Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, République de Crimée de la Fédération de Russie, 7 juillet 2016
Aujourd'hui notre conférence de presse sort de l'ordinaire puisqu'elle se déroule en République de Crimée de la Fédération de Russie, où nous nous trouvons à l'invitation du Centre international pour enfants Artek. Cette conférence de presse est également inhabituelle puisque les enfants de la 11e section médiatique du camp Khroustalny y sont présents. Hier, j'ai été animatrice au sein de cette section et j'ai invité aujourd'hui les enfants qui s'intéressent au journalisme, à l'information et aux relations publiques à participer à la conférence de presse pour qu'ils puissent voir comment se déroule une véritable activité médiatique.
Sur la visite du Ministre russe des Affaires étrangères en Azerbaïdjan
Lundi 11 et mardi 12 juillet, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rendra en Azerbaïdjan pour une visite de travail.
Au cours des entretiens prévus à Bakou seront évoquées les questions d'actualité de l'agenda bilatéral, ainsi que le processus de paix du Haut Karabagh.
Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères à la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères des États caspiens au Kazakhstan
Mardi 12 et mercredi 13 juillet, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rendra au Kazakhstan pour participer à la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères (CMAE) des États caspiens.
Ce sera la sixième rencontre des chefs de diplomatie de la Russie, de l'Azerbaïdjan, de l'Iran, du Kazakhstan et du Turkménistan - un format qui a fait ses preuves en tant que plateforme de coopération entre les États du littoral de la mer Caspienne.
A l'ordre du jour de la réunion figureront des questions relatives au statut juridique de la mer Caspienne et à la coopération multilatérale en mer Caspienne dans différents secteurs (économie, transports, sécurité, écologie) ainsi que des questions régionales et internationales d'actualité. Il est prévu de dresser un bilan intermédiaire de la mise en œuvre des décisions prises par les présidents des États caspiens en septembre 2014 à Astrakhan, et de planifier la fin de ce travail pour le 5e sommet caspien qui se tiendra au Kazakhstan.
La Russie apprécie grandement le dialogue traditionnellement amical et confiant établi dans le cadre du "quintet caspien" et considère comme prioritaire l'aboutissement à un texte concerté de la Convention sur le statut juridique de la mer Caspienne et l'élargissement des contacts mutuellement bénéfiques entre les pays voisins de la mer Caspienne.
Si le calendrier du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov subissait des changements ou des corrections, vous en seriez rapidement informés.
Sur la situation en Syrie
La fin du mois sacré du Ramadan et le début de l'Aïd el-Fitr (fête de la rupture du jeûne) n'ont malheureusement pas coïncidé avec une réduction de la violence en Syrie.
Les affrontements continuent au sud-ouest d'Alep et on constate un renforcement des groupes armés illégaux au nord de cette ville, près des communes de Handrat, Kafr-Hamrah et Leramon. Les terroristes tentent toujours de passer à l'offensive dans la province de Lattaquié et aux alentours de Palmyre, libérée récemment des terroristes de Daech, et organisent des provocations à Daraya et près de Damas.
La destruction définitive du foyer de terrorisme international en Syrie nécessite de bien faire la distinction géographique entre les opposants qui sont prêts à respecter le cessez-le-feu et les groupes terroristes du Front al-Nosra, ainsi qu'un blocage des canaux d'alimentation des groupes terroristes en armes et en argent. C'est précisément ce que fixent les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Le travail se poursuit pour le maintien et le renforcement du cessez-le-feu, notamment dans le cadre des contacts russo-américains réguliers sur le plan militaire. De plus, les représentants russes s'efforcent de rallier aux trêves locales certains groupes des formations armées illégales et plusieurs villes. On en compte déjà 173.
Nous avons bien pris note du rapport de l'organisation Amnesty International qui parle de torture et d'exécutions à grande échelle commises par les hommes de l'opposition armée au nord de la Syrie, notamment par des unités bénéficiant du soutien et de l'aide des USA.
Ces nouveaux faits et informations choquants ne doivent pas être passés sous silence. Malheureusement, des informations tout aussi tragiques arrivent d'al-Baba et d'al-Asliya, où les terroristes de Daech ont capturé 900 civils, essentiellement des Kurdes. Ces derniers sont utilisés comme boucliers vivants ou encore pour creuser des édifices de fortification.
Un nouveau gouvernement a été formé à Damas sous la direction du Président du Conseil des ministres syriens Imad Khamis, au sein duquel une grande partie des ministres a conservé son poste. Le nouveau gouvernement aura notamment pour tâche d'assurer le règlement des graves problèmes socioéconomiques qui touchent la Syrie, dans le contexte difficile d'une lutte déterminée contre le terrorisme.
Sur le rapport de la "commission Chilcot"
Nous avons pris note du rapport publié le 6 juillet par la commission dite Chilcot sur les circonstances de la participation du Royaume-Uni à la campagne militaire en Irak entre 2003 et 2009.
Bien sûr, ce rapport est volumineux: sa préparation a duré presque sept ans. Il faudra du temps pour l'étudier en détail, le lire attentivement, l'analyser, puis en donner une appréciation développée. Mais une première lecture des chapitres clefs du rapport de la commission, selon nous, suffit à confirmer ce que la Fédération de Russie disait depuis des années: avant même le début de la campagne irakienne, avec des faits en main, Moscou soulignait que l'invasion de l'Irak était illégitime, non nécessaire, et les arguments en faveur d'une opération militaire se sont finalement conclus par une supercherie flagrante. L'invasion de cet État souverain n'était appuyée par aucun fait ou information réelle.
La question principale reste sans réponse: qui endossera la responsabilité de la mort, comme le reconnaît le rapport, d'au moins 150 000 citoyens irakiens - sans parler des millions de réfugiés, des centaines de milliers de blessés et de nombreuses exactions de militaires britanniques vis-à-vis de la population locale? Et comment?
