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Discours de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors d'une réunion avec les représentants permanents des pays membres de la Ligue des États arabes, Le Caire, 24 juillet 2022

1528-24-07-2022

Traduction non officielle de la version anglaise

 

Monsieur le Secrétaire général,

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Excellences,

J'ai l'immense honneur de m'adresser aux représentants de la Ligue des États arabes au sujet de la coopération entre la Fédération de Russie et votre organisation. Cette coopération se construit sur la base du Mémorandum qui fêtera son 20e anniversaire en 2023. Aujourd'hui, nous avons évoqué l'état actuel des choses avec le Secrétaire général de la LEA, M. Aboul Gheit, et nous nous sommes mis d'accord sur les initiatives supplémentaires que nous pouvons présenter pour développer nos liens dans divers domaines: commerce, investissement, culture, éducation et coopération sur les questions internationales. Ce sera l'une des tâches les plus importantes du Forum de coopération russo-arabe qui s'est déjà réuni cinq fois. Nous prévoyons d'organiser sa sixième réunion dans un avenir proche.

Nous sommes reconnaissants à la Ligue des États arabes de l'intérêt qu'elle porte à la situation en Ukraine et aux événements afférents. Nous apprécions la position équilibrée, honnête et responsable des pays membres de l'organisation et de la LEA elle-même. En avril dernier, lorsque nous avons accueilli des représentants du Groupe de contact de la LEA, une discussion utile a eu lieu. Les parties ont pu poser des questions et recevoir des réponses. Nous sommes ouverts à la poursuite de ce type de dialogue avec nos amis de la Ligue et nos partenaires dans d'autres parties du monde. Nous n'avons rien à cacher. Nous avons expliqué les raisons du lancement de l'opération militaire spéciale, à savoir le mépris de longue date affiché par nos collègues occidentaux à l’égard des préoccupations légitimes de la Fédération de Russie en matière de sécurité, notamment le fait que l'Otan se rapproche de plus en plus des frontières russes, contrairement aux promesses faites aux dirigeants de l'Union soviétique avant l'effondrement de l'URSS, et l’intégration d'anciennes républiques soviétiques, surtout de l'Ukraine, à l'Otan.

L'Ukraine a été choisie pour devenir une "anti-Russie". Le pays était gavé d'armes. Des bases militaires navales, terrestres et autres devaient être construites sur le territoire ukrainien. Les sponsors occidentaux n'ont pas "rappelé à l’ordre" les organisateurs du coup d'État de février 2014, mais l'ont au contraire soutenu. Les putschistes qui avaient pris le pouvoir ont immédiatement annoncé leur intention d'abolir le statut de la langue russe et d'expulser les Russes de Crimée. Ils ont envoyé des combattants armés pour prendre d'assaut le Conseil suprême de Crimée. Vous connaissez la suite: les Criméens se sont rebellés contre cette mesure, ils ont organisé un référendum sur l'indépendance, puis ont rejoint la Fédération de Russie.

L'Ukraine orientale n'a pas non plus reconnu le coup d'État, déclarant qu'elle ne pouvait pas reconnaître ce pouvoir illégitime, qui avait été pris au mépris d'un accord antérieur visant à résoudre la situation et à organiser une élection présidentielle anticipée. Les putschistes ne pouvaient tout simplement pas patienter pendant deux ou trois mois pour laisser s’accomplir le processus démocratique et ils ont eu recours à la force. Ils ont ainsi rompu l'accord, dont la première priorité avait été de mettre en place un gouvernement d'union nationale pour préparer des élections nationales.

