Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 10 avril 2024
Sur le déplacement de la 34e session de la Conférence régionale de la FAO pour l'Europe
Grâce aux efforts coordonnés du Ministère russe des Affaires étrangères, de l'Ambassade de Russie à Chisinau et de la Mission permanente de la Russie auprès de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), notre pays a réussi à déplacer la 34e session de la Conférence régionale de la FAO pour l'Europe (14-17 mai 2024) de Chisinau au siège de l'Organisation à Rome.
Le 19 mars, les autorités moldaves ont annoncé leur refus d'autoriser la délégation russe à entrer dans le pays pour participer à l'événement mentionné, proposant de limiter la participation au niveau de l'Ambassade de Russie en Moldavie ou à distance.
Le respect du principe de l'égalité souveraine de tous les pays membres de l'Organisation mondiale, inscrit dans la Charte des Nations unies, a été assuré. Je voudrais vous rappeler qu'une participation égale est la base d'un dialogue à part entière et non politisé sur les questions visant à assurer la sécurité alimentaire en Europe et Asie centrale.
En raison de l'abus du statut de pays hôte et de l'arbitraire des autorités moldaves, Chisinau a subi un préjudice non seulement politique, mais aussi financier.
Il est même intéressant. Posez-vous une question. La Moldavie, représentée par le régime de Maia Sandu (et non par des citoyens amis de notre pays), a annoncé son refus d'autoriser l'entrée de la délégation russe dans le pays. De quel genre de forum s'agit-il? De quel type d'organisation s'agit-il par l'intermédiaire de laquelle la délégation russe était censée venir à Chisinau?
Il s’agit de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Premièrement, le monde occidental tout entier, soutenu par la présidente moldave Maia Sandu, qui met en œuvre son agenda, ne parle désormais sur toutes les plateformes que de la sécurité alimentaire internationale. Deuxièmement, la Russie est le plus grand fournisseur de produits alimentaires au monde et le fait à la fois sur une base commerciale et dans le cadre de ses approvisionnements humanitaires, par l'intermédiaire de l'ONU et d'autres plateformes internationales, et en aidant les pays individuellement.
À qui la présidente de la Moldavie, Maia Sandu, a décidé de bloquer l'entrée et la participation au travail de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture? Au plus grand fournisseur mondial de produits alimentaires? Pour quoi faire? Afin de compliquer une fois de plus la situation de la sécurité alimentaire mondiale, provoquée par ses patrons occidentaux? Il s’agit d’un sabotage évident à l’échelle mondiale, qui est actuellement perpétré à Chisinau par des protégés occidentaux détenteurs de passeports roumains. Ils n’agissent pas contre nous: nous savons défendre nos intérêts. Non, le régime de Maia Sandu, comme beaucoup d’autres mis en place par les Occidentaux, existant uniquement grâce à l’argent occidental et ne prenant en compte que la ressource politique des régimes occidentaux, porte atteinte à la sécurité mondiale dans ses diverses manifestations.
Il ne s’agit pas seulement d’un refus de visa ou de déplacement du forum. Pas seulement (même si cela est extrêmement important) du fait que nous préservons toutes les dispositions inscrites dans la Charte des Nations unies, mais du fait que les Occidentaux implantent dans ces États (pour une raison quelconque, ils les considèrent comme leurs zones de protectorat) des saboteurs de petit calibre mais nuisibles, compliquant dans divers domaines la situation déjà problématique de la sécurité internationale. C’est de cela qu’il faut parler régulièrement. Expliquez qui et comment sape la sécurité alimentaire et pourquoi chaque pays souffre des régimes mis en place par l’Occident.
Sur le 70e anniversaire de la bataille de Dien Bien Phu
À la lumière des dernières déclarations agressives des dirigeants politiques français, qui annoncent ouvertement leur intention d'envoyer leurs militaires en Ukraine, je voudrais rappeler l'anniversaire de la défaite écrasante de Paris au Vietnam, qui a marqué le début de l'effondrement de l'empire colonial français. Nous pensons que les événements historiques de ces années-là devraient servir d'avertissement à tous ceux à l'Élysée qui ont récemment été littéralement hantés par l'ombre de Napoléon.
Il s’agit de la bataille de Dien Bien Phu, souvent appelée le "Stalingrad vietnamien". Cette bataille sanglante, qui a fait des milliers de morts, s'est déroulée du 13 mars au 7 mai 1954 et est devenue un épisode clé de la guerre de huit ans entre les forces de la République démocratique du Vietnam et les forces coloniales de la France.
