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Interview de S. V. Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie, à la chaîne « Sky News Arabia »

1547-18-08-2012

Question : A l'Occident et dans le monde arabe beaucoup critiquent la position de la Russie sur la Syrie, considérant que le soutien de la Russie au régime de B. Assad est une sorte de réponse à ce qui s'était passé en Libye. Pourriez-vous apporter un commentaire ?

S. V. Lavrov: Nous avons l'habitude de commencer par travailler sur nous-même. Avant d'analyser les positions des autres, nous nous assurons toujours que notre position est juste. Nous évaluons notre position contre des critères objectifs : les principes du droit internationaux, les objectifs et les principes de la Charte de l'ONU qui, en premier lieu, tiennent du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des États, la non-ingérence dans les affaires d'un État, le refus du recours à la force et de toute tentative de résolution de problèmes internationaux par tout moyen autre que politique, exception faite des cas ou une telle décision est prise par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Si on nous critique à cause du fait que nous avons de concert avec la République populaire de Chine usé de notre droit de veto au sein du Conseil de sécurité, je dois dire que nous l'avons fait en pleine connaissance de cause. Nous l'avons fait non pas pour se venger, mais pour empêcher la violation des principes de la Charte de l'ONU. De par notre veto nous avons défendu ces principes alors que nos collègues voulaient adopter une résolution qui donnait une interprétation unilatérale et perverse et dont l'objectif était de punir le régime et d'ouvrir la voie au changement de régime, ce de quoi nos collègues américains parlent ouvertement. Ce n'est pas ce que fait le Conseil de sécurité de l'ONU, car il s'occupe de la création de conditions pour un règlement pacifique des différends.

C'est pourquoi, bien que constatant les graves violations du droit international humanitaire commises par B. Assad et son gouvernement, les violations de leurs obligations sécuritaires envers la population, nous ne pouvons pas faire semblant que le régime fait face à des manifestants pacifiques qui ne sont pas armés et qui subissent une violence sans provocation. Le stade actuel du conflit est tout autre. C'est bien des groupes bien armés qui se font face : les forces gouvernementales et l'Armée syrienne libres. Cette dernière a déclaré il n'y a pas longtemps qu'elle était prête à s'allier avec les combattants d' « Al-Qaida » en Syrie. C'est un développement très alarmant. Nous avons averti que cela était possible, mais nos partenaires occidentaux, tout comme certains pays de la région qui souhaitent un changement de régime, ne veulent pas le voir.

Question : Les affrontements entre les forces gouvernementales et l'opposition ont eu lieu plusieurs mois après le début des événements...

S. V. Lavrov: Les premiers affrontements avec la participation des groupes armés de l'opposition ont eu lieu en avril 2011. La lutte armée de la part de l'opposition a débuté très rapidement. Ils ont aussi très vite organisé la livraison des armements et d'autres moyens nécessaires à la lutte armée de l'opposition. Je répète que nous condamnons toute violence. Alors que ceux qui critiquent la Russie ne condamnent que la violence faite par le régime. C'est là où est toute la différence.

Question : Comment pourriez-vous caractériser la situation actuelle en Syrie : de révolution, de guerre civile ou d'un complot global contre le régime ?

S. V. Lavrov: Avant tout il s'agit d'un conflit armé. C'est une qualification faite par le Comité International de la Croix Rouge. Le conflit armé interne suppose l'affrontement entre les forces gouvernementales et ce qu'on appelle des combattants.

Voila une situation bien triste. Tout à commencer durant les événements de la « révolution arabe » quand une partie de la population syrienne, mécontente de sa situation, manifestait pour des reformes, pour l'amélioration de la situation économique et sociale, pour la démocratisation du pays. Ces aspirations sont tout à fait compréhensibles et nous n'avons que de la sympathie pour ce genre d'aspirations et de désir qui émanent non seulement de la population syrienne, mais aussi des populations d'autres États arabes. Bien sûr, B. Assad a commis beaucoup d'erreurs. Il n'a pas su réagir à temps face à la nécessité de reformer le pays, bien qu'il ait pris des pas en cette direction par la suite. Il semblerait que cela n'était pas assez. Mais pour que les réformes puissent aboutir et pour que tous les syriens les acceptent, il faut se mettre autour de la table de négociations. Les Syriens doivent décider de leur avenir eux-mêmes.

Je ne pense pas qu'il s'agit d'un complot venant de l'extérieur. Mais il faut avouer que le rôle des acteurs externes dans la crise syrienne est devenu très important après une certaine période. Les appels ouverts à armer l'opposition et à l'encourager de continuer la lutte armée au lieu d'entamer les pourparlers ne fait que « mettre de l'huile sur le feu ». Ces appels sont contraires aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, au plan de K. Annan et au Communiqué de Genève.

