16:24

Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, 4 mai 2018

852-04-05-2018

Sur les pourparlers des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la Russie et de l’Égypte au format "2+2"

 

Le prochain cycle de pourparlers entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la Russie et de l’Égypte est prévu à Moscou le 14 mai. Il est prévu d'organiser des entretiens séparés entre les ministres de chaque secteur, ainsi que des contacts au format "2+2".

Le mécanisme de consultations dans ce format, adopté en novembre 2013, souligne le caractère de confiance des relations russo-égyptiennes qui ont atteint un niveau de partenariat stratégique.

Durant ces contacts est prévu un échange substantiel d'avis sur l'agenda régional et international en mettant l'accent sur la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Une attention particulière sera accordée au renforcement de la coopération entre Moscou et Le Caire afin de régler les crises en s'appuyant sur les principes de respect du droit international, la souveraineté des États de la région et de non-ingérence dans leurs affaires intérieures. Il est également prévu d'évoquer les démarches coordonnées à adopter pour lutter contre les menaces globales du terrorisme et de l'extrémisme.

Les ministres analyseront la situation dans les principaux domaines de coopération russo-égyptienne et notamment les tâches pratiques visant à accroître le travail conjoint pour renforcer l'ensemble des relations bilatérales.

L’Égypte est l'un des principaux partenaires de la Russie au Moyen-Orient, dans le monde arabe et sur le continent africain. Nos pays sont historiquement liés par des liens d'amitié et de respect réciproque, de partenariat diversifié mutuellement bénéfique. Moscou est fermement disposé à poursuivre une coopération active avec l’Égypte dans les affaires régionales et internationales, à développer l'ensemble des relations bilatérales et à réaliser de grands projets communs dans différents secteurs.

 

Sur l'évolution de la situation en Syrie

 

La situation en Syrie continue d'être affectée par les conséquences négatives des frappes massives lancées contre son territoire par les USA, le Royaume-Uni et la France le 14 avril dernier. Comme l'ont déjà dit les experts russes, cette action agressive n'avait pas de grande importance du point de vue militaire. Comme nous l'avons déjà souligné, les motivations réelles d'une telle action étaient également absentes: les forces gouvernementales syriennes n'ont utilisé aucun produit chimique, il s'agissait d'une provocation sans appel grossièrement mise en scène par les opposants au processus de paix en Syrie.

Pour qu'il ne subsiste aucun doute à ce sujet, le 26 avril la Russie a organisé un briefing au siège de l'OIAC à La Haye. Moscou a tout fait pour faire venir un groupe d'habitants de Douma à ce briefing – participants malgré eux et témoins de cette mise en scène. Une partie de ces personnes avait déjà fait une déposition aux experts de l'OIAC sur place. D'ailleurs, il existe des spéculations comme quoi on aurait fait venir ces gens de Douma pour qu'ils ne puissent pas parler aux experts. Il y avait également de nombreux opposants au briefing dans l'enceinte de l'OIAC, qui disaient que cela pourrait perturber le travail des experts. C'est faux. Les Syriens eux-mêmes ont donné des explications aux experts, c'est pourquoi le déroulement du travail des experts sur place n'a été aucunement perturbé. Simplement, des pays qui ne sont présents ni en tant que représentants d'organisations internationales ni en tant que représentants de coalitions sur place ont eu la possibilité d'avoir un contact direct avec les habitants de cette ville.

La Russie voulait rendre cette situation parfaitement transparente, diffuser la vérité sur les faits en utilisant le discours direct et non rapporté. Malheureusement, les pays occidentaux ont solidairement boycotté cet événement. Pourquoi? La réponse est évidente: il est douloureux d'entendre la vérité.

Nous continuons de contribuer à l'enquête menée à Douma par les spécialistes de la Mission d'établissement des faits d'utilisation des armes chimiques, avant tout en garantissant leur sécurité. Tout se déroule selon les plans. Ils ont déjà prélevé des échantillons sur deux sites mentionnés concernant l'attaque chimique supposée (le dépôt et le laboratoire). On s'attend à ce que le travail technique de l'OIAC soit mené jusqu'au bout et qu'il débouche sur un rapport professionnel impartial.

Dans la soirée du 29 avril, plusieurs sites militaires syriens dans les provinces de Hama et d'Alep ont été attaqués par des missiles. Les frappes ont touché le site de stationnement de la 47e brigade syrienne au sud de Hama, un entrepôt près de l'aéroport Nayreb et de l'aéroport international d'Alep. Les autorités syriennes ont parlé de l'implication d'Israël dans l'attaque.

L'évacuation de combattants "irréconciliables" du Qalamoun oriental est terminée. Le 26 avril, le dernier groupe de bandes de 1 500 combattants avec les membres de leur famille ont quitté le nord de la Syrie. En parallèle, les autorités syriennes mènent la procédure de réhabilitation juridique des "repentis" et reconstruisent l'infrastructure socioéconomique dans les communes où les parties se sont réconciliées.

L'opération antiterroriste se poursuit au sud de Damas. Les forces gouvernementales ont repris à Daech plusieurs quartiers dans la banlieue de la capitale al-Khajr et al-Aswad, après quoi les terroristes ont dû reculer en profondeur du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk.

En parallèle, avec la médiation de représentants du Centre russe pour la réconciliation des belligérants, un accord a été passé avec les combattants du Front al-Nosra retranchés à Yarmouk. Il est prévu de les envoyer dans la province d'Idleb, et en échange près de 5 000 civils pourront quitter les villes de Fua et de Kefraya assiégées par Nosra dans cette région.

 

Sur les questions provocantes de certains journalistes occidentaux pendant la conférence de presse au siège de l'OIAC

 

Le 26 avril, les représentants de la Russie et de la Syrie auprès de l'OIAC ont organisé un briefing pour les pays membres au siège de La Haye, ainsi qu'une conférence de presse pour les journalistes. Le thème central de l'événement était le débat sur la mise en scène des fameux Casques blancs concernant une prétendue attaque chimique dans la ville syrienne de Douma. Je rappelle qu'à ces activités ont participé des Syriens qui sont devenus malgré eux des acteurs de ce spectacle et ne comprenaient pas ce qui se passait. Des enfants étaient également présents parmi eux. Je rappelle qu'il s'agissait d'Hassan Diab et de son père, ainsi que du personnel médical de l'hôpital où s'est déroulé le tournage des Casques blancs.

La sincérité et la droiture avec lesquelles les témoins de cette mise en scène ont parlé de leur vécu ne devaient, semble-t-il, laisser aucun doute. Mais comme c'est malheureusement le cas dans notre monde actuel, dans ces "miroirs déformants" tout paraît différent, du moins certains font tout pour cela.

Je voudrais présenter des fragments de ce briefing pour qu'il ne subsiste aucun doute quant à la mise en scène non seulement de certains fakes vidéo, mais également de toute la campagne médiatique qui implique des ONG, des journalistes financés par les gouvernements occidentaux et, malheureusement, des diplomates étrangers.

Je voudrais vous présenter quelques questions posées par les médias occidentaux aux Syriens venus à La Haye pour parler honnêtement de ce qui leur était arrivé.

Rupert Evelyn de la chaîne britannique ITV a demandé combien les participants syriens au briefing avaient été payés pour, selon ses termes, changer leur déposition au profit de la position russe et comment il avait été possible de les intimider? Ce n'est pas une question! Les journalistes avaient la possibilité de demander tout ce qu'ils voulaient: où étaient-ils au moment de l'attaque, qu'ont-ils ressenti, avaient-ils des douleurs aux yeux (puisqu'il est question de substances chimiques), où ont-ils couru, à qui ont-ils parlé, comment ils ont été retrouvés, comment se sont-ils préparés pour partir à La Haye, était-ce leur premier voyage à l'étranger? Or cette question était formulée comme une accusation - combien avez-vous été payés et comment vous avez été intimidés.

Ce n'est pas la seule question qui, honnêtement, m'a bouleversée personnellement. La représentante de BBC Anna Holligan a demandé si nous avions réfléchi à comment un petit garçon réussirait à gérer les médias internationaux et comment il surmonterait ce traumatisme! On a fait venir cet enfant d'un pays qui se vide de son sang depuis des années, déchiré par les activités militaires intérieures avec la participation active d'acteurs extérieurs. Mais les médias occidentaux qualifient de "traumatisme psychologique" sa venue et la possibilité de raconter lui-même ce qu'il a vu et entendu.

J'ai entendu des conseils donnés après ce briefing selon lesquels il fallait "préparer" les Syriens. Personne ne les a préparés. Ils ont subi tellement d'épreuves qu'ils étaient déjà prêts à  mener une discussion complètement honnête et sincère. Les questions qui leur ont été posées ne laissent aucun doute: elles s'inscrivaient dans la campagne d'intimidation dont parlent aujourd'hui les journalistes britanniques; et consistaient à accuser des personnes qui voulaient sincèrement raconter ce qui leur était arrivé.

