16:15

Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 5 décembre 2018

2341-05-12-2018

Sur les entretiens bilatéraux du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en marge du CMAE de l'OSCE à Milan

 

Pendant la dernière conférence de presse j'avais déjà annoncé la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la prochaine réunion du Conseil des ministres de l'OSCE à Milan les 6 et 7 décembre. Aujourd'hui, je voudrais évoquer plus en détail les entretiens du chef de la diplomatie russe prévus en marge de la réunion. Vous le savez, le planning de ce genre d'activités multilatérales est "flottant" jusqu'à la dernière minute. Par conséquent, des changements sont possibles, nous essayerons de vous tenir informés.

A l'heure actuelle, nous mettons au point la rencontre des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'OTSC. De plus, Sergueï Lavrov devrait s'entretenir avec la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Federica Mogherini, le Secrétaire général de l'OSCE Thomas Greminger, le Président de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE George Tsereteli, les ministres des Affaires étrangères du Vatican Paul Gallagher, de la Norvège Ine Marie Eriksen, de l'Allemagne Heiko Maas et du Kirghizistan Tchyngyz Aïdarbekov.

De plus, lors de la dernière conférence de presse des questions m'ont été posées concernant la réunion sur le Haut-Karabakh.

Aujourd'hui, à la veille de la réunion du CMAE de l'OSCE à Milan, est prévu un entretien entre les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh avec la médiation des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE (Russie, USA, France; la Russie était représentée par l'Ambassadeur itinérant Igor Popov). L'annonce à ce sujet a été faite par les parties le 3 décembre. Il est également prévu de mettre au point la déclaration sur le Haut-Karabakh. Deux versions d'adoption du document sont examinées: seulement par les coprésidents ou avec la participation des ministres des Affaires étrangères de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan (format 3+2).

 

Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la réunion du Conseil de tutelle de la Fondation de soutien et de protection des droits des compatriotes résidant à l'étranger

 

Lundi 10 décembre, sous la présidence du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se tiendra la réunion du Conseil de tutelle de la Fondation de soutien et de protection des droits des compatriotes résidant à l'étranger.

Les participants analyseront l'activité de la Fondation au vu de l'aggravation de la situation internationale, du renforcement de la pression dans plusieurs pays occidentaux à l'égard des représentants de la diaspora russe. Ils examineront également les tâches de la Fondation à court terme et évoqueront les nouvelles formes et méthodes de son travail.

 

Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la réunion conjointe des Conseils de surveillance et de tutelle de MGIMO du Ministère russe des Affaires étrangères

 

Mercredi 12 décembre, sous la présidence du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se tiendra la réunion conjointe des Conseils de surveillance et de tutelle de MGIMO du Ministère russe des Affaires étrangères.

Les membres du Conseil de surveillance et les tuteurs entendront l'information du recteur de MGIMO du Ministère russe des Affaires étrangères Anatoli Torkounov sur les résultats et les principales orientations de l'activité de l'université et évoqueront les projets de son développement. Une attention particulière sera accordée aux activités associées au 75e anniversaire de MGIMO célébré en octobre 2019.

 

Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au séminaire pour les responsables des organes législatifs (représentatifs) du pouvoir public des sujets de la Fédération de Russie – membres du Conseil des législateurs de la Fédération de Russie auprès de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie

 

Jeudi 13 décembre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participera au séminaire pour les responsables des organes législatifs (représentatifs) du pouvoir public des sujets de la Fédération de Russie – membres du Conseil des législateurs de la Fédération de Russie auprès de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie avec un rapport sur le thème "Situation internationale: les défis et les tendances actuels".

Le programme inclut également les interventions des membres du gouvernement russe, des chercheurs de l'Académie des sciences de Russie et des experts des principaux centres scientifiques du pays. Cette activité est organisée par le Conseil de la Fédération conjointement avec l'Académie des sciences de Russie et elle se déroule tous les ans depuis 2016.

 

Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de coopération économique de la mer Noire

 

Vendredi 14 décembre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participera à la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de coopération économique de la mer Noire (CMAE de l'OCEMN).

Les participants feront le bilan de la présidence semestrielle de l'Organisation par l'Azerbaïdjan, qui s'est déroulée sous le slogan du renforcement de l'interconnexion de la région de la mer Noire avec une attention particulière pour les questions relatives au commerce. Ils évoqueront également un large éventail de questions figurant à l'agenda régional dans le domaine de la coopération économique, notamment les problèmes sectoriels actuels comme le transport, l'énergie, l'agriculture, la science et les technologies, ou encore la santé.

La Russie profitera du CMAE pour promouvoir un agenda unificateur et des propositions sollicitées en soutien aux tâches de l'OCEMN telles que la mise au point des principes-cadres initiés par le Ministère russe du développement économique dans le domaine du développement du commerce numérique et de l'introduction du "guichet unique". Nous contribuerons au renforcement de la CEMN en tant que plateforme dépolitisée pour le dialogue interétatique afin d'élargir la coopération économique mutuellement bénéfique dans la région, d'intensifier les liens économiques, de les rendre plus stables et d'accroître le rendement concret des projets réalisés.

La Russie est activement impliquée dans le travail de l'OCEMN visant à assurer la prospérité et le développement de la région de la mer Noire. Pays-donateur à l'OCEMN, elle est égalemet actionnaire de la Banque de commerce et de développement de la mer Noire. En 2016, à l'initiative et avec le soutien de la Russie, a été créé le Mécanisme de développement de la coopération du projet en mer Noire, dont l'activité prend de l'ampleur à l'heure actuelle.

 

Sur la situation autour de Maria Boutina

 

Nous sommes révoltés par la pression exercée par les autorités américaines sur la citoyenne russe Maria Boutina, arrêtée aux USA cet été sur des accusations montées de toutes pièces.

Une nouvelle fois, son régime de détention a été durci. Il prévoit un isolement total pendant 22 heures par jour. Maria Boutina ne bénéficie pas d'une aide médicale compétente. Nous estimons que par ces actes, on cherche à l'intimider et à la briser à la veille du procès prévu le 19 décembre pour - je le rappelle et le souligne à nouveau - une affaire fabriquée contre elle.

Les diplomates russes à Washington soutiennent par tous les moyens notre compatriote, l'appellent au téléphone et lui rendent régulièrement visite. Une protestation résolue a été exprimée à la direction de la prison pour exiger que cessent les sévices. Une note de protestation a été adressée au Département d’État américain à ce sujet.

Nous continuerons d'exiger la libération de la citoyenne russe, qui est victime d'un arbitraire flagrant. D'ailleurs, nous avons entendu de nombreux commentaires et déclarations de représentants officiels américains concernant les marins ukrainiens arrêtés. Rien de tel n'est appliqué envers aucun des marins ukrainiens qui ont été interpellés. Et si nos partenaires s'estiment en droit de commenter l'arrestation de personnes qui ont violé la frontière nationale de la Fédération de Russie, alors ils devraient commencer par des commentaires sur la situation autour de la prisonnière politique détenue dans leur pays.

 

Sur l'évolution de la situation en Syrie

 

La mise en œuvre du Mémorandum sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d'Idleb, signé par le Président russe Vladimir Poutine et le Président turc Recep Tayyip Erdogan à Sotchi le 17 septembre, se poursuit. La Turquie s'efforce de réaliser la séparation entre les terroristes et les opposants "modérés". Malgré cela, tous les extrémistes ne se plient pas à l'exigence de créer une ceinture de 20 km de zone démilitarisée. Pour l'instant, on ne parvient pas à faire cesser les provocations quotidiennes des terroristes visant à perturber l'activité russo-turque conjointe.