Après avoir perpétré un coup d'État, les putschistes ont défilé sur la place avec des manifestants et ont fièrement déclaré qu'ils devaient être félicités pour avoir établi un "gouvernement victorieux". Cela signifie que les Ukrainiens qui ne les avaient pas soutenus étaient des "perdants". Je pense que de telles actions ne sont pas propices à la réconciliation nationale et à la paix. Vos pays connaissent mieux que d'autres le prix de la position du "gagnant et du perdant" lorsqu'il s'agit de parvenir à un consensus national. Ensuite, lorsque les territoires ukrainiens qui n'avaient pas reconnu le coup d'État ont demandé qu'on les laisse tranquilles, ils ont été déclarés terroristes. Les régions orientales n'ont jamais attaqué une autre partie de l'Ukraine. Leur seule déclaration était qu'elles n'avaient pas l'intention d'être dirigées par un gouvernement illégitime. Elles ont été déclarées terroristes. Une opération antiterroriste a été lancée. Des villes ont été bombardées par des avions, de l'artillerie et des lance-roquettes multiples. C'est ainsi qu'a commencé la guerre dans l'est de l'Ukraine, que nous n’avons réussi à arrêter qu’un an plus tard – en février 2015, lorsque les Accords de Minsk ont été signés, préservant la pleine souveraineté d'une Ukraine territorialement intégrale qui incluait ces deux républiques – avec un statut spécial pour elles. Les Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) ont accepté de ne pas insister sur l'indépendance vis-à-vis de l'Ukraine, mais d'en faire partie en tant que parties aux Accords de Minsk. Ce statut spécial n'exigeait pas grand-chose: la préservation de la langue russe (ce qui était parfaitement conforme aux exigences de nombreuses conventions internationales sur la protection des droits des minorités linguistiques), la création de leur propre force de police, le droit de s'entendre sur les juges et les procureurs à nommer pour travailler sur ces territoires, et un régime spécial assorti de certaines concessions économiques pour faciliter l'interaction entre ces républiques et les régions voisines de la Fédération de Russie. Un accord similaire avait déjà été conclu entre la République serbe de Bosnie et la Serbie. Une promesse similaire a été faite aux Serbes du Kosovo dans l'accord de 2013 que l'UE a contribué à conclure. Toutefois, à la grande honte de l'UE, il n'est pas encore entré en vigueur.

La question du statut spécial du Donbass était également traitée avec l'aide des dirigeants de l'Union européenne, l'Allemagne et la France. Comme dans le cas du Kosovo, l'UE n'a pas réussi à accomplir cette tâche malgré les garanties écrites des États membres de l'UE.

Pendant sept longues années, le régime de Kiev sabotait la mise en œuvre des Accords de Minsk. Au lieu de faciliter la reprise des relations économiques, un blocus économique et celui des transports a été imposé aux deux entités territoriales, et le dialogue direct prévu par les Accords de Minsk, approuvés par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, a été abandonné par les autorités de Kiev, qui ont affirmé que la Fédération de Russie devait tout régler. Or, notre pays n'est mentionné nulle part dans les Accords de Minsk, mais l'obligation pour le régime de Kiev de négocier directement avec ces territoires est réitérée à plusieurs reprises. Il était clair que l'Allemagne, la France et l'UE en général n'avaient pas l'intention d'insister sur ce qu'elles avaient garanti. "Le "monsieur" qui a conclu les Accords de Minsk, l'ancien président ukrainien Piotr Porochenko, a déclaré publiquement il y a quelques semaines que lorsqu'il avait signé ces documents, il n'avait pas du tout l'intention de les appliquer, mais qu'il l'avait fait pour gagner du temps et obtenir davantage d'armes occidentales. Selon lui, il a réussi: les Accords de Minsk ont rempli leur "objectif". Cynique, mais au moins honnête.

Nous avons attiré à plusieurs reprises l'attention de nos homologues occidentaux sur les développements dangereux en Ukraine et les problèmes afférents, en particulier lors de l’effort pour aspirer ce pays dans l'Otan. Depuis 2009, il y a eu plusieurs propositions de traité, dont l'objectif est simple: coucher sur le papier l'engagement politique important, approuvé à plusieurs reprises lors des sommets de l'OSCE (le plus récemment en 2010 lors de la réunion d'Astana), de soutenir le concept de sécurité égale et indivisible: chaque pays peut choisir ses alliances, mais aucun État ne peut assurer sa sécurité au détriment de celle des autres et aucune organisation en Europe ne peut prétendre dominer en matière de sécurité. Pourtant, c'est exactement ce qu'a fait l'Otan lorsqu'elle s'est étendue et a insisté sur son droit de décider de l'adhésion de nouveaux membres, en ignorant les intérêts de la Russie et d'autres pays.