Sur la participation de représentants américains aux manifestations antigouvernementales à Belgrade
Nous avons remarqué la publication dans les médias serbes d'articles mentionnant la participation du personnel diplomatique américain aux manifestations actuelles à Belgrade, dirigées contre le gouvernement, je le rappelle, d'un État souverain. Il convient de souligner que ces activités sont régulièrement organisées par différentes ONG financées depuis l'étranger. Il semblerait que, pour une certaine raison, les sponsors étrangers ne fassent pas confiance aux "activistes civils" serbes puisque les diplomates américains doivent participer personnellement aux manifestations pour contrôler la répartition des fonds alloués. Bien sûr, c'est un terme nouveau dans le soutien de la société civile, mais il ne reste rien d'autre. Ce que coûtent en réalité les protestations de la société civile financées depuis l'étranger, les citoyens serbes l'ont montré aux élections du 24 avril où la coalition menée par le Président du gouvernement Aleksandar Vucic a obtenu la majorité absolue des sièges au parlement.
Nous constatons un enracinement profond, dans les Balkans, de pratiques d'ingérence dans les affaires intérieures de pays souverains. En utilisant des méthodes bien connues de recours à une "minorité agressive" financée de l'extérieur, on prépare le terrain pour provoquer une nouvelle révolution de couleur, cette fois en Macédoine.
L'avis de la majorité est ignoré. Par exemple, nous avons dit plusieurs fois que l'adhésion du Monténégro à l'Otan se préparait très activement, alors même que personne n'avait demandé l'avis des Monténégrins à ce sujet. Ces derniers continuent de demander l'organisation d'un référendum réellement représentatif, pour que les citoyens prennent ensemble cette décision importante et sérieuse, qui ne resterait pas sans conséquences sur la scène internationale. Tout cela ne fait qu'accentuer la profonde division de la société. Malheureusement, Podgorica, avec le soutien des principales puissances de l'Alliance, refuse toujours d'organiser un référendum sur cette question si importante concernant chaque habitant du pays.
Sur la publication du rapport de la Commission à la défense de la Chambre des communes du Parlement britannique
Nous avons relevé la publication du rapport de la Commission à la défense de la Chambre des communes du Parlement britannique intitulé "Russie: influence sur la défense et la sécurité du Royaume-Uni", ce mardi 5 juillet. J'ai déjà donné une brève appréciation du contenu de ce document sur Facebook et je voudrais maintenant entrer dans les détails.
Quand on connaît la spécificité de la logique des auteurs, on ressort de cette lecture avec une impression très mitigée. D'un côté, ils sont prisonniers de leurs propres stéréotypes et reproduisent les thèses martelées constamment d'une prétendue "agression russe en Ukraine", d'un "comportement menaçant à l'encontre des membres de l'Otan", de la "propagande" et de la "désinformation" russes, etc. D'un autre côté, ils constatent l'état déplorable des relations russo-britanniques (ce qui est vrai, nous le disons officiellement) et appellent le gouvernement britannique à rétablir au plus vite un dialogue avec Moscou pour ne pas risquer de voir naître des "conflits pouvant être prévenus en améliorant l'échange d'informations". Il est difficile de contester cette idée saine et opportune.
Dans le même temps, les auteurs appellent à maintenir les sanctions actuelles de l'UE et même à les élargir, tout en précisant honteusement que suite aux résultats du référendum sur la sortie du pays de l'UE la capacité du Royaume-Uni de faire passer cette décision serait "mise à l'épreuve".
Je ne sais pas ce qui est le plus regrettable: l'incompréhension ou la déformation par les auteurs du rapport des liens de cause à effet? La Russie est présentée comme étant l'origine de tous les problèmes auxquels l'Otan, y compris le Royaume-Uni, doivent réagir. En réalité, on a l'impression que la situation est observée par nos collègues britanniques dans un miroir inversé. Si ce rapport reflète bien une chose, c'est le chaos dans la pensée analytique du Royaume-Uni.
Bien sûr, nous sommes forcément préoccupés par le niveau de compétence des analystes britanniques dans leur compréhension des processus à l’œuvre dans le monde et en Russie. Plusieurs pages du document sont consacrées à l'"insuffisance du personnel encadrant dans l'espace postsoviétique, la mauvaise connaissance du russe par le personnel et leur bas niveau d'analyse". Difficile de ne pas être d'accord. On voudrait noter de nouveau que, d'après nous, le rapport comporte une thèse importante: la reprise des relations et l'échange d'informations à différents niveaux – diplomatique, militaire, entre les institutions spécialisées – sont plus d'actualité que jamais.
Sur les déclarations du commandant en chef des forces armées suédoises Micael Byden
Nous avons été consternés par les propos du commandant en chef des forces armées suédoises Micael Byden, qui a affirmé que la Russie représentait "le plus grand danger militaire pour la Suède" lors de la semaine politique annuelle d'Almedalen organisée sur l'île de Gotland.
Comme un orchestre, plusieurs pays occidentaux accusent presque quotidiennement la Russie de menacer quelqu'un. Je viens de citer les propos des analystes britanniques selon lesquels "la Russie menace le Royaume-Uni". Immédiatement, comme sur ordre, on entend la Suède dire que Moscou la menace également et représente même le plus grand danger pour elle. C'est un nouvel exemple de campagne planifiée.
En ce qui concerne la Suède, nous entendons de telles déclarations régulièrement et dans différents contextes. En particulier, je rappelle la "chasse" aux sous-marins russes qui avait déferlé dans la presse suédoise. Au final, toutes les histoires sur les sous-marins russes n'étaient qu'une simple invention des militaires suédois. Aucune de ces histoires n'a été confirmée. Il est aujourd'hui regrettable que les déclarations russophobes des militaires suédois, qui s'alarment en permanence d'une menace russe, soient devenues habituelles.
Nous avons expliqué plusieurs fois que le réarmement de l'armée russe dont parle Micael Byden n'a rien à voir avec des intentions agressives. Nous réagissons simplement de manière proportionnée à l'activité militaire décuplée de l'Otan, qui rapproche avec obstination son infrastructure des frontières russes. Rien d'autre.
