Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 4 mars 2021
Sur les visites de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite et au Qatar
Du 8 au 12 mars, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rendra aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite et au Qatar. Des rencontres et des pourparlers avec les dirigeants et les chefs de diplomatie de ces pays sont à l'étude.
Il est prévu d'évoquer en détail l'ensemble des relations pluridimensionnelles de la Russie avec ces pays amis, ainsi que leur développement progressif. Les accords conclus précédemment au sommet restent le principal repère dans ce travail.
Une attention particulière sera accordée à l'objectif d'élargir la coopération d'affaires, à la planification de nouveaux projets prometteurs, ainsi qu'à l'intensification des efforts au niveau des commissions intergouvernementales bilatérales pour la coopération commerciale, économique et technique.
Il est également prévu d'aborder la coordination future vis-à-vis de la situation sur le marché mondial des hydrocarbures, ainsi que la coopération dans la lutte contre la prolifération du coronavirus grâce aux avancées russes.
Les interlocuteurs échangeront en profondeur leurs avis sur les différents aspects de l'ordre du jour moyen-oriental en mettant l'accent sur la nécessité de régler les conflits dans la région par les négociations, en tenant compte des intérêts légitimes et des préoccupations de toutes les parties impliquées. C'est sous cet angle qu'il est prévu d'analyser les perspectives du règlement durable des situations de crise en Syrie, en Libye, au Yémen, dans le Golfe, et le processus de paix israélo-arabe.
Sur l'interview de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, au magazine Rousskaïa mysl
Je voudrais attirer votre attention sur la publication aujourd'hui d'une interview du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov accordée à la revue étrangère de compatriotes russes Rousskaïa mysl, qui se trouve au Royaume-Uni.
Il s'agit de la plus ancienne publication russophone à l'étranger, dont le premier numéro a vu le jour en 1880 à Moscou. Rousskaïa mysl demeure l'un des médias les plus populaires de la diaspora russe et couvre les thèmes de la géopolitique mondiale depuis des positions fédératrices.
Cette interview aborde les thèmes d'actualité des relations de notre pays principalement avec l'Union européenne et les États-Unis, sur un large éventail de problèmes régionaux et mondiaux.
Nous vous proposons de consulter le contenu de cette interview sur les sites du Ministère russe des Affaires étrangères et de ce journal.
Sur le 25e anniversaire du forum Dialogue Asie-Europe
Le 1er mars marque la journée du Dialogue Asie-Europe (ASEM), qui fête son 25e anniversaire cette année.
Depuis son adhésion au forum en 2010, la Russie participe activement au développement pratique de la coopération dans différents secteurs, notamment à travers la réalisation de projets sectoriels concrets. En tant que l'un des coordinateurs du groupe asiatique de l'ASEM (nous remplissons ces fonctions depuis le second semestre de 2019) nous orientons le travail du forum sur le renforcement de l'interaction continentale sous tous ses aspects et manifestations avec la création d'un contour eurasiatique commun de coopération interrégionale.
Parmi les initiatives russes dans le cadre de l'ASEM: l'organisation d'une conférence de haut niveau sur le dialogue intercivilisationnel (Saint-Pétersbourg, 2014), d'une réunion de hauts responsables sur l'éducation (Moscou, 2016), ainsi que la réalisation du projet d'université d'été de jeunesse (Vladivostok, Tchita, Irkoutsk, 2016).
En 2019, nous avons pris l'initiative de lancer la plateforme numérique de mobilité académique STIpot² comme canal de liaison entre les milieux scientifiques et éducatifs des pays de l'ASEM. A l'heure actuelle, plus de 2.500 chercheurs, pédagogues et étudiants d'Asie et d'Europe y sont déjà enregistrés.
Début 2020, en pleine pandémie de Covid-19, la Russie a proposé de mettre en place des chaînes d'acheminement transcontinentales en utilisant les capacités du transport ferroviaire. En parallèle, nous faisons partie des superviseurs du projet de l'ASEM pour l'implémentation de solutions technologiques avancées dans le domaine de la coopération douanière.
L'un des résultats du travail du forum l'an dernier a été l'adoption d'une déclaration des chefs de diplomatie sur la lutte contre la Covid-19 au format de cinq membres de l'ASEM, incluant les coordinateurs régionaux (Russie, UE, Allemagne, Singapour) et le Cambodge en tant que président du 13e sommet du forum prévu pour l'automne 2021.
Dans le contexte de la préparation de ce sommet, nous voyons de bonnes perspectives de déboucher sur des résultats positifs et palpables dans la reprise socioéconomique post-pandémique. L'expérience et les acquis pratiques accumulés par la Russie dans la lutte contre la Covid-19 sont sollicités par de nombreux pays de l'ASEM. Nous continuerons de partager avec les partenaires notre expertise en la matière.
Nous proposons cette année une initiative humanitaire importante: l'établissement de contacts directs entre les associations de volontariat des pays d'Asie et d'Europe. Ces mouvements, comme l'a montré l'année dernière, ont joué et continuent de jouer dans l'ensemble un rôle de cimentage dans le contexte civil global dans notre lutte contre les défis de la crise de coronavirus.
Pendant la réunion des 1er et 2 mars 2021 des responsables de l'ASEM en visioconférence, nous avons prôné une nouvelle fois une approche pragmatique et dépolitisée du développement de la coopération multilatérale.
Sur l'accord de cessez-le-feu à la frontière indo-chinoise au Ladakh oriental
Nous continuons de suivre la situation à la frontière indo-chinoise. Nous saluons l'entente conclue à l'issue d'un entretien téléphonique entre les chefs de diplomatie de la Chine et de l'Inde le 25 février 2021, orientée vers le règlement de la situation.
Nous respectons la volonté des parties d'agir sur ce dossier sans ingérence de forces extérieures, dans le cadre des mécanismes multiniveaux du dialogue bilatéral qu'ils ont mis en place. Nous espérons que les deux pays, en tant que membres responsables de la communauté internationale, réussiront à trouver des solutions pacifiques mutuellement acceptables pour apaiser les tensions au plus vite.
Sur le lancement du projet de contribution technique "Formation de jeunes spécialistes dans le domaine des statistiques officielles des pays d'Asie centrale: l'avenir des statistiques officielles" financé par la Russie dans le cadre de la CESAP
La Russie financera le projet de l'Onu pour la formation de jeunes spécialistes dans le domaine des statistiques en Arménie, en Azerbaïdjan, au Kazakhstan, au Tadjikistan, au Turkménistan et en Ouzbékistan. Ce travail sera mené par la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) durant les deux prochaines années.
Au cours de cette période, les experts de l'Onu et les consultants internationaux organiseront une série de séminaires pour les jeunes collaborateurs des services statistiques et les diplômés d'université appelés à travailler avec les statistiques officielles de l'Onu. Il est ensuite prévu de préparer des manuels et des cursus de formation qui seront mis à disposition par les organisateurs en accès ouvert pour les futurs experts des statistiques. A ces fins, la Russie attribuera 400.000 dollars des fonds de sa cotisation volontaire à la CESAP.
Ce projet sera une forme utile de soutien à nos partenaires de la CEI. Les cursus sont organisés en russe et visent à mettre les statistiques nationales en conformité avec les normes et les exigences de l'Onu. Nous le considérons comme une contribution de la Russie au renforcement de l'efficacité des statistiques internationales, ainsi qu'à l'amélioration du suivi des Objectifs de développement durable de l'Onu dans les pays de la CEI. Des experts de Rosstat participeront à l'organisation de ces activités.
Sur l'entrée en vigueur à partir du 9 mars 2021 pour la Fédération de Russie de la Convention européenne relative à la suppression de la légalisation des actes établis par les agents diplomatiques ou consulaires
Le 9 mars 2021, pour la Fédération de Russie entre en vigueur la Convention européenne relative à la suppression de la légalisation des actes établis par les agents diplomatiques ou consulaires du 7 juin 1968.
Ladite Convention prévoit une simplification de la procédure de reconnaissance des documents délivrés par les responsables des établissements diplomatiques et consulaires des États parties de la Convention, exemptant de la nécessité de légaliser de tels documents - c'est-à-dire de demander une attestation supplémentaire du sceau et de l'authenticité de la signature des agents ayant signé le document au Ministère des Affaires étrangères du pays d'accueil.