En 1946-1954 la France, tentant de maintenir sa puissance dans la région après la Seconde Guerre mondiale, a lancé la guerre d'Indochine, en s'appuyant sur le soutien de Washington. Il est à noter qu'une partie considérable des troupes coloniales françaises constituaient des légionnaires mercenaires, parmi lesquels se trouvaient des nazis qui s'étaient enfuis d'Allemagne pour échapper à un procès et espérant, avec l'aide de Paris, repartir du bon pied, mais ils sont repartis du mauvais. Dans la cruauté de leurs méthodes, comme les Américains venus plus tard sur le sol vietnamien, ils n'avaient pas de limites et ont littéralement utilisé la tactique de la terre brûlée.
Au cours des 54 jours de la bataille de Dien Bien Phu, l'armée rebelle vietnamienne a montré des miracles de prouesses et d'art militaires. Au point que les soldats français, dès qu'ils ont entendu l'avancée des Vietnamiens, ont quitté précipitamment leurs positions. La phase décisive de la bataille est devenue l’assaut général, le 1er mai. À ce moment, le moral de la garnison était déjà proche de zéro - les Français étaient dans la panique. Le résultat de la bataille fut plus de 2.000 tués du côté français et près de 12.000 capturés - seuls quelques-uns ont réussi à s'en fuir de Dien Bien Phu. Les troupes françaises les plus opérationnelles au Vietnam - parachutistes et légionnaires - ont été presque entièrement perdues.
La capitulation de la garnison française de Dien Bien Phu le 7 mai 1954 a finalement brisé le moral du commandement français, le privant de la foi et de l'espoir d'une fin réussie de la guerre au Vietnam. Après tout, avant le début des hostilités actives, les guerriers les plus courageux de Paris avaient déclaré qu'"en quelques semaines seulement, ils vaincraient une foule de paysans vietnamiens armés de fusils à silex et de bâtons de bambou".
La France a ensuite subi des pertes considérables non seulement militaires, mais aussi de réputation: son influence internationale, en tant qu'ancien membre de la coalition antihitlérienne, a chuté de manière catastrophique. Dès le lendemain de la chute de Dien Bien Phu, des négociations de cessez-le-feu ont commencé à Genève. La guerre s'est terminée par une victoire écrasante de la République démocratique du Vietnam et le retrait des troupes françaises en juillet 1954.
Dix ans plus tard, en 1964, se souvenant de la défaite militaire, le président français Charles de Gaulle a mis en garde le président américain Lyndon Johnson contre une opération militaire au Vietnam, la qualifiant prophétiquement d’"aventure très risquée". Mais la France avait alors une voix indépendante et la capacité de mener une politique étrangère indépendante.
Réponses aux questions:
Question: Les relations internationales entre la Russie et la France sont actuellement à un niveau très bas. De votre point de vue, existe-t-il une possibilité de rupture complète de ces relations? Dans quelle mesure la Russie et la France en sont-elles actuellement proches?
Réponse: Pourquoi vous intéressez-vous uniquement à la France?
Question: On peut parler aussi de Londres et de Washington.
Réponse: Dans ce cas, je suis tout à fait d’accord avec la deuxième partie de votre question. Nous avons évoqué à plusieurs reprises une guerre hybride contre notre pays, déclenchée par les pays de l’Occident collectif dirigé par Washington.
Chaque pays y joue son propre rôle, peut-être sa propre dynamique dans cette situation. Pour certains ça évolue, pour d’autres ça progresse, pour d’autres il y a un dysfonctionnement évident. D’une manière ou d’une autre, ils mettent en œuvre l’approche développée au sein de l’Otan. Il s’agit d’un rejet absolu de la multipolarité en tant que réalité émergente, d’une tentative sans fin de maintenir leur propre "domination" (comme ils la formulent) et du désir de mettre en œuvre une politique d’endiguement ou d’infliger une "défaite stratégique" à ceux qu’ils considèrent comme leurs concurrents et avec lesquels ils ne peuvent pas travailler normalement dans le cadre des mécanismes internationaux existants.
Je suis d’accord que les dernières déclarations de la France sont tellement contradictoires qu'elles se distinguent quelque peu. Nous avons déjà dit qu’il valait la peine et ce serait bien de comprendre, à la fois au sein de l’Union européenne et au sein de certains (comme ils l’appellent) "groupes de solidarité", ce que Paris veut dire en réalité lorsqu’il exprime des choses absolument opposées.