A ce sujet, il faut d'ailleurs souligner la transparence extraordinaire du Ministère russe de la Défense et de nos militaires qui organisent des conférences de presse, publient des informations et sont ouverts aux contacts avec les journalistes étrangers. Mais tout cela est secondaire. J'ai déjà évoqué la priorité: un contact normal et stable entre les représentants des ministères et des institutions de nos pays. Si le commandant en chef des forces armées suédoises Micael Byden a des questions, pourquoi les pose-t-il via les médias? Pourquoi ne pas téléphoner à ses collègues en Russie ou envoyer un message? Nous répondrons à toutes les interrogations, si les explications que nous donnons régulièrement ne suffisent pas.
Nous sommes toujours prêts à un dialogue direct sur toutes les questions qui se posent si un partenaire est inquiet. Malheureusement, nous voyons que la partie suédoise évite sciemment toute conversation substantielle, préférant la diplomatie publique indirecte. Évidemment, il ne s'agit pas de diplomatie publique mais d'une utilisation des médias à des fins de propagande.
On voudrait rappeler également que le Ministère de la Défense organise des réunions régulières avec des attachés de défense accrédités à Moscou. Je m'adresse une nouvelle fois directement à l'Ambassade de Suède à Moscou: si vous avez des questions, envoyez-les soit via le Ministère russe des Affaires étrangères, soit directement à nos collègues du Ministère de la Défense. Nous expliquerons, confirmerons, réfuterons, établirons enfin un dialogue direct. Cessez d'utiliser les médias de votre pays pour créer des tensions, intimider la population avec une prétendue "menace russe".
Sur l'enquête autour du meurtre d'un couple russe aux îles Fidji
Le 26 juin, les forces de l'ordre fidjiennes ont découvert des restes humains sur la côte dans les environs de Natadola Beach (île de Viti Levu). Plus tôt, le 17 juin, l'un de nos compatriotes résidant aux Fidji avait déclaré la disparition des citoyens Russes Iouri Chipouline et Natalia Guerassimova.
Le 4 juillet, une analyse ADN a confirmé que les restes humains appartenaient aux Russes disparus.
Les autorités fidjiennes mènent l'enquête. L'Ambassade de Russie à Canberra est en contact permanent avec les autorités fidjiennes et leur apporte tout le soutien nécessaire.
Question: Nous nous trouvons aujourd'hui au Centre international pour enfants Artek: comment s'est déroulée votre journée d'hier, pendant laquelle vous avez été une "présentatrice célèbre"? Quels thèmes avez-vous abordé et quelles questions ont été posées par les enfants - dont certains sont ici avec nous - notamment sur le thème international?
Réponse: Hier, j'étais une "animatrice célèbre": "présentatrice célèbre" est pour la suite.
Plusieurs experts du Ministère russe des Affaires étrangères, moi inclue, avons reçu en juin des invitations du Centre international pour enfants Artek pour organiser une réunion avec des enfants, leur parler du travail des diplomates, de ce métier et des principaux axes de la politique étrangère russe. Notre calendrier était très rempli en juin car de nombreux événements internationaux se sont déroulés en Russie et à l'étranger. J'ai proposé de reporter notre réunion à juillet, quand il y avait des jours disponibles, et de rendre ma présence la plus informative et substantielle. Ce n'est pas ma première rencontre avec des enfants d'Artek mais jusqu'ici elle était restée virtuelle: nous communiquions avec le camp de vacances en visioconférence. Nous avons imaginé un programme et j'ai été "rattachée" à la 11e section.
Tout a commencé tôt le matin. Les enfants se lèvent ici à 7 heures et j'ai été invitée à 7 heures pour la réunion des animateurs. J'ai été étonné de la manière dont tout était structuré, à quel point le programme était clair pour tous: chaque animateur connaissait la liste des activités, leur heure exacte et ses tâches principales. Des exercices sportifs ont été organisés ensuite pour plusieurs sections, puis des exercices individuels et le petit déjeuner. Nous avons organisé un cours interactif de diplomatie pour enfants. Les enfants posaient des questions sur le métier de diplomate, sur les relations bilatérales. Tout le monde s'intéressait aux relations russo-chinoises, qui étaient précisément le thème central. J'ai parlé de l'Onu, de son Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. J'ai également proposé un entraînement pratique. Les enfants ont eu une idée intéressante – ils ont décidé d'envoyer une lettre aux dirigeants du G20 en prévision du sommet de ce groupe en Chine. J'ai été surtout surprise d'apprendre que le texte de ce message avait été entièrement rédigé par les enfants, de A à Z. Honnêtement, j'avais apporté mes propres préparatifs et propositions, mais cela n'était pas nécessaire à tel point les thèses du message était nettes, logiques et directes comme les enfants peuvent encore l'être. Hier soir, nous l'avons mis au point compte tenu des formalités pour la rédaction de tels documents. Les enfants travaillent encore sur le texte et recueillent des signatures. A la fin de mon séjour ici ou peut-être un peu plus tard (cela dépend du temps que cela nécessitera), ce message me sera transmis et je l'enverrai aux experts qui s'occupent de la préparation du sommet du G20. Je pense que ce message arrivera jusqu'aux dirigeants des pays de ce forum en Chine.
Après cela nous sommes allés nager à la plage. J'étais très intéressée de voir comment les mesures de sécurité étaient assurées dans l'eau. Elles sont sans précédent. Des sauveteurs professionnels travaillent sur place – plusieurs personnes sont placées en hauteur avec des haut-parleurs. Ils font des remarques aux enfants si quelque chose ne va pas. Des animateurs responsables des sections se trouvent le long de la plage. Chaque section se compose de vingt personnes ou plus et se répartit en groupes. Les enfants ne vont dans l'eau qu'en groupe. Les mesures de sécurité sont au plus haut niveau, je peux vous le dire en tant que mère qui cherche à savoir si elle pourrait confier son enfant à Artek. Mon verdict: je peux faire confiance au personnel encadrant de ce camp.
Ensuite nous avons déjeuné. Je pense qu'aujourd'hui les journalistes moscovites et étrangers verront eux-mêmes comment les enfants sont nourris. J'ai interrogé les enfants pour savoir s'ils aimaient la nourriture. Ils ont répondu que oui et ont même nommé leurs plats préférés: le gratin et le poulet. Je ne sais pas comment est le poulet ici, mais je pense que nous le goûterons aujourd'hui.