Nous avons suggéré: puisque cet engagement politique ne fonctionne pas, nous avons besoin d'un traité qui serait conçu pour consacrer cet engagement et le rendre juridiquement contraignant. Il nous a été répondu que c'était impossible car des garanties de sécurité juridiquement contraignantes ne pouvaient être fournies qu'"au sein" de l'Otan. Cela constitue en soi une violation du principe selon lequel aucune organisation ne peut prétendre à une position dominante en matière de sécurité.

Nous avons entrepris notre dernière tentative en décembre 2021, lorsque nous avions à nouveau actualisé nos approches et soumis des projets de traités de sécurité distincts aux États-Unis et à l'Otan. Ces derniers les ont une fois de plus rejetés, en notant qu'ils "pourraient penser à ne pas déployer certaines armes dangereuses sur le territoire ukrainien", mais que la question de l'adhésion à l'Otan "ne nous regardait pas". Ils se disaient prêts à prendre des décisions avec l'Ukraine, sans rien nous demander et sans tenir compte des craintes que nous pouvions avoir.

Entre-temps, les bombardements et les tirs d'obus sur les territoires qui, selon les Accords de Minsk, auraient dû bénéficier d'un statut spécial, n'ont pas cessé, et l'Ukraine a continué à être gavée d'armes. Nous avons compris que la résolution du Conseil de sécurité sur la mise en œuvre des Accords de Minsk ne serait pas appliquée. Le gouvernement ukrainien a clairement opté pour un "plan B". Nous n'avions pas d'autre choix que de reconnaître l'indépendance des deux républiques, de conclure avec elles des traités d'assistance mutuelle et de leur fournir un soutien militaire pour protéger la population contre les autorités de Kiev, qui avaient évolué dans une direction très spécifique depuis le coup d'État. Le régime du président Piotr Porochenko, ainsi que celui de son successeur, Vladimir Zelenski, ont promulgué "avec succès" loi après loi interdisant la langue russe dans l'enseignement, dans la sphère médiatique, puis dans la vie quotidienne. Des amendes administratives ont été introduites pour ceux qui, par exemple, parlent russe en visitant des institutions publiques ou même des magasins. Parallèlement, les législateurs ont été encouragés à promouvoir les théories et pratiques néo-nazies. Les personnes reconnues coupables par le tribunal de Nuremberg, les collaborateurs d'Adolf Hitler, les membres de Waffen-SS et les responsables du meurtre de Russes, de Juifs, de citoyens polonais et de représentants d'autres peuples ont été déclarés héros nationaux de l'Ukraine. C'était une indication supplémentaire que le régime était sur la voie du racisme, d’une russophobie très agressive et du néonazisme.

Pendant sept longues années, nous attirions l’attention de nos collègues occidentaux sur ces faits. Les Accords de Minsk ont été sabotés ainsi que la culture russe. Tout ce qui est russe a été exclu de la vie ukrainienne. Nos préoccupations ont été accueillies avec indifférence par l'Occident, qui a complètement ignoré les intérêts des Russes en Ukraine, tout comme il avait ignoré les intérêts des russophones en Lettonie, en Estonie et dans d'autres parties de l'Union européenne. Après avoir annoncé le lancement d'une opération militaire spéciale, nous sommes déterminés à aider les habitants de l'est de l'Ukraine à se libérer du fardeau d'un régime absolument inacceptable afin qu'ils puissent utiliser librement leur langue, pratiquer leur religion, préserver leur culture, leurs traditions et leurs valeurs familiales. C'est exactement ce que veulent les gens qui y vivent. Vous devriez vous rendre sur ces territoires pour voir comment ils se sentent dans les régions non contrôlées par le gouvernement ukrainien. D'ailleurs, nous avons invité tous les journalistes étrangers à se rendre sur place et à voir tout de leurs propres yeux afin qu'ils puissent connaître la vérité. Les grands médias n'ont pas été enthousiastes à ce sujet. Certains, à titre personnel, nous ont dit que leur gouvernement leur interdisait formellement de s'y rendre.

