Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 18 février 2021
Sur l'entretien de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, avec Mohammed Hanif Atmar, Ministre des Affaires étrangères de l'Afghanistan
Du 24 au 27 février, le chef de la diplomatie afghane, Mohammed Hanif Atmar, se trouvera à Moscou pour une visite de travail dans le cadre de laquelle est prévu un entretien avec son homologue russe Sergueï Lavrov et d'autres représentants officiels.
Au cours de ces pourparlers seront évoqués les différents aspects des relations bilatérales, notamment des liens commerciaux et économiques, ainsi que les questions relatives au processus de paix en Afghanistan et la lutte contre les menaces du terrorisme et du trafic de stupéfiants.
La Russie accorde une attention particulière à la progression du processus de réconciliation nationale en Afghanistan et à la cessation du conflit armé qui perdure dans le pays. Nous prônons continuellement l'établissement d'un Afghanistan pacifique, indépendant et neutre, exempt de terrorisme et de drogues, entretenant de bonnes relations avec ses voisins, les pays de la région et du monde entier.
Sur le forum de l'APEC
L'état actuel de l'économie mondiale sollicite particulièrement le renforcement de la coopération régionale, considérée par beaucoup de pays comme un moyen efficace pour surmonter les conséquences négatives de la pandémie de Covid-19. Parmi ces mécanismes régionaux à l'épreuve du temps: le forum de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), auquel la Russie participe activement depuis 1998.
Un nouveau cycle annuel de l'APEC vient de commencer, en préparation du sommet du forum prévu en novembre prochain. A ce travail sont impliqués plus de 40 ministères, organes, compagnies publiques et privées, centres scientifiques et associations russes, qui participent à l'activité de plus de 60 structures d'experts et de plateformes de dialogue de l'APEC.
Au sein de l'APEC nous mettons l'accent sur la contribution à la création d'un environnement commercial et d'investissement libre, non discriminatoire, transparent et prévisible, à la numérisation de différents secteurs économiques et de systèmes de gestion publique, ainsi qu'à la garantie d'un développement durable en matière d'innovation et d'une croissance sûre.
Nous estimons que la mise à disposition d'un accès juste aux vaccins, la coopération constructive dans l'élaboration, la production et la distribution des produits de diagnostic et médicaux, sont une priorité face aux défis actuels. Parmi les projets russes fructueux au sein du forum figure l'initiative pour l'ascension économique et l'intégration des territoires éloignés. Nous avons l'intention d'accorder une attention particulière à l'établissement de la coopération entre l'APEC et d'autres associations régionales dans le cadre de l'initiative du Président russe Vladimir Poutine pour la création du Grand partenariat eurasiatique.
Sur la visite au Kazakhstan d'Iouri Kozlov, chirurgien pédiatrique en chef du Ministère russe de la Santé pour le District fédéral de Sibérie
Nous parlons régulièrement de l'aide apportée par la Russie aux États voisins et à d'autres pays dans le contexte de la pandémie et de la lutte contre cette dernière. Je voudrais profiter de cette conférence de presse pour citer quelques exemples.
La Russie et le Kazakhstan ont réussi à transformer les défis de la pandémie de coronavirus en opportunités supplémentaires, avant tout dans l'approfondissement des liens dans le domaine de la santé. Ce mois-ci au Kazakhstan a commencé la vaccination de la population avec le Sputnik V russe fabriqué sur la base du complexe pharmaceutique de Karaganda.
Du 5 au 12 février 2021 au Kazakhstan se trouvait le chirurgien pédiatrique en chef du Ministère russe de la Santé pour le District fédéral de Sibérie, Iouri Kozlov. L'objectif principal de la visite du médecin russe émérite était le déroulement du projet "École des chirurgiens pédiatriques". En une semaine, dans les principaux centres médicaux de Noursoultan et d'Almaty, il a réalisé plus de dix opérations diffusées en direct sur un site spécialisé. Plusieurs présentations ont été réalisées pour évoquer les méthodes et les pratiques de pointe dans le domaine de la chirurgie sur des nouveau-nés, des nourrissons et des enfants, dont certaines ont été imaginées par lui. Des conférences ont été organisées pour des étudiants en médecine et des jeunes chirurgiens kazakhs.
Tout cela a suscité un vif intérêt non seulement dans les milieux médicaux spécialisés du Kazakhstan, mais également auprès du grand public. Nous remercions nos amis pour l'accueil chaleureux qui a été réservé à notre médecin. De notre côté, nous continuerons d'apporter tout le soutien nécessaire aux missions de sensibilisation mutuellement enrichissantes des spécialistes de nos pays.
Sur la livraison d'une cargaison humanitaire russe pour la Palestine via le PAM de l'Onu
Le 11 février, au port d'Ashdod (Israël), s'est déroulée la cérémonie solennelle de transmission aux représentants du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies d'une nouvelle cargaison de 936 tonnes de farine de blé vitaminée destinée à la Palestine et livrée par le Ministère russe des Situations d'urgence dans le cadre de la mise en œuvre de la cotisation volontaire russe au Fonds du Programme. La Palestine fait partie des bénéficiaires traditionnels de l'aide humanitaire russe dans le cadre de l'Onu.
Ce chargement sera envoyé dans la bande de Gaza pour être distribué aux habitants dans le besoin fin février-mars de cette année. Par ailleurs, 1.008 tonnes de farine pour les Palestiniens de Cisjordanie se trouvent dans la phase finale de passage à la douane.
Le PAM est notre principal partenaire dans la livraison d'aide alimentaire à la Palestine dans le cadre de l'Onu.
De plus, les pays de la CEI, du Moyen-Orient et d'Afrique bénéficient régulièrement de l'aide humanitaire russe. Nous livrons de la nourriture russe également dans les pays des Caraïbes et de l'Amérique latine. Ces dernières années, la géographie de l'activité humanitaire de notre pays s'élargit, mais ses formes se diversifient également. Les fournitures de produits alimentaires russes dans beaucoup de pays s'accompagnent notamment par notre participation financière et d'experts à la mise en œuvre de vastes programmes pour la mise en place de systèmes de restauration scolaire durable.
Point de situation sur le processus de paix du Haut-Karabakh
Nous avons reçu de nombreuses questions concernant la situation actuelle du processus de paix du Haut-Karabakh.
La situation dans la zone du conflit du Haut-Karabakh est restée stable ces derniers jours. Aucune violation du cessez-le-feu n'a été constatée. Les militaires du Contingent russe de maintien de la paix contrôlent la situation depuis 27 postes d'observation, continuent de neutraliser des engins explosifs dans la zone et assurent la sécurité du retour des réfugiés au Haut-Karabakh.
La mise en œuvre des déclarations du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021 des dirigeants de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie et de la Russie a été évoquée le 17 février 2021 lors des entretiens téléphoniques du Président russe Vladimir Poutine avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Ministre azéri des Affaires étrangères Djeyhoun Baïramov, ainsi que pendant la rencontre de Sergueï Lavrov avec le Ministre arménien des Affaires étrangères Ara Aïvazian à Moscou.
