14:18

Sténogramme de l'intervention de S.V.Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, à l'IERIM (U) du MAE de la Russie à l'occasion de la rentrée des classes le 1er septembre 2008

1275-01-09-2008

Cher Anatoli Vassiliйvitch,

Cher Alexandre Nikolayevitch,

Chers collиgues, amis,

Je suis sincиrement heureux de saluer les reprйsentants de l'IERIM  et de l'Acadйmie diplomatique, tous les invitйs а la manifestation а l'occasion de la rentrйe des classes, et aussi de fйliciter toute l'audience а l'occasion de la Journйe des connaissances.

Je voudrais selon la tradition dire quelques mots а propos des affaires courantes de la diplomatie russe.

Nous avons accumulй un sйrieux capital de politique extйrieure – il oeuvre pour le dйveloppement du pays, la dйfense des intйrкts des citoyens et du business national. La diplomatie russe a recouvrй une base solide dans le succиs de notre dйveloppement intйrieur, dans les intйrкts nationaux que les gens comprennent et  qui partent de notre vie.

La Russie est de retour dans l'arиne internationale en tant qu'йtat responsable, qui peur dйfendre ses citoyens. Si d'aucuns avaient des doutes а ce propos, nos actions rйsolues de contrainte de la Gйorgie а la paix et la reconnaissance, due aux circonstances, de l'indйpendance de l'Ossйtie du Sud et de l'Abkhazie ont dы les dissiper.

Par sa rйponse а l'agression gйorgienne, la Russie a йtabli une norme de rйaction, qui est en entiиre conformitй avec le droit international en vigueur, y compris le droit а l'autodйfense d'aprиs l'article 51 de la Charte de l'ONU et nos obligations concrиtes appliquйes au rиglement de ce conflit. Plus, la Russie et ses pacificateurs ont suivi notre tradition profondйment chrйtienne par son esprit de mourir «pour ses amis».

Les actions de la Russie pour contraindre la Gйorgie а la paix sont devenues un exemple de modйration, car elles ne poursuivaient pas d'autres buts que ceux dictйs par le besoin de garantir valablement la non-reprise de l'agression gйorgienne contre l'Ossйtie du Sud et l'Abkhazie.

Malheureusement, la diplomatie multilatйrale n'a pas marchй, tout comme la coopйration russo-amйricaine, visant а retenir Tbilissi de l'aventure pйrilleuse. L'aide militaire n'a pas йtй un levier suffisant de l'influence des USA sur le gouvernement de Saakachvili. Elle stimulait plutфt le rйgime irresponsable et imprйvisible dans son avancement sur la voie des aventures.

Le spectre du «Grand jeu» rode de nouveau au Caucase. Si les USA et leurs alliйs ne choisissent finalement pas leurs intйrкts nationaux, les intйrкts du peuple gйorgien, mais le rйgime de Saakachvili, qui «n'a jamais rien appris», ce sera une erreur vraiment historique.

La situation, provoquйe par la tentative de Tbilissi de rйgler le conflit par l'usage de la force militaire brutale, reflиte, tel un miroir, tous les moments nйgatifs de l'йtape actuelle dans le dйveloppement des relations internationales, contre le danger de mйsestimer lesquels la Russie avait plusieurs fois mis en garde, y compris dans l'allocution de V.V.Poutine а Munich et dans l'intervention de Berlin de D.A.Medvйdev. C'est la rйaction unilatйrale, opposйe а la diplomatie multilatйrale et la mise sur la force а la diffйrence de l'aspiration au rиglement pacifique des conflits, et la dialectique complexe des principes comme l'intйgritй territoriale et le droit des nations а l'autodйtermination.

Les йvйnements des derniиres semaines illustrent aussi bien le sujet de la possibilitй de rejouer une guerre rйelle, perdue sur le champ de bataille, dans l'espace informationnel virtuel. C'est aussi la question de la base morale des relations internationales, de ce que les normes de la morale ne sont pas des catйgories abstraites en politique mondiale. Qu'est-ce qui est plus important – la vйritй ou savoir bien mentir des йcrans de la tйlй et йmettre constamment ce mensonge vers le monde entier ?

