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Conférence de presse de la porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova, Moscou, 29 octobre 2015

 

 

Sur la réunion multilatérale consacrée au dossier syrien à Vienne

 

Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov part aujourd'hui à Vienne pour participer à la réunion multilatérale du vendredi 30 octobre sur la Syrie.

Objectif numéro un de la réunion: contribuer à initier le plus rapidement possible le processus de paix à travers un dialogue intersyrien, comme prévu par le Communiqué de Genève du 30 juin 2012. Nous sommes satisfaits que la Turquie, les voisins arabes de la Syrie ainsi que d'autres pays influents de la région dont l’Égypte et l'Iran, participent à la réunion. La Russie a prôné dès le départ un accompagnement extérieur efficace des négociations menées par les Syriens afin de régler la crise dans leur pays. Nous disions qu'il était nécessaire d'exploiter tout le potentiel des principaux acteurs régionaux et internationaux, de toutes les parties impliquées d'une manière ou d'une autre susceptibles d'apporter leur contribution positive et constructive. Nous sommes persuadés que cette approche - et non le recours à des formats tels que les "Amis de la Syrie" - pourra apporter la paix et le calme à la nouvelle Syrie unie, laïque et démocratique que nous souhaitons voir renaître des cendres de la guerre.

Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra en marge de la réunion de Vienne avec les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays qui participeront demain aux discussions. Une partie de ces entretiens est déjà programmée, les autres seront organisés sur place.

Les ministres évoqueront les relations bilatérales et les problèmes régionaux et internationaux d'actualité. Nous vous en tiendrons informés pratiquement en temps réel.

 

Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au 5e Congrès mondial des Russes résidant à l'étranger

 

La cérémonie solennelle d'ouverture du 5e Congrès mondial des compatriotes résidant à l'étranger se tiendra le 5 novembre sous la présidence du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Le renforcement des liens avec la diaspora russe multiconfessionnelle, la protection des droits et des intérêts légitimes des Russes qui résident à l'étranger sont les priorités de notre État en politique étrangère.

Le Congrès, organisé l'année du 70e anniversaire de la Victoire, mettra l'accent sur la protection de la mémoire historique et de la vérité sur la contribution décisive de tous les peuples de l'Union soviétique dans la victoire sur le fascisme et contre les tentatives de glorifier le nazisme. Il est prévu d'évoquer durant le forum différentes questions relatives aux résultats de la mise en œuvre des décisions du 4e Congrès mondial des compatriotes résidant à l'étranger (qui s'est déroulé en octobre 2012 à Saint-Pétersbourg), ainsi que d'analyser le déroulement de la mise en œuvre des programmes nationaux russes visant à soutenir les compatriotes à l'étranger, y compris le programme fédéral Langue russe et le programme public pour contribuer au déplacement volontaire en Russie des compatriotes résidant à l'étranger.

Parallèlement aux réunions plénières se déroulera un travail sur cinq thèmes consacrés aux formes et aux méthodes de consolidation des associations de compatriotes, la propagation de la langue russe, de la culture et de l'enseignement russe à l'étranger, le rôle des régions russes dans le travail avec les compatriotes, y compris dans le domaine de la coopération économique. Dans le cadre du Congrès se tiendra également une table ronde consacrée au développement des organes de presse des compatriotes qui vivent à l'étranger et y diffusent leurs propres médias.

 

Sur l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Secrétaire général adjoint des Nations Unies Stephen O'Brien

 

La rencontre du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires Stephen O'Brien est prévue le 5 novembre. Ils évoqueront la situation humanitaire en Ukraine, en Syrie, au Yémen, ainsi que les préparatifs du Sommet humanitaire mondial qui se tiendra l'an prochain à Istanbul à l'initiative du Secrétaire général de l'Onu.

Stephen O'Brien rencontrera également d'autres ministres et responsables russes.

 

Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la 38e session de la Conférence générale de l'Unesco

 

La 38e session de la Conférence générale de l'Unesco s'ouvrira à Paris le 3 novembre au siège de cette organisation, à l'occasion du 70e anniversaire de sa création. A l'ordre du jour: l'adoption du programme et du budget, les questions relatives à la participation de l'Unesco au règlement de tâches d'actualité, y compris dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable pour l'après-2015. Le 6 novembre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Président de la Commission russe pour l'Unesco, participera au débat politique de la session.

Notre pays participe traditionnellement à tous les programmes de cette Organisation dans le domaine de l'éducation, des sciences naturelles et sociales, de la culture et des communications. La Russie accorde une importance particulière aux domaines d'activité de l'Unesco tels que l'éducation inclusive, les sciences fondamentales, l'hydrologie, l'étude de l'océan mondial, l'élargissement du réseau de réserves biosphériques, la lutte contre le dopage dans le sport, la prévention des vols et du trafic de biens de valeur culturelle, la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel, le développement du dialogue interculturel, le multilinguisme, la sécurité des journalistes ou encore la gestion du réseau internet.

 

Sur la situation politique en Ukraine

 

Je voudrais commenter les élections locales ukrainiennes du 25 octobre. Comme vous le savez, leurs résultats définitifs seront connus ultérieurement car dans certaines villes un second tour sera nécessaire, après lequel on connaîtra le nom des nouveaux maires, y compris celui de Kiev.

On peut tout de même déjà tirer plusieurs conclusions. Malheureusement la campagne actuelle - comme la présidentielle et les législatives de l'an dernier - n'a contribué à surmonter ni la profonde division qui règne au sein de la société ukrainienne ni l'éclatement du pays. De plus, contrairement aux affirmations optimistes des autorités de Kiev et de certains de leurs partenaires occidentaux, cette tendance ne fait que se renforcer alors que la population est de plus en plus déçue par rapport à la situation politique, la crise économique qui perdure, la corruption qui submerge et paralyse le pays, et dans l'ensemble l'absence d'amélioration globale.

Le déroulement des procédures électorales en Ukraine a aussi été perturbé par l'adoption très cachée et rapide, littéralement à quatre mois du vote, d'une nouvelle loi sur les élections locales. Morcelée, souffrant de nombreuses lacunes et ambiguïtés, elle était difficile à comprendre par les électeurs et les organisateurs des élections. De plus, dans l'ensemble cette loi va à l'encontre de certains engagements de Kiev dans le cadre de l'OSCE, selon les observateurs du BIDDH qui ont travaillé en Ukraine. Ces derniers ont également attiré l'attention sur les problèmes d'enregistrement des candidats, notamment sur la restriction du droit d'avancer des candidats indépendants. Tout cela, en plus de nombreux communiqués de diverses régions ukrainiennes concernant des infractions avant et pendant le vote, permet d'affirmer que ces élections étaient loin de respecter les standards universels d'honnêteté et d'objectivité. Elles ne sont certainement pas un modèle de démocratie.

