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Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 11 octobre 2022

2102-11-10-2022

Sur la crise en Ukraine

 

Vous le savez, dans la matinée du 8 octobre, une explosion s'est produite sur le pont de Crimée en endommageant sérieusement son infrastructure. Les premiers résultats de l'enquête sur ce crime menée par le Comité d'enquête russe indiquent que cet attentat était préparé par les renseignements ukrainiens dans le but de détruire un grand site d'infrastructure civil d'importance cruciale pour la Fédération de Russie, notamment pour la Crimée.

Le régime de Kiev utilise depuis longtemps et activement des méthodes terroristes à des fins politiques et pour éliminer les adversaires. Et pas seulement sur le territoire d'autres pays. Ils ont commencé à eux-mêmes, par leurs propres citoyens et leurs propres (à l'époque) territoires.

Je rappelle que des milliers de vies humaines et de destructions de sites civils du Donbass sont sur la conscience du régime de Kiev. Dans cette liste se trouvent Oles Bouzina, abattu dans la cour de son propre immeuble, les journalistes Pavel Cheremet et Daria Douguina tués dans une explosion de voiture, les enfants tués de l'Allée des Anges à Donetsk et d'autres victimes de néonazis ukrainiens.

Il ne faut pas non plus oublier les bombardements incessants des villes et villages des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL), des régions de Zaporojié et de Kherson, les actes de terrorisme nucléaire visant les centrales nucléaires de Zaporojié et de Koursk. Les représentants du régime de Kiev en tout genre en sont fiers. Et depuis des années ils publient sur le site Mirotvorets les informations de ceux qu'ils ont éliminés en mettant cyniquement une croix en face des noms. Ils font l'éloge des explosions d'infrastructure, de la destruction de sites, du meurtre de personnes.

On pourrait dire que c'est parce qu'ils n'ont rien d'autre pour en être fiers. Il est plus facile de détruire que de construire. Mais je dirai qu'il ne s'agit pas de cela. Tout est bien plus grave. Le fait est que leur idéologie globale n'est pas la création mais la destruction, pas la lumière mais l'obscurité, la fraude permanente, les substitutions et l'hypocrisie globale derrière laquelle se cache la haine et l'idéologie de haine.

Ils sont arrivés au pouvoir par des coups d'État, en éliminant violemment et de sang-froid ceux qu'ils qualifiaient d'opposants politiques, qu'il fallait affronter à la Rada (parlement ukrainien), lors des débats, en échangeant des thèses, des interviews, des discours. Non. Cela fait longtemps qu'ils ont cessé de cacher leur nature derrière des lois qu'ils estiment pouvoir réécrire toutes les heures. Et c'est ce qu'ils faisaient pendant des années. Ils sont passés à la tactique de destruction de tout ce qui les empêche d'atteindre leurs fins.

Quelles sont leurs fins? Recevoir sans fin de l'argent, des ressources et des promesses d'encore plus de bienfaits matériels de la part de leurs parrains, exécuter ce qui leur est ordonné et parfois improviser. Ce sont des gens arrivés au pouvoir par un coup d'État anticonstitutionnel sanglant.

Je rappelle que Kiev était en flammes, qu'ils étaient fiers d'avoir inventé une nouvelle tactique: des pneus en feu pour que ni les gens, ni les voitures et surtout pas les forces de l'ordre ne puissent les approcher. Ils jetaient des cocktails Molotov. Puis il y a eu des tirs et la destruction de tout ce qui était lié à l'État, à la loi et au système de sécurité. Suivi d'un massacre encore plus violent et cynique - mettre tout le monde à genoux avec un pistolet sur la tempe et forcer à "incliner la tête" devant ceux qui ont détruit toute la structure étatique sur le territoire ukrainien.

Les attentats actuels ne sont pas une exception mais la poursuite de la politique qui dominait depuis des décennies sur le territoire de l'Ukraine, généreusement alimentée par l'Occident en argent, en armes, la possibilité d'entraîner des combattants sur le territoire des pays de l'Otan (avant tout de la Pologne et des pays baltes) et un immense soutien politico-médiatique. C'est précisément ce que le régime de Kiev vient de recevoir de la part de ses parrains occidentaux pour les sévices commis à l'instar des pires cellules terroristes. Inutile de prouver quoi que ce soit en voyant la réaction de ces "gens" qui considèrent les autres comme des "spécimens".