En plus des conventions et accords consulaires bilatéraux en vigueur, la Convention européenne créera une base supplémentaire pour la reconnaissance sans obstacles des documents russes dans les États parties de la Convention, où vivent actuellement près de 1,5 million de Russes.
Ainsi, sans légalisation seront réciproquement reconnus les actes de naissance, de décès ou de mariage, les attestations d'absence de casier judiciaire et de poursuites pénales, ou encore les attestations d'absence d'obstacles pour un mariage s'ils sont délivrés par les ambassades et les établissements consulaires des États parties de la Convention aussi bien dans le pays d'accueil que dans d'autres pays.
La Convention européenne est entrée en vigueur le 14 août 1970, la Fédération de Russie l'a signée le 22 janvier 2016 et l'a ratifiée le 27 octobre 2020.
La lettre de ratification de la Convention a été remise au Secrétaire général du Conseil de l'Europe le 8 décembre 2020.
Hormis la Russie, la Convention inclut 24 États dont le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne, la Turquie, la France et la Suède.
Conformément à l'article 7 de la Convention, après son entrée en vigueur le Comité des ministres du Conseil de l'Europe peut inviter à s'y joindre tout pays non membre du Conseil de l'Europe.
Sur le discours d'Antony Blinken au Département d'État américain
Je voudrais vous rapporter davantage de nouvelles positives, et je suis certaine que cela arrivera, mais aujourd'hui il faut, une fois de plus, rentrer dans un débat avec le Département d’État américain. Il nous a fourni un nouveau prétexte - Antony Blinken directement.
Parmi tout ce qu'a dit le Secrétaire d'État, beaucoup sonne juste. Difficile de contester sa thèse selon laquelle il est inadmissible de promouvoir la démocratie par la force. En lisant attentivement son discours, il s'avère qu'on ne peut pas renverser les gouvernements dans d'autres pays non pas parce que c'est une grossière violation du droit international (un crime, au fond), mais parce que cela coûte trop cher au budget américain qui, vous le savez, craque de tous les côtés.
Nous partageons l'aspiration à bâtir un système économique mondial plus stable et inclusif. On regrette seulement que les collègues de Washington aient oublié de préciser comment la succession de nouvelles sanctions américaines, qui sont décrétées sans gêne à la chaîne contre plusieurs pays, dont la Russie, s'inscrit dans cette vision.
La reconnaissance de l'imperfection de la démocratie américaine est, selon nous, un point positif. Cette autocritique est louable. Enfin, nos collègues avancent vers la réalité. Ceci étant dit, de la manière hypocrite messianique habituelle pour les États-Unis, a été exprimée l'intention de montrer l'exemple à d'autres pays en les incitant à un "comportement démocratique". Que peut-il y avoir de plus démocratique que de proclamer ses propres citoyens en tant que "terroristes intérieurs" pour dissidence? Nous soupçonnons qu'il s'agit d'une persécution des récalcitrants aux innovations libérales agressives activement promues par l'administration de Joe Biden.
Nous appelons l'équipe du Département d'État américain à renoncer aux tentatives de s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays, non pas en paroles mais en actes. Sans tenir compte et sans respecter les intérêts des partenaires, les nobles intentions annoncées ne resteront que des déclarations. Nous le surveillerons. Il faut soutenir les collègues dans leur "dérive" vers le constructif et le réalisme.
Sur le rapport "La Russie après Poutine" de l'ONG Conseil de l'Atlantique
Hormis tous les problèmes déjà pointés, les États-Unis en ont un autre: c'est la pauvreté de la russologie américaine contemporaine. Le rapport en question n'est pas une analyse: c'est une directive adressée directement aux "agents d'influence" parmi des éléments radicaux et marginaux. Quel est le rapport avec les déclarations d'Antony Blinken? C'est également une bonne question, qui s'adresse au Département d'État américain et à l'establishment politique américain.
Le Conseil de l'Atlantique appuie ses prétendues conclusions (en réalité ses recommandations) sur la conviction illusoire - et détachée de la réalité - des capacités des États-Unis à dicter leur volonté, ainsi que sur la foi en leur droit moral de donner des leçons au reste du monde en matière de démocratie et de droits de l'homme. Il ne peut y avoir qu'une seule explication: le Conseil de l'Atlantique a publié ce rapport avant la déclaration d'Antony Blinken selon laquelle les États-Unis n'imposeront pas leur volonté par la puissance douce ou dure. Ce rapport a visiblement été préparé à partir d'anciennes positions. Nous espérons que dans le prochain rapport, les "contes" du Département d'État américain seront pris en considération.
Les États-Unis sont loin d'être en position de s'exercer à l'hégémonie et à l'ingérence dans les affaires intérieures dans d'autres pays. C'est ce qu'a déclaré Antony Blinken.
Nous voudrions profiter de l'occasion pour suggérer aux analystes et experts américains de se focaliser avant tout sur les problèmes systémiques de leur propre régime politique, qui se sont extrêmement aggravés aussi bien au niveau des tensions politiques et du degré des scandales qu'au niveau de l'arbitraire et de la violence policière. Dans ces conditions, de telles "recommandations" pour aménager la "démocratie" sont d'actualité pour les États-Unis eux-mêmes, mais certainement pas pour la Russie et d'autres pays.
Sur les commentaires de Ned Price, porte-parole du Département d'État américain, concernant la liberté d'expression en Russie
Nous ne pouvons pas passer à côté de la critique infondée du porte-parole du Département d'État américain Ned Price visant les autorités russes, qui a exprimé sa préoccupation vis-à-vis de la prétendue "violation des intérêts des journalistes" en Russie. Il a cité des exemples concernant Radio Free Europe/Radio Liberty.
Revenons aux faits. Je voudrais rappeler aux collègues américains que Radio Free Europe/Radio Liberty a reçu une amende pour ses multiples violations de la législation russe en ce qui concerne la nécessité d'un marquage élémentaire des publications en tant qu'agent étranger. A l'heure actuelle, ce média fait l'objet de 260 procès administratifs, a reçu 142 amendes dont la somme pourrait dépasser 70 millions de roubles.
Nous notons que ces amendes ont été précédées par de nombreux avertissements de la part des autorités compétentes, qui ont été simplement ignorés par Radio Liberty. Cela a été fait intentionnellement et démonstrativement. Il est évident qu'une telle indifférence envers le respect des lois du pays d'accueil est tout simplement inadmissible. Qu'arriverait-il aux États-Unis si les médias qui y travaillent et plus ou moins liés aux gouvernements d'autres pays ne respectaient pas la législation américaine? Nous connaissons la réponse à cette question. Cela s'ensuivrait d'une réaction punitive très brutale.
De plus, la sanction choisie pour faire entrave à cette activité illégale ne limite en aucun cas le travail journalistique du média américain ou son droit à la libre diffusion de l'information (le Département d'État américain ne l'a pas noté), chose qu'on ne peut pas dire de la loi sur les agents étrangers FARA appliquée par les États-Unis envers les médias russes.
A cet égard, nous considérons les réclamations infondées des autorités américaines comme une simple tentative arrogante d'ingérence de Washington dans le travail du système judiciaire d'un État souverain. Respectez les lois russes.
Sur les déclarations faites au Conseil de l'Europe par Heiko Maas, Ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne, au sujet de la Crimée
L'Allemagne nous donne également motif à commentaire. Mais, malheureusement, pas sur les points positifs de nos relations. Ces derniers temps, nos collègues allemands font preuve d'un intérêt clairement malsain pour la situation en Crimée russe. D'abord, le représentant permanent de ce pays à l'Onu s'est dit préoccupé par le sort des Tatars de Crimée et la prétendue absence d'accès à la péninsule pour les observateurs internationaux (nous l'avons commenté). Puis le Ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, en tant que président du Comité des ministres du Conseil de l'Europe, a fait une déclaration à l'occasion du 7e anniversaire de la réunification de la Crimée avec la Russie en mélangeant tous les genres: la situation sur la péninsule, la décision de la Cour européenne des droits de l'homme et, pour une raison qu'on ignore, les Accords de Minsk pour régler la crise dans le Donbass.