Question : Le commandement militaire des États-Unis a déclaré que la Turquie et la Jordanie étaient intéressées par la création de zones tampon à la frontière avec la Syrie. Se pose dès lors la question des zones d'exclusion aériennes. Que pensez-vous d'une pareille initiative ?

S. V. Lavrov: Avant tout j'aurai préféré entendre ce que les gouvernements turc et jordanien ont à dire sur la position de la Turquie et de la Jordanie. Je connais les déclarations des militaires américains. Ce n'est pas la première fois qu'il mentionnent le concept de zones d'exclusion aérienne. Si ces zones couvriront le territoire de la Syrie, alors cela constituera une violation de la souveraineté étatique et de la Charte de l'ONU. Il faut donc trouver un accord par la négociation afin d'alléger le sort des réfugiés et des personnes déplacées. Il y a des mécanismes et des instruments spéciaux pour ça. La secrétaire générale adjointe de l'ONU V. Amos se trouvait ces derniers jours à Damas et dans d'autres régions de la Syrie. Le gouvernement syrien est d'accord de rechercher des solutions à ces problèmes. De plus, il y a le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugies, qui est prêt à aider ceux qui se trouvent dans les camps de réfugiés en Turquie, en Jordanie et dans d'autres pays. C'est par ces moyens approuvés par le droit international humanitaire qu'il faut résoudre les problèmes liées à la sécurité des civils. Il serait inacceptable d'utiliser le prétexte d'une crise humanitaire pour tenter de créer des zones d'exclusion aérienne ou des zones tampons militaires.

Question : Tout de même, les États-Unis n'excluent aucun moyen qui pourrait amener au changement de régime.

S. V. Lavrov: Les États-Unis n'excluent jamais rien.

Question : Ne craignez-vous pas que certains pays chercheront à résoudre le problème en passant outre le Conseil de sécurité de l'ONU ?

S. V. Lavrov: Les États-Unis ont déjà déclaré qu'ils agiront en dehors du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous ne comprenons pas cette position. Cette déclaration fut faite quelques jours après la réunion de Genève, qui fonda le « Groupe d'action » et qui résulta dans le communiqué final détaillé. Ce document mentionnait en détail les dispositions du plan de paix en six points de K. Annan. De plus, le communiqué fut adopté par consensus.

Mais quand seulement quelques jours après nous avons débattu de la situation au Conseil de sécurité et que nous nous étions dit prêts à approuver le Communiqué de Genève mot pour mot, sans modifications, nos partenaires n'étaient pas prêts à faire le même pas. Ils ont tenté d'interpréter le communiqué de Genève en tant que document contenant une sorte de mandat au changement de régime, ne disposition qui n'est pas contenue dans le texte. Le document dit explicitement et avec des mots clairs et précis que tout le monde doit mettre fin à la violence et que l'opposition doit nommer des négociateurs. Ils doivent s'unir sur base de consensus et former l' « organe temporaire de transition », qui inclura des représentants du régime et de l'opposition et qui aurait le soutien des syriens eux-même.

Je suis de l'avis que les déclarations émanant du Washington et d'autres capitales sur la « mort » do Communiqué de Genève sont irresponsables. C'est le consensus le plus important sur la question syrienne qui fut atteint avec la participation des pays occidentaux (États-Unis et Europe), de la Russie, de la Chine, des principaux pays arabes et de la Turquie. Les déclarations comme quoi il s'agit d'un « document mort » démontrent le fait que certains sont impatients de trouver le moindre prétexte afin d'annoncer qu'il n'y a aucune perspective de règlement pacifique et qu'il faut recourir à la force. Cela nous inquiète beaucoup, car ça amènerait à une catastrophe pour la région.

Question : Aujourd'hui vous avez appelé à la réunion des représentants permanents du « Groupe d'action » pour la Syrie à New-York. Comment faut-il comprendre cela, comme une tentative de réanimer les accords conclus à Genève ?

S. V. Lavrov: Personne n'a enterré ce qui fut atteint à Genève. En tout cas la Russie ne l'a pas fait. Personne n'a enterré ce qui fut atteint à Genève. En tout cas la Russie ne l'a pas fait. Les déclarations des États-Unis comme quoi le communiqué n'est plus d'actualité sont très sérieuses, mais ne se fondent sur rien de concret. La réalité est telle que le Communiqué de Genève contient toutes les dispositions nécessaires au transfert de la crise dans le domaine politique. Mais pour ça il faut que toutes les parties syriennes entendent cet appel et que tous les acteurs externes leur transmettent cet appel. Les différents acteurs externes ont des divers degrés d'influence sur les parties syriennes. Il est important que tous ceux qui s'étaient réunis à Genève, y compris l'Arabie Saoudite et l'Iran (qui n'étaient pas présents, mais nous pensons qu'ils doivent prendre part) envoient le même signal à tous les syriens qui se combattent les uns les autres. Si nous étions tous prêts à le faire, je suis sûr que la situation serait toute autre.

