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Thèses de l'intervention de S.V.Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, à la rencontre avec les étudiants de la Faculté de la politique mondiale de l'UPM M.V.Lomonossov, le 11 décembre 2006

2194-11-12-2006

Traduction non-officielle du russe

Chers collègues, amis,

Je suis heureux de saluer au Ministère des affaires étrangères les représentants de l'école supérieure nationale leader – Université publique de Moscou.

Pour moi-même, tout comme pour la majorité de mes collègues diplomates, le chemin de la vie a été ouvert par l'IEREM. Mais maintenant, au MAE travaillent avec succès les promus de beaucoup d'autres écoles supérieures russes, y compris, certes, l'UPM et son Ecole des pays de l'Asie et de l'Afrique. Nous sommes intéressés à ce que viennent au service diplomatique les jeunes spécialistes bien formés et qui savent penser. Nous saluons l'inauguration de votre faculté et attendons de vous notre complément.

Je l'ai déjà dit à l'IEREM, et le répète de nouveau. Le travail au MAE devient une occupation qui rapporte – avant tout sur les plans professionnel et moral et psychologique. Nous avons derrière nous de nouveau un grand pays, des positions de laquelle dépend beaucoup au monde. Ce travail est directement lié à la consolidation intérieure de la Russie dans les conditions, où le monde devient toujours plus interdépendant, s'efface la limite entre les moyens intérieurs et extérieurs de garantir la sécurité nationale. Pour que vous compreniez mieux, ce que fait le service diplomatique, parlons des relations internationales modernes, de la place et du rôle de la Russie là-dedans.

En quinze ans après la fin de «la guerre froide», le monde a radicalement changé. Et bien que son image laisse encore apparaître des préjugés et de l'inertie intellectuelle du passé, y compris les tentatives d'imposer l'importance hypertrophiée du facteur de la force, les pousses du nouveau sont toujours plus sures à se faire le chemin.

Une fois l'opposition de blocs devenue du passé, le champ pour la confrontation dans les relations internationales se rétrécit objectivement. La mondialisation tant des possibilités, que des défis à la sécurité et au développement durable, ne laisse pas de place pour l'égoïsme national et l'exclusivité civilisationnelle. La compétition des deux systèmes est remplacée par la concurrence des différents modèles du développement de marché, qui efface les anciennes lignes de disjonction. Les processus de la démocratisation englobent non seulement les pays, mais les relations internationales. On commence à comprendre, que seule une réponse solidaire de la communauté internationale aux problèmes clé du développement contemporain peut être réellement efficace.

Partant, baisse la demande du leadership unique, sont dévaluées les «vieux» engagements des alliés, nourris par la solidarité de l'idéologie et de la civilisation. Ce ne sont plus les lourdes unions traditionnelles à engagements fixes, mais les alliances provisoires ciblées par intérêt à géométrie variable, qui répondent plutôt aux exigences du temps. La diplomate «de réseau» est demandée comme jamais, car permettant de construire une structure souple des relations bilatérales et la participation aux différents formats multipartites, qui garantirait au maximum la solidité de la situation internationale du pays indépendamment de la conjoncture étrangère.

Le monde n'est pas devenu plus sûr. Plutôt le contraire. La principale raison en est les frais de la mondialisation: l'inégalité renforcée du développement fait naître les conflits sur le sol socioéconomique, interethnique et religieux; une partie d'entre eux se transforme en foyers du terrorisme, du crime organisé, du trafic de drogue. Le déficit de la sécurité pour tous les états, grands ou petits, crée les récidives des frappes unilatérales. La stagnation dans le domaine du désarmement aggrave la menace de la prolifération d'armes d'extermination massive. L'espace conflictuel dans la politique mondiale s'étend, y compris dans notre entourage géopolitique proche.

