Intervention et réponses aux questions des médias de S.V.Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, à la conférence de presse à l'issue de ses pourparlers avec I.Leanca, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et de l'intégration européenne de la République de Moldavie, Kichinev, le 22 novembre 2011
Mesdames, Messieurs !
Avant tout, je voudrais remercier mon homologue I.Leanca pour son invitation à visiter la République de Moldavie.
Bien que ma visite soit brève, elle est fournie de rencontres au maximum. Nous venons de terminer les pourparlers au Ministère des affaires étrangères, signé d'importants documents. Nous aurons des rencontres avec M.Lupu, Président par intérim, Président du Parlement, et V.Filat, Président du Gouvernement de la République de Moldavie. Nous prévoyons de discuter tout l'ensemble de nos relations bilatérales et le respect des accords, obtenus au sommet et au niveau des chefs des gouvernements. Nos rencontres devenues régulières donnent le la à toute l'activité des ministères des affaires étrangères et des autres départements de nos pays.
Aujourd'hui nous avons adopté la déclaration conjointe à l'occasion du 10e anniversaire de la signature du Traité d'amitié et de coopération entre la Russie et la République de Moldavie. Il y a dix ans, ce Traité a jeté les solides fondations des relations russo-moldaves. Nous sommes unis dans le besoin de prolonger ses effets en tant que garantie de l'avancement ultérieur de notre partenariat.
Nous notons la dynamique positive de la coopération bilatérale dans les échanges commerciaux - la commission intergouvernementale fonctionne, les échanges commerciaux entre nos pays approchent deux milliards de dollars. Nous voulons étayer cette tendance par l'intensification de la coopération d'investissements, qui est encore en retard par rapport aux possibilités, qui existent dans ce domaine.
La signature le 18 octobre dernier à la réunion du Conseil des chefs des gouvernements de la CEI à Saint-Pétersbourg du Traité sur la zone de libre-échange ouvre de bonnes perspectives, qui complètent la coopération bilatérale. Nous avons de solides liens dans le domaine de la coopération culturelle. Le Programme de coopération humanitaire, signé en mars dernier au cours de la visite de I.Leanca à Moscou, est déjà mis en pratique et donne d'importants repères dans ce domaine jusqu'à 2013.
Nous nous sommes entendus de nous préparer au futur 20e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, qui sera célébré en 2012. Nous avons aussi échangé de vues à propos de la préparation au sommet de l'anniversaire de la CEI, qui aura lieu à la mi-décembre à Moscou, et du cours de la préparation à la réunion du CMAE de l'OSCE, prévue pour la première semaine de décembre à Vilnius. L'OSCE est pour nous un des terrains importants pour garantir la cohésion et l'indivisibilité de la sécurité dans la région euratlantique. Nous prêtons une attention particulière à l'absence des lignes de démarcation. Après la fin de «la guerre froide», nous ne voyons aucune raison idéologique pour leur maintien. Nous croyons important d'éviter que le projet de la DAM serve la scission de l'Europe en dépit de la thèse, proclamée par tous les états euratlantiques, que personne ne garantira sa propre sécurité aux dépens de celle d'autrui. Nous avons informé nos collègues moldaves de la position de principe russe dans ce problème.
Nous avons discuté le règlement en Transnistrie. Il y a deux mois à Moscou les représentants du soi-disant groupe «5+2» ont adopté la décision formelle du besoin de reprendre les pourparlers officiels dans ce format, dont le premier tour aura lieu fin novembre déjà à Vilnius. Nous nous y préparons sérieusement. Nous entendons important de contribuer à la «déconservation» de cette situation et au centrage sur la recherche des solutions, qui garantiraient un règlement politique stable et durable dans le cadre du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République de Moldavie, le statut garanti de la Transnistrie étant. La Russie en tant qu'intermédiaire et garant du règlement est prête à contribuer activement à la recherche de ces solutions. Je suis persuadé que la coopération entre nos départements de politique étrangère va se consolider. Y contribue la signature aujourd'hui du Plan des consultations entre les ministères des affaires étrangères des deux pays pour 2012. Nous attachons une grande importance à l'accord de coopération dans les archives entre les deux départements de politique étrangère. Nous avons beaucoup de pages d'histoire commune. Il est important dans les conditions de l'existence indépendante de la Russie et de la République de Moldavie de ne pas perdre l'essentiel qui nous unit – les liens humains, les chaleureux rapports d'amis et de proches entre nos peuples.