L'année dernière la Mission des observateurs de la LÉA en Syrie fut annulée pour des raisons qui ne nous sont pas connues. Il n'y a pas longtemps c'est la Mission d'observation de l'ONU qui fut terminée, qui est en train d'être remplacée par un office des Nations unies à Damas. Aujourd'hui on essaie d'enterrer le Communiqué de Genève de son vivant. Au vu de tout ça nous avons parfois l'impression que certains de nos partenaires interprètent toutes ces initiatives comme prétexte pour déclarer qu'il n'y a aucune perspective de règlement politique et que le recours à la force est légitime.

Nous avons en effet voulu tenir aujourd'hui à New-York une réunion des représentants de tous les pays qui étaient à Genève, ainsi que de l'Arabie Saoudite et de l'Iran, afin de dire : « Nos discussions à Genève étaient honnêtes et sincères et la position, que nous avons tous approuvé au niveau ministériel, est toujours d'actualité et nous sommes prêts à la mettre en œuvre. » L'objectif de cette rencontre est simple. Hier la porte parole du Département d'État des États-Unis a déclaré que Washington ne comprend pas de quoi on parle et a quoi servirait cette rencontre. Hier la porte parole du Département d'État des États-Unis a déclaré que Washington ne comprend pas de quoi on parle et a quoi servirait cette rencontre. A cela je peux répondre que tous comprennent tout et que les portes paroles américains ne devraient pas se montrer plus sophistiqués qu'ils ne le sont en réalité. Si quelqu'un essaye de se distancer de la discussion, alors ça veut dire qu'ils n'étaient pas sincères à Genève ou bien qu'ils ont changé d'opinion. Mais alors faut le dire honnêtement.

Question : La Russie va-t-elle soumettre des initiatives de règlement de la crise syrienne autre que ce qu'elle entendait faire aujourd'hui au Conseil de sécurité de l'ONU ?

S. V. Lavrov: La Russie a traditionnellement une position très simple en ce qui concerne le règlement des conflits qui réside dans la nécessité d'approches et d'actions collective afin de réaliser ces approches. Cet approche collective était le vote au Conseil de sécurité de l'ONU quand nous avons approuvé le plan de K. Annan, quand nous avons envoyé en Syrie des observateurs de l'ONU et quand nous avons détaillé le plan dans tous ses aspects à Genève et que nous avons souscrit à l'obligation (et le document de Genève comporte cette obligation) d'influencer toutes les parties syriennes afin de mettre en œuvre le plan de paix et les accords précités. Nous ne dédions pas d'efforts à l'invention de nouvelles initiatives retentissantes, comme des zones tampon ou des zones d'exclusion aérienne. Nous n'essayons pas de « plaire au public », mais tentons de bien comprendre l'essence même du conflit. Cela n'est possible que sur une base collective. Cette base fut crée à Genève et notre initiative vise à obliger les différents acteurs à la mettre en œuvre.

Question : Que pourra faire L. Brahimi en tant que successeur de K. Annan si le régime de B. Assad refuse de mettre fin à la violence ?

S. V. Lavrov: Toutes les parties refusent de mettre fin à la violence. Et c'est une décision très importante prise à Genève, le fait que les forces de l'opposition tout comme les forces gouvernementales doivent mettre fin à la violence.

Aujourd'hui nos partenaires occidentaux essaient d'esquiver cet accord et violent leurs obligations, leur positions. Aujourd'hui ils demandent que le gouvernement met fin aux activités militaires d'une manière unilatérale, qu'il retire les hommes armés et les blindés des villes et que c'est seulement après qu'ils vont appeler l'opposition de ne plus agir par des moyens armés.

J'avais déjà apporté un commentaire quant aux idées de nos partenaires occidentaux. Bien que cela soit impensable, imaginons que le régime dit : « D'accord, nous partirons des villes, nous retirerons nos troupes. » Croyez-vous que l'opposition jettera les armes ? L'opposition va tout simplement prendre le contrôle des villes, comme elle l'a déjà faite en automne de l'an dernier, quand nous avons tenté de mettre en œuvre le plan de paix de la Ligue arabe. Et ce n'est pas parce que nous le voulons et que nous conseillons B. Assad. Mais tout simplement parce que, du point de vue de tout homme politique et de toute opération militaire, c'est une approche irréaliste qui ne démontre qu'une chose, que quand on parle de la nécessité du désarmement unilatéral du régime, l'objectif n'est pas de calmer la situation et d'assurer la sécurité des civils syriens, mais de changer le régime en passant outre la Charte de l'ONU.