L'incertitude maintenue à propos de l'avenir de l'ordre mondial est d'emblée beaucoup liée à l'affaiblissement de la Russie, qui s'est engagée, après la débâcle de l'URSS, sur la voie des transformations économiques et politiques sans précédent. Elle a aussi une autre source – le syndrome de «la victoire» dans «la guerre froide». Il a eu son incarnation matérielle dans les bombardements otaniens de la Serbie en 1999, dans le nouveau concept stratégique et l'élargissement de l'OTAN vers l'Est, y compris la frappe des USA en Irak, dans l'aspiration à monopoliser aussi le règlement afghan, dans la tendance générale à réidéologiser et remilitariser les relations internationales.

Une nouvelle étape arrive dans le développement mondial. Beaucoup de choses deviennent plus claires, y compris les limites du possible dans la réaction unilatérale et l'usage de la force militaire. Les changements ont eu pour catalyseur la consolidation de la Russie, capable maintenant, d'égal à égal avec les autres puissances leaders, de participer non seulement à la mise en pratique de l'ordre du jour global, mais à sa formation. Sans la Russie et malgré la Russie, on ne résout aucun problème international tant soit peu important. Nous revenons tous aux aspirations, que nous avons liées avec la fin de «la guerre froide» il y a 15 ans. On peut dire, que ces années-là étaient perdues pour quelque chose. Mais dans tous les cas, nous sommes maintenant tous plus sages, riches de l'expérience d'autrui et de celle qui nous est propre. L'essentiel est que tous les membres de la communauté internationale tirent des leçons de cette expérience.

Le devenir de nouveaux centres d'influence et de la croissance économique globaux, une répartition plus égale des ressources du développement jettent la base matérielle pour un ordre mondial multipolaire. On résout aussi la tâche de garantir l'accès d'un cercle plus large des pays et des régions aux avantages de la mondialisation, de l'augmentation de sa composante sociale.

L'ensemble de ces facteurs définit, avant tout, le passage apparu à une nouvelle étape du développement international – «après-après la fin de la guerre froide». Sa principale différence de l'étape précédente consiste en une compréhension croissante de la communauté de tous les états face aux défis et menaces du ХХIe siècle, qui se transforme en tendance à entériner les bases collectives et de droit dans la politique mondiale. De droit – car l'absence des «règles du jeu» claires ne fait que diminuer le sentiment de la sécurité. Il est aussi important, que toutes ces conclusions sont déjà faites à partir de l'expérience des 15 dernières années, y compris les tentatives du nihilisme du droit international, de la réaction unilatérale et de l'appui pris sur la force.

Certes, personne n'espérait, que l'incertitude et l'imprévisibilité, caractéristiques pour le passé récent dans le développement des relations internationales, partent en une minute. Mais les contours de l'ordre mondial futur commencent à se poindre. On assiste à la cristallisation accélérée des principaux facteurs internationaux, y compris la Russie, l'Union Européenne, les USA, la Chine, l'Inde, l'Asie-Pacifique en général.

Nous avons su avant beaucoup d'autres assimiler les leçons de «la guerre froide», abandonné l'idéologie en faveur du bon sens, devenus pragmatiques, partons de la vie, des besoins réels des gens, des intérêts de leur sécurité et de leur bien-être, qui forment finalement la sécurité nationale et la prospérité du pays. La Russie est ouverte à un dialogue constructif et une coopération d'égal à égal, défend fermement et de manière consécutive, mais sans confrontation, ses intérêts nationaux, qu'elle ne sépare pas des intérêts de toute la communauté internationale. Ces principes deviennent toujours plus répandus au monde. Prennent du poids les forces, intéressées à une Russie puissante, indépendante. Cela dit, certes, la notion de la puissance et de la grandeur d'un état est définie autrement que par le passé: essentiellement dans les catégories comme la dite «force douce», par laquelle nous comprenons, entre autres, son attrait de politique étrangère, son savoir de «jouer dans une équipe», son aspiration à promouvoir l'ordre du jour positif sur toute la gamme des problèmes internationaux.