Malheureusement, c'est un exemple précis de situation quand des journalistes jouent le rôle d'instrument entre les mains des propagandistes. Si nous parlons de propagande, alors c'en est. Je répète que ce n'étaient pas des représentants publics qui défendaient leur position, mais des journalistes qui doivent être indépendants et qui avaient l'opportunité unique de parler aux témoins présents sur les lieux de l'événement.

Je répète que personne n'a travaillé avec les Syriens, ils étaient tous disponibles pour une interview et répondre aux questions.

L'enregistrement intégral de la conférence de presse à La Haye est disponible sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères et de nos établissements diplomatiques.

Il ne fait aucun doute qu'en l'occurrence, il s'agissait d'un tandem entre les journalistes et les diplomates occidentaux. En parallèle avec la préparation des briefings en question, les diplomates occidentaux ont tout fait pour faire échouer ces événements. Ils ont fait pression sur le Secrétariat de l'OIAC et téléphoné pour intimider les pays membres en disant qu'il ne fallait pas y aller. Les représentants de 50 pays étaient présents. Un groupe de 17 États occidentaux n'a pas assisté à la conférence de presse, et après cela a été faite une déclaration sur les motifs de cette absence. Il s'agissait effectivement d'un jeu d'équipe qui est devenu flagrant. Nous avons des preuves que les diplomates occidentaux ont travaillé en liaison étroite avec les médias de leurs pays respectifs.

Je voudrais attirer votre attention sur le fait qu'après ces activités, nos collègues occidentaux ont jugé possible de qualifier cette conférence de presse de "sale mascarade" et de "grossier exercice de propagande". Évidemment, car les témoins venus de Syrie sont incomparables à ceux que nos collègues occidentaux amènent à l'Onu, montrent sur leur Twitter sur fond de drapeau de l'Onu, montrent au Conseil de sécurité des Nations unies sur des images où l'on voit par hasard une caméra d'une chaîne occidentale. C'est un cas complètement différent. Samantha Power a fait venir beaucoup de gens à l'Onu. Il serait naïf de supposer que les partenaires occidentaux n'ont rien à voir avec la visite de la fameuse fillette Bana Alabed en octobre 2017 au siège de l'Onu - vu l'immense campagne de publicité qui lui a été assurée dans les médias étrangers.

 

Concernant l'information sur la cessation du financement des Casques blancs

 

Malheureusement, de nombreux médias participant à la campagne antirusse encouragée par les gouvernements occidentaux ont trouvé des "héros" en la personne des Casques blancs. Mais qu'est vraiment cette organisation?

Apparus en 2013 uniquement à partir de volontaires syriens locaux, selon la page officielle des Casques blancs, ils ont été créés dans la ville turque de Gaziantep par l"ancien officier des renseignements britanniques et spécialiste privé de sécurité James Le Mesurier, dont les états de service incluent un travail dans les conditions des "interventions humanitaires" de l'Otan, notamment au Kosovo, en Bosnie, en Irak, au Liban, sans parler de ses liens avec la fameuse société de protection américaine Blackwater. Des gens intéressants se trouvent derrière l'histoire de la création de l'organisation Casques blancs, n'est-ce pas?

Selon les informations de l'Institut du sénateur Ron Paul pour la paix et la prospérité, l'organisation "Protection civile syrienne" (c'est sous ce nom qu'opèrent les Casques blancs) existe effectivement, mais elle a été créé il y a 63 ans et elle est membre de l'Organisation internationale de protection civile reconnue par l'Onu. Ce fut le cas jusqu'à ce que les Casques blancs ne commencent à utiliser illégalement son nom et à se cacher derrière son histoire.

Alors que sont les Casques blancs? C'est une prétendue organisation humanitaire qui s'est illégalement proclamée "Protection civile syrienne" pour "sauver des gens" en Syrie. Mais en pratique, ils apparaissent caméra à la main au bon endroit et au bon moment pour soi-disant apporter une première aide aux personnes touchées, notamment par des attaques chimiques, malgré leur absence de qualification. Je répète que tout cela est fait avec des équipements pratiquement professionnels – plusieurs vidéos sont apparues sur internet montrant comment ces tournages étaient montés. A de nombreuses reprises, il a été dit que ces images étaient une mise en scène. Ou alors les gens participant à ces tournages ignorent ce qui leur arrive tellement ces opérations se déroulent rapidement.

On a déjà tenté de remettre le prix Nobel de la paix à cette organisation, on lui a déjà attribué le Right Livelihood Award; le film "Casques blancs" a reçu l'Oscar du meilleur court métrage documentaire pendant la 89e cérémonie officielle de remise des prix en 2017. En principe, nous savions que personne n'avait l'intention de renoncer au concept exposé dans le film Des hommes d'influence - notamment les USA et l'Occident. Nous ignorions, je vous le dis sincèrement, que cela avait pris une telle ampleur.

A une époque, en France, une délégation de Caques blancs dirigée par Raed Saleh (nous en reparlerons) a eu droit à une réception qui aurait été envié par tout chef d’État (photos).

Contrairement à nos collègues occidentaux qui utilisent des accusations complètement fabriquées, nous voudrions citer plusieurs faits confirmés par des spécialistes et journalistes internationaux indépendants sur cette organisation. Des doutes concernant la nature humanitaire des Casques blancs ont été exprimés par la journaliste Cory Morningstar, le professeur de l'Université de Sydney Tim Anderson, la journaliste d'Asia Times Christina Lin et d'autres experts et journalistes. La Hamilton Coalition to Stop the War a lancé une pétition sur l'interdiction d'accorder aux Casques blancs le prix Nobel de la paix. Cependant, c'est la journaliste britannique indépendante Vanessa Beeley qui est allée le plus loin dans son investigation. Pendant plusieurs mois, entre autres sur le territoire syrien, et contrairement à de nombreux journalistes occidentaux en contact direct avec les habitants locaux, elle a étudié le "secret du succès" de ces héros dont l'organisation est véritablement reconnue en Occident. Les preuves recueillies par la journaliste sont à tel point irréfutables qu'elle a lancé une pétition pour retirer à l'organisation le prix The Right Livelihood Awards.

Sa principale conclusion est que les Casques blancs ne sont qu'une base d'appui du Front al-Nosra et des groupes extrémistes affiliés comme Harakat Nour al-Din al-Zenki, devenu célèbre après l'exécution démonstrative d'un garçon palestinien de 12 ans.

Les Casques blancs travaillent uniquement sur les territoires contrôlés par l'opposition. Il est étrange que ces travailleurs "humanitaires" apparaissent sur des images les armes à la main et en train de célébrer la victoire avec des combattants. Ce sont des images documentaires.

Les Casques blancs affirment qu'ils ne se trouvent sous l'influence d'aucun pays. Évidemment, personne n'est jamais influencé par qui que ce soit - ils prennent simplement l'argent. Les médias rapportent des dons conséquents reçus par l'organisation de la part de plusieurs États très engagés dans la crise syrienne – les USA, le Royaume-Uni, les Pays-Bas. On sait que le Fonds de développement du Qatar a annoncé une aide à leur profit pour acheter du matériel lourd et des équipements. Le montant de la somme n'est pas précisé, tout comme la nature du matériel. Les schémas de financement des Casques blancs sont très sophistiqués. Les racines de ce financement ont également une origine britannique, par exemple le fonds Mayday Rescue travaillant sur la Syrie, ainsi que plusieurs ONG douteuses de l'UE qui participent au soutien des Casques blancs.

Par ailleurs, plusieurs journalistes font remarquer que dans l'espace médiatique les Casques blancs bénéficient d'une importante promotion au niveau des organisations sponsorisées par George Soros. Beaucoup de choses ont été écrites sur son rôle dans la crise syrienne. Les Casques blancs reçoivent également un soutien médiatique sous la forme de services de promotion de la part de nombreuses organisations britanniques, américaines et moyen-orientales dont la renommée est loin d'être brillante.

En avril 2016, le leader des Casques blancs Raed Saleh (qui avait été reçu très chaleureusement par le Président français à une époque) s'est vu refuser l'autorisation d'entrer aux USA supposément pour ses liens avec les terroristes, comme l'a reconnu à la presse l'ancien porte-parole du Département d’État américain Mark Toner. Nous en avons parlé, mais nous voulions ajouter cette information - surtout quand on sait que les Casques blancs ont été pris plusieurs fois la main dans le sac. Mais pour la première fois, cela a été fait à une échelle aussi grande il y a quelques semaines. On ignore s'il y a une trace terroriste. Mais un fait reste un fait.

