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Sténogramme de l'intervention et des réponses de S.V.Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, aux questions des médias à la conférence de presse, consacrée aux résultats de l'activité de la diplomatie russe en 2006, Moscou, le 20 décembre 2006

2240-20-12-2006

Traduction non-officielle du russe

Sténogramme de l'intervention et des réponses de S.V.Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, aux questions des médias à la conférence de presse, consacrée aux résultats de l'activité de la diplomatie russe en 2006, Moscou, le 20 décembre 2006

S.V.Lavrov:

Chers collègues, Mesdames, Messieurs, chers amis!

Je suis heureux de notre rencontre. La tradition veut que nous nous réunissions en décembre, pour dresser le bilan de l'année qui s'en va, et parler de ce qui nous attend dans celle qui vient. Nous sommes heureux, que la situation en Russie, ses actions dans les affaires internationales attirent toujours plus l'attention des journalistes, de la communauté politologique tant dans notre pays qu'à l'étranger. Nous apprécions la possibilité de vous faire savoir nos évaluations, nos projets. Naturellement nous n'imposons ni n'imposerons à personne notre point de vue à propos des événements, qui concernent la Russie et notre politique étrangère. Nous n'entendons pas, je le dirai franchement, non plus nous enliser dans une guerre informationnelle, bien que nous soyons parfois provoqués à le faire aussi, ni n'utiliserons la rhétorique bonne pour les haut-parleurs, mais, certes, nous allons toujours chercher à satisfaire la demande légitime en information objective sur la Russie et notre politique étrangère.

L'année qui se termine a été compliquée sur le plan de la politique étrangère, international, mais, à son issue, je l'espère, nous sommes tous devenus plus expérimentés et sages, nous avons pu mieux comprendre le caractère du monde contemporain en globalisation, ses problèmes et les approches à leur règlement.

L'essentiel, que nous avons senti nous-mêmes, est le rôle sensiblement accru du facteur russe dans les affaires internationales. Ce phénomène a pour base non seulement le renforcement intérieur de la Russie, sa capacité de défendre honnêtement, ouvertement ses intérêts légitimes, mais aussi le fait que nous, comme nous le croyons, avons en général correctement défini les tendances prometteuses du développement international contemporain. Je parle, avant tout, de la compréhension, qui croît dans le monde, de l'absence d'alternatives au renforcement des bases collectives dans les relations internationales. Cette compréhension est étayée, malheureusement, entre autres, par la déplorable expérience de la réaction unilatérale par la force au prix de plusieurs victimes. Mais, je le répète, la compréhension se creuse le chemin, et nous réalisons tous de plus en plus, et pas que nous, mais les autres états aussi, que les frappes unilatérales ne pourront avoir pour résultat que l'extension de l'espace de conflits dans la politique mondiale et l'accumulation des nouveaux problèmes, qui ne sont pas résolus. En général, je dirais, que l'on découvre les limites réelles du possible dans l'usage de la force, et il est évident, que personne ne peut seul à seul faire l'ordonnance correcte du règlement d'aucun problème moderne, et qu'aucun de ces problèmes n'a de solution par la force.

La Russie s'est chargée, cette année, d'une responsabilité toujours plus élevée dans les affaires internationales, au prorata de son potentiel, de ses réelles possibilités, ne s'est pas soustraite à proposer son leadership, y compris intellectuel, dans la recherche commune du règlement commun de tous les problèmes. Au cours de cette année, la Russie a assumé la présidence au G8, au Comité des ministres du Conseil de l'Europe, à l'Organisation de la coopération économique en mer Noire, au Conseil de l'Arctique, et nous sommes satisfaits des résultats de nos quatre présidences.

Je crois, que notre travail conjoint avec les partenaires au sein du G8 aurait pour produit clé l'aboutissement à un bon équilibre des intérêts sur le sujet aussi actuel, qui touche les intérêts vitaux de tous les états sans exception, que la garantie de la sécurité énergétique. La déclaration correspondante du sommet de Saint-Pétersbourg formule clairement les principes de la responsabilité mutuelle des fabricants, des consommateurs et des pays transitaires, ceux de la fiabilité et de la sécurité de la demande, de la fiabilité et de la sécurité de l'offre. Nous croyons extrêmement important pour l'avenir d'obtenir la mise en pratique de toutes les clauses et déclaration liées. Et alors, les bases, jetées à Saint-Pétersbourg, permettront de résoudre sûrement tout l'ensemble de ces problèmes sur les pistes concrètes, y compris nos rapports avec l'Union Européenne, les Etats-Unis, l'Asie-Pacifique et les autres régions.

Nous avons cherché à faire viser notre présidence au Comité des ministres du Conseil de l'Europe l'édification d'une Europe sans lignes de disjonction, l'augmentation du rôle et de prestige du Conseil de l'Europe dans la garantie des droits et du bien-être des habitants du continent à travers l'harmonisation du système de la défense des droits politiques, sociaux de l'homme en Europe, le développement des formes efficaces de la démocratie et de la société civile, l'optimisation de la gestion étatique, le renforcement de la tolérance.

Au sein de l'Organisation de la coopération économique en mer Noire, nous avons tenu plus de 60 manifestations multipartites, y compris la rencontre des ministres et des hauts fonctionnaires dans le secteur de l'énergie, des transports, des situations d'urgence, des technologies de l'information. On a obtenu les accords sur plusieurs projets d'infrastructure, qui, nous l'espérons, débuteront sur le plan pratique l'année nouvelle déjà.

Au Conseil de l'Arctique, nous nous sommes donnés pour tâche de garantir le développement stable de la région sur les pistes écologique, économique, sociale, culturelle, de créer les conditions de vie confortables, de sauvegarder l'environnement, d'assurer l'accès des habitants de la région, avant tout des peuples autochtones, à l'enseignement contemporain et à toute la gamme des prestations sociales.

La lutte contre les menaces et défis a traversé en «fil rouge» tout notre travail. Une grande importance dans ce sens est revenue à l'initiative de la Russie et des USA à propos de la lutte contre les actes du terrorisme nucléaire, qui avait été soutenue au sommet de Saint-Pétersbourg du G8, et, le mois dernier, à notre initiative, s'est tenue la séance du Forum global du G8 au partenariat des états et du business dans l'opposition au terrorisme. Là, on a approuvé la stratégie commune des actions antiterroristes, et sa mise en pratique va continuer l'année qui vient déjà sous l'égide du G8, dont la présidence passera à l'Allemagne, mais avec la participation des pays, qui ne font pas partie du G8.

Je noterai aussi la stratégie antiterroriste globale, adoptée avec notre active participation à l'Assemblée Générale de l'ONU, qui est appelée à contribuer à l'élaboration des mécanismes efficaces de droit international, des instruments pratiques pour lutter contre la terreur. Nous avons prêté surtout notre attention à l'avancement du dialogue entre les civilisations. Le Sommet mondial des leaders religieux, qui a eu lieu début juillet à Moscou, est devenu un événement important. En novembre, à l'initiative de la Russie, a été adoptée la résolution de l'Assemblée Générale de l'ONU, qui souligne l'inadmissibilité de toute forme du racisme, de la discrimination raciale et de la xénophobie, et souligne surtout l'inadmissibilité de la renaissance et de l'héroïsation de l'idéologie fasciste sous toutes ses formes. Le Secrétaire Général de l'ONU a continué, avec notre actif soutien, de développer le projet «L'alliance des civilisations». On lui a présente le rapport du Groupe de haut niveau, qui comprenait aussi le savant russe, le professeur Naoumkine. Le rapport a formulé les pistes concrètes du travail ultérieur de la communauté internationale dans l'avancement du dialogue des civilisations, la formation de l'alliance des civilisations. Et nous allons continuer de considérer ce travail comme un des essentiels de notre diplomatie.