Nous appelons Heiko Maas et les autres "combattants" pour le sort des habitants de la Crimée à respecter le choix fait par ces derniers en 2014, ainsi qu'à cesser de raconter des fables sur la péninsule tout en punissant les Criméens par des sanctions, la non-reconnaissance des passeports et la non-délivrance de visas. Si vous, monsieur Maas, voulez tout de même accorder une attention de près à ce sujet, commencez par les faits. Parlez du référendum, essayez de vous rappeler où et quand, dans les régions que vous soutenez du point de vue de leur autodétermination, des référendums ont été organisés. Souvenez-vous des lois décrétées après 2014 pour soutenir les personnes de différentes nationalités et parlant différentes langues en Crimée. Enfin, envoyez-y vos représentants, des responsables officiels allemands (du Ministère des Affaires étrangères, vos diplomates). Qu'ils parlent eux-mêmes aux gens. Cessez de vous appuyer sur des inventions et des fables.
Nous rappelons que la Crimée est devenue partie intégrante de la Russie en s'appuyant sur le principe de la Charte de l'Onu et de l'Acte final d'Helsinki du CSCE concernant le droit des peuples à l'autodétermination. Ce principe a été appliqué par la population de la Crimée par la voie la plus démocratique: un référendum. Ne l'oubliez pas, monsieur Haas. Cette décision est définitive et ne peut pas être changée.
Il est surprenant que monsieur Maas, en tant qu'ancien ministre de la Justice, interprète aussi arbitrairement la décision intermédiaire du CEDH du 14 janvier 2021 concernant le litige initié par l'Ukraine. Vous le savez, dans cette décision la cour a seulement dit qu'elle avait le pouvoir d'examiner l'affaire sur le fond et a conclu du caractère infondé de la série d'accusations avancées par l'Ukraine contre la Russie. La déclaration du président du Comité des ministres du Conseil de l'Europe ressemble à une tentative de faire pression sur l'organe judiciaire.
En parlant des Accords de Minsk sur le Donbass, Heiko Maas a exigé leur mise en œuvre par la Russie. Mais, tout comme l'Allemagne, la France et l'OSCE, elle n'est qu'un médiateur dans le règlement du conflit entre Kiev, Donetsk et Lougansk. Et ce document existe. Il est signé. Vous le savez, monsieur Maas. Pourquoi induisez-vous tout le monde en erreur? Vous avez peut-être oublié que le point de départ des événements en Crimée et dans le Donbass a été le coup d’État sur le Maïdan de Kiev en février 2014, où l'Allemagne, avec la France et la Pologne, ont joué le rôle d'intermédiaire entre le gouvernement et l'opposition en persuadant le président légitimement élu à ne pas utiliser la force contre les manifestants pacifiques. Berlin est devenu garant des accords conclus entre eux, mais n'a rien fait pour les protéger quand l'opposition les a brutalement piétinés. En fait, les prétendus médiateurs et garants sont devenus des complices du putsch armé anticonstitutionnel et de la prise du pouvoir par les nationalistes radicaux. Vous ne pouvez pas ne pas le savoir, ne pas vous en souvenir. Avec le soutien silencieux de la communauté occidentale (l'Allemagne était au cœur des événements) les "vainqueurs du Maïdan" ont d'abord commencé à massacrer les dissidents, puis ont déclenché un conflit armé dans le Donbass, qui n'est toujours pas réglé à cause de la réticence de Kiev à remplir les Accords de Minsk, notamment parce que l'Allemagne et la France ne remplissent pas leur part du travail consistant à inciter Kiev à les mettre en œuvre.
Puisqu'une grande partie de la responsabilité de ces événements incombe à l'Allemagne, nous suggérons à monsieur le ministre Heiko Maas d'adresser ses préoccupations à lui-même. Nous considérons sa déclaration comme un signe de réticence de l'Allemagne à remplir les fonctions de "courtier honnête" en tant que présidente du Comité des ministres du Conseil de l'Europe. Cette ligne mène à une division de l'Organisation, se reflétera négativement sur l'atmosphère générale au Conseil de l'Europe et compliquera la préparation de la session ministérielle du Comité des ministres à Berlin en mai 2021.
Sur les déclarations de Marc Garneau, Ministre des Affaires étrangères du Canada, concernant "l'annexion de la Crimée"
Le chef de la diplomatie canadienne Marc Garneau n'a pas non plus réussi à s'abstenir d'aborder le thème de la Crimée. Il a perpétué la "tradition" des autorités canadiennes qui consiste à soutenir le régime de Kiev qu'elles protègent, et a fait de nouvelles déclarations sur "l'annexion illégale et l'occupation de la Crimée".
A cet égard, nous voudrions rappeler de nouveau que les Criméens, en parfaite conformité avec la Charte de l'Onu et le droit international, ont décidé de leur sort lors d'un référendum populaire. Nous demandons vraiment au Ministère des Affaires étrangères du Canada: si et quand vous parlez des événements de 2014, s'il-vous-plaît, parlez aussi du référendum organisé. Les gens ont voté volontairement. Citez les statistiques, parce que la grande majorité s'est prononcée pour la réunification avec la Russie. Les habitants de la péninsule, en tant que citoyens russes, bénéficient de toutes les garanties fixées dans la Constitution de la Fédération de Russie. Il devrait également le préciser quand ils font de telles déclarations.
Ottawa, au lieu de répandre des fantaisies et des désinformations flagrantes, devrait se préoccuper de la situation catastrophique en Ukraine, puisque vous êtes si inquiets du sort des citoyens de ce pays: on y réprime la dissidence, on interdit des médias et on persécute des représentants politiques indésirables.
Nous appelons les autorités canadiennes à s'abstenir de commettre des actes qui constituent une ingérence dans les affaires intérieures de la Russie.
Sur la clôture des comptes bancaires du groupe médiatique RT DE en Allemagne
Au sujet des véritables valeurs démocratiques et de comment nos partenaires occidentaux ne les respectent pas.
Nous avons appris que le 26 février 2021, la banque allemande Commerzbank avait envoyé une notification écrite de la clôture des comptes des agences de presse RT Allemagne et Ruptly. L'accès de ces médias aux opérations financières dans cette banque sera suspendu à partir du 31 mai 2021. Le motif formel invoqué par la banque, déjà devenu une mauvaise tradition, est son droit de cesser la coopération avec un client unilatéralement sans explication. Des dizaines de grandes banques allemandes et internationales, ainsi que d'établissements financiers régionaux contactés par les collègues de RT, ont déjà refusé de coopérer sans argumentation fondée.
En décembre 2020, la compagnie médiatique avait annoncé ses plans ambitieux de lancer d'ici fin 2021 une diffusion télévisuelle germanophone à part entière sur le territoire allemand. C'est ce qui a provoqué une irritation et une activation brusque des détracteurs de la Russie parmi les représentants de médias allemands et de l'establishment politique. Une véritable persécution a commencé. Mais comme toutes les actions engagées par le média russe étaient absolument légitimes, il a été décidé de faire entrave à son travail par cette méthode "barbare".
Je voudrais noter que ce n'est pas la première fois que l'Allemagne tente de "couper l'oxygène" à nos journalistes. En 2019, la banque allemande Sparkasse Berlin a notifié les compagnies représentant la chaîne russe RT en Allemagne - Ruptly GmbH, Redfish et Mаffick Media - de la clôture de leurs comptes dans un délai de deux mois sans explication. Alors que les banques allemandes Deutsche Bank et cette même Commerzbank ont refusé à Maffick Media d'ouvrir un compte sous prétexte de leur "politique commerciale". Toutefois, grâce à notre réaction rapide, cet incident avait pu être réglé à l'époque.
Nous jugeons inadmissible une attitude aussi hostile des partenaires étrangers envers les médias russes qui exercent leur activité professionnelle légale à l'étranger. Nous considérons les démarches pour la clôture des comptes d'agences de presse russes comme un élément de pression politique et de violation flagrante des engagements de l'Allemagne de garantir la liberté d'expression et des médias. Nous n'accepterons pas de références aux "règles corporatives", car c'est faux.