Selon les dernières informations, le Syrien soupçonné de l'attaque planifiée contre l'aéroport de Berlin était membre des Casques blancs d'Idleb. Honnêtement, il est effrayant d'imaginer combien de combattants généreusement financés par l'Occident se cachent derrière l'enseigne des Casques blancs.

Aujourd'hui on a appris une nouvelle fantastique: le Département d’État américain a suspendu le financement de l'ONG Casques blancs agissant en Syrie. Pourquoi? Le dernier "film" n'était pas à leur goût? Ou une autre raison explique cette décision? Honnêtement, on voudrait savoir combien d'argent exactement ont reçu les Casques blancs directement du gouvernement des USA et d'autres États, notamment de ceux qui ont récemment frappé la Syrie. Je pense que cela a une importance fondamentale pour comprendre comment fonctionne ce mécanisme de fake bien huilé.

Un autre point pour les journalistes qui voulaient tellement savoir combien ont été payés les Syriens qui sont venus à La Haye. Pourquoi ne pas demander combien étaient et sont payés les Casques blancs? Après tout, c'est le fond de la question.

Honnêtement, nous ignorons (c'est une question pour les futures investigations journalistiques) quelle est la raison de la suspension du financement et si elle est définitive ou temporaire. Difficile à dire. Honnêtement, il me semble que cette question est aujourd'hui très pertinente.

Je pense qu'après la dernière révélation, le travail des Casques blancs, criminel du point de vue médiatique, fera parler de lui pendant longtemps - de ce qu'ils feront et surtout de ce qu'ils ont déjà fait. Je suis convaincue que de nombreuses révélations seront encore faites.

Je voudrais dire que le projet des Casques blancs, créé pour la crise syrienne, est à part en termes d'envergure: peu ont reçu un Oscar et ont été nominés au prix Nobel de la paix pour une telle activité. Ce n'est évidemment pas la première fois de l'histoire des relations internationales que des mises en scène constituent la base de décisions cruciales de la communauté internationale.

 

Sur les accusations visant la Russie concernant la prétendue attaque chimique de Douma

 

Nous continuons d'être accusés d'avoir participé à la prétendue attaque chimique dans la ville syrienne de Douma le 7 avril. En dépit de toute l'absurdité et de la mise en scène de toute cette action, cette campagne ne s'apaise pas. Nous avons dit plusieurs fois que nous n'appelions pas à croire qui que ce soit sur parole, mais à une enquête minutieuse, notamment par l'OIAC, sur ce qui s'est passé à Douma. Malheureusement, tous les prétendus "experts" ne possèdent toujours aucune information factuelle de terrain, même celle que nous sommes prêts à fournir, et préfèrent s'appuyer sur les fakes des Casques blancs.

Je voudrais rappeler un cas de l'histoire récente.

Le 6 août 2007, le gouvernement géorgien de l'époque avait accusé la Russie d'avoir tiré des missiles contre un radar géorgien près de Gori. Les chaînes locales avaient diffusé les images d'une inspection du président Mikhaïl Saakachvili et d'autres dirigeants du pays des débris d'un missile qui n'avait pas explosé sur les lieux près du village de Tsiteloubani. C'est en s'appuyant sur ces images qu'un groupe d'experts "indépendants" a émis une déclaration accusant la Russie - en partant d'une information unilatérale et non vérifiée apportée par l'équipe de Mikhaïl Saakachvili. Ce groupe indépendant a refusé tout contact avec les experts russes. A l'époque, cette mise en scène avait servi de prétexte pour aggraver les relations. Aujourd'hui on constate la même chose mais à une échelle bien plus importante, notamment avec les agissements des Casques blancs sur le territoire syrien.

En 2007, un groupe d'experts russes avait été envoyé en Géorgie pour mener une enquête conjointe. Les preuves réunies ont clairement réfuté la version de l'équipe de Mikhaïl Saakachvili. Ce dernier a esquivé la coopération avec l'enquête en détruisant hâtivement le compartiment central du missile, qui était la preuve principale.

Les conclusions tirées par la communauté internationale n'ont laissé aucun doute quant à savoir qui avait commis l'agression et comment. Malheureusement, c'était une agression de la part de l'équipe de Mikhaïl Saakachvili contre l'Ossétie du Sud. On espère que ces pages tragiques de l'histoire, que nous avons vécues, ne se reproduiront pas. Même si nous percevons aujourd'hui les prémisses du contraire.

 

Sur les développements de l'"affaire Skripal"

 

Comme nous l'avions dit, il y a des nouvelles sensationnelles sur l'"affaire Skripal". Nous avons remarqué l'apparition, sur les réseaux sociaux, de l'information selon laquelle le gouvernement britannique utilisait ce qu'on appelle la D-notice (interdictions d’État relatives à la couverture de certaines circonstances dans les médias concernant des informations d'"importance majeure") afin de bloquer les investigations journalistiques sur l'empoisonnement de Sergueï et Ioulia Skripal à Salisbury le 4 mars. En particulier, selon les informations rapportées, le gouvernement britannique a interdit de mentionner dans les médias, en rapport avec l'affaire Skripal, son superviseur supposé au sein du renseignement britannique Pablo Miller. Les autorités du pays ont également bloqué l'apparition d'informations sur les liens entre Pablo Miller et la société Orbis Intelligence spécialisée dans les renseignements d'affaires, où travaillait également le rédacteur du dossier sur le Président américain Donald Trump Christopher Steele, ancien officier du MI6. Il est intéressant de voir comme tout s'imbrique.

Je pense que les représentants honnêtes et indépendants de la communauté journalistique pourraient participer aux efforts pour rétablir les circonstances réelles de ce crime que Londres cherche si consciencieusement à cacher.

Nous continuons de scruter les développements de l'"affaire Skripal". Nous nous impliquons non pas formellement mais réellement dans le sort des citoyens russes, nous attaquons pratiquement le Royaume-Uni pour que nous soit accordé un accès à toute information factuelle afin de savoir où se trouvent les Skripal et quel est leur état de santé.

Nous soulignons que la campagne médiatique lancée par les autorités britanniques autour de cet incident, utilisée par Londres pour accuser gratuitement la Russie, s'est nettement apaisée. Apparemment, quand l'affaire est allée jusqu'à la nécessité pour Londres de donner des réponses claires aux questions concrètes, tout son intérêt a immédiatement disparu. Nous voyons également que les médias britanniques, qui "fouillent" traditionnellement dans les affaires de ce genre pour trouver jusqu'au bout des informations, n'essaient même pas d'interviewer les Skripal, il n'y a aucune fuite supposant des photos ou des vidéos des citoyens russes. Il n'y a aucune information sur leur état réel, l'endroit où ils se trouvent, leurs plans à venir, etc. Un tel comportement laisse penser à une censure de l’État très ferme au Royaume-Uni, et à des tentatives flagrantes de Londres d'empêcher les fuites - tout en sachant que toute l'étape précédente de la médiatisation de l'affaire était précisément basée sur les fuites. Cette fois, tout est bloqué. Les fuites qui sont bloquées aujourd'hui pourraient confirmer l'implication des autorités britanniques dans cette provocation antirusse, c'est pourquoi elles sont bloquées.

La population britannique est maintenue dans l'ignorance concernant les moments-clés de cette affaire. Il est question de l'utilisation de l'arme chimique sur le territoire britannique, comme l'a déclaré Theresa May. On voudrait une suite. On passe sous silence les informations sur l'activité du laboratoire secret de Porton Down près de Salisbury. Apparemment, les victimes sont bien cachées par les renseignements britanniques. Je répète que nous n'avons aucune information sur ce qui se passe avec les Skripal.

Une déclaration sensationnelle a été faite par le directeur du Secrétariat de l'OIAC Ahmet Üzümcü: il affirme que la quantité de substance utilisée pour soi-disant empoisonner les Skripal était de 50-100 grammes. Selon les experts, 50-100 grammes de substance chimique, s'il est question de la substance évoquée par le Royaume-Uni et dans l'enceinte de l'OIAC, suffisent pour empoisonner les habitants des quartiers environnants, et pas seulement de deux personnes. Or, affirme-t-on, non seulement ils ont survécu mais ils fonctionnent normalement, du moins c'est ce qui a été dit dans le communiqué qui aurait été écrit au nom de Ioulia Skripal. Est-ce possible? On se demande de plus en plus s'il y avait au moins quelques mots de vérité dans les déclarations officielles du gouvernement britannique ou si tout cela n'était qu'un mensonge.