Selon l'information des militaires russes, les violations du cessez-le-feu continuent. Des bombardements ont eu lieu à Zellakiyat dans la province de Hama, à Joub al-Mgara dans la province de Lattaquié et dans le district Hai al-Ansari de la ville d'Alep. Les bombardements visant Zellakiayt ont fait un mort et un blessé parmi les militaires syriens.

Vous le savez, en marge de la session du G20 à Buenos Aires ce 1er décembre, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont réaffirmé les accords sur Idleb et sont convenus des démarches à suivre pour les appliquer.

Nous sommes de plus en plus préoccupés par l'activité douteuse de la coalition menée par les USA en Syrie. L'occupation illégale de la zone de 55 km autour de la base militaire d'al-Tanf perdure, où les Américains se comportent en maîtres. Plusieurs frappes ont été lancées à partir de cet endroit contre les positions des forces gouvernementales se trouvant en dehors de la zone d'al-Gourab. Les USA prétendent que ces tirs visaient les positions des terroristes de Daech, ce que les médias syriens officiels démentent.

Derrière ces actes des USA, nous percevons une réticence à assurer la moindre stabilité dans cette région de la Syrie, qui est pourtant indispensable pour mettre en place les livraisons régulières d'aide humanitaire au camp de réfugiés de Roukban qui s'y trouve.

Sur un plan plus large, nous pensons que l'objectif de la présence américaine illégale consiste à tenter de jouer la "carte kurde" de l'autre côté de l'Euphrate, à mener l'affaire vers un banal démembrement de la Syrie souveraine malgré les déclarations officielles sur le prétendu attachement à son unité et à son intégrité territoriale.

Les forces de la coalition occidentale ont connu un "grand" succès dans le sud-est de la Syrie en parvenant enfin à prendre à Daech le nord du village de Hajine. Mais il faut rappeler que de manière bien plus rapide que l'opération américaine, qui dure depuis plus de six mois, les forces gouvernementales syriennes ont réussi à éliminer Daech sur le plateau d'al-Safa dans la province de Soueïda (92 km de Damas), d'une superficie de 380 km², tout en saisissant chez les terroristes une grande quantité d'armes, notamment des missiles guidés antichars américains.

Parmi les points positifs, nous pouvons noter qu'au 3 décembre, en une journée, plus de 1000 réfugiés sont revenus en Syrie du Liban et de Jordanie. Une attention particulière est accordée à la création de conditions favorables, notamment juridiques, pour le rapatriement des civils syriens. En particulier, dans le cadre de la mise en œuvre du décret du Président syrien Bachar al-Assad du 9 novembre 2018, les autorités syriennes poursuivent le travail pour accorder l'amnistie à ceux qui avaient esquivé le service militaire, notamment parmi les réfugiés et les anciens membres de groupes armés illégaux. Au 1er décembre, plus de 14 000 personnes avaient suivi cette procédure.

 

Sur l'évolution de la situation sur la "ligne bleue" de l'Onu entre Israël et le Liban

 

Dans les médias sont apparues des informations sur l'intention des militaires israéliens de mener l'opération "Bouclier du nord" contre les tunnels destinés à "envoyer des saboteurs" sur le territoire israélien, qui auraient été construits par le Hezbollah dans la région de la ligne bleue de l'Onu séparant Israël et le Liban, ainsi que dans le nord du plateau du Golan.

A cet effet, le contingent israélien dans le nord du pays a été renforcé. Selon la déclaration des militaires israéliens, l'opération sera menée uniquement sur le territoire contrôlé par l'armée israélienne.

Le droit d'Israël de défendre sa sécurité nationale, et notamment d'empêcher la pénétration illégale de qui que ce soit dans le pays, est évident. Dans le même temps, nous espérons que les actions entreprises à cet effet n'entreront pas en contradiction avec les termes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies déterminant les règles de conduite des parties dans la zone de la ligne bleue qui, rappelons-le, n'est pas une frontière internationalement reconnue. Nous espérons que le contingent de la Force intérimaire des Nations unies dans cette région remplira sa mission d'observation et n'admettra aucune violation.

Nous appelons toutes les parties à faire preuve de la responsabilité et de la retenue nécessaires, à éviter les provocations et les déclarations dures susceptibles d'aggraver davantage la situation déjà tendue au Moyen-Orient.

 

Sur la situation en Ukraine

 

Nous avons déjà dit pendant la conférence de presse du 30 novembre que l'instauration de la loi martiale en Ukraine faisait partie d'un plan bien pensé, aux implications politiques intérieures évidentes. Afin de rester au pouvoir, le régime de Kiev actuel est prêt à tout - jusqu'à déclencher un nouveau "blitzkrieg" dans le sud-est.

Malheureusement, ces derniers jours, de plus en plus d'informations nous parviennent sur les préparatifs actifs d'éventuelles actions de force de l'armée ukrainienne dans le Donbass. Derrière le rideau de "bruit" médiatique, le régime de Kiev tente à nouveau de détourner l'attention de la communauté internationale sur sa propre provocation dans le détroit de Kertch, qui est présentée comme une prétendue "agression" de la Russie. Dans la région sont projetés d'importants éléments offensifs, qui sont ensuite dispersés le long de toute la ligne de démarcation. Des images d'unités blindées projetées à Marioupol ont été récemment publiées sur les réseaux sociaux. De plus, des effectifs des brigades aéroportées et mécanisées de l'armée ukrainienne - qui ont suivi en novembre des entraînements intensifs sur les polygones des régions de Jitomir et de Lvov avec une participation active d'instructeurs américains, canadiens et britanniques - ont été envoyés dans la zone du conflit. Des exercices ont été annoncés dans les régions de Zaporojie, de Kherson et de Tchernigov, ainsi que des rassemblements d'entraînement des réservistes. Sur la ligne de démarcation ont été aperçus des "spécialistes" de sociétés militaires privées étrangères en train de former des soldats ukrainiens des unités spéciales pour mener, je le souligne, des opérations offensives. Le système de fonctionnement de l'industrie de l'armement et les moyens de maintenance sont mis sur les rails de la guerre pour les besoins militaires de l'Ukraine.

En un mot, la loi martiale est un camouflage, un rideau derrière lequel le régime de Petro Porochenko cherche manifestement à cacher ses intentions d'organiser une nouvelle provocation dans le Donbass. Je citerai aujourd'hui des chiffres et des faits concrets à ce sujet. Nous supposons que cela sera à nouveau présenté comme une prétendue preuve de l'"agression russe".

Nous avons également remarqué les publications des médias britanniques sur l'envoi en Ukraine de militaires de la 77e brigade des forces britanniques, qui aura notamment pour mission d'organiser des opérations spéciales sur internet, et de mettre en œuvre la confrontation psychologique et dans le domaine de l'information.

Cette information montre que Londres poursuive sa ligne provocatrice visant à déstabiliser la situation en Ukraine. Elle peut être considérée comme une tentative directe de provoquer un nouveau cycle de confrontation militaire dans le Donbass et saper le processus de paix. Nous considérons que ces actes sont absolument inadmissibles.