L'opération militaire spéciale est en cours, mais nous ne renonçons pas aux pourparlers. Quelques jours après le début de l'opération spéciale, le gouvernement ukrainien a demandé des négociations. Nous étions d'accord. En l'espace d'un mois, plusieurs réunions ont eu lieu, mais elles n'ont abouti à rien, car la délégation ukrainienne ne pouvait pas présenter sa position. Fin mars dernier, à Istanbul, Kiev a présenté tout de même un document contenant les principes selon lesquels la partie ukrainienne voulait résoudre le conflit. Nous avons soutenu cette position sans réserve et avons proposé que ces mêmes principes soient formalisés sous la forme d'un traité. Nous avons soumis son projet aux Ukrainiens à la mi-avril dernier. Depuis lors, nous n'avons plus rien entendu de leur part. Au lieu de cela, nous avons entendu des déclarations publiques du président Vladimir Zelenski et de ses nombreux conseillers selon lesquelles ils ne pourraient entamer des pourparlers qu'après une "victoire complète sur la Russie et la restitution de leurs territoires", que, soit dit en passant, Kiev bombarde actuellement: des zones et des quartiers résidentiels, des écoles, des jardins d'enfants et des personnes, qui, comme ils nous l'assurent, devraient revenir sous leur contrôle. Je ne mentionne même pas les méthodes d'opération militaire qu'ils utilisent: la population qui sert de bouclier humain, des armes lourdes qui sont déployées dans des écoles, des hôpitaux et d’autres installations et zones civiles.

Pour en revenir au sujet des pourparlers. Depuis la mi-avril dernier, nous n'avons pas entendu de réponse de l'Ukraine concernant l'élaboration d'un projet de traité basé sur ses propres idées et principes.

Les déclarations émanant des capitales occidentales sont très belliqueuses et agressives. L'Occident exige que l'Ukraine n'entame pas de pourparlers tant que la Russie n'aura pas été vaincue sur le "champ de bataille". Ce sont des déclarations officielles répétées par Berlin, Bruxelles, Londres, Washington et certaines autres capitales occidentales.

Qu'est-ce que cela signifie à ce stade? Une seule chose: nous ne pouvons pas attendre éternellement et nous contenter de regarder les gens souffrir sur les territoires contrôlés par le régime de Kiev, ni assister aux efforts continus visant à utiliser l'Ukraine comme "fer de lance" de la guerre contre la Russie.

Lorsque les troupes russes ont pris certaines positions dans ce pays, des dizaines de laboratoires impliqués dans des activités militaro-biologiques y ont été découverts, où des expériences avec des agents pathogènes dangereux étaient menées. Il a été prouvé qu'il ne s'agissait pas de simples recherches scientifiques, mais d'expériences visant à créer des armes biologiques. Conformément aux articles 4 et 5 de la Convention sur les armes biologiques, nous avons engagé une procédure pour ouvrir une enquête. Nous insisterons sur la transparence de tout ce que les États-Unis et leurs alliés font dans le domaine des activités biologiques militaires, car ils ont des centaines de laboratoires dans le monde entier, y compris en Asie centrale, en Asie, en Amérique latine. C'est un développement très dangereux.

Il existe un autre aspect qui mérite d'être mentionné. Lorsque nos militaires capturent des combattants des bataillons nationalistes ukrainiens, nous voyons immédiatement qui ils sont vraiment: ils ont tous des tatouages en forme de croix gammée, d’insignes de divisions Waffen-SS, d’Adolf Hitler, de citations empruntées à Mein Kampf. Les QG occupés par des militaires russes après la fuite des Ukrainiens sont jonchés de matériel de propagande du Troisième Reich glorifiant les collaborateurs et les personnes condamnées par le procès de Nuremberg. Cela reflète l'éducation néonazie de la population, qui est profondément ancrée dans la vie quotidienne en Ukraine et notamment dans l'armée ukrainienne. Nous sommes désolés pour les Ukrainiens, qui méritent mieux. Nous avons pitié de l'histoire de ce pays qui part en fumée sous nos yeux. Nous plaignons ceux qui ont succombé à la propagande officielle du régime de Kiev et de ses parrains occidentaux, qui cherchent à convaincre tout le monde que l'Ukraine est en train de devenir "l'ennemi éternel" de la Russie. Cela n'arrivera pas. Les Russes et les Ukrainiens vivront ensemble. Nous aiderons les Ukrainiens à se débarrasser d'un régime totalement antipopulaire et antihistorique, qui est du mauvais côté de l'histoire, condamnée pour l'éternité par le Tribunal de Nuremberg. Les tentatives de faire revivre ces pratiques absolument criminelles et illégales introduites par Adolf Hitler et de les utiliser dans le monde moderne sont vouées à l'échec. J'en suis pleinement convaincu.