J'ai vu aujourd'hui "l'opinion' de l'ambassadeur d'Ukraine d'un pays de l'Otan, du Royaume-Uni. Il a répondu directement et sans gêne à une question de médias occidentaux que la direction du régime de Kiev rêvait et cherchait toujours à détruire cette infrastructure civile. Ils ne cachent rien et sont vraiment fiers de ce qu'ils ont fait.

À noter la réaction cynique de la direction politico-militaire de l'Ukraine à l'attentat visant le pont de Crimée qu'on fait passer pour une position officielle. Kiev d'abord jubilait et glorifiait ouvertement "l'excellent travail" du Service de sécurité ukrainien (SBU), bravant ses capacités d'infliger des frappes "sensibles" à la Russie. Rappelons les tweets et les publications sur les réseaux sociaux et les sites. Nous avons vu des gens se prendre en photo sur fond d'affiches avec des explosions sur le pont de Crimée.

Puis, quand le soleil s'est levé à Washington et ceux qui les dirigent et les financent se sont réveillés, la tactique a brusquement changé. Ils ont commencé à nier honteusement ce qu'ils ont fait en pointant du doigt les autres. Soit c'est une stupidité infantile, soit c'est l'effet de certaines substances ayant un délai limité et qui se terminent périodiquement. À des rares moments de lucidité ils somment à nier tout ce qu'ils ont dit "sous l'emprise".

Les mêmes autorités déclarent des choses et leur inverse en l'espace de 24 heures: tantôt ils se réjouissaient à ce qui était un prétexte pour une fierté nationale. Ils ont tous revendiqué cet acte. Tous les "établissements publics" ukrainiens s'étaient solidarisés pour partager cet exploit. Quelques heures plus tard, Washington les a visiblement remis à leur place en rappelant que les États qui se considéraient être dans le cadre des relations régies par le droit international se distinguaient des entités terroristes pseudo-étatiques.

Les félicitations exaltées et sincères suite à l'attentat contre le pont de Crimée ont été proférées par des représentants officiels de pays de l'Otan. De pays qui pendant des décennies parlaient des droits de l'homme, qui créaient des institutions spécialisées pour protéger tout caprice de l'homme qui ne soit pas en relation avec ses besoins fondamentaux, en érigeant au rang de culte tout désir. En perdant définitivement ce qui les distinguait visuellement comme des gens normaux, ils ont commencé à féliciter haut et fort le régime de Kiev avec un attentat réussi. Ils ont tiré un trait sous le moindre doute quant à savoir qui l'avait perpétré. Ils félicitaient directement le régime de Kiev pour un sabotage réussi. Et ce, en 2022. Après cela, ces gens se rencontrent lors des conférences et disent qu'il faut sauver l'environnement, que des plantes et des arbres souffrent, qu'il ne faut pas mener des expériences sur des animaux. Maintenant je comprends de quoi ils parlent. Ils trouvent injuste de faire des expériences sur des animaux parce qu'ils trouvent juste de le faire sur des gens.

Comme l'a souligné le Président russe Vladimir Poutine, la réponse de notre pays à tout acte terroriste et sabotage visant des sites russes d'infrastructure civile critique sera dure et répondant au niveau des menaces créées pour la Fédération de Russie. Savez-vous ce qui est le plus cynique? On dit maintenant que soi-disant nous nous cachons derrière les intérêts uniquement de notre pays.

Pendant huit ans nous appelions à défendre les citoyens d'un autre pays, de l'Ukraine. Et à cela on nous disait que c'est un autre pays, que nous n'osions pas penser à ces gens, qu'ils se débrouilleraient tout seuls. À présent, les gens dont nous nous préoccupions vraiment et voulions qu'à l'étranger on s'intéresse également à leur sort, après d'immenses souffrances, en faisant preuve de courage civil, en réunissant le reste des forces, font partie intégrante de notre pays. Maintenant, nous protégeons nos propres citoyens, qui vivent ici depuis des siècles ainsi que ceux qui y vivaient à une époque et y sont revenus. Il ne faut pas nous dire qu'il s'agit seulement de nos propres intérêts. Nous défendons ceux que le régime de Kiev tentait d'éliminer pendant des années. Quel aurait été le sort des gens du Donbass (RPD et RPL) et d'autres régions de l'Ukraine qui n'avaient pas l'intention de prêter allégeance et faire un salut nazi au régime de Kiev? Comme disait Vladimir Zelenski, ce sont des "spécimens" et ils peuvent être traités comme le font aujourd'hui les néonazis en étant fiers. La seule chose qui les unit, c'est la haine et l'idéologie terroriste.

