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Discours et réponses à la presse du Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse conjointe avec le Ministre des Affaires étrangères de la République islamique d'Iran Hossein Amir-Abdollahian à l'issue des pourparlers, Moscou, 29 mars 2023

576-29-03-2023

Mesdames et Messieurs,

Nous avons eu des négociations substantielles et durables. Elles se sont déroulées dans une atmosphère traditionnellement amicale et de confiance.

Nous sommes satisfaits de la dynamique positive du développement des relations bilatérales. En 2022, nos présidents se sont rencontrés en personne à quatre reprises. En 2023, ils ont eu 4 entretiens téléphoniques. Des contacts supplémentaires sont prévus. Une réunion de la commission interparlementaire sur la coopération s'est tenue. Une réunion des secrétaires des conseils de sécurité a eu lieu. Les contacts entre les régions et les milieux d'affaires se renforcent.

Nous avons accordé une attention particulière à l'encouragement du développement progressif des relations commerciales, économiques et d'investissement. Nous avons constaté qu'en dépit des sanctions illégales des États-Unis et de ses satellites, le chiffre d'affaires tendait à augmenter. Fin 2022, le chiffre d'affaires a atteint 4,86 ​​milliards de dollars, soit plus de 20% qu'en 2021. Nous sommes convenus de poursuivre les efforts conjoints pour accroître la coopération pratique, y compris entre les milieux d'affaires et les régions. Une attention particulière a été accordée à la mise en œuvre de projets phares dans le nucléaire et le secteur énergétique, ainsi que dans le secteur des transports.

Nous avons salué le travail de la commission intergouvernementale de coopération commerciale et économique. Sa réunion ordinaire s'est tenue le 1er novembre 2022 à Grozny.

Nous sommes convenus de continuer à promouvoir activement les négociations sur un accord de libre-échange à part entière entre l'Iran et l'Union économique eurasiatique (UEE) en contrepartie de l'accord temporaire actuel. Sans aucun doute, la libéralisation des tarifs douaniers dans le cadre des relations de l'Iran avec l'UEE donnera une impulsion supplémentaire à l'augmentation de nos échanges commerciaux.

Le cadre juridique commercial se renforce. Une vingtaine de documents russo-iraniens sont en cours d'élaboration. Je voudrais souligner le travail intensif sur le projet d'un nouveau traité important destiné à remplacer l'actuel de 2001. Le nouveau document est presque terminé.

Nous avons des positions coïncidentes ou proches sur les questions clés de l'agenda international et régional. Nous avons réaffirmé notre rejet de la ligne destructrice de l'Occident collectif visant à substituer le droit international, l'architecture de l'ONU par un "ordre fondé sur des règles" américain. À cet égard, nous avons réaffirmé l'étroite coopération dans le cadre du Groupe des amis pour la défense de la Charte des Nations unies créé à New York.

Nous avons examiné en détail la situation autour du Plan d'action global commun sur le nucléaire iranien. Nous sommes unanimes qu'il n'y a pas d'alternative à cet accord international, qui est inscrit dans la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée à l'unanimité. Nous sommes favorables à la reprise rapide de sa pleine mise en œuvre et opposés aux actions qui y font obstacle. Le monde attend toujours que les États-Unis reviennent à leurs engagements dans le cadre de l'accord sur le nucléaire iranien. Nous avons souligné que toutes les sanctions illégales contre l'Iran devaient être levées.

Nous avons salué l'amélioration de la situation dans la région du Moyen-Orient, notamment à la lumière du rétablissement récemment annoncé des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Nous avons toujours prôné précisément cela et proposé des idées spécifiques, notamment la promotion de notre concept de sécurité collective dans la zone du golfe Persique, qui est conforme à l'initiative de paix iranienne d'Ormuz.

Nous avons réaffirmé notre soutien à l'achèvement rapide du processus d'officialisation de l'adhésion à part entière de l'Iran à l'OCS. Celle-ci devrait avoir lieu en 2023 et s'inscrira dans la suite logique des nombreuses années d'interaction constructive de Téhéran avec cette organisation qui assure la stabilité de l'espace eurasien.

Nous avons échangé des vues sur la situation en Syrie et autour. Nous avons hautement apprécié les résultats de la 19e Rencontre internationale qui s'est tenue au Kazakhstan en novembre 2022 dans le cadre du travail du format Astana. Nous avons souligné l'importance de la "troïka" d'Astana en tant que principal mécanisme de soutien international au règlement syrien.

Nous avons évoqué d'autres sujets d'actualité, dont le processus de paix au Proche-Orient, le reglement palestinien, la situation en Afghanistan, en Transcaucasie, au Yémen et le problème caspien.

Nous espérons que les tensions actuelles dans les relations entre Bakou et Téhéran sont temporaires et seront surmontées dès que possible. Cela contribuera également à la promotion de la coopération trilatérale avec la participation de la Russie, de l'Iran et de l'Azerbaïdjan. Y compris dans le cadre de l'intérêt confirmé par toutes les parties pour la mise en œuvre de projets importants dans le cadre du développement du Corridor de transport international Nord-Sud. Nous sommes prêts à aider nos amis à résoudre les problèmes existants.