Pour renforcer cette tendance parmi les jeunes générations, nous nous sommes entendus de travailler au problème de la création de la commission commune des historiens. J'espère que bientôt nous pourrons parler du cours de l'application de cet accord.
En conclusion, je veux encore une fois exprimer ma reconnaissance pour l'hospitalité, pour l'excellente organisation et le programme fourni de la visite. J'attends avec impatience non seulement ma rencontre avec les dirigeants de la République de Moldavie, mais avec les étudiants, qui est prévue en seconde moitié de la journée.
Question: Récemment en Moldavie ont été publiés les résultats du sondage, qui disent que la majorité des citoyens se sont prononcés pour l'intégration à l'Union douanière, mais pas pour l'adhésion à l'UE. A quelles conditions la Moldavie peut-elle adhérer à l'Union Européenne ?
S.V.Lavrov: Entre les processus d'intégration à l'Occident et à l'Est de l'Europe n'existent pas de différends, car les uns et les autres sont ramenés à la liberté de circulation des marchandises, des capitaux, des services, de la main d'œuvre. Dans le document signé par la Russie et l'UE en 2004 résident quatre «feuilles de route» pour former les quatre espaces communs, et il est aussi stipulé que les processus d'intégration doivent être compatibles et ne doivent pas se contredire.
Je suis persuadé qu'indépendamment de l'opinion publique et des déclarations politiques d'aucuns à propos des voies du développement ultérieur de la République de Moldavie, ce sont ses citoyens qui prennent la décision sur ce problème. La main d'œuvre migrante de ce pays, qui travaille sur le territoire de la Russie, et les hommes d'affaires moldaves, qui réalisent les projets conjoints avec les opérateurs commerciaux russes, ont leur avis à ce propos. En résolvant le problème de leur développement ultérieur, chaque pays doit tenir compte de sa situation géographique et de ses liens économiques. Je suis persuadé que la République de Moldavie agit bien ainsi.
Nous n'avons pas de sentiment que Kichinev choisit, si le pays doit être avec l'UE ou avec la Russie. Les frontières doivent devenir progressivement conventionnelles, comme cela se passe en Europe, dans le cadre de l'Union douanière, de l'Espace unique économique et, en perspective, dans l'Union économique eurasienne. Ces processus ne sont pas fermés, ce qu'ont clairement dit les présidents de la Russie, du Kazakhstan et de la Biélorussie. Dans le cadre de l'EurAsEc se forment les formes plus profondes de l'intégration. Tout va dépendre du désir et de l'empressement du pays approprié, qui a décidé de postuler à l'adhésion.
Question: Est-ce que la Russie entend ouvrir les bureaux de vote le 4 décembre prochain sur le territoire de la Transnistrie ? Que pouvez-vous dire de la position russe du fait des élections du président de la Transnistrie, qui auront lieu une semaine après cela ? Quelle est l'attitude de la Russie envers les candidats de la république non reconnue, en particulier I.Smirnov ?
S.V.Lavrov: Notre position à propos des futures élections à la Douma d'Etat de l'Assemblée Fédérale de la Fédération de Russie se base sur les principes suivants. Premièrement, il faut faire tout, pour qu'un maximum de Russes en Russie et à l'étranger puissent profiter de leur droit électoral. Deuxièmement, nous garantirons les droits des citoyens de la Russie, qui vivent sur le territoire de la République de Moldavie, dans le cadre de l'entier respect de la souveraineté de ce pays.
Concernant les élections de décembre en Transnistrie, les dirigeants russes ont déjà énoncé leur position. Elle reste en vigueur.