Au sommet de la CEAP à Hanoï a été approuvée l'initiative du développement et du dialogue entre les cultures et les religions en Asie-Pacifique. Nous le croyons un bon exemple pour toutes les autres régions du monde et continuerons de chercher à éviter une nouvelle scission du monde, selon l'indice civilisationnel cette fois.

On a renforcé le réseau des relations de partenariat de la Russie au format bilatéral et dans divers formats multipartites. Cela garantit la stabilité de la situation internationale du pays contre le flottement de la conjoncture globale de politique étrangère, et là aussi, je vois un des résultats importants de notre travail.

L'espace de la CEI restait, certes, la piste géographique principale. On a continué le travail de réformes de la Communauté dans l'intérêt d'un développement plus complet de son potentiel, de son adaptation aux réalités nouvelles. Ces problèmes ont figuré au centre du récent sommet de la Communauté à Minsk. La décision de créer le Conseil et le Fonds de la coopération humanitaire de la CEI est devenue un des résultats importants. C'est le domaine, qui est le plus demandé par tous les citoyens des pays de la Communauté.

Dans le cadre de la CEEurAs, nous touchons directement à la formation de la base juridique de l'Union des douanes. L'OTSC a pris de nouvelles décisions, qui augmentent la capacité de l'opposition aux menaces et défis à la sécurité croissants. Dans le cadre de l'OTSC, nous avons confirmé aussi notre proposition de longue date à l'OTAN d'établir l'interaction, avant tout, de la lutte contre la menace de drogue afghane. Au sein de l'Organisation de coopération de Shanghaï, en plus du travail conjoint dans le domaine de la sécurité, se développe toujours plus activement la coopération dans les échanges commerciaux, y compris dans le cadre des structures, qui avaient été créées par les milieux des entrepreneurs des pays membres de l'OCS.

Nos avons activement continué de travailler avec l'Union Européenne, on a tenu des sommets à Helsinki et la première rencontre informelle du Président de la Russie avec les leaders de tous les états membres de l'UE. A l'ordre du jour est la mise au point d'un nouveau document pour remplacer l'Accord de partenariat et de coopération. Notre mandat des pourparlers est prêt, nous attendons que la Commission de l'Union Européenne en reçoive un pareil.

La tenue de l'Année de la Russie en Chine est devenue une nouvelle étape dans l'avancement du partenariat stratégique avec la Chine. Et l'année suivante, vous le savez, deviendra celle de la Chine en Russie. Sur le plan de l'intensification de la diplomatie multipartite, je noterai la première dans l'histoire rencontre de haut niveau au format tripartite Russie – Chine – Inde – elle a eu lieu dans le cadre du sommet du G8 à Saint-Pétersbourg, – ainsi que la première rencontre des ministres des affaires étrangères de la Russie, de la Chine, de l'Inde et du Brésil (BRIC), tenue en septembre dernier.

La visite du Président Poutine au Vietnam est devenue un jalon important dans le renforcement des contacts de la Russie avec les pays de l'Asie du Sud-Ouest. On a développé nos rapports avec l'ASEAN et les structures de dialogue, créées par cette Association.

La visite du Président de la Russie en RSA et au Maroc a symbolisé l'élévation des relations de la Russie avec les états africains à un niveau de qualité nouvelle. Au cours de l'année, ont aussi eu lieu les visites du Ministre des affaires étrangères de la Russie dans plusieurs pays africains. Et, réciproquement, nos collègues africains ont visité Moscou.

Nous avons su donner une nouvelle impulsion à notre interaction avec les pays de l'Amérique Latine et les groupements d'intégration de cette région prometteuse. En particulier, avec le MERCOSUR, est créé le mécanisme de dialogue politique, on renforce la base de droit des relations avec les pays latino-américains et étend la coopération dans les échanges commerciaux, on voit apparaître les perspectives de la participation de la Russie dans les projets intercontinentaux économiques et infrastructurels.

Cette année, chargé par V.V.Poutine, Président de la Fédération de Russie, le MAE a pour la première fois fait le Tour d'horizon de la politique étrangère du pays. Le besoin de ce travail était dicté par l'accumulation dans la situation internationale de la masse critique des changements, qui permettent, avec plus ou moins de certitude, de juger des tendances futures du développement international. Ce Tour d'horizon sera rapporté au Président, et j'espère, que la large opinion pourra par la suite en prendre connaissance. Selon nous, il a permis de préciser l'évaluation de l'étape courante dans le développement des relations internationales du point de vue du rôle et de la responsabilité accrus de la Russie dans les affaires mondiales. Il nous a permis de proposer là où il le faut, les mesures d'une certaine réorientation de notre cap sur les pistes concrètes de la politique étrangère en conformité avec les objectifs et les principes, qui avaient été approuvés dans le Concept de la politique étrangère de la Fédération de Russie en 2000 encore. Lors de la préparation du Tour, nous avons étroitement coopéré et avec nos collègues des autres administrations, avec les comités appropriés des chambres de l'Assemblée Fédérale, avec les organisations non-gouvernementales, et, en général, je noterai l'augmentation du rôle de l'analyse scientifique de la politique étrangère. Un bon exemple en est le projet récemment achevé des scientifiques sous l'égide de l'IEREM, appelé «Atlas politique de l'actualité». Ses résultats ont été cités récemment dans la revue «L'Expert», et bien que ce fût un travail parallèle, sans rapport aucun avec la préparation directe par le MAE du Tour d'horizon de la politique étrangère, les résultats de la préparation de cet «atlas politique» étaient, en général, de notre avis, que la Russie dans le monde en globalisation, n'a, à proprement dire, rien à partager avec les autres états à part la responsabilité commune pour notre avenir commun. Et nous sommes prêts à participer à ce leadership conjoint, à ce concert des puissances leaders.

Certes, pour ce faire, il faudra que tout le monde change, et changer sa propre représentation du monde. Et c'est la tâche pour chaque pays. Comparer ces représentations avec la réalité. Depuis la fin de «la guerre froide», 15 ans environ ont passé. Certes, les points de départ peuvent être différents, mais, toutes mesures prises, le temps est venu de déterminer, dans quel sens la communauté internationale doit continuer d'avancer, surmontant l'héritage de «la guerre froide». Cet héritage n'est pas encore tout à fait éliminé de notre vie, y compris ses consignes politico-psychologiques, ses préjugés, ses stéréotypes. Je suis persuadé, que la situation internationale a atteint un degré assez suffisant de clarté, pour que nous tous, certes, notre désir étant, puissions aboutir à la vision commune de l'époque historique moderne, sans laquelle il sera impossible de rétablir le caractère dirigé du développement international. Nous voudrions que nos partenaires ne considèrent pas la Russie forte, qui a cru en ses forces, comme un défi, mais comme la possibilité pour la coopération internationale mutuellement avantageuse la plus large. Nous y sommes prêts, nous n'avons pas de préjugés, qui obscurcissent notre vision des choses ou pèsent sur nos approches des affaires internationales. Notre politique étrangère, nous la construisons ouvertement, sur la base des faits, dans l'esprit du pragmatisme, sans estimer quiconque adversaire, et, cela dit, nous devons être compris. Et c'est là, en fait, que réside aussi un des résultats de l'année passée, le fait que la Russie ne va coopérer que sur la base de l'égalité en droits, de la prise en compte mutuelle des intérêts et du profit réciproque. Nous comprenons, que pour d'aucuns, peut-être, ce rapide rétablissement de la Russie, le rétablissement de sa capacité en tant qu'un des états leaders, a-t-il été une surprise, et que pour d'autres, une désagréable surprise même. Mais nous sommes ouverts à la coopération avec tous à mesure de l'empressement de chaque état, nous ne sommes pas pressés. Nous avons déjà assez de problèmes à l'intérieur du pays, mais c'est qu'à peine pourront attendre les problèmes, qui existent au monde, et qu'à peine pourra-t-on les résoudre sans la participation active de tous les états influents, y compris la Fédération de Russie. Nous ne nous sommes jamais soustraits aux affaires internationales ni n'allons pas nous en soustraire, mais il ne faut pas faire croire que nous soyons intéressés à la coopération plus que nos partenaires. Concernant les différends, on ne pourrait certainement pas les éviter jamais, surtout dans les rapports entre les grandes puissances. Nous ne dramatisons pas ces différends, ils sont objectifs, causés par la présence des intérêts différents, qui ne coïncident pas toujours. Et en général, le monde a toujours connu, connaît et connaîtra la lutte pour l'influence. Mais dans ces conditions, les politiques responsables sont appelés à ne pas voiler les problèmes existants, mais chercher à énoncer honnêtement leurs intérêts et régler les problèmes sur la base de leur jonction, de la recherche des dénominateurs communs sur une base honnête, sur un compromis, sans coups interdits. A proprement dire, c'est sur cela que nous nous guidons dans notre travail quotidien, et à quoi nous appelons tous nos partenaires. Un bon exemple y est, à propos, la signature à Hanoï du protocole bilatéral avec les Etats-Unis sur l'adhésion de la Russie à l'Organisation Mondiale du commerce. En général, la Russie sera toujours du côté de ceux, qui comprennent le besoin de garantir la sécurité collective par les efforts conjoints sur la base des règles du jeu claires, obligatoires pour tous. Nous allons fermement nous prononcer contre la réidéologisation, la rémilitarisation des relations internationales modernes. Obtenir le tournant positif dans le développement de la situation internationale est la tâche importantissime de la diplomatie russe et de toute la communauté internationale. Et si l'on ne réussit pas à le faire, et assez vite encore, nous risquons de tomber sous le coup de l'inertie confrontationnelle, et tous ne feront qu'y perdre.

