Que la Russie attend-elle de la session de l'Assemblée générale de l'ONU qui s'ouvre aujourd'hui ?

- Pour la Russie, la 57e session de l'Assemblée générale de l'ONU est une étape importante de la mise en oeuvre des grandes décisions du Sommet du Millénaire tendant à renforcer le rôle central de l'ONU dans les affaires mondiales. La Russie fait tout son possible pour que les futures décisions de la nouvelle session soient subordonnées à cette mission. Une attention privilégiée doit être accordée au travail pratique de mise en place, sous l'égide et sur la base des principes de l'ONU, d'un système global appelé à faire face aux menaces et défis contemporains.

Quelles sont les orientations prioritaires de la discussion à cette session ?

- Le thème clé de cette session est la lutte contre le terrorisme international. Notre position est ferme et consiste en ce que les décisions pratiques adoptées en la matière par le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale doivent être respectées sans défaillance. La Russie ne cessera d'intervenir en faveur du renforcement de la coopération de tous les Etats avec le Comité antiterroriste du Conseil de sécurité de l'ONU. Il est nécessaire de procéder à une analyse circonstanciée de tout ce qui a été fait durant les douze derniers mois et de définir les mesures à prendre pour renforcer la coalition antiterroriste sous l'égide de l'ONU et sur la base solide du droit international.

Sous ce rapport, le renforcement de la base juridique internationale de la lutte contre le terrorisme devient une mission prioritaire. Nous travaillerons à la 57e session de manière à pouvoir concerter et adopter, de préférence simultanément, une convention universelle sur la lutte contre le terrorisme (projet indien) et une convention internationale relative à la lutte contre les actes de terrorisme nucléaire (projet russe).

La Russie continuera d'aider au renforcement du rôle primordial de l'ONU dans la prévention et le règlement des crises et des conflits armés.

Ne pourriez-vous pas développer ce dernier thème ?

- Tout d'abord, il faudra accorder une attention soutenue à la recherche des moyens de normaliser la situation au Proche-Orient. La Russie a l'intention de produire des efforts pour que les décisions de la session contribuent réellement à surmonter les tensions autour des territoires palestiniens. Il importe que l'Assemblée générale confirme les bases du processus proche-oriental, en premier lieu les principes de Madrid, les résolutions correspondantes du Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi que les ententes et les accords existants.

Si l'ONU ne conserve pas son rôle central d'organe de coordination, il sera difficile de parvenir à un règlement à long terme du problème afghan. La responsabilité entière du chef de la mission de l'ONU en Afghanistan pour la réalisation de toutes les actions onusiennes dans ce pays répond à notre vision du rôle et de la place de l'ONU en Afghanistan. La Russie aidera activement la session à adopter une résolution politique étoffée en faveur du rétablissement de l'Afghanistan et de l'organisation de la vie dans ce pays après le conflit.

Dans le cadre de la coopération avec l'ONU dans le règlement des situations de crise sur le territoire de la CEI, nous encouragerons la mobilisation sous l'égide de l'ONU de l'aide internationale destinée au rétablissement du Tadjikistan, y compris par adoption d'une résolution spéciale de l'Assemblée générale.

L'Assemblée générale accordera à juste titre une attention particulière à la thématique africaine, en premier lieu au maintien de la paix et de la sécurité sur le continent, sans quoi son développement durable est impossible. Une réunion consacrée à ces problèmes se tiendra à un niveau élevé le 16 septembre et ses résultats devront contribuer à la réalisation de programmes concrets d'aide au renforcement de la stabilité et au développement sur le continent africain.

Il est également d'actualité d'améliorer l'efficacité des activités préventives et de maintien de la paix, du fait de la croissance constatée ces dernières années de la demande de ces "services" de l'ONU. La Russie intervient pour le renforcement des bases juridiques des forces multinationales de paix dans le strict respect de la Charte de l'ONU et des résolutions du Conseil de sécurité. Nous comptons que cette approche trouvera une confirmation dans une résolution de l'Assemblée générale.

Nous continuerons d'aider à amplifier la coopération efficace entre l'ONU et les mécanismes de paix régionaux et subrégionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte de l'ONU, c'est-à-dire dans le respect des prérogatives statutaires du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les nouveaux défis et menaces ne vont-ils pas détourner l'attention de la Russie et de la communauté mondiale des problèmes du désarmement ou d'autres questions d'actualité ?

- Au contraire, nous estimons qu'il importe d'utiliser au maximum les avantages des mécanismes onusiens multilatéraux de désarmement et de renforcement de la stabilité stratégique. Nous ne cesserons de déployer des efforts pour éviter tout vide juridique international dans la sphère du désarmement. La signature par les présidents de la Russie et des Etats-Unis à Moscou de l'Accord sur la réduction des potentiels offensifs stratégiques, document qui maintient le lien réciproque entre les armements stratégiques offensifs et défensifs, sert concrètement cet objectif. C'est une contribution palpable et concrète des plus grandes puissances nucléaires au travail sur le désarmement nucléaire.

La Russie continuera à oeuvrer activement en faveur du renforcement des régimes de non-prolifération et de prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, étapes importantes de la lutte pour la stabilité stratégique.

La session de l'Assemblée générale qui suit directement le Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg est appelée à aider à réaliser ses décisions pour résoudre de façon efficace et équilibrée les problèmes socio-économiques et environnementaux pressants.

Tout comme dans les années passées, la délégation russe avancera plusieurs propositions tendant à renforcer le rôle constructif de l'ONU dans le monde. Le chef de la délégation, le ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov prendra la parole à la session le 13 septembre. Nous comptons sur une large coopération pour promouvoir nos initiatives.

Nous espérons que la discussion politique générale et les rencontres dans le cadre de la "semaine ministérielle" imprimeront une impulsion politique puissante à tous les travaux de la 57e session, qui durera jusqu'à l'automne prochain, dans le but d'accomplir avec efficacité les principales tâches inscrites à l'ordre du jour de l'ONU.