Ainsi quand on parle de ce que doit faire le successeur de K. Annan, je dois dire que sa mission sera bien moindre en envergure que la mission des observateurs de l'ONU. La Mission consistera de quelques dizaines de personnes. Il est prévu qu'il y aura une petite composante faite d'observateurs militaires, une petite composante politique et enfin la composante qui va assister dans la mise en œuvre de projet humanitaires, notamment la livraison d'aide humanitaire etc. Tenant en compte la taille de la mission et la situation dans le pays qui est en conflit armé interne, je doute que le personnel de la Mission pourra se rendre souvent en dehors de Damas. Il est évident que vu le contexte actuel, la Mission à ce stade se concentrera sur le processus politique, notamment l'établissement de contacts qui permettront d'entamer le dialogue politique.

Mais on ne pourra pas entamer le dialogue politique, du moins les efforts en cette direction n'aboutiront pas, tant qu'on ne mettra pas fin à la violence. Cela ne dépend pas de L. Brahimi. Cela ne dépend pas des observateurs qui ne faisaient qu'observer le respect du cessez-le-feu proclamé en avril.

Aujourd'hui nous proposons de prononcer un nouvel cessez-le-feu, mais cette fois si sous la responsabilité des acteurs externes qui ont de l'influence sur le gouvernement tout comme sur les groupes armés de l'opposition. Alors si nous souhaitons tous que le processus politique aboutisse, il faudra collectivement et tous ensemble influencer tous les groupes de opposition afin de les obliger à arrêter les combats, à nommer en toute urgence des négociateurs pour qu'on puisse les envoyer dans un endroit qui aura leur approbation et qui sera acceptable pour toutes les parties, et qu'on commence enfin à trouver un accord sur l'organe de transition, sur les réformes législatives, y compris constitutionnelles, sur la tenue d'élections.

Question : Avec B. Assad au pouvoir ?

S. V. Lavrov: Les syriens doivent en décider. Comme dans tout autre État, c'est le peuple qui décide du sort de son gouvernement.

Question : Pensez-vous que 17 mois après le début des événements en Syrie que la présence de B. Assad au pouvoir soit bénéfique pour le peuple syrien ?

S. V. Lavrov: Il faut demander au peuple syrien. Comme je l'ai déjà dit, le régime a commis beaucoup d'erreurs. Mais une des raisons principales, celle qui a envenimé le conflit après le début de la lutte, d'abord non-violente, par la suite violente et militaire, est la suivante. Ceux qui demandaient dès le début la résignation de B. Assad ignoraient les intérêts de la partie de la population syrienne qui, et nous devons l'admettre, voient en B. Assad la garantie de leurs droits et de leur sécurité en Syrie.

Nous savons tous que la population syrienne est composée d'une multitude d'ethnies et de confessions. Et les minorités qui s'unissent derrière B. Assad le font dans l'espoir qu'il défendra leurs droit font eux aussi partie du peuple syrien. C'est pour ça que la Russie a à maintes reprises noté (le président de la Russie en avait parlé durant ses discussions avec B. Obama, les leaders européens et des pays de la région) que, et avant qu'on ne définisse les paramètres du futur État syrien, il faudra trouver un accord qui garantirait le respect des droits des minorités religieuses, ethniques et autres. Et seulement après ça on pourra discuter de tout le reste. Il s'agit d'une question de principe.

La Russie a dès le début prévenu que des approches simplistes et légères face à un problème aussi complexe était inacceptable, car ce problème concerne les contradictions au sein même de l'Islam, une situation qui est présente pas seulement en Syrie. Le problème nous échappe et c'est très dangereux. Et je ne parle même pas du problème kurde, qui s'envenime de semaine en semaine.

Question : Il n'y a pas longtemps le roi Abdallah II de Jordanie a averti contre la partition probable de la Syrie et de création d'une enclave alaouite sur son territoire. Partagez-vous ces craintes ?

S. V. Lavrov: La partition de toute État ne présage rien de bon. Nous en avons eu l'expérience, bien sûr, pour d'autres raisons. Ce processus conduit toujours à une période très compliquée et nerveuse, quand débute la lutte pour l'influence, les ressources, le pouvoir, l'accès à la mer, etc. La Russie est sincère quand elle vote en faveur des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui réaffirment la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie. Nous observons la croissance des tendances séparatistes au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Ces tendances existent.

Nous réaffirmons notre soutien à l'intégrité territoriale de la Libye, bien que subsistent encore des questions sur la structure de l'État unifié. Il faudra aussi trouver des arrangements, même si c'est entre les tribus et non pas entre les diverses confessions et ethnies. Ces événements, qui découlent objectivement des aspirations des peuples à une vie meilleure, ont fait en sorte qu'un grand nombre de problèmes sont remontés à la surface, des problèmes qui étaient enfouis durant les décennies sous les régimes autoritaires. Désormais ces problèmes sont visibles. Si nous parlons de la démocratisation de la région, alors peut-être cela est inévitable. Mais les acteurs extérieurs ont l'obligation et la responsabilité non pas de tirer des avantages conjoncturels à court terme en usant les problèmes qui se sont accrus durant les décennies, mais d'aider les peuples à résoudre ces problèmes pacifiquement et non par les armes.