Via les canaux officiels, le gouvernement britannique ne donne aucune réponse intelligible à nos questions légitimes et claires, il refuse tout dialogue pour éclaircir les causes et les circonstances de l'incident, pour identifier les coupables. Nos exigences légitimes d'avoir un accès consulaire aux Russes qui, nous dit-on, ont été victimes d'une attaque chimique, sont ignorées. Cela reste encore à élucider. Mais il n'est plus à prouver qu'ils ont été victimes de cette provocation. C'est absolument inadmissible.

Vous le savez, l'Ambassade de Russie à Londres envoie pratiquement tous les jours des requêtes officielles au Foreign Office. Près de 40 notes ont déjà été envoyées avec près de 60 questions. Aucune réponse n'a été donnée aux deux tiers des questions - aux autres nous avons reçu des réponses bureaucratiques. Sachant que dans ces dernières, les Britanniques déforment les faits et emploient une rhétorique dure et conflictuelle qui témoigne seulement de l'intention de Londres de continuer à porter préjudice à nos relations bilatérales.

Aucune déclaration politique - même au plus haut niveau, et qui plus est la rhétorique que nous entendons dans l'espace public -, pas plus que tout ce qui a été utilisé par Londres, ne pourra remplacer le travail professionnel dans le cadre des mécanismes juridiques internationaux appropriés.

A cet égard, nous attirons votre attention sur le fait qu'en réagissant à notre requête officielle dans le cadre du paragraphe 2 de l'article IX de la CIAC, le Royaume-Uni a démonstrativement omis un ensemble de questions centrales, à savoir:

- le Royaume-Uni a-t-il élaboré des échantillons de la substance toxique militaire de type "Novitchok" ou ses analogues?

Qu'y a-t-il de compliqué dans cette question? Est-ce que ceux qui suivent la situation autour de l'"affaire Skripal" ne voudraient pas connaître la réponse? Si vous ne voulez pas répondre à la Russie, répondez aux autres. Cette question se pose depuis longtemps. A-t-on élaboré le "Novitchok" sur le territoire britannique ou non?

- à partir de quels signes (marqueurs) a été déterminée la prétendue "origine russe" de la substance utilisée à Salisbury?

- le Royaume-Uni dispose-t-il d'échantillons de test de la substance appelée "Novitchok" par les Britanniques?

Ce sont des questions banales qui ne nécessitent pas de recherches en laboratoire ou la publication d'informations confidentielles.

Toutes ces questions restent sans réponse. Une chose est sûre: Londres n'a pas du tout pour objectif de découvrir la vérité dans l'"affaire Skripal" et cherche uniquement à inspirer des accusations publiques infondées visant la Russie ainsi qu'à cacher par tous les moyens toutes les informations factuelles à ce sujet.

Nous voudrions espérer qu'en dépit de tous les problèmes et des divergences fondamentales entre nous, le Royaume-Uni restera un État civilisé et responsable capable de trouver en lui la force de dialoguer et de travailler ensemble sur cette affaire, et ne s'abaissera pas jusqu'à l'escalade définitive et l'interruption totale des relations bilatérales.

Nous appelons le Royaume-Uni à renoncer à la politique irresponsable vis-à-vis de la Russie pour passer à une coopération substantielle et responsable aussi bien dans le cadre des formats et des mécanismes juridiques internationaux que des formats bilatéraux. En particulier, nous attendons de Londres une coopération honnête dans le cadre de l'enquête pénale ouverte par le Comité d'enquête russe le 16 mars suite à l'incident de Salisbury pour tentative d'homicide avec préméditation et des demandes d'aide juridique envoyées par le Parquet russe aux autorités britanniques.

 

Sur les accusations de la Première ministre britannique Theresa May

 

Je voudrais également rappeler que les accusations que s'est permise de formuler la Première ministre britannique contre la Russie étaient basées sur ces trois prétendues preuves.

Premièrement. Le gouvernement de Theresa May a déclaré avoir identifié le pays qui avait fabriqué la substance chimique qui aurait servi à empoisonner les Skripal. Cette accusation a été réfutée par les experts britanniques eux-mêmes en la personne du directeur du laboratoire de Porton Down.

Deuxièmement. Londres affirmait (la Première ministre britannique Theresa May et les membres de son cabinet en ont parlé plusieurs fois) que seule la Russie pouvait avoir des motifs pour empoisonner les Skripal compte tenu du "mauvais comportement" historique de notre pays et parce que la Russie voyait des "cibles à assassiner" dans certains fugitifs.

Cette accusation a été clairement démentie par la Russie faits en main en citant des preuves réelles de l'infraction régulière par le Royaume-Uni des normes du droit international, de l'éthique et de la morale au profit de ses propres "intérêts nationaux", tout en énumérant plusieurs motifs évidents et favorables pour Londres de cette provocation. L'un des motifs est évident: discréditer la voix de la Russie sur le dossier chimique syrien. Immédiatement après la phase active d'exacerbation de la provocation autour de l'"affaire Skripal" a été publiée la vidéo fake des Casques blancs qui sont également financés par les autorités britanniques, y compris indirectement. Puis des frappes ont été lancées contre la Syrie, notamment avec la participation du Royaume-Uni. C'est pourquoi on peut éternellement parler des motifs et de la nécessité de propager cette affaire et de l'intérêt de Londres dans cette situation. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres - ils sont innombrables.

Troisièmement. Le gouvernement de Theresa May affirmait que le "Novitchok" aurait été fabriqué uniquement en Russie.

 

Sur les résultats de l'enquête menée en République tchèque sur la possibilité que la substance chimique "Novitchok" ait été produite dans le pays

 

Vous le savez, dans son interview d'hier à la chaîne Barrandov le Président tchèque Milos Zeman, se référant au rapport du renseignement militaire tchèque, a reconnu que l'institut de recherche militaire de Brno avait fabriqué et testé en faible quantité la substance toxique de classe "Novitchok".

Nous voudrions rappeler qu'après les accusations gratuites et complètement infondées des autorités britanniques concernant l'implication de la Russie dans l'"affaire Skripal", nous avons immédiatement insisté sur la nécessité de procéder à la vérification la plus rigoureuse qui soit pour enquêter sur ce crime. A l'époque déjà, nous avions noté que les substances toxiques de ce type (je rappelle qu'il s'agit bien de classification occidentale) auraient pu être fabriquées dans plusieurs pays, y compris des membres de l'Otan disposant de laboratoires chimiques militaires spécialisés. Quand nous avons mentionné la République tchèque en tant que pays disposant de telles capacités (je souligne que personne n'a accusé qui que ce soit – nous n'agissons pas comme Londres), nous avons été immédiatement accusés de propager des fake news. Je vais faire une sélection d'articles dans la presse occidentale et européenne qualifiant nos déclarations de fake news. Nous avons également été accusés de vouloir définitivement brouiller tout le monde. Vous vous souvenez, pratiquement tout le gouvernement tchèque et l'establishment politique, sans la moindre analyse de la question, a catégoriquement nié cette possibilité en désignant la déclaration russe comme la raison principale de la décision d'expulser trois diplomates russes du pays.

Quelques semaines plus tard, le Président tchèque Milos Zeman annonce que l'institut de recherche militaire de Brno a fabriqué le "Novitchok". Ces déclarations devront être suivies d'autres, notamment de la part de la République tchèque.

Je rappelle que peu de politiciens ont trouvé le courage à l'époque de ne pas céder à l'hystérie générale intentionnellement propagée pour prôner une enquête rigoureuse.

Quel est le résultat? Des informations très négatives pour ceux qui ont initié cette campagne antirusse font immédiatement surface dès qu'on mène une enquête indépendante et impartiale sur les arguments russes. Les experts britanniques ont reconnu qu'ils ne disposaient pas de preuves de la fabrication du "Novitchok" en Russie. A présent, la République tchèque confirme le bien-fondé des préoccupations russes. Je rappelle que cette information ouvertement annoncée et partagée a eu droit à tous les épithètes possibles et imaginables. C'est pourquoi, depuis le début, Londres a tout fait pour écarter les experts russes de la participation à l'enquête et leur refuser l'accès aux échantillons de la substance avec laquelle a été commis le crime rapporté. Apparemment, l'unique crainte était que toute cette combine rusée s'effondre et que la vérité soit dévoilée. Et c'était justifié. Comme on dit en Tchéquie: "pravda vitezi" ("la vérité l'emporte").

Vous voyez, la République tchèque a agi de manière honnête et courageuse en reconnaissant officiellement et en rendant publique cette information. Je voudrais rappeler à tous, y compris les citoyens de cet État, que c'est bien Londres qui a entraîné la Tchéquie dans une confrontation avec la Russie, que c'est sous la pression des autorités britanniques que l'affaire est allée jusqu'à l'expulsion de diplomates russes. Aujourd'hui il s'avère qu'il n'y avait aucune justification à cette campagne. Toutes les accusations, les prétendues "trois preuves de base", n'ont pas tenu trois semaines.

