Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 30 mars 2017
Sur l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec son homologue kirghiz Erlan Abdyldaev
Le Ministre kirghiz des Affaires étrangères Erlan Abdyldaev est attendu à Moscou du 2 au 4 avril à l'invitation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Les deux chefs de diplomatie vont échanger leurs points de vue sur les principaux aspects de la coopération bilatérale dans les domaines politique, économique, militaire et social, y compris sur le travail dans le cadre de l'Union économique eurasiatique. Ils aborderont également leur coopération sur la scène internationale et notamment les plateformes de l'OTSC, de la CEI, de l'OCS, de l'Onu et de l'OSCE. Une attention particulière sera accordée à la sécurité régionale.
Nous espérons que l'entretien entre les deux ministres permettra de passer en revue les efforts des parties pour mettre en œuvre les accords conclus pendant la visite officielle du Président russe Vladimir Poutine au Kirghizstan le 28 février afin de renforcer les liens bilatéraux dans le cadre d'un dialogue politique intense reflétant la forte dynamique des relations de collaboration et de partenariat stratégique entre les deux pays.
Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de la CEI
Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participera le 7 avril à Tachkent à la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères (CMAE) de la Communauté des États indépendants (CEI).
La Russie préside ce conseil cette année. Le 9 septembre 2016, le Président russe Vladimir Poutine a validé le Concept de la présidence russe de la Communauté et son Plan de mise en œuvre, qui englobent pratiquement tous les secteurs de la coopération multilatérale au format de la CEI. La réunion du CMAE à Tachkent est l'un des rendez-vous clefs des principaux organes statutaires prévus pour 2017, dont le Conseil des chefs de gouvernement de la CEI prévu pour le 26 mai à Kazan ainsi que le Conseil des chefs d’État de la CEI prévu pour octobre à Moscou.
La Communauté joue aujourd'hui un rôle unificateur très important. Dans le Concept de la politique étrangère de notre pays validé par le Président russe Vladimir Poutine le 30 novembre 2016, le développement de la coopération bilatérale et multilatérale avec les États membres de la CEI et le renforcement des structures d'intégration dans l'espace de la CEI avec la participation russe sont qualifiés de priorités de la politique étrangère de la Fédération de Russie.
Cela explique l'agenda chargé de la réunion à venir. Les ministres évoqueront un large éventail de questions relatives au développement de la coopération interétatique et à la coordination de la politique étrangère des États membres de la CEI, et échangeront leurs points de vue sur les problèmes d'actualité de la politique étrangère.
Le point central de cette réunion du CMAE de la CEI est l'adoption d'une déclaration conjointe des ministres des Affaires étrangères des États membres de la CEI sur le caractère inadmissible de la discrimination et de l'intolérance à l'égard des chrétiens, des musulmans et des représentants d'autres confessions. Il est également prévu de tirer un bilan intermédiaire du travail effectué dans le contexte de la mise en œuvre de la décision du Conseil des chefs d’État de la CEI du 16 septembre 2016 sur l'adaptation de la Communauté aux réalités contemporaines prévoyant un ensemble de mesures visant à renforcer le statut de la CEI, à améliorer l'efficacité du travail de ses organes et à optimiser les dépenses budgétaires de l'organisation. De plus, les participants aborderont les questions de coopération dans le domaine des forces de l'ordre et le secteur social.
Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la 25e Assemblée du Conseil de politique étrangère et de défense
La 25e Assemblée du Conseil de politique étrangère et de défense (CPED) se déroulera du 8 au 9 avril. Le Conseil fête son 25e anniversaire et son magazine Russia in Foreign Policy ("La Russie dans la politique étrangère") ses 15 ans. Les membres du CPED, les représentants des milieux académiques et des principaux centres analytiques ont l'intention d'évoquer les nouveaux facteurs et tendances du développement mondial dans le cadre du thème principal de l'Assemblée – "La politique mondiale. Changement de système".
Selon la tradition établie, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participera à l'Assemblée le 8 avril. Le Ministre partagera sa vision de la situation actuelle dans la politique mondiale, parlera des axes de travail prioritaires des diplomates russes, de nos approches des questions centrales de l'agenda international, ainsi que de la vision et des appréciations du Ministère russe des Affaires étrangères.
Le Ministère russe des Affaires étrangères apprécie grandement la coopération fructueuse avec le CPED. Avec d'autres ONG internationales, le CPED réalise un accompagnement d'expert efficace de la politique étrangère, prépare des rapports d'analyse à la demande du Ministère des Affaires étrangères et élabore des recommandations pratiques. Le CPED accord beaucoup d'attention aux élaborations d'idées et de propositions novatrices, dont certaines se concrétisent déjà. Le Conseil de politique étrangère et de défense est devenu une véritable marque.
Sur l'organisation à Moscou de consultations régionales sur l'Afghanistan
Nous avons déjà commenté ce sujet en répondant à vos questions. Je voudrais y revenir un peu plus en détail aujourd'hui.
Le prochain cycle de consultations régionales sur l'Afghanistan se tiendra à Moscou le 14 avril. Pendant les pourparlers, les participants évoqueront la situation en matière de sécurité en Afghanistan et ses perspectives d'évolution. D'après nous, le principal objectif de cet événement consiste à élaborer une approche régionale commune pour avancer sur le processus de réconciliation nationale dans le pays tout en maintenant le rôle dirigeant de Kaboul et le respect des principes approuvés et étudiés plus tôt concernant l'intégration de l'opposition armée à la vie pacifique.
Des invitations à participer aux consultations ont été envoyées à l'Afghanistan, à l'Inde, à l'Iran, à la Chine, au Pakistan, aux pays d'Asie centrale et aux USA. Je voudrais dire qu'en principe Washington et les représentants américains officiels nous ont fait part de leur souhait de participer à ce rendez-vous et à une discussion internationale à ce sujet. Une invitation leur a été envoyée. La plupart des représentants des pays mentionnés ont déjà confirmé leur participation. Prochainement, nous attendons la réponse de certains partenaires d'Asie centrale. Nous trouvons primordiale la participation à cette activité des délégations d'Asie centrale, comme cela a été convenu pendant la dernière réunion au format de Moscou le 15 février. Ainsi, tous les voisins de l'Afghanistan et les pays clefs de la région seront représentés aux prochains pourparlers. Nous regrettons le refus de Washington d'y prendre part. Les USA sont un acteur important en ce qui concerne l'Afghanistan et leur adhésion aux efforts de maintien de la paix dans la région aurait été un signal supplémentaire envoyé à l'opposition armée afghane indiquant qu'il faut cesser le conflit armé et entamer les négociations.
Sur la situation actuelle en Ukraine
Nous sommes préoccupés par l'aggravation continue de la situation dans le sud-est de l'Ukraine. D'après les rapports de la Mission spéciale d'observation (MSO) de l'OSCE, entre 500 et 5 000 violations du cessez-le-feu ont été enregistrées par les observateurs en mars.
Entre le 13 et le 26 mars seulement, les communes situées sur le territoire des DNR et LNR ont été bombardées 14 fois, notamment par des lance-roquettes multiples interdits par les Accords de Minsk. Des immeubles résidentiels ainsi que l'école secondaire de Dokoutchaevsk ont été endommagés. 13 personnes ont été blessées. Je voudrais souligner encore une fois qu'il s'agit de bombardements contre l'infrastructure civile pacifique.
La MSO de l'OSCE continue de rapporter la présence, en violation des Accords de Minsk, de matériel lourd à proximité de la ligne de démarcation. Le rapport des forces est le suivant: 58 véhicules de l'armée ukrainienne et 24 véhicules de l'opposition.
Les observateurs de l'OSCE constatent également l'installation de mines dans le secteur contrôlé par les militaires ukrainiens dans la zone de démarcation à Zolotoï et sur la route de Katerinovka.
L'armée ukrainienne poursuit ses bombardements contre la station d'épuration de Donetsk. L'un d'eux s'est produit le 17 mars en présence, sur place, des observateurs de la MSO de l'OSCE, des officiers russes du Centre conjoint de contrôle et de coordination et des spécialistes locaux qui tentaient d'effectuer des travaux de réparation. Évidemment les frappes contre ce genre de sites comportent une menace écologique directe de pollution chimique de la zone environnante.
Quant à la situation sur le reste du territoire de l'Ukraine, la MSO de l'OSCE continue de constater des actes de vandalisme et des cas de blocages d'agences bancaires russes à Kiev, à Kharkov et à Dniepropetrovsk par des radicaux locaux avec la complaisance totale des autorités officielles.
La MSO a également observé un blocus commercial et de transport du Donbass, dont les partisans ont déclaré aux observateurs de l'OSCE qu'ils avaient trouvé un moyen de contourner les postes de police. On est surpris par les déclarations contradictoires des autorités ukrainiennes qui n'ont visiblement pas décidé définitivement de soutenir ou de condamner le blocus. De leur côté, la Banque nationale et le Ministère ukrainien des Finances ont déjà annoncé que le blocus aurait des conséquences négatives pour l'économie du pays.