*          *          *

Toute l'йvolution des йvйnements aprиs le 8 aoыt confirme la justesse de l'analyse, contenue dans l'intervention du Prйsident D.A.Medvйdev а la rйunion des ambassadeurs et des reprйsentants permanents le 15 juillet dernier. Il a indiquй entre autres, qui le monde, qui s'est dйbarrassй de la guerre froide, n'a pas atteint jusqu'а prйsent un nouvel йquilibre. Que le potentiel de conflits est assez haut, y compris dans les rйgions proches des frontiиres russes. Que la tendance а pencher vers les mйthodes de force s'intensifie, bien qu'ils prouvent а chaque fois leur inconsistance. On se sert de provocations politiques, de toute sorte de «rйvolutions», de la pratique cynique des doubles normes. Et ce n'est peut-кtre pas par hasard, que ceux, chez qui зa va plutфt mal, interviennent toujours plus souvent dans les affaires des autres йtats.

Pour nous, l'espace de la CEI n'est pas un йchiquier pour y jouer les parties gйopolitiques. C'est une aire civilisationnelle commune pour tous les peuples qui y vivent, qui maintient notre patrimoine historique et spirituel. Notre interdйpendance gйographique et йconomique confиre а tous les pays de la Communautй d'importants avantages concurrentiels. Comme dans d'autres rйgions, ici, se font pleinement sentir les impйratifs d'intйgration de la mondialisation. L'essentiel est que personne ne l'empкche en crйant les obstacles artificiels dans ses intйrкts йgoпstes.

On a beau nous provoquer, nous conserverons toujours le sang-froid et la luciditй dans nos йvaluations, continuerons de dйfendre fermement, mais sans confrontation, nos intйrкts et principes. Il y a tout juste un an, ici а l'IERIM, j'ai parlй de nos «lignes rouges» – des actions, qui causent un dommage inacceptable а nos intйrкts nationaux et sapent la lйgitimitй internationale.

D'aucuns ont voulu «dйgeler» les conflits gelйs. Maintenant, nous pouvons en voir les rйsultats. A quelque chose malheur est bon. La clartй actuelle est meilleure que toute ambiguпtй et incertitude. Il devra кtre clair, que l'Ossйtie du Sud et l'Abkhazie n'ont pas aspirй а l'indйpendance en gйnйral, mais bien а l'indйpendance sans la Gйorgie, chez les autoritйs de laquelle, on ne sait pourquoi, c'est toujours la tendance chauvine а l'йgard des minoritйs ethniques qui prenait le dessus.

Il ne faut pas oublier, que grвce а la pacification russe en Ossйtie du Sud et en Abkhazie, que la Gйorgie, pendant 15 ans, a profitй des fruits de la paix. Et l'йchec le plus important de tous les gouvernements gйorgiens vient de leur incapacitй d'en tirer profit dans l'intйrкt de leur propre pays, de leur propre peuple. Les patrons extйrieurs de Saakachvili devraient aussi se poser les questions, que posent les forces d'opposition en Gйorgie mкme.

Pour nous, la reconnaissance de l'indйpendance de l'Ossйtie du Sud et de l'Abkhazie est dictйe au mкme titre par les considйrations de droit, de morale et pragmatiques – avant tout sur le plan de la garantie de la sйcuritй efficace de leurs peuples. Nous ne pouvons plus nous permettre, comme on a fait ces derniиres annйes, d'attendre simplement le dйbut de la nouvelle guerre йclair de Tbilissi contre l'Ossйtie du Sud ou l'Abkhazie. Aussi rapide que soit la rйaction de nos militaires aprиs l'attaque contre Tskhinval le 8 aoыt, on n'a pas su prйvenir des centaines de milliers de victimes parmi la population civile et les pacificateurs, sans parler dйjа de nos pertes au cours des combats sanglants pour dйloger les troupes gйorgiennes du territoire de l'Ossйtie du Sud. Le dйveloppement des йvйnements – leur anticipation – en Abkhazie, ne fait que confirmer la justesse de cette conclusion. Certes, si l'on met la vie et les intйrкts des gens au-dessus de tout.