Nous espérons que Kiev en tirera les bonnes conclusions et tiendra compte de cette critique dans l'élaboration conjointe, avec les représentants du Donbass, d'une loi ukrainienne spécifique relative aux modalités d'organisation des élections locales dans le Sud-Est du pays – un point à part entière des Accords de Minsk du 12 février 2015.

Cette question et d'autres aspects du processus de paix ukrainien ont fait l'objet de débats lors des pourparlers du Groupe de contact et de ses sous-groupes de travail à Minsk, le 27 octobre 2015. Ils ont examiné également le déroulement du retrait des chars et des armes d'artillerie de petit calibre de la ligne de contact, y compris la procédure de vérification à terme. Les participants ont également évoqué le déminage dans la zone du conflit. Ils ont poursuivi la discussion sur les solutions qui permettraient de régler les problèmes économiques et sortir de la situation humanitaire difficile dans la région.

Point positif: les parties ont convenu d'échanger des prisonniers de guerre. La procédure est fixée au 29 octobre avec la participation de représentants du CICR. 11 militaires ukrainiens et 9 combattants du Donbass devraient ainsi pouvoir rentrer chez eux.

On poursuivra le travail pour trouver des solutions aux questions concrètes pour régler la crise en Ukraine, y compris compte tenu des accords convenus le 2 octobre au sommet du Quartet Normandie à Paris. On évoque et on prépare actuellement la possibilité d'organiser la semaine prochaine une réunion du format Normandie au niveau des ministres des Affaires étrangères.

 

Sur le rapport du Secrétaire général de l'Onu concernant la situation humanitaire en Syrie

 

Passons à la Syrie. J'en ai parlé au début – les principales informations arriveront dans les jours à venir de Vienne. J'espère que nous aurons des choses à partager avec vous et que la réunion de demain sera constructive, objective, honnête et ouverte. Dans le même temps, je voudrais m'arrêter sur plusieurs points au sujet de la Syrie.

Nous sommes indignés par la parution de fausses informations dans le récent rapport du Secrétaire général de l'Onu sur la situation en Syrie se référant au BIDDH, diffusées plus tôt dans les médias, concernant de prétendues victimes civiles en Syrie suite à l'opération de l'aviation russe. Je souligne que ces insinuations, quel que soit leur auteur et origine, n'ont rien à voir avec la situation réelle. Nous y voyons un élément de la campagne de propagande lancée contre notre pays dont nous avons parlé à plusieurs reprises. Nous supposons qu'elle a pour but de déformer les succès de l'opération antiterroriste de l'aviation russe sur fond, soyons honnêtes, d'échecs des actions (voire de l'inaction) de la coalition anti-Daesh dirigée par les USA depuis plus d'un an.

Dans ces conditions il est important de ne pas tomber dans les pièges placés par certaines forces médiatiques, comme cela a été fait notamment avec la diffusion sur internet de la photo d'une fillette syrienne qui aurait été touchée par les frappes aériennes russes. Comme vous le savez, ces intox ont leur objet, un début et une fin. Elles sont très faciles à analyser, c'est pourquoi nous en parlerons. Il s'est avéré que la photo en question avait été prise le 25 septembre, c'est-à-dire avant le début de l'opération de l'aviation russe en Syrie. Mais beaucoup de médias ont ignoré ce fait: ils avaient trouvé l'image et la photo a été largement diffusée.

Nous voudrions appeler une nouvelle fois la communauté journalistique à faire davantage attention quand elle couvre les conférences de presse du Ministère russe de la Défense, qui présente de nombreuses photos et vidéos sur le déroulement de l'opération des forces aériennes russes. Ces informations peuvent et doivent être analysées et comparées aux tentatives d'intox pour en tirer des conclusions logiques. Après leur étude impartiale, tout observateur objectif n'aura plus l'ombre d'un doute sur les véritables objectifs des frappes aériennes russes. L'opération de l'aviation russe vise uniquement des groupes terroristes et leurs lieux de déploiement, et en aucun cas les sites d'infrastructure civile.

Nous espérons qu'à l'avenir le Secrétariat de l'Onu se référera seulement à des sources fiables et vérifiées au lieu de s'orienter sur des informations anonymes "sur les lieux" ou de certaines capitales occidentales se référant à des appels anonymes et des affirmations de "certaines ONG". L'information, vu sa sensibilité et gravité, doit être minutieusement revérifiée et avoir des sources fiables et vérifiables. Nous espérons que le Secrétariat de l'Onu et ses structures feront preuve de professionnalisme et d'une attitude impartiale et critique envers les informations qui leur parviennent et éviteront de porter des jugements à sens unique et déséquilibrés.

Malheureusement, tous ces éléments sont les pièces d'une seule et même stratégie. Certains se demandent pourquoi on déploie une telle campagne médiatique. Nous avons expliqué plusieurs fois que l'un des objectifs consistait à former l'opinion publique pour expliquer ses actions et justifier la pression constamment exercée sur la Russie. D'autre part (et nous l'avons déjà souligné) les reportages des médias particulièrement importants et sensationnels basent les rapports des organisations internationales. C'est précisément le cas en l'occurrence.

 

Sur les déclarations de Martin Schaefer, porte-parole du Ministère allemand des Affaires étrangères

 

Martin Schaefer, porte-parole du Ministère allemand des Affaires étrangères, a exposé dans une conférence de presse le 21 octobre à Berlin sa vision du contenu de l'entretien qui s'était déroulé à Moscou entre le Président russe Vladimir Poutine et son homologue syrien Bachar al-Assad. En particulier, le porte-parole de la diplomatie allemande a dit espérer que, durant les entretiens dans la capitale russe, les méthodes de l'armée syrienne approuvées par le Président syrien qui transgressent le droit international, y compris des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, avaient également été évoquées. Il sous-entendait que ceux qui agissent de concert sur le plan politique et militaire doivent parfaitement savoir ce qu'ils font.

De telles généralités prononcées par un représentant allemand officiel cachent une tentative d'accuser, entre autres, la Russie de transgresser la résolution 2139 du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 février 2014. En particulier les paragraphes 3 et 6: le paragraphe 3 parle de l'arrêt immédiat de toute attaque contre la population civile et les sites civils, et le paragraphe 6 exige que tous les belligérants accordent un accès sûr et libre à l'aide humanitaire.