Je voudrais mentionner une fois de plus le fait que nous avons évoqué cette question avec nos amis arabes et avec des personnes dans d'autres parties du monde qui partagent les mêmes idées. Nous voulons vous entendre et comprendre ce que vous pensez, quelles sont vos préoccupations, quelles sont vos questions. Nous sommes toujours prêts à engager ce dialogue afin de satisfaire votre intérêt. De nombreuses fausses informations circulent dans les médias occidentaux couvrant les événements en Ukraine autour de la situation actuelle. Une clarification et une communication constante avec des faits réels "en main" sont donc essentielles.

L'un des faux qui devrait être mentionné et qui concerne directement cette région est la "crise alimentaire mondiale", que l'on impute aveuglément à la Russie, en prétendant que la crise est survenue le jour où l'opération militaire spéciale a commencé en Ukraine. Si l'on voulait être objectif, on pourrait se référer aux statistiques fournies par l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et le Programme alimentaire mondial des Nations unies. Elles décrivent les difficultés du marché alimentaire depuis la pandémie de coronavirus qui a eu un impact énorme sur les contrats et les approvisionnements. À cette époque, l'Europe et les États-Unis ont commencé à imprimer des milliers de milliards d'euros et de dollars, qu'ils ont ensuite utilisés pour acheter de la nourriture, des médicaments, etc. Bien sûr, la région subit les effets des tendances pluriannuelles, mais la crise a été exacerbée par les sanctions occidentales abusives contre la Fédération de Russie. L'Europe a tenté de faire croire que les restrictions ne concernaient pas les aliments, les céréales et les engrais. Si l'on examine la liste des restrictions, on constate effectivement que les denrées alimentaires en tant que telles ont été exclues du régime de sanctions, mais ces exemptions n'ont pas été étendues aux navires russes, qui se sont vus interdire l'accès aux ports méditerranéens, tout comme les navires étrangers ont perdu l'accès aux ports russes pour y charger des cargaisons de céréales et de produits alimentaires. Aucune exception n'a été faite pour les assureurs des expéditions de céréales russes et les entreprises qui assurent les paiements. Ce mensonge a été répété encore et encore, mais le point culminant de ce processus a été l'accord finalement signé le 22 juillet dernier à Istanbul. Selon cet accord, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui avait lui-même lancé le processus à l'origine, s'est engagé à persuader et à obtenir une décision des pays occidentaux de lever toutes les restrictions susmentionnées afin de ne plus entraver la fourniture de céréales russes aux acheteurs. Une solution a également été annoncée pour les céréales ukrainiennes bloquées dans les ports depuis plusieurs mois. Notre marine de guerre déclarait quotidiennement des couloirs de sécurité dans les eaux internationales de la mer Noire afin de permettre aux navires bloqués de quitter les ports ukrainiens minés par l'Ukraine elle-même. Cependant, 70 navires étrangers de 16 pays y restent encore en raison du danger que représentent les mines. Nous avons donc dit: si la partie ukrainienne démine ses eaux ou libère le passage des navires en haute mer, nous garantirons leur sécurité sur leur chemin vers le détroit du Bosphore et la Méditerranée. Dans cette affaire, nous avons coopéré avec la Türkiye qui a accepté de le faire ensemble, mais jusqu'à récemment, Kiev a refusé catégoriquement de s'engager dans ce déminage. Finalement, nous sommes parvenus à un accord à Istanbul, où un deuxième document a été signé: l'Ukraine déminera ses eaux, autorisera les navires à quitter les ports pour la haute mer; la Russie et la Turquie, ainsi que d'autres participants à identifier ultérieurement, accompagneront les convois en route vers les détroits. Si des navires entrent dans des ports ukrainiens pour des livraisons supplémentaires de céréales, ils seront contrôlés pour s'assurer qu'aucune arme n'est introduite en Ukraine, car cela pourrait considérablement aggraver le conflit en cours.