Quand on nous parle constamment du «gouvernement dйmocratique de la Gйorgie», est-ce que cela veut dire, qu'un gouvernement dйmocratique a le droit d'agir ainsi contre la population civile, qu'il estime sienne ? Nous ne serons jamais d'accord avec cette «licence de tuer» en version britannique, que certaines capitales dйlivrent aux «rйgimes amis» agrййs par elles.

Ce n'est pas la faute des gens, qui vivent dans les rйgions en conflits dans l'espace post-soviйtique, de se trouver dans «la zone grise», sans кtre devenu souvent les citoyens des йtats, qui sont apparus а la suite de la dйsagrйgation de l'URSS. On ne comprend pas, pourquoi ceux qui parlent littйralement а tous les coins de rues de «la responsabilitй pour la dйfense», l'aient oubliй, quand il s'est agi d'une partie de l'espace de l'ex-Union Soviйtique, oщ les autoritйs ont commencй а tuer les innocents, invoquant la souverainetй et l'intйgritй territoriale. En Ossйtie du Sud pour nous il s'agissait de repousser l'agression et de dйfendre nos citoyens directement aux frontiиres de la Russie, pas aux Malouines.

Les doubles normes sont d'autant plus dйgoыtantes, qu'il s'agit de la vie des gens : а qui de vivre et а qui de mourir, les enfants de qui ont plus de droit de vivre, quels autres ne sont qu'un chiffre mort des donnes gйopolitiques. Qui parmi les dйfenseurs de la Gйorgie avait dit un seul mot а propos de la mort presque quotidienne des civils en Irak et en Afghanistan en rйsultat des actions des forces de la coalition avec l'OTAN а leur tкte ?

Je crois que le temps du retour de l'Europe aux valeurs simples, non politisйes est venue.

Les actions de la Russie pour dйfendre les droits de la population de l'Ossйtie du Sud et de l'Abkhazie, dont une grande partie se compose des citoyens de la Russie, mettent en pratique non seulement les exigences fondamentales de notre Constitution, mais le soutien croissant par la communautй internationale de la sйcuritй de la personne, qui ne s'oppose nullement au concept traditionnel de la sйcuritй de l'йtat. Tuer les gens que tu crois tes propres citoyens n'est pas une affaire intйrieure. Nous ne pouvons pas croire en une sorte «d'appartenance» des gens а quelque territoire que ce soit, qui peut arbitrairement, sans l'accord ces gens, passer dans la souverainetй d'un йtat en violation de la Charte de l'ONU, des principes de l'acte final d'Helsinki. Cette approche nous ferait retourner – dans notre Europe d'aujourd'hui – aux temps du servage.

La souverainetй, dont l'unique source est le peuple, suppose la responsabilitй. Avant tout – la responsabilitй vis-а-vis de ses propres citoyens, y compris la garantie de leurs droits et libertйs. Lа est le sens de l'existence mкme de l'йtat – l'йtat pour l'homme, mais non l'homme pour l'йtat.

Dans les zones des conflits abkhazo-gйorgien et ossйto-gйorgien, Saakachvili et ceux qui sont derriиre lui (et sans le soutien йtranger, il n'aurait pas rйsistй mкme un jour), se sont dйcidйs а йprouver la soliditй des autoritйs russes. Cela dit, le rйgime gйorgien actuel a dйcouvert son fond, cherchant а subjuguer par les bombes la population de l'Ossйtie du Sud а son diktat. Immйdiatement aprиs, le mкme sort devait attendre l'Abkhazie. Ils n'y ont pas rйussi, et n'y rйussiront pas. Afin de garantir la rйgion contre les rйcidives de la violence, la Russie va continuer de prendre des mesures pour punir les coupables, pour que ce rйgime ne puisse plus jamais faire du mal. Pour commencer, il faut instaurer l'embargo sur les livraisons des armes а ce rйgime – tant que les autres autoritйs n'auront pas transformй la Gйorgie en un йtat normal.

Nous sommes intйressйs а la plus йtroite coopйration avec l'OSCE et l'ONU afin de garantir fiablement la sйcuritй de l'Ossйtie du Sud et de l'Abkhazie, comme prйvu par les six principes, avancйs par D.A.Medvйdev et N.Sarkozy le 12 aoыt а Moscou.