Le travail se poursuit dans le cadre du Groupe de travail trilatéral sous la coprésidence des vice-premiers ministres de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie et de la Russie. Les résultats de la réunion du groupe le 12 février 2021 en visioconférence ont été annoncés sur le site du Gouvernement de la Fédération de Russie.
Sur le refus de l'Ukraine et des pays occidentaux de soutenir l'initiative russe avancée à l'OSCE pour régler le conflit dans le Donbass
La semaine dernière, la Russie a soumis à l'OSCE un projet de déclaration du Conseil permanent de cette organisation en soutien aux Accords de Minsk sur le règlement du conflit dans l'Est de l'Ukraine. Je rappelle qu'il y a six ans, ce document a été adopté par Kiev, Donetsk et Lougansk avec la participation de la Russie et de l'OSCE, puis a été approuvé par le Format Normandie et par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies: il fait donc partie intégrante du droit international et constitue une base sans alternative pour le processus de paix - ce dont parlent constamment nos collègues étrangers.
L'initiative russe à l'OSCE a été suscitée non seulement par le sabotage chronique des Accords de Minsk par Kiev, mais également par les tentatives de déformer et de modifier le contenu et l'ordre des démarches prescrites. On entend de plus en plus de telles déclarations de la part des autorités ukrainiennes sans qu'elles reçoivent la réaction appropriée des organisations internationales, ou de la France et de l'Allemagne en tant que médiateurs du processus de paix.
Le texte de notre bref projet était très simple. Il contenait trois points: soutenir les Accords de Minsk approuvés par le Conseil de sécurité des Nations unies, appeler à sa mise en œuvre au plus vite et inciter les structures de l'OSCE à y contribuer.
A première vue: rien de nouveau - une simple réaffirmation des principaux axes déjà convenus par la communauté internationale. Aucun membre de l'OSCE ne devait en principe s'opposer à cette approche car tous les pays expriment des thèses similaires lors des réunions hebdomadaires du Conseil permanent. Du moins, ils en ont parlé à plusieurs reprises et nous persuadaient de la sincérité de leur position. Nous partions du principe qu'une approbation unanime d'une telle déclaration serait un bon signal adressé à Kiev, ainsi qu'à Donetsk et à Lougansk, que cela les inciterait à appliquer les Accords de Minsk et contribuerait à la paix dans le Donbass.
A notre grande surprise, l'Ukraine et les pays occidentaux ont refusé de soutenir le projet russe. Pendant les deux cycles de consultations, ils ont tenté d'imposer des formulations sortant du cadre des Accords de Minsk et de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui a finalement bloqué l'adoption du document. Il est particulièrement regrettable que notre projet n'ait pas été soutenu par nos partenaires du Format Normandie, l'Allemagne et la France, ainsi que par la Suède, présidente de l'OSCE dont le représentant spécial coordonne le travail du Groupe de contact.
Un tel comportement de nos partenaires en dit long (sur leur "sincérité", entre autres) et pose une question logique: quelle est la raison de leur réticence à confirmer par écrit ce qu'ils disent eux-mêmes dans leurs discours, ce qui a été adopté officiellement au sein du Groupe de contact il y a six ans et approuvé au Format Normandie et au Conseil de sécurité des Nations unies? Nous voudrions croire que derrière cette conduite ne se cachent pas des projets de démanteler les Accords de Minsk et de régler les problèmes du Donbass par la force. Nos partenaires devront le prouver par les actes.
Nous sommes convaincus que le règlement du conflit dans l'Est de l'Ukraine n'est possible que de manière pacifique via un dialogue direct entre Kiev, Donetsk et Lougansk sur la base des Accords de Minsk qui n'ont pas d'alternative. Nous regrettons le rejet de notre initiative visant à les soutenir à l'OSCE et appelons une nouvelle fois à remplir de bonne foi tous ses termes à part entière et dans l'ordre prévu.
Nous tiendrons compte de la réaction des partenaires à l'initiative russe dans la détermination de notre position concernant le rôle à venir de l'OSCE dans le règlement de la crise en Ukraine.
Sur les exercices de la marine américaine en mer Noire
A ce que l'on sache, un groupe de navires américains et turcs, avec le soutien de l'aviation, a organisé le 9 février 2021 des exercices conjoints en mer Noire pour rechercher et identifier un sous-marin ennemi. Il s'agissait des destroyers américains Porter et Donald Cook de classe Arleigh Burke, d'un avion de patrouille navale Poseidon, des frégates turcs Oruç Reis et Turgutreis, ainsi que de deux chasseurs F-16 et d'un avion de reconnaissance.
Les déclarations à ce sujet des responsables du Pentagone et du Département d’État américain, qui ont dit que par ces exercices Washington et ses alliés "contribuait au renforcement de la sécurité en Europe", ont sonné de manière provocante. Pour cela, comme nous venons de le dire, il faut contribuer à la mise en œuvre des Accords de Minsk. Ce serait une contribution réelle à ce processus. Les États-Unis, qui sont déjà impliqués dans le dossier ukrainien même s'ils ne participent pas au Format Normandie, pourraient tout faire pour appeler Kiev à tenir ses engagements, confirmés par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce serait une contribution réelle au renforcement de la sécurité en Europe. De quelle manière des F-16 pourraient-ils remplir cette fonction? Tout le monde l'ignore.
Il est évident pour tous que ces exercices revêtent une orientation antirusse. Ils se déroulent à proximité immédiate des frontières russes, concrètement à proximité de notre littoral en mer Noire, menaçant ainsi la paix et la stabilité. Cela donne l'impression qu'il tarde à la 6e flotte américaine de se trouver un ennemi en mer Noire. En vain.
Sur les déclarations de Jens Stoltenberg, Secrétaire général de l'Otan, concernant la conception de l'Alliance visant à contenir la Russie et la Chine
Manifestement, les représentants de l'Otan ne veulent absolument pas évaluer objectivement leur rôle dans la crise des relations Otan-Russie.
Ces dernières années, nous avons avancé plusieurs fois des initiatives visant à trouver une issue à cette crise, notamment pour réduire la tension, pour créer un système véritablement équitable de sécurité européenne et euro-atlantique. Tout cela est resté sans réaction claire alors que l'activité du Conseil Otan-Russie, fondé en 2002, a été suspendue. A l'initiative de qui? Pas de la Russie.
Dans l'ensemble, nous couvrons régulièrement et en détail ce thème. En particulier, nos relations et les approches de l'Alliance vis-à-vis de la coopération avec la Russie ont été abordées pendant notre conférence de presse du 3 décembre 2020. Malheureusement, rien n'a changé depuis. Ce commentaire peut être considéré comme d'actualité à ce jour.
Sur la réponse du gouvernement allemand à la requête de la fraction du parti Alternative pour l'Allemagne au Bundestag allemand concernant "l'affaire Alexeï Navalny"
Nous avons remarqué la réponse du gouvernement allemand publiée ce 15 février à la requête de la fraction du parti d'opposition Alternative pour l'Allemagne au Bundestag allemand au sujet de "l'affaire Alexeï Navalny". Vous pouvez en prendre connaissance. Je voudrais commenter cette information car beaucoup de questions ont été posées à ce sujet.
