre de ses clercs et de ses fidèles.
Au cours des années 2022 et 2023, la rhétorique de haine contre l'EOU était présente dans les discours publics des dirigeants de l'État ukrainien, des principaux responsables gouvernementaux et politiques, des dirigeants des services spéciaux et des agences de sécurité, ainsi que des personnalités publiques et religieuses de premier plan. Ainsi, par exemple:
- En décembre 2022, l'ancien président ukrainien Piotr Porochenko a déclaré lors d'une interview avec 5 Kanal, dont il est le propriétaire: "Je ne connais pas d'Église orthodoxe ukrainienne. Je sais que, selon la législation actuelle, il existe une branche ukrainienne de l'Église orthodoxe russe... Ce n'est pas une église. C'est un repaire du KGB qui approuve et bénit le meurtre d'Ukrainiens, un poison pour toute personne croyante."
- Le 27 janvier 2023, dans un commentaire pour 24 Kanal, le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense, Alexeï Danilov, s'est opposé à ce que l'EOU soit qualifiée d'église: "Lorsque cette institution [l'EOU] est qualifiée d'église, c'est un peu en décalage avec les missions qu'elle se fait confier directement". Il a également accusé les représentants de l'EOU de "soutenir le terrorisme", de "travailler exclusivement pour le FSB" et d'ajouter que "ces ordures ont voyagé dans le monde entier et représenté la Russie à l'extérieur".
- Le 26 août 2022. Le chef de l'administration militaire régionale de Soumy, Dmitri Jyvitski: "L'ennemi est désormais clairement identifié... Je ferai tout pour qu'il n'y ait pas d'Église orthodoxe ukrainienne dans la région de Soumy."
- Le 21 décembre 2022. Le chef de l'administration militaire régionale de Lvov, Maxim Kozitski: "La séparation de l'Église orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Moscou) de l'Église orthodoxe d'Ukraine est inévitable. Il faut éviter de se discréditer, la décision doit être prise immédiatement."
- Le 8 juillet 2022. Le chef du conseil régional de la région de Ternopol Mikhaïl Golovko: "L'Église orthodoxe ukrainienne est une structure hostile à notre État, qui mène des activités subversives et criminelles... La guerre de libération de l'État ukrainien se poursuit, et nous ne pouvons pas nous permettre de rester tolérants dans les affaires religieuses."
- Le 26 août 2022, le président du conseil régional de Rovno, Sergueï Kondratchouk (aujourd'hui démis de ses fonctions), dans une interview accordée à une chaîne de télévision locale, a qualifié les moines de l'Église orthodoxe ukrainienne de "puants et hirsutes" et ses religieux de "popes à la solde du FSB".
- Le 21 décembre 2022, le chef du Service de sécurité d'Ukraine (SBU), le général de brigade Vassili Maliouk, a déclaré que l'EOU constituait "un environnement favorable au fonctionnement d'un réseau de renseignement ennemi" et que la tâche du SBU était de "nettoyer cet environnement de la présence ennemie de la meilleure façon possible".
- En février 2023, l'ancien chef de la Direction générale du renseignement du ministère de la Défense de l'Ukraine, le général Alexandre Skipalski, a appelé dans une interview les services de contre-espionnage ukrainiens à "travailler de manière substantielle" avec l'EOU, et s'est également permis de faire des déclarations dures et insultantes sur les croyants de cette dernière: "Quand une colonne de la procession passe, cela me fait penser qu'un bélier-provocateur est à la tête, et que la foule le suit jusqu'à l'usine de conditionnement de la viande. Il est certain qu'aux postes clés [de l'Église orthodoxe ukrainienne] siègent des gens qui travaillent pour la Russie."
- Le 27 avril 2023, la députée de la Rada Inna Sovsoun (parti Voix contrôlé par Piotr Porochenko), à l'origine de l'un des projets de loi visant à interdire l'EOU, a accusé la Rada de "manquer de volonté politique" et a demandé qu'une décision soit prise. Selon elle, cela permettrait de "soulager les tensions locales" et d'éviter aux organes d'autogestion locale "d'avoir à entrer dans des situations de conflit et à expulser par la force les prêtres de l'Église orthodoxe russe des églises ukrainiennes".
- Lors de sa visite au "diocèse de Vladimir-Volynie" de la PCU, son "chef" Épiphanie Doumenko a vivement critiqué le patriarche Kirill, l'Église orthodoxe russe et la position de l'EOU. Ainsi, dans un sermon prononcé le 10 mai dans la cathédrale de la PCU de la ville de Vladimir, région de Volynie, Épiphanie Doumenko a qualifié Moscou d'"Égypte et de Babylone d'aujourd'hui", a exhorté à "nous libérer enfin de l'esclavage de Moscou" et a comparé les croyants de l'Église orthodoxe canonique aux "Juifs, qui sont tellement habitués à vivre en esclavage en Égypte que, même lorsqu'ils voient des miracles, ils suivent non pas Dieu, mais le veau sacré habituel, en lequel ils ont transformé leur interprétation des canons et des règles de l'Église".