Nous appelons très sérieusement Berlin à se raviser et à garantir un fonctionnement normal des compagnies médiatiques mentionnées, à lever toutes les restrictions compliquant leur travail. Dans le cas contraire, nous serons forcés de réagir fermement contre les médias allemands qui travaillent en Russie. Sincèrement, nous ne voudrions pas le faire. Ne donnons pas de raisons. Il faut être attaché à nos engagements aussi bien en Allemagne qu'en Russie pour créer des conditions normales pour le travail des journalistes dans les deux pays. Même si nous avons des reproches envers des journalistes et médias allemands en Russie. Ils le savent. Mais nous réglons tous nos problèmes dans le respect mutuel, sur une base légale, en discutant, en expliquant et en acceptant des arguments en réponse. Nous voudrions que l'Allemagne en fasse de même.
Autre point important. Pourquoi closent-ils ou refusent-ils d'ouvrir des comptes pour les médias russes (en l'occurrence en Allemagne, mais aussi dans d'autres pays)? Parce qu'il n'y a aucun reproche. Il n'y a rien à reprocher. Les médias russes travaillent de manière financièrement ouverte et transparente. Ils ne financent pas via leurs structures l'opposition systémique ou non systémique, ne pratiquent pas de machinations. C'est un autre facteur important pour clore ces comptes. Parce que si les médias travaillent ouvertement et honnêtement, conformément aux lois du pays d'accueil, le public du pays en question pourrait se demander ce qui est reproché à ces médias si leur activité financière est transparente et légale. Il ne reste que des motifs politiques.
Nous envoyons ce signal à Berlin et comptons sur un règlement positif de ce problème.
Sur l'article de Faustine Vincent intitulé "En Ukraine, la bataille des langues" paru dans Le Monde
Nous avons remarqué l'article de Faustine Vincent publié le 17 février 2021 dans Le Monde intitulé "En Ukraine, la bataille des langues", où elle écrit que "pour la sécurité nationale et face à la menace russe", il convient d'interdire à des millions de gens l'usage du russe. Nous n'avons pas cru qu'une telle chose ait pu être écrite dans le média non seulement d'un pays démocratique, mais dans la Patrie du libéralisme contemporain: en France. Il est écrit ensuite que "cela ne crée pas de tension" car la population, "dans sa majorité, a accepté positivement la nouvelle loi", et "seulement" 34% y ont réagi négativement.
Sergueï Parinov, directeur du service de presse de l'Ambassade de Russie en France, a préparé et envoyé le 24 février 2021 une lettre ouverte au directeur de publication du Monde. Malheureusement, nous avons une "riche" expérience et histoire d'interaction avec ce quotidien. Le plus souvent, il préfère ignorer nos requêtes officielles, c'est pourquoi nous publions cette lettre ouverte sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères.
Nous suggérons à tous les journalistes (y compris français) accrédités en Russie d'en prendre connaissance. Si ce thème intéresse vraiment les journalistes français, nous sommes prêts à répondre aux questions supplémentaires, à organiser des réunions, à aider à organiser de telles rencontres. Nous essaierons de nouveau de transmettre ce message au directeur de publication Jérôme Fenoglio, en attirant publiquement l'attention du correspondant du Monde à Moscou.
Nous attendons donc une réaction de cette publication française respectée. Je souligne de nouveau: ce n'est pas la première fois que des aberrations grossières sont publiées, et ce n'est pas la première fois que nos réponses contenant des démentis ne sont pas publiées.
Sur le blocage de plusieurs médias en ligne en Ukraine
Une nouvelle offensive est menée contre les médias en ligne en ce moment même en Ukraine. La commission nationale pour la régulation publique des communications et de l'information, se référant à une décision de justice, a forcé les opérateurs internet à bloquer quatre chaînes Telegram populaires et 426 sites sur le territoire du pays.
Cette fois, le gouvernement ukrainien a tenté de voiler cette censure et ce nouveau nettoyage de l'espace médiatique du pays des médias indésirables. Les blocages sont présentés comme résultant de décisions judiciaires prises suite à des plaintes de particuliers, ainsi qu'à l'issue d'enquêtes du Service de sécurité de l'Ukraine visant des médias en ligne prétendument prorusses. Nous sommes tous au courant de l'humanisme du Service de sécurité de l'Ukraine, savons à quel point il soutient la liberté d'expression et les valeurs démocratiques. Malheureusement, il ne faut pas s'attendre à ce que de telles enquêtes soient objectives.
Les nouvelles restrictions portent sur des sites d'actualité, de sport et de divertissement, des forums thématiques, les médias russes RBC, Argoumenty nedeli, Infopressa, Novosti Oukraïny, le réseau social Jivoï Journal et d'autres ressources. Plusieurs sources d'information ukrainiennes sont également bloquées. Certaines d'entre elles ont déjà porté plainte contre ces restrictions illégales adoptées sous des prétextes absolument fallacieux.
Nous avons exprimé plusieurs fois notre indignation face à l'inaction de la communauté internationale vis-à-vis de la politique ciblée de Kiev visant à restreindre la liberté d'expression et les droits des journalistes. Nous appelons les structures internationales compétentes à ne pas se faire mener par les superviseurs occidentaux de la pseudo-démocratie ukrainienne, qui couvrent constamment leurs protégés dans des affaires répréhensibles, et à donner leur avis sur l'offensive contre la liberté des médias en Ukraine.
Sur les déclarations de Kersti Kaljulaid, Présidente de l'Estonie
Nous avons remarqué les déclarations de la Présidente estonienne Kersti Kaljulaid à l'occasion de la journée de l'indépendance de l'Estonie, qui ont suscité une grande résonance publique dans ce pays.
Nous regrettons qu'en parlant, le jour de la fête nationale, du sentiment de "cohésion", la Présidente estonienne ne l'ai rapporté qu'aux "siens", aux Estoniens autochtones, en mettant l'accent non pas sur la cohésion réelle de la société mais sur la préoccupation pour la préservation de la langue et de la culture estoniennes. Cela sonne de manière d'autant plus destructive dans le contexte de la prétendue "menace émanant d'une grande force extérieure". Le même accent est mis en matière d'éducation, avec l'obligation de chaque "non Estonien" "d'envoyer son enfant dans une école avec des cours en estonien". En quelle année vivez-vous? Je rappelle que nous sommes en 2021. Vous avez adopté et signé un très grand nombre de documents juridiques internationaux prévoyant une attitude tolérante envers les minorités, la protection des langues nationales, la possibilité pour les personnes de différentes nationalités, opinions et confessions d'exprimer librement leur point de vue. Vous semblez tout oublier en un instant. On ne peut pas faire cela.
Cela explique la réaction très négative non seulement de nos compatriotes, mais également des principaux partis politiques estoniens. Dans une situation où les habitants russophones, représentant presque un tiers de la population du pays, continuent d'être confrontés à la discrimination dans tous les domaines de la vie en Estonie, ils sont inscrits de facto dans la partie "défectueuse" de la société estonienne. Impossible de l'interpréter autrement. Lisez vous-mêmes ce discours. Le plus regrettable est que c'est le chef de l’État qui s'est exprimé ainsi.
Sur les déclarations des rapporteurs spéciaux de l'Onu désignant la Russie comme responsable de la tentative d'assassinat contre Alexeï Navalny
Nous continuons de suivre la farce qui se déroule de nouveau autour de "l'empoisonnement" mythique d'Alexeï Navalny.
Nous constatons avec regret que cette fois, les rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l'homme de l'Onu, Agnès Callamard, en charge des exécutions extrajudiciaires, et Irene Khan, qui supervise l'application du droit à la liberté d'expression, ont apporté leur contribution à ce spectacle.
Elles ont simplement suivi la ligne de la tromperie britannique "highly likely" et ont récemment déclaré que les autorités russes étaient "très probablement" impliquées dans, je cite, "vraisemblablement à haut niveau" (presumably at high level) l'attentat. Incroyable! C'est un nouveau niveau de caractéristiques.
Nous regrettons que les rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l'homme de l'Onu, dont le travail doit se caractériser avant tout par une approche professionnelle et impartiale, en s'appuyant sur les faits, se rabaissent à des accusations banales complètement infondées en organisant de nouveau cette activité dans le cadre des anciennes directives mainstream de l'Occident.
Je voudrais noter qu'à ce jour aucun pays, aucune organisation, aucun laboratoire n'a apporté la moindre preuve de "l'empoisonnement" d'Alexeï Navalny par une certaine substance militaire toxique qui ne fait pas partie des listes de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Rien. Seulement des tweets, des déclarations, des références des uns aux autres et des réponses bureaucratiques aux requêtes officielles.