Aujourd'hui, il n'y a pas d'état ou union des états au monde, que nous considérerions en tant qu'adversaire. Nous ne nous laisserons pas nous brouiller avec le monde islamique, ni ne participerons dans aucune nouvelle «union sacrée». Quant au «choix européen» de la Russie, nous comprenons par là, entre autres, l'aspiration de la Russie au modèle de développement économique à tendance sociale, propre à l'Europe. Ce modèle est devenue à l'époque la réponse au «défi social» de l'Union Soviétique, c'est pourquoi nous pouvons nous considérer comme ses coauteurs. Mais les aspirations de la Russie ne se sont jamais limitées à l'Europe. La Russie a vécu, des siècles durant, à la charnière des civilisations, se développant comme un état multinational, multiconfessionnal. D'où, son rôle unique dans le soutien de l'entente entre les civilisations, dont la solidité est éprouvée non seulement par les terroristes, mais par ceux qui professent les dures approches idéologisées aux affaires mondiales.

La manifestation type de cette approche – l'aspiration de l'administration des USA à lier l'efficacité de l'opposition au terrorisme avec l'entérinement partout au monde de leurs propres idéaux du régime social. La Russie a bien souffert pour gagner la liberté et la démocratie, et ne s'écartera pas de cette voie. Le forcing artificiel du processus démocratique dans tout pays est capable de le rejeter en arrière, de saper la légitimité des forces, qui sont derrière. Nous ne pouvons pas convenir non plus des tentatives de mettre les repères des valeurs en-dehors du cadre de la concurrence, qui prend une dimension civilisationnelle.

Un autre exemple caractéristique de l'idéologisation des relations internationales et de la concurrence déloyale – les accusations de la Russie du chantage énergétique, qui cachent l'intention de l'Occident d'avoir accès aux ressources énergétiques russes, sans rien donner en échange. Nous sommes prêts à chercher les solutions mutuellement acceptables, à une coopération des plus étroites, mais uniquement avantageuse. Nous n'abandonnerons pas nos avantages concurrentiels naturels malgré la pression. Il semblerait, qu'il s'agisse du business élémentaire, que récemment encore, on voulait nous apprendre. Là aussi, un problème: il est, je pense, dans ce qu'il est difficile pour d'aucuns de percevoir la Russie comme un partenaire égal et de mener avec nous les affaires sur cette base.

L'indépendance de politique étrangère de la Russie est notre principal acquis. Dans le monde actuel en mondialisation tous ne peuvent pas se le permettre, loin de là. Et pour nous c'est le problème clé, celui de la souveraineté. Sans quoi, on ne sent pas son pays. La Russie ne se prête pas à la gestion de l'extérieur.

Nous ne cachons pas les différends existants avec nos partenaires, mais ne les dramatisons pas non plus. La société russe n'a pas de place pour l'antiaméricain, l'antioccidental. La méfiance maintenue à l'égard de l'Occident diminue à mesure que la Russie devient toujours une puissance toujours plus sure d'elle, un allié demandé dans le règlement des tâches communes pour tous, un partenaire économique intéressant. L'Occident comprend aussi bien, que les moments qui nous unissent sont bien plus nombreux que ceux qui nous séparent. Nous avons devant nous un immense massif de travail conjoint. Ce sont l'interaction à l'ONU et au G8, le partenariat Russie – UE et le dialogue au Conseil Russie-OTAN, les ordres du jour bilatéraux et plusieurs autres choses.

Maintenant et pour longtemps, l'ONU reste l'unique forum par sa légitimité, qui élabore les solutions obligatoires pour l'exécution des problèmes internationaux actuels. En cette qualité, l'ONU sert les intérêts de politique étrangère de toute la communauté internationale. Elle y met en pratique son caractère universel, son rôle central dans le système international de la sécurité collective. Les réformes de l'ONU devront contribuer à l'augmentation ultérieure de son efficacité, se faire sur la base du plus large accord des états-membres.

Le G8 est un instrument efficace de la concertation des approches des états leaders aux problèmes importantissimes du développement international. Les priorités de la présidence russe au G8, qui touche à sa fin, les sujets centraux du sommet de Saint-Pétersbourg, comme la garantie de la sécurité énergétique internationale, la lutte contre les maladies infectieuses graves et le développement de l'enseignement, répondent aux intérêts de tous les pays. La Russie a fait beaucoup et continue sur le plan de l'augmentation de la composante politique de l'ordre du jour du Forum, qui, tout récemment encore, était dominé par les problèmes financiers et économiques. On est en présence de la transformation du G8 en un facteur toujours plus important du devenir du leadership collectif dans le monde. On implique au travail conjoint la société civile, on étend le format du dialogue avec les partenaires, dont les plus importantes organisations internationales et unions interétatiques. Cette année, la CEI y participe pour la première fois.