- L'archevêque de Rovno, Hilarion Protsik (PCU), dans un sermon paroissial (mai 2023): "Nous tolérons toujours les Moscovites qui vivent sous notre hutte. Une mère a enterré son fils aujourd'hui, puis s'est rendue au sous-sol de la cathédrale de la Résurrection [l'église cathédrale de l'EOU], où les Moscovites prient, et s'est fracassé le front sur le sol en priant pour le très maudit Cyrille. Où est la vérité, où est l'esprit, où est le cœur de cette mère?"
Ces déclarations et une campagne d'information massive contre l'EOU dans les plus grands médias publics et privés conduisent à des actes de violence et d'agression non motivés contre le clergé de l'Église orthodoxe canonique:
- Le 7 décembre 2022, dans le village de Tchetchelnik, district de Gaïssine, région de Vinnitsa, un inconnu portant l'uniforme des forces armées ukrainiennes a passé à tabac l'archiprêtre Gueorgui Petritchenko, clerc du diocèse de Toultchyne et président du district ecclésiastique local. Le prêtre était dans sa voiture lorsque l'inconnu s'est approché et a frappé la voiture à plusieurs reprises; lorsque le prêtre en est descendu, l'inconnu lui a infligé des coups (notamment en lui cassant l'arête du nez) en proférant des insultes.
- Le 27 décembre 2022, dans le village de Novaïa Mochtchanitsa, district de Zdolbounov, région de Rovno, un partisan local de la PCU a tenté de détruire des matériaux de construction livrés pour la construction d'un nouveau temple de l'EOU en remplacement de celui qui avait été saisi, et a également battu une croyante de 72 ans qui avait tenté de l'arrêter, la frappant plusieurs fois au visage. La police est arrivée sur les lieux et a pris la déposition de la victime, mais a refusé de rechercher l'auteur de l'infraction.
- Le 25 décembre 2022 à Tchernomorsk, dans la région d'Odessa, dans le temple de la Transfiguration de l'EOU, un inconnu a sauté sur l'ambon et a tenté de poignarder le doyen de l'église, l'archiprêtre Nikolaï Pozdniakov, qui était sorti pour donner la communion aux paroissiens. Les fidèles ont réussi à désarmer l'agresseur. La police n'est intervenue que 30 minutes plus tard, après des appels répétés, et, après avoir détenu l'agresseur, elle l'a relâché 24 heures plus tard, statuant sur l’absence de corps du délit.
- Le 2 janvier 2023, à Vinnitsa, dans le temple de l'Intercession de l'EOU, un inconnu a commencé à briser les éléments de l’aménagement intérieur du temple et a ensuite égorgé l'archiprêtre Antoni Kovtoniouk, qui sortait de l'autel de l'église, avec un rasoir à main. L'auteur des faits a résisté à la police et a été arrêté après avoir reçu une balle dans la jambe. Le recteur du temple a été hospitalisé et opéré. Le service de presse du diocèse de Vinnitsia a appelé les journalistes des médias ukrainiens à "cesser d'alimenter la discorde religieuse en Ukraine".
7: Réactions de certaines organisations internationales de défense des droits de l'homme
La persécution de l'Église orthodoxe canonique en Ukraine a été mentionnée dans des rapports sur la situation des droits de l'homme dans ce pays par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (le Haut-Commissariat). Ainsi, dans le rapport pour la période du 16 novembre 2018 au 15 février 2019, un certain nombre de faits de violation des droits des croyants de l'EOU ont été enregistrés, notamment des pressions exercées par le SBU (perquisitions, interrogatoires de clercs de l'EOU). Il a été noté que "le processus de changement obligatoire de nom des organisations religieuses associées aux centres religieux dans la Fédération de Russie [...] vise principalement l'EOU et peut avoir un caractère discriminatoire", et que les restrictions d'accès des prêtres de ces organisations aux locaux des forces armées ukrainiennes sont contraires à la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Il a été reconnu que la soi-disant "transition" des congrégations de l'EOU vers la PCU "n'était pas volontaire dans certains cas et avait été initiée par les autorités étatiques ou locales ou même par des représentants de groupes d'extrême droite qui n'étaient pas membres de ces congrégations religieuses". Le rapport du Haut-Commissariat à la 51e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, daté du 7 octobre 2022, mentionne l'interdiction des activités de l'EOU "dans au moins sept collectivités territoriales des régions de Kiev, Soumy et Lvov pendant la durée des hostilités". Il est noté que les autorités n'ont pas justifié ces décisions et que les activités d'autres organisations publiques et religieuses n'ont pas été suspendues, ce qui indique "une mesure de discrimination fondée sur la religion et l'appartenance à un groupe religieux particulier". Le rapport pour la période du 1er août 2022 au 31 janvier 2023 mentionne des projets de loi discriminatoires visant à interdire les activités de l'Église orthodoxe russe et de l'EOU, à interdire le nom "orthodoxe" aux organisations non affiliées à la PCU, à faciliter la "transition" et la suppression des congrégations de l'EOU, ainsi que les perquisitions et les interrogatoires au détecteur de mensonges des hiérarques et des ecclésiastiques de l'EOU. Le Haut-Commissariat s'est dit préoccupé par le fait que les actions de l'État à l'égard de l'EOU pourraient être discriminatoires.