Un autre exemple de crimes du régime de Kiev, ce sont les massacres près de Koupiansk dans la région de Kharkov après le retrait des forces russes. L'ancien commandant du régiment nationaliste Azov Maxim Jorine a diffusé une vidéo montrant des sévices inhumains des nazis ukrainiens sur des civils. Une vidéo terrible qui choque par sa brutalité. L'arrogance et la permissivité des tueurs nazis sont allées si loin qu'ils ne craignent plus de publier de telles vidéos et ne cachent pas leur identité. Ils n'essayent même pas de dissimuler comment tout se passe avec le reste: le pont de Crimée, les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2. C'est également une "raison" pour être fier.

L'histoire se répète. Ce n'est pas première fois. Les chambres à gaz dans les années 1940 étaient également considérées au cœur de l'Europe comme un exploit, le sommet du développement de l'humanité qui, du point de vue du nazisme et du fascisme, se débarrassait de ceux qui les empêchaient de se développer et devenir encore plus parfaits. C'était il y a seulement quelques décennies en arrière. Il faut travailler sur soi-même pour éviter que cela se reproduise, il faut éliminer en soi l'esclave nazi. Tout le monde n'a pas réussi. Tout le monde ne le faisait pas. Certains l'encensaient en soi pour beaucoup d'argent. Et voici le résultat.

Quand Kiev a vu cette vidéo, il s'est mis à balayer les traces craignant une réaction internationale. Pas très efficacement, comme toujours. Le membre d'Azov a effacé son commentaire sous la vidéo en indiquant "vidéo d'un portable d'un occupant", accusant des meurtres de Koupiansk les militaires russes. Cependant, les métadonnées de la vidéo indiquent qu'elle a été prise le 9 octobre dernier, quand les néonazis contrôlaient Koupiansk. Par conséquent, il est impossible de faire porter le chapeau à la Russie pour les meurtres autorisées par le régime de Kiev de sa propre population. Les "camps de filtration" ne sont-ils pas la preuve qui montre comment le régime de Kiev traite ce qu'il qualifie de "ses citoyens libérés des occupants". Les meurtres d'habitants de la région de Kharkov sont sur la conscience du régime de Kiev, ils ne resteront pas impunis.

Nous voudrions que la communauté internationale se réveille enfin de l'anabiose dans laquelle elle se trouve et fasse preuve d'impartialité et de principe en évaluant les derniers actes et déclarations des autorités ukrainiennes. Qu'elle montre enfin qu'elle est encore une communauté internationale, qu'elle est prête et peut faire preuve d'empathie et de compassion. Que ce n'est pas simplement un groupe de bureaucrates idéologiquement "orientés" corrompus par l'argent occidental.

Nous savons parfaitement que les États-Unis et d'autres pays occidentaux ne permettront jamais de le faire. Ils feront tout pour qu'il ne reste qu'une illusion que les crimes énumérées (qui sont bien plus nombreux) ne se sont pas retrouvés dans le champ de vision des institutions et structures des droits de l'homme, des personnalités publiques. Non seulement ils couvrent aveuglement la permissivité et l'impunité de Kiev, mais ils l'exigent aussi des autres en exerçant une pression sans précédent.

Il n'y a qu'une solution dans ces conditions, c'est de poursuivre l'opération militaire spéciale avec les objectifs annoncés. Tous les objectifs évoqués à plusieurs reprises par les autorités russes seront remplis.

 

 

À propos de la 52e session de l'Assemblée générale de l'Organisation des États américains

 

Washington a entrepris une nouvelle tentative d'utiliser la plateforme d'une organisation régionale de l'hémisphère occidental, celle de l'Organisation des États américains (OEA), pour promouvoir son programme antirusse. Ils ne peuvent que s'unir contre nous. C'est ce qui est considéré à Washington comme le seul agenda efficace et unificateur pour eux en ce moment.