Nous appelons la MSO de l'OSCE à poursuivre son observation objective de la situation aussi bien dans le Donbass que dans d'autres régions de l'Ukraine conformément à son mandat qui a été prolongé jusqu'en mars 2018.
Sur les intentions de Kiev de fixer dans la loi l'ukrainisation forcée dans tous les domaines de la vie en Ukraine
Kiev, avec une obstination qui mériterait un meilleur usage, poursuit sa ligne de dérussification totale et d'ukrainisation forcée du pays. Après des lois odieuses qui ont privé la population russophone en Ukraine du droit d'avoir accès à une information objective dans leur langue natale, les autorités de Kiev ont l'intention de légaliser de facto l'interdiction du russe même.
Un projet de loi sur la langue nationale, qui prévoit l'obligation d'utiliser l'ukrainien dans toutes les sphères de la vie quotidienne sans exception, a été soumis au Parlement ukrainien. Les tentatives d'établir dans le pays un multilinguisme officiel seront considérées comme une atteinte au renversement de l'ordre étatique et seront passibles de poursuites pénales. Je voudrais dire qu'il est question de décisions et d'actions d'un gouvernement arrivé au pouvoir de manière illégale tout en déclarant son attachement aux valeurs démocratiques européennes.
Le projet de loi adopté en première lecture le 23 mars sur les langues des médias, interdisant les publications dans les langues des pays voisins, s'inscrit dans la même lignée. Si les autorités ukrainiennes avaient pris la peine de récolter des informations sur la manière dont les questions de multilinguisme étaient réglées dans les pays d'Europe, elles auraient compris que toutes ces années qu'elles ont passées au pouvoir en déclarant leur attachement aux valeurs européennes allaient dans le sens contraire. Regardez l'expérience des pays scandinaves et de l'Europe occidentale, des États-Unis et du Canada. Voyez comment ils règlent ces questions. Après tout il n'est pas simplement question de minorités qui vivent en Ukraine mais d'un peuple qui a utilisé pendant des siècles cette langue qui a créé une culture générale en Ukraine. Et surtout il ne s'agit pas d'individus qui sont arrivés dans ce pays au cours des dernières années ou décennies mais de la population autochtone. D'après ce document, les chaînes nationales devront accorder 75% d'antenne aux émissions et aux films en ukrainien.
L'approbation de tels documents signifie la légalisation factuelle de l'ukrainisation forcée du pays, une lutte légalisée non seulement contre la langue et la culture russe mais également contre les langues d'autres groupes ethniques qui vivent en Ukraine. Cette "œuvre législative" n'est rien d'autre qu'un instrument de restriction des droits de l'homme et de lutte contre la dissidence. Dans tous les documents (des accords internationaux réglementant les droits de l'homme dans l'espace européen et nord-atlantique) signés par l'Ukraine en tant qu’État souverain, figurent des définitions très claires du caractère inadmissible de limiter les droits de l'homme dans ce domaine et de poursuivre pour délit d'opinion.
En agissant de la sorte, le régime de Kiev ne viole pas seulement sa propre Constitution qui garantit "le développement libre, l'usage et la protection du russe et d'autres langues de minorités ethniques en Ukraine" (art.10), mais illustre également son mépris ouvert des normes universelles des droits de l'homme fixées notamment dans la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, ainsi que dans la Convention-cadre sur la protection des minorités nationales. En fait, le pays instaure au niveau de l’État un "génocide linguistique".
Nous savons parfaitement pourquoi les représentants de Kiev agissent ainsi: ils subissent une forte pression des idées nationalistes portées par les radicaux qu'ils ont encouragés à agir de cette manière et n'arrivent pas, aujourd'hui, à "faire revenir le génie dans la lampe". Les tentatives de s'en prendre à la langue pour flirter avec les radicaux pourraient effectivement coûter cher à Kiev, notamment compte tenu de la forte polarisation de la société ukrainienne. Il suffit de rappeler que la tentative d'annuler en 2014 la loi en vigueur sur les fondements de la politique linguistique nationale avait provoqué la séparation de la Crimée de l'Ukraine et le début d'un conflit armé dans le Donbass. Ce sont ces prémisses qui ont conduit aux changements en Ukraine dont nous nous souvenons tous.
Sur l'évolution de la situation en Syrie
Des négociations intersyriennes se déroulent à Genève sous l'égide de l'Onu depuis le 27 mars conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies. Les consultations se déroulent séparément. L'envoyé spécial du Secrétaire général de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura et les représentants de son bureau s'efforcent de diriger les discussions entre les délégations du gouvernement syrien et l'opposition dans un sens constructif. Les représentants russes qui se trouvent à Genève - Guennadi Gatilov, Vice-ministre russe des Affaires étrangères, et Sergueï Verchinine, représentant spécial du Ministre des Affaires étrangères pour le processus de paix au Proche-Orient et directeur du Département du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord du Ministère russe des Affaires étrangères - apportent une contribution active. Moscou espère que les parties syriennes seront prêtes à chercher des compromis sur les quatre "paniers" de l'agenda convenu afin de promouvoir la paix et le rétablissement de la stabilité sur le territoire syrien.
La situation en Syrie reste tendue sur le plan militaire et politique.
Du 19 au 22 mars, l'armée syrienne a continué son opération antiterroriste dans l'est de Damas pour riposter aux tentatives des terroristes de pénétrer dans le centre de la ville. Les extrémistes du Front al-Nosra qui ont organisé cette incursion ont essuyé de lourdes pertes et ont dû reculer dans les banlieues Jobar et Kabun de la capitale qu'ils contrôlent en tirant des obus sur Damas. Les obus des terroristes ont explosé dans les quartiers Tijar, Qusur et Sayyidah Zaynab. Des victimes civiles sont à déplorer.
L'offensive de Nosra et de ses complices a été stoppée au nord de la province de Hama, où les terroristes menacent directement le centre administratif de la région ainsi que la ville de Mhardeh peuplée de chrétiens.
On répare les conséquences de la provocation sanglante d'envergure entreprise par les terroristes lors de la contre-offensive de l'armée gouvernementale. Les militaires syriens reprennent les territoires qu'ils avaient temporairement perdus.
Nous avons noté que les agissements des terroristes à proximité de Damas et de Hama étaient synchronisés et bien préparés. Les radicaux de Nosra ont réussi à faire participer à leurs opérations des combattants de groupes ayant officiellement adhéré au cessez-le-feu.
Nous sommes déçus par l'appréciation que donnent de ces événements les politiciens d'opposition et avant tout les médias régionaux et occidentaux qui ont tenté de justifier les actions des terroristes et de leurs complices en les présentant comme un "succès de l'Armée syrienne libre dans la lutte contre le régime".
Les jeux propagandistes de ce genre sont inadmissibles. Tout le monde doit avoir pour axiome que toute action entreprise avec la participation de Nosra, de Daech ou d'autres filiales d'Al-Qaïda doivent être condamnées inconditionnellement.
L'armée gouvernementale syrienne continue de repousser les terroristes de Daech à l'est de la province d'Alep. Elle a bloqué un groupe de Daech près de Dayr Hafir à Alep et poursuit l'offensive en direction de la base aérienne de Jihar contrôlée par Daech. Une opération est en cours pour la détruire.
Grâce à une opération-éclair de débarquement, les troupes de rebelles kurdes soutenues par les forces spéciales américaines ont pris le contrôle de l'avant-poste terroriste sur la rive droite de l'Euphrate et ont expulsé Daech de la base aérienne située près de Tabqa. La ville reste sous le contrôle des terroristes qui ont fait allusion à une éventuelle destruction, à cause des frappes aériennes de la coalition, du plus grand barrage de l'Euphrate en Syrie construit avec l'aide technique de l'URSS. En effet, pendant le raid aérien du 26 mars ont été endommagés deux volets de la partie sud du barrage qui étaient utilisés pour évacuer l'excès d'eau afin d'empêcher le réservoir de déborder. Actuellement les activités militaires dans la zone de la centrale hydroélectrique ont été suspendues, les ingénieurs ont pu accéder au barrage pour l'examiner et prendre des mesures pour prévenir une catastrophe.
A cet égard nous appelons tous les membres de la coalition américaine à adopter l'approche la plus sûre et responsable dans leurs actions pour remplir l'objectif d'éliminer les terroristes aussi bien en Syrie qu'en Irak afin de prévenir la mort de nombreux civils et la destruction de sites vitaux d'infrastructure civile.
Le travail se poursuit pour conclure des accords de cessez-le-feu entre les belligérants afin d'éviter des victimes inutiles et de soulager les souffrances de la population civile. Conformément au plan se poursuit l'évacuation des extrémistes et des membres de leur famille du quartier de Waer à Homs.