Les généralités prononcées à Berlin témoignent de la lecture très sélective de ce texte par les experts et représentants officiels allemands, car les appels à la désescalade s'adressent à toutes les parties en conflit, et non seulement au camp gouvernemental. Cela concerne également l'accès humanitaire, qui ne dépend pas uniquement de Damas.

Nous trouvons ces déclarations inadmissibles et estimons qu'elles ne contribuent pas à remplir la mission de contrer le terrorisme international et d'établir un dialogue syrien inclusif pour mettre en œuvre les tâches globales du processus de paix en Syrie.

 

Sur la propagande antirusse de l'Ambassade des États-Unis à Moscou

 

Je m'arrête quelques minutes sur ce point parce que nous venons d'apprendre que l'Ambassade des États-Unis à Moscou a diffusé et envoyé aux médias un bulletin détaillé disant que, je cite, "les opérations russes en Syrie ne tuent pas des terroristes mais des représentants de l'opposition et détruisent des sites civils". Dans ce communiqué de presse américain on se réfère une nouvelle fois, vous n'allez pas le croire, au fameux observatoire "britannique" des droits de l'homme en Syrie, dont nous avons parlé à maintes reprises. C'est un communiqué très détaillé qui accuse directement la Russie de la mort de civils.

Premièrement, tout cela intervient en pleins préparatifs des entretiens de Vienne, sur fond d'appels de Washington et du Département d’État lancés au Ministère des Affaires étrangères de Russie pour évoquer le processus de paix syrien. Pourquoi fait-on ce genre de choses à l'approche de contacts multilatéraux, de contacts personnels à Vienne entre des ministres des Affaires étrangères? Pourquoi se réfère-t-on à des "sources anonymes" qui ne peuvent aucunement être véridiques? Je rappelle que récemment le Ministère russe de la Défense a invité des représentants de l'attaché militaire américain pour demander d'où ils puisaient leurs informations selon lesquelles la Russie ne tirait pas sur les "bonnes cibles" et tuait des civils. Aucune information ne nous a été transmise officiellement. Mais sournoisement, à la veille d'activités importantes, on diffuse de telles intox, il n'y a pas d'autre nom.

Je doute sérieusement que le Département d’État américain soit au courant de tout ce que font les représentants de leurs ambassades à l'étranger. Nous avons rapporté plusieurs fois à nos collègues américains des cas de diffusion, au niveau des représentants des ambassades dans les pays d'accueil, d'informations ternissant ou déformant les actions de la Russie, sachant qu'il ne s'agit pas seulement de l'Ambassade des USA mais aussi d'autres pays. Ils appellent le public à ne pas coopérer avec notre pays. Il nous a été dit que ce n'était pas le concept du Département d’État et que cela ne reflétait pas les approches du Département d’État vis-à-vis de notre Ministère des Affaires étrangères ou de notre pays.

On se demande: est-ce une action indépendante de l'Ambassade américaine à Moscou ou une campagne ciblée? Je le répète, ces informations ont été envoyées par la représentation diplomatique des USA aux médias travaillant à Moscou. Dans quel but? On l'ignore. Quand nous posons la question aux diplomates américains qui travaillent à Moscou, ils ne nous répondent pas. Ils ne répondent pas non plus aux questions de nos collègues du Ministère russe des Affaires étrangères. Et de telles informations continuent d'être publiées sournoisement.

 

Sur les "plans" américains d'opération terrestre en Syrie

 

La Russie est constamment accusée d'avoir perturbé les plans de la coalition, de l'empêcher de mener des actions sur le territoire syrien pour combattre l'EI.

Je voudrais rappeler que mardi, au cours d'un discours à Washington, le chef du Pentagone a fait part de l'intention du département de la Défense américain de lancer une opération terrestre en Syrie. Et il l'a dit clairement.

Ce même jour, le porte-parole de la Maison blanche Eric Schultz a déclaré dans une conférence de presse que les USA comptaient s'abstenir d'opération terrestre. Deux communiqués contradictoires ont été annoncés le même jour: on parle d'abord d'une opération terrestre, puis on déclare ne pas avoir de tels projets. On se pose donc la question: quels plans la Russie a-t-elle brouillé par ses actions si ces plans, selon les déclarations des représentants américains, se contredisent? On voudrait connaître la réponse à cette question.

 

Sur les déclarations des experts occidentaux concernant le dossier syrien

 

Nous entendons de nombreuses déclarations, nous lisons des articles et les communiqués des représentants de Washington, du Département d’État, du Pentagone. Tout le monde sait qu'ils sont repris en partie dans les rapports des organisations internationales. J'ai été surprise de découvrir sur internet une vidéo (visible sur YouTube) d'un extrait de discours de l'ex-chef des forces de l'Otan en Europe, le général américain à la retraite Wesley Clark, que nous connaissons bien. Son discours date de 2007. Voici ce que dit littéralement l'individu qui a occupé un poste de premier plan au Pentagone.

"Après les attentats du 11 septembre, une dizaine de jours plus tard, j'ai rencontré au Pentagone le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et son adjoint Paul Wolfowitz. Je suis descendu dire bonjour à certaines personnes du comité qui avaient travaillé avec moi, et un général m'a invité dans son bureau: "Monsieur, vous devriez venir me voir pour une brève conversation". J'ai répondu: "Vous devez être trop occupé". Il a dit "non" et ajouté: "Nous avons décidé d'entrer en guerre contre l'Irak". C'était aux alentours du 20 septembre. J'ai demandé: "En guerre contre l'Irak? Pourquoi?". Il a répondu: "Je ne sais pas. Je pense qu'ils ne savent pas quoi faire d'autre". J'ai demandé s'il y avait de nouvelles informations reliant Saddam Hussein à Al-Qaïda. Il a répondu: "Non, rien de nouveau à ce sujet. Simplement ils ont décidé d'entrer en guerre contre l'Irak. Je pense que la situation est telle que nous ne savons pas quoi faire avec les terroristes, mais nous avons une bonne armée et nous pouvons renverser des gouvernements. Je pense que si l'unique outil est le marteau, alors chaque problème doit être vu comme un clou".