La réponse du gouvernement allemand indique que, du 22 au 31 août 2020, Alexeï Navalny était protégé par des agents du service de sécurité: d'abord du groupe de protection de l'Office fédéral de police criminelle de l'Allemagne, puis par les offices de police pénale des Länder. En d'autres termes, le gouvernement allemand ne nie pas que le figurant de l'affaire se trouvait sous la tutelle des services secrets et sous leur contrôle.
Il est également affirmé que les traces de la substance militaire chimique dans les échantillons d'Alexeï Navalny coïncidaient avec celles de la "bouteille contaminée" et "d'autres objets". Cependant, la réponse précise que la décision de savoir si ces traces peuvent être considérées comme des preuves matérielles importantes relève de la compétence de la justice russe. Nous voudrions poser une question: si, selon la position officielle de Berlin, cela relève des compétences de la justice russe, pourquoi refuse-t-on de nous transmettre ces informations?
Selon l'information du gouvernement allemand, à bord du vol Omsk-Berlin se trouvait l'épouse d'Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, ainsi que la porte-parole Kira Iarmych. Dans une interview au service russe de la BBC du 18 septembre 2020, Marina Pevtchikh affirmait que c'était elle qui accompagnait le blogueur, et non Kira Iarmych. Cette même interview indique qu'à bord se trouvait la fameuse "bouteille contaminée" avec des traces de Novitchok, qui a été ensuite transmise au laboratoire de la Bundeswehr. Elle s'est complètement embrouillée. Je ne suis pas sûre que l'on puisse inventer encore quelque chose. Les incohérences, les contradictions directes fournies par Berlin (sachant qu'il ne s'agit pas d'une investigation journalistique où la confusion est possible, mais de la position officielle de l'Allemagne) sortent du champ de la compréhension. Cela donne l'impression que dans cette histoire sont entreprises des tentatives de "balayer les traces" de Marina Pevtchikh. D'ailleurs, on ignore si elle possède la citoyenneté d'autres pays. Ce serait bien de le préciser. On dit que le gouvernement allemand ne dispose pas d'informations sur le fait qu'elle aurait rendu visite à Alexeï Navalny à l'hôpital. Les partenaires allemands ne peuvent donner de réponse sensée à aucune de nos questions.
Et enfin, le plus important, pratiquement un scoop: il s'avère que les autorités allemandes ne craignaient pas que les accompagnateurs d'Alexeï Navalny aient pu être "contaminés" sous prétexte qu'au moment de l'obtention des "preuves" d'empoisonnement par le Novitchok, ils auraient déjà manifesté des symptômes similaires. En l'absence de symptômes, ces personnes n'ont pas du tout été examinées. Mais les symptômes étaient peut-être absents parce qu'il n'y avait justement pas d'empoisonnement?
Indirectement, cette version est reconnue par le gouvernement allemand comme ayant le droit d'exister car, selon la réponse, "il ne dispose pas d'informations pour savoir si les accompagnants ont été examinés pour déterminer la contamination par le Novitchok suite au transport d'objets comportant des traces de substance toxique". Quant au respect des normes de sécurité nécessaires lors du transport de ces objets, le gouvernement allemand "non seulement ne dispose d'aucune information, mais n'a également aucune raison d'en faire la demande".
Nous appelons de nouveau Berlin à cesser d'induire la communauté internationale en erreur. L'Allemagne continue obstinément et de manière assez flagrante de cacher les véritables circonstances de l'incident concernant Alexeï Navalny et son séjour sur le territoire allemand non seulement à la Russie, mais également à ses propres députés. Berlin ne partage par les détails de la situation même avec ses propres alliés. Cela suscite forcément des doutes concernant la sincérité des motivations humanistes prônées par les autorités allemandes dans ce contexte.
Force est de constater une nouvelle fois que Berlin n'a toujours pas l'intention de donner de réponses à la plupart des questions clés concernant cette situation. Il n'y a pas la moindre "preuve" des accusations avancées, par de conclusions concrètes à l'issue des expertises et bien d'autres, ce qui est indispensable pour comprendre ce qui s'est vraiment passé. Les requêtes du Parquet russe sont ignorées, sans que soient fournies des réponses substantielles et développées. Nous continuerons d'exiger des autorités allemandes d'éclaircir les détails cruciaux de l'incident décrit.
Sur la coopération des services secrets allemands avec Alexeï Navalny
Nous avons remarqué le débat qui a éclaté dans l'espace médiatique concernant le rôle des services secrets occidentaux dans le prétendu "dossier d'investigation" d'Alexeï Navalny. En particulier, beaucoup de commentateurs refusent de considérer comme une preuve des liens des services spéciaux étrangers avec Alexeï Navalny la mise à sa disposition d'un accès aux informations de la filiale de Dresde des archives des documents du Ministère de la Sécurité d’État de l'ex-RDA (Stasi).
Conformément à la loi allemande sur la documentation de la Stasi de 1991, toute personne peut travailler avec ces archives à condition d'obtenir une autorisation des autorités compétentes allemandes. Selon des déclarations invraisemblables, les autorités allemandes n'auraient pas été au courant de l'activité du blogueur et ne s'y intéressaient pas.
D'un autre côté, les soupçons selon lesquels les autorités allemandes auraient pu sciemment faciliter à Alexeï Navalny l'accès aux archives de la Stasi et même l'orienter sur des documents concrets semblent plus convaincants à présent. Au profit de cette version témoigne le fait que tout au long de la période depuis la réunification de l'Allemagne, les fameuses "informations compromettantes de la Stasi" ont été périodiquement utilisées pour régler des comptes avec des rivaux politiques et persécuter les indésirables. Des scandales où figuraient les archives de la sécurité d’État de la RDA ont éclaté notamment autour des personnalités telles que les anciens chanceliers Willy Brandt et Helmut Kohl. Berlin suscite d'autant plus la méfiance qu'une grande partie des archives de la Stasi, après 1990, s'est retrouvée aux États-Unis et n'est revenue en Allemagne qu'après une longue période.
Ainsi, il y a des raisons de croire que dans cette situation Berlin a intentionnellement commis un acte franchement hostile envers la Russie. On parle ici d'un nouvel élément d'une vaste provocation antirusse propagée activement par les autorités allemandes autour de la situation d'Alexeï Navalny afin de s'ingérer dans les affaires intérieures de notre pays et d'influencer la situation politique en Russie.
Sur un message du Ministre Sergueï Lavrov adressée au Directeur général de l'OIAC, aux ministres des Affaires étrangères de l'Allemagne, de la France et de la Suède
Vous le savez, fin janvier sur internet a été publiée une lettre ouverte adressée au Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, écrite par le neurologue Vitali Kozak travaillant en Suisse comportant plusieurs questions difficiles et embarrassantes au sujet de l'article paru dans la revue Lancet concernant la prétendue utilisation d'une substance militaire toxique contre Alexeï Navalny. Cette lettre soulève plusieurs questions difficiles auxquelles nos collègues occidentaux n'ont toujours pas eu de réaction sensée. Les médias ont également attiré l'attention sur les problèmes pointés par le médecin suisse. Le 8 février 2021 ont été publiées les réponses du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sur certains sujets abordés dans cette lettre.