Honnêtement, il ne faut certainement pas s'attendre à l'apparition de telles informations. C'est pourquoi les spécialistes civils russes et allemands n'ont découvert aucune trace des fameuses substances militaires toxiques dans les échantillons d'Alexeï Navalny. Alors que le laboratoire de la Bundeswehr n'a pas appuyé de manière factuelle ses affirmations douteuses. Les rapporteurs spéciaux du CDH n'ont pas non plus reçu de telles informations de la part des autorités allemandes dans le cadre de leur prétendue enquête.
Je voudrais souligner que les autorités russes, dans un esprit de coopération responsable et de bonne foi avec les experts de l'Onu, ont envoyé à ces derniers en temps utile des informations exhaustives sur cette situation. On ignore pourquoi ils ne les ont pas utilisées lors de leur intervention à Genève. Notre réponse stipule clairement que le 20 août 2020, quand Alexeï Navalny s'est senti mal à bord de l'avion et a perdu connaissance, les médecins de l'hôpital n°1 d'Omsk lui ont fixé un autre diagnostic impliquant notamment "la probabilité d'une sérieuse aggravation de l'état du patient suite à une prise de médicaments avec des effets médicamenteux très spécifiques".
Cependant, nous voyons que l'avis des médecins russes a été ignoré par Agnès Callamard et Irene Khan. Je voudrais souligner que toutes les informations leur ont été envoyées. Nous ne comprenons pas pourquoi elles ont utilisé uniquement les informations du mainstream occidental. Nous considérons cette position des rapporteurs spéciaux comme préconçue et politiquement engagée, contraire aux termes du Code de conduite pour les procédures spéciales du CDH auquel les experts de l'Onu doivent se référer dans leur travail.
De plus, sur ce fond, nous ne cessons de nous demander quel est le rapport entre les mandats confiés à Agnès Callamard et Irene Khan, à savoir les exécutions extrajudiciaires et la liberté d'expression, et la campagne médiatico-politique globale qui se déroule sous nos yeux depuis six mois.
Nous sommes certains que "l'affaire Navalny" est une provocation artificiellement hissée au niveau international afin de créer dans l'espace international un faux agenda détournant l'attention du public international des véritables problèmes - un instrument d'ingérence dans les affaires intérieures de notre État.
Nous appelons instamment le Conseil des droits de l'homme de l'Onu à prêter attention au comportement inapproprié des rapporteurs spéciaux Agnès Callamard et Irene Khan, qui ont organisé cette farce à Genève.
Sur les déclarations de Josep Borrell, Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, devant le Parlement européen
Notre attention a été attirée par la série de critiques formulées par le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, lors des audiences au Parlement européen le 1er mars. Une nouvelle fois, le chef de la diplomatie européenne n'a pas réussi à se retenir de lancer des accusations gratuites contre notre pays: il a accusé la Russie de répandre de la "désinformation" concernant la pandémie de coronavirus. Il a réuni tous les clichés, les mythes et les contes de fées russophobes relayés par les médias occidentaux. La Russie chercherait ainsi à saper la cohésion et les "joyaux" démocratiques de l'UE, à induire en erreur et à intimider les Européens ordinaires, à leur inculquer la dangereuse idée selon laquelle le port du masque et le respect des restrictions sanitaires seraient inutiles. D'où Josep Borrell tient-il tout cela? On l'ignore.
L'incohérence et le cynisme de telles attaques sont débordants. Il est temps pour l'UE de cesser de justifier ses propres échecs dans la lutte contre cette maladie dangereuse en recourant à des "ruses de Moscou" - ou autres stratagèmes. Analysez ce qui se passe chez vous. Soyez honnêtes, soyez réalistes. Je rappelle que l'UE ne nous a toujours apporté aucune preuve tangible pour appuyer ses allégations.
En revanche, l'UE, ces mêmes structures de Bruxelles et certains dirigeants politiques de cette association, soutiennent l'opposition hors système dans notre pays qui, précisément, a répandu de la désinformation aussi bien auprès de la population russe que de la communauté occidentale concernant la pandémie. Souvenez-vous, en août 2020, Alexeï Navalny, soutenu actuellement par plusieurs représentants politiques en UE et en Occident, racontait qu'il n'y avait aucun vaccin en Russie, que c'était un mensonge, que le gouvernement russe ne songeait à rien de tel, que l'OMS n'a pas soutenu Moscou parce que, encore une fois, il n'existait aucun vaccin. C'est précisément la désinformation que vous attribuez à la Russie, tout en soutenant des individus qui la pratiquent. Alors où cherchez-vous des preuves de désinformation? Nous vous les avons présentées, elles existent, mais ne concernent pas les personnes que vous accusez.
De notre côté, nous avons proposé plusieurs fois à Bruxelles d'instaurer un dialogue professionnel sur la désinformation dans le cadre duquel nos experts pourraient, faits en mains, discuter des reproches réciproques dans ce domaine. Or nous avons bien plus de reproches. Dans la rubrique "Exemples de publications relayant de fausses informations sur la Russie" sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères, de telles publications sont nombreuses, tout comme les réactions aux articles de médias occidentaux. Il s'agit d'une tentative des journalistes occidentaux de déformer la réalité. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a réaffirmé notre disposition à un tel dialogue lors d'une conférence de presse conjointe à l'issue de son entretien avec Josep Borrell le 5 février dernier à Moscou.
Mais nos collègues de l'UE esquivent obstinément un dialogue honnête et objectif basé sur les faits. Je pense que la raison en est l'absence de preuves. Tout cela prête à penser qu'en réalité, l'UE n'a simplement pas d'arguments. C'est pourquoi elle n'est pas prête au dialogue, elle est seulement prête à formuler des accusations et des déclarations unilatérales. Cela donne l'impression qu'elle veut seulement mener une propagande antirusse quel que soit le prétexte, même le plus absurde, pensant que de cette manière ils forceront notre pays à "payer le prix" (comme l'a dit Josep Borrell) pour sa politique étrangère indépendante et ses succès évidents dans la lutte contre la pandémie.
Revenons aux faits. La Russie a prouvé par les actes sa disposition à lutter contre la menace mondiale avec d'autres pays, y compris les pays de l'UE. Le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell lui-même, lors de sa visite à Moscou, a publiquement noté les succès des virologues russes dans la mise au point d'un vaccin anti-Covid efficace. A l'heure actuelle, Sputnik V est déjà enregistré dans 39 pays, dont deux États de l'UE. Les tentatives de présenter cette réalité objective comme une ingérence de la Russie dans les affaires intérieures de l'UE ou une atteinte à sa cohésion interne sont déplacées. La politisation constante du thème de la lutte contre le coronavirus par les structures européennes, dictée par la concurrence déloyale, inflige un préjudice supplémentaire à l'image de l'UE. Cela ne renforce pas la confiance en elle en tant que représentant autonome et responsable de la communauté internationale.
Au lieu d'attiser l'infodémie coronavirale, qui menace réellement la santé des personnes à travers le monde, la direction de la diplomatie européenne devrait orienter ses efforts sur la normalisation de la crise qui perdure dans les relations avec la Russie par la faute de l'UE. Nous suggérons à l'UE de changer son ton public accusateur. Nous appelons, enfin, à entamer un dialogue preuves en mains sur les autres questions problématiques. Nous sommes prêts à une telle discussion, notamment dans le domaine public. Nous avons des choses à évoquer. Et il faut évidemment renoncer à la rhétorique conflictuelle insensée, passer à l'établissement d'un dialogue constructif avec notre pays sur une base équitable et dans le respect mutuel.
Nous réfuterons toutes les aberrations exprimées depuis les tribunes et sur les pages des institutions de l'UE sur les réseaux sociaux par une argumentation claire et en fournissant des informations factuelles véridiques.
Sur l'initiative, par le Canada, de "Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d'État à État"
Nous avons attentivement pris connaissance du texte de la "Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d'État à État" unilatéralement élaborée par le gouvernement canadien.
Sous couvert d'une fausse préoccupation pour la justice et les droits de l'homme, Ottawa a avancé une initiative douteuse dans l'esprit de "l'ordre mondial basé sur des règles" imposé par la "coalition des partisans des mêmes idées" menée par les États-Unis. Il s'agit d'une nouvelle manifestation de doubles standards et d'une hypocrisie scandaleuse pour justifier les tentatives de s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays et faire pression sur les États qui refusent de se soumettre au diktat de l'Occident collectif.