Puis est venue l'heure du repos. Dans l'après-midi, nous nous sommes revus autour d'un thé. J'ai vécu en Chine et j'ai expliqué aux enfants comment il fallait faire du thé (je m'intéresse beaucoup à ce sujet). Nous avons évoqué différentes questions, dont la lettre adressée aux dirigeants du G20, quelques projets médiatiques qui pourraient marquer notre journée ensemble. Après le dîner nous sommes allés au cinéma: nous avons regardé Vacances dangereuses et avons échangé avec le réalisateur du film Iouri Feting. Nous avons terminé la journée en nous souhaitant de bonnes vacances.
Question: Il y a quelques jours, l'artillerie iranienne a bombardé Haji Omran et Sidakan, des régions dans la province irakienne d'Erbil à la frontière avec l'Iran. Plusieurs civils ont été blessés. Dans le même temps, le conflit entre la Turquie et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a repris. L'armée turque a bombardé les régions frontalières du Kurdistan à Erbil et à Dohuk. Le 1er juillet, le chef adjoint du Corps des gardiens de la révolution islamique Hossein Salami a menacé de détruire le nord de l'Irak – le Kurdistan irakien. Vendredi pendant la prière, Hossein Salami a déclaré que l'Iran détruirait toute force extérieure qui représenterait une menace pour le pays. Qu'en pense la Russie?
Réponse: Nous pensons que les actions militaires entreprises sur le territoire d'autres pays pour prévenir, entre autres, la menace terroriste, doivent être parfaitement conformes aux normes du droit international et être convenues avec les autorités officielles du pays où se déroule une telle opération.
Question: La mer Noire peut-elle être une région de menaces pour la Russie? Quelles démarches concrètes des pays de l'Otan vous préoccupent surtout dans cette zone?
Réponse: Vous savez, je voudrais vous renvoyer vers une interview très détaillée et spécialisée sur ce sujet qui a été accordée aujourd'hui au quotidien Kommersant par l'Ambassadeur de Russie auprès de l'Otan Alexandre Grouchko. Il a répondu à la même question que vous venez de poser: quelles pourraient être les mesures de rétorsion de Moscou compte tenu de l'activité de l'Otan en Europe de l'Est et du renforcement du groupe naval de l'Alliance dans la région de la mer Noire. L'Ambassadeur de Russie auprès de l'Otan Alexandre Grouchko a répondu que nous ferions tout pour que l'équilibre des forces ne soit pas perturbé dans la région. Nous suivons toutes les démarches entreprises par l'Otan. Nous avons déclaré plusieurs fois que nous étions préoccupés par cette activité le long de nos frontières et que nous n'en comprenions pas la raison - la seule pourrait être la campagne médiatique menée par les pays membres de l'Alliance autour de la prétendue "menace russe". En réalité, la Russie ne représente aucune menace pour les pays de l'Otan. Nous nous sommes fixés des tâches et des objectifs: la modernisation de notre armée et les exercices militaires. Mais tout cela se déroule sur notre territoire et nous n'élargissons pas, n'envoyons pas ni n'augmentons nos contingents à l'étranger. Au contraire, les pays de l'Otan le font tout en oubliant que quand ils nous accusent d'agressivité nous restons sur notre territoire alors qu'ils nous encerclent.
Je voudrais dire également que tout cela ne restera pas sans réaction, sans réponse appropriée, mais que cela ne tient pas à nous. Nous pensons que le monde, notamment l'Europe ainsi que d'autres régions, font face aujourd'hui à des questions concrètes relatives à la sécurité. Elles ne sont pas résolues par l'activité de l'Otan le long des frontières russes et concernent des sujets complètement différents: le terrorisme international et la montée de l'extrémisme (à laquelle on assiste aujourd'hui au Moyen-Orient et en Afrique du Nord). Nous ne comprenons pas de quelle manière l'Otan réagit à ces menaces. Nous proposons de travailler ensemble. Nous avons suggéré d'entamer ce travail concret, bien que très tardif, en automne 2015, comme l'a déclaré le Président russe Vladimir Poutine à l'Assemblée générale de l'Onu. Nous voulons que cette lutte, notamment en Syrie, soit non seulement objective et concrète mais s'inscrive également dans le cadre légal. Il serait possible d'élaborer une stratégie appropriée au sein du Conseil de sécurité des Nations unies
Comme vous le savez, notre proposition en ce sens a été ignorée. Le temps a passé, la situation n'a fait qu'empirer. Aujourd'hui nous voyons que peu à peu, d'une manière ou d'une autre, les USA commencent à coopérer militairement avec la Russie. C'était notre initiative. Cela se déroule de manière très difficile, avec une sérieuse résistance, mais plus la situation évolue dans la région et plus nous constatons la nécessité d'une coopération militaire, tout comme Washington même si la résistance de certains groupes reste encore très forte.
Nous voyons tout ce que fait l'Otan. Nous réagissons, tout en précisant que ce n'est pas notre choix. Si vous avez le sentiment que la Russie représente une menace, alors créons de nouveaux formats si ceux qui existent ne suffisent pas. Même si nous avons un exemple, le Conseil Otan-Russie, qui a été longtemps bloqué et qui commence seulement aujourd'hui à reprendre ses activités. Nous avons une Représentation permanente auprès de l'Otan à Bruxelles, qui, bien que le siège ait limité les déplacements de son personnel et réduit au minimum les contacts, est également prête à percevoir toutes les informations et à mener une analyse commune.
Si c'est un choix global au profit de l'accroissement des armements et de la rhétorique agressive, nous réagirons. Mais ce n'est pas notre initiative, nous sommes favorables à une approche complètement différente. Je voudrais attirer encore une fois votre attention sur l'interview très détaillée de l'Ambassadeur de Russie auprès de l'Otan Alexandre Grouchko accordée au quotidien Kommersant, où il explique tout cela.
Question: Le sommet de l'Otan commence demain à Varsovie. Qu'en attend la Russie étant donné que le Secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a récemment déclaré que Moscou resterait isolé tant qu'il continuerait à saper la paix en Europe?
