Communiqué du Département de l'Information et de la Presse du Ministère russe des Affaires étrangères concernant la décision des États-Unis de suspendre le dialogue bilatéral sur la Syrie
Nous sommes très déçus par la décision de Washington de rompre le dialogue russo-américain sur le rétablissement de la paix en République arabe syrienne. Les propos du Département d’État américain sur l'arrêt unilatéral du travail conjoint avec la Russie - sauf sur les questions relatives à la prévention d'incidents impliquant des avions de combat dans le ciel syrien - suscite un désenchantement profond.
Ces derniers jours, les entretiens téléphoniques entre le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le Secrétaire d’État américain John Kerry, tout comme les échanges entre nos représentants diplomatiques à Genève, ont visé à normaliser la situation à Alep où des groupes armés illégaux ont saboté le cessez-le-feu antérieurement établi. La partie américaine a pourtant refusé de soutenir l'initiative russe d'annoncer dans la région une nouvelle "trêve humanitaire" de 72 heures.
Les États-Unis se sont également prononcés contre le retrait des forces gouvernementales et des combattants de la route de Castello, même si cela est fixé par nos accords du 9 septembre et aurait pu ouvrir à l'aide humanitaire la voie vers la partie est d'Alep. Les autorités syriennes ont accepté notre proposition, étaient prêtes à une telle initiative et avaient déjà entamé le retrait de leurs troupes il y a trois semaines. Mais Washington a été incapable à l'époque - et n'a actuellement aucune envie - d'assurer que l'opposition proaméricaine suive cet exemple. Soit les USA sont tout à fait indifférents aux besoins humanitaires de la population syrienne et exploite ce sujet à des fins purement politiques, soit ils sont tout simplement incapables d'influer sur ces groupes d'opposition.
Les débats entre les représentants russes et américains ont porté ces derniers jours sur le Font al-Nosra qui était, dès le début, exclu de la trêve. Nous avons mis en avant la nature, les protecteurs et les alliés de ce mouvement. Nous nous sommes demandé pourquoi, alors que tout le monde semblait reconnaître ses liens directs avec Al-Qaïda qui a commis des attenants horribles aux États-Unis il y a 15 ans, l'administration de Barack Obama hésitait à faire la distinction entre ce groupe et l'opposition proaméricaine, voire tentait de protéger les djihadistes par un bouclier composé des unités d'opposition qui avaient rejoint le Front tout en disant participer au cessez-le-feu. John Brennan, directeur de la CIA, nous avait personnellement promis de faire rapidement cette distinction en février 2016.
Nous avons clairement constaté que toutes les "trêves humanitaires" précédentes avaient été utilisées par le Front al-Nosra pour réorganiser ses forces, combler ses pertes par de nouveaux combattants et recevoir des armes et des munitions de l'étranger - non sans participation américaine, selon certaines sources. Ses leaders ont ouvertement déclaré qu'ils utilisaient ces pauses - notamment le "régime de silence" annoncé le 12 septembre - pour préparer de nouvelles offensives. Nous en constatons actuellement les conséquences dans la région d'Alep.
Les États-Unis n'ont jamais exercé aucune pression réelle sur le Front al-Nosra. Washington n'a entrepris aucun effort pour faire la distinction entre les groupes armés et n'a lancé aucune opération contre les combattants du Front qui poursuivaient leurs raids meurtriers. Qui plus est, les Américains nous empêchaient de les arrêter.
Autrement dit, la décision actuelle de Washington reflète l'incapacité de l'administration Obama à mettre en œuvre la condition principale de notre coopération visant à surmonter le conflit syrien. Par ailleurs, on se demande si elle a jamais eu aucune envie de le faire. Il semble de plus en plus probable que la volonté d'obtenir un changement de pouvoir à Damas pousse Washington à signer un contrat avec le diable, c'est-à-dire à accepter une alliance avec des terroristes assumés qui rêvent d'inverser le cours de l'histoire et d'imposer par la force leurs normes inhumaines.
Nous appelons les États-Unis à analyser encore une fois la situation et l'image de leurs actions dans le monde entier. La mise est très haute. Si la Syrie faisait face à de nouvelles frappes terroristes, la faute en incomberait à la Maison blanche. Washington doit donc engager une analyse raisonnable et faire le choix de l'avenir qu'il veut pour le peuple syrien.