Après cela, le Ministère russe des Affaires étrangères a envoyé un message de Sergueï Lavrov au Directeur général de l'OIAC, Fernando Arias, ainsi qu'à ses homologues en Allemagne, en France et en Suède en demandant de commenter les préoccupations contenues dans cette lettre. A ce message était jointe la lettre en question et une interview de Sergueï Lavrov contenant ses commentaires.
Nous attendons de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, ainsi que de Berlin, de Paris et de Stockholm une réaction à ce sujet, notamment publique. Vous le savez, ils ne se sont pas distingués par leur modestie dans l'expression de leur avis et des phrases prononcées. Il est temps, chers collègues, de passer aux preuves, et de le faire avec autant de zèle qu'en exprimant vos positions précédentes.
En principe, l'OIAC et nos collègues européens pourraient eux-mêmes, sans conseils extérieurs, s'en occuper pour exprimer leur avis d'autorité sur les circonstances évoquées dans la lettre, mais, apparemment, il faudra le leur rappeler. Des accusations graves ont été avancées, le monde entier est intrigué. Mettons-nous au travail.
Sur les décisions de justice en France à l'encontre des participants au mouvement des "Gilets jaunes"
Après le déroulement, en janvier, de manifestations non autorisées sur le territoire de notre pays pendant lesquelles des manifestants avaient attaqué des policiers, des représentants de l'Occident "progressif et libéral" s'étaient insurgés contre la Russie en formulant des critiques infondées, déplacées et sortant du cadre diplomatique, qui souvent avaient pris la forme d'une ingérence ouverte dans nos affaires intérieures. En particulier, ils avaient appelé instamment à libérer immédiatement les transgresseurs de l'ordre public qui, conformément à la législation russe, avaient fait l'objet de mesures administratives et, dans certains cas, de poursuites pénales. Malheureusement, nos collègues français se sont également joints à ce chœur.
A cet égard, nous suggérons à nos partenaires focalisés sur la Russie de reporter leur regard sur leurs propres problèmes - il y a de quoi faire. La situation en France est loin d'être prospère. Ce pays, qui se positionne traditionnellement comme un fervent défenseur des droits de l'homme, ne s'arrête jamais devant l'application des mesures judiciaires les plus sévères quand, selon les autorités, se produit une violation de l'ordre public lors des manifestations.
Les décisions de la justice française à l'encontre des membres du mouvement des "Gilets jaunes" sont révélatrices. Selon les estimations, près de 12.000 manifestants ont été interpellés, plus de 3.000 sentences ont été prononcées, dont au moins un tiers avec des peines de prison ferme.
La méthode favorite des forces de l'ordre françaises consiste à incriminer les manifestants d'"atteinte à un représentant du pouvoir public", ce qui peut être interprété de manière assez arbitraire par la justice française. Ainsi, quatre manifestants ont été condamnés par le tribunal de Nantes à 2 mois de prison avec sursis et à une amende de 7.000 euros pour des affiches anti-policières, alors que le tribunal de Marseille a condamné un manifestant à une amende de 900 euros et à rembourser le préjudice causé à hauteur de 1.000 euros pour avoir insulté un policier.
Ces "particularités" des approches des autorités françaises vis-à-vis des manifestants ne sont pas passées inaperçues pour le public international, comme en témoigne le récent rapport d'Amnesty International intitulé "France: Arrêtés pour avoir manifesté: La loi comme arme de répression des manifestants pacifiques en France", ainsi que la baisse du classement de ce pays dans l'indice de démocratie établi par la revue The Economist. Chaque pays est confronté à ses propres problèmes. La France et d'autres États doivent se concentrer sur le règlement des leurs. Dès qu'ils seront réduits à néant ou tendront à disparaître complètement, nous écouterons volontiers l'avis de ces pays et nous intéresserons à leur expérience pour savoir comment ils ont réussi à le faire. Dans ce cas, leurs conseils deviendront adéquats, intéressants et sollicités. Ce n'est pas le cas pour l'instant.
Alors que les autorités françaises adoptent une rhétorique de propagande et s'inquiètent de la démocratie dans d'autres pays, les citoyens de la Ve République participant aux manifestations ont la possibilité de sentir eux-mêmes toute la "justice" et la "démocratie" de la machine judiciaire française.
Sur le plan britannique de règlement du problème chypriote
La Russie soutient les efforts de la communauté internationale visant à régler de manière juste, viable et globale le problème chypriote. Cependant, comme cela a été souligné plusieurs fois, les parties chypriotes ne doivent pas subir de pression. Il est inadmissible d'imposer de l'extérieur des solutions prêtes du règlement de la crise, d'instaurer un cadre temporel strict, d'adapter la contribution de l'Onu en la conditionnant aux indicateurs de progrès des négociations.
C'est aux Chypriotes de donner leur avis sur les différentes désinformations extérieures contenant des conseils concernant les options de règlement de la crise. En tant que pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, nous prônons les modalités validées par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et impliquant la création d'une fédération bizonale bicommunautaire dotée d'une personnalité juridique internationale unique, d'une souveraineté unique ainsi que d’une nationalité unique et d'une égalité politique entre les deux communautés. Tout changement des paramètres de base doit être évoqué au Conseil de sécurité des Nations unies.
Sur les déclarations d'Andreï Melnik, Ambassadeur d'Ukraine en Allemagne
Nous avons remarqué le commentaire de l'Ambassadeur d'Ukraine à Berlin à l'agence de presse allemande DPA concernant l'interview accordée par le Président fédéral allemand Frank-Walter Steinmeier au quotidien Rheinische Post le 6 février 2021.
Le diplomate ukrainien a accusé le Président fédéral de déformer l'histoire et de déprécier les victimes du peuple ukrainien dans la lutte contre le nazisme. Il est allé jusqu'à exiger de revoir la culture de la mémoire historique instaurée en Allemagne, qui ne mettrait pas suffisamment l'accent sur le rôle du peuple ukrainien dans la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, et a appelé le Bundestag à organiser une réunion spéciale pour décider de la construction à Berlin d'un monument à part en hommage aux victimes ukrainiennes de la guerre.
De tels appels à rendre hommage aux tués semblent cyniques de la part du représentant d'un pays qui vote chaque année contre la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies sur la lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d'autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.
Peut-être que le diplomate ukrainien devrait regarder de plus près la situation en Ukraine, où les collaborationnistes et complices locaux des fascistes de l'OUN-UPA sont élevés au rang de héros nationaux, où en leur hommage sont organisées des marches aux flambeaux comparables aux marches hitlériennes des années 1930. Sans oublier que l'Institut de la mémoire nationale exige de la justice qu'elle reconnaisse les symboles de la division SS Galicie comme n'étant pas nazis.
Ceux qui sont honorés avec tant de zèle par Kiev aujourd'hui ont combattu pendant la Grande Guerre patriotique contre les résistants soviétiques et polonais, exterminé la population civile et participé aux massacres de Juifs. Ce serait bien d'en parler également.