Passons aux exemples concrets dont j'ai parlé. Il est évident que Kiev sabote ouvertement les Accords de Minsk. Cela suscite des craintes de notre côté. Je répète que la loi martiale instaurée à l'initiative du Président ukrainien Petro Porochenko à partir du 28 novembre dans dix régions ukrainiennes, notamment dans le Donbass, est contraire non seulement à la lettre et à l'esprit des Accords de Minsk, mais porte également en elle un grave risque de reprise des activités militaires. Je voudrais attirer votre attention sur le fait qu'à l'heure actuelle, dans la zone mentionnée, a été constitué un groupe d'assaut des forces armées ukrainiennes capable à tout moment de déclencher de vastes opérations militaires le long de la ligne de démarcation. En novembre, les observateurs de la MSO de l'OSCE ont noté la présence de plus de 50 unités de matériel militaire ukrainien violant le paragraphe 2 des Accords de Minsk et de plus de 150 unités d'armement juste derrière la ligne de retrait. Ils ont noté la projection dans le Donbass de systèmes antiaériens Bouk le 12 novembre près de la commune de Chevtchenko, de S-300 près de la commune de Nikolskoe (anciennement Volodarskoe), de stations de brouillage radio R-934B/BM près de Pretchepilovka, et d'autres armements.

De plus, en transgressant les Accords de Minsk prévoyant une interdiction des vols de drones le long de la ligne de démarcation - à l'exception de ceux utilisés par la mission d'observation de l'OSCE -  l'armée ukrainienne utilise activement des appareils non-habités, notamment d'attaque, dans le Donbass.

En imitant directement la tactique utilisée par les terroristes de Daech, les militaires ukrainiens lancent, à l'aide de drones, des grenades et des mines sur des sites civils. Ces actions entraînent des victimes civiles. Ainsi, suite à l'utilisation par l'armée ukrainienne de drones munis de grenades à main, un habitant du village de Mineralnoe a été blessé le 7 novembre, et des bâtiments résidentiels ont été endommagés à Staromikhaïlovka.

Selon nos informations, en un mois seulement les structures de force des républiques populaires ont détruit 9 drones de l'armée ukrainienne, ce qui témoigne de l'ampleur de leur utilisation par l'Ukraine. Quand je parle de l'Ukraine, je fais allusion au régime de Kiev.

A cet égard, nous sommes forcément préoccupés par l'information concernant l'organisation, par les militaires ukrainiens, de différentes provocations dans le Donbass, notamment avec l'usage de substances chimiques toxiques. Ces actes pourraient provoquer des victimes civiles et sont contraires non seulement aux Accords de Minsk, mais également aux accords internationaux sur l'interdiction des armes de destruction massive.

Nous appelons la MSO de l'OSCE à intensifier l'activité d'observation dans le Donbass. Nous n'avons pas besoin d'informations fragmentées, mais d'une vision globale des préparatifs militaires de l'armée ukrainienne. D'autant que nous n'avons pas seulement annoncé ces faits aujourd'hui: nous les transmettons également à nos collègues de l'OSCE. Il ne suffit pas de déterminer la direction du tir ou de se limiter au constat des bombardements. Il faut analyser en détail les incidents et prendre les mesures appropriées. Chaque cas de mort ou de blessure d'un civil suite aux bombardements nécessite un rapport détaillé situationnel à part et la sanction inconditionnelle des coupables, en utilisant notamment les mécanismes des instances judiciaires internationales.

 

Sur les restrictions d'entrée en Ukraine pour les citoyens russes

 

Passons maintenant à l'hystérie antirusse du gouvernement ukrainien, qui continue. Il a été annoncé récemment que Kiev avait décidé d'instaurer des restrictions d'entrée en Ukraine pour les citoyens russes.

Cette décision s'étend aux citoyens de Russie de sexe masculin âgés entre 16 et 60 ans. Il leur est interdit  de traverser la frontière ukrainienne sans "motif valable". C'est donc devenu pratiquement impossible. Nous constatons que les restrictions ont déjà frappé des artistes russes connus et des personnalités culturelles, sans parler des Russes ordinaires partis en Ukraine pour rendre visite à leurs proches en lien avec des raisons humanitaires.

Les déclarations des autorités de Kiev selon lesquelles les citoyens russes pourraient "former des unités militaires privées" sur le territoire ukrainien - c'est la raison invoquée pour limiter leur entrée - paraissent complètement absurdes. C'est de la folie.

Le sens réel de la décision mentionnée est évident. Il est très terre-à-terre. Il n'y a rien à inventer. Le gouvernement ukrainien en place cherche désespérément, au détriment des gens ordinaires, à contenir la chute de sa popularité en flirtant avec l'électorat nationaliste. Nous considérons cette initiative complètement russophobe des autorités de Kiev comme une volonté de nuire au quotidien des gens ordinaires. Nous sommes certains que dans quelques mois, les Ukrainiens s'exprimeront dûment au sujet des agissements du gouvernement actuel de Kiev.

Outre les déclarations politiques et l'analyse politologique, il me semble que les citoyens ukrainiens doivent poser des questions simples, à eux-mêmes comme au gouvernement de Kiev: "Pourquoi tout cela? Pourquoi ce qui se passe actuellement est-il mis en œuvre avec une telle ampleur et à ce rythme? Quelles en seront les conséquences? Qu'en obtiendra-t-on? Notre vie en sera-t-elle améliorée?"

Je voudrais réitérer la thèse exprimée par le Président russe Vladimir Poutine selon laquelle, de notre côté, nous n'avons pas l'intention de prendre des mesures de restriction contre les citoyens ukrainiens qui se trouvent sur notre territoire ou ont l'intention de visiter la Russie. Nous n'avons pas l'intention de causer des problèmes inutiles à qui que ce soit.

Pratiquement tous les jours, nous entendons l'hystérie des représentants ukrainiens officiels sur le nombre d'accords, de traités et d'actes juridiques déjà rompus ou rompus actuellement avec la Russie, et combien ils en rompront à terme.

Il ne faut pas beaucoup d'intelligence pour, premièrement, faire ce genre de déclarations et, deuxièmement, rompre quelque chose. Mais comment vivre ensuite? Y a-t-il une alternative dans le champ juridique, non pas pour la Russie mais avant tout pour les citoyens ukrainiens, qui régulerait les relations dont ont besoin les peuples des deux pays?

 

Sur la situation autour du Traité FNI

 

De nombreuses déclarations retentissantes ont été faites hier à Bruxelles, où se déroule la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan, concernant le Traité FNI. La situation est la suivante.

Dans la soirée du 4 décembre, l'Ambassade des USA à Moscou a remis au ministère russe des Affaires étrangères une note officielle informant que les autorités américaines suspendraient l'accomplissement de leurs engagements dans le cadre du Traité FNI d'ici 60 jours si la Russie ne commençait pas à respecter ses conditions. Bien évidemment, nous avons accepté ces documents pour un examen plus poussé.

Je voudrais dire que ce texte reproduit les accusations infondées et sans preuves de prétendue violation de ce traité par la Russie.

Aujourd'hui, je voudrais également préciser ce que la Russie a déclaré à de nombreuses reprises: il ne s'agit que de suppositions. Aucune preuve confirmant la position russe ne nous a été apportée. Si elles ont été présentées aux membres de l'Otan, pourquoi les USA les cachent-ils à la Russie? Je voudrais souligner que personne, et d'aucune manière, n'a transmis à la Russie d'information ou preuve indiquant que Moscou enfreindrait ou ne remplirait pas dûment les termes de cet accord.

Nous réaffirmons notre position immuable. Le Traité FNI est l'un des piliers de la stabilité stratégique et de la sécurité internationale. La Russie est formellement opposée à sa rupture. Nous sommes prêts à poursuivre le dialogue dans les formats appropriés sur l'ensemble des problèmes liés à l'action du Traité. Bien évidemment, sur la base de rapports respectueux et professionnels, sans avancer d'accusations infondées et d'ultimatums. Nos propositions en la matière sont connues et restent sur la table.