Je suis repassé le voir deux semaines plus tard. A ce moment nous bombardions déjà l'Afghanistan. J'ai demandé si nous avions toujours l'intention de faire la guerre à l'Irak. Il a répondu que la situation était encore pire. Il a tendu une feuille en disant: "Je viens d'avoir ça d'en haut", faisant référence au cabinet du Secrétaire à la défense. "C'est une note décrivant comment nous détruirons sept pays en cinq ans – nous commencerons par l'Irak pour continuer avec la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan en terminant par l'Iran".

Je ne lirai pas l'ensemble du discours de Wesley Clark, qui est disponible sur internet. Je voudrais simplement suggérer que quand on utilise des informations en se référant à des sources anonymes au Pentagone et d'autres services, qu'on utilise également des citations de sources identifiées, d'individus directement impliqués dans la prise de décisions.

Puisqu'on parle de sources et de publications des médias sur le dossier syrien, il y a un autre texte que je voudrais citer. Il s'agit de l'article du conservateur Julian Lewis, chef du comité parlementaire britannique pour la défense et du travailliste Peter Ford (ambassadeur en Syrie entre 2003 et 2006). Les auteurs écrivent dans cet article paru dans le Guardian le 21 octobre 2015: "Le gouvernement ne veut pas reconnaître que l'unique résultat du renversement de Bachar al-Assad serait la victoire des djihadistes avec des conséquences terrifiantes à l'échelle biblique pour les chrétiens, les alaouites, les chiites et d'autres minorités ethniques et confessionnelles, y compris les sunnites laïques". De plus, on y trouve la citation suivante: "La Russie est critiquée pour attaquer soi-disant des troupes "non-Daesh", bien que cette catégorie inclue un puissant groupe tel que le Front al-Nosra affilié à Al-Qaïda. Pour de telles organisations, l'élimination d'Assad est une fête pour les charognards. Aucun analyste ne conteste le fait que la présence d'un grand nombre de représentants de l'opposition dite "modérée" joue en faveur des djihadistes".

Si vous ne voulez pas nous écouter, écoutez vos experts qui ont travaillé au Moyen-Orient.

 

Sur les plans de l'UE pour régler la crise migratoire

 

Parlons du Continent européen - malheureusement de nouveau dans le contexte de la Syrie - et de la situation concernant les réfugiés.

Nous sommes préoccupés par la crise migratoire qui perdure en Union européenne et dans les Balkans. Dans ce contexte, nous avons bien pris note des résultats du sommet de Bruxelles du 25 octobre, organisé à l'initiative de la Commission européenne, avec la participation de l'Autriche, de l'Albanie, de la Bulgarie, de la Hongrie, de l'Allemagne, de la Grèce, de la Macédoine, de la Roumanie, de la Serbie, de la Slovénie et de la Croatie concernant les flux migratoires transitant par les Balkans occidentaux.

Nous espérons que les mesures convenues au cours de ce rendez-vous - visant à prévenir les vagues incontrôlables d'individus et contrer les groupes criminels organisés qui font du trafic et du commerce d'êtres humains - apporteront leur contribution à l'élaboration d'une politique efficace s'appuyant sur la base systémique et complexe de l'UE dans le domaine migratoire.

Nous partons du fait qu'en mettant en œuvre ces mesures de régulation, les États européens respecteront rigoureusement leurs engagements internationaux par rapport aux droits des migrants et des réfugiés, et qu'ils poursuivront la recherche de mesures pratiques pour régler leurs problèmes. Il est également important d'éviter une montée de l'intolérance, de la xénophobie et de la tension sociale, dont des cas sont rapportés régulièrement par les médias de divers pays de l'UE.

Dans le même temps, nous appelons l'UE à se joindre aux efforts pour éliminer les causes premières de la crise migratoire actuelle, qui résulte de l'ingérence extérieure irresponsable dans les affaires intérieures des États du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Cela passe inévitablement par un règlement pacifique des conflits en Syrie et en Libye, ainsi qu'une aide aux pays d'où viennent les migrants à se développer sur le plan économique et étatique - en d'autres termes l'issue doit être déterminée par une approche complexe. A cet égard, nous voudrions rappeler la proposition russe de se concentrer sur la création d'une large coalition antiterroriste internationale s'appuyant sur le droit international avec la participation et l'accord de tous les pays qui font, d'une manière ou d'une autre, l'objet de menaces terroristes. Nous sommes prêts à participer à la répression de ces risques et menaces. Nous prônons fermement la réconciliation nationale et le processus de paix en Syrie, et nous sommes ouverts au dialogue avec tous ses participants éventuels.

 

Sur les actes répétés de vandalisme contre des monuments de l'époque soviétique en Pologne

 

Malheureusement, les autorités polonaises continuent d'ignorer les appels russes à cesser la "guerre" contre les monuments. Le 23 octobre, dans la Voïvodie de Sainte-Croix, une inscription a été démontée du monument au mouvement de résistance dans cette région. Elle disait: "Gloire aux résistants polonais et soviétiques qui ont combattu les occupants hitlériens en 1942-1945 pour notre liberté!". D'autres éléments de ce monument ont été également démontés.

Cette décision a été prise à l'initiative de l'Institut de la mémoire nationale qui, après le démantèlement du monument au double Héros de l'Union soviétique Tcherniakhovski à Pieniężno, a appelé les autorités locales à démanteler activement les monuments soviétiques. Malheureusement, ces recommandations sont mises en application.

Notre position de principe à ce sujet reste inchangée. Nous partons du fait que l'Accord entre le Gouvernement de la Fédération de Russie et le Gouvernement de la République de Pologne sur les tombeaux et les lieux de mémoire des victimes des guerres et des répressions du 22 février 1994, qui concerne aussi bien les cimetières militaires que des monuments distincts, doit être rigoureusement respecté par la partie polonaise.

Il est tout de même rassurant de voir que seulement quelques représentants de la société polonaise commettent ce genre de sévices. Nous constatons également la tendance inverse et voudrions exprimer notre gratitude et reconnaissance envers certaines associations polonaises, notamment Koursk et Petite Russie, qui ont récemment reconstruit à leur propre initiative un monument sur la tombe des soldats soviétiques à Działdowo, dans la voïvodie de Varmie-Mazurie. Un grand merci.

 

Sur l'inauguration d'un monument aux soldats soviétiques en Norvège

 

L'inauguration, financée par la communauté locale, d'un monument consacré à cinq soldats soviétiques abattus par des fascistes lors d'une tentative d'évasion d'un camp de prisonniers, s'est tenue le 24 octobre au nord de la Norvège à Berlevåg.