L'espace de la Communauté concentre des ressources colossales, y compris de la main-d'oeuvre, la majorité des compatriotes étrangers y vivent. Nous sommes unis par l'histoire commune, l'entrelacs des destins humains, les économies complémentaires, les couloirs de transport unis et par plusieurs autres choses. Tout cela, y compris les ressources communes culturelles et civilisationnelles, sont nos avantages compétitifs. D'où, la priorité de cette piste de notre politique étrangère.

Le potentiel de la CEI n'est pas limité par «le divorce civilisé» après la désagrégation de l'Union Soviétique. Les perspectives du perfectionnement de la Communauté ont été examinées au récent sommet de Minsk. Notre approche est de trouver l'équilibre optimal entre le renouveau et la continuité, maintenir ce qui permet le rendement, de l'avancement. L'augmentation de l'efficacité du travail conjoint n'est possible que dans la mesure où tous les partenaires y sont prêts. Ceux, qui sont prêts à continuer d'avancer, coopèrent au sein de petits formats d'intégration sur la base des intérêts coïncidants.

La Russie assume le principal du poids de la pacification dans l'espace de la Communauté, est intéressée à l'augmentation de la dimension humanitaire de la CEI, entend développer les rapports avec ses voisins sur la base d'un sain calcul économique. Y gagneront aussi nos rapports avec les puissances extrarégionales, qui y travaillent activement. C'est bien l'ouverture réciproque que nous attendons.

Le nouveau, 18e en compte déjà, sommet Russie – UE, tenu le 24 novembre à Helsinki, a confirmé le caractère stratégique de notre coopération, l'intérêt réciproque à son développement et approfondissement ultérieur. Nous, tout comme nos partenaires, attachons une importance prioritaire à la mise en pratique des «feuilles de route» des quatre espaces communs, aux dialogues sectoriels, surtout dans le domaine des transports et du secteur de l'énergie. Nous avons de nouveau fait savoir à l'UE, que nous ne ratifierons pas le Traité à la Charte énergétique dans sa version actuelle, mais que nous ne sommes pas contre la mise au point des règles uniques de la coopération énergétique sur la base de ses principes.

Nous faisons avancer au centre du dialogue les problèmes, qui touchent directement les intérêts de la Russie. Cela concerne, en particulier, les contacts dans le domaine de la science et de l'enseignement, des échanges des étudiants et des scientifiques, le passage au régime réciproque sans visas des voyages des citoyens. Nous sommes prêts aux négociations sur le nouvel accord de base Russie – UE. Nous espérons, que la CCE recevra bientôt le mandat approprié. Les rapports avec l'UE seraient aidés par la désidéologisation de nos discussions, le choix réciproque en faveur du passage de notre coopération sur la base pragmatique, la recherche du bon équilibre entre les valeurs communes, dont les interprétations sont forcément différentes, et les intérêts communs. Tout le reste viendra tout seul – à mesure de la mise au point des automatismes de la coopération dans le travail conjoint.

Dans le cadre du Conseil Russie-OTAN, nous accumulons le potentiel de la coopération pratique dans l'opposition aux menaces et défis communs à la sécurité. Dans le même temps, nous posons fermement les questions, que provoquent chez nous la transformation de l'OTAN, les projets de l'élargissement de l'alliance, de la reconfiguration de la présence militaire des USA en Europe, de la disposition ici des éléments de la DAM américaine, le refus des otaniens de ratifier le TFCE.

L'avenir de nos relations dépend beaucoup du sens, que prendront les transformations de l'OTAN après le sommet de Riga, du degré de la prise en compte des intérêts de la sécurité de la Russie. Je dirai franchement: l'OTAN a encore à prouver son efficacité en Afghanistan. Nous verrons, quelle sera aussi la réaction de Bruxelles à notre proposition de l'interaction logique avec l'OTSC appliquée aux menaces, partant du territoire de l'Afghanistan.

