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Commentaire de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, concernant la situation humanitaire au Yémen

477-13-03-2017

Nous sommes contraints de revenir sur la situation humanitaire au Yémen. Après une nouvelle escalade des activités militaires, la situation dans ce pays est de plus en plus catastrophique. Ce constat effrayant a été confirmé par Stephen O'Brien, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l'Onu, pendant la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies le 10 mars. Les informations qu'il a rapportées sont choquantes: il a directement qualifié la situation au Yémen de "plus grande crise humanitaire au monde".

Les affrontements entre les parties yéménites avec la participation directe de la coalition menée par l'Arabie saoudite depuis mars 2015 ont déjà fait au moins 7 500 morts et plus de 40 000 blessés selon les estimations les plus modestes. Près de 19 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire. Plus de 7 millions souffrent de famine, dont la plupart sont des enfants. 2 millions de Yéménites ont été déplacés à l'intérieur du pays, dont 62 000 depuis seulement un mois et demi. Beaucoup d'entre eux ne trouvent pas de domicile et dorment dehors. Tout cela sans compter les dizaines de milliers de réfugiés. Plus de 48 000 habitants ont quitté la ville côtière de Moha ces deux derniers mois à cause de l'offensive des forces de la coalition.

L'aviation de la coalition s'est distinguée par un nouvel épisode sanguinaire après avoir bombardé le 10 mars, selon les informations rapportées, un marché alimentaire dans la ville de Hoha. Des dizaines de civils ont été tués et des dizaines d'autres blessés.

Nous sommes particulièrement préoccupés par les plans d'assaut sur Hodeïda, le plus grand port yéménite. Les combats dans cette région risquent d'entraîner non seulement un exode important de la population, mais également de séparer la capitale Sanaa des canaux de fourniture de nourriture et d'aide humanitaire. Inutile de dire quelles en seraient les conséquences.

L'infrastructure civile du Yémen continue de subir des dégâts majeurs à cause des bombardements. Des écoles, des hôpitaux et des sites de transport ont été détruits. Le blocus aérien et les obstacles arbitraires aux transports maritimes rendent extrêmement difficile l'importation de nourriture et de carburant. On ressent une forte pénurie de médicaments, ce qui provoque la mort de nombreux Yéménites de maladies curables à notre époque. Dans le nord, la situation est catastrophique due à l'absence d'argent liquide. Les fonctionnaires ne touchent pas de salaire depuis plus de six mois.

Les terroristes de Daech et d'Al-Qaïda profitent de ce chaos pour s'installer dans différentes régions du Yémen, essentiellement dans le sud du pays, aggravant davantage la situation humanitaire.

Cette situation n'est pas seulement évoquée de manière rarissime dans les médias occidentaux et dans les rapports des ONG: de facto, elle est passée sous silence. L'Occident ne témoigne pas non plus de son intérêt pour cette crise sur les plateformes internationales, ce qui contraste sérieusement avec son activité hypertrophiée sur la Syrie.

L'Ambassade de Russie à Sanaa contribue activement aux efforts de l'équipe humanitaire de l'Onu dans le pays dirigée par Jamie McGoldrick. Grâce à nos efforts a été créé un secrétariat qui assure la coordination entre l'Onu et les autorités factuelles dans la capitale du pays, avant tout pour assurer un accès sans obstacles de la population à l'aide humanitaire.

Nous appelons à cesser immédiatement toutes les activités militaires quels que soient les arguments invoqués. Nous sommes fermement convaincus que le conflit yéménite n'a pas de solution militaire. Les belligérants doivent revenir à la table des négociations avec la médiation du représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu Ismail Ould Cheikh Ahmed afin d'instaurer un cessez-le-feu durable et d'aboutir au règlement politique du conflit.


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