Lors de la 52e session de son Assemblée générale qui s'est tenue à Lima, capitale du Pérou, du 5 au 7 octobre dernier et à l'initiative des Américains, une déclaration antirusse (qui, d'ailleurs, n'a pas le statut de document officiel) "condamnant l'opération spéciale de la Russie en Ukraine" a été adoptée. Toutefois, malgré la pression exercée et les efforts déployés par la Maison Blanche, l'initiative n'a pas été soutenue par les États réputés et faisant autorité dans la région: l'Argentine, le Brésil, le Mexique ainsi que la Bolivie, le Honduras, le Salvador, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et la Dominique. Compte tenu de la non-participation du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua, qui ont déjà quitté ou sont sur le point de quitter cette organisation, près d'un tiers des États de l'hémisphère occidental ne se sont pas joints au mouvement antirusse (qui a été initié par Washington). Cela reflète la réticence des Latino-Américains à se soumettre sans condition à la volonté des États-Unis. La tentative américaine d'organiser une condamnation solidaire de notre pays sur la plateforme de l'OEA a en réalité échoué.

Dans ce contexte, nous ne pouvons ignorer que l'incitation à de telles démarches vient d'un État qui a lui-même une grande expérience d'ingérence dans les affaires d'autres pays, y compris militaire. L'Amérique latine se souvient et sait de quoi je parle. Les résultats de ces actions sont connus de tous et sont particulièrement déplorables – les victimes humaines et la destruction. Cette région n'est pas une exception mais plutôt une règle. C'est exactement de cette manière que les États-Unis agissent et procèdent. Il s'agit de l'essence même de leur "logique".

Nous tenons à rappeler que les pays de la région se sont déjà "brûlés" une fois sur la plateforme de l'OEA, en suivant le sillage des intérêts américains, lorsqu'ils ont été "utilisés" contre le gouvernement légitime du Venezuela (vous vous rappelez comment c'était?), dont le siège dans l'Organisation en 2019 a été illégalement attribué au représentant du "président" autoproclamé Juan Guaido. Les États-Unis y ont alors joué un rôle primordial. Après les tentatives ratées de Washington visant à renverser les autorités officielles de Caracas, sa présence au sein de l'Organisation des États américains semble de plus en plus absurde.

Maintenant, Washington a d'autres intérêts. Quelque chose s'est soudainement passé sur les marchés mondiaux de l'énergie et les États-Unis ont brusquement reconnu les autorités officielles du Venezuela. Tous ceux qui ont été contraints de plier sous la pression des États-Unis sont restés sur le carreau. Cette règle doit être apprise une fois. Les Américains agissent toujours dans leur propre intérêt, forçant les autres à renoncer à leurs besoins nationaux, autochtones, à leurs traditions, parfois à leur avenir. Puis, lorsque la "direction du vent" à Washington change, il s'avère que seuls les États-Unis ont des intérêts.

Bien que la révocation du pseudo-représentant n'ait pas encore eu lieu pour des raisons formelles, il est clair pour tous que ce n'est qu'une question de temps. Les réalités du jour en témoignent. Il semblerait que cette réalité soit bien comprise même à Washington: ce n'est pas par hasard que les Américains ont jugé bon de ne pas "exposer" les émissaires de Juan Guaido au forum et leur ont déconseillé de se rendre à l'Assemblée générale. Les États-Unis "larguent" tout le monde: aussi bien ceux qui ont été forcés à reconnaître Guaido que ceux qui font désormais partie de son "équipe". Est-ce pour la première fois? Cela a toujours été comme ça partout.

Ce qui s'est passé sur la plateforme de l'Organisation des États américains témoigne de la divergence d'intérêts entre les États-Unis et les États d'Amérique latine, pour lesquels c'est plutôt les aspects pragmatiques de la sécurité énergétique et alimentaire, de la migration, de la lutte contre le trafic de drogue, de la lutte contre la pandémie et de la récupération de ses conséquences qui font aujourd'hui l'objet d'une attention particulière, et non l'hystérie russophobe.

Sur ces bases, nous sommes prêts à une coopération constructive avec les régions, comme l'a confirmé Sergueï Lavrov dans sa récente interview à l'hebdomadaire Argumenty i Fakty: "Nous ne mettons pas les Latino-Américains devant le choix avec qui coopérer. Nous nous prononçons en faveur de relations pragmatiques et désidéologisées avec l'Amérique latine et les Caraïbes dans tous les domaines d'intérêt mutuel.  

 

Des réponses aux questions:

Question: En réponse à la décision de l'Opep+ de réduire considérablement la production de pétrole, les États-Unis envisagent de prendre des mesures de rétorsion. Selon les médias américains, le Congrès américain présente un projet de loi visant à démanteler l'organisation, à déposer une plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce, ainsi qu'à confisquer les avoirs des membres de l'Opep aux États-Unis. Le président américain Joe Biden a déclaré aux journalistes le 6 octobre que "la Maison Blanche envisage des contre-mesures et il existe de nombreuses options. Aucune décision n'est encore prise". Que pensez-vous des contre-mesures actuellement envisagées aux États-Unis?