Réponse: Existe-t-il des exemples concrets de la manière dont la Russie sape la paix et la sécurité en Europe? A quoi ces propos font-ils allusion concrètement? La Suède dit que nous la menaçons. Le Royaume-Uni dit que nous sommes une menace, le Secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg affirme que nous sapons la paix et la sécurité. Où sont les exemples concrets? Avancez des exemples concrets et nous travaillerons dessus.
En ce qui concerne la réunion éventuelle du Conseil Otan-Russie, qui est liée également à l'organisation du sommet de l'Otan à Varsovie, je voudrais dire que les consultations avec l'Alliance sur le contenu et la date de la réunion sont en cours. Nous n'écartons pas la possibilité d'une réunion du Conseil Otan-Russie peu de temps après le sommet de Varsovie, sur le thème du renforcement du flanc Est de l'Alliance et des conséquences que cela induit pour la sécurité européenne. Alors que la construction de l'ABM des USA et de l'Otan en Europe se poursuit, le sujet de la défense antimissile sera également évoqué, c'est certain. Il est également prévu d'échanger nos points de vue sur d'autres questions régionales et internationales d'actualité.
Je répète que ce format, qui se rétablit aujourd'hui avec autant de difficultés, a été bloqué unilatéralement par l'Alliance. Sachant qu'on parle constamment d'une prétendue "menace russe" via les médias, et non directement. Cela ne peut conduire qu'à une seule conclusion: certains cherchent aujourd'hui à former l'opinion publique pour justifier l'expansion de l'Alliance et l'accroissement de ses contingents en Europe.
Question: Des représentants russes officiels ont affirmé détenir des informations sur la coopération des autorités turques avec le groupe terroriste Daech. Comment cette information influence-t-elle aujourd'hui les relations russo-turques?
Réponse: Nous n'avons jamais affirmé ne pas disposer de telles informations. Je vous appelle à être très précis dans les formulations, les appréciations et la présentation de cette information. Quand nous avons commencé à déclarer publiquement que nous étions préoccupés par la situation à la frontière turco-syrienne, par le soutien des extrémistes et des terroristes de Daech, nous avons toujours souligné que nous disposions de telles informations avant cela. Et surtout, nous disions que cette information était en permanence rapportée aussi bien aux autorités turques qu'à nos collègues, notamment dans le cadre du Groupe international de soutien à la Syrie. Nous n'avons jamais dit que cette information était apparue seulement quand nous avons eu un incident tragique dans nos relations bilatérales. Cette information était toujours présente et nous l'utilisions. Simplement, nous ne la rendions pas publique. Nous tentions de faire comprendre à la communauté internationale, par des moyens diplomatiques, le caractère inadmissible d'une telle politique vis-à-vis de la Syrie et du terrorisme. Cette information n'a pas disparu, elle existe, et nous continuons de travailler avec, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies.
Question: La date du festival rock de Berlin au parc de Treptow approche. L'avis de la Russie a-t-il été pris en compte? Y a-t-il un dialogue à ce sujet et quelles sont les démarches à venir?
Réponse: J'avais anticipé une telle question et j'ai demandé les dernières informations à ce sujet. Comme vous le savez, nous l'avons déjà commenté. Nos experts suivent attentivement le plan des autorités berlinoises d'organiser un festival de rock sur le territoire du mémorial du parc de Treptow. On sait qu'aucune décision officielle n'a encore été prise à ce sujet. Nous l'attendons fin juillet-début août.
La position russe reste inchangée. Nous continuons d'insister sur le déplacement de cette activité, pour que ce lieu reste un endroit de mémoire et de deuil au nom des guerriers tombés à cette époque. Nous espérons que notre position ne sera pas simplement entendue et prise en compte, mais que des mesures appropriées seront adoptées. Je rappelle que nous suivons la situation et nous vous informerons de son évolution.
Question: Le leader du parti libéral-démocrate de Russie (LDPR) Vladimir Jirinovski a déclaré hier que le rapprochement de la Russie avec la Turquie aiderait à régler les conflits régionaux. D'après vous, comment ce nouvel état de fait pourrait aider à régler les problèmes du Haut Karabagh et la question kurde? Quelles sont les perspectives de simplification du régime de visa avec la Géorgie?
Réponse: Nous avons déjà lancé la procédure de simplification du régime de visa avec la Géorgie. Les consultations sont en cours. Bien que les relations diplomatiques aient été rompues à l'initiative de Tbilissi, nous avons toujours dit qu'il était impossible de détruire les relations entre deux nations et que cela n'arriverait jamais. Ce n'était pas notre choix. Des démarches concrètes ont été entreprises aujourd'hui pour simplifier le régime de visa et le travail se poursuit. Bien sûr, ce n'est pas une question de jours ou de semaines. Le travail continue, nous sommes en contact avec nos collègues géorgiens.
Nous pensons qu'il faut tout faire pour que les liens humains, les liens entre nos peuples soient simplifiés. Du moins, nous faisons tout ce qui dépend du Département de l'information et de la presse du Ministère russe des Affaires étrangères pour soutenir et faciliter les visites des journalistes géorgiens en Russie: nous étudions les requêtes et y réagissons rapidement. Je pense que les journalistes géorgiens peuvent le confirmer.
En ce qui concerne les relations Russie-Turquie et leur influence sur le règlement des conflits régionaux, il est avant tout question de la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, plus précisément en Syrie, et de l'échange d'informations pour prévenir la menace terroriste. Nous faisons tout pour que le caractère inadmissible du soutien des terroristes par la Turquie sur le territoire syrien soit compris par Ankara. Je le répète, nous posons et continuerons de poser cette question lors des contacts bilatéraux et sur les plateformes internationales. Le dialogue est un facteur important pour régler les problèmes, y compris régionaux.
Quant au Haut Karabagh, nous avons des formats appropriés: le Groupe de Minsk de l'OSCE, le dialogue direct avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan, les réunions au sommet qui se tiennent entre les présidents de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie. Honnêtement, c'est suffisant et ce sont des mécanismes efficaces. Mais tout rôle constructif d'un autre État ne peut qu'être salué.