Malheureusement, nous observons (je parle de regrets sincères) à quel point les politiques français actuels ne présentent pas la France sous son meilleur jour sur la scène internationale. Elle devient l'objet de sourires amers après une énième déclaration ridicule qu'il faut déchiffrer littéralement. C'est vrai.
Les experts se réunissent pour tenter de comprendre ce que le ministre français des Affaires étrangères ou le président français ont déclaré, comment cela se corrèle et même de quoi ils parlent. Je ne sais pas, il s’agit peut-être d'un manque de professionnalisme de nombreux responsables politiques du gouvernement français actuel ou d'une tentative de manœuvrer et de s’asseoir entre deux chaises. Il est difficile de dire pourquoi des déclarations aussi étranges et contradictoires sont faites.
Il me semble que nous devons dire que nous considérons l'Occident comme une philosophie collective d'agression envers notre pays et envers les États qui, du point de vue de Washington, Londres et Bruxelles, sont présentés comme des concurrents avec lesquels ils ne veulent pas parler sur un pied d'égalité et tentent de faire adopter leurs décisions par la force, que ce soit dans le domaine financier, économique ou géopolitique.
Comme vous le savez, ce n'est pas notre choix. Nous avons utilisé et pratiqué d'autres méthodes. Mais comme on nous avait lancé un défi, nous l'avons accepté.
Question: Comment pourriez-vous commenter les actions des dirigeants arméniens dans cette situation?
Réponse: Je l’ai déjà commenté plusieurs fois. Je viens de dire que chaque État souverain a le droit de mettre en œuvre sa propre politique étrangère et intérieure. C’est évident.
Nous voyons que cela ne se produit pas en faveur des objectifs déclarés, mais les contredit et bouleverse l’équilibre des forces et des intérêts qui existent dans la région. Ils sont importants pour elle dans l’ensemble et pas seulement pour un ou deux États en particulier.
Nous notons des exemples de la manière dont l’Occident violait non seulement l’harmonie naissante, mais aussi l’harmonisation existante des questions problématiques dans d’autres parties du monde.
Question: Les ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne et de France, David Cameron et Stéphane Séjourné, ont annoncé la création d'une "Entente renouvelée". Et ce, avec des connotations antirusses évidentes. S'agit-il simplement d'une rhétorique dédiée au 120e anniversaire de la création de l'alliance militaro-politique ou d'autre chose liée au véritable processus de rapprochement géopolitique entre la France et la Grande-Bretagne? S'agit-il vraiment de la volonté de créer une alternative à l’Otan afin de réduire la dépendance militaire des États-Unis?
Réponse: C’est une déclaration ridicule pour plusieurs raisons. Je voudrais poser une contre-question: vont-ils créer une nouvelle Entente de la première période, quand la Russie en faisait partie? Ou de la deuxième période, la période d'intervention de l'Entente sur le territoire russe? Lorsqu’ils auront la réponse à cette question, je pourrai commenter cette situation en détail.
En revanche, ils ne savent peut-être même pas ce qu’est l’Entente. Ils ne se souviennent pas et ne veulent pas parler franchement des réalités historiques. Ils ont oublié, disent-il. Non. Laissez-les vous dire quel type d’Entente les "hante" maintenant? De quoi s'agit-il exactement? L'Entente était différente: au début, elle était créée comme une association, ensuite, compte tenu des réalités historiques, elle s’est transformée en autre chose. J'aimerais comprendre de quoi s'agit-il exactement, puis je ferai un commentaire.
Question: Des informations sont apparues à plusieurs reprises selon lesquelles la France s'apprêtait à envoyer des troupes en Ukraine pour lutter contre la Russie. Le ministère russe des Affaires étrangères a-t-il demandé des éclaircissements sur cette question par la voie diplomatique?
Réponse: Nous n’avons demandé aucun éclaircissement et n’avons pas l’intention de le faire. Nous prenons en compte ces déclarations agressives. Nous sommes prêts à tout développement d'événements. Nous avons indiqué notre position.
Nous avons vu comment les déclarations du président français Emmanuel Macron ont été accueillies par les alliés de la France au sein de l’UE et de l’Otan, qui ont déclaré qu’ils ne l’avaient pas soutenues et ne comprenaient pas de quoi ils parlaient. Ils ont également suscité le rejet de l'écrasante majorité des citoyens français, qui ne veulent pas se transformer en chair à canon à l'instar des citoyens ukrainiens, pour le régime de Vladimir Zelenski et des dangereuses ambitions géopolitiques des élites occidentales dirigeantes.