Les médias ont annoncé le 29 mars qu'avec la médiation du Qatar avait été conclu un accord pour évacuer les défenseurs des enclaves chiites de Fua et de Kafraya à Idleb en échange du départ des terroristes de Zabadani, de Madaya et du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk près de Damas. Nous saluons cet accord qui prévoit la sortie des terroristes et des civils qui souhaitent être évacués, un accès libre de l'aide humanitaire ainsi que des mesures pour renforcer la confiance réciproque et libérer des prisonniers et des détenus. Nous espérons que les accords conclus seront respectés à part entière.
Dans le même temps, il convient de rappeler que dans le cadre du format d'Astana la Russie a proposé à ses participants d'adopter un accord sur la région pacifiée qui déterminerait un schéma clair pour de telles trêves, notamment les engagements des parties, ce qui exclurait tout quiproquo concernant de prétendus déplacements forcés. Malheureusement, comme nous le savons, l'opposition armée a refusé de venir à Astana pour la dernière réunion en date.
Sur les propos du Ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault concernant la Syrie
Nous sommes affligés par les déclarations des capitales occidentales et des représentants officiels de différents pays concernant le processus de paix syrien, qui ne sont absolument pas objectives. Je voudrais revenir sur l'une d'elles en détail.
Alors que des efforts sont déployés pour promouvoir le processus de paix en Syrie sur les plateformes d'Astana et de Genève, nous sommes confus et attristés par les déclarations de certains partenaires occidentaux. Nous pensons que cela dépasse le cadre de la propagande. Nous pensons que ces propos peuvent être qualifiés d'incitation directe. Dans ce contexte nous avons relevé l'intervention du Ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault à l'Institut du monde arabe à l'occasion du 6e "anniversaire" du début du conflit syrien. Ses propos étaient absolument déplacés et destructifs.
Bien sûr, nous avons de nombreux différends avec nos partenaires - que vous connaissez. Nous en parlons en détail, nous exprimons notre position dans la sphère publique et notamment lors des contacts bilatéraux. Dans le même temps, nous pensons que l'aspiration sincère au règlement de la crise syrienne doit pousser tous les participants à ce processus non pas à fixer les contradictions et la critique des uns par les autres (souvent infondée), mais à rechercher des points de convergence, à élargir la zone d'entente mutuelle. Ce n'est pas très difficile à faire: il suffit de faire preuve de volonté car cette zone est décrite par les résolutions appropriées, notamment la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, les décisions du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) et d'autres documents adoptés conjointement. Il faut les voir dans leur ensemble et ne pas spéculer sur des faits en faisant passer ses désirs pour la réalité. On ne peut pas construire une stratégie antiterroriste efficace dans la lutte contre le foyer terroriste international en Syrie en la basant sur une pression politique sur le gouvernement légitime de Damas et sur ses alliés. Je voudrais rappeler que les militaires russes se trouvent sur le territoire syrien et aident les Syriens à combattre les terroristes sur des bases légales, contrairement à nos partenaires européens et américains.
Il est paradoxal de fixer pour condition le départ du président d'un État membre de l'Onu afin d'apporter une aide à la population de ce pays. On a l'impression que c'est une sorte de chantage et que Paris a complètement perdu sa notion des valeurs humanistes. Sur le plan politique il est difficile de concilier la thèse du droit du peuple syrien à disposer de lui-même et l'imposition préalable à ce peuple de conditions humiliantes: faites un choix et vous aurez le bâton, faites un autre et vous recevrez la carotte.
Dans l'ensemble, les débats publics qui continuent sur le thème "Bachar al-Assad doit partir" sont absolument contraires à nos convictions communes selon lesquelles c'est aux Syriens de déterminer leur propre avenir, y compris en choisissant le gouvernement qui les y mènera. En parlant franchement, ce slogan torpille et sape de facto toute tentative d'avancer dans le dialogue et les négociations intersyriennes, ainsi que dans la séparation des troupes de l'opposition syrienne armée des terroristes de Daech et de Nosra. Jean-Marc Ayrault en est forcément conscient.
Nous avons souligné à différentes occasions que la Russie était prête à une coopération équitable et dans le respect mutuel avec tous les partenaires qui souhaitent un règlement politique et l'élimination du foyer terroriste en Syrie. Ce sont de sérieuses priorités qui nécessitent des efforts collectifs sur la base solide du droit international. Il n’y a pas de place pour la jalousie ou la concurrence déloyale.
Sur l'évolution de la situation autour de Mossoul
La situation autour de Mossoul continue de se dégrader. L'opération militaire pour libérer la ville, qui dure depuis plus de quatre mois, n'a toujours pas atteint les objectifs annoncés - à savoir la destruction du principal bastion de Daech en Irak. En dépit des forces et des moyens utilisés dans les activités militaires, nous constatons malheureusement que les unités gouvernementales irakiennes se sont enlisées dans les combats urbains usants dans la partie ouest de la rive droite de Mossoul. Chaque pas est très difficile. Les militaires et les rebelles doivent percer la défense échelonnée de Daech qui utilise activement les habitants, la population civile, comme bouclier humain. Malheureusement, cette tactique nous est familière.
Pendant ce temps, d'après les estimations de l'Onu, jusqu'à 500 000 personnes se trouvent encore dans les régions contrôlées par les terroristes. Avec une telle densité, de quelles frappes aériennes "chirurgicales" constamment évoquées par les partenaires occidentaux peut-on parler? Réfléchissez. Les statistiques parlent d'elles-mêmes. Ainsi, selon l'information du Haut-commissariat de l'Onu aux droits de l'homme, au moins 307 habitants ont été tués et encore 273 blessés entre le 17 et le 22 mars dans l'ouest de Mossoul. Et je ne parle que des informations confirmées, dont l'Onu est sûre. Alors que dire de ce qui se passe en réalité et des victimes qu'il reste encore à découvrir? Il est déjà terrifiant de voir les chiffres réels. Et on sait que le nombre de victimes reste encore à évaluer.
Les représentants militaires américains, avec réticence, ont dû reconnaître les pertes massives parmi les civils irakiens à cause des bombardements de la coalition anti-Daech menée par les États-Unis. Le général Stephen Townsend qui commande les forces de la coalition l'a annoncé récemment. Je rappelle qu'il est question d'un raid aérien du 17 mars contre le quartier d'al-Jadida. Selon différentes estimations, 200 civils ont été tués pendant cette attaque. Le 22 mars, la frappe aérienne contre le quartier de Rajm al-Hadid a rasé un immeuble résidentiel qui abritait des habitants, dont des enfants. Et ce ne sont que les deux épisodes tragiques qui ont reçu la plus grande couverture médiatique. Le Haut-commissaire de l'Onu aux droits de l'homme Zeid Ra'ad Al-Hussein s'est très clairement exprimé à ce sujet (ce qui n'est pas toujours à son habitude), en qualifiant l'opération de libération de la principale ville du nord irakien de "massacre" de la population civile. Les forces de la coalition bombardent les quartiers civils par les airs pendant que les terroristes de Daech tuent sur le terrain.
La situation humanitaire s'est aggravée au plus haut point autour de Mossoul. Le président irakien Fouad Massoum l'a comparée à une véritable catastrophe. On peut aujourd'hui tirer la sonnette d'alarme et rappeler constamment que la ville, où vivent encore 400 000 habitants, sera prochainement à cours de nourriture et de médicaments. Les experts mettent en garde contre le risque de famine de masse si l'assaut de Mossoul était retardé. Malheureusement, c'est manifestement ainsi que la situation va évoluer. C'est une perspective très réelle.
On n'envie pas non plus le sort des centaines de milliers d'habitants qui ont réussi à quitter la ville. Leurs souffrances continuent même après qu'ils ont échappé à cet enfer. L'aide qui leur est apportée laisse à désirer. Les agences internationales le reconnaissent également.
On ignore pourquoi les grands médias restent dans le rang, suivent le mainstream. C'est tout bonnement un crime médiatique que de taire ce qui se passe à Mossoul. Les preuves de la situation apparaissent parfois dans les reportages qui présentent la situation réelle, qui racontent vraiment ce qui se passe dans cette ville.
Sur la situation humanitaire au Yémen
A l'occasion du "deuxième anniversaire" du conflit au Yémen, le Haut-commissaire de l'Onu aux droits de l'homme Zeid Ra'ad Al-Hussein a présenté les statistiques des victimes civiles du conflit, tout en précisant que ces chiffres étaient seulement ceux que son bureau avait réussi à documenter. D'après ses informations, en deux ans 4 773 personnes ont été tuées et 8 272 blessées. Dans les faits, les chiffres sont bien plus élevés. Je souligne à nouveau que l'Onu ne nie pas ces informations. Ce n'est pas tout: 21 millions de Yéménites, soit 82% de la population, ont cruellement besoin d'une aide humanitaire. Il s'agit d'une catastrophe à l'échelle de tout le pays.