Donc, dans l'année qui vient, nous nous efforcerons de maintenir et, là où l'on pourra, de faire augmenter nos acquis. Certes, on a prêté une attention particulière aux facteurs de la politique mondiale, qui nous inquiètent. J'ai mentionné ici l'état des choses défavorable dans le domaine du désarmement. Malgré plusieurs années de nos efforts, on n'arrive pas à réfreiner la course aux armements. Les méthodes de l'intimidation et de l'isolement, l'accent mis sur la force dans la politique étrangère de certains états, ne font qu'en pousser d'autres à défendre leur indépendance sur la voie de l'accès aux moyens des réponses asymétriques, y compris l'aspiration à se procurer les technologies nucléaires. Tous cela crée, certes, un risque supplémentaire, et nous allons chercher activement à redresser cette situation par les moyens diplomatiques. Il nous importe d'assainir l'atmosphère des relations internationales, régler les problèmes, y compris les conflits régionaux durables, qui empoisonnent cette atmosphère, et, parallèlement, garantir à tous les états, sur la base non discriminatoire, l'accès aux technologies modernes, bien sûr tout en respectant les régimes de la non-prolifération et en renforçant ces régimes. je citerai dans ce contexte l'initiative du Président V.V.Poutine, qui avait été avancée en janvier, de créer les centres internationaux d'enrichissement de l'uranium sous le contrôle de l'AIEA.

On étudie actuellement la question d'organiser le premier de ces centres avec la participation du Kazakhstan à Angarsk. Dans le même lit, vient l'initiative de G.Bush, Président des Etats-Unis, sur le partenariat global dans le domaine de l'utilisation pacifique de l'énergie atomique. Le sommet de Saint-Pétersbourg a soutenu l'idée de pairer ces deux initiatives. C'est une de nos priorités importantes pour l'année prochaine.

La Russie va continuer de faire son apport au devenir d'un ordre mondial nouveau, plus sûr et démocratique, basé sur le droit multipartite. Nous allons contribuer à l'augmentation de l'efficacité des efforts solidaires dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, le trafic de drogue, la migration illégale. Dans le même contexte, nous entendons poursuivre notre participation active aux réformes de l'ONU, de l'OSCE et des autres organisations internationales, qui doivent, sûrement, s'adapter aux réalités nouvelles.

Notre travail a été et est substantiellement étayé par la modernisation ultérieure des instruments de la diplomatie russe, de la participation plus active de la société civile au processus de politique étrangère. Ce sont les ONG, les médias, la communauté politologique, la science académiques, le secteur corporatif. Nous sentons l'élargissement des liaisons avec la société civile faire plus compréhensible pour nos partenaires notre politique extérieure et nos intérêts, qui sont derrière. Ce travail sera intensifié.

Notre travail avec les compatriotes à l'étranger connaît un niveau de qualité nouvelle. On a tenu un important forum à Saint-Pétersbourg – le nouveau Congrès mondial des compatriotes, où nos projets ultérieurs ont reçu leur structure avec le soutien de toutes les principales diaspores. A proprement dire, maintenant, où l'importance des ressources culturo-civilisationnelles croît dans le développement de toute société, le renforcement de ce que je qualifierai du «Monde russe» fait partie de certaines de nos priorités de politique étrangère. Peut-être vais-je m'arrêter là pour être prêt à répondre à vos questions.

Question: On accuse maintenant la Russie d'une sorte de néo-impérialisme du fait de vouloir passer dans les règlements pour les sources de l'énergie aux prix mondiaux. Quel est votre avis à ce propos?

S.V.Lavrov: Ce n'est pas le cas. Je pense, que tout observateur impartial comprend, que la question, formulée comme vous le faites, exclut toute autre réponse, puisque le passage aux principes de marché des relations est la condition sine qua non du développement de la coopération économique. C'est ainsi qu'agissent tous les états, y compris en relation de leurs alliés. Les alliés sont aidés sous d'autres formes que par les prix déformés des marchandises et des prestations. Eh voilà.

Question: Hier, monsieur Poutine a rencontré son homologue syrien B.al-Asad. Auparavant, V.V.Poutine avait rencontré F.Siniora, Premier ministre du Liban. Compte tenu des rapports compliqués entre Damas et Beyrouth, peut-on parler du rôle d'intermédiaire, que joue la Russie? Expliquez, s'il vous plaît, votre position à propos de la cour internationale dans l'affaire du meurtre de R.Hariri, ex-Premier Ministre.

S.V.Lavrov: La Russie a toujours activement participé aux efforts de règlement de la crise proche-orientale, de règlement global du conflit arabo-israélien. Les pistes libanaise et syrienne font, sûrement, partie de ce règlement global. En tant que membre du Quatuor des médiateurs internationaux, nous contribuons à trouver des issues. La «feuille de route», qui est principalement consacrée au règlement palestino-israélien, confirme néanmoins le besoin des accords globaux dans les affaires proche-orientales, y compris les problèmes libanais et syrien. Sûrement, ce qui se passe maintenant au Liban, et cela ressemble fort à ce qui se passe sur les territoires palestiniens, ne peut que susciter la plus grave préoccupation. Je parle, avant tout, de la menace de l'opposition interne. Je suis persuadé, qu'il faudra garantir l'unité nationale au Liban, tout comme sur les territoires palestiniens, sur les bases légales, dans le cadre constitutionnel. C'est ce que nous prônons en essayant d'aider la société libanaise, son gouvernement, ses politiques à trouver les voies vers le rétablissement de l'entente dans le pays. C'est, sûrement, cela que concernaient les entretiens avec F.Siniora, Premier Ministre du Liban, de même qu'avec le Président syrien B. Al-Asad. Compte tenu des liens étroits connus entre la Syrie et le Liban et, parallèlement, des problèmes maintenus dans les rapports entre les deux pays, je crois, que notre position en faveur de la rapide normalisation des relations syro-libanaises, y compris la question de l'échange des ambassades, le début de la démarcation de la frontière, a été correctement perçue par Damas. Pour le moins, nous avons senti la compréhension du président B.al-Asad et sa bonne volonté au dialogue direct avec le Premier ministre F.Siniora. Nous soutenons et favorisons ce dialogue.