Maintenant, nous attendons une réponse d'autres pays dont nous avons parlé et qui avaient et ont encore la possibilité de fabriquer "Novitchok".

Il y a une autre question à poser: qu'en est-il de l'Otan? N’était-elle au courant que le "Novicthok" était synthétisé sur le territoire tchèque il y a littéralement un an? Vous y croyez? De plus, nous avons dit que sur le territoire tchèque se trouvaient des spécialistes d'un laboratoire otanien qui s'occupaient de ce genre de questions. Est-ce que quelqu'un croit que l'Otan ignorait que le "Novitchok" était synthétisé en Tchéquie? Bien sûr, l'Otan le savait - et pas seulement. Mais voici une bonne question: qui, comment et à quel niveau a supervisé ces programmes au niveau de l'Otan? C'est une première question. Deuxième question: quels autres pays (on voudrait entendre précisément une déclaration officielle de l'Alliance) membres de l'Otan menaient de telles recherches?

Nous avons remarqué la requête d'un groupe de 60 députés européens qui ont adressé une lettre ouverte aux États membres de l'UE pour appeler les représentants officiels à suivre l'exemple des autorités britanniques et islandaises en renonçant à assister aux matchs de la Coupe du monde de football en Russie. On pourrait ne pas en parler, mais une fois de plus il a été déclaré dans cette lettre que l'"attaque de Salisbury" était l'une des dernières "moqueries" du gouvernement de notre pays sur les valeurs européennes. On voudrait suggérer aux députés européens soit de lire l'actualité, soit de jouer au football. Cela aide.

 

Sur les déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu concernant le programme nucléaire iranien

 

On parle du programme nucléaire iranien. On voudrait que soit utilisé une autre thèse, un autre terme: le Plan d'action global commun qui a fait l'objet d'un accord. Mais, malheureusement, dans l'espace médiatique, notamment de la part des représentants officiels, nous entendons précisément le terme "programme nucléaire iranien".

Nous avons reçu de nombreuses demandes de commentaires concernant la déclaration du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur la prétendue composante militaire du programme nucléaire iranien.

Nous attirons l'attention sur la déclaration du Secrétariat de l'AIEA du 1er mai indiquant qu'en 2015 déjà le Directeur général de l'Agence Yukiya Amano avait exprimé son avis concernant les informations à disposition du Secrétariat sur les "recherches supposées" de Téhéran dans le domaine nucléaire militaire. En s'appuyant sur cet avis, le Conseil d'administration de l'AIEA a définitivement clos ce dossier dans sa résolution du 15 décembre 2015.

L'éclaircissement des questions mentionnées était une condition-clé pour lancer la mise en œuvre pratique du Plan d'action global commun conformément à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. Par conséquent, la communauté internationale a reconnu que ce thème était clos.

Nous voudrions souligner qu'aujourd'hui l'Iran est le pays le plus inspecté du monde par l'AIEA. Dans le cadre de l'"accord nucléaire", Téhéran a accepté d'appliquer le Protocole additionnel à l'accord sur les garanties générales, qui est un instrument-clé de l'AIEA pour confirmer que le matériau nucléaire est exploité en Iran uniquement pour une activité pacifique. C'est le principal objectif du Plan d'action. Le directeur général de l'AIEA a souligné plusieurs fois le niveau sans précédent de coopération entre l'Agence et Téhéran, confirmant que l'Iran respectait à part entière ses engagements. L'AIEA n'a aucun problème avec l'application du Protocole additionnel en Iran et avec la garantie de l'accès à tous les sites qui intéressent l'Agence.

Nous trouvons inadmissible la substitution des instruments dans le domaine des garanties et des pratiques de vérification établies par l'Agence qui ont entièrement prouvé leur efficacité, les différentes insinuations, les spéculations et d'autres informations non vérifiées qui sont nombreuses actuellement dans les médias.

Nous partons du fait que toutes les questions concernant les vérifications de l'AIEA en Iran doivent être réglées strictement dans le cadre des outils de l'Agence. Tout problème concernant directement la mise en œuvre du Plan d'action doit être évoqué uniquement par les membres de la commission des Six et de l'Iran. Tous les mécanismes nécessaires pour cela sont prévus dans le cadre du Plan.

La Russie continue de remplir ses engagements dans le cadre de ce document et se tiendra à cette ligne fondamentale tant que les autres participants agiront en parfaite conformité avec les termes de l'accord et de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies.

 

Sur la situation au Venezuela

 

L'élection présidentielle aura lieu dans ce pays le 20 mai. Le Président sortant et plusieurs candidats d'opposition ont l'intention d'y participer. Les préparatifs battent leur plein. Nous avons reçu cette information de première main de la présidente du Conseil national électoral du Venezuela Tibisay Lucena qui s'est rendue à Moscou les 24 et 25 avril pour rencontrer la direction de la Commission électorale centrale (CEC) russe, du Ministère russe des Affaires étrangères et du Conseil de la Fédération. Le CEC russe a accepté l'invitation des autorités vénézuéliennes et enverra une délégation pour participer à l'accompagnement international de la prochaine élection.

Selon nos informations, d'après les sondages publics publiés, le peuple vénézuélien a l'intention de participer au vote. Cela montre clairement que les gens sont fatigués de la violence, de la manifestation des sentiments radicaux, veulent que les problèmes et les différends soient réglés de manière civilisée.

Dans le même temps, force est de constater, malheureusement, que les appels extérieurs à boycotter l'élection ne cessent pas. Au fur et à mesure que la date du vote approche, non seulement Washington ne renonce pas à la ligne de changement du pouvoir par la force dans le pays, mais renforce également la pression sur Caracas en utilisant des mécanismes de restriction unilatéraux, cherche à "isoler" le Venezuela. L'objectif final du durcissement des sanctions, y compris financières et pétrolières, est évident: provoquer une crise de la dette et, par conséquent, aggraver la situation socioéconomique du pays. Nous assistons régulièrement à de tels scénarios dans d'autres États. C'est ainsi qu'on crée des prémisses pour que se manifeste un large mécontentement de la population. Les gens sont poussés à la révolte contre le gouvernement avec des conséquences négatives prévisibles et même catastrophiques.

Nous sommes certains que quelles que soient les raisons et les formes de la lutte politique qui a lieu au Venezuela entre les différentes forces, même si parfois leurs approches sont opposées, cette confrontation ne doit en aucun cas mener à la destruction de la structure étatique vénézuélienne.

Nous pensons que le rôle de la communauté internationale ne consiste pas à attiser la confrontation entre les Vénézuéliens. Il est nécessaire de les aider à trouver une entente intérieure concernant le renforcement de leur État. Nous sommes ravis que les voisins latino-américains du Venezuela, malgré l'immense pression, analysent le règlement du problème uniquement dans le champ légal à travers un large dialogue national.

C'est le droit de chaque État de choisir lui-même les formes de démocratie conformément aux procédures constitutionnelles et juridiques sans pression extérieure. Nous appelons constamment à la recherche d'une entente, à la stabilité qui permettra ensuite, avec une concurrence saine entre les forces politiques constructives, de déterminer le futur développement du Venezuela dans le domaine de l'économie et de la politique. La prochaine élection est une opportunité importante pour parvenir à la réconciliation civile. Il est à courte vue et contreproductif de la manquer ou de l'ignorer intentionnellement.

Nous souhaitons sincèrement au pays ami qu'est le Venezuela un déroulement organisé, pacifique et réussi du vote du 20 mai.

 

Sur la situation actuelle en Arménie

 

Conformément à la Constitution arménienne, l'Assemblée nationale du pays doit organiser une nouvelle élection du premier ministre arménien le 8 mai. Vous le savez, le scrutin du 1er mai n'a donné aucun résultat.

A l'heure actuelle, la situation à Erevan et dans le pays s'est stabilisée dans une certaine mesure.

De notre côté, nous avons plus d'une fois noté que nous prônions le règlement des problèmes intérieurs de l'Arménie fraternelle en conformité avec la Constitution du pays, dans le champ légal, à travers un dialogue constructif entre les différentes forces politiques de la République. Cette position de principe a été réaffirmée dans la déclaration d'hier du Ministère russe des Affaires étrangères.

Dans le domaine des relations bilatérales, nous restons immuablement disposés à poursuivre le travail conjoint avec nos partenaires arméniens pour développer et renforcer notre coopération d'alliés et d'intégration.