En outre, le 11 novembre 2021, le Comité des droits de l'homme des Nations unies a publié une décision exprimant son inquiétude quant aux informations faisant état de violations des droits des croyants de l'EOU. En particulier, il a noté: "Le Comité est préoccupé par les communiqués sur la violence, l'intimidation et le vandalisme des lieux de culte en relation avec le processus de transition des églises et des congrégations religieuses de l'EOU à la PCU nouvellement établie. Il est également préoccupé par les informations faisant état de l'inaction de la police face à ces incidents et par le manque d'informations sur les enquêtes menées par l'État partie".
Le 14 mars 2023, le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, a envoyé des lettres au Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, au président de l'Assemblée générale des Nations unies Csaba Kőrösi, au Président en exercice de l'OSCE Bujar Osmani et à la Secrétaire générale de l'OSCE Helga Schmid, dans lesquelles il a attiré l'attention sur les violations flagrantes des droits universels et constitutionnels des croyants orthodoxes en Ukraine. Il a été noté que ces violations étaient basées sur la politique répressive du régime de Kiev visant à la destruction de l'EOU. Les messages citent de nombreux faits de persécution contre l'Église orthodoxe canonique: la saisie massive de temples de l'EOU et la dissolution forcée et illégale de leurs congrégations sous couvert de conversions prétendument volontaires vers une autre juridiction, les soi-disant mesures restrictives ("sanctions") contre les évêques de l'Église orthodoxe canonique, le retrait de la citoyenneté ukrainienne à l’encontre d’un certain nombre de ses évêques, les pressions morales et physiques exercées sur les prêtres et les paroissiens. Le ministre a estimé que les actions des autorités ukrainiennes constituaient une violation flagrante des droits des chrétiens orthodoxes en Ukraine et une discrimination à leur encontre, ce qui est contraire à un certain nombre d'instruments juridiques internationaux universellement reconnus – la Charte des Nations unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Déclaration sur l'élimination de toutes les formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction et d'autres encore. M. Lavrov a appelé les dirigeants internationaux à évaluer, sur la base de principes, les actions illégales du régime ukrainien à l'égard de l'EOU, à exiger que Kiev mette fin à l'arbitraire et à la répression à l'encontre de l'Église orthodoxe canonique et qu’il respecte régoureusement les engagements de l'Ukraine au titre des documents internationaux universellement reconnus, et à empêcher l'expulsion forcée des moines de la laure des Grottes de Kiev
En outre, ces derniers mois, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, des députés de la Douma et des sénateurs du Conseil de la Fédération de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, la Commission permanente sur la coopération internationale dans le domaine des droits de l'homme du Conseil présidentiel russe pour le développement de la société civile et des droits de l'homme, entre autres, ont appelé la communauté internationale à condamner le régime de Kiev et à prendre des mesures pour mettre fin à la persécution de l'orthodoxie canonique en Ukraine.
De nombreuses déclarations d'églises orthodoxes locales et de leurs hiérarques, ainsi que de représentants de cercles religieux et civils du monde entier, exprimant leur soutien et leur solidarité avec l'EOU, sont régulièrement publiées.
Malheureusement, le problème de l'orthodoxie canonique en Ukraine ne figure toujours pas parmi les priorités des Nations unies et d'autres organisations concernées. En réaction aux appels du ministère russe des Affaires étrangères, les structures internationales concernées se contentent généralement de réponses peu contraignantes disant qu'elles surveillent ce qui se passe. Il n'y a toujours pas de réponse adéquate à la politique anti-orthodoxe du régime au pouvoir à Kiev, aux nombreux cas de saisie de biens immobiliers et de propriétés de l'EOU, aux faits d'arbitraire et de violence à l'encontre du clergé et des croyants. Ce ne sont là que quelques-uns des documents juridiques internationaux bafoués de manière flagrante par les autorités de Kiev: la Charte des Nations unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Déclaration sur l'élimination de toutes les formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, les engagements pertinents de l'OSCE et de nombreux autres actes internationaux garantissant le droit inaliénable de l'homme à la liberté de religion.
Les États-Unis, "ardents défenseurs" de la liberté religieuse, qui publient régulièrement des rapports sur les violations des droits des croyants dans le monde au niveau de la commission du Congrès sur la liberté religieuse internationale et du département d'État des États-Unis, sont également silencieux sur les crimes de Kiev. Au cours de la persécution des croyants orthodoxes en Ukraine, ils n'ont pas critiqué la politique destructrice de Vladimir Zelenski à l'égard de l'Église, montrant ainsi clairement qu'ils approuvent les actions illégales de leurs protégés.