Concernant le rôle d'intermédiaire spécifique, je ne crois pas, que nous no prétendions. Nous apprécions hautement les efforts de la Ligue des états arabes, de son Secrétaire Général A.Moussa, soutenons ses efforts, soutenons les idées, qu'il promulgue dans l'aspiration à trouver une issue à la crise libanaise. Nous sentons, que ces idées – elles vont, à propos, dans le lit de nos propres représentation de la façon éventuelle à régler cette crise, – sont toujours plus demandées par tous les groupes au Liban.

Concernant la cour d'enquête sur le meurtre de l'ex-Premier Ministre du Liban R.Hariri, nous prônons de manière consécutive le procès des coupables de ce crime, y compris ses exécutants, ses organisateurs, ses inspirateurs. Nous avons soutenu la demande du gouvernement libanais de créer à cette fin la cour internationale, et continuons une participation active au travail à ses pièces constitutives. Notre principale position concernant ces documents consiste dans le besoin de faire de cette cour un vrai organe international de la justice, ne pas laisser politiser ces procédures et mécanismes. Nos initiatives appropriées sont déjà reflétées au projet de ses statuts. Peut-être pas à 100 %, mais le sens de nos propositions est traduite en langue des formules pratiques. Cette cour, je le répète, nous la voyons uniquement comme un organe de la justice internationale. La place est au prochain pas – le pas, qui doit être fait par le Liban, sur la base de la constitution du Liban. Dès que nous recevons au Conseil de Sécurité de l'ONU le signal approprié, correspondant à la constitution libanaise, de l'acceptabilité de ses statuts, nous passerons, sûrement, déjà aux actions pratiques de la création de cet organe.

Question: Vous avez dit dans votre allocution d'ouverture de vous réjouir de ce que le rôle de la Russie ait augmenté cette dernière année. Je pense, qu'aucun dirigeant, pour le moins, d'un pays européen, ne le nierait. Tous peuvent en convenir, mais je crois, qu'ils diront aussi tous, qu'il est devenu plus difficile d'avoir affaire à la Russie. C'est une Russie plus consciente de son identité. J'ai une question à cet égard: chaque fois que V.V.Poutine, Président de la Russie, rencontre un dirigeant ouest-européen ou américain, la presse, à la veille de cette rencontre, parle tout le temps de poser la question de la démocratie, de la liberté de la presse, des droits de l'homme. A chaque fois, ces dirigeants suivent ces appels, et V.V.Poutine leur répond gentiment. Mais rien ne change, pour le moins c'est l'impression qu'on a. Voici donc ma question. La Russie est toujours plus présente dans la politique internationale, tout en voulant, en quelque sorte, ignorer ces appels. Mais l'on croirait que, ces dernières années, les années de Poutine au pouvoir, la situation dans ces problèmes, je parle surtout, certes, des médias, des médias électroniques, du problème des élections, etc., n'a fait que s'aggraver. Je voudrais, que vous réfléchissiez un peu à haute voix qu'il y a ici des différends. D'une part – le rôle croissant de la Russie, et de l'autre - qu'elle se laisserait le droit de faire la sourde oreille à cette critique.

S.V.Lavrov: Il est très significatif, que vous ne veniez de citer aucun exemple de la violation par la Russie des droits de l'homme à l'égard de ses citoyens, de ses obligations internationales. Vous dites que chaque fois, à la veille d'un sommet entre la Russie et les pays occidentaux, dans la presse grandit la vague des exigences de poser plusieurs questions au Président de la Russie V.V.Poutine à propos de la démocratie, des droits de l'homme, des libertés des médias. Puis, vous avez dit, qu'à chaque fois, il y répondait, mais que rien ne changeait. Avant de pouvoir clairement répondre à votre question, je voudrais comprendre, de quelles exigences concrètement envers la Russie vous parlez.

Toujours, quand nos partenaires nous adressent les questions concrètes, afférentes à leur certitude, que quelque chose cloche chez nous, et quand ces questions nous sont adressées sincèrement, partant du désir d'un ami, d'un camarade, d'aider la Russie à rectifier un domaine de notre participation aux affaires mondiales ou un domaine de notre vie intérieure, nous répondons toujours à ces questions. Nous tenons très souvent compte des recommandations de nos amis étrangers. Il suffit de citer l'exemple comme la correction substantielle de notre législation en conformité avec les recommandations de la convention du Conseil de l'Europe. C'est un fait.

Mais quand cette critique, d'autant plus liée à la visite de V.V.Poutine, Président de la Fédération de Russie, déferle sur les pages des journaux, les écrans de télé, autrement dit, quand on cherche à nous faire parvenir cette critique à travers les haut-parleurs et les micros, premièrement, nous écoutons quand même ce qu'on dit et cherchons à comprendre, s'il y a des choses vraiment concrètes. Mais parallèlement, on a l'impression, dont il est impossible de se défaire, que le but principal n'est pas d'aider la Russie à corriger certaines choses, qui préoccupent l'Occident, mais de conquérir une audience intérieure d'un pays occidental, même, qui sait, de déséquilibrer la Russie. Vous avez noté à juste titre, que la croissance de cette critique se passe à mesure que la Russie devient plus consciente de ses forces. Peut-être les concurrents ont-ils toujours le désir – et la concurrence entre les puissances influentes existera toujours – d'essayer d'affaiblir leur partenaire, leur concurrent. Je répète, que ce désir est naturel, mais l'essentiel est que les méthodes de la lutte concurrentielle soient honnêtes, ne dépassent pas les cadres de la bonne conduite.

Je suis prêt à commenter dans cette clé la seconde partie de votre question, quand vous avez dit, que la Russie était en train de s'intégrer à la politique mondiale, tout en ignorant les appels. Encore une fois, si l'on nous propose une gamme concrète de questions, qui préoccupent l'Occident, nous y répondrons concrètement. Autrement, je n'ai plus rien à ajouter.

Question: Il y deux jours, nos opérateurs ont visité l'Abkhazie. Est-ce que les pacificateurs russes prévoient rester en Abkhazie après la fin de leur mandat actuel?

S.V.Lavrov: Les pacificateurs russes ont le mandat, confirmé par les chefs des états de la CEI et le CS de l'ONU, y compris dans le cadre de l'étroite coopération entre les Forces collectives de pacification de la CEI en Abkhazie et la mission des observateurs de l'ONU en Géorgie. Ce mandat n'a pas de date limite. Tant que les parties ne posent pas la question des effets de ce mandat, il continue d'agir. Mais je pense, qu'il est de l'intérêt de tous, et surtout, de celui de la stabilité et de la sécurité dans cette région, de garantir la coopération de toutes les parties avec les pacificateurs de la CEI et de respecter toutes les décisions prises par les parties, dont concernant le statut des gorges de Kodori. Dans les gorges de Kodori maintenant, en violation des accords connus, se déploient les structures de force de la partie géorgienne. Les pacificateurs ont plusieurs fois attiré l'attention au besoin de rectifier ces violations. Cette position a été soutenue par le CS de l'ONU dans la résolution, adoptée en octobre dernier, et n'est encore pas appliquée par la partie géorgienne. Cela, certes, nous inquiète, tout comme les provocations permanentes contre les pacificateurs russes, de service en Abkhazie comme en Ossétie du Sud.

Question: Seguéi Viktorovitch, permettez tout de même de compléter la question de mon collègue, qui a parlé d'une certaine réaction à l'Occident. Selon vous, d'après les résultats de cette année, l'image de la Russie à l'étranger est-elle devenue meilleure ou tout de même pire? Et qu'est-ce qui l'a favorisé ou, au contraire, gêné?