Le mois dernier seulement, 106 civils ont été tués essentiellement à cause des frappes aériennes et des tirs d'artillerie navale. On mentionne notamment l'incident qui a conduit à la mort de 21 réfugiés somaliens et d'un civil yéménite en mer, tandis que 10 Somaliens sont encore portés disparus. 29 Somaliens, dont 6 enfants, ont été blessés, y compris grièvement. Les témoins affirment que le bateau qui les transportait a été frappé par un hélicoptère Apache de la coalition. Le Haut-commissaire cite de nombreux autres incidents de tirs d'hélicoptère contre des bateaux de pêche. Il rappelle également la tragédie de Khoha, où une frappe aérienne qui visait un marché a tué 18 civils.
Il a également mentionné des frappes non sélectives portées par des comités populaires associés aux Houthis et à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui ont entraîné des victimes humaines. Ces groupes empêchent aussi la livraison d'aide humanitaire à Ta'izz.
Le Secrétaire général adjoint de l'Onu aux affaires humanitaires Stephen O'Brien a tenu une déclaration similaire et constaté que même les chiffres terrifiants des pertes humaines ne reflétaient pas entièrement la gravité de la catastrophe humanitaire qui a éclaté au Yémen. L'économie du pays est sabordée et la famine est une réalité qui touche déjà 7 millions de Yéménites.
Dans le cas présent il ne s'agit ni d'une catastrophe anthropique ni d'un phénomène naturel qui s'est reflété sur le Yémen: cette histoire a une origine artificielle. J'ai noté la déclaration de l'Ambassadrice des USA à l'Onu Nikki Haley, selon qui les USA seraient la "conscience morale du monde". Si vous êtes la conscience morale du monde, ne voyez-vous pas ce qui se passe avec la population au Yémen? Ou êtes-vous dotés d'une nouvelle conscience morale hybride qui n'envoie aucun signal ni au cerveau ni à d'autres "organes mondiaux"? Il est impossible de ne pas voir ce qui se passe dans ce pays. Je comprends que les médias américains soient occupés par des problèmes complètement différents. On ne voit ni "Yémen" ni "Mossoul" ni "Syrie" à la une des journaux. C'est la "Russie" qui fait la une. Nous en reparlerons. Mais cette conscience morale ne peut pas rester silencieuse à ce point! Elle ne peut quand même pas s'atrophier à ce point? Dans ce cas, elle n'existe pas.
Deux ans de violence, d'effusion de sang, de désespoir, de famine et de destruction sont plus que suffisants pour que les parties prennent conscience de la nécessité de chercher au plus vite une voie pacifique pour régler le conflit. Tout cela ne fait que confirmer nos appréciations de la situation dans le pays et la justesse des appels réitérés à un règlement pacifique urgent.
La tâche de la communauté internationale consiste à faire cesser immédiatement toute activité militaire quels que soient les arguments avancés. Nous sommes convaincus de l'absence de solution militaire au conflit yéménite. Les belligérants doivent se rasseoir à la table des négociations avec la contribution de l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'Onu pour le Yémen Ismail Ould Cheikh Ahmed, afin d'aboutir à un cessez-le-feu durable et à un règlement du conflit par la voie politique.
Sur les nouvelles fausses informations concernant la prétendue "ingérence" de la Russie dans l'élection présidentielle aux USA
Nous avons constaté de nouvelles tentatives de jouer la "carte russe" pendant les débats politiques intérieurs aux États-Unis. Personnellement je dirais que ce ne sont pas de nouvelles tentatives mais la continuité et un nouvel élan de la campagne médiatique "infernale" qui a commencé aux USA sous l'ancienne administration. Il est question, en l'occurrence, d'une nouvelle vague d'hystérie autour des contacts diplomatiques absolument routiniers et ordinaires de la direction et du personnel de l'Ambassade de Russie à Washington.
Certains médias américains - et pas seulement - remettent sur le tapis le thème de l'"ingérence russe" dans la dernière élection présidentielle aux USA. On a l'impression qu'un nouveau cycle de campagne électorale américaine commencera prochainement. Je pense qu'il est temps de prendre conscience du fait que pendant un certain temps, il faudra travailler entre ces rounds électoraux. Il me semble que l'administration approchera le nouveau cycle électoral avec un seul résultat, à savoir la démagogie au sujet de l'ingérence russe dans la dernière présidentielle américaine. Ce comportement de différents journalistes et médias américains représente une menace pour nos diplomates: s'ils refusent d'accorder des interviews pour répondre à des questions très spécifiques (or nous savons pourquoi on demande de telles interviews – pour maintenir le thème de la prétendue ingérence russe "à flot"), les médias publierons de "nouvelles informations compromettantes". Nous qualifions tout cela d'intox et de désinformation. A titre d'exemple on nous cite le fake de janvier contenant des reproches vis-à-vis de la Russie et dirigé contre le Président américain Donald Trump – vous vous en souvenez. Il a été diffusé par Buzzfeed et insinuait que nous devions nous impliquer davantage dans ce sujet sur le plan médiatique, sinon tout sera fait sans nous. En fait, c'est un chantage médiatique.
Je peux citer un autre exemple concret pour ne pas donner une appréciation générale mais citer des faits. Dans un article, on mentionne à nouveau notre collègue le diplomate russe Mikhaïl Kalouguine bien que dès les premiers jours, quand son nom est apparu dans des listes et articles sur de prétendus espions et agents russes qui auraient "envahi Washington", nous avions immédiatement démenti cette information et déclaré que cette désinformation n'avait rien à voir avec la réalité. Malgré cela, les articles continuent de paraître.
Je voudrais souligner à nouveau que ni Mikhaïl Kalouguine ni aucun autre fonctionnaire des représentations diplomatiques russes aux USA ou d'autres représentations russes n'ont rien à voir avec la dernière campagne électorale américaine. Nous pensons qu'il est temps de cesser ces sales jeux médiatiques.
Je m'arrête un peu plus en détail sur Mikhaïl Kalouguine. Nous avons noté un récent article préparé par un correspondant de la BBC à Washington. L'article est très vaste et ne fait preuve d'aucun respect pour les données personnelles. Il contient des affirmations qui ne correspondent pas à la réalité, accompagnées de nombreuses photos. C'est une histoire absolument absurde qui n'est pas propre aux principes sur lesquels se fonde traditionnellement le travail de la BBC. Je le répète: un article a été publié et je veux faire un commentaire.
Cet article cite le nom du diplomate russe Mikhaïl Kalouguine qui, jusqu'en août 2016, était le chef de la section économique de l'Ambassade de Russie à Washington. L'article indique qu'il serait prétendument un espion, ce qui prouverait la véracité d'un certain dossier Steele sur la trace russe dans la campagne électorale de 2016 aux USA.
Je veux souligner que nous avons fourni toutes les informations de démenti. Malgré cela, plus de deux mois plus tard, ce sujet reste "à flot" avec des publications accompagnées de photos, d'informations personnelles et d'images de l'Ambassade pour apporter du "poids" à cet article.
Je rappelle avoir déjà déclaré en conférence de presse que Mikhaïl Kalouguine n'avait rien à voir avec ces accusations mensongères et absurdes le visant lui et l'Ambassade de Russie. C'est un diplomate russe qui a travaillé aux USA pendant six ans, pendant lesquels son principal objectif était d'aider les compagnies russes à travailler aux États-Unis et les sociétés américaines dans notre pays. Il s'occupait du développement des relations économiques bilatérales et a quitté Washington, contrairement aux affirmations de la presse, à l'issue de son contrat pour prendre ses nouvelles fonctions au Ministère. Il se rend au travail tous les jours. Quand il travaillait aux USA, une fois de plus contrairement aux affirmations de la BBC, il rencontrait régulièrement les représentants du Département d’État, du Conseil de sécurité nationale et d'autres départements économiques des USA – du Commerce, des Finances et de l’Énergie. Aujourd'hui nous faisons donc une séance de dénonciation d'un fake de la BBC et de son correspondant à Washington. Vous mentez tout simplement. C'est un mensonge et un acte de désinformation.
Quand il était en poste aux USA Mikhaïl Kalouguine menait également une activité publique active, participait à des conférences et à des interviews. Vous pouvez vérifier ces informations et mener l'enquête. D'ailleurs l'article de la BBC écrit que, soi-disant, "personne ne le connaît au Département d’État". C'est une ineptie. Je me demande vraiment si le Département d’État sait quelque chose? Après avoir travaillé avec nos collègues américains ces dernières années je peux dire honnêtement qu'ils ont reconnu, seulement six mois après le début de la crise ukrainienne, que désormais ils y voyaient plus clair qu'au début. Pendant longtemps il n'y avait personne au Département d’État pour communiquer. Ces derniers six mois, on ignorait qui appeler. On ignore à qui a parlé le correspondant de la BBC. Il se réfère à des "sources fiables". Nous savons à quoi ressemblent ces "sources fiables".