Je voudrais noter que tous les monuments consacrés aux soldats qui ont libéré le pays du fascisme sont dûment entretenus. Nous exprimons, à ce titre, une gratitude sincère envers les autorités et les citoyens norvégiens.

 

Sur le refus des autorités lettones d'enregistrer une représentation de l'Agence d'information internationale Rossiya Segodnya

 

Nous nous devons de commenter la décision du Registre des entreprises de la République lettone, qui a refusé une nouvelle fois d'enregistrer sur son territoire une représentation de l'Agence d'information internationale Rossiya Segodnya motivant sa décision par, je cite, "une menace à la sécurité nationale de la Lettonie". Que faites-vous de si méchant avec la Lettonie, les journalistes de Rossiya Segodnya?

Le rejet de l'appel de Rossiya Segodnya, sous des prétextes manifestement politisés et faux, est une continuation logique de la ligne de Riga visant à éradiquer la dissidence et à établir un contrôle total sur les médias dans le pays.

Nous partons du fait que cette approche, qui n'a rien à voir avec l'attachement aux principes de la liberté d'expression proclamés par les autorités lettones, doit enfin recevoir une réaction appropriée des structures internationales, notamment du Représentant de l'OSCE pour la liberté des médias.

 

Réponses aux questions:

 

Question: L'ancienne opposition polonaise a pris le pouvoir lors des dernières élections législatives. D'après vous, quelles seront les conséquences de ce résultat pour l'avenir des relations entre nos pays?

Réponse: Le parti Droit et Justice, dirigé par Jaroslaw Kaczynski, a remporté les législatives polonaises du 25 octobre. Selon la Commission électorale d’État, il occupera 235 des 460 sièges à la Diète, chambre basse du Parlement, ce qui lui permettra de former lui-même le gouvernement du pays. L'exécutif sera probablement dirigé par Beata Szydlo, vice-présidente du parti.

De notre côté, nous sommes prêts à travailler avec le nouveau gouvernement polonais afin d'assurer la continuité du développement des relations russo-polonaises, à condition que cette disposition soit réciproque et basée sur le respect mutuel des intérêts nationaux.

Question: L'une des pierres d'achoppement dans les négociations sur le processus de paix syrien est de savoir qui doit être considéré comme terroriste. Sergueï Lavrov et vous a déjà déclaré plusieurs fois que les textes internationaux ne donnaient pas de définition du terrorisme ou d'une organisation terroriste. Est-ce que la Russie travaille à l'Onu ou dans le cadre d'autres plateformes internationales à l'élaboration des critères pour définir ces notions?

Réponse: Votre question porte sur deux aspects. Je commencerai par la partie théorique concernant l'élaboration d'un terme commun, de sa compréhension et de sa fixation dans des documents internationaux. On essaie d'élaborer une définition universelle du terrorisme, notamment à l'Onu dans le cadre du projet de convention générale sur le terrorisme international.

Le travail sur ce document, initié par l'Inde, dure depuis assez longtemps et, malheureusement, s'est arrêté avant tout en raison des divergences concernant la sphère couverte par la future convention - à savoir si les activités des structures étatiques et l'opposition à l'occupation sont concernées.

La Russie continue de travailler avec de nombreux partenaires pour déboucher sur un consensus dans la mise au point de ce document. Malheureusement, nous ne percevons pas d'avancée positive.

Je voudrais souligner que même si la mise au point d'une définition commune du terrorisme renforcerait le cadre juridique international de la coopération antiterroriste, cela ne réglerait pas tous les problèmes d'un coup, comme par miracle.

La lutte contre les menaces terroristes ne dépend pas des formules juridiques (elles sont plus que suffisantes à l'Onu) mais de l'indisposition de plusieurs États à fixer les tâches pour combattre ce mal au-delà de leurs ambitions politiques et géopolitiques. Malheureusement, nous constatons encore dans le domaine de la lutte antiterroriste une approche du deux poids deux mesures, la séparation des terroristes en bons et mauvais, ce qui sape les efforts collectifs et les rend moins efficaces. Voilà pour la partie théorique et historique de votre question.

Voyons concrètement comment cela s'applique à l'exemple syrien. Quand on cherche à nous persuader ou à nous accuser de ne pas viser les bonnes cibles, de ne pas frapper l'EI ou les terroristes, de saper les efforts de la coalition pour combattre le terrorisme, on se pose des questions. Chacun des États de la coalition a sa propre définition des "terroristes". Au-delà de la surprise, on s'inquiète concernant l'efficacité de ce combat. Si même dans le cadre d'une coalition qui proclame l'unité des objectifs et des méthodes de travail, il n'y a pas d'entente commune sur ceux qu'ils considèrent comme "terroristes", alors voici un exemple concret de la réduction de l'efficacité de la lutte contre une menace commune. Je le répète, il n'est pas seulement question des pays qui ont leurs propres intérêts ou sont impliqués dans le processus de paix syrien de leur point de vue, mais des pays unis par des objectifs communs dans le cadre d'une coalition. A première vue, il ne devrait pas y avoir de divergences concernant ceux qui doivent être considérés comme des terroristes. En réalité, nous constatons que les points de vue sont très différents - pas sur des particularités théoriques ou lexicales, mais sur l'approche concrète de tel ou tel pays vis-à-vis de telle ou telle organisation. Par exemple, une partie de la coalition considère un groupe comme terroriste, mais ce n'est pas le cas de l'autre. Comment peut-on combattre efficacement le terrorisme s'il n'y a pas d'entente unanime pour savoir qui sont les terroristes en Syrie et qui ne le sont pas?

Question: D'après vous, que peuvent faire la Pologne et la Russie pour améliorer leurs relations? Certains disent en Pologne que le retour des débris de l'avion du Président Lech Kaczynski serait un geste de bonne volonté.

Réponse: En ce qui concerne les débris de l'avion, il faut comprendre qu'il ne s'agit pas de symboles, ce n'est pas un souvenir ou une relique qui peut être librement donnée comme un geste de bonne volonté. C'est une pièce à conviction. Chaque pays a ses propres procédures. Vous comprenez que les pièces à conviction ne peuvent pas être transmises aussi facilement que vous le dites. Il est question de la législation nationale de chaque État. Cette question doit être envisagée de ce point de vue précis, il me semble.