S.V.Lavrov: Tout d'abord, je ne vis par à l'étranger, mais en Russie. Parfois, il est vrai, j'y vais en missions. Ce n'est pas à moi de juger, comment cette image est perçue par la large opinion. Sûrement, j'observe l'aspiration à peindre artificiellement cette image dans les tons sombres, sans citer d'exemples, que tout le monde connaît sûrement. Mais l'exemple est vraiment probant. Les événements similaires, qui se passent en Russie et dans d'autres pays, que ce soit dans le domaine pénal, dans celui de la corruption, sont décrits de manière très contrastée. Si un événement relevant de ces sphères à l'Occident est impartialement commenté pendant un jour ou deux et puis disparaît des pages des journaux et des écrans de la télé, en ce qui concerne la Russie, il en est autrement, et, plus, les événements qui datent d'un an, de deux ans, on commence à s'en souvenir et à pédaler dessus. Je n'ai rien contre le fait que les journalistes cherchent à défendre leur propre droit d'évaluation, mais je crois que l'objectivité devra tout de même rester le critère de ces évaluations, et espère, que notre contact avec vous va y contribuer. Nous sommes entièrement ouverts aux médias. Et c'est notre Président qui y donne l'exemple. L'administration de la Russie en général n'évite jamais les contacts avec la presse. On peut avoir les réponses à toutes les questions. L'essentiel est, qu'en présentant l'image d'un phénomène, de présenter de manière pondérée notre point de vue aussi, car très souvent il arrive, que ce sont les appréciations partiales qui prédominent. Les derniers événements, disons, autour de la mort d'A.Litvinenko, en sont la preuve. C'est une capacité vraiment stupéfiante de parler de n'importe quoi, de trouver les témoins n'importe lesquels, que personne en Russie n'avait jamais vu, et en Angleterre personne ne les connaît non plus, et de remplir de ces interviews les reportages des médias leaders de l'Occident, tandis que les faits archiconnus, qui sont tout à fait accessibles en Russie, restent sans attention. Je prends très en philosophe ce qui se passe. Je répète, c'est le reflet, peut-être, des tendances objectives au monde, y compris celles du renforcement de la Russie, y compris les tendances éternelles de la lutte concurrentielle, l'aspiration à affaiblir son concurrent, à le faire se concentrer sur des problèmes sans importance primordiale pour le développement du pays et de ses relations avec les partenaires étrangers. Mais j'espère, que, tout de même, à mesure que nous allons continuer calmement et sûrement de développer notre propre économie, continuer de développer honnêtement, en partenaires, nos rapports, notre dialogue avec tous les états et avec tous les groupements, je crois, que la tentation de nous déséquilibrer par des coups bas va progressivement disparaître.

Question: Ma question a trait au verdict de la peine de mort répété du tribunal libyen contre les infirmières bulgares, prononcé hier. A ce propos, quelle est la position de la Russie le concernant? Comment la Russie a-t-elle aidé la Bulgarie à surmonter ce problème, puisqu'elle avait plusieurs fois promis cette aide, et même vous, aux dernières négociations avec votre homologue bulgare, avez parlé à ce sujet. Merci.

S.V.Lavrov: Vous avez en fait répondu à votre question. Non seulement nous avons plusieurs fois promis à nos collègues bulgares de contribuer au règlement de ce problème, nous avons aussi transmis les signes appropriés à Tripoli aux divers niveaux. Nous avons appelé l'administration libyenne à faire preuve de miséricorde et à résoudre ce problème par voie satisfaisante, certes, dans le cadre des procédures judiciaires. Je crois, que le verdict qui a été prononcé, suscite un problème très grave. Je partage l'avis de ceux qui le croient trop cruel sans tenir compte de plusieurs facteurs, qui avaient été présentés cours de l'enquête judiciaire. Je ne sais pas, quelles possibilités existent dans la législation libyenne pour sauver la vie de ces gens, mais, sûrement, c'est bien à quoi j'appelle.

Question: Serguéi Viktorovitch, dites, s'il vous plaît, quand sera nommé le chef de la Commission intergouvernementale Lettonie – Russie? Dites, s'il vous plaît, où est le problème? Est-ce une raison politique ou technique? Merci.

S.V.Lavrov: Bureaucratique. Car nous avons tout récemment signé deux accords interétatiques: de coopération économique et de création de la Commission intergouvernementale. Et quatre, tout au plus six semaines ont passé. C'est pourquoi il faut encore un certain temps, pour que nous trouvions la candidature du président, mais je ne ferai que remarquer, que ces accords mêmes, nous n'avions pas pu très longtemps les signer pour des raisons de la passivité de la partie lettonne. Et sans ces accords, créer la commission était, certes, impossible. C'est pourquoi je suis persuadé, que c'était une étape positive: nous avons enfin signé deux documents importants. Je suis persuadé, que bientôt, la commission fonctionnera.

Question: Serguéi Viktorovitch, parmi les tâches essentielles du MAE pour l'année prochaine, vous avez cité la consolidation du «Monde russe». Dites, s'il vous plaît, à ce propos, comment la diplomatie russe va défendre les intérêts de la population russophone dans les ex-républiques soviétiques, par exemple, en Lettonie où, selon des informations, ces derniers temps notre ambassade joue plutôt du côté des autorités locales que des citoyens russes et des non-citoyens de ce pays. Merci.

S.V.Lavrov: Je ne sais, de quel exemple concret vous parlez. Notre ambassade n'a pas le droit de mener sa politique, la «politique d'ambassade». Nous avons la politique étatique. Elle est définie par le Président, elle est mise en pratique par le Ministère des affaires étrangères, y compris à travers les établissements russes à l'étranger.

Concernant les moyens, par lesquels nous entendons défendre les droits de la population russophone dans les pays de l'ex-Union Soviétique, ils sont bien connus. C'est le droit international et le besoin de respecter les obligations et normes appropriées. Dans le cas de la Lettonie, tout comme de l'Estonie, ce sont, avant tout, les recommandations, qui avaient été adoptées par les commissaires aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe et par ceux de l'OSCE pour les minorités nationales. De plus, nous obtenons l'application de ces recommandations par la Lettonie et l'Estonie dans le cadre de notre partenariat avec l'Union Européenne. Lors de l'adhésion de la Lettonie et de l'Estonie à l'Union Européenne au printemps 2004 dans le cadre d'un nouvel élargissement de l'UE, la tâche de garantir des droits des minorités avait été fixée dans la Déclaration commune de la Russie et de l'Union Européenne. Concernant la clause de cette déclaration, que la Russie doit respecter, nous avons déjà tout fait. L'Union Européenne garde encore une petite «dette», y compris ce problème. L'Union Européenne, nous le croyons, doit plus activement obtenir l'absence sur son territoire (et la Lettonie et l'Estonie font partie du territoire de l'Union Européenne) du phénomène honteux comme la présence des personnes, dont la pièce d'identité mentionne «alien» à la ligne «citoyen». Les rythmes actuels de la naturalisation étant, tous les non-citoyens en Lettonie pourront devenir citoyens, sauf erreur, dans plus de 40 ans, et en Estonie – dans 28 ans.

Je pense, que c'est le problème, entre autres, de l'Union Européenne et de l'OTAN, puisque les pays baltes ont été admis à ces organisations en tant que pays, répondant aux plus hautes normes de la démocratie.

Question: La question a trait à l'héroïsation du fascisme dans les pays baltes. Comme on sait, l'administration de l'Estonie, par la bouche de son Ministre de la défense, a qualifié la Russie d'état ennemi, cela dit, les hauts officiels de l'Estonie, tout en continuant d'inaugurer les monuments aux bourreaux des troupes SS, entendent détruire les tombes des soldats, qui avaient libéré l'Europe du fascisme. Quelles mesures diplomatiques la Russie entend-elle déployer pour suspendre la réhabilitation du fascisme en Estonie? Et la seconde question, si possible, qu'espérez-vous en 2007 en tant qu'année de la Chine en Russie?