 

Quatre ans après les événements du 2 mai 2014 à Odessa

 

Mercredi 2 mai marquait le quatrième anniversaire des événements sanglants de 2014: une attaque de radicaux ukrainiens dans la Maison des syndicats d'Odessa avait alors fait plusieurs dizaines de tués et des centaines de blessés dans un incendie.

Les coupables de cette horrible tragédie qui a bouleversé le monde n'ont toujours pas été traduits en justice. En dépit des appels des organisations internationales et des ONG des droits de l'homme à mener une enquête minutieuse sur ce crime ignoble, Kiev couvre obstinément ses organisateurs et ses exécutants. De plus, ceux qui ont échappé aux persécutions de ces "animaux" sont aujourd'hui poursuivis ou en détention.

Le cynisme des autorités ukrainiennes est débordant. Ce n'est pas le premier cas. Pour l'anniversaire de cette terrible tragédie, elles ont donné le feu vert pour que des extrémistes de groupes d'extrême-droite puissent impunément marcher dans le centre d'Odessa afin d'outrager la mémoire des victimes du massacre du 2 mai. Il est évidement que cette action avait pour but d'intimider les proches des défunts et la population pacifique de la ville, de montrer qui était aujourd'hui le "vrai patron" de l'Ukraine.

Il est évident que dans ces conditions, il est inutile d'exiger du gouvernement ukrainien actuel qu'il retrouve et punisse les coupables de la tragédie d'Odessa. D'autant que ses superviseurs occidentaux, tant préoccupés par les droits de l'homme dans d'autres pays, font semblant de ne rien remarquer en Ukraine. Il ne reste qu'à rappeler aux membres temporaires du gouvernement de Kiev que les crimes contre l'humanité n'ont pas de prescription. Tôt ou tard, l'histoire rendra justice à tous.

 

11 ans après l'assassinat de Dmitri Ganine  en Estonie

 

Je voudrais attirer votre attention sur le communiqué de presse de l'Ambassade de Russie en Estonie stipulant que 11 années s'étaient écoulées depuis les événements de la "nuit de bronze" dans la capitale estonienne. Pendant des émeutes résultant des actions de la police estonienne pour disperser les opposants au déplacement du monument au Guerrier-libérateur du centre de Tallinn a été tué le citoyen russe Dmitri Ganine, âgé de 20 ans.

Une cérémonie commémorative s'est tenue le 27 avril sur la tombe de Dmitri Ganine à Mustvee. La mère de Dmitri, Vera Ganina, des diplomates russes, des amis du défunt et des représentants des organisations des compatriotes sont venus au cimetière municipal de Mustvee pour honorer sa mémoire.

En dépit des promesses des représentants officiels estoniens déclarant leur intention de déterminer les circonstances du crime, l'enquête sur le meurtre a été de facto abandonnée. On sait seulement que ceux qui ont participé au passage à tabac de Dmitri ont reçu de simples amendes. L'enquête n'a toujours pas identifié celui qui a porté le coup létal. L'an dernier, l'affaire pénale a été close sous le prétexte commode de la prescription.

En 2015, la direction du Comité d'enquête de Russie pour la région de Saint-Pétersbourg a ouvert sa propre enquête pénale sur le meurtre de Dmitri Ganine. La Russie a demandé plusieurs fois à Tallinn les dossiers de l'enquête dans le cadre de l'accord bilatéral d'aide juridique, mais là aussi l'Estonie a refusé de coopérer en se référant à la "protection des données personnelles" (nous en avons beaucoup parlé). Cela confirme que les forces de l'ordre estoniennes ne souhaitaient pas réellement enquêter sur ce crime depuis le début et ont tout fait pour mener le dossier dans une impasse.

La décision du Parquet estonien de clore l'enquête pénale a été un élément irritant supplémentaire dans les relations entre la Russie et l'Estonie, qui traversent déjà une période difficile.

Les événements de la "nuit de bronze" susciteront pendant encore longtemps de la douleur dans les cœurs de nos compatriotes. Nous exprimons le soutien le plus sincère à la mère de Dmitri Ganine et nous continuons de lui apporter toute l'aide nécessaire.

C'était une déclaration de notre Ambassade, mais le Ministère des Affaires étrangères est entièrement solidaire avec celle-ci.

 

Sur le soutien des USA et de la Turquie à la création de forces armées au Kosovo

 

Des communiqués indiquent que les contingents américain et turc au sein de la Force pour le Kosovo (KFOR) apportent une aide aux autorités de Pristina pour créer une armée à part entière en utilisant la base militaire Bondsteel, ce qui constitue une transgression du mandat de la KFOR prévu par la résolution 1244. Les militaires des Forces de sécurité du Kosovo, qui ont pour principale mission de réagir aux situations d'urgence, suivent une formation spéciale.

Nous partons toujours du fait que la création de l'armée kosovare enfreint le droit international car elle est contraire à la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce document ne prévoit de présence militaire sur le territoire kosovar que dans le cadre du mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, à savoir de la Force pour le Kosovo composée essentiellement de contingents des pays membres de l'Otan.

De plus, cette démarche serait extrêmement irresponsable du point de vue de la sécurité dans la région et sur le continent européen dans l'ensemble. L'apparition dans les Balkans d'un nouvel élément militaire incarné par les forces armées kosovares serait contraire à l'accord de Florence (article 4 de l'annexe 1B de l'Accord de Dayton sur la Bosnie-Herzégovine approuvé par la résolution 1031 du Conseil de sécurité des Nations unies) appelé à soutenir la stabilité régionale avec la contribution de l'OSCE. Cela aurait pour résultat l'apparition sur le territoire d'un membre de l'accord de Florence – la Serbie – d'une structure militaire incontrôlée par les autorités du pays.

 

Sur le drapeau russe décroché par les autorités américaines

 

Comme en octobre 2017, nous devons exprimer notre protestation après que les autorités américaines ont illégalement décroché le drapeau russe d'un bien immobilier appartenant à la Russie. Il y a six mois, ce fut le cas à Washington et à San Francisco où avaient été saisis les bâtiments de la Représentation de commerce russe et du Consulat général. Récemment, nous avons constaté la même chose à la résidence du Consul général de Russie à Seattle.

Des questions très sérieuses se posent déjà quant à la privation arbitraire de l'immunité de sites qui ont été utilisés pendant des décennies à des fins diplomatiques et consulaires. Mais même dans cette situation, ils restent une propriété russe. En tant que propriétaire, la Russie n'a donné aucune autorisation de pénétrer dans les bâtiments lui appartenant, ni d'en retirer le drapeau. Cela a été fait par des individus qui étaient entrés auparavant sur notre territoire en brisant le portail et les portes d'entrée pour mener des fouilles intégrales sans en avoir le moindre droit, et continuent de faire la loi comme de véritables raiders.

La Russie n'est plus admise sur six sites immobiliers aux USA, qui sont pourtant sa propriété. Il s'agit de deux bâtiments à San Francisco, d'un à Washington, d'un à Seattle, ainsi que des résidences de campagne de notre Ambassade et de la Représentation permanente auprès de l'Onu. Il n'y avait jamais eu de telles violations, par Washington, de ses propres lois dans l'histoire des relations russo-américaines.

Nous n'avons même pas été autorisés à organiser, sur les bases de repos saisies fin 2016 près de Washington et de New York, les festivités traditionnelles à l'occasion de la Journée de la Victoire - qui l'étaient traditionnellement chaque année le 9 mai avec les diplomates des pays de la CEI. Nos amis américains y participaient également.

Ce qui se passe est de facto un abandon des garanties de l'immuabilité du droit de propriété dont les USA étaient toujours fiers, et un oubli de la mémoire de notre fraternité d'armes dans la Seconde Guerre mondiale. Le fait est que pendant des décennies, nous avons organisé des activités commémoratives sur notre territoire en y invitant nos homologues américains et d'autres représentations permanentes et diplomatiques, notamment sur le territoire de New York. Il est également question d'un outrage aux symboles étatiques russes sur fond de vaste propagande russophobe. Sans parler de phénomènes tels que les actes d'agression contre des États souverains. Quelque chose s'est cassé dans la démocratie américaine.

 

Réponse à la question d'un journaliste grec concernant le processus de paix chypriote

 

Je voudrais répondre à la question du journaliste grec concernant le processus de paix chypriote, notamment en ce qui concerne l'ordre du jour du dialogue permanent entre les ministres des Affaires étrangères de la Turquie et de la Russie et les débats à ce sujet. L'éventail des questions évoquées par les ministres des Affaires étrangères de la Russie et de la Turquie est très large. Pendant les pourparlers du 28 avril, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a notamment évoqué le processus de paix chypriote avec le Ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu.