J'ai cité les contacts et les domaines dans lesquels travaillait activement Mikhaïl Kalouguine. Au sujet des affirmations selon lesquelles il ne se serait jamais rendu au Département d’État et n'aurait pas travaillé avec ses représentants, je peux dire au correspondant de Washington Paul Wood qu'il ignore qu'en 2014 le Département d’État a clos toute coopération à part entière avec les diplomates russes, qui jusqu'alors était de grande ampleur et couvrait un grand nombre de questions. Les diplomates russes n'étaient plus reçus au Département d’État que pour des questions urgentes. Tout contact sur les secteurs social et économique a été stoppé. Notre Ministère organise des consultations régulières sur la question médiatique avec tous les pays du monde, y compris ceux avec qui nous avons des relations de confiance et ceux avec qui nous nous trouvons à des pôles opposés sur ces thématiques. Nous nous consultons, échangeons nos avis, disons ce qui est important pour nous et écoutons ce qui l'est pour eux. Je peux accorder une interview à Paul Wood pour expliquer comment nous avons cherché à établir un contact avec le Département d’État sur le problème médiatique. C'était une véritable épopée d'organiser de telles consultations avec les représentants du Département d’État. Vous écrivez évidemment des aberrations - mais ne le faites pas de manière aussi flagrante.
Ainsi le Département d’État a limité les contacts avec nous en 2014 à l'initiative de l'administration Obama. L'activité de la Commission présidentielle russo-américaine a été stoppée par les représentants américains, pas par nous. D'autres formats de coopération bilatérale ont connu le même sort. Quand vous tirez des conclusions d'une envergure aussi cosmique, souvenez-vous de Mikhaïl Boulgakov et n'oubliez pas que ces conclusions pourraient être d'une stupidité cosmique.
Même si les formats officiels de coopération avaient été fermés à l'initiative de l'administration Obama, nos diplomates ont essayé de maintenir "à flot" les relations bilatérales. Je répète que je viens de dire avec quels représentants et structures nos diplomates communiquaient. C'est une pratique parfaitement normale.
Enfin je voudrais présenter au monde ce "tough, arrogant KGB man" dont parle l'article de la BBC. Vous vous imaginez le niveau? En 2017, un "tough, arrogant KGB man"! Sachez que le KGB a été fermé il y a très longtemps, qu'il n'existe plus. De quoi parlez-vous? Mikhaïl Kalouguine se rend au travail tous les jours. Aujourd'hui il a fait une exception – il ne s'est pas rendu dans son département mais est venu en mission spéciale au Centre de presse du Ministère des Affaires étrangères. Le voici, le "tough, arrogant KGB man". Il sera ouvert aux commentaires et parlera de sa pratique. C'est un paradoxe. Un paradoxe médiatique, mais c'est un fait. Nous devons commenter toutes ces inepties qui sont publiées. Il y a le Yémen, Daech, le Front al-Nosra, le trafic de drogue, le crime organisé, la question de l'immigration, le problème des migrants clandestins, l'Afghanistan. Mais toute la puissance intellectuelle de Washington, aussi bien des médias que des analystes, se concentre sur la recherche d'une "trace russe" dans leurs maux et problèmes. Dans quelques temps ces "cas" se retrouveront dans des manuels, cette terrible période aux USA sera grandement critiquée dans ce pays. Les gens se réveilleront et comprendront combien de temps ils ont gaspillé à lutter contre des "dragons mythiques". Mais ce sera pour plus tard. Pas aujourd'hui, malheureusement.
Sur les déclarations de la Présidente lituanienne Dalia Grybauskaite concernant la "menace russe" dans les pays baltes
Visiblement, "l'exemple" montré de l'autre côté de l'océan et en Europe occidentale, où l'on a entendu plusieurs fois s'exprimer des craintes concernant la "menace russe", exerce une mauvaise influence sur les autres pays du monde. Cette "infection" a atteint aujourd'hui la Lituanie - un mauvais exemple est contagieux. Le site du magazine américain Foreign Policy a publié le 24 mars l'interview de la Présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, dans laquelle elle déclare que la Russie représente une menace "non seulement pour la Lituanie, mais également pour toute l'Europe". Ses craintes sont dues au déploiement de missiles Iskander à Kaliningrad. Dans ce contexte, Dalia Grybauskaite a appelé les USA à déployer dans son pays un contingent militaire permanent et des systèmes de missiles antibalistiques (ABM).
Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déjà qualifié ces déclarations "d'absurdes" et "d'infondées", notant qu'elles avaient des implications purement politiques et conjoncturelles et qu'elles créaient un fond négatif dans les relations bilatérales. Je n'ai aucun doute que cela s'inscrit dans le cadre d'une campagne médiatique. Tout cela fait partie d'une approche médiatique colossale centrée autour de la recherche d'un ennemi. Cet ennemi a été trouvé: c'est la Russie. Moscou a pourtant souligné "ne pas voir d'obstacles insurmontables à ce que les relations de la Russie avec les pays baltes évoluent dans un esprit de bon voisinage et de coopération mutuellement bénéfique". En dépit des différentes phases de nos relations avec ce pays, nous n'avons jamais retiré notre proposition globale ni notre volonté d'établir une coopération à part entière dans tous les secteurs.
De tels propos de représentants officiels dans l'esprit de la paranoïa russophobe sont de plus en plus fréquents dans les pays baltes. Ils évoquent constamment une mythique menace russe qui pèserait sur eux comme l'épée de Damoclès. Certains politiciens baltes s'imaginent que la Russie prépare des plans impérialistes et souhaite porter atteinte à la souveraineté de leur pays.
Je voudrais rassurer les républiques baltes et les autres pays qui considèrent la Russie comme un pays agresseur: nous luttons par tous les moyens contre l'agression internationale, prônons le règlement pacifique des problèmes et n'avons pas l'intention de conquérir qui que ce soit.
Par contre, on se demande à quel point les pays baltes sont aujourd'hui indépendants et autonomes. C'est une question rhétorique pour nous.
Sur l'acte de vandalisme visant un mémorial dédié aux victimes du nazisme à Riga
Un acte de vandalisme visant un mémorial aux victimes du nazisme a été constaté le 24 mars à Riga. L'obélisque de marbre érigée à l'emplacement d'une fosse commune de 13 000 personnes a été enduit de peinture, recouvrant l'inscription évoquant les sévices des nazis à cet endroit.
Suite à ces faits notre Ambassade en Lettonie a envoyé au Ministère des Affaires étrangères de ce pays une note exigeant de mener une enquête sur cette affaire scandaleuse et de prendre des mesures pour empêcher que de tels incidents se reproduisent à l'avenir.
Nous espérons que les autorités lituaniennes prendront les dispositions nécessaires pour réparer les conséquences de cet acte odieux et traduire en justice les responsables.
Sur le déroulement de la réunion du Conseil Otan-Russie
La réunion du Conseil Otan-Russie (COR) se tiendra aujourd'hui au niveau des représentants permanents.
Je voudrais rappeler que l'an dernier, trois réunions du Conseil avaient eu lieu après presque deux ans d'interruption. La reprise du travail sur la plateforme du COR a une importance particulière dans le contexte actuel d'exacerbation de la tension militaro-politique et de la campagne médiatique contre notre pays. Nous souhaitons que le mécanisme de dialogue du Conseil soit utilisé régulièrement pour évoquer les questions que ses participants considèrent comme importantes et d'actualité.
Parmi les thèmes prioritaires que la Russie compte évoquer aujourd'hui figurent la prévisibilité de l'activité militaire, la réduction des risques d'escalade suite aux incidents militaires accidentels et les questions régionales. Nous soulèverons également la question de l'accroissement de la présence militaire et de l'activité d'exercice et d'entraînement de l'Otan le long des frontières russes.
Réponses à la presse:
Question: Récemment, le coprésident américain du Groupe de Minsk de l'OSCE Richard Hoagland a déclaré qu'une réunion entre les ministères des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie était en préparation à Moscou, qui permettrait de poser les bases d'une rencontre entre les présidents des deux pays. Le Ministère russe des Affaires étrangères peut-il confirmer cette information? Si oui, de quelle date est-il question? Dans quelques jours, l'escalade du conflit dans le Haut Karabagh aura déjà duré un an. Les coprésidents du Groupe de Minsk ont annoncé que cette année serait marquée par "une réunion à la table des négociations et non sur le champ de bataille". Le Ministère russe des Affaires étrangères peut-il faire un commentaire sur la date et donner une appréciation au processus de paix depuis un an?
Réponse: Je ne dispose pas d'informations sur la planification d'une rencontre à Moscou entre les chefs de la diplomatie arménienne et azerbaïdjanaise prochainement. Je partagerais de telles informations si c'était le cas. A l'étape actuelle cette réunion n'est pas prévue. Je suis prête à vérifier cette information et à évoquer une éventuelle réunion si elle était planifiée.