Parmi les priorités de la politique étrangère russe sont les rapports avec les USA. Une grande réalisation des derniers temps – la réalisation commencée de l'Initiative globale conjointe de la lutte contre les actes du terrorisme nucléaire, de celle de la coopération multilatérale dans l'utilisation pacifique de l'énergie atomique, parlant de la création des centres internationaux d'enrichissement de l'uranium dans le contexte de la non-prolifération nucléaire.Encore une preuve de notre capacité aux compromis – la signature, en novembre dernier à l'issue de la rencontre des présidents V.V.Poutine et G.Bush, du protocole bilatéral de l'adhésion de la Russie à l'O.M.C.

Nous travaillons sur la base permanente aux problèmes aussi actuels comme la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération des AEM, la crise proche-orientale, le programme nucléaire de l'Iran et de la Corée du Nord. On maintient un dialogue régulier sur les problèmes stratégiques. Mais il existe, certes, des difficultés, parfois de principe. Les relations bilatérales sont fortement influencées par la conjoncture de politique intérieure américaine. Là où on ne peut pas faire autrement, «nous sommes d'accord de ne pas tomber d'accord», bien que la réaction de Washington y soit mi-figue, mi-raisin. Mais l'illusion du «monde monopolaire» devient de plus en plus évidente, et la partie américaine doit s'habituer au besoin de s'entendre avec les partenaires. Nous n'en demandons pas plus, nous n'imposons pas nos approches.

Le développement fulgurant de l'Asie est devenu un des résultats importantissimes de la débâcle du monde bipolaire. Sur la piste asiatique, se rejoignent les priorités intérieures et étrangères de la Russie. Nous lions pour beaucoup l'essor de la Sibérie et de l'Extrême-Orient, – et sans cela, on ne garantira pas la sécurité fiable des frontières orientales du pays, – avec la participation russe aux processus d'intégration en AP.

Nous avons activement utilisé pour l'avancement de nos intérêts économiques et politiques la participation au sommet de novembre de la CEAP. Ces documents finaux reflètent les initiatives avancées par nous de perfectionnement de la défense des objets énergétiques contre les terroristes, l'établissement du dialogue entre les cultures et les civilisations. Nos partenaires ont unanimement soutenu l'intention de la Russie de se charger de la présidence de la CEAP en 2012.

L'Organisation de coopération de Shanghai va au-devant de son temps. C'est au fond l'organisation de type nouveau: pas une alliance, mais un instrument de la conjugaison des intérêts, de la solution commune des tâches. Son activité vise la formation, par les communs efforts, de la situation de la stabilité et de la prospérité sur la base des principes de l'ouverture, du consensus, du bénéfice mutuel, du respect de la diversité des cultures et des traditions. Le nombre croissant de postulants au partenariat témoigne de l'attrait de ce format de la coopération.

Nos rapports avec la Chine et l'Inde se développent avec succès. On y jette les bases de l'interdépendance positive économique et énergétique. Le dialogue tripartite se consolide, qui a récemment sorti au niveau des chefs des états. On a commencé la coopération au format BRIC: de la Russie, de la Chine, de l'Inde et du Brésil – leaders mondiaux par les rythmes de la croissance économique.

Nous sommes les partisans convaincus du règlement politico-diplomatique au Proche et Moyen-Orient. Nous ne voyons pas d'alternative raisonnable à la recherche des issues d'ensemble avec la participation de tous les états concernés. La position des pays arabes de la région est identique. Les Européens commencent à se poser des questions. Mais les partenaires américains n'abandonnent toujours pas le schéma actuel d'avancement sélectif sur certaines pistes. Comme résultat, en réglant le problème palestino-israélien, nous nous heurtons à des problèmes sur d'autres pistes. L'implication au dialogue et au règlement de l'Iran et de la Syrie est retardée.

