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Discours du ministre des Affaires Etrangères de la Russie, Sergueï Lavrov, devant les participants du programme scientifique et éducatif annuel organisé par la Fondation Gortchakov pour diplomatie publique: "Dialogue pour l'avenir: la Russie et le reste du monde", Moscou, 12 décembre 2014

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Cher Leonid Vadimovitch,

Chers amis,

Je suis heureux de vous rencontrer au ministère des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie. Nous soutenons la Fondation Gortchakov et ses programmes. Je pense que votre programme "Dialogue pour l'avenir: la Russie et le reste du monde" est une des missions les plus porteuses, importantes et nobles. J'espère que le cycle actuel de vos réunions sera utile et productif.

Aujourd'hui, quand la situation dans le monde est assez compliquée, il est difficile de surestimer l'importance de ces réunions qui aident à renforcer le climat de confiance et de compréhension mutuelle dans les affaires internationales et, surtout, parmi les jeunes.

Il est réjouissant de constater que l'origine géographique des participants au projet est en train de s'élargir. Si je comprends bien, ceux qui se sont réunis aujourd'hui, représentent non seulement l'espace post-soviétique, mais également un certain nombre de pays d'Europe et d'Asie. Nous, au ministère des Affaires Etrangères, saluons singulièrement la participation de la société civile dans la réflexion sur des processus globaux. Nos sommes toujours prêts à examiner et à soutenir toutes vos initiatives. Parfois, certaines de vos propositions peuvent paraître exotiques, mais un regard neuf ne fait jamais tort.

Le 4 décembre, dans son discours à l'Assemblée Fédérale de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine a présenté, de façon détaillée, comment notre pays perçoit la situation internationale et les priorités de sa politique étrangère. Aujourd'hui, je voudrais faire le point sur certains aspects qui caractérisent les relations internationales à un moment-charnière qui, à notre avis, n'est pas moins qu'un tournant historique, une poursuite du processus de formation d'un ordre mondial nouveau, lequel est polycentrique, plus démocratique et équitable. Ce processus avance péniblement. Les nouveaux conflits viennent s'ajouter à des conflits anciens non résolus. Il reste encore à trouver une solution à la crise intérieure ukrainienne, résultat d'une pression exercée sur Kiev de l'extérieur, afin qu'il fasse un choix orienté exclusivement vers l'occident, au détriment de l'est. L'ébullition continue dans les régions du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, où la menace du terrorisme et de l'extrémisme est en train de s'amplifier, notamment à travers un renforcement sensible de l'Etat Islamique qui est en train de se transformer en une véritable armée terroriste.

La pratique d'exportation, dans les différentes régions du monde, de la démocratie, du changement de régime, de l'organisation à cet effet de «révolutions de couleur» ou d'utilisation d'autres méthodes visant à imposer de l'extérieur à des peuples souverains des recettes qui ne tiennent pas compte de leurs traditions et caractéristiques nationales, reste un sérieux facteur de déstabilisation .

Nous sommes convaincus qu'il est parfaitement possible et tout à fait impératif de renverser cette tendance négative. C'est un vrai défi, celui de nous atteler à préconiser un dialogue mutuellement respectueux, d'accepter de renoncer à la politique de contention, à la croyance en sa propre infaillibilité, à la pratique d'actions unilatérales et aux jeux de «somme nulle». Cela nécessitera une approche collective, s'appuyant sur le droit international, sur le rôle central de coordination de l'ONU et sur le respect du droit des peuples à déterminer leur propre destin. Les événements récents montrent que la conjugaison des efforts nous permet de réaliser des progrès dans la résolution de problèmes, même les plus difficiles. Nous avons déjà mentionné le succès des travaux sur l'élimination des armes chimiques en Syrie, les progrès importants accomplis dans les négociations sur le programme nucléaire iranien. Il y a également d'autres signes montrant que nous pouvons conjuguer nos efforts de façon mutuellement avantageuse, afin d'atteindre un résultat.

Une chance réelle est apparue pour assurer la paix en Ukraine. Avec quelques difficultés, une trêve et un cessez le feu ont fini par s'installer. Nous avons une base commune pour des avancées constructives dans d'autres dossiers, y compris la réhabilitation économique de Donbass, l'établissement d'un dialogue politique, qui devrait finalement conduire à une réforme constitutionnelle en Ukraine avec la participation de toutes les régions et les forces politiques dans le pays - tel est l'engagement que les autorités de Kiev ont déjà pris en avril. A présent, il est important de trouver un moyen de reprendre le travail du Groupe de Contact, avec la participation de représentants du gouvernement ukrainien, des leaders des républiques populaires proclamées de Donetsk et Lugansk, ainsi que de la Russie et de l'OSCE.