En ce qui concerne nos relations bilatérales, je peux vous assurer (je ne parle pas seulement du Ministère des Affaires étrangères, mais aussi de notre pays, de ses institutions publiques, de notre population) que ne nous voyons aucune divergence insurmontable qui nous empêcherait d'établir avec la Pologne des relations amicales et de bon voisinage. Nous avons une expérience de développement de telles relations. Vous demandez ce qu'il faut faire? Premièrement, il faut développer ces relations dans tous les domaines: dans le cadre des institutions publiques, des associations, de la jeunesse. Deuxième point qui me paraît important: ne pas se retourner constamment en arrière. Il y a un bon proverbe en Russie: "Quiconque mentionne le passé - on lui arrache un œil. Quiconque oublie le passé - on lui arrache les deux". Cela signifie qu'en aucun cas nous ne devons oublier l'histoire. L'histoire polonaise est le patrimoine et le trésor des Polonais. L'histoire russe est aussi le patrimoine et le trésor des Russes. Nous n'avons pas le droit de l'oublier. Mais cette histoire nous est donnée pour en tirer des conclusions, et non pour répéter les erreurs du passé. Nous devons comprendre que l'histoire est l'histoire, qu'il y a eu du bon et du mauvais, beaucoup d'erreurs, de choses concernant le sacrifice d'un peuple pour un autre, le développement des relations jusqu'à un niveau très élevé. Nous devons comprendre sur quoi on s'appuie. De notre côté nous le savons. Nous sommes favorables au développement de ces relations intégrales, normales, correctes et confiantes avec la Pologne qui contribueraient aux relations normales entre nos peuples, et notamment entre les jeunes. Ce n'est pas un grand secret. Et surtout, nous avons une excellente expérience de coopération avec la Pologne sur une base bilatérale et dans des formats multilatéraux. Tout cela est à notre disposition, il faut l'utiliser. Je le répète, il faut avancer avec compréhension, et conscients de notre mémoire historique.

Question: L'ex-président français Nicolas Sarkozy a proposé, lors d'un discours à l'Institut d’État des relations internationales de Moscou (MGIMO), d'unir les deux coalitions qui agissent aujourd'hui dans le ciel syrien. Qu'en pense le Ministère russe des Affaires étrangères? Prévoit-on une réunion "Moscou 3" pour promouvoir le dialogue syrien?

Réponse: Il est évident que tous les experts et politiciens occupant des fonctions actuellement ou poursuivant une activité politique active ont le droit de s'exprimer - et même davantage. Je pense que nous devons les écouter et analyser leurs propositions. Je ne vois rien de contradictoire dans les déclarations de Nicolas Sarkozy car nous sommes ouverts à la coopération avec tous les pays qui poursuivent le même objectif que nous: la lutte contre le terrorisme dans la région.

Comme vous le savez, nous avons créé un Centre d'information et de coordination à Bagdad. Nous invitons tout le monde à le rejoindre. Le Ministère russe de la Défense n'envoie pas simplement des signaux politiques: nous sommes en contact actif avec tous les pays, nous leur demandons des informations, nous sommes prêts à fournir les nôtres. Le fait est que, malheureusement, nous ne percevons pas les mêmes signaux et le même niveau de coopération de l'autre côté. Nous sommes prêts et ouverts à la coopération pour atteindre l'objectif dont nous avons parlé – la lutte contre l'EI.

En ce qui concerne les mesures que Moscou pourrait entreprendre pour initier le processus de paix en Syrie ou, comme vous avez dit, la possibilité d'organiser une conférence "Moscou 3", je rappelle que nous nous en occupons depuis plusieurs années, depuis la signature du Communiqué de Genève. Nous n'avons jamais cessé ce travail. Il est mené aussi bien sur les plateformes de Moscou (deux réunions de l'opposition et de Damas ont déjà eu lieu dans la capitale russe), ainsi qu'à l'étranger au niveau de nos ambassades. Je veux dire que nos ambassadeurs et représentants organisent des contacts pour contribuer à la recherche de points de convergence entre l'opposition syrienne – intérieure et extérieure – et Damas. Ce travail est en cours. Si les prémisses d'une réunion supplémentaire à Moscou (ou ailleurs) apparaissaient, nous ferions tout pour soutenir ce travail constructif.

Question: Quelle est la position de Moscou concernant les dernières déclarations du Ministre saoudien  des Affaires étrangères, qui a déclaré hier à Riyad lors d'une conférence de presse avec son homologue britannique, à la veille de la réunion de Vienne, que Bachar al-Assad devait partir, et qu'en cas d'échec des négociations il serait nécessaire de chercher d'autres solutions?

Réponse: Notre position reste inchangée. Nous rappelons le primat du Communiqué de Genève sur toutes les idées de ce genre. Pour l'instant, aucun pays n'a remis en doute sa validité et je rappelle que ce document a été approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies. Il stipule clairement qui doit mener et comment doit se dérouler le processus de paix en Syrie. C'est pourquoi il me semble que continuer de parler à ce sujet n'a aucun sens.

Il est complètement improductif de tirer un trait ou de remettre en question une réunion qui est prévue - il faut lui laisser une chance. Pourquoi prédire son échec au moment précis où tout le monde travaille pour qu'elle soit productive et constructive? Il me semble qu'il ne faut pas sauter les étapes, ne pas étudier les scénarios qui pourraient se produire après, mais se concentrer sur les efforts à déployer aujourd'hui pour parvenir à un succès.

Question: Pouvez-vous préciser le planning des réunions de Vienne, notamment des entretiens d'aujourd'hui et de demain - quand ils commencent, qui va participer?

Réponse: Au début de la conférence de presse j'ai indiqué que le planning était en cours de rédaction, tout est très changeant. Comme vous le savez, c'est les USA qui ont envoyé les invitations à cette réunion. Par conséquent, la liste des participants n'est pas notre prérogative. A l'heure actuelle, on met au point le calendrier des rencontres éventuelles. Je pense que d'ici deux heures je pourrai donner plus de détails sur les contacts prévus. Je ne veux pas le faire avant pour être sûr de vous fournir des informations exactes.

Question: Les USA disent s'inquiéter que la Russie prive le monde d'internet. Qu'en pensez-vous?