S.V.Lavrov: Concernant la première question, j'ai déjà mentionné certains pas, que nous faisons, pour éviter la renaissance et l'héroïsation du fascisme, surtout des «Waffen SS». C'est l'utilisation des organisations internationales, avant tout, de l'organisation jouissant d'un maximum de prestige – l'ONU, où, à notre initiative, ont été prises les décisions appropriées. C'est le travail dans le cadre du Conseil de l'Europe, de l'OSCE, c'est le travail avec nos partenaires de l'Union Européenne et au Conseil Russie-OTAN. Nous croyons sacrilège et extrêmement dangereux de mettre un signe d'égalité entre les libérateurs de l'Europe et les occupants, et c'est ce qui se passe maintenant en Estonie. Nous croyons, que c'est un défi à toute la communauté internationale. Je suis persuadé, qu'en Estonie même, il a pas mal de forces, qui ne s'accommoderont pas de la révision pareille des résultats de la guerre, et nous allons poursuivre notre travail tant en contact avec l'administration estonienne que dans l'arène internationale.

Concernant la prochaine année de la Chine en Russie, je suis persuadé, que ce sera une manifestation extraordinaire. L'année de la Russie en Chine a eu un immense succès. Près de 300 manifestations, cela dit, pas de manifestations pour «cocher une case», mais des manifestations, qui ont suscité un écho des plus positifs de l'opinion, ont été tenues en République Populaire de Chine, l'excellente organisation et l'aide technique de la part de nos amis chinois aidant. Certes, nous nous efforcerons de répondre par le pareil et garantir la même organisation de toutes les manifestations de l'Année de la Chine en Russie, et ces manifestations promettent d'être non moins intéressantes et assez riches en contenu et en dimension. Donc, les Russes, cela dit non seulement à Moscou, mais dans beaucoup d'autres villes, devront s'attendre à des événements extrêmement passionnants.

Question: Monsieur le Ministre, pourriez-vous nous clarifier le contenu de la résolution du Conseil de Sécurité pour l'Iran? Quels sont les différends pour cette résolution entre la Russie et les USA, et quand sera-t-elle votée? Merci.

S.V.Lavrov: Le travail à la résolution reflète la poursuite du processus de la concertation des approches conjointes du «trio» européen, de la Russie, des USA et de la Chine. Le travail dans ce format a commencé il y a presque un an. A sa base résidaient les accords absolument concrets, qui disent que nous devrons tous obtenir les pourparlers, le règlement diplomatique de tous les problèmes, liés au programme nucléaire de l'Iran, qu'il ne peut pas être question de la frappe pour régler ce problème, et que le Conseil de Sécurité de l'ONU doit soutenir les efforts de l'AIEA au lieu de remplacer l'AIEA, et doit aider à aboutir aux pourparlers avec l'Iran au lieu de punir l'Iran.

Si, dans le travail actuel, tous ces principes sont respectés, la décision peut être concertée très rapidement. Actuellement, malheureusement, nous devons surmonter les formules, qui résidaient dans le projet initial des pays européens, et qui divergent d'avec les idées de base, que je viens de mentionner.

Il existe, néanmoins, un progrès substantiel. En particulier, en ce qui concerne les limitations de la livraison à l'Iran des technologies, on a pris pour base la position russe, qui consiste en ce que les limitations ne devront pas être globales, mais concerner uniquement les domaines, qui suscitent la préoccupation de l'AIEA. Ce sont l'enrichissement de l'uranium, la transformation chimique du combustible usagé, tout ce qui a trait à l'édification d'un réacteur à eau lourde, et, en plus, les technologies, qui peuvent être utilisées pour fabriquer les moyens d'acheminement d'armes nucléaires. Sur ce plan, je répète, nous avons obtenu un avancement qualitatif dans le travail au projet, et cette approche y est maintenant fixée. Malheureusement, nos partenaires, tout en ayant accepté notre logique, essaient de renverser la situation en leur faveur en remplissant d'autres parties de la résolution de formules, qui, de fait, rendront de nouveau sans objet les limitations, que l'on instaure, et peuvent couper les canaux pour les liens commerciaux avec l'Iran dans les domaines absolument légitimes. De plus, on essaie de mettre ces domaines légitimes de la coopération, qui ne sont pas interdits par l'AIEA, sous le contrôle du comité du Conseil de Sécurité de l'ONU pour les sanctions, qu'on propose de créer. Tout cela diverge d'avec un des principes fondamentaux – le besoin que le CS ne remplace pas l'AIEA ou qui que ce soit encore, mais aide l'AIEA à promulguer le règlement des questions, que l'AIEA maintient à l'égard de l'Iran.

Le projet conserve toujours la tentative de limiter les domaines de l'activité de l'AIEA, qui ne suscitent aucun problème chez cette AIEA même. Ce n'est pas correct non plus, compte tenu de ce que nous sommes convenus de ne pas remplacer l'AIEA à travers le Conseil de Sécurité. Plus certaines clauses, qui concernent l'interdiction des voyages à l'étranger des officiels iraniens, que nous considérons clairement comme une tentative d'insérer à la résolution un élément de punition, bien que nous nous soyons d'emblée entendus de ne pas le faire. Je répète, si l'on se retrouve et qu'on travaillera honnêtement sur la base des accords, qui résident à la base de l'activité du Groupe des six pays, nous pouvons très rapidement arriver à un accord.

Question: Je voudrais clarifier la position de la Russie en relation de la dernière déclaration du Président de la Palestine M.Abbas à propos d'éventuelles élections en Palestine. Et une seconde question. Que pensez-vous de l'intention de certains pays arabes de posséder des objets nucléaires à des fins pacifiques, quel rôle la Russie pourrait-elle y jouer? Je parle de l'Egypte et des pays du Golfe. Merci.

S.V.Lavrov: Concernant la situation sur les territoires de l'Autorité palestinienne, j'ai déjà dit aujourd'hui, qu'elle suscitait chez nous une profonde préoccupation. Comme au Liban, nous voulons faire tout pour éviter la scission de la société, et espérons que les efforts, déployés, y compris par M.Abbas, de création du gouvernement de l'unité nationale, du gouvernement des technocrates – appelez-le comme vous voulez, – que ces efforts se seront pas arrêtés, et que toute la situation va évoluer dans le cadre de la légitimité, dans le cadre de la législation palestinienne.

Je dirai avec un immense regret, que l'entente déjà obtenue en septembre dernier de créer un gouvernement unique avait été artificiellement arrêtée, cela dit pas par les Palestiniens. Je le déplore sincèrement, puisqu'en septembre, quand j'ai été à Ramallah pour rencontrer M.Abbas, on croyait, que nous allons rompre l'opposition intra-palestinienne, et que les accords, qu'avait alors obtenus le chef de l'Autorité palestinienne avec le Président du gouvernement de Palestine, aideront à avancer vers la reprise du processus du règlement. Je répète, dommage que les Palestiniens n'aient pas alors eu la possibilité de s'entendre. On doit en tirer une leçon et faire tout, pour les aider à s'entendre maintenant.

Concernant la question sur le développement du secteur de l'énergie nucléaire, nous sommes ouverts à la coopération avec tous les pays, qui sont membres de bonne fois du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, qui coopèrent de bonne foi avec l'AIEA. Cependant, nous allons obtenir l'instauration des normes de droit international supplémentaires, qui permettront de consolider le régime de non-prolifération. J'ai déjà mentionné l'initiative du Président V.V.Poutine, l'initiative du Président G.Bush. Ces initiatives se complètent. J'invoquerai aussi le fait que toujours plus d'états estiment nécessaire de consolider le statut du protocole supplémentaire sur les garanties avec l'AIEA. On a des idées, comment faire le régime de non-prolifération plus solide. Nous allons contribuer par tous les moyens au début du dialogue d'élaboration des accords appropriés du droit international, tout en maintenant, je répète, le désir de coopérer avec les membres du TNPAN, avec les membres de bonne foi des accords avec l'AIEA sur le développement pacifique de l'énergie nucléaire.