 

Sur les plans de déploiement de l'infrastructure militaire des USA à Chypre

 

Différentes sources rapportent que les Américains étudient activement la possibilité d'accroître leur présence militaire à Chypre. L'objectif n'est pas dissimulé: il s'agit de lutter contre l'influence russe grandissante dans la région à la lumière du succès de l'opération de l'aviation russe en Syrie.

En particulier, il y a quelque temps, une délégation d'experts américains a inspecté des sites militaires stratégiques sur l'île afin de créer des bases avancées des forces armées américaines. Washington mène des consultations actives avec Nicosie sur différents aspects du renforcement de la coopération militaro-technique bilatérale.

De notre côté, nous avons attiré plusieurs fois l'attention des autorités de la République de Chypre sur le fait que la poursuite de la militarisation de l'île et son implication dans la réalisation des plans américains et otaniens dans l'est de la Méditerranée et au Moyen-Orient auraient des conséquences déstabilisantes dangereuses pour Chypre-même. Moscou ne peut pas ignorer la composante antirusse de ces projets qui, s'ils étaient réalisés, nous pousseraient à prendre des contremesures.

 

Sur le bilan de la 4e Conférence d'examen de la Convention pour l'interdiction des armes chimiques

 

Tout d'abord, je voudrais exprimer notre profonde déception suite à l'impossibilité de mettre au point un document final lors de la 4e Conférence d'examen de la Convention pour l'interdiction des armes chimiques (CIAC) qui s'est déroulée à La Haye du 21 au 30 novembre, alors même que les participants étaient proches du consensus.

Il était parfaitement possible de mettre au point ce document car la plupart des délégations faisaient preuve de bonne foi et étaient disposées au compromis. Pendant les consultations, le représentant permanent du Salvador auprès de l'OIAC Agustin Gomez, qui préside ce forum, avait réussi à préparer un document final globalement acceptable pour tous. Son adoption aurait montré que malgré la scission au sein de l'Organisation ces dernières années à cause du "dossier chimique" syrien, de l'"affaire Skripal" fabriquée par le Royaume-Uni, et à présent de la question de "l'attribution", les chances de redresser la situation et de travailler sur la base d'un consensus existaient encore.

Malheureusement, force est de constater que le document de consensus de la Conférence a été enterré par les USA et leurs alliés proches alors qu'il était pratiquement prêt. Au dernier moment, ils y ont intentionnellement ajouté des points sur lesquels les pays membres ont encore des différends insurmontables. Cette approche est déjà habituelle pour eux.

Il est important, quand il est question de politique, de parler non seulement des résultats du travail ou des aspects extérieurs de l'activité en politique étrangère, mais également de la définition des objectifs. En l'occurrence, la délégation américaine et ceux qui l'ont soutenue n'avaient fixé aucun objectif pour parvenir à une unité réelle au sein de l'Organisation internationale et améliorer son efficacité. Les objectifs étaient tout autres.

En raison de ces actions destructives, la Conférence s'est terminée uniquement par la publication d'un rapport sans aucun engagement du président de la Conférence. C'est évidemment un résultat très regrettable. Il montre que la division au sein de l'OIAC devient de plus en plus profonde. Bien sûr, cela affecte l'efficacité du travail de l'Organisation et donc son autorité.

L'initiative imposée précédemment par un petit groupe de pays pour attribuer au Secrétariat technique des fonctions de "désignation des coupables" de l'usage d'armes chimiques (ladite "attribution") ne sera certainement pas bénéfique à cette structure technique de facto internationale. De plus, c'est une ingérence directe dans les prérogatives exclusives du Conseil de sécurité des Nations unies bafouant les termes de la CIAC et les normes du droit international.

 

Sur la grossière attaque antirusse du Ministre lituanien des Affaires étrangères Linas Linkevicius

 

Nous avons noté l'article du Ministre lituanien des Affaires étrangères Linas Linkevicius publié par le site Delfi, où il se distingue par ses déclarations injurieuses vis-à-vis de la Russie et de son gouvernement en lien avec les récents événements dans le détroit de Kertch.

Ce n'est pas le premier acte grossier de Vilnius visant à aggraver les relations avec notre pays afin de détourner l'attention des problèmes à l'intérieur du pays, qui se multiplient. Cette approche est contraire aux intérêts du peuple lituanien auxquels, nous sommes certains, aurait convenu une coopération de bon voisinage mutuellement bénéfique avec la Russie. D'ailleurs, la grossièreté chez un Ministre des Affaires étrangères, c'est petit.

 

Sur la publication du journal néerlandais NRC Handelsblad

 

Nous ne pouvons pas passer à côté de la nouvelle tentative des journalistes occidentaux d'exploiter à nouveau le thème de l'espiomania russe. Cette fois, c'est le journal néerlandais NRC Handelsblad, pourtant considéré comme sérieux, qui s'est distingué le 1er novembre avec un grand article de deux pages sous le titre accrocheur et peu novateur "Les espions de Poutine aux Pays-Bas".

Dans cet article, les journalistes vont toujours plus loin et qualifient l'Ambassade de Russie à La Haye de "cellule d'espionnage", et la moitié de ses collaborateurs "d'espions". Les noms des anciens et nouveaux collaborateurs de la mission diplomatique russe et de l'appareil de l'attaché militaire sont cités. Bien évidemment, toutes ces accusations ne reposent sur aucune preuve. Ce ne sont que des suppositions, des clichés stéréotypés sans la moindre preuve. Comme d'habitude.

Cette intox n'est pas surprenante. Ce qui surprend, c'est sa publication dans un journal réputé. Nous voyons que La Haye ne lésine plus sur les efforts et les moyens pour détruire les relations bilatérales avec Moscou. Mais un autre élément a attiré notre attention: l'article est paru immédiatement après les déclarations des ministres néerlandais des Affaires étrangères et de la Défense félicitant les renseignements néerlandais pour avoir prétendument réussi à obtenir eux-mêmes des "preuves" de la violation du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire par la Russie. Plus tôt, on avait entendu l'éloge des mérites du contrespionnage néerlandais pour avoir empêché une prétendue cyberattaque organisée par les agents de la GRU contre le siège de l'OIAC.

Parlons réellement, faits en mains, des motifs de ces déclarations: il fallait persuader les citoyens néerlandais de la nécessité de dépenser davantage d'argent du budget pour l'entretien des services spéciaux. C'est de cette manière directe que travaillent nos partenaires néerlandais, en utilisant des institutions et des mécanismes véritablement démocratiques pour régler leurs problèmes purement pragmatiques.

 

Sur le discours du Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen au Parlement européen

 

Nous ne pouvions pas ne pas réagir au discours du Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen prononcé au Parlement européen le 28 novembre, dans lequel il a notamment affirmé que sa mère avait assisté aux bombardements de l'île de Bornholm par les Russes quand le Danemark était redevenu indépendant en mai 1945. "Elle a vu le feu brûlant des bombes tombant du ciel", raconte-t-il. Toute forme de dérision ou de sarcasme par rapport aux témoins des événements de l'époque serait incorrecte. Vous connaissez notre attitude par rapport à cela. Le problème est ailleurs.

Ces déclarations du chef du gouvernement danois sont un exemple classique de révision de la vérité historique à des fins propagandistes.

Rappelons ce dont il est réellement question, et ce qu'a vraiment vu la mère du Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen à l'époque: il s'agit de l'opération des forces soviétiques pour libérer Bornholm des occupants fascistes allemands.