Tout cela en sachant que Washington a lancé à travers le monde une véritable chasse aux citoyens russes sous prétexte qu'ils auraient de prétendues revendications à leur égard. C'est dans ce cas précis qu'ils sont arrêtés arbitrairement et sans motif pour être condamnés aux États-Unis à de longues peines de prison dans des conditions inhumaines. Mais les défenseurs canadiens de la démocratie, tout comme ses défenseurs occidentaux, refusent de le voir.
Nous rejetons absolument cette initiative, la jugeons néfaste et estimons qu'elle ne fait qu'attiser la confrontation dans les affaires internationales en compliquant les relations russo-canadiennes déjà tendues.
Sur la célébration du 20e anniversaire de la signature de la Déclaration sur les principes des relations d'amitié et du partenariat avec le Nigeria
Le 6 mars marque le 20e anniversaire de la signature, pendant la visite du Président nigérian Olusegun Obasanjo à Moscou, de la Déclaration sur les principes des relations d'amitié et du partenariat entre la Fédération de Russie et le Nigeria. Ce document a donné une nouvelle dimension à la coopération bilatérale et a créé les prémisses à son passage au niveau supérieur.
En vingt ans, l'ensemble des liens russo-nigérians a connu un développement significatif. Les relations entre nos deux pays suivent actuellement une pente ascendante. La dynamique positive du dialogue politique est maintenue à haut niveau et au sommet, comme l'a confirmé la rencontre entre les présidents de la Russie et du Nigeria, Vladimir Poutine et Muhammadu Buhari, en marge du sommet Russie-Afrique à Sotchi en octobre 2019.
Une grande impulsion a été apportée à l'élargissement de la coopération bilatérale commerciale, économique, militaire et militaro-technique, ainsi que sociale. Nous travaillons à la réalisation de grands projets d'investissement russes au Nigeria, notamment dans les secteurs de pointe. Dans ce contexte, le partenariat prometteur dans l'énergie nucléaire, notamment l'éventuelle construction au Nigeria d'une centrale nucléaire et d'un Centre de science nucléaire et des technologies, revêt une importante particulière. Nous jugeons très prometteurs les domaines de coopération tels que l'exploration géologique, l'exploitation et le traitement conjoints des hydrocarbures. Nous poursuivons la formation de cadres nationaux nigérians dans les universités russes. Au total, notre pays a formé plus de 10.000 spécialistes pour le Nigeria.
Aujourd’hui, malgré l'impact négatif de la pandémie de coronavirus, les relations russo-nigérianes figurent toujours parmi les axes prioritaires de la politique étrangère de la Russie en Afrique occidentale et sur le continent africain dans l'ensemble.
Nous félicitons sincèrement nos partenaires nigérians à l'occasion de cette date mémorable de nos relations, et leur souhaitons paix, bien-être et prospérité.
Sur la célébration de la Journée de l'indépendance du Ghana
Le 6 mars, la République du Ghana célèbre sa fête nationale: la Journée de l'indépendance.
Les premiers Européens ont fait leur apparition au Ghana en 1482. Les pays européens cherchaient alors à établir un contrôle total sur la Côte-de-l'Or (ancienne appellation du Ghana). Le Royaume-Uni y est parvenu en 1901. En 1957, la lutte de libération menée par Kwame Nkrumah a conduit à la proclamation de l'indépendance du pays.
Les relations entre nos pays ont commencé à se construire immédiatement après que le Ghana a acquis son indépendance. En 1961 s'est déroulé un échange de visites au sommet: le Ghana a été visité par le Président du Conseil suprême de l'URSS, Leonid Brejnev, et le premier président ghanéen Kwame Nkrumah s'est rendu à Moscou. L'Union soviétique a contribué à la mise en place des bases de l'économie moderne de ce pays africain, lui a apporté une grande aide financière. Au Ghana a été créé un potentiel industriel, scientifique et technique très conséquent. L'énergie nucléaire comptait parmi les secteurs les plus importants de la coopération soviéto-ghanéenne: l'Union soviétique a apporté une contribution technique à la construction du premier réacteur nucléaire de recherche sur le territoire du Ghana et a formé des spécialistes qualifiés pour travailler dans ce secteur.
Aujourd'hui, la Fédération de Russie et la République du Ghana entretiennent un dialogue politique actif sur un large éventail de questions de l'ordre du jour africain et international, et mènent un travail successif pour développer l'ensemble des liens bilatéraux. Une impulsion importante au progrès des relations russo-ghanéennes a été apportée par la participation du Président Nana Akufo-Addo, à la tête d'une délégation ghanéenne, au sommet et au forum économique Russie-Afrique en octobre 2019 à Sotchi.
Nous félicitons chaleureusement les amis ghanéens à l'occasion de la Journée de l'indépendance et souhaitons bien-être, paix et prospérité.
Sur la situation actuelle au Niger
Selon les informations qui nous parviennent, la situation s'est dégradée ces derniers jours au Niger, où l'opposition a refusé de reconnaître les résultats du second tour de la présidentielle annoncés le 23 février dernier par la Commission nationale électorale indépendante, conformément auxquels la victoire a été remportée par Mohamed Bazoum, représentant du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme au pouvoir, ancien ministre de l'Intérieur, avec 55,75% des voix. Son rival Mahamane Ousmane, chef du parti d'opposition Convention démocratique et sociale, a été soutenu par 44,25% des électeurs.
Les manifestations organisées par plusieurs représentants politiques locaux ont dégénéré en confrontations contre la police, ayant entraîné deux victimes. Près de 450 manifestants ont été arrêtés. La situation est aggravée par l'activité terroriste accrue des groupes islamistes radicaux sur le territoire de la République.
Nous appelons toutes les forces politiques du Niger à faire preuve de retenue, à agir uniquement dans le cadre constitutionnel et à régler tous les litiges conformément à la législation nationale. Nous espérons que le Niger et ses institutions civiles poursuivront leur progression sur la voie d'un développement stable et démocratique.
Sur la publication de fuites de la correspondance du Ministère des Affaires étrangères de la France en 1994 concernant le Rwanda
Nous avons pris connaissance avec intérêt de l'investigation du média français Mediapart concernant les actions de Paris pendant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui se base sur les archives de l'ancien conseiller du Président français pour l'Afrique, Bruno Delaye.
D'après les informations divulguées, le Ministère des Affaires étrangères français était au courant que des dirigeants rwandais responsables des massacres de Tutsi se trouvaient sur le territoire contrôlé par les Français. Cependant, au lieu de traduire les coupables en justice, Paris "s'en est lavé les mains" en suggérant instamment aux individus mentionnés de quitter la zone de responsabilité de l'armée française.
Le génocide, qui a emporté un million de vies humaines au Rwanda, résulte directement de la politique néocolonialiste menée par les anciennes métropoles en Afrique. Nous savons qu'à l'heure actuelle les historiens français travaillent à un rapport spécial sur la politique étrangère de la France au Rwanda entre 1990 et 1994, dont la publication est prévue pour le 7 avril 2021. Nous estimons que ce document permettra de reconstruire le véritable tableau de la tragédie qui a eu lieu et évaluera correctement le rôle de la France dans ces événements.
Réponses aux questions:
Question: Une question concernant l'ingérence des États-Unis et de l'UE dans les affaires intérieures de la Fédération de Russie. Malgré tous les appels et les avertissements de la Russie concernant la pression par les sanctions, les États-Unis et l'UE ont décrété de nouvelles restrictions en prenant pour prétexte le prétendu empoisonnement du blogueur Alexeï Navalny. Les relations russo-américaines ont-elles atteint leur minimum historique? Quelle sera la réaction russe aux nouvelles sanctions américaines?
Réponse: Nous l'avons déjà commenté. Une publication a été faite sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères à ce sujet.
Question: Concernant la "générosité" américaine en des temps si difficiles. Le Ministère américain de la Défense a annoncé le 1er mars qu'il accordait à l'Ukraine une nouvelle tranche d'aide militaire de 125 millions de dollars pour accroître la capacité défensive du pays, en dépit de tous ses problèmes intérieurs. Le Pentagone a souligné que les États-Unis fourniraient des armes défensives létales qui permettront à l'Ukraine de se défendre plus efficacement contre "l'agression russe".