Mais la plupart des Ukrainiens ont combattu au sein de l'Armée rouge (la Russie s'en souvient), avec les représentants de tous les peuples de l'ex-URSS, pour la liberté de la Patrie commune. La mémoire de notre Victoire inestimable, une pour tous, qui a été remportée à un prix incroyable, ne peut pas tomber dans l'oubli. Les tentatives de "distribuer" cet exploit du peuple soviétique aux "maisons nationales" sont inadmissibles, d'autant que la RSS d'Ukraine, tout comme l'Ukraine contemporaine, était une république multiethnique. Maintenant c'est un État multiethnique qui semble chercher à l'oublier. Là se trouve justement la véritable loyauté à la vérité historique.
Nous regrettons que ce nouvel excès odieux de l'ambassadeur ukrainien accrédité à Berlin visant le chef de l’État n'y ait suscité rien d'autre que la "confusion". Il faut rappeler plus souvent aux autorités de Kiev actuelles que tous les peuples d'Europe ont été victimes du fascisme, et que ce dernier a été vaincu grâce aux efforts communs.
Sur l'atermoiement des audiences concernant la déportation du criminel nazi Helmut Oberlander, résidant au Canada
Une nouvelle fois ont été reportées les audiences sur le cas de la déportation du criminel nazi Helmut Oberlander résidant au Canada, qui a servi pendant la Grande Guerre patriotique dans l'unité punitive Sonderkommando SS-10a. Il est impliqué dans l'assassinat, en 1942, de 214 orphelins d'Eïsk, et dans l'extermination de plus de 30.000 habitants de la région de Rostov. Se référant à son mauvais état de santé, les avocats du punisseur ont réussi à suspendre les audiences.
Nous jugeons absolument inadmissible le recours à des ruses juridiques visant à retarder le procès d'Helmut Oberlander. D'ailleurs, qu'en pense l'Ambassadeur d'Ukraine au Canada? Nous attendons des articles, des appels, une polémique. Nous nous joignons aux avis des principales organisations juives et canadiennes des droits de l'homme, qui exigent de punir cet adepte du nazisme pour les crimes contre l'humanité auxquels ne s'appliquent pas de délais de prescription.
Cela donne l'impression que les autorités canadiennes comptent sur le règlement de cette affaire suivant le précédent du bourreau de Khatyn biélorusse, Vladimir Katriouk, qui a échappé à la justice.
Sur l'interdiction d'une marche néonazie en Bulgarie
Cette année, la mairie de Sofia a interdit une nouvelle fois l'organisation d'une marche aux flambeaux néonazie, la marche de Loukov, glorifiant l'idéologie fasciste criminelle et contraire à la nature humaine. Cette décision a été saluée par le Ministère de l'Intérieur, le Ministère des Affaires étrangères et le Parquet de la Bulgarie, qui ont souligné le caractère inadmissible de telles manifestations xénophobes.
Des rassemblements en hommage à cette figure historique odieuse de la Seconde Guerre mondiale, le général bulgare Hristo Loukov, connu pour ses opinions fascistes et antisémites, se sont déroulés dans la capitale bulgare entre 2003 et 2019.
La Russie prône continuellement la cohésion de la communauté internationale dans la lutte contre la glorification du nazisme, le néonazisme, les manifestations du nationalisme agressif, et elle initie l'adoption annuelle d'une résolution à ce sujet par l'Assemblée générale des Nations unies. Nous constatons avec satisfaction que ce travail conjoint porte ses fruits.
Nous jugeons nécessaire de bloquer résolument toutes les tentatives de réhabiliter l'idéologie fasciste et de falsifier l'histoire, notamment dans le contexte des 80 ans du début de l'agression hitlérienne contre l'URSS cette année.
Sur la proclamation de Vladimir Soloviev persona non grata en Lettonie
Les autorités lettones ont inscrit aujourd'hui sur la liste des personnes indésirables le journaliste russe Vladimir Soloviev, qui a été accusé de "glorification du nazisme" par le Ministre letton des Affaires étrangères.
Commençons par le fait que le chef de la diplomatie lettone Edgars Rinkevics a relayé un fake. La seule explication raisonnable à ceci, selon nous, réside dans le blocage par Riga des chaînes VGTRK et RT. C'est cette politique de débranchement des chaînes "indésirables" dans le cadre de la campagne visant à étouffer les médias russes et russophones dans les pays baltes qui a conduit au fait qu'Edgars Rinkevics propage de la désinformation. Il n'a simplement pas la possibilité de regarder. Sinon le Ministre letton des Affaires étrangères saurait qu'il est difficile de trouver un antifasciste aussi féroce que Vladimir Soloviev, qui consacre une grande partie de son temps d'antenne à la lutte contre la "peste brune".
Dans l'ensemble, le cynisme des autorités lettones a dépassé toutes les limites admissibles. Ce n'est même plus du cynisme. Les interprétations arbitraires n'ont pas leur place ici. Il faut très probablement réfléchir à une qualification juridique. Edgars Rinkevics devrait revenir à la réalité. S'ils se sont lancés dans la lutte contre le nazisme, alors il est temps de cesser la complaisance à l'égard des citoyens lettons qui rendent hommage aux légionnaires de la Waffen-SS avec des marches aux flambeaux. Il est temps de faire entrave au démantèlement et à la profanation des monuments aux soldats soviétiques qui ont donné leur vie pour libérer les pays baltes du fascisme.
Sinon, selon la logique d'Edgars Rinkevics, de nombreux représentants des pays baltes voisins mais aussi des représentants officiels de la Lettonie, notamment le Ministre letton de la Défense Artis Pabriks, devront aussi être proclamés personae non gratae. En septembre 2019, il a participé officiellement aux activités solennelles près de la commune de More, où, en 1944, la 19e division lettonne de la Waffen-SS a résisté pendant une semaine contre les unités de l'Armée rouge menant une offensive sur Riga. En parlant des légionnaires de la SS, Artis Pabriks y a déclaré: "Nous rendrons hommage aux légionnaires tombés, nous ne permettrons à personne de profaner leur mémoire. Les légionnaires lettons de la SS sont la fierté du peuple et de l’État lettons." Je n'ai pas vu un tweet d'Edgars Rinkevics sur la glorification du nazisme, du fascisme, par le Ministre de la Défense de son propre État.
Le fait que la Lettonie, avec d'autres pays de l'UE, n'ait pas soutenu en 2020 la nouvelle adoption par l'Assemblée générale des Nations unies de la résolution sur la lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, ne témoigne pas non plus de l'antifascisme des dirigeants lettons.
Sur "l'interdiction" moldave faite à l'Ambassadeur de Russie à Chisinau de participer à des événements transnistriens
Il y a quelques jours, le service de presse du Ministre moldave des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne a réagi de manière ambiguë à la présence de l'Ambassadeur de Russie lors d'un événement transnistrien en visioconférence le 10 février 2021. Dans son commentaire, il a appelé les diplomates accrédités dans le pays à s'abstenir de participer aux activités organisées par des "structures de Tiraspol".