Réponse: J'ai déjà commenté cette remarque de manière assez sarcastique sur ma page Facebook et je n'ai rien à ajouter. Premièrement, il est impossible de vivre uniquement de phobies - cela ne mène nulle part. Deuxièmement, quand nous parlons d'organisations sérieuses (si je me souviens bien il était question des peurs et des craintes de représentants américains officiels), il faut apporter des faits, or il n'y a pas de faits mais seulement des craintes et des "inquiétudes", ou encore des phobies comme je l'ai dit. Je ne pense pas qu'on puisse aller loin sur cette base, à moins que ce soit dans une direction pathétique. Je pense que cela fait partie de la campagne médiatique visant à exacerber et à noircir le trait pour présenter la Russie comme le "mal de l'Univers", un ennemi pour tous. A qui cela s'adresse-t-il? Tout expert militaire rira en lisant cette information. Mais pour les utilisateurs de l'internet qui sont loin de l'expertise et de l'analyse militaire, c'est un signal indiquant que leurs habitudes quotidiennes, leur lien avec le monde est menacé. Et pourquoi? Soi-disant à cause des agissements de la Russie? Tout cela, comme la diffusion d'informations dont j'ai déjà parlé, ne vise qu'un seul objectif – diaboliser la Russie dans tous les domaines.

Question: L'Ambassade de Pologne déclare que la construction du gazoduc Nord Stream 2 est dirigée contre Varsovie, à l'encontre de ses intérêts: que pouvez-vous en dire?

D'autre part, des réfugiés syriens vivent dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo, dans la région de Moscou, depuis au moins 5 semaines: comment vont-ils être pris en charge?

Réponse: Je voudrais dire que ces individus ne sont pas des citoyens syriens. On veut absolument les faire passer, y compris les médias, pour des citoyens syriens et montrer (je suppose) comment pendant qu'on accueille des réfugiés en Europe la Russie maintient ces individus à l'aéroport de Cheremetievo. Je voudrais vous renvoyer sur le site du Service fédéral de migration de la Russie: il y a le nombre exact de citoyens syriens qui ont été accueillis par la Russie – début septembre on comptait près de 7 500-8 000 personnes venues dans notre pays. Vous comprendrez que l'itinéraire suivi par les citoyens syriens – réfugiés et migrants – pour se rendre en Russie est différent de celui que d'autres empruntent pour se rendre en Europe. Ils arrivent en Russie par avion.

Je pense que vous voulez parler de la famille, des personnes qui ont utilisé de faux documents. Ils se faisaient effectivement passer pour des citoyens syriens mais quand il s'est avéré que leurs documents étaient faux, il a fallu du temps pour comprendre qui ils étaient. Ce sont en réalité des citoyens d'un autre pays. Conformément à la législation russe ils ont fait l'objet des procédures appropriées. Il est déplorable que ces gens aient dû traverser la frontière illégalement en utilisant de faux documents. Apparemment, ils étaient poussés par leurs propres fins, ce qui est une violation de la législation russe, c'est pourquoi des mesures appropriées ont été appliquées à leur égard. C'est tout ce que je peux dire. Je vous demande de ne pas présenter cette situation comme une attitude inhumaine ou déloyale envers les réfugiés syriens. Il s'agit d'un usage de faux documents. Je le répète, vous pouvez vous adresser à nos forces de l'ordre à ce sujet. Il n'y a aucune politique. Il s'agit uniquement du fait que ces individus soient entrés dans le pays avec de faux documents.

Les informations sur les réfugiés syriens et les statistiques détaillées sont disponibles sur le site du Service fédéral de migration de Russie. Si vous avez des questions supplémentaires, ce service vous fournira toutes les informations nécessaires.

J'ajouterai, en ce qui concerne la Pologne, que la Russie n'entreprend rien contre elle ou un autre État. Je peux l'affirmer. Si vous avez une question concrète sur notre coopération économique et énergétique, posez-la, j'essaierai d'y répondre. La question, telle qu'elle est posée - sur des actions entreprises contre la Pologne - ne correspond pas à la réalité.

Question: Les autorités polonaises ont des craintes par rapport à la construction du gazoduc Nord Stream 2.

Réponse: Je l'ai déjà dit: on ne peut pas vivre de craintes ou de phobies. Il y a une coopération constructive, alors coopérons.

Question: Quand le  Ministère russe des Affaires étrangères parle de violations du cessez-le-feu à la frontière azerbaïdjano-arménienne et appelle à sauvegarder la paix, sur quelles informations s'appuie-t-il: celles de l'Arménie ou de l'Azerbaïdjan? Y a-t-il des consultations avec le Ministère des Affaires étrangères de l'Arménie pour élaborer une position commune sur la question syrienne?

Réponse: En ce qui concerne les approches communes sur la question syrienne, nous menons des consultations avec les ministères des Affaires étrangères de nombreux autres pays non pas pour élaborer une approche commune, qui n'implique pas de divergences, mais pour "régler nos montres", pour consulter nos collègues. Nous sommes en coopération étroite avec nos collègues du Ministère arménien des Affaires étrangères sur toutes les questions, y compris celle-ci.

Votre première question contient, je trouve, une composante provocatrice complètement inutile. Si vous avez une question concrète j'y répondrai. Mais choisir entre les informations fournies par l'une ou l'autre partie est une mauvaise façon de poser la question.

Question: La trêve est enfreinte à la frontière. La Russie appelle souvent les parties à la paix, sans préciser pour autant quelle partie a enfreint le cessez-le-feu.

Réponse: Toutes les situations sont différentes, et à chaque fois nous réagissons de manière appropriée. Nous faisons tout pour que notre réaction soit objective, à cet effet nous utilisons les informations fournies par toutes les parties et tirons nos conclusions en nous basant dessus. Je le répète: notre principal objectif est l'objectivité des appréciations.

Question: Aujourd'hui, c'est la Journée de la Turquie. Que souhaitez-vous au peuple turc? Le Président ukrainien Petro Porochenko a récemment signé un décret sur la création d'un Centre d'étude des problèmes de la Russie. Une telle démarche est-elle susceptible de régler la situation?

Réponse: En ce qui concerne la Turquie, je ne suis pas sûre de pouvoir souhaiter à la Turquie quelque chose en tant qu’État. Je ne peux que souhaiter à tous les habitants de ce pays (j'y ai beaucoup d'amis et de collègues) bien-être, prospérité et paix – les choses les plus importantes, dont tout le monde a besoin. Et je souhaiterais également de la prospérité aux relations russo-turques.

Quant au Centre d'études des problèmes de la Russie créé en Ukraine, je n'en ai jamais entendu parler. Je pense que l'Ukraine est un État souverain qui peut organiser et créer tous les centres qu'elle souhaite. Pourvu qu'ils travaillent au profit du développement des relations bilatérales. J'espère que ce sera le cas.

Question: Le porte-parole du Département d’État américain, John Kirby, a déclaré hier que les USA comptaient évoquer à Vienne la composition du gouvernement provisoire en Syrie. Est-ce que la Russie participera à une telle discussion et quelle est la position russe à ce sujet?