Je rappelle la chronologie des faits. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette île était activement utilisée par les Allemands comme une base logistique de transbordement de leurs troupes dans la région balte et en Prusse orientale. Une garnison de 12 000 hommes y était déployée. Les 7 et 8 mai 1945, après le refus du commandant allemand de capituler, les forces soviétiques ont lancé des frappes aériennes contre les unités allemandes dans les ports de Ronne et de Nexo avant de débarquer sur l'île. Les autorités danoises ont été informées que les forces soviétiques s'y trouveraient temporairement jusqu'au règlement des questions militaires avec l'Allemagne. L'administration danoise est restée en place à Bornholm.

Le 16 mars 1946, le gouvernement soviétique a envoyé aux Danois une notification les informant que les troupes seraient retirées de l'île dans un délai d'un mois. Le 4 avril déjà a été signé un acte de remise de Bornholm aux représentants des autorités danoises, et le lendemain, le général Alexandre Iakouchev, qui commandait les unités soviétiques sur l'île, l'a quittée sur un navire de guerre. Ainsi s'était achevé le retrait des forces soviétiques.

Il existe de nombreux témoignages de contemporains de ces événements, documentés dans les sources soviétiques et danoises. Voici quelques exemples.

Le Ministre des Affaires étrangères John Christmas Moller a annoncé à la radio le 10 mai 1945: "Le peuple danois exprime sa gratitude à la Russie pour sa participation à la libération du Danemark, et ses vœux de bon rétablissement. Nous espérons également qu'à l'avenir, l'Union soviétique et le Danemark construiront leurs relations sur la base de l'amitié survenue entre nos peuples pendant les jours difficiles de guerre."

Le journal danois Politiken écrivait: "Les forces russes laisseront les meilleurs souvenirs, leur discipline était exemplaire. Ils sont venus en tant qu'amis et ont apporté la libération. Nous ne l'oublierons jamais."

Sur la fosse commune des guerriers soviétiques tués pendant le débarquement sur l'île a été érigé une obélisque où l'on peut lire en lettres d'or: "Gloire éternelle aux guerriers russes tombés dans les batailles pour Bornholm."

Le chef du gouvernement danois actuel a déformé les faits historiques et, en guise d'exemple des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, n'a pas cité l'occupation fasciste allemande ayant semé la mort et la destruction en Europe, mais l'opération de libération de Bornholm par l'Armée rouge.

D'où la question: était-il mauvais élève à l'école et ne connaît-il pas l'histoire de son propre pays (sans parler de l'histoire des autres pays et nations)? Ou alors l'a-t-il fait intentionnellement, tout en connaissant très bien l'histoire de son propre pays? Si c'est le cas, c'est tout simplement un crime. Quoi qu'il en soit, ces déclarations ne font qu'aggraver l'atmosphère négative créée dernièrement par Copenhague dans les relations russo-danoises.

Je voudrais m'adresser directement au Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen: ne faites pas honte à votre mère.

 

Sur les journalistes russes touchés pendant les protestations à Paris

 

C'est avec inquiétude que nous avons appris que des journalistes russes avaient été touchés à Paris alors qu'ils couvraient les manifestations. Selon la chaîne RT,  huit collaborateurs de RT France, deux journalistes de RT International et deux correspondants de l'agence Ruptly ont été touchés pendant les protestations. Un journaliste de la chaîne a été blessé par une balle en caoutchouc et un autre par une grenade lacrymogène de la police. De plus, la correspondante de VGTRK Daria Grigorova a été blessée à la jambe et intoxiquée par le gaz pendant les troubles.

Nous appelons Paris à s'abstenir de tout recours excessif à la force et, évidemment, à ne pas utiliser en principe la force contre les journalistes, à ne pas oublier les normes de la liberté d'expression et de garantie de la sécurité de l'activité des journalistes qu'il a signées, et à assurer une activité de maintien de l'ordre selon les principes universels d'humanisme. Nous exigeons des autorités françaises qu'elles créent les conditions nécessaires pour un travail complètement sûr des journalistes. Les journalistes ne doivent pas être pris pour cibles par la police. Nos confrères du Ministère des Affaires étrangères de la France nous donnent régulièrement des leçons. N'oubliez pas ce que vous nous avez enseigné.

 

Sur le scandale d'"espionnage" autour de Timour Siraziev au Royaume-Uni

 

Un nouveau scandale a éclaté au Royaume-Uni, dont les protagonistes sont deux journalistes de la chaîne Pervy kanal: le correspondant Timour Siraziev et l'opérateur Dmitri Volkov. Le 21 novembre, les journalistes tournaient un reportage près de la base de la 77e brigade dans le comté de Berkshire. En d'autres termes, ils effectuaient un travail journalistique normal. Ils n'ont pas pénétré sur le territoire de la garnison et quand ils se sont adressés au garde du poste de contrôle, ils ont présenté de leur plein gré leurs documents afin d'éviter tout malentendu.

Cela a tout de même provoqué une vive réaction des médias britanniques, pour qui nos journalistes se sont immédiatement transformés en espions. Pratiquement toutes les grandes publications britanniques ont écrit que Timour Siraziev et son cameraman avaient effectué des enregistrements secrets près de l'"unité ultrasecrète" travaillant avec les services de renseignement britanniques et dans les "guerres numériques et psychologiques". Il est très facile de trouver sur internet des informations sur cette 77e brigade prétendument "ultrasecrète". Il y a même un article sur Wikipedia avec les photos des sites militaires et leurs coordonnées.

Aucune question ne s'est posée par rapport au groupe de tournage de la BBC qui s'est rendu sur les lieux pour préparer son propre reportage sur l'incident, littéralement au même endroit.

Cet épisode est évidemment un nouvel exemple de discrimination, de pression politique et de création d'une atmosphère "toxique" envers nos médias au Royaume-Uni. Nous sommes consternés par la position de la presse britannique dite "indépendante". Nous voudrions nous adresser aux médias britanniques: pouvez-vous diversifier et ajouter quelque chose de votre part aux informations qui vous sont transmises et que vous copiez-collez (nous savons par qui)? Il est flagrant qu'une salve a été tirée, qui s'est reflétée ensuite dans les articles des médias britanniques dits indépendants.

Je voudrais également rappeler aux autorités britanniques leurs engagements d'assurer les conditions nécessaires pour le travail de la presse dans le cadre des accords internationaux en vigueur, y compris le respect des principes du droit international comme la liberté d'expression et l'accès égal à l'information pour tous.

Nous exigeons de cesser la politique d'attisement de l'intolérance et de l'hostilité vis-à-vis des médias russes. Les médias britanniques travaillent chez nous selon un régime de faveur. Tout comme d'autres correspondants étrangers, ils enfreignent ce régime. Personne ne les qualifie d'espions, n'organise de persécution, ne publie leurs informations personnelles. Alors que nous disposons de toutes ces informations – combien de fois, comment, où, dans quelles circonstances et même à quelles fins les correspondants britanniques ont réalisé de prétendus reportages en transgressant la législation russe. Si cette affaire continue, nous prendrons des mesures symétriques. Par exemple, nous publierons des informations sur les journalistes britanniques et raconterons combien de fois ils ont vraiment enfreint les règles d'accréditation. Je voudrais rappeler qu'il ne s'agit pas de simples règles inventées par le Ministère russe des Affaires étrangères, mais de la loi bien connue en vigueur dans notre pays depuis des années.