Question : Un grand nombre de politologues estiment que la Russie a peur du soi-disant « extrémisme sunnite ». Est-ce bien le cas ?

S. V. Lavrov: Pas du tout. Nous craignons que les contradictions au sein même de l'Islam vont croître, ce qui pourrait très mal se finir. Chaque jours nous observons des attenants terroristes en Irak, en Afghanistan. Et nous pensons savoir ce qui est derrière tout ça.

Nous souhaitons aider les musulmans à mettre en œuvre les dispositions de la déclaration d'Amman, approuvée par le roi Abdallah II de Jordanie, qui a réuni en 2005 sous sa présidence tous les principaux théologiens musulmans. La déclaration dit que si tu es musulman, peu importe que tu sois sunnite ou chiite ou d'une autre mouvance, si tu crois en Allah tu dois agir en sorte que tes frères ne soient pas tes ennemis. Cela est d'actualité pas seulement pour l'Islam. Nous sommes en faveur d'un dialogue entre les civilisations et sommes en coopération étroite avec les pays arabes et autres pays musulmans afin de promouvoir des valeurs morales dans les relations internationales.

En fin de compte toutes les religions principales du monde se fondent sur les mêmes valeurs morales. Et c'est un fait que la politique internationale connaît un déficit de ces valeurs. Cela est d'actualité pour les pays musulmans, les pays où le Christianisme est la religion principale, pour d'autres pays.

Question : La Russie réfléchit-elle à un scénario du « jour d'après » pour la Syrie, l'avenir du pays après la chute du régime, comme le font un nombre de ses partenaires occidentaux ?

S. V. Lavrov: «The day after»? Il ne font pas que de discuter. J'ai entendu dire que dans certains pays occidentaux c'est des centres d'études qui s'occupent de ça. Ils préparent déjà des reformes économiques, constitutionnelles, des reformes de l'armée, de la police, des services spéciaux. C'est triste, car ça veut dire deux choses. Soit ces « penseurs » pensent que le peuple syrien n'est pas assez mature pour résoudre ses propres problèmes et essayent de le faire pour lui, en imposant des recettes. Soit ils pensent que le peuple syrien n'a pas le droit de décider pour lui-même. Soit tu n'es pas assez grand, soit tu n'as pas le droit, pas de troisième choix possible. J'aimerais que ce genre d'exercice ne se fasse pas et que tous les acteurs extérieurs aident les syriens à se réunir autour de la table de négociations.

Question : Mais le peuple syrien voit que les troupes de B. Assad ne contrôlent pas la grande partie du pays.

S. V. Lavrov: Mais en même temps les syriens voient que les troupes de B. Assad contrôlent une très grande partie du pays. Et c'est bien le cas. Le pays est en conflit armé interne.

J'ai déjà donné un exemple de ce que veulent ceux qui écrivent un scénario de reformes pour la Syrie depuis l'étranger. Ils veulent que B. Assad retire ses troupes d'une manière unilatérale. Personne ne pourra le convaincre de le faire. Personne. Les forces gouvernementales, en voyant que leurs opposants refusent de parler d'un cessez-le-feu, en voyant qu'on leur demande de déposer unilatéralement les armes (nous parlons ici de capitalisation), en voyant tout cela ils ont, il paraîtrait, décidé de combattre jusqu'au bout. A quoi pouvait-on s'attendre d'autre ? On voulait clairement les provoquer à cela. Et ça donne le prétexte à ceux qui veulent recourir à la force de dire : « Voyez ! Il refuse de se rendre et le Conseil de sécurité de l'ONU ne fait rien ! ».

Question : Damas est en train de conduire des frappes aériennes contre des civiles innocents en utilisant des armes et des moyens achetés à la Russie. La Russie continuera-t-elle à livrer des armes en Syrie ?

S. V. Lavrov: Soyons honnêtes. Il s'agit là d'armes achetés à l'Union Soviétique. Nous avons à maintes reprises affirmé que nous avons rempli nos obligations selon nos anciens contrats. Nous n'en avons pas encore conclu de nouveaux.

Question : Il y a quelques jours plus de 130 États, mis à part la Russie, la Chine et certains pays de l'Amérique Latine, ont condamné le régime de B. Assad au sein de l'Assemblée générale de l'ONU. La Russie ne craint-elle pas de, comme le disent certains politologues, se retrouver en isolation politique ?

