Allocution et réponses à la presse du Ministre russe des Affaires étrangères par intérim Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse conjointe à l'issue de son entretien avec le Ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, Moscou, 10 mai 2018

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Mesdames et messieurs,

Avant tout, je voudrais souhaiter de nouveau la bienvenue à Moscou à mon homologue le Ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, qui effectue sa première visite dans notre pays en tant que chef de la diplomatie allemande. Nous sommes ravis que les contacts aient repris à ce niveau à un stade précoce de l'activité du nouveau gouvernement allemand. Notre entretien, que nous poursuivrons lors de notre déjeuner de travail, a été très utile.

Nous avons évoqué en détail l'ensemble des problèmes des relations bilatérales et de l'agenda international. Autant que je puisse en juger, nous souhaitons réciproquement un dialogue régulier entre la Russie et l'Allemagne. Nous pensons que cela a une très grande importance, notamment dans la situation actuelle en Europe et dans le monde. De son côté, la Russie est prête à un travail commun avec Berlin sur un très large éventail de domaines d'intérêt mutuel en s'appuyant sur les fondations solides élaborées par le passé - que nous voulons conserver.

Nous avons noté avec satisfaction que depuis le début de l'année 2017 on constatait une hausse durable des échanges, et que la dynamique des investissements s'améliorait. Nous y voyons, entre autres, le résultat de l'activité du Groupe de travail russo-allemand pour la coopération stratégique dans le domaine de l'économie et des finances. Il existe également d'autres mécanismes de coopération bilatérale pratique, notamment le Groupe de travail russo-bavarois pour la coopération économique.

L'un des principaux éléments de notre coopération est l'énergie. Nous notons que le nouveau gouvernement allemand continue de soutenir la construction du gazoduc Nord Stream 2 en tant que projet commercial correspondant aux intérêts des pays européens et contribuant à la diversification des itinéraires de fourniture du gaz naturel en Europe pour réduire les risques liés au transit et renforcer la sécurité énergétique européenne globale.

Nous avons exprimé notre satisfaction réciproque quant au déroulement des activités dans le cadre de l'Année des partenariats municipaux et régionaux. La clôture de l'Année est prévue en septembre prochain en Allemagne. Nous sommes convenus de célébrer au mieux cet événement. Nous avons salué l'intérêt porté pendant l'Année actuelle à l'établissement de relations de partenariat du côté des municipalités de nos pays. Dans l'ensemble, nous jugeons important de conserver le rythme donné pour approfondir les échanges interrégionaux, ce qui est d'autant plus pertinent pour entretenir la confiance réciproque, le développement des contacts humains et le renforcement des liens historiquement étroits entre nos peuples.

Après l'Année des partenariats municipaux et régionaux, nous sommes convenus d'évoquer une nouvelle initiative et de songer à l'organisation d'une Année croisée des partenariats scientifiques et éducatifs. Je pense que cela serait très profitable au développement de nos liens bilatéraux.

Nous souhaitons également développer les contacts au niveau des structures de la société civile. A cet égard, nous accordons une attention particulière à l'activité du forum Dialogue de Saint-Pétersbourg et à l'espace de dialogue Rencontres de Potsdam.

Nous sommes convenus de développer nos liens culturels. L'année prochaine, nous comptons organiser les saisons russes en Allemagne. De telles activités ont été organisées l'an dernier au Japon et cette année elles ont lieu en Italie. Je suis convaincu que les spectateurs allemands apprécieront ce programme d'activités.

Concernant la politique étrangère, nous avons noté que fin 2017 s'étaient intensifiés les mécanismes de travail du Groupe de travail interministériel de haut niveau sur la politique de sécurité. Les réunions des sous-groupes de travail en 2017 ont permis de préparer la réunion plénière de ce Groupe de travail en 2018.