 

Réponses aux questions:

Question: Jeudi 29 novembre, le Parlement régional de Sakhaline a adopté une requête adressée au Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lui demandant d'exclure la question territoriale de l'ordre du jour des pourparlers sur les accords de paix avec le Japon. Le 3 novembre, le Ministre japonais des Affaires étrangères avait déclaré que la signature d'un traité de paix ne pourrait se faire qu'après le règlement du problème territorial. Le Ministère russe des Affaires étrangères a déclaré à plusieurs reprises que la souveraineté de la Russie sur les Kouriles du Sud ne pouvait pas être remise en question. A partir de quelle position la Russie négocie-t-elle avec le Japon? Si la souveraineté de la Russie sur les Kouriles du Sud ne peut pas être remise en question, quels termes de la Déclaration soviéto-japonaise de 1956 sont pris pour base lors des négociations?

Réponse: Nous commentons si largement et si souvent les négociations avec nos partenaires japonais, et nous exprimons tellement souvent notre approche, que je ne peux accepter des questions ou des reproches quant au fait que la position russe ne serait pas connue ou exposée. Si vous consultez le site du Ministère des Affaires étrangères, lisez les textes de nos conférences de presse, de nos discours et réponses à la presse, ou encore les interviews du Ministre russe des Affaires étrangères, vous verrez qu'une attention particulière est accordée à ce thème ces derniers temps. Entre autres, nous expliquons en détail les démarches entreprises par les autorités russes.

Nous avons vu la requête des régions que vous avez mentionnée. En raison du champ juridique en vigueur et de l'organisation de travail de notre Ministère, nous considérons une telle requête comme l'expression de la volonté d'un certain groupe de citoyens. Il peut s'agir de particuliers, d'un groupe de législateurs, de représentants de partis politiques et de mouvements sociaux. Cela fait également partie de notre travail. Bien sûr, leur avis ne parvient pas simplement au Ministère des Affaires étrangères: il est pris en compte dans notre travail. Ils reçoivent des réponses. Ce sera aussi le cas en l'occurrence. Nous répondons de manière individuelle à ceux qui présentent des requêtes.

Quant à l'approche russe, je voudrais répéter qu'elle est entièrement et intégralement exposée sur le site du Ministère. Je voudrais également attirer votre attention sur le fait que le 14 novembre, pendant leur entretien à Singapour, le Président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre japonais Shinzo Abe sont convenus d'accélérer les négociations sur la base de la déclaration conjointe de 1956. En période d'après-guerre, ce document a servi de base juridique pour construire les relations entre l'URSS, dont la Russie est le successeur, et le Japon. La déclaration a été ratifiée par les parlements des deux pays et enregistrée au Secrétariat de l'Onu. Voilà concernant la question sur le fait que quelqu'un voudrait ajouter ou supprimer des éléments du processus de négociations. En l'occurrence, le processus de négociations s'appuie sur la base juridique en vigueur. Elle a été formée, ratifiée par les parlements des deux pays et enregistrée au Secrétariat de l'Onu. Elle fixe le fait juridique de la cessation de l'état de guerre et du rétablissement des relations diplomatiques entre l'URSS et le Japon.

Ainsi, les renvois à la Déclaration et au dialogue politique avec le Japon sont fondés et naturels. Bien évidemment, dans le cadre des négociations, les autorités russes jugent nécessaire de tenir compte de tous les documents bilatéraux existants et de la correspondance diplomatique, y compris des aide-mémoires du gouvernement de l'URSS du 27 janvier et du 24 février 1960. Voilà un bref rappel historique de ce problème. Mais je répète que la position russe en la matière, malgré un dialogue intensif avec les autorités japonaises, repose sur des fondations juridiques très solides. Cette position n'est pas formulée spontanément mais s'appuie sur la législation en vigueur.

Question: Le Parlement estonien a soumis récemment un projet de décision visant à renoncer à la ratification du traité frontalier russo-estonien. Quelques jours plus tôt, des députés estoniens avaient condamné les actions de la Russie dans le détroit de Kertch en appelant à décréter de nouvelles sanctions. Quelles pourraient être les contremesures de la Russie suite à ces déclarations et initiatives?

Réponse: Ces initiatives ne visent pas l'amélioration ni même l'entretien de relations normales entre les deux États.

En ce qui concerne les déclarations concrètes des représentants officiels estoniens vis-à-vis de la situation dans le détroit de Kertch, je suis plus que certaine que si on leur demande de décrire en détail ce qui s'est passé, ils ne pourront même pas donner une réponse approximative. Sans parler d'une réponse détaillée et basée sur les faits fournis, fixés et diffusés sur internet par les autorités russes. Ils ne pourront même pas décrire la situation dans des termes généraux.

Premièrement, cela témoigne d'un engagement politique. Ces déclarations ne sont pas faites pour détendre la situation et partent uniquement de la ligne appliquée ces derniers temps consistant à accuser totalement, inconditionnellement et sans preuves la Russie de tout.

Deuxièmement, cela témoigne de l'absence de ligne fondamentale et souveraine de cet État dans les affaires internationales. C'est la répétition et la copie des propos d'un autre. Hélas, cela devient la norme, notamment pour les pays baltes, sur bien des sujets. C'est très regrettable.

Il me semble que le peuple estonien lui-même devrait se poser des questions, parce qu'il s'agit de déclarations faites au nom de leur État. Il faut poser la question à ses politiciens, au pouvoir en place. Dans quelle mesure connaissent-ils les faits? Ont-ils demandé des détails aux autorités russes? Peut-être qu'ils avaient des questions supplémentaires sur l'incident? Sur quelles informations se sont-ils basés pour prendre les décisions en question?

Question: Pendant l'entretien avec le Président russe Vladimir Poutine au sommet du G20 en Argentine, le Président chinois Xi Jinping a accepté la proposition d'assister au Forum économique international de Saint-Pétersbourg en 2019 et a invité le Président russe Vladimir Poutine à participer au 2e sommet "La Ceinture et la Route" en avril prochain. Que pensez-vous de ce nouveau progrès dans les relations entre la Russie et la Chine? Quelles perspectives ces forums ouvrent-ils?

Réponse: Je voudrais rappeler que l'agenda présidentiel est commenté par l'Administration du Président russe.

Je ne suis pas d'accord sur le fait que c'est un nouveau progrès. C'est précisément un indicateur du progrès existant et du niveau très élevé des relations que nous constatons entre la Russie et la Chine.

Il est réjouissant que de telles invitations aient été faites et acceptées. Ce ne sont pas des cas isolés. Nos dirigeants échangent régulièrement des visites, assistent à des activités historiques et économiques en Russie et en Chine, s'entretiennent par téléphone, délèguent aux représentants du pouvoir exécutif et législatif de leur pays l'organisation de négociations sur l'approfondissement de la coopération dans différents domaines et la participation aux activités auxquelles les chefs d’État ne peuvent pas assister à cause de leur emploi du temps chargé.

Nous accordons une importance particulière au développement des relations avec la Chine dans tous les secteurs. De plus, nos relations ont une valeur intrinsèque et ne dépendent pas de la conjoncture mondiale et de la situation dans d'autres régions du globe: nous sommes voisins. Nous sommes liés par une frontière, une géographie, une histoire et les intérêts communs des peuples de nos pays.Sachant qu'il est impossible de ne pas remarquer que dans notre monde, où la tendance n'est pas à la stabilité, il est important qu'un dialogue étroit soit établi entre les pays qui sont des acteurs mondiaux responsables. Moscou et Pékin ont démontré à plusieurs reprises ces qualités.

Question: L'une des personnes interpellées par rapport à la situation dans le détroit de Kertch, Vladimir Varimez, est un Bulgare ethnique. Le Ministère russe des Affaires étrangères peut-il nous accorder la possibilité de réaliser un reportage sur lui dans son lieu de détention?

Réponse: Cette question doit être adressée aux forces de l'ordre, qui communiquent avec la presse sans notre aide. Mais nous essaierons de vous aider pour établir le contact, étant donné que vous représentez un média étranger.