Réponse: La Russie apprécie beaucoup le format de coopération Opep+. Les événements des dernières années, notamment la pandémie de Covid-19 ont prouvé l'efficacité de ce mécanisme de gestion de crise dans le secteur pétrolier.

Aujourd'hui, le marché mondial du pétrole affronte de nouveaux défis. Pas à cause de catastrophes d'origine humaine, de phénomènes naturels ou de phénomènes à l'échelle planétaire échappant au contrôle de l'homme. Mais à cause des actions et des problèmes causés par les Occidentaux. Cette logique absolument illégitime de sanctions destructrices, imposée principalement par Washington, pourrait bien entraîner l'économie mondiale dans une récession, ce qui aura des conséquences négatives pour la demande. On peut supposer que ce sont ces facteurs qui ont poussé l'Opep à prendre les décisions prises à Vienne. Je pense que vous pouvez en savoir plus sur toute cette situation auprès de notre département compétent.

En ce qui concerne les déclarations que nous avons entendues de la part de Washington. C'est du cynisme flagrant. La critique de l'Opep, de ses membres en particulier, des histoires inventées de collusion, de menaces et de chantage de la part d'un État qui prétend être civilisé et respecter les principes de l'économie libérale, est au-delà du bien et du mal. Après tout, tout cela se passe dans le contexte des tentatives américaines de former un cartel d'acheteurs à travers la manipulation du fret et des assurances. Juste avant la réunion de Vienne, ils étaient au premier plan de l'actualité concernant le plafond du prix du pétrole, les sanctions à l'encontre de ceux qui achètent du pétrole russe ou qui ont un rapport quelconque avec les infrastructures sanctionnées de la Russie. Après toutes ces actions totalement illégales, détruisant l'économie, mettant un obstacle à la demande naturelle, à l'offre, à l'autorégulation économique, ils continuent de critiquer les activités de l'Opep+.

En réalité, l'Occident tente depuis longtemps de détruire le format Opep+ afin de gérer le marché du pétrole à son propre profit, comme il le faisait dans le passé. Ils ne l'ont jamais caché. À maints égards, la situation autour de l'Ukraine a commencé précisément à cause des ressources énergétiques, puisqu'ils avaient besoin d'une barrière pour empêcher les ressources énergétiques russes d'entrer en Europe. Ils ont trouvé une "valve" qu'ils pouvaient tourner à volonté puisque le transit passait par l'Ukraine. Ils ont utilisé les hommes politiques de Kiev, le "beau monde", pour exercer une influence sur les processus énergétiques. À partir de là, la situation est devenue incontrôlable.

En ce qui concerne les déclarations des représentants officiels américains, ce n'est pas du ressort des diplomates mais plutôt des médecins. La Maison Blanche et le Congrès tentent constamment d'inventer de plus en plus de moyens de pression sur les États qui ne veulent pas se voir en état de "collusion" avec les États-Unis.

Il est évident pour tous que Washington tente aujourd'hui de manipuler les réserves de pétrole au profit de ses propres intérêts. Il s'agit à la fois de multiplier les exportations sur le marché intérieur américain et d'imposer ses décisions à l'étranger, notamment en introduisant des "plafonds de prix" totalement étrangers au marché pour les hydrocarbures russes. Pourquoi la Maison Blanche fait-elle cela maintenant? Il est évident qu'ils doivent par tous les moyens créer l'apparence de "succès" économiques de l'administration de Joe Biden dans la stabilisation des prix des carburants afin d'obtenir une issue favorable aux élections du Congrès américain de novembre et de maintenir le contrôle du parti démocrate sur la législature. Ils démentaient complètement les succès de l'administration précédente sur le plan économique. Ils promettaient de relancer l'économie. Pourtant, ils sont en récession. Ils la nient, mais elle est là. Ainsi, ils avaient besoin de signes extérieurs de prospérité.

Nous pouvons suggérer à la partie américaine un moyen simple et évident pour surmonter la crise énergétique actuelle et stabiliser les prix du pétrole. Ils devraient renoncer à toutes les sanctions adoptées, à toutes les restrictions illégales et passer enfin à l'objectif déclaré d'une économie libre, fondée en grande partie sur l'autorégulation dans le cadre des normes et règles juridiques internationales existantes. C'est alors qu'ils auront une chance de ne pas sombrer dans un état critique de l'économie et de tout le système des valeurs libérales.