Réponse: Ce sont les plans des USA. En tant qu’État souverain ils peuvent parler de tout ce qu'ils veulent. Nous ne nous occupons pas des débats sur la formation ou le changement de gouvernement. Nous avons une tâche complètement différente: assurer le processus de paix en Syrie sur la base des règles internationales. Comment le faire, comment implémenter le plus efficacement possible le Communiqué de Genève? C'est à cela que doit être consacrée la réunion si nous voulons qu'elle soit constructive et efficace. Difficile de dire ce qu'avait à l'esprit John Kirby.

Question: Que pouvez-vous conseiller aux petits États d'Europe de l'Est concernant l'afflux de réfugiés de Syrie et d'autres pays? Quelle est votre position par rapport à l'enquête sur le crash du Boeing MH17? Est-ce que ses résultats conviennent à la Russie?

Réponse: En ce qui concerne l'enquête, je ne vous ferai pas perdre votre temps: nous avons publié un communiqué très détaillé au cours de la dernière conférence de presse et je suis prête à vous le fournir. Nous avons expliqué en détails ce qui ne nous convenait pas dans ce rapport,  point par point.

En ce qui concerne les conseils à donner, comme vous avez dit, aux "petits États" – je ne pense pas avoir le droit de séparer les pays en petits et en grands, qui plus est de leur donner des conseils. Je viens de parler de nos préoccupations concernant les réfugiés. Il est possible de régler ce problème, premièrement, si les pays européens, les pays de l'UE et du Continent européen qui assument le fardeau principal agissent dans le cadre du droit international et des mécanismes juridiques internationaux. Deuxièmement, ils doivent comprendre que ce problème est complexe et que son règlement dépend directement du processus de paix syrien. Il est impossible de guérir une maladie en combattant le problème seulement localement.

Il me semble également important (même si ce n'est pas vraiment un sujet pour une conférence de presse sur la politique étrangère) de rester toujours humain. Quelles que soient les épreuves à affronter pour un peuple ou un pays, il faut comprendre que les gens qui sont venus vers vous, sont aussi des hommes qui ont fui le malheur, par désolation. Le droit, la loi, la situation internationale – c'est très bien. Mais il est primordial de rester des êtres humains et simplement de tendre une main d'aide.

Question: Que pouvez-vous dire de la déclaration de Mikhaïl Oulianov, directeur du Département pour la non-prolifération et le contrôle de l'armement du ministère russe des Affaires étrangères, au sujet de l'usage de l'arme chimique par l’État islamique en Syrie et en Irak?

Réponse: Je ne peux pas commenter la déclaration de Mikhaïl Oulianov, parce qu'il est un véritable spécialiste, expert et professionnel en la matière. Je ne peux qu'attirer votre attention sur son interview accordée à l'agence de presse TASS, dans laquelle il déclare notamment que "selon toutes les informations l'EI a obtenu l'accès aux technologies de production de l'arme chimique, à la documentation et aux capacités industrielles appropriées. Plusieurs cas d'usage de l'arme chimique par l'EI en Syrie et en Irak ont déjà été constatés". Il regrette également que le Conseil de sécurité des Nations unies n'ait pas encore dûment réagi à ces faits, avant tout à cause de la position de nos partenaires occidentaux. Il a noté que la Russie avait posé à plusieurs reprises la question de la nécessité d'une telle réaction. C'est pourquoi la question d'étendre le mandat du Mécanisme commun de l'Onu et l'OIAC pour enquêter sur des cas supposés d'usage de l'arme chimique reste à l'ordre du jour. Il n'y a pas encore de décision à ce sujet mais nous avons déjà préparé et soumis il y a quelques semaines le projet d'une résolution à ce sujet au Conseil de sécurité, comme l'a déclaré Mikhaïl Oulianov.

Je voudrais ajouter que c'est une question très pertinente car elle concerne une menace directe pour le pays et les habitants de la région, et qu'il ne faut en aucun cas la politiser. Nous avons vu ces dernières années qu'on a pu, par exemple, accuser Damas d'usage de l'arme chimique tout en fermant les yeux sur la manière dont les groupes terroristes sévissant en Syrie utilisaient réellement l'arme chimique. Il faut une mesure commune, ne faut pas politiser cette question. Il ne faut pas la voir en fonction d'une certaine conjoncture politique. Chaque cas doit faire l'objet d'une enquête minutieuse et des décisions doivent être prises pour chaque cas particulier à partir d'un tableau objectif appuyé par des faits, et non en partant de ses propres intérêts.

Question: Sergueï Lavrov part-il à Vienne avec une feuille de route pour l'implémentation du Communiqué de Genève? Que proposera la Russie concrètement?

Pouvez-vous préciser d'où viennent les individus qui se trouvent actuellement dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo?

Réponse: Selon les informations dont je dispose, que je vous demande de revérifier auprès des instances russes compétentes, ce sont des citoyens irakiens. Mais je le répète: ces informations doivent être revérifiées.

En ce qui concerne la feuille de route, je dirais que tout le monde part aujourd'hui à Vienne pour trouver des points de convergence. Chacun peut venir avec ses feuilles de route. La question est de savoir comment unir les approches de plusieurs pays, avec des points de vue complètement différents sur certains points - ou similaires sur d'autres -, sur le processus de paix en Syrie ou le dossier syrien en général. Je pense que le plus important est trouver ces points de convergence.

Question: Pouvez-vous confirmer les informations de la presse irakienne selon lesquelles l'Irak aurait demandé à la Russie de participer à l'opération antiterroriste sur son territoire? Que pense la Russie de l'union des armées de l'Irak et de la Syrie pour combattre l'EI?

Réponse: En ce qui concerne les déclarations irakiennes par rapport à la participation de l'aviation russe aux opérations dans ce pays, nous n'avons reçu pour l'instant aucune requête officielle et nous l'avons déjà dit. En effet, nous suivons tout ce qui se dit à ce sujet en Irak, nous remarquons les déclarations faites par les personnalités publiques et politiques en la matière, nous suivons avec intérêt la position des États-Unis, qui exercent - et je pèse mes mots - de l'influence sur Bagdad à ce sujet.

Nous tenons compte de tout cela mais, je le répète, nous n'avons reçu aucune requête officielle dont il pourrait s'agir en l'occurrence.

Je dois dire que les déclarations interminables de Washington concernant la décision souveraine d'un pays souverain sont très surprenantes.


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