S. V. Lavrov: En premier lieu il faut noter que la Russie et la Chine ont à maintes reprises condamné le régime de B. Assad. Nous parlons ici d'une résolution qui contenait des obligations unilatérales. Elle ne reconnaissait pas le fait objectif que ce n'est pas seulement le régime qui use de la force, c'est aussi l'opposition, des gens meurent par la main de l'opposition. Elle ne contenait pas le fait, comme l'ont il n'y a pas longtemps constaté les organisations humanitaires internationales, que c'est l'opposition armée et le régime commettent tous deux des crimes contre l'humanité. C'est parce que les auteurs de la résolution n'ont pas voulu reconnaître ces faits que nous étions forcés de voter contre. La Russie condamne le régime et l'opposition pour les violations qui sont sur leur conscience.

En ce qui concerne les craintes vis-à-vis des positions russes dans le monde, on ne peut pas appeler cela une isolation. Je peux vous donner beaucoup d'exemples quand au sein de l'Assemblée générale ou du Conseil de sécurité un seul pays vote contre, alors que le reste vote pour. Cela concerne le règlement au Proche-Orient, l'embargo contre Cuba et bien d'autres questions. Personne ne parle d'isolation. C'est des positions. Mais je répète que nos votes, y compris l'usage du veto au Conseil de sécurité, ne sont aucunement capricieux et ne sont pas biaisés idéologiquement contre quelqu'un. C'est une position de principe en protection de la Charte des Nations unies.

Vous avez utilisé le mot « révolution ». Le Conseil de sécurité ne s'occupe pas de révolutions. Quand nos collègues du Conseil national syrien se sont rendus à Moscou (B. Ghalioun en novembre 2011 et A. Sayda en juillet 2012) ils ont dit : « Ce qui se passe en Syrie c'est une révolution. » Mais si c'est une révolution, alors le Conseil de sécurité ne s'en occupe pas. Il s'occupe des règlements pacifiques en recourant contre les parties qui violent le processus de paix. En cas d'espèce c'est les deux parties.

Nous ne nous sentons pas isolés. Des opposants au régime viennent nous parler et nous avons un dialogue normal avec l'opposition intérieure et extérieure. Il n'y a pas longtemps des représentants du Comité de coordination national de la Syrie s'étaient rendus en Russie. Leur position est très proche de la notre : mettre fin à la violence par toutes les parties, libération de tous les prisonniers politiques et des personnes enlevées par le gouvernement et l'opposition, livraison d'aide humanitaire, début du dialogue politique qui serait interne à la Syrie et inclurait toutes les mouvances politiques.

Je ne connais pas un seul pays arabe qui ferait semblant que la Russie se trouve en isolation. Pratiquement tous nos collègues arabes confirment leur désir d'approfondir la coopération avec la Russie, d'approfondir la collaboration dans les domaines économiques et diplomatiques. Nous avons senti l'intérêt de l'Égypte et de la Tunisie, où des parties à orientation religieuse sont venus au pouvoir, ainsi que de la Libye, où des libéraux sont pour l'instant au pouvoir. Ils ne sont pas intéressés par le gel des relations, mais bien par leur continuation.

Question : Les populations arabes sont de plus en plus mécontentes, car les arabes ont pendant longtemps pensé que l'URSS et la Russie par la suite soutenait des peuples, pas des régimes.

S. V. Lavrov: Tout dépend de l'image qu'on fait de nous dans les médias. Je pense que ceux qui regardent les chaînes de télévision russes, les reportages qu'elles produisent depuis la Syrie, ont une image différente de ceux qui sont privés de cette possibilité.

Question : S'agit-il seulement des médias ?

S. V. Lavrov: L'opinion publique est formée par les politiciens et les médias. Quand les médias disent qu'un général russe a été tué en Syrie et par la suite on apprend que c'est des mensonges, alors cela fait partie intégrante de l'image. On a beaucoup parlé de la mort du général et du fait qu'il était un conseiller de B. Assad. Du fait que c'étaient des mensonges on a parlé timidement, au point où personne n'a rien entendu. La même chose se passe maintenant avec le soi-disant interview du représentant spécial du président de la Russie pour le Proche-Orient, vice-ministre des Affaires étrangères de la Russie M. L. Bogdanov. Je n'ai personnellement jamais entendu parlé du journal « Al-Watan ». M. L. Bogdanov ne leur a jamais parlé. Il a lui-même écouté l'enregistrement sur le site du journal, où on entend clairement que la personne répond à ses propres questions. Une « intox » habituelle.

Nous avons été témoins d'épisodes quand durant la guerre dans le Caucase en août 2008 CNN montrait le ville ossète de Tskhinval, dans lequel entraient des chars géorgiens et écrasaient des femmes et des enfants sous les chenilles. Les images s'accompagnaient de la notice suivante : « Les troupes russes entrent dans la ville géorgienne de Gori. » Il n'y a pas longtemps des chaînes de télévision montraient les événements en Irak d'il y a dix ans en disant que c'est les crimes du régime de B. Assad contre les civils syriens.

