Commentaire de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, à l'occasion de l'anniversaire des évènements d'août 2008 dans le Caucase du Sud
Aujourd'hui, à l'occasion des 14 ans du début de l'agression militaire de la Géorgie contre la population de l'Ossétie du Sud et des casques bleus russes de la Force commune de maintien de la paix dans la zone du conflit géorgien-sud-ossète, nous rendons une nouvelle fois hommage aux victimes de cette attaque perfide ainsi qu'au courage de ceux qui ont sauvé au prix de leur vie les Sud-Ossètes de l'extermination.
Dans la nuit du 7 au 8 août 2008, violant tous les accords internationaux sur le règlement du conflit, les forces armées géorgiennes ont bombardé avec l'artillerie Tskhinval pendant son sommeil et bien d'autres communes, après quoi le territoire de la république a été envahi par l'armée et les forces spéciales du ministère de l'Intérieur de la Géorgie. En même temps a été attaqué le site de déploiement des casques bleus russes. L'agression infondée de Tbilissi a été confirmée notamment dans un rapport de la Mission d'enquête internationale indépendante sur le conflit en Géorgie dirigée par Heidi Tagliavini et créée sous l'égide de l'UE.
Une réponse adéquate a été donnée à l'aventure militaire criminelle entreprise par le régime de Mikhaïl Saakachvili: dans ces circonstances extrêmes la Russie a d'abord mené avec succès une mission d'imposition de la paix contre l'agresseur, puis a reconnu l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, qui devait subir le même sort que la république voisine, comme États souverains indépendants, les plaçant sous sa protection.
Une autre conséquence de l'agression géorgienne contrée a été le lancement en Suisse de nouvelles négociations: des discussions internationales sur la sécurité et la stabilité en Transcaucasie à Genève, ayant pour mission principale la garantie de la sécurité sûre et durable de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud en entretenant un dialogue direct permanent entre les deux républiques et la Géorgie. C'est en grande partie grâce à ce format qu'il était possible de maintenir dans la région un niveau de stabilité et de sécurité acceptable.
Cependant, ces derniers temps, une approche politisée de certains acteurs mus par leurs intérêts égoïstes prévalait sur cette plateforme de dialogue. Au final, le format de Genève est devenu de facto gelé. Cela fait déjà huit mois qu'on ne parvient pas à organiser le 56e cycle des discussions de Genève, qui a été reporté deux fois cette année. Sachant que depuis le cycle précédent (décembre 2021) nous n'avons toujours pas reçu d'explications claires sur les raisons de la stagnation du format des pourparlers. L'activité actuelle des coprésidents ressemble plutôt à une imitation des efforts pour débloquer les négociations qu'à une volonté sincère de parvenir à un progrès réel en la matière.
Les véritables dessous des jeux autour des discussions de Genève sont clairs pour nous: c'est une "vengeance" contre Moscou dans le cadre de la politique globale de l'Occident collectif visant à isoler la Russie pour son opération militaire spéciale en Ukraine. Ainsi, les discussions de Genève sont devenues un otage de la géopolitique. Nous espérons que nos partenaires sont conscients qu'avec les sanctions illégitimes et d'autres restrictions décrétées contre la Russie par l'UE (en tant que l'une des organisations coprésidentes), les États-Unis (pays participant) et la Suisse (pays hôte) ils créent de graves complications supplémentaires pour le travail déjà difficile dans le cadre des discussions de Genève, ce qui discrédite le format en soi et le choix initial du lieu d'organisation des rencontres.
En utilisant à titre d'instruments de pression contre la Russie des obstacles de transport et de visa vis-à-vis des membres de notre délégation, les partenaires occidentaux changent unilatéralement les règles du jeu et rendent eux-mêmes pertinente la question relative au déplacement des réunions régulières de Genève dans un endroit plus neutre et acceptable pour tous les participants.
Pour l'instant, les perspectives du cycle reporté restent flous. Ce n'est pas notre choix. Toute la responsabilité pour l'échec du processus de négociation et ses conséquences repose entièrement sur les initiateurs de ces actions destructrices et ceux qui sont de connivence avec eux.