*          *          *

L'йtape charniиre du dйveloppement international exige une approche profonde, philosophique. On ne s'y passera pas d'invoquer l'histoire – sinon, nous serons vouйs а la rйpйter.

C'est important, car en Europe, malheureusement, n'est pas jusqu'а prйsent crйй un systиme de la sйcuritй collective, qui soit ouvert pour tous et garantisse а tous une sйcuritй йgale. Mais on doit faire quelque chose – sinon tout dans les affaires euro-atlantiques tournera en rond. C'est ce qu'indique la crise actuelle. L'Europe a besoin d'un ordre du jour positif, pas nйgatif. Pour commencer, on devrait voir, si les structures et mйcanismes crййs jadis sont adйquats aujourd'hui, et penser а quelque chose de nouveau pour йdifier une architecture europйenne nouvelle, garantissant solidement l'inviolabilitй des frontiиres d'aprиs-guerre et tenant dans le mкme temps compte des rйalitйs du --Ie siиcle. Appelons-le «l'audit».

Le Prйsident D.A.Medvйdev a proposй de conclure le Traitй sur la sйcuritй europйenne et de donner le dйpart а ce processus au sommet europйen. Il s'agit de crйer un systиme rйellement global de la sйcuritй collective en Euro-Atlantique avec l'intйgration complиte de la Russie. Dans ce contexte, on doit examiner aussi honnкtement les problиmes, apparus de la crise du traitй FCE, du dйploiement des йlйments de la NMD globale des USA en Europe de l'Est. En l'absence d'un dialogue multilatйral raisonnable, nous allons rйagir nous-mкmes – en conformitй avec les principes de la suffisance raisonnable. La sйcuritй nationale ne pas peut se tenir а la parole d'honneur – le Prйsident D.A.Medvйdev en a aussi parlй.

Mais nous prйfйrerions, certes, un travail conjoint sur les problиmes de la sйcuritй europйenne – bien sыr sur une base d'йgalitй au lieu de celle de blocs. Nos initiatives а ce propos restent en vigueur.

Les relations de la Russie avec l'OTAN vivent le moment de vйritй longtemps souhaitй. L'OTAN a elle-mкme empruntй la voie de gonfler les mises. On a l'impression, que l'alliance a de nouveau besoin «d'йtats de front» pour prouver sa propre nйcessitй dans les conditions nouvelles.

Ce ne sont pas nous qui йprouvons toute l'architecture actuelle de la sйcuritй europйenne. Ses dйfauts systиme sont йvidents – c'est avant tout l'otanocentrisme, qui nie par dйfinition la crйation d'un mйcanisme vraiment universel de la sйcuritй collective en Euro-Atlantique.

Je suis persuadй que l'Europe le comprend trиs bien. C'est l'Europe, forte de son expйrience historique, passйe par les catastrophes nationales, qui a le plus approchй а reformuler le sens de son existence dans une clй rйellement globale, collectiviste, oщ tous les problиmes mondiaux sont les siens. L'йgoпsme national ne joue dйjа plus. On ne peut pas admettre le recul, que ce soit sous forme de populisme, d'intolйrance ou d'islamophobie. La Russie est prкte а la recherche conjointe de nouvelles idйes fructueuses, qui rapprocheraient notre avenir commun. Maintenant, c'est un moment propice de suivre le conseil de Paul Kennedy dans son l'article dans Foreign Affairs de mai/juin 2008 et «de concйder un risque intellectuel».

Concernant les relations russo-amйricaines, leur programme positif est йnoncй dans le Concept de politique йtrangиre de la Russie. Nous avons notй, qu'au cours de la campagne prйsidentielle actuelle aux USA commencent а se faire entendre les voix saines – en particulier а propos du besoin de maintenir le contrфle rйel des armes offensives stratйgiques. Je suis persuadй, que sur cette base pragmatique, reflйtant le vrai йtat des choses et les intйrкts nationaux au lieu des fantaisies idйologiques, on peut construire l'ordre du jour positif.