Beaucoup repose sur les médias. Quand les citoyens disent que la Russie a toujours soutenu les peuples et non pas les régimes, ils ont absolument raison. Nous nous soucions du peuple syrien. La position que nous avançons, notamment la nécessité de remplir les obligations imposées par la réunion de Genève, est dictée par le désir de mettre tout de suite fin à l'effusion de sang et de minimiser le nombre des victimes. Ceux qui demandent que l'opposition syrienne continue sa lutte armée jusqu'au bout incluent dans leurs appels un prix de centaines et de milliers de vies syriennes d'un côté comme de l'autre. Là est toute la différence.

Notre position ne comporte aucun soutien au régime. Nous l'avons condamné, nous l'avons critiqué, nous l'avons appelé d'accepter l'initiative de paix de la LÉA, le plan de K. Annan, la Mission d'observation de l'ONU et le Communiqué de Genève. Quoi qu'on puisse penser des actions de B. Assad, il a fait tout cela. Il a même nommé un négociateur, comme l'ont demandé les participants à la réunion de Genève. Mais les mêmes demandes faite à l'opposition continuent d'être ignorées.

J'ai la question suivante : alors qui est pour le dialogue ? Admettons que le président syrien est prêt au dialogue car il subit des pressions de toute part et il souffre sous les sanctions. Néanmoins, si à Genève tout le monde était sincère et demandait l'accord du gouvernement et de l'opposition, B. Assad a dit : « Voici mon négociateur. »

Alors je ne tomberai pas dans le piège des clichés de propagande. Les peuples et les dirigeants des pays arabes comprennent les choses suivantes.

En premier lieu, la Russie les a soutenu durant le « printemps arabe », nous avons soutenu leurs aspirations.

En second lieu, nous sympathisons avec les processus qui se passent en Égypte, en Tunisie et en Libye et notre objectif est que la situation se normalise le plus vite possible. Des réformes politiques ont eu lieu, des élections libres ont été tenues et le peuple respire plus librement. L'économie souffre, car l'Égypte et la Tunisie connaissent un déclin du nombre de touristes etc. Nous espérons que l'économie se remettra en marche dès que les perturbations politiques cesseront. Nous sommes prêts à coopérer dans ces domaines. Nous avons pas mal de projets économiques, commerciaux et d'investissement planifiés et réalisés.

En troisième lieu, quand le « printemps arabe » se calmera, quand il y aura une ère nouvelle, des élections, la démocratique, alors tous comprendront que leurs aspirations sont réalisés et qu'il ne faut que travailler pour que la vie soit encore meilleure. Mais les problèmes existants ne partiront pas, notamment le règlement au Proche-Orient. Tout le monde comprend que la Russie n'aura jamais une position biaisée sur ces sujets et que la Russie pourra encore être utile dans bien des choses.

Question : Qu'entend entreprendre la Russie suite à l'échec des pourparlers d'Istanbul et de Moscou sur le programme nucléaire iranien ?

S. V. Lavrov: C'est comme ça qu'on définit le ton de la discussion. Votre première question était que faire suite à l'échec du plan de K. Annan. Désormais vous demandez que faire suite à l'échec des pourparlers d'Istanbul et de Moscou.

Nous ne considérons pas ça comme un échec. Ceux qui parlent ainsi ne font que de la rhétorique hystérique. Ce n'est pas correct. Tout contexte de confrontation sur ce sujet serait contre-productif. A Istanbul et à Moscou, ainsi que dans le cadre d'autres contacts, nous avons fait un progrès qui est peut-être petit, mais il faut se rappeler que les parties n'ont jamais aussi ouvertement et clairement expliqué leurs approches. Et non pas avec des déclarations, mais en se basant sur les aspects exacts du problème : les pourcentages d'enrichissement de l'uranium, l'arrêt de l'enrichissement, les pas qui seront fait en retour etc. Nous avons travaillé sur le principe du « pas à pas » et de réciprocité. Nous avons besoin d'une « feuille de route » qui ferait une liste des pas que l'Iran doit faire et les pas qui seront fait en direction de l'Iran s'il le fait. Nous avançons sur cette voie. Outre l'explication claire des positions, chaque partie a aussi explicité sa vision sur la résolution des problèmes liés notamment à l'enrichissement de l'uranium à un certain pourcentage. Ce n'est pas la fin du chemin et il est important de comprendre qu'aujourd'hui les pourparlers sont le seul moyen de résoudre le problème du programme nucléaire iranien. Certes lentement, mais nous trouvons des voies qui nous permettront de commencer à résoudre ce problème. Ça ne se fera pas rapidement et le chemin sera long. Les différences entre l'Iran et les Six restent et elles sont considérables. Mais elles ne sont pas plus sérieuses que les différences dans le règlement des conflits arabo-israélien et israélo-palestinien, les différences sur le Sahara Occidental et le problème de création d'une zone sans armes de destruction massive au Proche-Orient. Alors je ne vois pas de raisons de considérer que le programme nucléaire iranien est le seul qui va obligatoirement « exploser » et qui ne mérite aucun retard.