Nous sommes toujours persuadés du besoin de convoquer la conférence internationale pour le Proche-Orient. Nous croyons, que la conférence internationale pour l'Irak ne serait pas superflue. On continue de travailler dans ce sens. Nous espérons, que Washington percevra le rapport du Groupe d'étude sur l'Irak de J.Baker comme la possibilité pour le changement de cap réaliste. Tous ne feraient qu'y gagner – les peuples de l'Irak et des USA, la région et le monde en général.

Les représentations jadis courantes de la place de l'Amérique Latine et de l'Afrique quelque part dans l'arrière-cour du monde n'ont, même avant, pas correspondu à la réalité, aujourd'hui elles sont complètement anachroniques. Pour la Russie, la coopération avec nos partenaires sur ces continents veut dire beaucoup tant du point de vue de l'édification du nouvel ordre mondial, que sur le plan du soutien du business national, qui est toujours plus sûr en mettant en valeur les marchés étrangers.

En dressant le bilan de tout ce qui a été dit, je voudrais souligner, qu'à l'étape actuelle, les principes fondamentaux de notre politique étrangère restent invariables. Ce sont le pragmatisme, le multivecteur, le conditionnement des intérêts nationaux tout en abandonnant la confrontation, l'édification des relations égales mutuellement avantageuses avec tous les partenaires. Dans le même temps, les changements actuels exigent une analyse d'ensemble de la situation internationale et de notre ligne sur certaines pistes du travail sur les problèmes concrets, des pronostics bien fondés. Nous terminons ce travail en conformité avec la mission du Président V.V.Poutine dans le cadre du Tour d'horizon de la politique étrangère.

En conclusion, je voudrais m'arrêter sur l'importance de l'étude de l'histoire des relations internationales, de l'histoire diplomatique de la Russie. L'expérience, y compris moderne, montre, qu'aussi unique que soient les situations concrètes, elles ont toujours entre elles des parallèles, des éléments communs, qui constituent une aide sérieuse dans l'analyse de politique étrangère.Vous avez assez de temps devant vous pour vous en occuper. Je citerai quelques exemples en confirmation de cela.

Notre développement intérieur après 1991, les tâches de politique étrangère, qui se posent devant le pays, ont beaucoup de commun avec l'état de la Russie après la défaite dans la guerre de Crimée. L'essentiel est la priorité du renforcement intérieur de la Russie. Tout le reste devra servir cette tâche clé. Le chancelier A.M.Gortchakov, dressant le bilan de la première décennie après la Paix de Paris, écrivait: «La Russie ne pourra occuper cette situation qu'après avoir développé ses forces intérieures, qui sont aujourd'hui l'unique source réelle de la puissance politique des états;… le tout premier devoir de la Russie, c'est de terminer les transformations intérieures;… la Russie doit assidûment prêter sa principale attention à la réalisation de la cause de notre développement intérieur, et toute la politique étrangère doit servir cette tâche principale». Ces vérités sont entièrement applicables à notre situation actuelle et aux tâches, que nous résolvons à l'intérieur du pays et dans la politique étrangère. Ces paroles du chancelier n'exigent même pas de rédaction stylistique

D'autres moments sont afférents à l'édification impériale maintenant et dans le passé. En caractérisant le tour fatal, qu'avait pris l'histoire européenne après la réunification de l'Allemagne sous le pouvoir de la Prusse militariste dans la seconde moitié du XIXe siècle, H.Kissinger, dans sa «Diplomatie», a noté, que le glissement vers la guerre en Europe était fonction de l'absence dans l'establishment allemand des traditions et de la culture d'une politique modérée, autrement dit, du savoir et de l'envie de s'entendre. En fait, c'est la course aux chimères de la sécurité absolue, même si elle est accessible, ne l'est qu'aux frais de tous les autres états, qui a provoqué la Première guerre mondiale. L'historien A.Toynbee a introduit dans la science la notion de la «gestion étatique suicidaire», qui explique le krach de tous les empires passés. Cela dit, le rôle décisif y est revenu au militarisme et à la certitude de sa propre infaillibilité. Malheureusement, on observe toute cette répétition du passé dans les relations internationales modernes.

Le 11 décembre 2006


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