Question: Hier, après la réunion du Conseil d’État en Turquie, le Président et le Premier ministre du pays ont annoncé la fin de l'opération miliaire turque "Bouclier de l'Euphrate" en Syrie. Qu'en pense la Russie? Est-elle impliquée dans cette décision - ou plus précisément cette question a-t-elle été évoquée pendant les contacts bilatéraux entre Moscou et Ankara?
Il y a environ vingt jours, le gouvernement turc a expliqué à Moscou qu'on ne pouvait pas combattre les terroristes en utilisant les terroristes. La Russie s'est-elle décidée en ce qui concerne son attitude envers les organisations terroristes dans cette région?
Réponse: Il est intéressant d'entendre, de la partie turque, une recommandation concernant l'utilisation de terroristes dans la lutte contre les terroristes. C'est du domaine de la dialectique. La Fédération de Russie a une position très claire à ce sujet: on ne peut pas utiliser les terroristes ou les séparer en bons et mauvais, en modérés ou actifs pour justifier leur soutien. Cette position a été exprimée plusieurs fois par les autorités russes et a été réaffirmée dans tous les documents statutaires, pendant le travail pour élaborer des actes juridiques internationaux. Notre position est claire. Bien sûr, le processus de paix implique la "conversion" ou l'invitation de personnes promouvant le recours à la force, y compris d'individus issus de groupes terroristes, à renoncer à leur idéologie. Il induit aussi de les appeler à la table des négociations afin d'entamer le processus de paix. Ce sont des choses différentes.
Sur la première question je confirme une nouvelle fois que ni le flirt avec les terroristes ni, qui plus est, leur soutien à des fins propres ou l'implication à travers tels ou tels groupes terroristes dans les processus politiques nationaux ou internationaux ne sont admissibles. S'il est question d'un processus de paix offrant une chance que les personnes professant la lutte terroriste pour remplir leurs objectifs y renoncent, alors, sur la base du droit international et en s'appuyant sur les normes, les lois et les documents internationaux, la question sera différente. La crise syrienne illustre parfaitement qu'une telle vision peut fonctionner. Les belligérants irréconciliables qui confessaient il y a seulement un an l'extrémisme et le terrorisme tentent aujourd'hui d'une manière ou d'une autre d'élaborer une plateforme commune et une approche pour lancer le processus politique et faire revenir la situation en Syrie sur le chemin de la paix. C'est l'un des exemples, il y en a d'autres dans le monde.
En ce qui concerne votre question sur la fin de l'opération militaire, c'est aux experts militaires d'en parler. Le Ministère russe de la Défense fournira un commentaire plus détaillé sur cet aspect. Pour sa part, le Ministère des Affaires étrangères livre des appréciations politiques.
Nous sommes en contact avec la Turquie sur le processus de paix syrien dans le cadre des contacts bilatéraux et de la responsabilité prise par Moscou, Téhéran et Ankara. Un dialogue et un travail actif avec nos collègues turcs continuent sur ce sujet. Nous les trouvons constructifs, même si des difficultés persistent.
Question: Il semblerait que la "main de Moscou" ait atteint le territoire polonais. Kiev accuse la Russie d'être impliquée dans le blocus entre l'Ukraine et la Pologne.
Réponse: Je pense qu'il serait juste et honnête que l'Ukraine, qui accuse constamment la Russie d'exercer une influence ici et là et insinue que de nombreuses décisions et actions politiques intérieures prises sur le territoire ukrainien ont été inspirées par Moscou, publie une liste de ceux qui sont, selon elle, des "agents du Kremlin". Qu'elle fasse un recensement et une analyse de ces personnes. Ce sont les autorités de Kiev qui procèdent à une lustration actuellement (j'ignore si elle est terminée). Peut-être ont-elles besoin d'une seconde étape de lustration. Que les représentants ukrainiens disent quelles sont les forces d'opposition, les organisations, les hommes à la mairie de Kiev ou dans l'administration de Petro Porochenko qui, selon eux, travaillent pour Moscou. Qu'ils disent clairement qui, parmi les citoyens ukrainiens, ils soupçonnent de travailler pour Moscou. On ne peut pas tout le temps avancer des accusations gratuites.
Il y a deux ans, alors que je communiquais avec une consœur du Ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine, je lui ai demandé si les autorités de son pays ne voyaient pas que ce que faisaient leurs radicaux à Kiev et dans les régions nuisait à l'Ukraine. Elle a répondu qu'ils doutaient sérieusement qu'ils travaillent pour Moscou. Autrement dit nous sommes opposés aux radicaux ukrainiens, nous essayons de prouver que c'est destructeur pour l'Ukraine et pour la population ukrainienne, mais on nous accuse de les soutenir. Qu'ils organisent un recensement et disent quelles forces ils soupçonnent au Parlement ukrainien, par exemple. Oleg Liachko est aussi un agent russe? La direction de certains partis, les hommes qui portent des brassards nationalistes et disent que l'Ukraine n'a pas d'histoire commune avec la Russie sont également nos agents?
Il faut commencer par la base, par définir les fondements, par inventorier l'idéologie en Ukraine. Il est impossible de dire systématiquement que la Russie est coupable de tous les problèmes qui se produisent en Ukraine. Le plus important est qu'il y a des lois. Le fameux blocus proclamé par les citoyens ukrainiens tombe clairement sous le coup des lois ukrainiennes et peut être réglé par la voie législative. Il y a les forces de l'ordre, les lois qui peuvent être appliquées pour sanctionner ces gens. Il est très étrange d'encourager d'une part les radicaux en utilisant constamment le thème antirusse, de dire que les gens de Donetsk et de Lougansk sont des ennemis, puis, quand les éléments radicaux atteignent le point d'ébullition et passent des paroles aux actes concrets, à savoir le blocus, de les regarder et dire que c'est la "main de Moscou". Je pense que Kiev doit faire son propre travail idéologique intérieur. Je répète: il y aura peut-être une seconde étape de lustration. C'est un terme choquant pour moi mais comme ils s'y adonnent activement, cela permet de préciser qui se trouve de quel côté des barricades.
Sérieusement, toutes les mises en garde que nous avions formulées il y a deux ans se réalisent aujourd'hui. Nous ne parlions pas à huis clos, dans des couloirs: nous avions clairement annoncé que cette stratégie et ce pari sur les forces des radicaux et des nationalistes ne mèneraient nulle part. Le nationalisme est un animal qui exige constamment des sacrifices, qui doit constamment se nourrir de sang. Quand le thème du sud-est de l'Ukraine s'épuisera, qu'il ne sera plus suffisant, que les problèmes dans le pays prendront de l'ampleur et qu'il sera impossible de les expliquer par les événements à Donetsk et à Lougansk, une nouvelle cible, une nouvelle victime sera nécessaire. On s'attaquera à d'autres ethnies, groupes de population et classes sociales. Ainsi vont les choses.
Il est indispensable de procéder à un travail au sein même de l'Ukraine. Soit, comme je l'ai dit avec sarcasme, par une "nouvelle étape de lustration", soit sérieusement. Il s'agira d'un travail sérieux et difficile, éprouvant et probablement le seul possible sur les erreurs des dernières années. Il devra se baser sur le rejet du nationalisme et des forces radicales, la recherche d'un consensus national, l'abandon des méthodes de division de la société que j'ai mentionnées, notamment en fonction de la langue, et la tentative d'analyser les intérêts de l'Ukraine pour comprendre qui est le peuple ukrainien, quels sont ses véritables intérêts, qui le compose, comment garantir les droits de toutes les catégories de la population. C'est un travail colossal. On ne peut pas se limiter aux flambeaux et aux slogans nationalistes. Il faut travailler sérieusement, voire faire appel aux experts internationaux des organisations que j'ai mentionnées qui élaborent des dispositions internationales sur la protection des droits de l'homme et des minorités ethniques. C'est un travail sérieux et profond. On a perdu beaucoup de temps et cela ne fera qu'empirer.
Je répète que c'est le mécanisme lancé en Ukraine il y a quelques années et non pas la "main du Kremlin" qui a conduit l'Ukraine au résultat que nous constatons aujourd'hui. Je voudrais souligner à nouveau que le pire n'est certainement pas encore arrivé car personne ne dresse de barrières à cet effondrement absolument idéologique: au contraire, ce processus ne fait que se renforcer. Puis les citoyens demanderont "à qui la faute?" et ils ne chercheront plus les coupables dans le Donbass, à Donetsk ou à Lougansk, mais à Kiev et dans les grandes villes, dans les maisons et les appartements voisins. On ne peut pas constamment faire avaler aux gens des histoires sur un ennemi mythique, sur des chars mythiques qui sont visiblement projetés en Ukraine par les airs, sur des "agents du Kremlin", etc. Ce conte de fées s'arrêtera un jour et se terminera de manière très tragique.
Question: Le journal italien La Stampa a publié un article affirmant que les USA auraient averti Rome que le Mouvement 5 étoiles, principal parti italien, avait des liens directs avec la Russie qui, dans le cadre de sa "stratégie d'ingérence", tentait d'influencer les pays d'Europe, notamment l'Italie, dans le cadre des élections à venir. Que pouvez-vous dire à ce sujet? Est-ce un fake?