Question: Merci beaucoup de nous avoir donné l'occasion de visiter cet endroit merveilleux.
Réponse: Mieux vaut tard que jamais.
Question: Le Président russe Vladimir Poutine s'est entretenu hier par téléphone avec son homologue américain Barack Obama et des négociations ont récemment eu lieu entre le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue turc Mevlüt Çavusoglu. La Syrie faisait partie des principales questions abordées, notamment la reprise des négociations entre les belligérants et la lutte conjointe contre le terrorisme. Que se passe-t-il concrètement aujourd'hui dans les contacts entre Moscou et Ankara à ce sujet? Y a-t-il un progrès dans l'éventuelle reprise des négociations intersyriennes?
Réponse: Nous partons du fait que le processus de négociations intersyriennes doit s'intensifier. Il est inacceptable de croiser les bras et d'estimer que l'affaire est terminée, ou n'est pas terminée mais qu'on peut en rester là. Il faut faire des efforts. Vous avez correctement noté que le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov était en contact téléphonique permanent avec le Secrétaire d’État américain John Kerry, qui accorde beaucoup d'attention à ce sujet. J'ai également dit aujourd'hui ce qui devait être fait pour distinguer les terroristes et l'opposition sur le terrain. Nous le faisons activement. Même si nous comprenons que le processus avance bien moins rapidement qu'il ne devrait, nous n'avons pas l'impression qu'il soit appelé à stagner complètement.
En ce qui concerne la Turquie, je peux dire que des contacts ont lieu. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est entretenu avec son homologue turc à Sotchi, ce qui a permis de fixer des démarches concrètes pour normaliser la situation.
Les enfants m'ont justement posé une question intéressante sur la reprise du flux touristique avec la Turquie. Je pense que comme toujours, la vérité sort de la bouche - je ne peux pas dire d'enfants - des adolescents. Ils m'ont demandé: comment se fait-il qu'il y a littéralement un mois la Russie disait qu'il était dangereux de partir en Turquie, et qu'elle lève aujourd'hui les barrières pour les échanges touristiques? J'ai dit, et je pense que c'est très important, qu'effectivement la normalisation du dialogue politique était en cours, que des barrières politiques étaient levées pour les contacts, notamment touristiques. Sachant que nous parlons évidemment du maintien de la menace terroriste pour les touristes qui partent en Turquie non seulement de Russie, mais également d'autres pays. Nous n'avons jamais cessé d'en parler, ni auparavant ni aujourd'hui. Nous voulons souligner qu'il relève de la responsabilité des gens qui, malgré le refroidissement des relations politiques, continuent de partir en Turquie, d'un citoyen concret - qui plus est s'il part en famille - de comprendre qu'ils le font dans une situation très complexe.
Bien sûr, il faut également prendre en compte un autre facteur très important: l'absence de contacts politiques et la détérioration des relations impactaient directement les contacts entre les militaires et les représentants des services compétents qui échangent notamment des renseignements sur la présence d'une menace terroriste. En l'absence de volonté politique, d'atmosphère politique appropriée, il n'y pas d'avancée possible. Nous comprenons qu'une partie des informations pouvait ne pas arriver de Turquie jusqu'en Russie. Aujourd'hui, nous partons du fait que la normalisation politique entraînera également l'activation des liens à d'autres niveaux. En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme international, la normalisation de nos relations contribuera à la prévention de la menace terroriste. C'est pourquoi nous pensons qu'il faut avant tout nous activer dans ce sens.
Question: D'après vous, la normalisation des relations entre la Russie et la Turquie va-t-elle avoir une influence sur le développement économique et industriel de la République de Crimée et de Sébastopol?
Réponse: Quand le bombardier russe a été abattu par la Turquie et qu'un pilote russe a d'abord été tué, puis un autre représentant des forces armées russes, quand le processus de divergence politique a commencé suite à ces événements tragiques, j'ai assisté à plusieurs réunions avec des représentants de différentes régions russes. Ils se disaient préoccupés car ils avaient des contacts avec la Turquie, que des investisseurs étaient intéressés par leur territoire (on parlait en particulier de la Crimée), avaient commencé des constructions conjointes, que des écoles avaient été ouvertes et des projets menés, qui tous avaient été impactés par la dégradation des relations sur le plan politique. Je veux dire qu'il y a des limites à ne pas franchir. Quand il n'est pas question d'un crime accidentel mais d'une action ciblée entraînant la mort d'un citoyen russe, tout le monde doit comprendre que ce n'est pas admissible. La douleur de chacun doit devenir la douleur de tous. C'est un principe sur lequel repose la société et l’État. Nous ne pouvions pas ne pas réagir. Les dirigeants russes au plus haut niveau et le Ministère russe des Affaires étrangères ont toujours dit que nous ne rompions pas les liens avec la population, que nous n'interrompions pas les liens économiques - même si nous savons parfaitement que le refroidissement politique affecterait directement l'économie, le climat d'investissement, etc. Ces barrières sont levées aujourd'hui car la Turquie a présenté ses excuses. Vous connaissez les démarches qui ont été entreprises. Nous pensons qu'il fallait le faire plus tôt. Mais je le répète: mieux vaut tard que jamais. Nous avons accepté ces excuses. Nous avons tout fait, et ce rapidement, pour que les relations commencent à se rétablir. Nous partons du principe que le climat d'investissement, les relations économiques et les liens régionaux n'en seront que gagnants.
Question: L'amiral Vladimir Komoedov, chef du comité de la Défense de la Douma, a récemment invité la présidente du Front national Marine Le Pen à Sébastopol pour célébrer la Journée de la flotte de la mer Noire. Que pouvez-vous en dire? Avez-vous reçu une réponse côté français?
Réponse: Oui, j'ai eu connaissance de cette information. Nous avons contacté l'Ambassade de Russie à Paris et avons appris que l'invitation avait été transmise au secrétariat du Front national. Il est encore trop tôt pour parler de la réaction de Marine Le Pen car l'invitation vient d'être transmise.