Je ne sais pas s'ils écouteront, mais c'est une méthode efficace et infaillible. La levée des restrictions illégitimes imposées aux fournisseurs d'énergie serait pour Washington une issue de la crise énergétique actuelle et un moyen de stabiliser les prix du pétrole.

Question: Comment évaluez-vous les résultats du sommet de la Communauté politique européenne, en particulier le réalisme de l'idée de rechercher un "nouvel ordre sans la Russie"? Comment voyez-vous la participation de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan à cette réunion? Les organisateurs, ont-ils réussi à réconcilier Bakou et Erevan?

Réponse: La première réunion de la Communauté politique européenne qui a eu lieu à Prague a manifestement confirmé la nature idéologique et conflictuelle de ce format. L'absence totale d'un ordre du jour positif et, en même temps, d'une possibilité d'aborder les sujets problématiques d'un point de vue professionnel était frappante. Le slogan aurait pu être: "Soyons amis contre la Russie", "réunissons-nous pour gronder la Russie". L'orientation antirusse n'était pas cachée. Nombreux étaient ceux qui, se rendant compte de sa vacuité, étaient sceptiques à l'égard de cet événement.

Il s'agit d'une nouvelle tentative de l'Union européenne (sous la pression du "grand frère"), qui s'est engagée dans une politique de déconnexion de la Russie, de créer un autre mécanisme pour intégrer les États non membres de l'UE dans sa ligne de politique étrangère, d'imposer des attitudes politisées à d'autres pays contrairement à leurs intérêts nationaux en les ralliant à un programme antirusse.

Les forces raisonnables en Europe se rendent compte qu'il est impossible de construire un nouveau système de sécurité sur le continent sans notre pays, comme le désirent les organisateurs de la Communauté politique européenne. L'histoire connaît de nombreux exemples de telles tentatives futiles, qui ont été initiées par les mêmes pays. Cela n'a jamais rien donné. Ce projet géopolitique de l'Union européenne est loin d'être le premier à placer l'espace paneuropéen devant une menace réelle de fragmentation et de déstabilisation à long terme.

Il existe l'OSCE. Ceux qui sont aujourd'hui à l'origine de ces "rassemblements" ont eux-mêmes réussi à faire en sorte que cette organisation ne soit considérée que comme marginale. Chaque fois, nous constatons le même scénario: détruire le travail de plusieurs années, détruire l'expérience positive et se lancer immédiatement dans la création d'une nouvelle expérience, inconnue, manifestement inopérante. Le "bac à sable" juridique international déborde de ces "pâtés" qui s'effondrent dès que l'on retire le "seau". À quoi cela sert-il? Qui va s'en charger? Quelle est la valeur ajoutée? Il existe la Conférence de Munich sur la politique de sécurité si le format de science politique est nécessaire. Mais elle aussi a été gâchée. Nous avons besoin de quelque chose qui ne soit pas associé à l'échec, au dysfonctionnement, à l'absence de réalisations concrètes. C'est peut-être pour cette raison que nous assistons à une tentative de trouver quelque chose de novateur.

Il s'agit de "jeux" politiques opportunistes, et ce sont les citoyens ordinaires des États de l'UE qui devront à nouveau payer de leur "porte-monnaie" et de leur sécurité pour les bureaucrates de Bruxelles. Comme l'a dit hier Josep Borrell, "le bien-être de l'Union européenne a pris fin avec le gaz russe bon marché". C'est vous qui y avez mis fin, vous vous en êtes coupés vous-mêmes. C'est vous qui avez inventé le jeu, ce qui vous a conduit à la défaite et qui était insensé au départ. Maintenant, vous annoncez tout simplement à vos citoyens que c'est fini. La partie est terminée. La fin. Ce sera la même chose.

En ce qui concerne l'adoption d'une déclaration sur la situation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan en marge du sommet de la Communauté politique européenne, je l'ai déjà commentée. Ils continuent toujours de faire semblant qu'ils sont capables de faire quelque chose. S'ils le pouvaient, ils mettraient en œuvre leurs obligations dans le cadre du format Normandie, ils feraient la preuve de leur capacité à appliquer les Accords de Minsk. Cela fait longtemps qu'ils n'y arrivent pas.


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