Nous avons abordé l'état des relations entre la Russie et l'Union européenne. La Russie souhaite une UE forte qui serait un partenaire constructif et prévisible et mènerait sa politique étrangère selon les intérêts européens. Nous avons mentionné également l'état des relations entre la Russie et l'Otan. Vous connaissez notre position, ce que nous pensons des agissements de l'Otan qui enfreignent le principe convenu précédemment de sécurité égale et indivisible pour qu'aucune puissance euro-atlantique ne renforce sa sécurité au détriment de la sécurité des autres.

Parmi les thèmes régionaux concrets, nous avons accordé une attention particulière à la situation qui s'est établie après l'annonce des USA de leur retrait du Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien. Nous trouvons important que tous les autres acteurs de ce plan puissent évaluer rapidement cette situation, organiser les consultations nécessaires et élaborer les démarches qui permettraient de préserver ce document crucial pour la stabilité régionale et le soutien du régime de non-prolifération de l'arme de destruction massive. Nous sommes convenus d'organiser de tels contacts avec nos collègues allemands.

Comme l'Allemagne, nous prônons la mise en œuvre à part entière des Accords de Minsk. Même s'il y a certaines nuances concernant comment ces accords doivent être mis en œuvre concrètement, nous avons souligné la nécessité de remplir au moins l'entente conclue entre les dirigeants de la Russie, de l'Allemagne, de l'Ukraine et de la France en octobre 2016 à Berlin, dite "formule de Frank-Walter Steinmeier", qu'il faut mettre par écrit. Cela concerne le statut particulier du Donbass, l'organisation des élections et la séparation des effectifs et des armements dans les zones concrètes sur la ligne de contact, notamment à Louganskaïa.

Nous avons attiré l'attention sur les conséquences très dangereuses de la loi sur la "réintégration du Donbass" adoptée par le Parlement ukrainien et signée par le Président ukrainien Petro Porochenko sans aucune mention ni lien avec les Accords de Minsk.

Nous avons évoqué la situation relative au processus de paix syrien. Nos positions coïncident en ce qui concerne l'immuabilité de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies conformément à laquelle le peuple syrien lui-même, tous les groupes ethniques et confessionnels doivent s'entendre sur l'avenir de leur pays avec le soutien de la communauté internationale sous l'égide de l'Onu. Nous avons souligné que les frappes de missiles des USA, du Royaume-Uni et de la France contre la Syrie sous un faux prétexte chimique avant que l'OIAC ne puisse mener une inspection appropriée à l'endroit supposé de l'attaque chimique étaient complètement illégitimes. Ces frappes ont infligé un très grave préjudice aux efforts pour intensifier le processus de paix. Néanmoins, la Russie fera en sorte que les négociations de Genève reprennent aux plus vite en s'appuyant sur la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies et les décisions du Congrès du dialogue national syrien de Sotchi. Entre autres, cela implique le respect inconditionnel de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Syrie. Nous sommes convenus de nous consulter plus étroitement à ce sujet dans le contexte du travail du Groupe de travail interministériel de haut niveau pour la politique de sécurité.

Voici l'agenda que nous avons pu aborder aujourd'hui. Je pense que c'est un départ profitable à nos contacts personnels. Nous essaierons de les rendre réguliers. J'espère que nos équipes aussi coopéreront étroitement sur toutes ces questions et les questions d'intérêt réciproque.

Question: Après la sortie des USA du Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien, Téhéran a déclaré que cet accord resterait en vigueur si ses objectifs pouvaient être atteints avec la coopération d'autres participants. En avez-vous déjà parlé? A-t-on commencé la mise au point d'une telle coopération? Quelles démarches pourraient être entreprises pour protéger l'Iran contre les sanctions américaines et empêcher la sortie de Téhéran de ce programme?

Sergueï Lavrov: Nous sommes très inquiets de la décision prise par l'administration du Président américain de se retirer du Plan d'action global commun, ce qui constitue une transgression de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies qui a approuvé ce plan pour qu'il fasse partie intégrante du droit international.