A l'йpoque, les USA ont rйpondu par la prйsidence de John Kennedy aux dйfis intellectuels, militaro-politiques et technologiques. La situation se rйpиte. L'Amйrique doit reconnaоtre la rйalitй du «monde post-amйricain» (F.Zakharia) et commencer а s'y adapter. Je ne peux qu'кtre d'accord avec F.A.Loukianov, qui dans son article au journal «Vйdomosti» du 21 juillet dit, que «la prйsidence suivante est d'une importance de principe – elle montrera la profondeur de la crise de la politique amйricaine, et combien de temps il lui faudra pour la surmonter»

Nous allons mener les affaires avec n'importe quelle Amйrique. Cela dit, ce ne sont pas les йlйments choisis qui sont en vigueur, mais tout le «paquet». Nous allons parler avec Washington, tant qu'il reste le moindre espoir de se comprendre et de s'entendre. Et nous n'allons pas cacher : nous voudrions que dans les affaires internationales, l'Amйrique emprunte la voie des changements au lieu d'emprunter la sienne.

Si cela ne se fait pas, ce sont les temps compliquйs qu'attendront les USA et le monde entier. La tentative de vivre dans son propre «monde unipolaire» n'a que trop durй – c'est un йtat dangereux pour tous. Nous voyons ses manifestations dans les provocations antirusses, y compris l'agression de Tbilissi contre l'Ossйtie du Sud.

Je suis persuadй, que la pratique de subvention des йtats-clients, des rйgimes factices s'est discrйditйe et ne doit plus renaоtre.

Il faut du temps pour y voir bien clair et dйcider, ce qui est important. La mythologie de la sйcuritй sйparйe de blocs а l'йpoque de la mondialisation ou le succиs de la lutte antiterroriste et antinarcotique en Afghanistan et l'analyse conjointe des consйquences globales йventuelles du dйveloppement de la situation au Pakistan. La fragmentation ultйrieure des йtats balkaniques ou les efforts solidaires de stabilisation de cette rйgion explosive.

Je pense que tфt ou tard, nous aboutirons а la reconnaissance du besoin de rйviser tout l'ordre du jour international pour concerter sa variante vraiment collective. Nul besoin de repartir а zйro. Mais la rйvision radicale s'impose, car c'est l'imposition а tous, y compris а la Russie, de l'image unilatйralement peinte а l'Occident du dйveloppement du monde depuis 1992 qui rйside а la base de tous les malentendus actuels.

La seule voie raisonnable d'avancer est la coopйration pragmatique et lucide, sans illusions, dont nos partenaires nous ont dйfinitivement dйlivrйs. Seule la rйciprocitй totale peut devenir le critиre de nos relations.

*          *          *

Il est difficile de ne pas voir dans les actions de nos opposants l'aspiration – au niveau du subconscient – de compenser par quelque chose l'absence de l'obйissance de la part de la Russie. Cette insatisfaction entraоne inйvitablement sur la voie de la politique de «dissuasion». Et tout cela malgrй le sage conseil de Joseph Nay sur la dйficience de la politique de force militaire de notre temps. Et malgrй la thиse, formulйe par le chancelier A.M.Gortchakov dans sa cйlиbre dйpкche du 21 aoыt 1856, que cette sorte de politique «rend finalement а la Russie l'entiиre libertй des actions», ainsi que malgrй l'opinion de F.I.Tioutchev (dans son traitй inachevй «La Russie et l'Occident»), que «ce sont les ennemis jurйs de la Russie qui contribuent avec le plus grand succиs au dйveloppement de sa grandeur». Il est difficile de contester cette derniиre thиse, si l'on rйflйchit а ce qui a dйclenchй les guerres, terminйes par l'entrйe des troupes russes а Paris en 1814 et а Berlin en 1945.