Existe-t-il des mécanismes, dans le cadre du droit international, pour instaurer un embargo militaire contre l'Ukraine compte tenu de la situation dans le Sud-Est? Si oui, qui doit initier cette procédure au regard de la violation des droits de l'homme dans cette région?
Réponse: Dans votre question - voire discours - vous avez abordé plusieurs thèmes très complexes. Sur certains d'entre eux, je vais donner une brève réponse car je les ai commentés plusieurs fois.
Premièrement, la coopération militaro-technique entre deux États souverains relève de leurs accords. Sachant que lorsqu'il est question de l'Ukraine, nous faisons allusion à un pays où le conflit intérieur est toujours en phase active. Nous surveillons la situation locale. Plusieurs éléments ne rendent pas optimistes et, au contraire, sont un signal alarmant quant à l'état des choses, la situation.
Au sujet de la "générosité" des États-Unis en général, qui fournissent des armes en Ukraine, je voudrais souligner encore une fois que cette affaire concerne deux capitales, deux États. Mais puisque vous avez posé la question, il me semble que ces derniers mois les citoyens ukrainiens avaient davantage besoin de vaccins que d'armes. Mais c'est juste une remarque.
Quant à votre question sur un certain embargo militaire, laissez-moi expliquer quel mécanisme juridique international existe pour décréter un embargo militaire. C'est l'une des mesures coercitives qui peut être décrétée contre un État seulement conformément à la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies en vertu du chapitre VII de la Charte de l'Onu "Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression". Nous qualifions les embargos unilatéraux non sanctionnés par le Conseil de sécurité d'ingérence illégale, du point de vue du droit international, dans les affaires intérieures d'un État.
Sachant que la détermination de l'existence d'une menace pour la paix, d'une violation de la paix ou d'un acte d'agression, motifs nécessaires pour évoquer l'adoption de telles mesures conformément à la Charte de l'Onu, incombe au Conseil de sécurité.
Question: Une fête importante a eu lieu hier pour la Russie et la Bulgarie: le 143e anniversaire de la libération de la Bulgarie du joug ottoman grâce à la guerre russo-turque de libération. Malheureusement, actuellement, nos relations bilatérales connaissent une période difficile à cause de la ligne pro-occidentale imposée, de la participation à différentes organisations. Mais notre peuple reste respectueux de son libérateur. A cet égard, la Fédération de Russie est-elle prête à étudier la possibilité d'annuler les visas entre nos pays pour renforcer les relations bilatérales?
Réponse: La Fédération de Russie est un partisan cohérent, voire un lobbyiste de la levée des barrières de visa avec la plupart des pays étrangers, y compris la Bulgarie. Nous étions prêts à ce processus. Vous êtes au courant des négociations qui se sont déroulées pendant plusieurs années avec l'UE qui, malheureusement, a décidé de les suspendre de son propre gré, sans lien avec la situation réelle. Je rappelle que toute simplification des formalités de visa ne peut se faire que de manière réciproque.
De notre côté, le pas en ce sens a déjà été fait. Après la levée des restrictions liées à la pandémie de Covid-19, nous avons l'intention de lancer un système de visas électroniques - ce qui faciliterait significativement la procédure d'obtention d'un visa pour se rendre en Russie.
La Bulgarie est inscrite sur la liste des pays dont les citoyens peuvent bénéficier de tels visas. En présence de démarches réciproques, nous sommes toujours prêts à examiner toutes les initiatives officielles des autorités bulgares en ce sens.
Je voudrais souligner que les propositions relatives à la levée des visas, conformément à l'éthique des relations internationales, ne sont pas annoncées via les médias mais dans le cadre des procédures de négociations appropriées.
Je souligne de nouveau que nous sommes prêts au dialogue.
Question: Des personnes explosent périodiquement sur des mines sur les territoires azéris libérés de l'occupation. L'Azerbaïdjan a souligné plusieurs fois que les autorités arméniennes n'avaient pas remis à Bakou la carte des champs de mine, ce qui permettrait de préserver de nombreuses vies. Cette question a-t-elle été soulevée dans le cadre des contacts trilatéraux ou bilatéraux entre la Russie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie? La Russie est-elle prête à apporter sa contribution en la matière?
Réponse: Nous soulignons constamment que ces problèmes relèvent de la compétence des casques bleus, du personnel du Ministère russe des Situations d'urgence. Ils aident directement sur place les autorités arméniennes et azéries dans les missions de sauvetage, participent chaque jour à ce travail. Je vous invite à leur adresser cette question.
Ces questions pourraient également être adressées à Bakou et à Erevan. Si vous avez besoin d'aide pour établir la liaison (mais je ne pense pas que ce soit le cas), je suis toujours prête à aider.
Question: Que pouvez-vous dire de l'article paru dans la Revue militaire indépendante, dont l'auteur appelle à déployer dans les Kouriles du Sud une arme nucléaire tactique soi-disant en tant que mesure de protection contre des provocations japonaises éventuelles?
Réponse: Ces derniers temps, en effet, des scénarios militaro-techniques en cas d'invasion armée hypothétique du Japon dans les Kouriles du Sud sont effectivement évoqués dans l'espace médiatique. Je voudrais souligner un point fondamental: cette discussion a démarré après une déclaration des autorités japonaises, notamment du député japonais Hodaka Maruyama, qui s'est prononcé en 2019 pour la prise de ces îles par la force.
Il faut le prendre uniquement comme une réaction à ces déclarations. Mais ce n'est pas une réaction du Ministère russe des Affaires étrangères: il s'agit de journalistes et d'experts.
Question: Comment pourriez-vous commenter la décision du Conseil des représentants permanents des pays de l'UE d'adopter de nouvelles sanctions contre des personnes physiques russes à cause de la situation en Ukraine?
Réponse: En ce qui concerne l'adoption par le Conseil de l'UE de nouvelles sanctions contre plusieurs représentants officiels russes, comme disait Mikhaïl Lermontov, "tout cela aurait été drôle si cela n'avait pas été si triste".
Cela donne l'impression que dans l'arsenal de mesures politiques et diplomatiques de l'UE vis-à-vis de notre pays, il ne reste qu'une seule "cartouche": le bouton des sanctions. Tout le reste semble "enrayé" et il ne reste qu'à appuyer sur celui-ci. C'est affligeant. Ils appuient dessus à tout bout de champ. On nous dit tout le temps que les sanctions sont censées nous punir, nous éduquer, nous forcer à changer nos approches et notre comportement. Ce n'est même plus triste: c'est ridicule.
Ces derniers temps, Washington, Bruxelles et beaucoup d'autres pays (notamment des responsables de la bureaucratie européenne, des représentants américains) prononcent cette phrase: "La Russie doit changer son comportement." Je ne vais pas commenter la partie liée à la Russie. Nous le faisons souvent. Mais suivons la logique. Si la Russie doit changer de comportement, alors elle doit visiblement, selon eux, se comporter comme les pays occidentaux. Ai-je bien compris? Comment doit se comporter la Russie si elle doit changer de comportement? Apparemment, selon leur modèle.
Voyons quels sont les plus grands "exploits" du monde occidental ces dernières années.
Invasion. C'est seulement hier que le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré qu'ils n'imposeraient plus la démocratie par la force. Avant cela, les États-Unis n'avaient renoncé à ce concept ni en théorie ni en pratique.
L'usage de la force pour parvenir à ses fins.
L'ingérence dans les affaires intérieures. Personne ne le cachait. Nous avons beaucoup parlé de l'Ukraine aujourd'hui. La France, l'Allemagne et la Pologne (sans parler des États-Unis) dictent leur volonté à Kiev depuis des années, ils modèlent puis modèrent la situation dans ce pays en "mode manuel".
Ensuite, nous assistons à l'éradication des médias jugés indésirables. Et les médias russes sont loin d'être le seul exemple. Combien y-a-t-il d'exemples, aux États-Unis et au Royaume-Uni, d'éradication de médias chinois, de journalistes d'autres pays et de leurs propres journalistes? La dernière série d'exemples concerne le blocage de centaines de milliers de comptes non seulement russes, mais également de leurs propres citoyens: de représentants politiques, de médias, de représentants publics, sur leurs propres réseaux sociaux.