Nous avons apprécié la réaction pesée du gouvernement iranien à cette décision, parce qu'il faut évaluer toutes les conséquences de cette démarche de Washington. La hâte ne serait probablement pas productive. Nous - l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Chine et l'Iran - devront encore procéder à cette évaluation. Nous nous en occupons déjà. Nous comparerons prochainement nos avis.

Je voudrais souligner plusieurs points importants. Vous avez demandé quelles démarches pouvaient être entreprises pour protéger l'Iran des conséquences des sanctions américaines. C'est probablement une approche très simplifiée parce qu'il ne s'agit pas tant de faire en sorte que les sanctions anti-iraniennes ne soient pas rétablies (nous ne pouvons rien faire en ce qui concerne les sanctions unilatérales des USA), mais du fait que cela ne peut pas revenir sur l'annulation des sanctions décrétées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Il n'est pas possible de revenir sur cette annulation. Les sanctions unilatérales américaines contre l'Iran, si Washington essayait à nouveau d'accorder à ces restrictions un caractère extraterritorial, saperaient sérieusement la situation générale dans la région, dans les relations entre les USA et l'Europe, entre les USA et la Russie. Nous l'analyserons également du point de vue des normes et des principes de l'OMC. Cependant je répète que cet accord, le Plan d'action global commun, ne concerne pas seulement l'annulation des sanctions mais également la stabilisation de la région, dont l'aspect le plus important consiste à contribuer au renforcement du régime de non-prolifération de l'arme de destruction massive. Le préjudice infligé à ces acquis devra encore être évalué, mais il est très important.

Question: Que pense la Russie de l'escalade entre l'Iran et Israël? Est-ce que cela pourrait être lié à la sortie des USA du Plan d'action?

Sergueï Lavrov: Nous pensons que c'est une tendance très alarmante. Nous partons du fait que toutes les questions doivent être réglées par le dialogue. Plusieurs fois, dans nos contacts avec le gouvernement iranien et israélien - notamment hier pendant l'entretien entre le Président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu - nous avons souligné la nécessité d'éviter toute action qui serait réciproquement provocante.

L'Iran et Israël nous assurent qu'ils n'ont pas de telles intentions mais des incidents se produisent, vous le savez. Il est très inquiétant qu'ils se produisent dans des situations où nous soulignons tous notre attachement au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Syrie. L'incident de cette nuit dans le Golan syrien est actuellement étudié en détail par nos militaires. Ils ont suivi la situation. Je pense que leurs conclusions seront rendues publiques.

Question (traduite de l'allemand, adressée à Heiko Maas): La Chancelière allemande Angela Merkel, le Président français Emmanuel Macron et le Président ukrainien Petro Porochenko se rencontrent aujourd'hui en Allemagne concernant le conflit en Ukraine sans la participation de la Russie. Cela signifie-t-il que Berlin reconnaît que la Russie n'a pas une si grande influence sur les DNR et LNR?

Sergueï Lavrov (ajoute après Heiko Maas): Mon homologue a mentionné la proposition de se réunir au niveau des ministres des Affaires étrangères au format Normandie. Nous sommes prêts à étudier cette proposition. Aujourd'hui nous avons parlé du contenu concret de cette éventuelle rencontre. Nos collègues allemands ont leurs propres idées. Nous avons dit que les ministres, s'ils se rencontraient, devraient au moins terminer ce qui a été ordonné par les trois présidents et la chancelière il y a un an et demi déjà à Berlin: parvenir à l'entente sur la séparation des effectifs et du matériel à Louganskaïa, ce qu'empêche de faire actuellement l'Ukraine contrairement aux multiples confirmations de l'OSCE qu'il est possible de le faire, tout comme de mettre noir sur blanc la "formule Frank-Walter Steinmeier" pour accorder au Donbass un statut particulier et faire entrer en vigueur de la loi sur le statut particulier dans le contexte de l'organisation des élections. C'est le minimum, sans lequel les ministres ne pourront probablement pas rapporter à leur dirigeant qu'ils remplissent consciencieusement leurs fonctions.