Question : Pour certains pays, par exemple Israël, c'est un problème majeur.

S. V. Lavrov: Nous sommes en contact avec nos partenaires israéliens. Il n'y quelques jours j'ai eu une discussion téléphonique avec mon collègue A. Lieberman. Nous ne penserons jamais que le recours à la force pourrait être une solution durable.

Le problème majeur de la région, à mon avis, est que l'Iran n'a pas de place en égal derrière la table des négociations. Oui, Israël, les États-Unis et la plupart des pays du Golfe Persique ont des questions pour l'Iran. Mais si ces questions servent à isoler l'Iran, le priver de participation aux événements dédiées à la sécurité régionale, alors nous perdons un moyen d'influence sur la situation. Il est important pour nous que tous ceux qui ont de l'influence sur les événements participeraient au processus des négociations au lieu de se trouver isolés.

Question : Mais comment pourrait-on inviter l'Iran alors qu'il n'y a pas longtemps il menaçait de fermer le détroit d'Ormuz ?

S. V. Lavrov: C'était une décision du Parlement. Quelques jours à peine après ça le chef du MAE de l'Iran A. Salehi a déclaré que cette position n'est pas réaliste. Alors je ne pense pas que la déclaration du Parlement sera suivie de mesures concrètes. Cela prouve encore une fois qu'il faut éviter la rhétorique de confrontation. Après tout, de l'autre côté nous entendons des menaces de bombarder l'Iran, car il n'aurait pas de place parmi les États civilisés. C'est la spirale et le cercle vicieux de la rhétorique qui n'amèneront à rien de bon.

Question : Comment évaluez-vous les relations de la Russie avec les pays du Golfe Persique ? La situation de la Syrie a-t-elle un impact sur ces relations ?

S. V. Lavrov: Elle a certes un impact, mais nous avons des bonnes relations avec les pays de la région, tout comme avec le Conseil de coopération du Golfe. Nous avons tenu une première rencontre au niveau des ministres en novembre de l'an passé. Nous avons établi un dialogue stratégique. La deuxième réunion devra se tenir en Russie et nous discutons en ce moment des dates exactes. Nous pensions d'abord la tenir en juin, mais ça ne jouait pas au niveau des calendriers. Il y a environ deux semaines j'ai parlé avec S. Faisal, ministre des Affaires étrangères de l'Arabie Saoudite. Nous avons convenu que nous trouverons le moyen de tenir cette réunion en automne à Moscou. En ce qui concerne nos différences sur la Syrie, je dois dire que nos objectifs principaux coïncident. Cet objectif principal est que la paix et la tranquillité reviennent en Syrie et que le peuple syrien connaisse une vie meilleure.

Question : Mais la plupart de pays ne veulent pas que B. Assad reste au pouvoir après tout ce qui c'est passé, alors que la Russie le veut.

S. V. Lavrov: Voilà pourquoi la population des pays arabes a une telle position sur la Russie. Il ne faut pas parler comme ça. Vous l'avez dit comme si vous avez ingéré avec le lait maternel le fait que la plupart des pays arabes ne veulent pas que B. Assad reste au pouvoir, alors que la Russie le veut. C'est un « lapsus freudien », vous l'avez dit inconsciemment. Mais ce n'est pas du tout le cas. Cela nous est égal qui sera au pouvoir en Syrie. L'important c'est que ces gens devront être élus par le peuple syrien au cours d'élections libres, sans influence de l'extérieur. Le reste est au au peuple syrien de décider. Nous accepterons tout résultat.

Je vous rappelle qu'en mars nous avons rencontré certains de nos collègues arabes du Golfe Persique et de la LÉA en général et nous avons élaboré cinq principes que nous avons rendu publiques devant les médias avec mon collègue qatari, le cheikh Hamad bin Jassem Al Thani. Le premier principe consistait en la fin de la violence, la livraison sans entraves d'aide humanitaire partout, le caractère inacceptable de l'ingérence extérieure et la nécessité des syriens de se parler les uns les autres afin de trouver une solution pour l'avenir.

Quand j'entends par la suite, y compris de la part du cheikh Hamad bin Jassem Al Thani, des appels à l'intervention militaire en Syrie, alors je ne comprends pas comment il a pu donner son accord durant notre discussion sur le caractère inacceptable de toute intervention de l'étranger. Nous tentons d'être cohérents. Parfois nos partenaires virent à 180 degrés dans leur position et nous ne pouvons malheureusement pas y faire grand chose.

Question : Ces derniers temps certains médias occidentaux et arabes vous nomment « Monsieur Non ». C'est le nom donné autre-fois à A. A. Gromyko. Cela vous agace-t-il ?

S. V. Lavrov: Absolument pas, en fait je n'en savais rien. Tant qu'il n'y a pas de violation du droit international je suis fier d'être « Monsieur Non ».


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