Nous saluons tout contact permettant de montrer à la communauté occidentale, notamment européenne, la situation réelle en République de Crimée. Il est primordial que les gens, les Européens puissent apprendre de première main tout ce qui se passe ici – le positif et le négatif, les difficultés, les problèmes et les exploits. Nous y invitons les médias, les représentants des organisations internationales et les hommes politiques. Tout le monde peut se rendre légalement en Crimée pour voir ce qui s'y passe. Nous ne cachons pas les difficultés et n'inventons rien, nous sommes prêts à montrer la Crimée telle qu'elle est. Le plus important est ce que les Criméens veulent et sont prêts à faire. Hier, j'ai discuté avec le chef de l'Union des journalistes de Crimée qui a dit qu'il était très offensé par ce qu'écrivait la presse occidentale sur la République. Ce ne sont pas des gens envoyés de Moscou qui dirigent depuis deux ans les institutions créées, mais des personnes qui y ont vécu des décennies et étaient il y a encore quelque temps des citoyens d'un autre État. Ils ont fait une démarche réfléchie sur le plan législatif, et ils lisent désormais des fables sur leur lieu de naissance. Ils sont prêts à montrer, à raconter et à partager tout ce qu'ils ont. Venez et vous le verrez vous-mêmes.
Question: Des citoyens russes faisaient partie des auteurs de l'attentat à l'aéroport d'Istanbul. Cette information a-t-elle été confirmée? Le chef de la République tchétchène Ramzan Kadyrov a récemment expliqué que des terroristes de Russie vivaient tranquillement et depuis longtemps sur le littoral turc - il a même cité des noms. Au vu de l'amélioration des relations entre la Russie et la Turquie, ces individus vont-ils être arrêtés et extradés?
Réponse: Bien sûr, nous avons pris connaissance des informations diffusées dans les médias, y compris occidentaux, selon lesquelles l'attentat d'Istanbul (qui a emporté 44 vies) aurait été organisé par le terroriste tchétchène Ahmed Tchataev. La Russie avait délivré un mandat de recherche international contre lui pour complicité d'activité terroriste. Malgré cela, en 2003, Ahmed Tchataev a obtenu le statut de réfugié en Autriche. Il a rapidement occupé un poste dirigeant parmi les terroristes ressortissants de sa région en Europe occidentale. En 2008 il a été arrêté par la police suédoise dans une voiture contenant des explosifs et des munitions. La Russie avait alors demandé son extradition. Comme vous le devinez, tout comme aux autres demandes d'extrader des criminels associés à l'activité terroriste dans le Caucase du Nord, la Russie s'est vue opposer un refus. Au final, en 2009, quand le terroriste a été libéré en Suède, il a rejoint l'Autriche.
Je voudrais également citer les propos d'un journaliste moscovite dans le quotidien suédois Expressen: après la libération d'Ahmed Tchataev, je cite, "sa carrière terroriste est montée en flèche" et il a été remarqué en Géorgie et en Ukraine. D'après le correspondant, cet homme exerçait depuis longtemps une activité terroriste, diffusait de la propagande islamiste, formait des combattants pour Daech, planifiait et perpétrait des attentats.
La Russie a attiré plusieurs fois l'attention de ses partenaires occidentaux sur les problèmes de propagation du djihadisme dans le Caucase et la nécessité d'élaborer des mesures conjointes pour prévenir l'extrémisme dans cette région. Pourquoi faisions-nous appel à nos collègues occidentaux? Parce que c'est en Occident que ces terroristes trouvent généralement un asile.
Vous dites que Ramzan Kadyrov a déclaré que beaucoup de terroristes se trouvaient sur le territoire turc. Mais combien de terroristes se trouvent, par exemple, dans les pays européens? Je viens de décrire le "parcours" de l'un d'eux. Après tout, ce n'est pas à la Turquie mais à l'Autriche et à la Suède que nous avons demandé d'extrader le criminel. Pourquoi ont-elles refusé? Pour en faire quoi? Pourquoi a-t-il été relâché sans que ses déplacements ne soient suivis? Ou ses déplacements ont-ils été suivis sans qu'aucune réaction ne suive?
Nous avons tenté à plusieurs reprises de faire extrader du Royaume-Uni des individus liés au terrorisme international dans le Caucase, ou de faire comprendre à Londres que la propagande menée par certains citoyens russes ou anciens citoyens russes sur le sol britannique pour soutenir des éléments terroristes ne faisait qu'inspirer le terrorisme. Avons-nous été entendus par les autorités britanniques? Bien sûr que non. Pendant tout ce temps, les pays européens ont mené une politique visant à protéger de tels individus, des ressortissants du Caucase du Nord, en les faisant passer pour des combattants pour la liberté, en particulier du peuple tchétchène. Jamais la chaîne BBC et d'autres ne les qualifiaient de terroristes. Ils se voyaient attribuer le titre de "rebelles", mais pas de terroristes. Comment cela se fait-il? Pourquoi ces individus sont-ils libérés et ne sont pas extradés? Il convient encore de découvrir combien de crimes ils ont commis et quel réseau ils ont créé. La Russie a pourtant reçu des informations sur eux et les a partagées avec ses collègues occidentaux.
Souvenez-vous de l'attentat de Boston. Les services de renseignement russes avaient envoyé à leurs confrères américains les noms des terroristes qui furent ensuite impliqués dans cette tragédie. Quelle réponse avons-nous reçu? Quand nous avons appris les noms de ces individus et avons demandé d'y faire attention, on nous a répondu que c'était normal, que c'était leurs hommes. Puis, "leurs hommes" ont commis des attentats sanglants et on les a alors qualifiés de "citoyens russes". C'est étrange: on ne les livre pas à la Russie, ils ne sont pas sanctionnés chez eux, et quand ils commettent des crimes il s'avère qu'ils sont Russes.
Quant aux autres personnes impliquées dans l'attentat d'Istanbul, nous suivons la situation. Je peux demander aux services compétents des informations sur ces individus.
J'ai raconté une histoire typique d'individus poursuivis pour terrorisme en Russie et qui se sentent en parfaite liberté en Europe.