Ce n'est qu'un exemple de la manière dont la vérité avérée est déformée afin de faire passer le "message" principal: tout ce qui est négatif dans le monde d'aujourd'hui est d'une manière ou d'une autre lié à la Russie. L'agressivité avec laquelle l'Occident aborde la situation, y compris en termes de sanctions réelles et de propagande haineuse, conduit à une conclusion: il ne s'agit pas de l'Ukraine, mais de l'avenir de l'ordre mondial. Les "amis" occidentaux ont cessé d'utiliser l'expression "droit international". Ils soutiennent que chacun doit maintenir "un ordre fondé sur des règles". Ces règles ne sont pas écrites et changent en fonction des situations de crise que l'Occident voudrait régler à son profit.

Nous sommes au début d'un changement majeur dans la compréhension du "multilatéralisme". De plus en plus de pays réfléchissent à des moyens alternatifs pour permettre des échanges commerciaux qui ne soient pas en dollars, et passent à l'utilisation des monnaies nationales dans les échanges commerciaux et autres transactions économiques, modifiant ainsi les chaînes d'approvisionnement qui ne seront pas soumises aux caprices des États-Unis et de leurs alliés. Cela prendra beaucoup de temps. Nous sommes à l'aube d'une nouvelle ère qui nous mènera vers un véritable multilatéralisme, au lieu de celui que l'Occident tente d'imposer sur la base de son rôle "exclusif" dans le monde actuel. Le monde est bien plus riche que la civilisation occidentale à elle seule. Personne n’est mieux placé pour le savoir que vous, nombreux représentants des civilisations anciennes.

Je pense qu'il est impossible d'arrêter ce mouvement. L’effort pour le ralentir va à l'encontre des processus historiques objectifs. Il ne fait que retarder pour un certain temps la création d'un véritable monde démocratique multilatéral.

J’invite toujours mes collègues occidentaux, lorsqu'ils évoquent les questions de démocratie dans certains pays, d'État de droit et autres, à commencer à appliquer les critères de la démocratie dans les relations internationales. Après tout, la Charte des Nations unies stipule que les Nations unies sont fondées sur le principe de l'égalité souveraine des États. La démocratie doit être respectée dans les relations internationales. Un pays croit qu'il fait ce qu'il faut, un autre lui dit qu'il n'est pas d'accord, mais permettez aux autres d'écouter les deux et de tirer leurs propres conclusions. Ne soutenons pas la pratique selon laquelle un pays ou un groupe de pays dirige le monde en exigeant que les pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine ne rencontrent pas les Russes ou les Chinois, ne fassent pas de photos de groupe avec certaines personnes. Il me semble que ceux qui agissent ainsi outrepassent leur dignité et ne se respectent pas eux-mêmes, ni ceux qu'ils tentent de menacer de punition pour désobéissance. Je pense que personne n'apprécierait un tel traitement. Encore une fois, cette attitude n'est pas bonne pour ceux qui y prennent part.

Je tiens à souligner notre détermination à développer les relations avec la Ligue des États arabes et notre intérêt pour le développement des liens économiques. Depuis la signature du Mémorandum de coopération, le chiffre d'affaires relatif à notre commerce a dépassé 20 milliards de dollars (peut-être que la prochaine fois nous le compterons dans une autre monnaie, pas en dollars). Ce montant n'est pas très impressionnant. D'autres pays atteignent des volumes plus importants dans les échanges avec votre région, mais nous sommes sur la bonne voie. La croissance régulière de nos échanges commerciaux et de nos investissements est un bon indicateur du fait que nous renforçons les fondements de notre partenariat.

Cet engagement se développe dans les questions internationales et régionales, y compris le processus de paix israélo-palestinien. Ce problème n'est toujours pas résolu en raison de la réticence des États-Unis à réintégrer le Quartet avec la participation des représentants de la Ligue des États arabes. Nous discutons de la Libye, de la Syrie et d'autres questions relatives à la région. Nous apprécions l'intérêt traditionnel manifesté par la LEA pour la coopération avec la Fédération de Russie. Les recommandations de la Ligue sont d'une grande valeur pour nous.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention. Et je vous prie de faire confiance à votre Secrétaire général lorsqu'il s'agit de transmettre de bons messages à la Fédération de Russie.


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