Je ne savais pas que l'appartenance ethnique, comme vous l'avez nommée, était prise en compte. J'ignore l'origine ethnique des autres marins militaires ukrainiens arrêtés. Je ne m'étais pas posée la question. Nous aiderons à transmettre votre demande aux forces de l'ordre.

Question: La Russie a toujours fait preuve de noblesse dans toutes les guerres. Peut-elle libérer tous les détenus, les simples soldats liés à la situation dans le détroit de Kertch?

Réponse: Premièrement, il n'y a pas que de simples soldats mais également des représentants du SBU. Deuxièmement, une enquête est en cours. Vu les discours officiels que nous entendons, il est évident qu'ils obéissaient à un ordre exécuté dans le cadre d'une provocation planifiée à l'avance. Cependant, le Président russe Vladimir Poutine a déclaré qu'il était nécessaire de fixer tous les détails. L'enquête est en cours.

Vous dites que la Russie a toujours fait preuve d'humanisme. Mais nous avons également été appelés à respecter le droit, et nous nous sommes engagés sur cette voie avec respect et gratitude.

La frontière nationale de la Fédération de Russie a été transgressée. La manière dont cette frontière a été défendue et la patience dont les autorités russes ont fait preuve envers les hommes qui ont été contraints, sur ordre du régime de Kiev, de commettre ces provocations, est un parfait exemple de cet humanisme.

Je voudrais attirer votre attention sur l'histoire. Vous trouverez des centaines, voire des milliers d'incidents de ce genre dans le détroit de Kertch. Vous savez parfaitement comment ils sont généralement réglés. Personne ne demande pendant des heures de cesser les actes déraisonnables ni ne lance d'appels. Personne ne cherche pendant des heures à stopper les provocations. Comme vous l'avez justement noté, les autorités russes l'ont fait sans oublier l'humanisme. Tout autre pays - et la Bulgarie, dont vous représentez un média, ne fait pas exception - sait ce qu'est la défense de la frontière nationale. Consultez l'histoire, y compris très récente, et vous verrez comment les pays exercent leur activité légale pour défendre leurs frontières nationales. Aucun pays ne prendrait de gants en l'occurrence. D'autant qu'aucun n'a même tenté de stopper cette folie en mettant en danger ses propres citoyens.

Je sais que ce sont des histoires complètements différentes, mais chaque semaine, chaque jour, nous parlons dans l'espace public et via les canaux diplomatiques fermés de la situation autour de Maria Boutina, qui n'a pas enfreint les frontières et avait le droit légal de se trouver dans le pays où elle s'était rendue. Elle ne menaçait personne, n'exerçait pas une activité subversive, ne représentait de danger pour personne. Or elle subit depuis longtemps des sévices et des expériences psychologiques. Où êtes-vous, les représentants des médias occidentaux, et pourquoi ne fait-elle pas la une de vos journaux?! Pourquoi vous ne posez pas, pendant la conférence de presse du Département d’État américain, des questions pour savoir quand Maria Boutina sera relâchée et quand Washington fera preuve d'humanisme?!

Je vous rappelle également le cas de Kirill Vychinski. C'est un journaliste qui ne menaçait personne et ne menait aucune activité terroriste ou subversive, ni aucune activité qui aurait pu menacer qui que ce soit en Ukraine. Où est l'humanisme?! C'est un journaliste qui écrivait simplement des articles. Certes, ils ne plaisaient pas à tout le monde. Mais depuis combien de temps est-il en détention!

Souvenons-nous de Nadejda Savtchenko. Combien de personnes et de structures internationales exigeaient hystériquement sa libération, sachant qu'elle recevait tout le nécessaire à la première demande alors même qu'elle était poursuivie pour des chefs d'inculpation très graves qui ont été confirmés.

Souvenez-vous que toute cette histoire sur l'humanisme et les exigences d'en faire preuve adressées à la Russie ont immédiatement cessé quand Nadejda Savtchenko a traversé la frontière ukrainienne. Son nom est devenu tabou après son arrestation dans son propre État. Qu'en est-il de toutes ces situations et de l'humanisme?

Partons du droit et de son respect pour standardiser les approches.

Question: Les autorités de Kiev ne nient pas la violation de la frontière russe et l'ingérence dans l'espace souverain de la Russie, mais affirment qu'elles en avaient notifié Moscou au préalable. Est-ce que le Ministère russe des Affaires étrangères dispose d'informations sur l'existence de ces notifications? Par quels canaux aurait dû passer l'Ukraine?

Réponse: Il existe une réglementation, rédigée par le Ministère russe des Transports, encadrant le passage des navires étrangers dans ces eaux. Ces règles ne sont pas accessibles qu'à nos partenaires ukrainiens: elles ont été publiées et sont accessibles à tous ceux qui s'intéressent à ce problème ou naviguent dans cette zone. Ces régulations établissent un ordre de passage des navires très clair et qui ne change pas de jour en jour ou en faveur des humeurs du Président ukrainien Petro Porochenko.

Je voudrais attirer votre attention sur le fait que l'on parle de l'État ukrainien, où l'on constate depuis quelques années des événements très spécifiques entre coup d'État, réécriture complète des fondements juridiques de l'État et autres changements des élites politiques. Ce sont les faits, et pas des exagérations lyriques. Qui plus est, ce n'est pas la première fois que l'on constate un coup d'État en Ukraine. L'Ukraine a fait face à plusieurs coups d'État. D'autres États, notamment les USA et les pays de l'UE, s'ingèrent directement dans la politique intérieure de ce pays. Ils assurent non seulement la modération, mais aussi la modélisation de cette dernière. Dans ce contexte, la situation dans la région est, comme vous le comprenez très bien, compliquée - pour ne pas dire plus. A nos yeux, les règles claires de passage auraient dû permettre de prévenir les incidents de ce type.    

Par le passé, en septembre encore, les Ukrainiens ont suivi ces règles sans aucune objection. Sans aucune question. Est-ce que ces règles comprenaient des clauses peu logiques? Portaient-elles préjudice à la dignité nationale ou à l'honneur et à la fierté des marins ukrainiens? Contredisaient-elles le droit maritime international? Qu'est-ce qui dérangeait?

Les Ukrainiens ont-ils envoyé des propositions de créer un groupe de travail qui aurait eu pour objectif de simplifier les normes de passage de leurs navires? Bien sûr que non.

Il s'agit d'une provocation. Ainsi, il est inutile de souligner ce qui n'a pas fonctionné dans cette situation: rien ne fonctionnait dès le départ.

Les dirigeants ukrainiens ont décidé de lancer certaines actions avec un objectif planifié d'avance. Ce dernier est désormais évident: introduire l'état de guerre à des fins de politique intérieure, notamment à l'approche de l'élection présidentielle.

Consultez les instructions et les règles du Ministère russe des Transports. Elles sont facilement accessibles et nous les avons citées à plusieurs reprises. Elles décrivent notamment la procédure de notification. Dans ce cas précis, on ne peut même pas parler de sa violation: les Ukrainiens n'y ont tout simplement pas recouru pour assurer le passage de leurs navires dans ces eaux.     

Question: Les États-Unis ont promis à la Russie la "douleur et des répercussions" à cause de l'interpellation de marins ukrainiens dans le détroit de Kertch. Ces propos ont été tenus par un représentant du Département d'État américain au cours de la réunion du Conseil atlantique de l'Otan. Quelle sera la réponse du Ministère russe des Affaires étrangères?

Réponse: Vous souvenez-vous de l'expression "fait-moi mal"? A mon avis, on est dans le même registre.