Nous avons réaffirmé la position fondamentale de la Russie en faveur d'une solution globale, juste, solide et viable au problème chypriote. Les aspects chypriotes intérieurs du processus de paix sont la prérogative exclusive des parties chypriotes. Nous soutiendrons les accords qui seront conclus entre les communautés chypriotes. Nous jugeons inacceptable toute tentative d'imposer de l'extérieur des solutions artificielles et des délais. Nous trouvons le système actuel de garanties extérieures de sécurité de Chypre obsolète, non conforme aux réalités actuelles et au statut juridique international de la République de Chypre. Nous sommes convaincus que des garanties du Conseil de sécurité des Nations unies seraient les mesures les plus efficaces pour assurer l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de Chypre unifiée.

Nous sommes préoccupés par les tentatives de revoir la base convenue dans le cadre de l'Onu pour mener les négociations. Les nombreuses résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies déterminent les principes de règlement du problème chypriote et doivent rester la base des négociations. Nous pensons que les possibilités d'une contribution de l'Onu à l'élaboration d'une décision définitive et à sa réalisation sont loin d'être épuisées. Nous ne voyons pas d'alternative à l'Onu sur ce thème.

 

Sur la déclaration du secrétaire parlementaire du Ministère letton de la Justice Janis Iesalnieks sur Twitter

 

Nous avons reçu une question concernant la déclaration du secrétaire parlementaire du Ministère letton de la Justice faite sur les réseaux sociaux, par laquelle il menace les opposants à la réforme de l'éducation d'être expulsés vers la Russie. Il nous a été demandé de le commenter.

Nous avons vu ce tweet du responsable letton à l'occasion de la marche du 1er mai à Riga contre le passage de l'éducation scolaire entièrement en letton. Sans l'ombre d'un doute, cette déclaration est explicitement russophobe.

Les attaques de ce genre des représentants des autorités officielles de la Lettonie montrent clairement la politique dualiste et hypocrite vis-à-vis de nos compatriotes. De quelle intégration de la société peut-on parler quand une grande partie de la population est privée des droits fondamentaux et quand on montre simplement la porte aux  protestataires? Sachant que, comme toujours, ils ferment les yeux sur les exactions des nationalistes tandis que les défenseurs des droits des russophones écopent d'affaires pénales pour des "fautes" bien moins graves sous prétexte d'"incitation à la haine raciale et ethnique".

Enfin, où est la réaction à cette anarchie totale de la part des partenaires de l'UE et des organisations internationales compétentes si pointilleuses sur les droits de l'homme? Nous voudrions les entendre.

 

Réponses aux questions:

Question: Que pense la Russie du durcissement de la politique agressive des USA vis-à-vis du Venezuela?

Réponse: J'ai évoqué cette question de manière très détaillée. On peut constater que le Venezuela n'est pas la seule cible des USA. Cette pratique s'applique également à d'autres États.

C'est absolument inadmissible. Le peuple du Venezuela voit déjà lui-même quelles conséquences destructives entraîne une telle ingérence extérieure, notamment des USA.

Question: Nous parlons ici de l'injustice liée aux événements en Syrie et de la politique menée par l'Occident vis-à-vis de la Russie qui montre la vérité. Mais là-bas, en Occident, ils n'entendent pas cette vérité et s'orientent sur la désinformation présentée. Que peut faire la Russie contre cela? Par exemple, que faire avec l'information concernant la préparation d'une nouvelle "attaque chimique" démonstrative en Syrie?

Réponse: Premièrement, dès que nous aurons des informations à ce sujet nous les rendrons publiques. Parce que quand on dispose de telle information, il est très important de la partager pour avoir la possibilité de prévenir les nouvelles provocations et les coups de forces organisés sous de faux prétextes.

En ce qui concerne la question d'une plus grande pénétration de l'information dans la société occidentale, il faut savoir qu'elle est hétérogène. Il y a des citoyens qui sont loin de ce qui se passe. Il y a l'establishment politique qui ne perçoit pas l'information mais la produit. C'est une affaire ingrate que d'apporter une information adéquate aux gens qui reçoivent de l'argent pour travailler avec des structures lobbyistes pour mener une certaine politique (je répète qu'en échange d'argent ils mènent une certaine ligne politique), mais nous le faisons. Nous travaillons également via les canaux officiels, par exemple pour l'activité à l'OIAC. Les représentants des pays occidentaux ont tout fait pour que la Russie ne puisse pas physiquement organiser ce briefing. Ce n'était pas une présentation d'informations interdites, pas l'utilisation d'une information inadmissible, mais simplement la possibilité de communiquer avec ceux qui ont directement participé à ce dont parle l'OIAC pour tenter de connaître la vérité. Pourquoi aurait-il fallu l'empêcher?

Je répète que nous ferons des annonces préalables si nous apprenons des informations sur la préparation de provocations. Nous les analyserons comme nous le faisons aujourd'hui, donnerons notre avis, chercherons la possibilité de travailler avec les sources originales et ferons tout pour que nos partenaires aient également accès aux sources originales.

Question: Vous avez déjà amorcé le thème des conclusions tchèques sur le "Novitchok". D'après vous, cette démarche du Président tchèque Milos Zeman, qui discrédite de facto la version britannique, entraînera-t-elle des actions de Londres contre lui? Faut-il s'attendre à des provocations?

Réponse: Je ne peux pas dire que le Président tchèque Milos Zeman a annoncé une information que nous ne possédions pas. Nous l'avions dit, nous avions des informations appropriées et nous les avions partagées avec le public. Malheureusement, à l'époque, une partie de la direction politique de ce pays avait déclaré que c'était un fake. Le Président Milos Zeman a ordonné de lui fournir des informations exactes à partir des rapports des services compétents pour faire une déclaration appropriée hier. Il a dit lui-même qu'il n'y avait aucun sens à le cacher. Nous l'avions dit quelques semaines plus tôt.

Il était étrange pour nous de voir un tel nombre de déclarations, d'invectives personnelles à notre égard, de la part des gens qui doivent utiliser leurs pouvoirs pas tant pour vérifier (il n'y a rien à vérifier) que pour fournir des informations. Au lieu de cela ils ont lancé des insultes, des déclarations selon lesquelles désormais il ne faisait plus aucun doute qu'il fallait expulser les diplomates russes pour ce qu'ils avaient dit. Le plus terrible est que les diplomates russes ont été expulsés de Tchéquie précisément en lien avec la déclaration selon laquelle la Tchéquie disposait des capacités pour produire le "Novitchok". Y aura-t-il une enquête, des sanctions à l'issue de la déclaration du président d'un État souverain? Après tout, on voudrait espérer que Londres se résignera au moins à cette information factuelle. Peu importe la pression. Même par la suite, la vérité sur l'Irak a été révélée, même si pendant des années certains ont exercé une pression, certaines personnes ont mystérieusement disparu – celles qui protestaient, faits en mains, contre la position officielle dans le monde occidental. D'une manière ou d'une autre, tout le monde connaît la vérité aujourd'hui sur l'Irak, il est impossible de dévier de cette voie à présent. Et ce sera la même chose en l'occurrence.

C'est pourquoi nous avons posé aujourd'hui une question à l'Otan pour savoir si l'Alliance partagerait officiellement les informations sur les autres pays membres qui fabriquent, fabriquaient et élaborent la substance "Novitchok" selon la classification occidentale. De toute façon, cette information sera révélée. Faites-le maintenant vous-mêmes, ne forcez pas cette information à apparaître plus tard à partir de sources officieuses. Reproduisez l'acte courageux du Président tchèque Milos Zeman et faites ce que vous devez faire: répondre à la question de savoir quels autres pays de l'Otan ou quelles structures de l'Alliance ont participé à l'élaboration de cette substance, quels pays ont coopéré avec d'autres membres de l'Alliance, comment les technologies ont été échangées, comment et quand a été fournie la substance dans le cadre de l'Alliance, quelles conclusions ont été tirées, quels ont été les résultats: on a dit que la substance avait été détruite sur le territoire tchèque. Qui l'a constaté? Après tout, il existe des experts dont c'est la mission. Comment est-ce documenté? Toutes questions ont été posées aujourd'hui, notamment à l'Otan, et il faut y répondre.

Il est impensable que le Secrétaire général de l'Otan (et j'espère qu'on lui posera prochainement ces questions) dise que l'Otan n'était pas au courant des élaborations en Tchéquie. Ce serait un mensonge. La plus grande structure légalement présente sur le territoire des pays membres ne peut pas ignorer de telles élaborations. De plus, dès l'apparition de cette information, l'Alliance devait contacter notamment Prague pour poser toutes les questions. Alors pourquoi a-t-elle caché cette information au public et aux pays membres? Car quand nous parlons de l'Otan nous faisons allusion aux USA, c'est clair. Bien sûr, le Secrétaire général représente un autre pays, mais toute la direction de l'Alliance et le financement se trouvent entre les mains des USA. D'un côté, les USA possèdent des informations au niveau de l'Otan indiquant que l'un des pays a élaboré cette substance, mais de l'autre ils disent avoir obtenu l'ensemble de l'information du Royaume-Uni selon laquelle une telle substance n'était élaborée qu'en Russie. Comment est-ce possible? C'est une contradiction flagrante, que l'on appelle communément mensonge. A présent, le Secrétaire général de l'Otan et les autres partenaires de l'Alliance doivent s'expliquer.