Réponse: Je ne comprends pas très bien ce que signifie la phrase "un parti politique a des liens avec la Russie". Qu'est-ce qu'on sous-entend concrètement? Vous êtes venu au Centre de presse du Ministère des Affaires étrangères: on peut donc dire que "les journalistes italiens ont des relations avec des institutions publiques russes". On peut présenter l'information sous l'angle qu'on veut. Et on peut dire que les journalistes italiens viennent à la conférence de presse du porte-parole officiel du Ministère russe des Affaires étrangères pour poser des questions.
Vous connaissez notre stratégie de non-ingérence dans les affaires intérieures d'autres pays, notre approche à ce sujet. Nous entretenons des relations avec les capitales, avec les représentants officiels, nous travaillons dans le cadre d'ONG selon la législation russe et en respectant les lois de ces pays, nous organisons des contacts officiels avec différents mouvements et partis d'opposition et progouvernementaux dans le cadre des traditions du travail diplomatique.
Ce fut le cas aussi quand, avant la présidentielle américaine, des hommes d'Hillary Clinton étaient venus en Russie. Pour une certaine raison, cela n'avait intéressé personne par la suite. Ils étaient pourtant venus plusieurs fois pour s'entretenir avec nos responsables. Des réunions très informelles avaient été organisées avec des personnes concrètes pour évoquer différentes questions. Mais pour une raison qu'on ignore cela n'avait pas du tout intéressé la presse américaine. En revanche, les conversations téléphoniques de l'Ambassade de Russie à Washington (inutile de dire combien de personnes aux USA ont écouté ces conversations), constitueraient un motif pour accuser le candidat vainqueur de prétendus liens avec Moscou.
Je pense que cela fait simplement partie de la campagne médiatique actuelle. Si vous présentez des faits concrets, je peux les confirmer ou les démentir. Je ne sais pas comment on peut commenter des thèses générales concernant l'existence de liens prétendus entre des partis italiens et Moscou.
Question: Où en est l'enquête sur l'assassinat de l'Ambassadeur de Russie en Turquie Andreï Karlov? L'implication d'une Russe a été évoquée mais l'information n'a pas été confirmée.
Réponse: Les experts russes de différents services travaillent sur l'enquête. Un travail interdépartemental très sérieux est mené. Les contacts ont avant tout lieu via notre Ambassade à Ankara. Vous avez raison: de nouvelles informations apparaissent, comme dans toute enquête. Certaines sont confirmées, d'autres non. Je peux demander des précisions pour vous fournir rapidement des informations plus concrètes.
Question: Connaît-on la date de la visite du Secrétaire d’État américain Rex Tillerson en Russie?
Réponse: Comme nous l'avons dit, une telle éventualité existe. Pour l'instant, il n'y a pas de date ou d'informations concrètes que nous pourrions partager avec la presse pour confirmer cette visite. Si les préparatifs aboutissaient à un accord sur le format et sur la date, nous l'annoncerions. Comme je l'ai dit la dernière fois, la préparation de la visite ne consiste pas seulement en un accord pour l'organiser et pas seulement à une recherche de date convenable. Il faut aussi préparer le contenu de l'entretien, les questions qui intéressent les deux parties, le travail avec les experts. C'est la somme de plusieurs facteurs.
Question: Pendant les audiences d'hier au congrès américain, des politiciens et des militaires ont déclaré solidairement que les victimes civiles à Mossoul ne devaient pas freiner l'opération pour combattre les terroristes. Pourquoi entendons-nous ces appels aujourd'hui, pendant l'opération de Mossoul, alors que les représentants américains disaient exactement l'inverse pendant l'opération d'Alep?
Réponse: Vous ne devinez pas? Je dois absolument le raconter? La propagande est plus ou moins propre à chaque État. C'est une question de promotion de ses intérêts dans la sphère médiatique. Tout État mène un travail médiatique pour promouvoir ses approches. C'est normal. Ce qui ne l'est pas, c'est quand les médias font de la propagande. La proportion et la manière dont nos collègues occidentaux s'y adonnent sont anormales. Cette déformation de la réalité frise la désinformation.
En ce qui concerne Alep, l'objectif était de présenter au public des informations et des reportages minimisant le plus possible le rôle positif et constructif de la Russie dans le règlement de ce conflit pour expliquer leurs propres échecs sur la voie politique et militaire en Syrie. Ce thème a été utilisé dans le flux médiatique électoral parce que l'équipe d'Hillary Clinton, quand elle était secrétaire d’État, avait misé sur la politique étrangère. Il était évident que les succès et les réussites de la politique étrangère américaine devaient constituer le noyau de sa campagne électorale. Le thème de l'implication de la Russie et son rôle non constructif était promu au maximum.
Comme nous venons de le dire, à Mossoul la véritable situation est passée sous silence pour m inimiser le préjudice de cette intervention pour les USA. L'opération n'a pas commencé aujourd'hui ou il y a un mois, mais sous l'administration de Barack Obama. Elle dure depuis environ six mois. Nous y voyons également un élément du flux électoral autour de la campagne présidentielle. Il fallait une "petite guerre victorieuse" - mais elle ne s'est avérée ni "victorieuse" ni "éclair". Une guerre avec les intentions parfaitement nobles de lutter contre le terrorisme aurait été parfaite si elle n'avait pas été "aménagée" spécialement pour les élections. Il aurait dû s'agir d'une opération réfléchie impliquant une minimisation du préjudice pour la population civile, des couloirs d'évacuation de la population civile et d'acheminement de l'aide humanitaire, et une préoccupation pour le sort de la population qui en est sortie. Tout cela a été sacrifié au profit du facteur temps lié aux élections américaines. Nous en voyons le résultat global, ainsi que pour l'Irak et sa population.
Question: Les USA ont annoncé qu'ils ne seraient pas présents à la Conférence de Moscou sur l'Afghanistan en avril. L'absence de représentants américains affectera-t-elle l'issue de la conférence?
Réponse: Je me suis exprimée à ce sujet. Nous avons envoyé à nos collègues américains une invitation à leur demande car ils avaient témoigné de leur intérêt pour cet événement. Un peu plus tard, ils ont déclaré qu'ils n'y participeraient pas. La conférence se tiendra donc sans eux. Nous souhaitions également la participation du plus grand nombre de pays possible pas seulement pour le nombre, mais pour la contribution qu'ils pourraient apporter au règlement de cette question très complexe.
Vous connaissez bien le rôle des États-Unis dans le sort de l'Afghanistan. En tant que représentant d'une agence afghane vous savez ce que les Américains ont fait pendant des années sur le territoire afghan. Je voudrais rappeler qu'hormis leur intérêt et leur implication politique, il faut aussi prendre en compte le mandat délivré à une certaine étape par le Conseil de sécurité des Nations unies pour l'opération antiterroriste sous l'égide des USA. Je voudrais rappeler que depuis le lancement de cette opération il y a dix ans, les USA et leur coalition en Afghanistan n'ont jamais rendu de comptes au Conseil de sécurité des Nations unies. Le mandat a été délivré, des tâches ont été fixées, mais au cours de cette période les membres du Conseil de sécurité des Nations unies n'ont pas su dans quelle mesure les objectifs avaient été remplis et quelle était la stratégie des USA. Nous ne pouvions en juger que par les déclarations faites au niveau national. Il n'y a pas eu de rapport documenté.
Les Américains ont fait part de leur souhait de participer à la conférence, ont été invités mais ont renoncé. J'ai l'impression que, malheureusement, cela a été influencé en grande partie par l'absence de stratégie générale de politique étrangère à Washington actuellement. Nous attendons qu'ils l'élaborent pour pouvoir coopérer activement avec eux. Nous sommes ouverts à l'implication des USA dans les formats où ils sont traditionnellement présents – sur la Syrie, l'Afghanistan et bien d'autres dossiers.
Question: Ma question concerne Mossoul. On a surtout parlé d'un manque d'informations sur le déroulement de l'opération de libération de la ville. Nous savons que c'est grâce à la chaîne Rudaw que le monde a eu connaissance des grandes pertes à Mossoul. Il y a un mois la journaliste de cette chaîne a été tuée pendant un reportage sur les lieux d'un charnier autour de Mossoul. Que pouvez-vous dire du rôle des médias kurdes dans la couverture des opérations à Mossoul?