Le comportement imprévisible sur la scène internationale. Ils forcent tout le monde à adhérer aux accords internationaux bénéfiques pour eux. Puis eux-mêmes s'en retirent en laissant la communauté internationale essayer de deviner ce qui arrivera ensuite. Ils versent des cotisations aux structures internationales quand ils veulent, et cessent de le faire quand cela n'est pas à leur avantage.
Voici seulement quelques exemples du comportement de l'Occident collectif, qui nous dit que nous devons changer de comportement. Ces exemples sont très nombreux. En théorie, cela confirme qu'ils progressent dans une certaine direction, et en pratique: la substitution du droit international. Qui l'a annulé? Personne. Aucune structure de l'Onu (ni le Conseil de sécurité ni l'Assemblée générale) n'ont adopté séparément ou collectivement quoi que ce soit annulant la Charte de l'Onu, le droit international ou, dans l'ensemble, enclenchant un changement de la base du droit international. Pourtant, le droit international est substitué par un ordre mondial basé sur des règles. Voici un autre exemple de la vie et du comportement de l'Occident collectif. Sans parler de la campagne de désinformation. J'ai parlé de l'ingérence dans les affaires intérieures, les exemples sont très nombreux: des scénarios de force, comme en Libye, aux scénarios hybrides comme en Ukraine, et ce qu'on appelle "soft" ou "velours", dont nous voyons de très nombreux exemples. Les problèmes intérieurs et leur règlement ne sont pas dignes d'être considérés comme un modèle.
Voici les exemples de conduite auxquels nous assistons du côté de l'Occident collectif. Sommes-nous sommés de nous adapter à ce comportement? Changer notre comportement pour cela? Bien sûr que non. Cela ne peut pas arriver, c'est impossible. C'est contraire à notre vision des relations internationales, de la manière dont les pays doivent et peuvent se comporter et établir les relations dans le milieu international. Il faut voir en profondeur, comprendre et s'interroger: quand des sanctions sont décrétées pour pousser la Russie à changer de comportement, il nous est proposé de prendre pour modèle le comportement de l'Occident collectif - or souvent il est simplement inadmissible.
Ces mesures sont prises par l'UE en contournant le Conseil de sécurité des Nations unies et, en conséquence, sont insignifiantes du point de vue du droit international. Tout le monde connaît bien les circonstances de la décision prise par l'UE. Bruxelles a lui-même mis en évidence l'usage des droits de l'homme à des fins politiques conjoncturelles. C'est un autre trait de caractère du comportement de l'Occident collectif quand les hauts objectifs, thèses et idéaux deviennent un instrument de lutte politique.
Nos appels adressés à l'UE pour revenir dans le cadre du droit international n'ont, encore une fois, pas été entendus. Au lieu de cela, en négligeant le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un État souverain, l'UE a déployé contre nos compatriotes un troisième régime de sanctions illégitimes créé à la va-vite. Les fonctionnaires bruxellois affirment que la mise en place de tels mécanismes "globaux" de sanctions renforcent "l'autonomie stratégique" de l'UE. C'est une fiction, un camouflage de l'obéissance de l'UE aux directives transatlantiques pour "contenir" la Russie, ce qui a été assez ouvertement reconnu à l'issue de la récente réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles. C'est un nouvel exemple qui témoigne que sous le prétexte de consolider les tâches et les objectifs se cache l'absence de solidarité et surtout l'absence d'unité pour trouver une solution aux problèmes réels.
On notera l'orientation des restrictions illégitimes de l'UE contre des dirigeants de certains organes publics fédéraux exerçant les fonctions de coopération avec les structures compétentes de l'UE et ses États membres dans le cadre de la réalisation de la "feuille de route" UE-Russie sur l'espace commun de liberté, de sécurité et de justice, ainsi que d'autres accords bilatéraux. Ainsi, Bruxelles a clairement montré une nouvelle fois qu'il ne souhaitait pas établir de coopération dépolitisée et normale dans ce secteur primordial.
Nous considérons les actions de l'UE comme une nouvelle occasion manquée de renoncer à la politique des ultimatums et de la pression, sans perspectives, de passer enfin à une coopération équitable et mutuellement avantageuse dans les relations avec la Russie.
La Russie ne laissera pas sans réponse symétrique cette nouvelle actions hostile de l'UE.
Question: La Russie dispose-t-elle d'informations concrètes sur le nombre d'Arméniens actuellement détenus en Azerbaïdjan?
Réponse: Les approches des parties vis-à-vis de ce problème divergent significativement. Les chiffres avancés par Erevan changent périodiquement. Bakou rapporte d'autres informations.
Compte tenu de ces divergences, je vous suggère de poser cette question aux autorités azéries et arméniennes. Je suis certaine qu'elles seront prêtes à donner leurs propres explications exhaustives.
A ce jour, avec la médiation des casques bleus russes, au total 79 personnes ont été transférées: 63 du côté arménien et 16 du côté azéri.
De notre côté, nous voudrions profiter de l'occasion pour souligner une nouvelle fois la position russe à ce sujet. Nous partons du principe que la formule optimale d'échange est celle de "tous contre tous". Nous pensons que le règlement rapide de ce problème permettra aux parties de tourner ces pages tragiques de leurs relations et de se concentrer sur la promotion d'un ordre du jour positif, notamment dans le secteur économique. Il en était question pendant le sommet des dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie le 11 janvier dernier à Moscou.
Question: A l'ordre du jour de la dernière rencontre des vice-premiers ministres de l'Arménie, de la Russie et de l'Azerbaïdjan figurait le déblocage des routes. Quels sont les progrès en la matière?
Réponse: Sur le site du gouvernement de la Fédération de Russie, le 28 février dernier, a été publiée la déclaration du vice-Premier ministre de la Fédération de Russie Alexeï Overtchouk à l'issue de cette rencontre. Je vous renvoie à ce document qui contient toute l'information.
Question: La Slovaquie est aux prises avec une situation difficile suite à la livraison du premier chargement du vaccin Sputnik V, étant donné qu'il n'est pas enregistré dans le pays. Il existe des craintes quant à savoir si la Slovaquie est capable de contenir le vaccin dans les conditions nécessaires. Des craintes qu'une manipulation incorrecte pourrait provoquer des conséquences négatives, puis des accusations directes de la Russie qu'il s'agit d'une "arme de guerre hybride". D'ailleurs, le Ministre slovaque des Affaires étrangères Ivan Korcok a déjà fait une telle déclaration officielle. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Ce n'est pas le premier ni le dernier qui fera de telles déclarations indignes de la situation actuelle dans le monde compte tenu de la pandémie. Elles paraissent étranges, voire barbares parfois. En ce moment, il faut se focaliser sur le moyen de surmonter les difficultés au lieu d'en créer de nouvelles. Les fournitures du vaccin en Slovaquie ont commencé suite à une demande gouvernementale de Bratislava. Ce n'est pas une violation des normes.
Nous avons constaté une vive réaction. Les déclarations mentionnées suscitent la confusion - et c'est peu dire. Cependant, les citoyens slovaques réagissent également. Ils envoient des mots de gratitude à notre Ambassade. C'est une réaction très sincère et positive.
Le fait que les fournitures du vaccin russe aient provoqué des différends politiques intérieurs en Slovaquie témoigne seulement de la présence de ces différends, notamment par rapport à la Russie. On ignore de quelle manière cela est lié au vaccin.
Ce thème doit être évoqué par les experts, et si les politiciens devaient y participer, ce serait seulement pour faciliter le dialogue professionnel au lieu d'apporter des complications supplémentaires. Nous sommes vraiment ravis de pouvoir aider un pays ami - c'est précisément ce qu'est la Slovaquie pour la Russie - en cette période critique de prolifération du nouveau coronavirus et de pénurie de vaccins. Je trouve que c'est aux spécialistes d'en parler: aux virologues, aux biologistes, aux immunologues, aux représentants d'affaires qui soutiennent la coopération dans le domaine médical, aux représentants du secteur des transports. Si l'on donne la parole aux représentants politiques, ces derniers doivent avoir à l'esprit la facilitation du dialogue et du sort des gens.
En ce qui concerne les conditions de stockage du vaccin, j'espère que le fabricant exprimera à court terme son avis à ce sujet.