Question: Compte tenu de la version tchèque, ainsi que du fait que le Département d’État a réduit le financement des Casques blancs, en se souvenant que la semaine dernière Deutsche Welle a discrédité la version occidentale selon laquelle l'attaque chimique aurait été commise par les forces de Bachar al-Assad en annonçant qu'il s'agissait d'une provocation, peut-on dire que nous assistons à un tournant dans la guerre médiatique où la Russie est accusée d'attaques chimiques?

Réponse: Je pense que j'ai déjà répondu à cette question. J'ignore s'il y a eu un tournant mais je sais que de toute façon, ce sera comme dans l'histoire de la fiole de Colin Powell. La question est seulement de savoir ce que tout le monde veut obtenir. Nous partons des commentaires d'aujourd'hui, de la nécessité de mener avec Londres un travail bilatéral, un travail au sein des structures compétentes pour trouver la vérité dans cette question, à moins que ce soit une politique intentionnelle du Royaume-Uni – cacher tout à tout le monde parce que d'une certaine manière ils sont eux-mêmes impliqués. Nous disons la même chose par rapport aux USA, même si nous voyons la nécessité de coopérer dans différents domaines. Notre position est parfaitement claire à ce sujet. La question est de savoir quel est l'objectif de l'Occident.

Question: Le Ministère russe des Affaires étrangères a-t-il des informations sur la visite des chefs d'État étrangers et des ministres des Affaires étrangères à Moscou à l'occasion de l'investiture de Vladimir Poutine le 7 mai?

Réponse: Tout ce qui est lié au calendrier du Président est commenté par l'Administration présidentielle en raison du partage des fonctions.

Nous préciserons les informations concernant les visites des Ministres des Affaires étrangères pour vous les présenter ultérieurement.

Question: Hier, le quotidien The Guardian a publié un article soulignant que le Royaume Uni tentait de renforcer l'unité antirusse avec l'UE et les États-Unis. Londres a atteint son objectif avec l'expulsion de diplomates russes. Les autorités du pays envisagent de condamner la position russe sur l'Ukraine, la Syrie et l'affaire Skripal lors de tous les grands événements internationaux, notamment aux sommet du G7 et du G20. L'article affirme en même temps que les diplomates occidentaux commencent à considérer la Russie comme une force qui "ment de manière pathologique". Qu'en pensez-vous?

Réponse: En ce qui concerne la première question, compte tenu du contenu de l'article ils n'ont fait que reconnaître leurs actes - si un document aussi important s'est en effet retrouvé entre les mains des journalistes. Les raisons de ces actions sont, à mon avis, compréhensibles, car il existe énormément de motivations: l'agenda international, ainsi que les problèmes intérieurs qu'on ne peut pas expliquer sans facteurs extérieurs. L'une de ces motivations réside dans le Brexit, au sujet duquel les négociations avancent difficilement. Nous avons également constaté la situation autour du Ministère britannique des Affaires étrangères, le scandale migratoire. Il est nécessaire de détourner sans cesse l'attention. Nous n'avons pas vraiment évoqué le concept global de cette conduite, mais plutôt des exemples concrets. Cette nouvelle n'est pas en réalité nouvelle. Nous soulignons des choses du même genre pratiquement à toutes les conférences de presse.          

Quand on nous dit qu'une certaine structure, le régulateur médiatique britannique OFCOM qui surveille Russia Today, reçoit des messages des utilisateurs mécontents de la couverture de la situation en Syrie par cette chaîne, nous comprenons tout parfaitement. Cet article montre que l'OFCOM n'est pas en réalité un organe indépendant et qu'il ne s'agit pas d'utilisateurs, ni de téléspectateurs mécontents de Russia Today au Royaume-Uni, mais d'une campagne planifiée par l'État.

Nous constatons des manipulations ciblant les médias et les structures indépendantes qui tentent sans cesse d'intimider les médias russes qui travaillent sur le territoire britannique en affirmant qu'ils devraient cesser leurs activités.

Quant aux mensonges, nous avons déjà évoqué aujourd'hui ce sujet. J'ai cité l'exemple de nos informations sur l'existence de données permettant d'affirmer qu'on avait produit le Novitchok ou son équivalent sur le territoire tchèque. On nous a pourtant accusé de mensonge. Mais qui est-ce qui a menti au final? Eux. Quant à nous, nous montrerons et présenterons - mais pas tout de suite, car il faut d'abord former une base de preuves - comme dans le cas des Casques blancs, toute l'histoire de la formation, du financement et des préparatifs des fake news. S'ils peuvent présenter des exemples similaires démontrant que nous avons eu tort ou planifié telle ou telle action, nous sommes prêts à répondre à toutes les questions, comme nous le faisons toujours.

Un autre exemple concerne les missiles américains, "beaux" et "intelligents". Personne aux USA n'a encore rien dit à ce sujet. On leur a présenté des missiles avec des trous, qui avaient manifestement été abattus par des systèmes antiaériens. Ils ont pourtant annoncé au monde entier que tous les missiles - le mot "tous" a été utilisé à plusieurs reprises, notamment par le Président américain - avaient atteint leur cible. Qui est le menteur? Il faut s'appuyer sur les faits.

Aujourd'hui, suite aux propos du Président tchèque Miloš Zeman, on fait face à un moment crucial montrant qui ment et qui tente de trouver la vérité.

Question: Il y a près d'une semaine, l'Ambassade de Russie au Royaume-Uni a mentionné que Londres avait cessé de reconnaître les diplômes et les degrés scientifiques russes. Il y a trois jours, cette information a été démentie par l'Ambassade du Royaume-Uni à Moscou. Pouvez-vous éclaircir cette question?

Réponse: Je n'ai pas d'informations détaillées pour l'instant. Je demanderai des précisions.

Question: Fin 2017, l'Azerbaïdjan et l'Arménie sont convenus au niveau des chefs d’État d'intensifier les négociations sur le processus de paix du Haut-Karabagh après les élections. Compte tenu des récents événements en Arménie et du fait que le premier ministre ne sera certainement pas un représentant du parti républicain, d'après vous, à quel point cette intensification des efforts est-elle plausible?

Réponse: L'Arménie traverse actuellement une phase politique difficile. Je pense qu'il faut attendre que la situation se stabilise définitivement, que le peuple, les forces et les mouvements politiques déterminent, nous l'espérons dans le champ légal constitutionnel, la composition des organes dirigeants. Cela ouvrira des possibilités pour définir les grands axes de la politique étrangère, domaine dans lequel le processus de paix du Haut-Karabagh fait partie des problèmes actuels.

De notre côté, hormis les propos déjà tenus aujourd'hui, je voudrais dire que sur ce sujet nous adoptons une ligne cohérente à laquelle nous nous tenons. Nous continuerons d'apporter notre contribution aux parties. Mais je répète qu'il faut attendre que la situation politique se stabilise en Arménie.

Question: Il y a deux semaines, vous avez annoncé une grande activité russo-azerbaïdjanaise commune: une exposition documentaire à l'occasion du 95e anniversaire de Heydar Aliyev le 10 mai à Bakou. Qui représentera le Ministère des Affaires étrangères?

Réponse: Notre Ambassade sera présente. En ce qui concerne d'autres représentants officiels, nous demanderons des précisions pour vous répondre rapidement.

 

***

 

Je voudrais annoncer que notre prochaine conférence de presse se tiendra à l'extérieur. Cela fait longtemps que nous n'avons pas organisé de conférence de presse délocalisée. Quand le printemps arrive, par une bonne tradition, nous sommes attirés par la Crimée. Nous planifions d'organiser notre prochaine conférence de presse le 16 mai à Kertch. Nous publierons l'heure, le lieu exact et le formulaire d'accréditation sur le site du ministère des Affaires étrangères en début de semaine prochaine. Nous vous y invitons tous. Comme toujours, je vous ferai une surprise. Je vous le promets, vous ne le regretterez pas. A bientôt en Crimée.

 

 

 

 

 


Zusätzliche Materialien

  • Foto

Fotoalbum

1 von 1 Fotos im Album

Falsche Datumsangaben
Zusätzliche Such-Tools