Je le répète: l'amélioration et la normalisation des relations avec la Turquie n'effacent pas de l'agenda les problèmes existants. Si les terroristes que nous poursuivons se trouvent en Turquie ou dans un autre pays, nous continuerons de les poursuivre de la même manière et d'exiger leur extradition. On ne voudrait pas créer l'illusion que désormais les questions problématiques seront étouffées ou contournées. Cela ne sera pas le cas.
Question: La procédure d'obtention des visas va-t-elle être simplifiée pour les étrangers qui souhaiteraient visiter la Crimée, notamment dans le cadre d'un échange culturel?
Réponse: Pour les citoyens étrangers désirant se rendre en Crimée, le même régime s'applique que pour tout le territoire du pays. Quand il s'agit de groupes spécialisés, par exemple un groupe de journalistes ou de représentants d'organisations internationales, je peux vous assurer que nous faisons tout pour leur fournir des informations et, sans enfreindre la législation russe évidemment, les aider à obtenir un visa et remplir les documents.
Par exemple si votre journal Moskovski Komsomolets souhaite inviter quelqu'un, il vous suffit de rédiger l'invitation appropriée. Si ce sont des journalistes, dites-le nous et nous ferons tout pour que les journalistes étrangers obtiennent au plus vite un visa pour venir en Crimée. Nous œuvrerons à ce que le service consulaire russe fasse de son mieux. Actuellement, nous réagissons surtout aux cas négatifs plutôt qu'au cas par cas pour rendre la délivrance de visas rapide et efficace. Si nous constatons trop de lenteur ou d'inefficacité, nous traitons les demandes concernées. Mais peu se plaignent de la délivrance des visas. La procédure est rapide. Encore une fois, si Moskovski Komsomolets souhaite accueillir des délégations, dites-le nous et nous ferons tout pour vous aider.
Question: Hier a été annoncée la préparation d'une visite de travail du Président russe Vladimir Poutine en Azerbaïdjan pour participer à une réunion trilatérale avec les dirigeants de l'Iran et de l'Azerbaïdjan. Qu'en savez-vous?
Réponse: Selon la tradition établie, c'est l'Administration présidentielle qui commente l'emploi du temps du Président russe Vladimir Poutine.
Question: Les sanctions ont directement touché les Criméens: on refuse par exemple de leur délivrer des visas sur leur passeport russe. Que fait le Ministère russe des Affaires étrangères pour abroger le blocus de la Crimée, pour que les Criméens puissent obtenir des visas vers les pays européens librement et sans effort supplémentaire?
Réponse: Bien évidemment, c'est une pure discrimination. C'est un cas de violation des droits de l'homme, alors même qu'on nous en accuse constamment. Il s'avère aujourd'hui que les autorités en question enfreignent effectivement les droits de citoyens concrets. Le refus de délivrer un visa selon un principe territorial, à cause de l'expression de la volonté des citoyens ou de leurs opinions politiques, est une violation directe des engagements internationaux des pays qui agissent ainsi. C'est une violation directe de toute l'expérience positive que les pays membres de l'OSCE et de l'UE ont accumulée depuis des décennies dans le domaine des droits de l'homme. Nous posons cette question au niveau bilatéral et sur les plateformes internationales, nous attirons l'attention des dirigeants des organisations internationales sur le caractère inadmissible d'une telle discrimination. Malheureusement l'Europe, qui est le berceau des droits de l'homme et de tous les textes fondateurs élaborés dans ce domaine, est aujourd'hui à l'avant-garde de la politique de sanctions entraînant la persécution de citoyens concrets. On ne sanctionne pas les autorités de l’État qui a pris des décisions mais des individus concrets qui ont exprimé leur volonté par référendum. C'est inacceptable. Nous y travaillons. Je le répète, nous soulevons cette question lors des entretiens directs au niveau bilatéral et sur les plateformes internationales. On voudrait que ce thème soit reflété dans les articles des journalistes étrangers venus ici. On ne peut pas parler des violations des droits de l'homme en Crimée de la part des autorités russes sans noter les violations des droits de l'homme commises par les pays occidentaux envers les Criméens. Car ce qui se passe avec les visas est une violation directe de la liberté de circulation.
Question: Les observateurs de l'OSCE constatent en Ukraine, notamment le long de la ligne de démarcation entre la DNR et la LNR, un accroissement des effectifs militaires et des armements. Quelles mesures sont prises par le Ministère russe des Affaires étrangères pour faire baisser la tension dans la région?
Réponse: Premièrement, nous travaillons sur la plateforme de l'OSCE. Notre Ambassadeur de Russie auprès de l'organisation à Vienne, Alexandre Loukachevitch, fait part pratiquement tous les jours à l'OSCE la vision russe de la situation et attire l'attention sur des faits concrets. Bien sûr, c'est aussi un travail dans le cadre du Groupe de contact trilatéral qui s'y trouve, au sein duquel des représentants russes sont actifs. Ce sont également des négociations avec nos collègues occidentaux, des contacts téléphoniques du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Secrétaire d’État américain John Kerry, la récente visite à Paris du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son entretien avec son homologue français Jean-Marc Ayrault, ainsi que des échanges d'opinion avec de nombreux autres collègues. C'est un ensemble de mesures. Bien sûr, nous entretenons un dialogue avec nos collègues américains non seulement au niveau des ministres des Affaires étrangères, mais également entre Vladislav Sourkov et Victoria Nuland. On fait tout pour empêcher l'échec de la séparation des belligérants.
Vous avez parfaitement raison, l'OSCE ne constate pas seulement la désescalade, mais également que la plupart des violations (près de 70%) sont commises par la partie ukrainienne. Ce sont les informations de l'OSCE. Du côté contrôlé par Kiev, on a également constaté la disparition d'armements lourds des entrepôts où ils devaient se trouver conformément aux accords. Nous faisons tout pour empêcher son expansion. Il faut le faire non seulement pour geler cette situation, mais surtout pour profiter de cette opportunité afin de promouvoir sur le plan politique la réforme constitutionnelle, l'élaboration et l'adoption d'une loi sur le statut particulier du Donbass et le dialogue direct entre les acteurs du conflit.