En ce moment, le calendrier des réunions à Minsk est en train d'être négocié. Nous coopérons activement à l'obtention d'un accord dans les plus brefs délais.

En général, si l'on devait parler d'espace géopolitique plus large et en tenant compte de l'origine de la crise ukrainienne, il est important de commencer de parler de la création progressive, mais systématique, d'un espace économique et humain commun de l'Atlantique au Pacifique, dans lequel le principe de l'indivisibilité de la sécurité serait d'application, ce qui assurait qu'aucun pays ne soit tenté de renforcer sa sécurité au détriment des autres. Depuis longtemps, nous avons présenté des propositions en ce sens au grand jour de la communauté internationale. Le président russe Vladimir Poutine a expliqué à plusieurs reprises le fond de notre approche. Plus récemment, les 4 et 5 décembre derniers, lors de la réunion du Conseil Ministériel de l'OSCE à Bâle, nous avons affirmé la volonté d'avoir une discussion sérieuse sur ce sujet et nous avons senti un intérêt croissant pour cette initiative de la part d'un certain nombre de pays européens.

Nous ne cherchons pas et n'emprunterons jamais la voie de l'auto-isolement. Nous sommes intéressés de développer des relations avec le plus grand nombre pays possible, à l'Est, à l'Ouest et au Sud. Ces relations devraient être fondées sur les principes de l'égalité, du respect mutuel et de la considération des intérêts. Les exemples d'une telle politique de notre part sont nombreux, notamment les deux visites récentes du président russe Vladimir Poutine en Ouzbékistan et en Inde.

Nous cherchons à renforcer la coopération mutuellement bénéfique avec les pays de la CEI au sein de différentes structures. A partir du 1er janvier 2015, l'Union Economique Eurasienne (CEEA) constituée par la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, deviendra opérationnelle, - union à laquelle est en train d'adhérer l'Arménie et qui sera suivie par le Kirghizistan, étant une association ouverte à nos voisins et à d'autres partenaires. Nous considérons ce projet comme une partie intégrante des processus qui se déroulent en Europe, où l'intégration a lieu principalement au sein des structures de l'Union Européenne, et dans la région Asie-Pacifique, qui est devenue le moteur du développement économique du monde et où opèrent de nombreuses associations prometteuses d'intégration et d'autres. En guise de premier pas dans l'harmonisation de ces processus, nous avons proposé d'entamer un dialogue sur la création d'une zone de libre-échange entre l'UE et la CEEA. Une telle proposition a été faite par le président russe Vladimir Poutine en janvier de cette année à Bruxelles, lors d'une réunion avec les dirigeants de l'Union Européenne.

En outre, il y a le Traité sur la zone de libre-échange qui opère déjà au sein de la CEI. Ce Traité a été signé le 18 octobre 2011, est déjà ratifié et est en train d'entrer en vigueur dans de nombreux pays comme étant un outil efficace pour stimuler le commerce et la coopération économique au sein de la Communauté. Nous sommes en train d'approfondir interaction au sein de l'OTSC, qui est conçue pour nous aider à répondre, ensemble et de manière efficace, aux défis et aux menaces de notre temps.

Le président russe Vladimir Poutine a souligné à maintes reprises que la coopération dans la région Asie-Pacifique (APR) est, pour nous, très importante au niveau stratégique et constitue une priorité pour tout au long du XXIe siècle. En tant qu'une des puissances du Pacifique, la Russie va mettre l'immense potentiel du développement rapide de la région Asie-Pacifique au profit, entre autres, du redressement de l'Extrême-Orient et de la Sibérie orientale. Je souligne que nous voulons le faire, non pas à titre d'alternative aux relations avec l'UE et l'Occident en général, mais en complément à ces dernières.

Nous nous inspirons des intérêts universels quand nous participons activement à divers mécanismes multilatéraux, y compris l'ONU et son Conseil de Sécurité, le G20, mais également BRIC et OCS dont les sommets se tiendront en Russie en 2015, dans la ville d'Oufa, en Oural.

Ceci est un bref aperçu et un rappel des priorités de notre politique étrangère. J'attends avec intérêt vos questions et commentaires et une discussion interactive. Chacun d'entre vous sera bientôt amené à prendre la responsabilité du développement de son propre pays. Pour nous, ces réunions sont très utiles. 

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