Une telle réaction est surprenante. Chisinau sait parfaitement que la Russie ne remet pas en cause l'intégrité territoriale de la Moldavie, qu'elle est un garant et un intermédiaire du processus de paix transnistrien et prône le développement successif des relations russo-moldaves dans l'esprit des principes de l'Accord bilatéral d'amitié et de coopération de 2001. Les actions de l'Ambassadeur de Russie en Moldavie correspondent entièrement à ces principes.
Chisinau doit également être conscient du fait que sans entretenir le contact avec les belligérants, il est impossible de remplir les fonctions de médiation dans le processus de paix transnistrien. De plus, tout ambassadeur a pour fonction de développer les liens avec les régions du pays d'accueil et d'entretenir les contacts avec la diaspora de son propre pays qui s'y trouve. Un tel travail, incluant des voyages dans les régions de la Fédération de Russie, est mené par l'Ambassade de Moldavie à Moscou et cela ne suscite aucune réaction épidermique en Russie. Qui plus est quand il est question de visioconférences.
Nous espérons que nos partenaires moldaves s'abstiendront à l'avenir de politiser l'activité de l'Ambassadeur de Russie à Chisinau.
Sur la note de protestation russe suite aux actions provocatrices de l'Estonie
La Russie mène continuellement une ligne visant à développer des liens de bon voisinage avec les pays frontaliers, notamment avec l'Estonie.
Cependant, cela nécessite forcément une aspiration réciproque des partenaires à améliorer les relations. Malheureusement, l'Estonie a prouvé une fois de plus son incapacité à surmonter son hostilité sans motif envers la Russie.
Les autorités estoniennes ont probablement décidé d'afficher ainsi leur loyauté envers leurs superviseurs de Washington et de Bruxelles en proclamant persona non grata, de manière complètement infondée, un diplomate de l'Ambassade de Russie à Tallinn qui était en charge de la culture et de l'éducation - autrement dit des secteurs où il reste encore une certaine coopération entre nos deux pays.
Notre réaction ne s'est pas fait attendre. Nous avons convoqué l'ambassadeur estonien à Moscou, avons exprimé une protestation résolue et avons annoncé l'expulsion d'un diplomate de la représentation diplomatique estonienne.
Sur la situation du citoyen russe Konstantin Iarochenko détenu aux États-Unis
Nous continuons de suivre attentivement la situation des citoyens russes détenus dans les prisons américaines et arrêtés aux États-Unis. Nous faisons tout pour faciliter les conditions difficiles et parfois inhumaines de leur détention. Le livre de Maria Boutina en parle. Ce livre n'est pas recommandé aux personnes sensibles mais il aide à comprendre la situation réelle. Aux conditions de détention de nos citoyens s'ajoute un sérieux risque de contamination par le coronavirus.
Nous sommes particulièrement inquiets de la situation dans laquelle s'est retrouvé le pilote de l'aviation civile Konstantin Iarochenko, condamné à 20 ans de prison dans une affaire fabriquée basée sur les "dépositions" d'agents américains sous couverture. Depuis dix ans, le Russe, dont la santé s'est sérieusement détériorée, fait face à une ignorance cynique de ses problèmes et à la réticence des autorités américaines à lui fournir l'aide médicale nécessaire. Les multiples requêtes de nos diplomates concernant des examens médicaux à part entière et des procédures médicales nécessaires restent, malheureusement, sans réponse.
La question relative à la libération de Konstantin Iarochenko et à son retour en Russie pour des raisons humanitaires a été posée aux Américains à tous les niveaux. Mais Washington, préoccupé par les droits de l'homme partout sauf chez lui, ignore les faits flagrants et incontestables, insistant sur la "justesse" du verdict injuste et politisé prononcé par le tribunal de New York.
Je rappelle que Konstantin Iarochenko a été arrêté sur une "piste" américaine au Liberia, où il a été torturé lors des interrogatoires, a perdu ses dents et a reçu de graves lésions aux organes internes. Puis le Russe a été extradé aux États-Unis pour de prétendues "audiences", qui ont mis en évidence l'absence totale dans le pays même des rudiments d'un procès normal.
Pour avoir nié sa culpabilité, Konstantin Iarochenko a écopé de 20 ans de prison, une peine immense à l'échelle normale mais ordinaire dans l'"Amérique démocratique".
Nous continuerons d'exiger de libérer au plus vite Konstantin Iarochenko et d'autres Russes qui ont injustement subi des répressions aux États-Unis. Nous voudrions que les médias américains, qui parlent de Paul Whelan en décrivant les prétendues conditions inhumaines dans lesquelles il se trouve en Russie, se souviennent de Konstantin Iarochenko et que l'autocensure dans laquelle les médias américains se sont enlisés fasse une exception pour le citoyen russe en détention depuis dix ans. Nous ne renoncerons pas, nous ne laisserons pas l'administration de Washington en paix. Nous exigerons le respect des droits légitimes de nos citoyens tombés dans l'engrenage de la justice punitive américaine.
Sur la fermeture du Centre de la langue russe et de la culture de Cracovie
Le 15 février a cessé de fonctionner le Centre de la langue russe et de la culture fondé en 2008 à l'initiative de la fondation Rousski mir sur la base de l'Université de pédagogie de Cracovie. La direction de l'université a décidé de suspendre la coopération sans donner d'explications concernant ses motifs. Nous le regrettons.
Depuis plus de dix ans, ce Centre est l'un des instruments de développement de la coopération bilatérale les plus importants dans le domaine de l'éducation. Au cours de cette période, des centaines d'auditeurs des cours de russe langue étrangère ont reçu la qualification correspondante, et sur sa base ont été organisées plus de 600 différentes activités avec la participation des étudiants et du corps enseignant - des festivals, des concours, des expositions, des séminaires, ou encore des rencontres avec des personnalités culturelles russes. Chaque année, le Centre organisait un examen international pour déterminer le niveau de russe en tant que langue étrangère conformément aux normes européennes.
Bien évidemment, l'université de Cracovie est en droit de prendre les décisions qu'elle juge nécessaire. Mais il convient de remarquer que cette initiative polonaise rompt un autre fil de l'interaction sociale russo-polonaise.
Sur les anniversaires de l'indépendance de Sainte-Lucie, du Guyana et de la République dominicaine
Dans la continuité de notre bonne tradition, nous voudrions donner à notre rencontre une touche caribéenne à l'approche de la célébration des anniversaires de l'indépendance de Sainte-Lucie (22 février 1979), de la République coopérative du Guyana (23 février 1970) et de la République dominicaine (27 février 1844).
L'histoire de ces pays uniques revêt de nombreux traits caractéristiques qui ont déterminé le passage de toute la région de l'époque de la dépendance coloniale à l'image contemporaine de pays démocratiques prônant le respect des normes et des principes universels du droit international. Beaucoup de choses s'y entremêlaient: l'oppression des métropoles européennes, mais aussi les tentatives de rétablir le règne étranger, notamment par l'agression extérieure. Néanmoins, malgré les épreuves dramatiques auxquelles ils ont dû faire face, les peuples de ces pays ont formé leur propre identité et ont déterminé leur propre vecteur de développement.
Malgré la distance qui nous sépare, Castries, Georgetown et Saint-Domingue sont des partenaires importants pour la Russie, proches d'esprit et de par leur aspiration à défendre leur souveraineté et leurs intérêts nationaux, et jouent également, dans une certaine mesure, le rôle de pont reliant les Caraïbes et notre pays.