Nous avons évoqué la situation en Ukraine et autour. Une fois de plus, nous avons attiré l'attention sur la ligne subversive des pays de l'Otan impliqués depuis longtemps dans ce conflit. Cela dépasse les bornes. Ils se battent aux côtés du régime de Kiev. Nous apprécions la position équilibrée et la compréhension des véritables motifs de ce qui se passe promues par les dirigeants de la République islamique d'Iran.

Les résultats des négociations ont été utiles et productifs. Nous continuerons à travailler dans tous ces domaines en tenant compte de tous les accords supplémentaires conclus aujourd'hui.

Question (traduite du persan): Pourquoi les Américains tardent-ils à revenir à leurs engagements dans le cadre de l’accord sur le nuclaire iranien? Quels facteurs influencent cela?

Sergueï Lavrov: C'est une question facile. Il y a beaucoup de sujets où il est impossible de comprendre pourquoi les États-Unis font ou ne font rien. Si je comprends bien, nos amis iraniens ont la possibilité de le demander directement aux Américains. Je ne vais pas répondre au nom de l'administration actuelle.

Question: La République populaire de Chine y a pris part en tant que médiateur. À cet égard, je voudrais demander comment Téhéran évalue l'initiative de la Chine sur la sécurité mondiale et quelle est son opinion sur la position de la Chine sur un règlement politique de la crise ukrainienne?

Sergueï Lavrov (ajoute après Hossein Amir-Abdollahian): Je dirai quelques mots, car les questions concernent notre proche voisin, la République populaire de Chine.

Il y a une semaine, le président Xi Jinping a effectué une visite d'État en Fédération de Russie. Nos dirigeants, le président russe Vladimir Poutine et le président de la République populaire de Chine Xi Jinping, ont discuté largement des questions de sécurité mondiale. L'initiative de Pékin a également été mentionnée. Nous sommes d'avis que l'essentiel de toutes ces discussions est maintenant l'introduction du principe de l'indivisibilité de la sécurité dans toutes les négociations et tous les accords nécessaires dans ce domaine.

C'est un principe selon lequel aucun pays ne devrait renforcer sa sécurité aux dépens de la sécurité des autres. Il est basé sur la Charte des Nations unies qui stipule la nécessité de respecter l'égalité souveraine des États. Je n'entrerai pas dans les détails sur ceux qui portent atteinte à ces normes fondamentales du droit international (il est déjà clair pour tout le monde que ce sont les États-Unis et leurs satellites).

En ce qui concerne l'initiative de la République populaire de Chine sur le dossier ukrainien. Cela a également été discuté et commenté lors de la conférence de presse du président Vladimir Poutine et du président Xi Jinping. Nous respectons l'intérêt de l'Iran pour un règlement pacifique de cette situation qui vient d'être confirmé dans le discours de mon homologue Hossein Amir-Abdollahian. Nous étions toujours prêts pour cela. Ce n’est pas par notre faute que l'Ukraine a "rompu" sa propre initiative en avril 2022 (à la suite des résultats du cycle de négociations d'Istanbul).

Les questions sur la manière d'arrêter ce conflit ne doivent pas être adressées à l'Iran, ni à la Russie, ni à la Chine, mais à ces personnalités occidentales et au régime de Kiev qui déclarent quotidiennement sous diverses formes que la guerre ne peut pas être arrêtée maintenant et qu’il faut continuer à fournir des armes à l'Ukraine.

La dernière declaration a été faite par notre homologue Antony Blinken. Hier, il a déclaré que la trêve serait désormais dans l'intérêt de la Fédération de Russie et cela ne peut être admis. Il m'est difficile de dire sur quelle base repose une analyse aussi superficielle. La seule hypothèse (nous avons échangé à ce sujet aujourd'hui) est que l'Occident ne veut pas arrêter cette guerre car il y voit ses intérêts géopolitiques, principalement du point de vue de ses tentatives d'éliminer un autre concurrent sur la scène mondiale en la personne de la Fédération de Russie. Les amis chinois savent bien qu'eux aussi sont déjà désignés dans les documents de l'Otan comme des concurrents de longue date, des adversaires qu'il faut aussi neutraliser.

La Russie, l'Iran, la Chine et bien d'autres pays, dont les membres du Groupe des amis pour la défense de la Charte des Nations unies, que j'ai mentionnés, s'opposeront catégoriquement aux tentatives d'établir une hégémonie occidentale pour l'éternité, comme Washington et ses complices tentent de le faire.

Question (traduite du persan): La Russie prône la reprise du Plan d'action et joue un rôle important dans les négociations 4+1. Quelles mesures faut-il prendre pour faire revenir les parties à remplir leurs engagements?

Sergueï Lavrov: Nous prônons le rétablissement du Plan d’action et la pleine mise en œuvre de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. En ce sens, nous observons les contacts qui s'établissent entre collègues iraniens et européens et américains.

Nous partons du principe qu'ils obtiendront le résultat dont tout le monde parle: la reprise de la pleine mise en œuvre des accords sur le nucléaire iranien. La décision finale doit être prise entre tous les participants au Plan d’action, y compris la Russie et la Chine.


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