Réponse: Je suis prête à faire aujourd'hui la publicité des médias kurdes. Vous savez que les autorités russes ont souvent parlé de la nécessité réelle de faire participer les forces et les mouvements kurdes aux différents processus compte tenu de leur rôle très actif sur le terrain et le fait que les associations, les mouvements et les partis politiques représentent un grand nombre de personnes. Ils ont leurs propres intérêts. Ils jouent un rôle majeur dans différentes questions internationales, c'est pourquoi le rôle des médias qui reflètent le point de vue d'une population aussi grande doit être actif. D'après nous, le facteur le plus important reste l'objectivité. L'élément primordial aujourd'hui est l'objectivité et la présentation de l'information sous tous les angles. Les reportages dont vous avez parlé comblent les blancs dans ce tableau médiatique général. Nous prônons l'objectivité dans la présentation des reportages, qu'ils ne soient pas engagés et ne répondent pas aux intérêts d'un seul groupe, d'une seule force politique, etc. La présentation doit être globale.
Quand les médias font un tel travail, cela ne peut qu'être salué.
Question: Les autorités turques ont accusé presque directement la Russie de "collaborer avec les terroristes pour combattre le terrorisme". Elles faisaient allusion à la coopération de la Russie avec le Parti de l'union démocratique (PUD) kurde syrien, qui lutte activement depuis six ans contre le terrorisme international et Daech. La Russie considère-t-elle le PUD comme une organisation terroriste?
Réponse: J'ai déjà répondu en détail à cette question.
Question: La Russie a récemment été accusée d'avoir influencé les élections américaines par l'entremise de pirates informatiques. Vous semblez, par contre, avoir manqué les récentes élections bulgares. Était-ce par amitié fraternelle?
Réponse: Je crois que les hackers russes étaient en vacances ce jour-là.
En effet, ce thème fait déjà l'objet de blagues. Il n'y a aucun preuve, seulement les reprises et les fantaisies des médias. Ce thème est devenu pratique pour justifier constamment ses propres défaites et échecs. Là où les résultats correspondent aux intérêts du mainstream, les hackers russes ne sont pas accusés alors que là où le mainstream obtient des résultats inattendus, c'est "l'œuvre des hackers russes". Une logique très étrange.
Question: J'ai récemment vu votre photo sur Facebook dans une salle de sport. Dans quelle salle pratiquez-vous?
Réponse: Le Ministère russe des Affaires étrangères possède son propre complexe sportif. Nombre de mes collègues s'y rendent également. Je crois que nous avons réalisé des reportages à ce sujet. Je peux vous fournir des informations plus détaillées. La salle de sport a été ouverte en 2011. C'est un grand bâtiment fonctionnel avec un complexe sportif.
Question: Hier, le Royaume-Uni a lancé la procédure officielle de sa sortie de l'UE. Que pense le Ministère russe des Affaires étrangères de cet événement? D'après vous, le Brexit est-il bénéfique pour la Russie? Le magazine Foreign Policy a écrit, par exemple, que le Brexit était une "victoire de la Russie". Êtes-vous d'accord?
Réponse: Nous considérons le Brexit comme une affaire intérieure du Royaume-Uni et l'analysons dans la perspective des relations entre Londres et Bruxelles. Bien sûr, nous évaluons les éventuelles conséquences de cet événement pour la Russie, par exemple pour l'économie et les finances. En ce qui concerne les appréciations politiques, elles sont exprimées par nos analystes, journalistes et politologues qui observent les mouvements et les processus mondiaux, l'avenir de l'Europe, une certaine stratégie et la voie de développement des pays.
Nous n'avons aucune position par rapport au Brexit car c'est une affaire intérieure du Royaume-Uni. C'est la zone de responsabilité des Britanniques et de leurs relations avec l'UE. Bien évidemment, nous suivons ce processus parce que nous vivons sur le même continent et que nous entretenons des relations aussi bien avec Londres qu'avec Bruxelles.
Question: Le Vice-ministre russe des Affaires étrangères Vladimir Titov se trouve actuellement en visite au Japon. Quelle est sa mission? S'agit-il de préparer la prochaine visite du Premier ministre japonais Shinzo Abe en Russie ou de prolonger le récent dialogue du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et de son adjoint Igor Morgoulov avec leurs partenaires japonais?
Réponse: Nous entretenons des contacts réguliers avec nos collègues japonais. Nous nous réjouissons du rétablissement d'un dialogue diplomatique normal, caractéristique des relations russo-japonaises. Il est normal que le dialogue ne soit pas mené seulement à l'occasion des visites de chefs d’État mais qu'il soit aussi régulièrement entretenu à différents niveaux, comme le montre et le confirme la visite du Vice-ministre russe des Affaires étrangères Vladimir Titov au Japon. C'est un contact régulier normal sur différentes questions avec nos collègues japonais. Malheureusement, depuis deux ans nous avons perdu beaucoup de temps car le dialogue avait été rompu. De nombreuses questions doivent être réglées. Bien sûr, la préparation de futures visites est présent mais ce déplacement est également un simple travail de routine pour relancer le dialogue, l'entretenir et évoquer les questions figurant à l'agenda bilatéral.
Question: Le Congrès américain a suggéré d'inscrire la Corée du Nord sur la liste des pays soutenant le terrorisme. D'après vous, de telles sanctions seront-elles efficaces pour le processus de paix sur la péninsule coréenne?
Réponse: Vous connaissez notre position concernant les sanctions unilatérales. Nous pensons qu'elles ne sont absolument pas constructives. Nous avons toujours souligné, dans le contexte de la situation sur la péninsule de Corée comme dans d'autres situations, que seules les sanctions décrétées par le Conseil de sécurité des Nations unies pouvaient être efficaces. Nous estimons possible l'usage de sanctions uniquement à condition qu'elles découlent d'une approche collective du règlement de la crise et ne visent pas à son exacerbation.
Nous pensons que la situation sur la péninsule de Corée est précisément un cas où les démarches ne doivent pas viser l'approfondissement de la crise mais son règlement. On ignore si cette rhétorique et les actions des USA que vous avez mentionnées permettront d'améliorer la situation. Nous avons l'impression que cela provoquera le résultat inverse.
Question: Les renseignements américains indiquent que la Corée du Nord se prépare à de nouveaux essais nucléaires. La Russie a déclaré plusieurs fois qu'elle s'opposait fermement aux essais nucléaires et aux lancements de missiles permanents. Qu'entreprend la Russie pour prévenir d'éventuels essais nucléaires? Mène-t-on un travail avec la Corée du Nord ou avec d'autres acteurs de la région? La Russie étudie-t-elle la possibilité d'adopter des sanctions contre la Corée du Nord si cet essai avait lieu?
Réponse: J'ai déjà dit, à propos des sanctions, que ce n'était pas la Russie qui les adoptait mais le Conseil de sécurité des Nations unies. En ce qui concerne le travail sur ce dossier nous coopérons avec nos collègues intéressés au sein des services compétents, nous évoquons dans l'ensemble dans le contexte des efforts internationaux entrepris autour de la situation dans la péninsule de Corée. Nous pensons que les efforts et les mécanismes déjà créés seraient très efficaces s'ils étaient mis en application. Mais faire de l'art politique en décalage avec la ligne des institutions internationales et des formats déjà approuvés pour poursuivre des objectifs politiques intérieurs, malheureusement, ne réglera pas le problème. Nous avons déclaré à plusieurs reprises qu'il était indispensable de travailler avec les formats existants. Nous disposons du nécessaire pour cela, il faut seulement de la volonté. Nous en avons également et nous sommes prêts à coopérer.
Question: Que pense le Ministère russe des Affaires étrangères de la déclaration du Secrétaire d’État américain Rex Tillerson sur l'intérêt des USA à régler au plus vite le conflit du Haut Karabagh par la voie pacifique?
Réponse: J'ai déjà répondu à cette question.
Question: Dans les médias et dans d'autres sources russes on écrit souvent la lettre "e" au lieu de "ë". Je voulais évoquer cette question parce que vous êtes la seule à pouvoir m'aider. Sinon, cela prendrait 5-10 ans. C'est pourquoi je m'adresse officiellement à vous en tant que représentante d’un Ministère russe clé. Voudriez-vous que les médias et d'autres établissements écrivent tout de même "ë", car cette lettre existe sur le clavier. Nous pensons que ce serait d'une grande aide pour les populations de la CEI qui étudient le russe.
Réponse: Si je me souviens bien, les règles du russe prévoient la possibilité de remplacer ces lettres. Mais je ne suis pas une spécialiste de la question, c'est pourquoi il faut simplement se référer aux règles du russe et aux conditions appropriées. Si j'en ai l'occasion, je l'évoquerai dans le format approprié.
Question: La tragédie de l'Ambassadeur russe en Turquie Andreï Karlov s'est produite il y a presque trois mois. La Russie n'a toujours pas nommé de nouvel ambassadeur. Je voudrais savoir s'il existe des précisions à ce sujet?
Réponse: La nomination d'un ambassadeur implique une certaine procédure interne d'approbation non seulement au Ministère des Affaires étrangères, mais également par les institutions publiques appropriées. Cette question ne relève pas de mes compétences. Il est déplacé de la commenter avant l'apparition de l'information officielle validée, et je ne le ferai pas. Je peux seulement dire que cette question est à l'étude actuellement.