Nous sommes liés par une coopération diversifiée avec la République coopérative du Guyana, notamment dans le domaine des investissements. En témoigne le travail de l'opérateur économique russe Rusal depuis des années dans le secteur minier.
Sainte-Lucie et la République dominicaine ont toujours été appréciées par nos citoyens comme destinations de vacances et de tourisme. Certes, la pandémie a apporté des changements à cette situation, mais nous espérons que tout se rétablira quand elle sera terminée.
Nous sommes ravis d'avoir, en la personne des habitants de Sainte-Lucie, du Guyana et de la République dominicaine, des amis sincères dans la région, ouverts au développement d'une coopération constructive basée sur le respect mutuel et l'équité aussi bien dans la dimension bilatérale que multilatérale.
Je voudrais profiter de l'occasion pour féliciter, au nom du Ministère, les peuples de ces pays et leurs gouvernements pour leur fête, exprimer tous nos vœux de paix, de prospérité et de bien-être.
Sur la Fête nationale de Brunei Darussalam
Le 23 février marque la Fête nationale de Brunei.
A partir de 1888, le Sultanat faisait partie intégrante de l'Empire britannique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1942 et 1945, il s'est trouvé sous l'occupation japonaise, après laquelle il est revenu sous le contrôle du Royaume-Uni.
L'adoption de la Constitution en 1959 n'a apporté qu'une autonomie intérieure vis-à-vis de Londres. Le peuple de Brunei a eu besoin d'encore plusieurs décennies pour défendre sa souveraineté. Grâce aux efforts politiques et diplomatiques, non sans le soutien des pays membres de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), en 1984 a été signé un accord avec le Royaume-Uni pour attribuer au Sultanat une véritable indépendance.
Cette année, Brunei exerce les fonctions de président de l'ANASE. Nous sommes prêts à un travail conjoint actif avec ce pays à ce titre afin de promouvoir globalement le partenariat stratégique entre la Russie et l'Association. Nous réaffirmons notre disposition inchangée à développer les liens bilatéraux mutuellement avantageux.
A l'approche de sa Fête nationale, nous voudrions souhaiter au peuple ami de Brunei Darussalam bien-être, paix et prospérité.
Réponses aux questions:
Question: Le parti nationaliste turc d'extrême-droite et l'organisation extrémiste néofasciste affiliée des "Loups gris" ont fait part de leur intention de mettre en œuvre des projets sur les territoires occupés de l'Artsakh, notamment dans la ville de Chouchi. La présence, sur le territoire du Karabakh, de forces étrangères - quelle que soit leur forme - prônant une idéologie néofasciste et recourant à la terreur en tant que moyen principal pour atteindre leurs objectifs ne représente-t-elle pas une menace non seulement pour le Haut-Karabakh, mais également pour la sécurité régionale? L'approbation des autorités de la Turquie et de l'Azerbaïdjan pour la réalisation par ces forces de leurs projets n'indique-t-elle pas qu'Ankara et Bakou ont l'intention de créer des foyers de tension dans la région et dans les pays voisins, ainsi que de saper les efforts de la communauté internationale pour régler pacifiquement le conflit du Karabakh?
Réponse: Nous ne disposons pas d'informations sur de tels plans. Suite aux accords entre les dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021, le Haut-Karabakh revient actuellement à la vie pacifique grâce aux efforts collectifs. Pour cela il faut que l'Arménie, l'Azerbaïdjan et tous les pays voisins agissent depuis des positions communes et contribuent à l'établissement d'un dialogue entre tous les peuples qui vivent dans la région, aident à débloquer les communications économiques et de transport, assurent la protection des monuments historiques et culturels. Quand je parle de positions communes, je veux dire avant tout qu'il faut partir de l'établissement d'une paix durable sur la base de laquelle les gens revenant dans la région pourront construire leur vie dans différents domaines: l'économie, les finances, les liens administratifs, le transport, la logistique et bien d'autres aspects de la vie normale. Nous devons tous nous en rappeler.
Question: En Turquie, deux églises arméniennes ont été mises en vente. De nombreux faits de destruction d'églises chrétiennes, de cimetières, qui ne suscitent aucune réaction de la part des autorités compétentes turques, sont également rapportés. Face à un tel vandalisme contre les monuments culturels et historiques, peut-on faire confiance aux déclarations sur la paix régionale et la stabilité?
Réponse: En ce qui concerne la vente de sites immobiliers (je vais peut-être m'écarter de la partie officielle), je ne peux pas me prononcer maintenant. J'ai été surprise d'apprendre que dans le monde on pouvait vendre les lieux de culte. Cette pratique (je me retiens d'exprimer un avis personnel) est largement répandue: des lieux de culte sont transformés en maisons, en centre commerciaux et même en clubs de nuit. En l'occurrence, il est question de la législation intérieure, nationale, de chaque État. Il faut partir de là. En ce qui concerne la destruction de sites religieux et de monuments historiques, il faut savoir de quoi il est question. Vous en avez parlé, mais n'avez pas donné d'exemple concret. Si vous pensez que la Russie doit réagir par un commentaire, qu'il y a un aspect international, je vous prie de citer des exemples parce qu'il est assez difficile de formuler un commentaire ainsi. Vous connaissez parfaitement la position russe. Elle s'appuie notamment sur les approches exprimées sur les plateformes internationales. Cette position est liée à la nécessité d'entretenir les sites religieux et les monuments historiques.
Dans le cas présent, avant de répondre à votre question, il faut connaître les faits. Si vous nous les envoyez et qu'il y a effectivement un élément concernant la position russe ou internationale, alors je pourrais le commenter.
Question: Les négociations interafghanes au Qatar se sont retrouvées dans l'impasse, ce qui a conduit à un regain de violence en Afghanistan. En même temps, il y a deux semaines à Moscou se sont déroulées des négociations officielles avec une délégation des talibans. Dans cette situation, quelle est la position de la Russie concernant les perspectives de paix dans la région?
Réponse: En effet, les belligérants afghans se sont enlisés dans une discussion sur les questions techniques et n'ont pas entamé le débat sur les principaux aspects de la réconciliation nationale: la formation de la future structure étatique de l'Afghanistan, le cessez-le-feu durable et d'autres questions importantes à l'heure actuelle.
L'impasse autour des négociations était l'un des thèmes principaux des consultations de Moscou entre le représentant spécial du Président de la Fédération de Russie pour l'Afghanistan Zamir Kaboulov et une délégation du bureau politique des talibans. La Russie a souligné la nécessité d'entamer au plus vite un dialogue interafghan substantiel. Les talibans ont assuré être toujours intéressés par des négociations constructives avec la délégation de Kaboul, et ont réaffirmé leur attachement à l'accord de Doha avec les États-Unis.