Question: A la fin de cette année, les rapports à l'intérieur de l'Union Européenne ont aggravé. Certains problèmes sont apparus. Je voudrais demander, si vous croyez que ce sont les principaux problèmes de l'Union Européenne? Est-ce que la Russie va faire des pas pour régler cette situation?

S.V.Lavrov: Si j'avais dit, que l'Union Européenne n'a pas de problèmes, vous ne m'auriez, peut-être, pas cru. D'autre part, certes, c'est le problème de l'Union Européenne, et je ne peux pas faire mon apport à ses règlements. Je ne peux que dire, que la Russie est sincèrement intéressée à ce que les problèmes, surgissant à l'intérieur de l'Union Européenne, soient réglés. Nous sommes intéressés à ce que l'Union Européenne se renforce, parle d'une voix unique dans les questions des échanges commerciaux et dans celles de la politique étrangère, et dans celles de la sécurité. Cela répond à nos intérêts, puisque nous voulons plus efficacement développer le partenariat avec l'Union Européenne. Notre attention est, certes, attirée par la discussion qu'on est en train de mener, et par les priorités, qu'avance la future présidence allemande, l'obtention de l'accord sur l'avenir de la Constitution de l'Union Européenne. Nous souhaitons sincèrement, que ces processus se passent avec succès. Je répète, plus unie sera l'Union Européenne, plus efficace sera notre partenariat avec elle, meilleurs seront nos résultats, plus efficacement nous pourrons coopérer avec l'Union Européenne dans le règlement des crises et la garantie de la sécurité, y compris par la lutte contre les menaces du terrorisme, du crime organisé, du trafic de drogue et de la prolifération d'armes d'extermination massive. Nous avons, comme j'ai déjà dit, fait notre pas concernant le futur ordre du jour de nos relations avec l'Union Européenne. La position russe aux négociations est prête – la position, qui résidera à la base de notre travail au nouveau traité de partenariat stratégique avec l'Union Européenne. Je suis persuadé, que l'Union Européenne concertera aussi sous peu le mandat pour sa délégation aux négociations avec nous. Ces pourparlers à propos du nouveau document, qui doit refléter les qualités nouvelles de la coopération, feraient le contenu principal des deux prochaines présidences à l'Union Européenne au cours de 2007. Certes, nous partons du fait qu'au tout début de l'année, entreront en vigueur les accords de la facilitation du régime de visas et de la réadmission, que la Russie et l'Union Européenne ont signés en mai 2006.

Question: Ces derniers temps, est apparue de l'intensification dans les négociations du règlement arméno-azerbaïdjanais. Selon vous, y a-t-il des chances de régler ce conflit dans un avenir proche, environ vers 2007–2008, et avec quelles propositions supplémentaires la partie russe peut-elle intervenir? Est-ce que la partie russe confirme sa position officielle d'aspiration à l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan? On a parlé de l'Année passée de la Russie en Chine. Pourquoi n'a-t-on pas parlé de la fin de l'Année de la Russie en Azerbaïdjan. Le Premier Ministre de la Russie a visité notre pays. Comment appréciez-vous l'Année passé de la Russie en Azerbaïdjan? Deviendra-t-elle une impulsion supplémentaire dans le renforcement de la coopération russo-azerbaïdjanaise?

S.V.Lavrov: Concernant les négociations sur le règlement en Haut Karabakh, faire des pronostics est chose ingrate. Nous sommes coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE. En même temps, c'est aussi le rôle des Etats-Unis et de la France. Le rôle des coprésidents consiste à aider les parties à s'entendre. L'importance clé revient aux contacts directs entre les présidents de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, entre les ministres des affaires étrangères. Les coprésidents aident à organiser ces contacts, écoutent ce que disent les leaders, et essaient de préparer pour les prochaines rencontres les propositions, qui aideront les leaders d'avancer dans la recherche des issues. Nous avons constaté en 2006 un progrès substantiel dans le cadre de ces contacts. Les contacts entre Bakou et Iérévan vont continuer. Je ne ferai pas de prévisions concernant les éventuels délais de la réalisations des accords, mais je constate avec satisfaction l'état d'esprit positif des autorités de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie de poursuivre les négociations. Certes, nous y respectons tous les principes du droit international. L'essentiel tout de même est de créer les meilleures conditions pour les dirigeants de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie en ce qui concerne les étapes et les dates des négociations ultérieures.

Certes, je ne peux pas citer tous les événements de politique extérieure de cette année. Je crois que la forme du travail aussi nouveau que l'Année d'un pays dans un autre est extrêmement efficace, utile. Nous mettons en valeur cette forme très activement. Elle n'est en fait pas pour la forme, excusez de la tautologie. Ce n'est pas une simple gamme de manifestations, où l'on lit des discours qu'écoute une audience qui s'ennuie. Les manifestations de l'Année de la Russie en Azerbaïdjan et les manifestations inverses sont vraiment les événements culturels, la fête de la culture, la fête de l'art – c'est ainsi que l'on perçoit les concerts, les expositions, les rencontres des intellectuels créateurs, passés dans le cadre de ces années. Je suis persuadé, qu'il faut développer par tous les moyens cette forme de partenariat, de coopération, de relations amicales. Je crois, que les décisions adoptées en CEI, auxquelles s'est aussi joint l'Azerbaïdjan, sur le développement de la coopération humanitaire dans le cadre de la Communauté incluront obligatoirement l'expérience inestimable.

Question: Serguéi Viktorovitch, pardon de revenir au problème de l'image de la Russie à l'étranger. Les problèmes avec l'Ukraine, les rapports compliqués avec la Géorgie, la Moldavie sont utilisés par d'aucuns comme facteurs de la détérioration de l'image de notre pays en Europe. Qu'attendez-vous là-dessus l'an prochain? Comment l'administration de la Russie, et comment votre département de politique étrangère peuvent-ils faire changer cette situation, compte tenu de ce que le MAE représente les intérêts de notre pays au monde entier? Ou est-ce inutile de le faire, et la campagne sera poursuivie? Merci.

S.V.Lavrov: Vous savez, cette campagne, je l'observe sans me trouver à ses sources, c'est pourquoi je ne sais, quels projets existent en relation de cette campagne, mais on peut répondre de façon très compréhensible sur la base des trois exemples, que vous avez cités: l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie. Nous aurons un sommet avec l'administration ukrainienne. Ce sera le premier sommet dans l'histoire de la Commission interétatique, de la commission dite Poutine – Youchtchenko, le 22 décembre à Kiev. La commission couronnera le premier cycle des rencontres, qui ont eu lieu dans son cadre, puisque tous les organes auxiliaires de la commission ont déjà tenu leurs séances. Ce sont le Comité pour les échanges commerciaux, et celui pour les affaires internationales, ceux pour la sécurité, les problèmes humanitaires, la commission pour la Flotte de la mer Noire. Les présidents entendront aussi le rapport généralisé sur ce qui a été obtenu et poseront les tâches pour le travail à venir. Chacune de ces pistes connaît des problèmes, des problèmes compliqués, mais il existe une dynamique assez sérieuse vers leur règlement. J'espère, que certains problèmes seront réglés déjà au cours de la séance de la Commission interétatique ce vendredi.

En général, nous sommes satisfaits du développement des relations avec nos partenaires ukrainiens. Nous ne sentons pas, que notre image en Ukraine souffre d'une façon ou d'une autre. Concernant l'image de la Russie telle que peinte dans d'autres pays concernant ces rapports avec l'Ukraine, là, je répète, je ne veux pas m'engager à répondre des appréciations, mais j'y vois beaucoup de subjectif et de conjoncturel. Un autre exemple – la Moldavie. Après les rencontres des présidents de la Russie et de la Moldavie en août à Moscou et fin novembre à Minsk, s'est renforcée la tendance à la normalisation de nos relations. On mène un entretien honnête, concret, professionnel, y compris sur les problèmes des échanges commerciaux. Et ces problèmes sont résolus au fur et à mesure, tout comme on crée le sol pour en régler d'autres. C'est bien un entretien normal, sans criaillerie, sans éruptions polémiques, concret, comme en étaient convenus les deux présidents. Nous sommes satisfaits de la manière, dont ces accords sont accomplis.