Question: Le Ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas accuse la Russie de mener une politique étrangère de plus en plus hostile: comment pouvez-vous commenter ses propos? Avez-vous senti un durcissement de la politique étrangère allemande vis-à-vis de la Russie pendant l'entretien d'aujourd'hui?

Sergueï Lavrov: Je n'ai senti aucune hostilité pendant l'entretien d'aujourd'hui, ni entendu d'accusations selon lesquelles la Russie mènerait des actions hostiles sur la scène internationale. Nous n'en avons pas parlé aujourd'hui. Nous avons évoqué les affaires concrètes et avons essayé de nous concentrer sur les faits, pas sur les généralisations émotionnelles découlant d'une vision personnelle de la situation environnante. Nous sommes convenus, et cela a été dit plusieurs fois, de nous appuyer sur les faits dans nos prochains contacts. Je vais mentionner quelques exemples, puisque je n'en ai pas parlé pendant l'introduction et que mon homologue vient de s'y référer.

Nous avons expliqué en détail que nous jugions non constructive l'absence de réaction claire du Royaume-Uni à l'"affaire Skripal", du moins en ce qui concerne l'accès à la citoyenne russe Ioulia Skripal. C'est un fait objectif et il n'est pas exagéré d'exiger du gouvernement britannique qu'il accède à notre requête, puisqu'il s'agit de notre droit. Heiko Maas a dit que les Britanniques avaient expliqué en détail à l'Allemagne ce qui s'était passé à Salisbury et que tout cela paraissait convaincant. Comme nous voulons opérer avec les faits et pas seulement en disant que nous faisons confiance à ceux qui "highly likely" pensent que c'est la Russie qui est responsable, nous avons demandé de partager avec nous ces informations parce que les Britanniques ne nous fournissent rien. J'espère que désormais, Londres "bougera" un peu à ce sujet pour devenir plus factuel.

En parlant de faits, je suis tout à fait d'accord avec ce qui vient d'être dit: on ne peut pas discréditer l'OIAC. Nous avons été inquiets d'apprendre que Londres avait invité des experts de l'OIAC uniquement pour confirmer que la substance prélevée pour l'analyse était celle qui avait été identifiée par les Britanniques. Cela ne correspond pas aux exigences de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC). C'est également un fait montrant que les Britanniques n'ont pas agi très correctement avec l'OIAC.

Nous avons parlé aujourd'hui de la prétendue attaque chimique du 7 avril dans la ville syrienne de Douma. Nous sommes certains que les experts allemands - bien que l'Allemagne n'ait pas répondu présente à la conférence de presse organisée par notre délégation  au siège de l'OIAC avec la participation des témoins de l'épisode du 7 avril à Douma - ont accès aux informations de la conférence de presse (elles ont été largement répandues). Ce sont des faits. Nous sommes prêts à parler en détail en nous basant sur ces faits et ceux que peuvent nous présenter nos partenaires.

Mon homologue vient de mentionner une attaque cybernétique, notamment contre le Ministère allemand des Affaires étrangères. Pendant notre entretien il a été dit qu'il y avait des raisons de croire - ou de supposer avec une forte probabilité - qu'un groupe de hackers baptisé Snake, qui aurait des origines russes, serait impliqué dans cette attaque. C'est la première fois que j'en entends parler. Mais nous avons confirmé que nous étions prêts à étudier toutes les préoccupations dans différents domaines. Sur ce sujet concret, nous n'avons pas reçu de requête d'aide juridique de la part des autorités allemandes.

Nous avons également exprimé notre regret que l'Allemagne ait annulé sans explication les consultations bilatérales spéciales sur les problèmes de cybersécurité prévues pour mars, si je comprends bien précisément parce que cette cyberattaque a eu lieu. C'est pourtant une raison de plus pour se rencontrer.

Nous voulons, en dépit de toutes les complications et différences d'appréciation de nombreux processus, parler franchement dans l'esprit de notre échange d'aujourd'hui avec le Ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

Question: Y a-t-il des projets concrets pour savoir comment protéger les entreprises étrangères, notamment allemandes et russes, contre les sanctions américaines contre l'Iran?