Nous pensons que la situation actuelle nécessite des efforts supplémentaires pour donner une impulsion à la réconciliation nationale interafghane. Nous avons l'intention de poursuivre le travail en ce sens dans le cadre du "trio" élargi (Russie-États-Unis-Chine avec le Pakistan). Sachant que nous comptons également sur l'adhésion de l'Iran. A l'avenir, nous n'écartons pas la possibilité d'organiser une autre rencontre au format de Moscou. Si besoin, si les parties des négociations interafghanes intéressées par la paix le souhaitaient, nous serions prêts à mettre à disposition la plateforme de Moscou pour le dialogue.
J'ai déjà annoncé aujourd'hui les pourparlers entre les chefs de la diplomatie russe et afghane, dans le cadre desquels ce thème sera également évoqué.
Question: Au début de la conférence de presse, vous avez parlé du sabotage chronique des Accords de Minsk par Kiev et de l'absence de réaction internationale à cela. Dans le contexte des bombardements qui perdurent, il a été rapporté récemment qu'une école avait été touchée sur le territoire de la LNR. On entend des déclarations alarmantes, notamment des représentants du groupe de négociation, selon lesquelles si des tirs venaient du Donbass, l'armée ukrainienne réagirait. Des tentatives de saper les Accords de Minsk se préparent.
Comment la Russie peut-elle attirer l'attention internationale sur les actions criminelles de Kiev afin d'empêcher de nouvelles provocations contre la population civile du Donbass? Existe-t-il un risque réel que les Accords de Minsk soient réduits à néant?
Réponse: J'ai déjà beaucoup parlé à ce sujet aujourd'hui. Et j'estime avoir directement répondu à votre question. L'une de nos initiatives a été proposée à l'OSCE, mais les partenaires occidentaux l'ont bloquée. Nous continuons d'appeler les participants du Format Normandie et tous ceux qui supervisent Kiev d'une manière ou d'une autre à inciter les autorités ukrainiennes à mettre en œuvre les Accords de Minsk.
En ce qui concerne le Donbass, nous lui apportons avant tout une aide humanitaire. Tout le monde vit actuellement une période difficile, qui plus est ceux qui se trouvent dans une phase de conflit qui ne s'est pas encore apaisé. Il y a la pandémie et bien d'autres problèmes graves. Vous le savez, l'aide humanitaire et le soutien de la part de Moscou ne cessent pas et n'ont pas cessé pendant toutes ces années.
Question: Que pensez-vous de l'appel du Royaume-Uni à exclure la Russie et la Chine de la chaîne d'approvisionnement du secteur militaire du Royaume-Uni, ainsi que des accusations d'espionnage? Riposterez-vous de manière symétrique?
Réponse: Si je comprends bien, il est question des idées de la Commission de la défense de la Chambre des représentants du Royaume-Uni. Leurs homologues russes pourront leur répondre. Après tout, nous avons une diplomatie parlementaire. Je pense qu'il serait correct en l'occurrence de lui donner la parole.
Il est devenu évident que certains milieux britanniques souhaitaient attiser l'hystérie antirusse et maintenir à flot le mythe de la prétendue "menace russe". Si ces idées se transformaient en actions hostiles, alors elles feraient l'objet d'une réaction appropriée de la Russie. Nous appelons tous les détracteurs à passer du côté du bien, c'est-à-dire à développer des relations civilisées qui seraient orientées avant tout sur les intérêts des citoyens de nos pays.
Question: Vous avez transmis à Josep Borrell, Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, des vidéos sur les violences commises à l'encontre des manifestants dans les pays occidentaux. Plus tôt, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov les avait également transmises à son homologue suédoise Ann Linde. Quelle a été leur réaction? Ont-ils eu le temps de les visionner?
Réponse: L'absurdité de la situation réside dans le fait que pour voir comment agissent les policiers, en particulier dans les pays de l'UE, Bruxelles ne doit pas regarder des vidéos russes mais regarder par la fenêtre ou simplement sortir dans la rue. La diplomatie bruxelloise ne doit pas participer aux manifestations illégales russes mais marcher dans les rues de ses propres villes. Malheureusement, ils ne le font pas ou le font mais s'efforcent de feindre que cela n'existe pas.
Conscients d'une telle approche, nous leur avons transmis ces informations. Je suis certaine qu'ils les ont vues. Je suis également certaine qu'ils n'ont pas la moindre volonté de les commenter car tout commentaire reviendrait à s'exprimer sur leurs propres problèmes dans leurs propres pays. Or ils n'aiment pas le faire - mais nous le leur rappelons.
Question: Début février, les relations entre la Russie et l'Europe se sont de nouveau retrouvées en état de crise. D'après vous, notre dialogue avec l'Allemagne dépend-il de nos relations avec la bureaucratie européenne (la Commission européenne et d'autres institutions) ou, au contraire, les relations de Moscou et de Berlin détermineront-elles le dialogue entre la Russie et l'Europe dans l'ensemble? Et pourquoi Berlin refuse-t-il de bâtir une alliance stratégique avec notre pays en nous critiquant sur toutes les questions significatives?
Réponse: En tant que l'un des principaux sponsors des institutions de l'UE, l'Allemagne exerce une grande influence sur l'ordre du jour actuel, sur le travail et sur la politique de la bureaucratie européenne. Le fait que l'ancienne ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, se trouve à la tête de la Commission européenne, parle de lui-même. Auparavant, l'Allemagne générait des initiatives positives à l'égard de la Russie et dans le cadre des contacts bilatéraux. Malheureusement, la situation a changé. Pendant la présidence allemande du Conseil de l'UE au second semestre 2020, c'est à l'initiative de Berlin que l'UE a adopté plusieurs sanctions antirusses. Cela confirme clairement la stratégie allemande visant à utiliser les ressources de l'UE pour mettre en œuvre sa politique destinée à contenir globalement notre pays. Cela aurait été difficile à réaliser pour l'Allemagne si la bureaucratie européenne n'y avait pas été disposée - et il est inutile de parler de son autonomie en politique étrangère.
Beaucoup de pays de l'UE sont loin d'être satisfaits par cette situation. Plusieurs partenaires ne cachent pas leur mécontentement et leurs craintes concernant l'aspiration de l'Allemagne à dominer la politique étrangère européenne, mais pour différentes raisons, notamment à cause de la dépendance financière vis-à-vis de la première économie de l'Union, ils sont incapables ou n'osent pas s'opposer ouvertement à la ligne imposée de l'extérieur alors même qu'elle leur est défavorable.
Quand on nous dit qu'en UE les décisions sont toujours prises par consensus, nous demandons toujours ce qu'est un consensus. Un consensus, c'est quand tout le monde est pour; pas quand ceux qui sont contre doivent prendre sous la contrainte des décisions qu'ils ne souhaitent pas soutenir. Un consensus, c'est autre chose.
Nous sommes ouverts et prêts à une coopération constructive avec les pays d'Europe occidentale en s'appuyant sur les principes de respect mutuel et de prise en compte des intérêts réciproques. C'est un fondement, une base du droit international. Nous y sommes attachés et nous le disons toujours.
Il vaut mieux adresser aux partenaires allemands la question de savoir pourquoi Berlin détériore les relations avec notre pays. Nous ne voyons pas de bénéfices objectifs d'une telle politique pour l'Allemagne. S'ils les voient, qu'ils en parlent eux-mêmes. Ce serait intéressant à entendre.