J'ai regardé l'original et, franchement, je ne suis pas d'accord avec la traduction faite par beaucoup de médias russes. En réalité, cette phrase est plus compliquée que sa version russe. Elle a été réduite au cours de la traduction. A mon avis, sa construction est compliquée et maladroite. La question est de savoir ce que nos partenaires américains ont réellement voulu dire.

Les propos de ce genre - nous en constatons beaucoup à Washington - rappellent la rhétorique d'un scientifique fou, d'une sorte de Docteur Denfer. Les actions américaines, qui ne visent pas à améliorer mais à aggraver la situation, créent un scénario de film d'horreur.

J'appelle encore une fois tout le monde à réaliser des traductions plus précises. Je comprends bien que cela peut être très compliqué. Nous y avons nous-mêmes réfléchi. Mais il est impossible de retranscrire correctement cette absurdité, qui le restera malgré tous les efforts des traducteurs.

Question: Pourriez-vous commenter la récente déclaration du représentant spécial du Département d’État américain pour la Syrie James Jeffrey sur le fait que Washington propose d'abandonner les processus de Sotchi et d'Astana s'ils ne permettaient pas de former le Comité constitutionnel de la Syrie d'ici mi-décembre?

Réponse: C'est une déclaration condescendante. Premièrement, nous avons constaté à plusieurs reprises des insinuations de Washington sur les "conséquences" et la "douleur" qui attendaient la Russie si elle réalisait ses projets défavorables aux USA dans le cadre du processus de paix en Syrie. Maintenant ils en parlent ouvertement.

Deuxièmement, nous avons toujours souligné qu'aucune limite de temps imposée n'était admissible en l'occurrence parce qu'une telle approche est non seulement inefficace, mais aussi destructrice. La construction de la future structure étatique du peuple multiconfessionnel et multiethnique de la Syrie est un processus subtil et complexe. Ce pays est traversé par différents courants politiques - non pas ceux qui figurent dans les analyses de politologie, mais des courants concrets dont les représentants, autrefois en conflit, ont pu s'asseoir à la même table des négociations grâce au processus de Sotchi. Il y a encore quelque temps, ces gens s'affrontaient entre eux et se regardaient à travers les viseurs optiques de leurs armes. Ces déclarations sur le ton "si ce n'est pas en décembre, c'est fini" sont inadmissibles. Pour les experts, elles témoignent de l'absence de professionnalisme de ceux qui les prononcent.

Bien sûr, il y a également un troisième aspect: ces déclarations ne profitent pas au processus de paix et versent de l'eau au moulin de ceux qui s'y opposent. Elles deviennent un argument supplémentaire pour les extrémistes et les terroristes restants - "si d'ici décembre il n'y aura pas de progrès flagrant, alors c'est qu'aucune initiative de paix n'a fonctionné".

Ces déclarations ne sont pas du tout constructives. Le processus de paix avance avec la contribution des autorités russes - entre autres - même s'il est difficile. Nos experts y travaillent au quotidien avec leurs collègues, et nous en parlons régulièrement.

Question: Je voudrais revenir aux déclarations du Secrétaire d’État américain Mike Pompeo sur le Traité FNI. Vous avez parlé d'"ultimatum" - la Russie ne le perçoit que comme ça. Nous savons que sous la présidence de Donald Trump, Washington se retire parfois sans délai des principaux accords internationaux. Les Américains nous y ont habitués avec l'Iran ou encore l'accord de Paris sur le climat. Il serait peut-être utile de voir ce délai comme une nouvelle opportunité d'essayer d'organiser des consultations, notamment au sommet, pour s'entendre sur quelque chose?

Réponse: En ce qui concerne l'"ultimatum", c'est ainsi que cela a été présenté par nos collègues, en particulier dans les médias. Nous n'avons fait qu'y réagir.

Le fait est qu'il faut d'abord examiner le texte du Traité et regarder s'il comporte un paragraphe sur sa suspension. Revenons à l'aspect juridique du problème. Les schémas hybrides – les 60 jours, la suspension, le gel, le dégel, le dégel partiel – relèvent du vocabulaire politique. Il y a des experts juridiques qui doivent examiner le texte du document, notamment les questions directement liées à sa suspension, son retrait ou sa rupture. C'est seulement à partir de ce qui est écrit dans ce Traité signé par les parties qu'il est possible de tirer des conclusions sur la possibilité de le suspendre. Ou alors il est uniquement question d'un retrait.

Aujourd'hui, comme je l'ai déjà dit, le document qui nous a été envoyé par les autorités américaines est étudié pour comprendre dans quelle mesure il correspond au texte du Traité. Ce travail est pris en charge par des juristes.

Quant aux contacts, ils n'ont pas été rompus. Nous sommes en contact avec l'ambassade américaine qui a envoyé cette note. Notre ambassade à Washington communique avec le Département d’État américain.

Question: Pendant le G20 s'est tenu un sommet au format Russie-Inde-Chine. Pendant plus de dix ans, ces rencontres s'étaient déroulées au niveau des ministres des Affaires étrangères. Quelle était la nécessité d'élever le format de cette plate-forme de discussion? Quelles sont ses perspectives?

Réponse: Les perspectives de ce format sont très bonnes. La question de savoir pourquoi le niveau a été élevé est rhétorique. Parce que la nécessité a mûri, parce que durant toutes ces années un grand travail a été accompli dans le domaine de la politique, de la diplomatie ou encore des relations internationales, qu'il est désormais possible de soumettre au niveau des chefs d’État.

Un autre élément est la manifestation évidente du concept de multipolarité de ce monde, dont parlent tant Moscou et Pékin comme d'une réalité que d'autres pays ne voulaient pas et ne veulent toujours pas voir en affirmant que le monde est unipolaire, qu'il existe ou qu'il ne peut y avoir qu'un seul centre de prise de décisions. Nous avons toujours dit que ces centres étaient nombreux à présent. Ce sont des centres de force réels au vu de leur développement économique et des facteurs géopolitiques. Ce format est vivant. Dans son cadre sont prises des déclarations politiques, mais on y mène également une diplomatie concrète, on règle des questions qui concernent directement les trois pays membres, ou relèvent de l'ordre du jour international.

Question: Que pouvez-vous dire de la déclaration du représentant spécial des USA pour l'Ukraine Kurt Volker sur le renforcement ou l'adoption de nouvelles sanctions si la Russie ne libérait pas les marins ukrainiens? Il a dit que la Russie devait les libérer avant les fêtes.

Réponse: Je vous rappelle que Kurt Volker est un homme dont le mandat impose qu'il contribue au règlement de la situation en Ukraine. C'est "son dossier". Mais on a davantage l'impression que son mandat stipule qu'il doit s'occuper de l'aggravation de la situation en Ukraine et dans la région dans l'ensemble. Toutes ses déclarations, ses articles et interviews ne correspondent pas du tout à la pratique diplomatique et sont tellement éloignés de l'objectif officiellement annoncé - le règlement de la situation en Ukraine et l'harmonisation de la situation dans la région dans l'ensemble - que l'on croirait presque au miracle.

Deuxièmement, il est étrange d'entendre de la part d'un représentant américain l'exigence de libérer immédiatement des individus poursuivis pénalement qui n'ont pas été arrêtés sous de faux prétextes mais après avoir concrètement violé la frontière nationale. Nous voudrions vraiment entendre un commentaire aussi pathétique de Kurt Volker au sujet de Maria Boutina. Nous attendrons.

 


Дополнительные материалы

  • Фото

Фотоальбом

1 из 1 фотографий в альбоме

Некорректно указаны даты
Дополнительные инструменты поиска