On nous impose encore l'opposition dans pratiquement la mкme rйgion, oщ, il y a un siиcle et demi, on dissuadait la Russie sous le slogan du Problиme de l'Orient. Maintenant, les slogans ont changй. Il ne manque que les dйmonstrations de la marine en mer Baltique (on les voit dйjа en mer Noire). Mais ce n'est pas trиs loin, si l'on parle des projets des USA de dйployer leurs antimissiles sur la cфte balte de la Pologne, et pour les dйfendre – des systиmes appropriйs non seulement de terre, mais de mer. Je rappelle, qu'aprиs la Guerre de Crimйe, l'Europe Occidentale n'a jamais su rйtablir son йquilibre sans la participation de la Russie, y compris sur les fronts de la Premiиre guerre mondiale.

C'est pourquoi nous n'йviterons pas le sujet fondamental «La Russie et l'Occident». Nous avons au fond partagй toutes les tragйdies de l'Europe au --e siиcle, quand le la de la civilisation europйenne venait de la partie occidentale du continent. Maintenant, avec la fin de «la guerre froide», sont devenus possibles en Euro-Atlantique les dйcisions rйellement conjointes, impensables sans la participation йgale de la Russie.

Il faut y dire, qu'aujourd'hui, d'aucuns cherchent а nous effrayer par l'Allemagne, qui, si on la lвchait de la «cage» de l'OTAN, menacerait de nouveau toute l'Europe. Je crois, que ceux qui voudraient saper la confiance aux rйsultats du dйveloppement d'aprиs-guerre de la RFA, poursuivent leurs intйrкts lucratifs. Le problиme de l'Allemagne est pour nous dйfinitivement rйglй. La conciliation russo-allemande constitue un des facteurs importantissimes de l'йdification de la nouvelle Europe. Et nous ne permettrons а personne d'enfoncer un coin entre nos peuples.

Les problиmes de l'Occident historique se manifestent de maniиre la plus aiguл outre-Atlantique – avant tout, puisque c'est lа que le poids de la politique, basйe sur les instincts et les prйjugйs du passй, a йtй le plus lourd. Mais dans un monde entiиrement changй en globalisation, il faudra reformuler sa mission. En fait, c'est l'Europe de l'Ouest qui l'a fait, qui refuse dans sa majoritй de partager la mise des Amйricains sur la force militaire. La Russie nouvelle a aussi fait son choix, le confirmant dans le Concept de politique йtrangиre de la Fйdйration de Russie, approuvй par le Prйsident D.A.Medvйdev. Maintenant, c'est aux autres membres de la famille europйenne et euro-atlantique d'agir.

La rйaction de certains pays de l'Occident а la crise sud-ossиte est а la limite de l'autodйnonciation – dans une clй appuyйe gйopolitique, idйologique, c'est-а-dire sans liaison avec les faits rйels, illustre de faзon parlante le dйficit de la morale. Ceux qui ne sont pas capables de se ranger du cфtй de la vйritй et de la justice, ne peuvent pas malgrй tous leurs efforts reprйsenter toute la civilisation de l'Europe, sans parler dйjа de l'incompatibilitй de cette approche avec les autres civilisations et les traditions culturelles.

Aujourd'hui, pour prйtendre а une situation privilйgiйe dans le systиme international, il faut prouver sa capacitй au leadership rйel dans le rиglement des problиmes globaux, que ce soit la pauvretй globale, la sйcuritй йnergйtique et alimentaire ou le changement du climat. A commencer par le conflit arabo-israйlien non rйglй. En prйsentant une autre civilisation, le professeur de l'Universitй d'Etat du Singapour Kishore Mahbubani йcrit (dans Foreign Affairs de mai/juin 2008), que «l'Occident s'est transformй pour le monde entier de l'instance principale de rиglement des problиmes globaux en un obstacle majeur». C'est pour cela que devront rйpondre face au reste du monde ceux, qui prйtendent formuler la position de «l'Occident tout entier».

Il faut se concentrer sur le positif, y compris en tirant les leзons de l'histoire. C'est le modиle socialement orientй du dйveloppement de l'йconomie qui est devenue le rйsultat de tout le dйveloppement historique de l'Europe au --e siиcle, y compris les deux guerres mondiales, la «guerre froide», le bipolaire, etc. Les tentatives de la dйtruire comme inutile aprиs la fin de «la guerre froide» n'ont rien donnй. Sur le fonds de la crise financiиre actuelle, la britannique «Financial Times» du 14 juillet a notй, que mкme l'Amйrique n'a pas pu passer а cфtй des «trucs» socialistes comme les associations et corporations hypothйcaires, «sponsorisйs par le gouvernement». Londres a aussi suivi la voie de la nationalisation de la banque «Northern Rock», chose anathиme rйcemment encore du point de vue de l'йconomie politique anglo-saxonne.

