Commentaire du Département de l'information et de la presse du Ministère des Affaires Etrangères de la Russie sur la situation autour de l'Ukraine
Les décisions, les déclarations et les plans d'organisations européens et euro-atlantiques au sujet de la crise ukrainienne récemment annoncés dans les capitales européennes - Bruxelles, Vienne, Strasbourg - imposent à se questionner sur les objectifs réellement poursuivis par nos partenaires et sur les moyens qu'ils sont prêts à investir au nom de leurs réalisations et, en même temps, sur les sacrifices qu'ils accepteraient eux-même de supporter.
Surtout parce qu'au niveau des relations bilatérales avec les mêmes membres de ces organisations, on nous parle souvent de compréhension, de volonté de travailler vraiment ensemble et d'éviter de créer de nouveaux obstacles. Mais apparemment, lorsque tous les intéressés se réunissent pour trouver des solutions mutuellement acceptables, ce sont les plus braillards qui finissent par l'emporter et qui mettent leurs propres intérêts politiques, économiques, historiques et archivistiques au-dessus des objectifs communs. Les voix raisonnables des petits et grands pays qui tiennent à nos relations bilatérales et qui se rendent réellement compte de la communauté des valeurs de nos peuples, se noient dans la voix de la foule.
En outre, les partenaires occidentaux, tout en faisant une promotion active de leurs idées sur la mise en place d'un groupe de contact sur l'Ukraine, se décident, en même temps, de réduire le travail dans le cadre des forums traditionnels et dans les domaines les plus importants de notre coopération.
La chaîne des événements à laquelle nous avons assisté montre que, pour arriver à leurs buts, nos partenaires ne dédaignent aucun moyen pour y arriver. L'entraînement obstiné de l'Ukraine dans l'association avec l'UE, qui néglige l'état réel de la société ukrainienne, s'est fait par le biais d'un soutien provocateur aux manifestations antigouvernementales de Maïdan. En lieu et place de la signature de l'accord entre le président et les leaders de l'opposition ce 21 février - et qui a été piétinée déjà le lendemain -, est venue la reconnaissance hâtive du nouveau régime illégitime à Kiev. A présent, on s'occupe à donner du crédit aux tentatives de Kiev de détourner l'attention aussi bien des "commissaires" de "l'Euro-Maïdan" que de l'opinion publique, des vrais problèmes relatifs à la démocratie, aux droits de l'homme, à l'économie et à la 'crise de Crimée'. Comme si l'autre partie de l'Ukraine, la partie occidentale, avec ses problèmes évidents, n'existait pas.
Le 6 février à Bruxelles, une réunion extraordinaire du Conseil Européen, a de nouveau manqué l'occasion de donner une évaluation objective et juste aux événements en Ukraine. A Moscou, les résultats de cette réunion ont été accueillis avec perplexité, en particulier en ce qui concerne la menace d'imposer des sanctions à la Russie. L'Union Européenne devrait être pleinement consciente du fait qu'une mesure restrictive ne restera pas seulement sans réponse, mais frappera les intérêts propres de l'UE et de ses pays membres.
Ceci s'applique également aux tentatives de sanctions de la part de l'OTAN.Un certain nombre d'?tats participant, ainsi que les structures exécutives de l'OSCE, elles aussi, ont fait preuve à l'égard de la situation en Ukraine de la pire tradition des doubles standards. Contrairement à leur mandat, pas un mot n'a été dit sur la montée des sentiments nationalistes et néo-nazis et ils n'ont, bien sûr, "pas remarqué" les actions violentes des forces extrémistes.
Les tentatives à peine déguisées de fermer les yeux sur des crimes commis à Kiev et en Ukraine occidental, vont de paire avec la volonté de suivre de près les démarches légitimes des autorités de Crimée visant à déterminer, de manière autonome, leur propre avenir. Ceci se fait, du surcroît, au détour du principe de consensus qui constitue la pierre angulaire pour l'OSCE, sans tenir compte des avis et recommandations de la partie russe et sans attendre des invitations officielles des autorités de Crimée.
Nous sommes convaincus qu'une aide internationale pour stabiliser la situation en Ukraine pourrait être utile et efficace, mais seulement à condition qu'elle soit objective. Et pour cela, avant tout, l'OSCE devrait condamner tous les actes de violence perpétrés par ceux que l'on appelle les "Maïdanovtsy", de déclarer illégal le coup d'état à Kiev et de commencer un travail méthodique et cohérent visant à aider les différentes forces politiques en Ukraine dans la mise en ?uvre de l'Accord du 21 février dernier.
Les déclarations de certains membres de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, qui ne dédaignent pas de parler même de "désirabilité" de cesser la coopération avec les parlementaires russes au sein de l'APCE, en les privant du droit de vote ou de pouvoirs, et ceux plus éloignés de la vie réelle qui vont jusqu'à menacer d'excommunier la Russie du Conseil de l'Europe, provoquent l'incompréhension et la déception. Nous exprimons l'espoir que la position du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe continuera à être fondée sur une approche responsable et équilibrée, fondée sur une évaluation sereine de la situation et une volonté de maintenir un dialogue ouvert.
Nous espérons que le bon sens prévaudra globalement dans les organisations européennes et euro-atlantiques, et qu'ils seront en mesure de remplir leur fonction principale qui consiste à réaliser une plus grande cohésion européenne. Et que l'Union Européenne, qui essaie de jouer, mais pas toujours avec succès, un rôle de premier plan en Ukraine, ne se décidera pas à prendre des mesures qui pourraient nuire à sa crédibilité en tant que partenaire stratégique.
Le 7 Mars 2014