Sergueï Lavrov: En ce qui concerne les sanctions unilatérales illégitimes que les USA s'étaient engagés à annuler, il y a une décision du Conseil de sécurité des Nations unies à ce sujet. Nous ne pouvons rien faire avec ce processus. Puisque Washington a décidé quelque chose, cela sera mis en œuvre. C'est clair à présent. Le Président américain Donald Trump en a parlé. Mais, premièrement, nous ferons en sorte que cela ne détruise pas le Plan d'action. C'est notre objectif commun, nous l'avons réaffirmé aujourd'hui. Deuxièmement, nous essaierons d'éviter l'impact extraterritorial sur d'autres partenaires de l'Iran. A ce sujet il existe des normes de l'OMC, et des mesures d'entente extrajudiciaire sont également possibles. Si je comprends bien, c'est la raison pour laquelle nos partenaires européens veulent choisir la voie extrajudiciaire avec les Américains pour obtenir quelque chose. J'ignore dans quelle mesure cela fonctionnera. Je veux simplement noter que cela ne concerne pas seulement l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, mais également tous les signataires de l'accord. Il serait certainement incorrect, pour certains participants de ce groupe, d'obtenir des exceptions pour eux tout en ignorant le fait que d'autres pays ont également signé l'accord. De plus, les Six ne sont pas les seuls à entretenir des relations commerciales avec l'Iran: il y a également de nombreux autres pays. Il faut y penser également.

Question: Quand se tiendra la rencontre au format Normandie?

Sergueï Lavrov: Nous avons soutenu cette initiative, nous nous sommes prononcés pour une bonne préparation de ce contact. Il faut convenir des délais. J'espère que cette rencontre ne sera pas reportée à long terme, mais il faut trouver une date qui convienne à tout le monde. Cette proposition a été faite il y a seulement quelques jours. Nous devons trouver la date et l'heure qui conviennent aux quatre ministres.

Question: Vous occupez le poste de Ministre russe des Affaires étrangères depuis 14 ans et vous avez vu plusieurs ministres allemands des Affaires étrangères. Après l'entretien d'aujourd'hui, avez-vous senti une continuité dans la politique allemande vis-à-vis de la Russie? Pourrez-vous coopérer aussi bien avec Heiko Maas qu'avec Sigmar Gabriel?

Sergueï Lavrov: Nous nous sommes prononcés tous les deux pour la continuité. Nos positions n'ont jamais coïncidé à 100% – plusieurs grandes questions politiques internationales suscitent chez nous une réaction opposée. Nous ne l'avons pas non plus caché aujourd'hui. Comme avec Sigmar Gabriel et avec Frank-Walter Steinmeier, nous sommes disposés (je crois que c'est réciproque) à analyser franchement toutes ces questions et à chercher la possibilité de rapprocher nos positions là où c'est possible.

Question: En Ukraine, le projet Nord Stream 2 suscite des doutes. La Russie est-elle prête à donner des garanties que l'Ukraine restera un État de transit important?

Sergueï Lavrov: Le Président russe Vladimir Poutine, la direction du Ministère russe de l’Énergie et de Gazprom ont déjà dit que nous ne nous opposions pas à ce qu'un certain volume de transit via l'Ukraine soit maintenu. Le plus important est que cela soit économiquement justifié, et non politiquement imposé. Nous sommes prêts à mener de telles consultations avec l'Ukraine. Nous l'avons dit aujourd'hui à nos collègues allemands.

Il ne fait aucun doute que le gazoduc Nord Stream 2 est indispensable. C'est un projet parfaitement justifié économiquement et bénéfique pour l'Europe. Il suffit de mentionner que la longueur du gazoduc sera deux fois inférieure à celle de l'infrastructure qui mène actuellement en Allemagne via l'Ukraine, et que le coût du transit sera inférieur de 50% par rapport à aujourd'hui. Par conséquent, le profit pour les consommateurs européens est parfaitement évident.


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