La Russie a bйnйvolement choisi pour objectif l'йconomie socialement orientйe. C'est avec ce produit civilisationnel que toute l'Euro-Atlantique devrait sortir sur le marchй global des idйes, des valeurs et des modиles de dйveloppement.

Le temps est venu, oщ le rиglement des problиmes globaux devra devenir une partie de la stratйgie nationale de dйveloppement. Cela exigera une vision fraоche des choses, le savoir de tenir compte et d'intйgrer les intйrкts de tous les groupes d'йtats. On voit son importance sur l'exemple de l'йchec du round de Doha, de l'aggravation actuelle de la crise alimentaire globale, de sйrieux ratйs dans le systиme mondial commercial йconomique et financier. On peut juger du niveau de l'analyse politique de nos opposants par ce qu'aux nйgociations sur l'adhйsion de la Russie а l'OMC, que nous avons menйes honnкtement, nos partenaires au lieu d'appuyer par la Russie le systиme multilatйral commercial qui s'йcroule cherchent а nous imposer les conditions discriminatoires.

Nul doute, que la Russie et l'Occident historique peuvent pendant un certain temps, mкme important probablement, vivre et agir sur deux plans qui s'intersectent parfois, dans les systиmes de coordonnйes diffйrents. On l'a dйjа vu plus d'une fois, cela dit, pas а force du choix conscient de la Russie. On peut dire, que sur le plan historique, nous en avons l'habitude.

Tous а l'Occident sont loin de souffrir de l'incomprйhension de ce qui se passe. Le sommet d'aujourd'hui de l'Union Europйenne doit йclaircir beaucoup ces choses. Nous espйrons, que le choix sera fait partant des intйrкts fondamentaux de l'Europe.

*          *          *

Notre point de vue sur le monde moderne, les buts et les tвches, qu'y poursuit la Russie, sont nettement formulйs dans le Concept de politique йtrangиre, approuvй par le Prйsident D.A.Medvйdev. Son sens a йtй sous forme condensйe confirmй dans les cinq principes, йnoncйe par D.A.Medvйdev dans son interview aux mйdias russes le 31 aoыt.

Nous ne consentirons jamais le nihilisme juridique dans les affaires mondiales, l'attitude envers le droit international comme а une «girouette» et «le sort des faibles», toute tentative d'«arrondir les angles» en nuisant а la lйgitimitй internationale, qui incarne le moral dans les rapports entre les йtats. Il est vrai que le droit international constitue notre idйologie dans les affaires internationales. Reprenant les paroles de F.A.Tioutchev, nous voulons «une fois pour toutes entйriner le triomphe du droit, de la lйgitimitй historique sur le mode d'actions rйvolutionnaire».

Avec la fin de «la guerre froide» sont apparues les bases pour entйriner les principes de la vraie libertй au sein de la communautй internationale. Les bases pour la politique de blocs ont disparu. La pluralitй des variantes dans le comportement des йtats dans l'arиne internationale a accru. Le fameux principe – ou avec nous, ou contre nous, n'agit plus. On crйe les conditions pour un monde multipolaire, dans lequel les йtats sont mus par leurs propres intйrкts nationaux dйpouillйs de l'idйologie et par la comprйhension commune des intйrкts conjoints. Lа est la base du nouveau systиme international autorйgulant en formation.

La Russie a subi une lourde perte – Alexandre Issaпйvitch Soljйnitsine est mort, que l'on croyait de droit le principal dissident de l'Union Soviйtique. C'est pourquoi il est tout lieu de dire, qu'une partie de la rйponse de la Russie nouvelle au dйfi de son hйritage spirituel vient du fait, que nous dйfendons rйellement dans les rapports internationaux le droit а la dissidence, en d'autres termes le droit а la libertй de parole et de pensйe pour tout йtat – indйpendamment de ses dimensions et de son appartenance civilisationnelle.