Un tout autre exemple – la Géorgie, où, malgré les rencontres au niveau des présidents, au niveau des ministres des affaires étrangères, nous ne sentons aucune influence sur l'approche réelle de Tbilissi aux relations avec la Russie. On n'observe pas non plus de changements pour le mieux. Mon homologue, le ministre des affaires étrangères de la Géorgie, hier, je crois, a déclaré, que le problème consistait en ce que la Géorgie et la Russie divergent dans les questions de morale et de mentalité. Vous savez, en l'occurrence je serais d'accord avec lui, puisque nous menons la politique, que, pour le moins, nous voulons d'être morale, et une partie de la politique morale, – et c'est ce que nous attendons de nos partenaires, – c'est le respect de ce dont on est convenu. Cependant, il y a des faits, je ne vais pas les répéter, qui montrent de façon convainquante, que la Géorgie abandonne consécutivement toutes ses obligations sur les problèmes clé comme le règlement des conflits sud-ossète et abkhaze. Refuse de manière consécutive de s'entendre sur le non-usage de la force dans le règlement de ces conflits, crée de manière consécutive les structures, qui doivent jouer le rôle d'alternative à l'égard des dirigeants de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, bien que ce soient précisément les autorités de Tskhinvali et de Soukhoumi qui sont, d'après les accords obtenus, approuvés par l'ONU, l'OSCE, les partenaires de la Géorgie à ces pourparlers. Au lieu de s'entendre avec elles, on crée des structures parallèles d'alternative, se passe la constante militarisation du pays, continuent des provocations constantes contre les pacificateurs en Ossétie du Sud, en Abkhazie, autrement dit, on viole les accords, consacrés par l'ONU et l'OSCE, et dans le cas de l'Abkhazie, est simplement violée, n'est pas appliquée la résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU. Alors, sûrement, cette politique ne peut être reconnue ni de bonne foi, ni morale. A propos de ce qui concerne la différence des mentalités. Peut-être cela aussi a-t-il lieu, mais pas entre les mentalités des peuples russe et géorgien. La différence concerne la mentalité de certaines personnes officielles. Si pour mener une politique amorale, il faut forcément trouver un protecteur ou des protecteurs extérieurs, et pour trouver des protecteurs extérieurs, il faut prendre une position antirusse constante pratiquement dans tous les problèmes, c'est aussi une particularité de la mentalité. Je suis heureux, que nous y ayons des différences d'avec mon homologue géorgien.

Question: Ma question concerne les pays latino-américains. Comment évaluez-vous le dialogue politique avec les pays de l'Amérique Latine?

S.V.Lavrov: Nous évaluons positivement nos rapports avec les pays de l'Amérique Latine. Avec plusieurs pays isolés de la région, y compris avec Cuba, nous avons les mécanismes autonomes de développement du dialogue politique. Ces derniers temps, nous les complétons par le dialogue politique avec les groupements d'intégration dans la région. Tout juste la semaine dernière, à Brasilia nous avons signé le Mémorandum de la création du mécanisme de dialogue politique avec le Marché commun Sud-américain – le MERCOSUR. Je suis persuadé, que le dialogue politique est un bon instrument dans le développement des relations de partenariat, la création des conditions pour intensifier la coopération économique et d'innovations.

C'est sur cette piste qu'avance le développement de nos relations avec certains pays de l'Amérique Latine et du Bassin Caribéen et avec les groupements d'intégration dans la région. J'y vois une grande perspective, y compris puisqu'il existe non seulement la bonne volonté politique réciproque des autorités de nos pays, mais un sérieux intérêt réciproque des milieux d'affaires de la Russie et des états latino-américains.

Question: Quels sont les principaux problèmes ou les principales forces, qui gênent le processus de paix au Proche-Orient? Selon vous, y a-t-il une possibilité de la convocation de «Madrid-2» pour accélérer ce processus de paix? Quels pas concrets la Russie entend-elle faire l'an prochain?

Et une seconde question. Vous menez souvent des pourparlers avec les dirigeants israéliens. Ils posent toujours la question du dossier iranien. Pose-t-on au cours des pourparlers la question de l'arsenal nucléaire d'Israël ou non?

S.V.Lavrov: J'ai déjà parlé à propos des problèmes proche-orientaux. Ce qui gêne le processus de paix? Plusieurs choses gênent le processus de paix. Ce sont la fixation sur les stéréotypes, l'absence du désir de faire le premier pas, celle de s'écarter de la rhétorique publique. Beaucoup de choses le gênent, mais, peut-être, tous nous serons d'accord, qu'il est extrêmement important, que les forces extrémistes de toutes les parties n'y jouent pas le rôle décisif. Et en Israël, et en Palestine, si l'on parle du règlement palestino-israélien, il existe des personnes raisonnables, tout comme des politiques raisonnables. Ce n'est plus la première fois que nous entendons parler de l'empressement et du Premier ministre E.Olmert, et du président M.Abbas de se rencontrer directement. Nous croyons extrêmement important, que cette rencontre se fasse. Sûrement, la crise est déjà couverte de tant de problèmes, que l'on comprend le désir de créer les conditions nécessaires pour cette rencontre. Il serait correct, compte tenu de ce que les problèmes ne font que s'accumuler, et que leur règlement n'est toujours pas à l'horizon, que, si tout à coup les deux leaders conviennent de cette rencontre sans conditions préliminaires, nous leur y prêtions tous notre soutien par tous les moyens. «Madrid-2» – c'est ce dont on parle maintenant toujours plus. Le Président de la Russie, il y a assez longtemps déjà, a énoncé l'idée du besoin de convoquer une conférence internationale sur tous les aspects du règlement proche-oriental, une conférence qui ne soit pas l'événement d'un jour, mais un processus. Dans ce sens, une certaine analogie avec Madrid est tout à fait à sa place, tout comme avec Oslo. Un processus, auquel participent obligatoirement tous les états, qui influent d'une manière ou d'une autre sur la situation actuelle. Dans ce sens est assez probant, que le rapport de la commission Backer–Hamilton mentionne le besoin d'impliquer au dialogue l'Iran et la Syrie. Nous en parlons depuis longtemps. En général, il faut régler les problèmes de la région par l'implication de tous aux pourparlers au lieu de les isoler. Je pense, que la tentative d'isoler quiconque dans la région, que ce soit un pays ou une force politique à l'intérieur d'un pays, est un des principaux obstacles sur la voie de la reprise du processus de paix.

Concernant le problème des armes nucléaires, la Russie vote de manière consécutive au Conseil de Sécurité et aux autres forums pour la réalisation du concept de la création au Proche-Orient d'une zone, libre d'armes d'extermination massive.

Question: Cette année, vous avez effectué des dizaines de missions internationales, laquelle qualifieriez-vous de la plus difficile, et laquelle autre - de la plus inattendue du point de vue de ses résultats?

Réponse: Vous savez, je ne peux faire un choix. Je ne peux pas vous dire, que l'une d'elles ait été la plus utile, et qu'une autre – la plus inattendue. Toutes ces missions, et vous avez participé à beaucoup d'entre elles, ont été fournies de manifestations et de négociations. Que ce soit un document qu'on signe ou qu'on se limite à un entretien de confiance – c'est toujours utile. Cela fait partie du réseau de nos relations bilatérales et multipartites, qui permettra à la Russie de toujours rester en contact avec ses partenaires et garantir la stabilité de notre diplomatie face à la fluctuation de la conjoncture de politique étrangère. Peut-être ne pourrai-je plus rien ajouter. Mais, en prévoyant les missions pour l'an prochain, je tâcherai de les ranger par leur portée et par leur imprévisibilité.

Merci à tous. Je vous souhaite une bonne Année Nouvelle.

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