Nous ne permettrons pas de nous entraоner dans n'importe quelle confrontation – les amateurs des configurations de confrontation devrons se passer de nous. Si les partenaires ne sont pas prкts aux actions conjointes, la Russie devra, pour dйfendre ses intйrкts nationaux, agir seule, mais toujours sur la base du droit international.

C'est sur la base solide du droit international, de la Constitution et des lois de la Russie que nous allons dйfendre la vie et la dignitй de nos citoyens, oщ qu'ils se trouvent, soutenir les intйrкts du business russe, dйvelopper les rapports privilйgiйs avec les amis de la Russie dans diffйrentes rйgions.

La Russie a la vision intиgre du monde contemporain et son propre rфle dedans. Il ne reste plus de place pour les illusions а propos de la possibilitй de nous contraindre «par magie» de «changer le cap» dans l'arиne internationale.

D'aucuns ne veulent pas, que nous nous concentrions sur la crйation, rйsolvions avec succиs les tвches importantes pour notre peuple, occupions notre place lйgitime au monde. Mais nous aurons assez de patience de ne pas cйder aux provocations. L'йtape de la "concentration" est en gйnйral passйe. Aujourd'hui, est posйe la tвche de faire jouer le potentiel accumulй dans l'intйrкt de la Russie, d'obtenir une qualitй nouvelle dans son dйveloppement intйrieur, de notre apport actif а la formation et а la rйalisation de l'ordre du jour international.

Le nouvel йtat du pays et du monde a aussi dйfini les nouvelles tвches, qui avaient йtй posйes par le Prйsident D.A.Medvйdev devant le service diplomatique russe а la rйunion des ambassadeurs. La conversation a йtй exigeante, avant tout а propos de la coordination de politique йtrangиre et du travail informationnel. Avec la consolidation de la Russie augmente notre rфle et notre responsabilitй dans les affaires internationales, mais la concurrence devient plus dure aussi. Il faut lutter pour l'espace de l'information – sinon, il sera difficile de garantir la compйtitivitй du pays dans les conditions nouvelles. C'est le contrфle par ses patrons du «champ» international informationnel qu'espйrait Tbilissi en dйclenchant l'agression contre l'Ossйtie du Sud et en prйparant la guerre йclair en Abkhazie. Autrement dit le fait de faire passer le noir par le blanc.

Tout cela exige de nous plus d'initiative, plus d'anticipation.

Il ne faut pas oublier, et le Prйsident en a surtout parlй, y compris а la rencontre avec les jeunes du MAE, que nous tous devons faire preuve d'une position civile active, du dйsir et du savoir de travailler pour l'Etat, de l'aspiration а rendre la promotion des intйrкts nationaux l'essentiel dans la rйalisation de la personnalitй, dans l'assise de l'atmosphиre rйellement crйatrice au sein du Ministиre. Finalement, il s'agit de convertir les soins des dirigeants du pays en une qualitй nouvelle de notre travail. Les mкmes hautes exigences sont valables а l'йgard de ceux qui dйsirent travailler au MAE de la Russie.

L'IERIM  dispose d'excellentes capacitйs et de professeurs uniques pour vous donner la formation la plus moderne. On y apprend а crйer, а construire correctement les relations au sein d'un collectif. Les йtudiants de l'IERIM  disposent d'un йnorme massif de connaissances, qui composent les fondations solides de leur future carriиre. Notre Acadйmie diplomatique aide aussi а la dйvelopper, le processus de ses rйformes doit la faire compйtitive selon les plus hauts critиres internationaux.

Permettez-moi de souhaiter aux futurs promus du succиs et les йtudes productives, de la persйvйrance dans la maоtrise des sciences, de l'aspiration а l'йlargissement de leur horizon et une autoperfection permanente.

Et je souhaite а l'administration, aux professeurs une bonne santй, beaucoup de forces et de patience pour que vos pupilles actuels deviennent dans l'avenir les experts de premiиre, prкts а servir fidиlement leur Patrie dans n'importe quel domaine.

Le 1er septembre 2008